vendredi 9 novembre 2018

Journal de Vay Matagi, pages 41 à 60


Entrée du 08/03/2558

Les épreuves arrivent. L'ambiance au village est tendue.  Les jeunes marchent la tête baissée comme si c'était la fin du monde. Je peux comprendre le stress, mais hey, c'est quoi cette attitude. Mais il y en a trois qui m'ont l'air d'avoir la tête sur les épaules : Uliuma, le petit a l'air d'un casse-cou. Durant les sessions d'éducation ou je leur faisais court, j'ai vu qu'il avait l’œil pétillant. C'est bon ça, mais c'est peut-être juste parce qu'il a la tête venteuse. Il y a Mamanaïa aussi. La petite est bien, elle réfléchit vite, mais il n'y a jamais eu de pêcheuse sur Lilico. Est-ce que ce sera la première ? Hahahahaha, alors là j'en serai grandement étonné. Moi, Matagi, succédé par une jeunette ? Hahahaha... halala. Meh, on verra bien. Et puis il y a mon "neveu" : Tamaïti.

Alors lui, quelque chose ne tourne pas rond avec ce petit. Je l'avais déjà remarqué auparavant, je lui ai parlé à quelques reprises durant les cours. Il est... comment dire. Il est vide. C’est comme une coquille vide. Non c'est comme un étranger qui ne comprend rien à rien. Pourquoi si, pourquoi ça ? Même le basique lui échappe. Je ne veux pas faire de peine à Talanaïa, mais son garçon est raté dans la tête. Il ne sera ni un bon pêcheur ni un bon quoique ce soit d'ailleurs. S'il se fait bouffer, cela leur épargnera bien des déceptions, mais meh, je ne suis pas un dieu pour décider du destin des gens, je suis juste un pêcheur.

La construction sera terminée dans six jours pour les épreuves. Normalement, avec les lilicons on ne sait jamais...

J'ai remarqué quelque chose de bizarre dans l'océan. C'est bizarre à dire, mais j'ai l'impression que l'eau devient plus sombre. Je veux dire, dans les profondeurs il fait déjà noir, mais avec la lumière embarquée on peut quand même voir. Je l'utilise rarement, mais de temps en temps elle m'aide bien. Mais là, j'ai remarqué qu'elle n'offrait plus les mêmes bénéfices. Soit les lumières se sont affaiblies, soit ce sont mes yeux qui ont des problèmes, soit... Soit il y a une ombre qui s'étend sur Lilico, mais l'ombre de quoi ? Sigh, je regrette les jours tranquilles de pêche, là à chaque fois que je plonge c'est comme si je devais tout redécouvrir.

J'exagère, mais je crains qu'un jour ce soit vraiment le cas. Cet océan risque de devenir quelque chose de complètement différent, et son seul but serait de nous exterminer nous, les humains, pour toujours. Pourquoi ? Je ne sais pas, ce n'est qu'une supposition après tout. Moi, Matagi, ne suit bon qu'à jouer de la lance. Découvrir les mystères ce n'est pas mon fort, sinon je serai déjà loin, quelque part entre les étoiles.

Entrée du 15/03/2558

Rien n'est prêt et il reste deux jours. La construction des épreuves a bien avancé, mais rien n'est prêt. C'est n'importe quoi... Mais ça ne sert à rien de m'énerver ici tout seul, autant le faire devant les concernés. Ils doivent être fatigués de m'entendre, mais si on n'est pas sur leur dos en permanence, rien n'avance... Meh, je vais les affamer un peu, ça ne leur fera que du bien. 

Mais ce n'est pas de ça que je voulais parler. J'ai fait un rêve étrange. J'étais assis sur quelque chose, mais j'étais couché... hmm, non, j'étais couché et je voyais le ciel. Oui c'est ça. J'étais couché et je voyais le ciel. Les nuages étaient comme des traits, beaucoup de traits sur une page. Et puis ils ont pris la forme d'un oiseau et il fit subitement noir. 

Et c'est là que je me suis retrouvé assis contre un arbre. Mais ce n'était pas un nyssa, c'était quelque chose d'autre, de grand, de très grand. Et j'étais sur sa branche au-dessus de tout, au-dessus des eaux, au-dessus du monde. 

Les nuages étaient devenus des oiseaux, qui piaillaient et parcouraient le monde en toute liberté. Ah, ça m'a fait du mal dans la poitrine. J'aurais voulu être eux, je crois même que je commençais à être eux, je crois même que j'étais parmi eux. J'ai encore cette sensation de liberté, de légèreté, et puis...

Quelque chose s'était illuminé dans l'eau, un soleil était apparu au fond de l'eau, mais il n'était pas comme un soleil. C'était comme un soleil qui avait une lune à l'intérieur de lui. Je sais, je sais, ce rêve n'a aucun sens, mais je me suis réveillé en sueur et paniqué. Pourquoi ? Moi, Matagi, apeuré par mon imagination ? Ha ! Pathétique.

Pourtant, j'ai l'impression que c'est important. Mais là encore ce n'est peut-être que mon imagination qui parle. C'est sans doute le cas. Je ferais mieux de me concentrer sur les épreuves et sur mon travail.

Pourtant, ce soleil et cette lune… ça me dit quelque chose. C’est là sur le coin de mon esprit, mais je n’arrive pas à m’en rappeler. Est-ce que c’est la première fois que j’ai fait ce rêve ? J’ai l’impression d’en avoir déjà parlé. Je vais regarder tous mes messages, au cas où. Un soleil sous l’eau… Meh, j’ai beau me creuser la tête je ne trouve rien...

Je suis un peu nerveux. Après tout je vais être bientôt papa, non pas au premier sens du terme, mais j’aurai un élève. Valati m’a dit un jour que la relation entre professeur et élève est plus sérieuse qu’entre un enfant et ses parents. Je l’ai pris pour un vieux fou qui racontait n’importe quoi… Je me demande s’il n’était pas si fou que ça après tout.

Entrée du 25/03/2558

Je ne m'attendais vraiment pas à ce résultat. Je suis "papa" selon la philosophie de Valati, mais si vous voulez mon avis j'aurai préféré un autre enfant. Qu'est-ce que je peux faire avec cette qualité de personne ?

Mais je m'avance. C'est une journée de célébration, je ne vois pas en quoi. L'enfant est condamné à vivre ou à mourir dans l'océan pour le restant de ses jours. La seule exception a été Valati, et moi. Pas encore, mais je le serai, c'est évident. Je me vois déjà reposer mes vieux os, ahh... quel ennui. Je me demande si je ne ferai pas mieux de me faire bouffer pour finir mes vieux jours.

Meh, je verrai bien. C'est bien trop tôt pour y penser. Moi, Matagi, j'en ai encore pour vingt ans à patauger avec les poissons hahaha !

Bon, je ne vais pas mentir, j'ai vu des choses intéressantes durant l'épreuve. Le premier jour, c'était un test d'endurance. Mais attention, il ne suffisait de faire des tours de l'île du levé jusqu'au coucher du soleil. Moi, Matagi, ait un peu plus d’imagination que ça.

Ce que je voulais tester ce n'était pas seulement leur endurance, mais leur volonté d'aller jusqu'au bout des choses... Ce n'est pas vraiment la même chose, mais même si c'est le cas, vous m'aurez compris qui que vous soyez. C'est pourquoi je les ai fait courir du levé jusqu'au coucher du soleil autour de Lilico. Mais, mais, ah, avec des sacs remplis de cailloux. Héhéhé, il fallait les voir les petits jeunes, ils m'ont presque rendu jaloux de leur jeunesse.

Les heures de travail d'un pêcheur... comment dire, il n'y a pas d'heure de travail. Il n'y a que travail. Nourrir une île n'est pas facile, pêcher n'est pas facile. Le matin, le midi, et le soir tout le monde doit avoir de quoi manger. QU'il neige, qu'il vente, qu'on soit malade, qu'on ait un pied ou une main en moins, il faut pêcher. L'endurance est prérequis absolu de ce travail, mais ce n'est qu'une toute petite pierre dans la montagne qu'est un pêcheur.

Le vainqueur de cette première épreuve a été Uliuma. Bon physique, bonne endurance, sur ce point de vue là, parfait petit pêcheur. Il m'a même surpris, il a aidé un autre à porter son sac, mais je n'ai pas été agréablement surpris. Comprenez-moi bien, faire preuve de cœur n'est pas mauvais en soi. Si vous voulez perdre votre temps, ça vous regarde. Mon problème c'est quand ce n'est pas franc, quand ce n'est pas naturel. Et ce petit-là, je ne pense pas qu'il soit un gentil naturel. Le temps me dira si j'ai raison. 

Entrée du 26/03/2558

Comme je m'y attendais, bras cassés. "Je ne comprends pas", "c'est trop dur", "vous êtes fou" ! gnagnagna ... Et ça n'en finit pas. Qu'est ce qu'il y a de dur à dormir en battant des pieds dans l'eau ? Meh... Ça me fait bizarre de parler à côté de vraies oreilles, c'est vraiment particulier... Une seconde.

Hey, tu ne touches pas à ça ou tu veux mon pied dans la tête ? Hein ? Va te coucher ! Demain tu vas vomir du sang, c'est moi qui te le dis ! Allez plus vite que ça !

Tsss, c'est vraiment énervant de ne plus être tout seul. Je ne me rappelle même plus où j'en étais. Où est-ce que je me suis arrêté ? Ah oui, la deuxième épreuve. 

Le physique c'est bien, c’est même très bien. Mais il faut en avoir un peu dans la tête. C'est pourquoi j'ai fait écrire des questions sur des tablettes en terre cuite. Des questions sur les poissons, les plantes aquatiques, les minerais. Bien sûr, ils n’étaient pas censés savoir tout ce que je sais. Mais ils devaient avoir un minimum de connaissances sur l'environnement dans lequel ils allaient évoluer. J'ai pris de mon temps pour leur transférer un peu de mon savoir après tout. 

Dans l'ensemble c'était bien, mais c'est normal les jeunes ont une bonne mémoire. Et surtout ils avaient bien intérêt à le savoir parce qu’ils savaient ce qui les attendais. 

Quoi ? T'es pas couché encore ?! Et ne me réponds pas quand je te parle ! 

Ouh, il y en a un qui demande à se faire botter le cul...Meh, héhéhé, pas la peine. Pas encore, le réveil aux aurores va faire l'affaire. Si j'entends la moindre plainte… Hmph !

S’occuper de petits jeunes, c’est particulier… Peut-être les prendre plus jeunes à l’avenir ? Comme ça ils écoutent et ils obéissent. Non, ce n’est pas possible. Il est impossible de savoir qui peut utiliser les vêtements des anciens. Quoique, on peut déjà commencer à former tout le monde. Au lieu qu’ils commencent à travailler jeune, on pet leur enseigner le nécessaire comme ce que j’ai fait.

Bon, moi, en termes d’horaire, je ne me vois pas faire ça tous les jours. Une ou deux fois par semaine, je peux m’organiser. Ce n’est pas bête. Ah, je crois que moi, Matagi, je tiens quelque chose… Hmm comment organiser ça ?

Meh, je verrai. Pour l’instant j’ai à qui apprendre et ça ne va pas être facile. Les jeunes et leur attitude ! De mon temps on lavait la bouche avec du savon et on le faisait avaler au petit déjeuner… Ou bien c’est moi qui exagère ? Dire qu’il y en a qui choisissent d’être pères. Quel genre de problème il faut avoir dans la tête pour penser que c’est une bonne idée ? …

Entrée du 28/03/2558

L'enfant est dans le coin, il refuse de bouger, il refuse de manger, il est comme un mort, mais seulement en vie. Est-ce que j'ai été trop pressé de l'emmener avec moi à la pêche ? Je ne pouvais pas deviner que derrière ce front, il y avait un si petit cœur indigne d'un maître comme moi, Matagi. 

Je ne sais pas quoi lui dire. Dans quelques heures on va devoir y retourner, de nuit. Son esprit ne va pas tenir. Je ne pensais vraiment pas rencontrer cette difficulté. Il a à peine failli se faire croquer deux fois. Deux fois ! Ce n'est rien du tout. 

Ma première nuit j'ai dû pêcher mon premier poisson tout seul. C'était un I'aele. Bon, c'est un petit poisson. Moi, Matagi, je ne suis pas là pour rendre ma légende plus grande qu'elle ne l'ait. Sinon même l'histoire ne pourrait en supporter le poids. Matagi n'a nul besoin de mentir. 

Le i'aele est un petit poisson, il ne mesure pas plus de 6 mètres, il est chétif aussi, mais... Il est dur. Sa peau est dure comme la pierre. C'est pour ça que je ne le pêche pas, la préparation du i'aele prend bien trop de temps. La seule partie intéressante et comestible c'est sa vessie. Ne me demandez pas pourquoi, moi, Matagi, je ne mange pas ce genre de chose. Le cœur, oui, mais la vessie, Meh, ce sont les goûts des Lilicons. 

Bref, le vieux fou de Valati m'avait dit : Petit, tu as beaucoup de colère je sais, je le vois, comme je vois tout. Là-dedans, dans ta petite tête vide, il y a de la violence, beaucoup de violence contre moi, et contre l'océan. Va voir, un petit peu ce qu'elle en pense. Je suis curieux de savoir ce qu'elle va te répondre"

Je n'avais pas trop compris ce qu'il voulait dire, il est fou. Mais pour le commentaire sur ma tête vide, je lui ai mis une coccinelle venimeuse sur le nez pendant son sommeil. Héhéhé, il avait le nez tout gros et tout rouge, c'était ridicule. 

Ah, il faut peut-être que j'évite à de dire des choses comme ça à haute voix, histoire de ne pas donner de mauvaises idées. Le premier qui me fait une chose comme ça va connaître un bon coup de lance, c'est moi qui vous le dis. 

Ha ! Je me rappelle avoir tapé et tapé et tapé sur le i'aele comme un abruti. Je voulais venger mon ami, venger ma peur... Je ne faisais que taper comme un bête, la tête vide... je ne l'ai eu que par chance. J'avais oublié qu'il sécrétait un liquide qui brûlait, il pouvait même brûler les cailloux. Si j'avais retardé, si j'avais continué à cogner comme un bête, moi, Matagi, aurait été une perte tragique pour Lilico. 

Je peux comprendre la peur de voir la mort en face. Mais c’est le quotidien du pêcheur. Un rat peut être un pêcheur, mais un pêcheur ne peut pas être un rat… Hmm, comment on fait pour effacer. Ce que je viens de dire là est stupide…

Entrée du 30/03/2558

Un bateau ! Ils veulent fabriquer un bateau pour se rendre au milieu de nulle part à la recherche de l'ulwazi. UN BATEAU !! 

Je leur ai donné ma parole aux autres pêcheurs, mais j'aurais dû remuer ma langue plusieurs fois dans la bouche avant de parler. Le bateau va être réduit en charpie d'ici à ce qu'il fasse dix kilomètres. Aucun bateau n'a jamais parcouru l'océan depuis... Depuis l'époque du grand-père de mon grand-père, et peut être même de son grand père. L'océan était encore un peu plus docile.

Hmmmmmmmmm !! un bateau... tskk, je me demandais comment ils allaient tous nous rassembler, mais je ne m'attendais pas à une idée si stupide. Ça me déçoit beaucoup, mais j'ai donné ma parole, et la parole de Matagi est plus dure que la pierre de dao. 

Un bateau...un bateau ?!!! DANS MON RÊVE ! Il y avait un bateau, non ? Celui avec le soleil et la lune à l'intérieur. Je crois qu'il y avait aussi un bateau au cours de la lune. Ou est-ce que c'est ma tête qui me joue des tours ? Ah c'est flou maintenant, mais je vais m'en rappeler, probablement. Je crois qu'il était sans couleur, ou gris ? Brillant au soleil comme le vêtement des anciens... Meh, ça va me venir. Après tout je suis pêcheur, alors je pêcherai aussi mon souvenir. 

Mais je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout. Il s’agira donc à moi, Matagi, de faire en sorte que tout se passe comme il faut. Mais pour ça il va déjà falloir que je laisse derrière quelqu'un de potable et ce n'est pas gagné.

J'ai dû le traîner de force. Il s'est couvert de honte devant tout Lilico en pleurant comme un... Meh, qu'est ce qui pleure même ? Les bébés ? Ah c'est ça. Comme un bébé. Je pensais l'enfant plus solide, je pensais qu'il voulait être pêcheur. Il a tout fait bien pour être pêcheur et maintenant il pleure quand il voit même l'eau des toilettes ?? Ça, c'est quoi encore ?  Mais il pensait quoi ? Qu'il allait avoir les filles qui allaient se déshabiller pour lui, cadeau, vient prendre seulement ? 

Msss... Meh, si l'enfant ne se reprend pas il va mourir. Je dois penser à le remplacer pour son propre bien. Mais il devra vivre avec sa honte de bon à rien pour le restant de ces jours. C'est peut-être mieux qu'il se fasse manger. Moi, Matagi, je ne peux même pas imaginer ce que ça peut être la vie d'un bon à rien. Et je lui ai dit, en tant que "papa", je lui ai dit. Il n'est pas trop tard pour qu'il marche dans mes traces, mais façon dont il commence, je pense qu'il va plutôt de noyer dedans. Ce n'est vraiment pas de chance pour lui comme pour moi. L’enfant avait beau être prêt physiquement, dans la tête…dans la tête et dans le cœur il n’y a pas ce qu’il faut. Pas sans creuser en tout cas, mais à force de trop creuser il risque de devenir complètement vide.
Entrée du 04/04/2558

Je l'ai perdu, l'enfant. J'ai fermé les yeux pendant une demi-heure, ma sieste du soir pour tenir jusqu'au matin, et à mon réveil il n'était plus là. C'est la première fois que ça arrive dans toute l'histoire de Lilico, un apprenti pêcheur qui prend la fuite ? Il prend la fuite ?! Il me fait passer pour qui ? Il fait passer sa famille pour quoi ? C'est déshonorant pour tous. 

Meh, moi Matagi je n'irai pas le chercher. Je n'ai pas le temps, je n'ai pas l'envie. C'est au village de régler ça, s'ils veulent avoir un futur. Moi, Matagi, je vais demander un remplaçant... Ou deux ? Ce serait plus prudent. Si un prend la fuite ou se fait manger, il y aura quelqu'un pour le remplacer. Mais je ne pourrai, à la fin, que choisir un seul pêcheur à cause des limitations de la tour. Je ne sais pas si le maire sera d'accord v que j'enlèverai un membre productif pour rien, et puis le suivant sur sa liste c'est son fils... Meh, il n’aura pas le choix de toute façon. 

Je préfère le dire moi-même à Talanaïa, je préfère qu'elle apprenne de ma bouche et le précédent que vient de poser Lotomasi ne va pas aider à rendre la conversation agréable. Je peux déjà imaginer son regard méprisant… Ah jeune fille, comme tu as changé… Enfin, jeune, pas vraiment, plus vraiment.

Lotomasi, ha ! Jamais des parents ne se sont trompés sur un nom que maintenant. Il n'y a rien de fort dans ce cœur, sa victoire aux épreuves est une malheureuse surprise. C'est dommage pour lui, il aurait pu devenir une légende...

Ah oui, je me rends compte que je n'ai pas parlé du reste des tests. Mais maintenant, je ne sais pas si c'est utile. Meh, Lotomasi a gagné, il a réussi à prendre les pierres de dao que j'avais laissé pas loin de la barrière de corail. C'est l'endroit le moins dangereux, il n'y a pas beaucoup de poissons à cause du mur de son et de la nature même du corail. Ils avaient un seul objectif : plonger, trouver leur pierre avec leur numéro et revenir à la surface. Le plus rapide l'emporte, simple, efficace, Matagi. Et ce petit con m'a... non, nous a fait perdre du temps. 

Je vais tout devoir recommencer, mais quelque part ce n'est pas mal. Je peux mieux faire, mieux transmettre. La question est, qu'est-ce que je fais des deux choisis ? Est-ce que je stimule leur rivalité pour qu'ils donnent le meilleur ? Hmm je verrai demain...

Tout recommencer n'est jamais plaisant, et maintenant que j'y réfléchis je préfère ça. Si j'avais fini de le former et que j'avais pris ce fichu bateau et que Lotomasi se retrouve incompétent dans le ventre d'un poisson. Le village aurait été perdu. Ah, je préfère que cela se soit passé comme ça. Enfin non, j'aurais préféré qu'il vienne me parler. Après tout moi, Matagi, suit quelqu'un de très raisonnable...

Entrée du 10/04/2558

Une nouvelle cérémonie aura lieu demain avant de me remettre mes apprentis. Je leur ai dit que c'est une perte de temps, mais c'est une coutume. Si c'est une coutume, elle peut être bête, il n'y a rien à redire. Meh, logique de lilicons.

Le plus important c'est que je vais redevenir "papa", et j'ai appris une chose : fermer la porte à clé la nuit. Hahahaha, hahh... Je suis un peu fatigué et peut être nerveux, un tout petit peu. 

Meh, arrivera ce qui arrivera. Je ne peux faire que de mon mieux et faire encore plus pour que ça marche. C'est la voie de Matagi !

Mais ce n'est pas de ça que j'aimerai parler. J'ai perdu le contact avec un autre village, cela fait quelques jours que je n'ai pas de réponses. Je vais attendre encore quelques jours, peut être que c'est un problème technique. Les autres ne savent pas non plus.

Je m'inquiète parce que... Je ne sais plus si j'en ai parlé ou non, je crois que j'en ai parlé. Mais l'océan devient plus sombre et il y a ces hommes poissons, et il y a aussi autre chose...

Il y a deux jours, j'ai remarqué qu'il était impossible de naviguer au-delà de Ma'atua et de Vaovi'va sans lumières. À moins que ce soient mes yeux qui ont un problème ? C'est vrai que j'ai plus de difficulté à voir de loin, mais je ne pense pas que ce soit lié. 

Hmm, j'ai déjà parlé de Vaovi'va ? Je ne me rappelle plus. Ces derniers temps je ne me sens vraiment pas bien. Peut-être que le temps me rattrape enfin, moi, Matagi. Mais j'en ai encore dans la souffleuse, il ne m'aura pas si facilement. 

Quoi qu'il en soit, Vaovi'va est du côté opposé de Ma'atua, et c'est une forme de cimetière. Du moins c'est ce que je pense. Il y a des constructions en pierre, mais ces constructions ressemblent à des squelettes. Bon, oui, il y a un saut de logique, même moi je n'en suis pas sûr. Mais ça ressemble le plus à un cimetière alors je l'appelle un cimetière. Bref, je ne vais pas discuter avec moi-même à travers un écran ça ne sert à rien. 

Je disais donc qu'au-delà de ces deux régions, il est impossible, du moins pour moi, de voir sans lumière. Mais j'ai vu quelque chose, c'est pourquoi je doute que ce soient mes yeux qui ont un problème. Dans cette obscurité, j'ai vu et j'ai entendu des personnes faites de lumière. Je les ai vus au loin, mais ... je ne sais pas. C'est pourquoi cette cérémonie me tape sur les nerfs. Même un jour de plus est un jour de trop. L'océan devient fou ou est-ce que c'est moi ? Valati m’avait raconté une très vieille histoire de la création du monde, mais ce n’est qu’une ville histoire, ce n’est qu’une fausse histoire…

Entrée du 11/04/2558

Siva siva lepotoa                        (dansez dansez toute la nuit)
Pese Pese Seatae                        (chantez chantez jusqu'au matin)
O le tamaiti oua filifili               (des enfants ont été choisis)
i lima matagi, lapoa matagi...     (par la main de matagi, le grand matagi...)

J'ai bien aimé la chanson. Et les lilicons ont fait cours sans refaire tout une fête derrière. Ah non, je n’allais pas pêcher pour ça.

En tout cas, j'ai mes petits. Ils ont l'air potables surtout Uliuma. Cela m'a étonné qu'il n'ait pas remporté l'épreuve, mais apparemment ce n'est pas un très bon nageur. On ne peut pas être tout avoir dans la vie. Même moi Matagi je souffre d'imperfection, je l'ai vu la dernière fois, je crois qu'ai une fesse un peu plus grande que l'autre. 

Quant à mon "neveu" : Tamaïti. Pour l'instant, je ne sais... Je n'ai pas l'impression de parler à un homme. Certes il n'a pas de peur, mais quand même... ce n'est pas du courage, c'est comme s'il n'avait rien à faire d'être en vie ou mort. Comment je vais travailler une personne comme ça ? Meh, la nuit me porter conseil. 

Mais avant de me coucher j'aimerai parler de la légende de mama vaï. Les lumières m'y ont fait penser. Une seconde que je m'en rappelle...

Il y a longtemps de cela, lorsque la terre recouvrait l'eau aussi loin que le regard pouvait se perdre, vivait une jeune femme du nom de mama Lokoré.
Mama était une très belle jeune femme qui avait peur de l'obscurité. Et c'est pour cela qu'à chaque nuit elle cherchait les bras de quelqu'un pour lui tenir compagnie. 

Un jour, mama embrassa la compagnie de quelqu'un du nom de Ponifasio et Ponifasio la couvrit de tout ce qui était précieux, et plus important il lui offrit la lumière. Partout où elle allait, mama était accueillie par des rangées de bougies, de jour comme de nuit, pour que jamais plus elle n'ait peur de la nuit. 

Mais si mama avait la lumière, il lui manquait la chaleur dont elle s'était habituée et cela, Ponifasio ne put lui pardonner. C'est pourquoi il puisa dans le savoir interdit pour punir celle qu'il maudit. Jamais plus elle ne manquerait de lumière, mais jamais plus elle ne connaîtrait la chaleur d'un corps. Mama, se retrouva alors faite de lumière et incapable de toucher qui que ce soit. 

Stupide pas vrai ? C’est une histoire racontée aux jeunes filles pour les calmer un peu, qu’elles n’aillent pas courir les garçons. Mais les lueurs avaient définitivement un aspect humain, c'est pourquoi j'ai pensé à mama vaï.  C'est surement autre chose ... Hmm, peut être que je devrai faire un tour auprès des vieux croulants de Lilico...

Hey ! l'un d'entre vous là, venez ici j'ai un truc à vous faire faire. 
Entrée du 12/04/2558

J'ai envoyé les petits morpions chercher Abouleki, c'était l'un des conteurs de ma fataïné. Ils m'ont appris qu'il était décédé, mais je m'attendais à quoi ? Il était déjà vieux quand j'étais petit. C'est son fils qui a repris la relève et j'irai le voir demain ou quand j'aurai le temps. Je sais que j'ai oublié quelque chose dans la légende de mama vaï.

Pourquoi ça m’intéresse ? Parce que ! Tu as fini de lire ? Je vais venir t'interroger et si tu donnes une fausse réponse tu iras pêcher le tulé tué tout seul et moi, Matagi, je n'ai qu'une seule parole. Petit impoli ! d'ailleurs pourquoi tu écoutes mes conversations ? Va dehors ... Comment ça il fait noir ? À ton âge je lisais la nuit aussi bien que le jour. Va là-bas !

Mss... Même mon seul plaisir il faut qu'il s'en mêle maintenant. Héhéhé, les enfants. Ils ne se débrouillent pas trop mal. L'un a la tête, mais pas la passion, il n'a rien d'autre à part sa tête et je ne sais pas comment faire vibrer son essence. J'ai l'impression que sur un coup de tête il peut aller se faire manger par un poisson parce que c'est plus simple. Je n'ai jamais vu de ça.

L'autre est physiquement compétent, mais vous avez entendu hein. Il a le vent entre les oreilles. La tête et le corps, les deux font la moitié de Matagi hahaha ! Mais lui, je sais comment le traiter. Il faut le faire courir. Vu que réfléchir ce n'est pas son fort, il faut que son corps emmagasine toutes les connaissances nécessaires. La pratique, il n'y a que la pratique et la motivation par la frustration. En ce moment il doit m'insulter de tous les noms en se disant : il va voir, je vais lui montrer ! Tant qu'il est dans cet état d'esprit, je sais comment tirer le meilleur de lui. Après tout, je me suis tiré moi, Matagi, au sommet de l'histoire. Bon, celle d'une petite île perdue au milieu de nulle part, mais quand même.

D'une petite île...petite île...mama vaï... Hmm, je l'ai sur le bout de la langue.

Il y a longtemps, etc... vivait une jeune femme du nom de mama Lokoré. ok !
Mama était belle et avait peur de l'obscurité.  

Un jour, mama rencontra Ponifasio... Nanana ... accueillie par des rangées de bougies... 

Après, elle a fait ses choses et Ponifasio ne put lui pardonner. C'est pourquoi il l'a maudit... Puis il y a quelque chose avec, ah comment il s'appelle. Doulé, Soulé, poulé ?... Meh, je ne me rappelle plus. 

Mais il me semble qu'il y a quelque chose du genre: Mama lokoré pleura jour et nuit sur son péché et supplia Ponifasio de la pardonner. Mais ce dernier refusa et puis...Mama continua à pleurer et ses larmes couvrirent toute la terre pour ne laisser que de petites îles…

Je crois que c'est quelque chose comme ça, mais bon je verrai avec Abouleki, meh, son fils plutôt. C'est peut-être une perte de temps, mais l'existence de Kellu m'a appris que rien n'est impossible dans ce fichu océan. Cependant, si je ne sais par quelle malédiction, ces choses que j'ai vues... Non, qu'est ce que je raconte. C'est complètement stupide. Pourtant mon cœur ne se rit pas de ma tête. Je ne trouve pas cette idée si ridicule. Ah non, moi je suis pêcheur, je ne touche pas aux malédictions.

Non Matagi, toi aussi, c'est une histoire pour enfant. Hahaha il n'y a rien de vrai là-dedans. Un grand gaillard comme moi, non, mais il faut m'écouter quoi hahaha... ha…Hmm, je ne touche pas aux malédictions. Les histoires d’esprit là, je ne suis pas là-dedans.

Entrée du 14/04/2558

C'est la première fois que je parle aussi fréquemment le soir. Attention, je vais croire que j'ai trop de temps libre. Les petits aident bien pour les préparations et l'entretien du matériel. Je n'ai qu'à surveiller qu'ils n’abîment rien. Ça fait plaisir de voir la jeunesse travailler hahaha. 

Je pense les prendre en expédition avec moi dès la semaine prochaine. Ils ne sont pas encore prêts, mais je ne peux pas repousser l'inévitable. A un moment donné, ils vont devoir mouiller le maillot, mais je ne pourrais pas surveiller les deux à la fois. C'est pourquoi je n'en prendrai qu'un à la fois. L'autre lira les notes que j'ai enregistrées, comme ça il ne tourna pas les pouces. Hmm, meh, je vais y réfléchir.

Concernant la légende de mama vaï. J'ai vu le fils d'Abouleki, il s'appelle Tautavou et je dois admettre que c'est un conteur qui sait conter. De mémoire, je dirais qu'il est aussi doué que son père, un peu plus peut-être. Mais bon, c'est peut-être parce que le regarder ne pique pas les yeux. Ah le vieux Abouleki faisait pleurer les yeux de tristesse, c'est un miracle qu'il ait eu une descendance. Quoique c'était un bon conteur et l'écouter était agréable, alors... meh, ça ne me regarde pas. 

J'ai croisé Tautavou alors qu'il faisait cours aux tous petits. Alors je vous laisse imaginer, moi, Matagi, le dieu vivant de Lilico au milieu de la marmaille qui savait à peine ne pas avaler la boue pour s’étouffer. Et ça tirait les vêtements, et ça essayait de te grimper dessus, et ça pleurait quand tu levais la main pour essayer de taper. Ah mais je préfère de loin la compagnie des poissons, au moins ils ne te vrillent pas les tympans en te faisant sentir comme le pire des hommes parce que tu ne comprends pas ce qu'ils veulent. 

Meh, et donc Tautavou était hésitant à raconter la légende de mama vaï. Il m'avait dit d'attendre la fin, et que les parents viennent reprendre leurs enfants pour les ramener à la maison. Je n'avais pas compris pourquoi, c'est une histoire assez populaire, du moins, il me semblait. Il m'a dit qu'il y a plusieurs versions de l'histoire qui ont été passées pour tous les contes parce que les adultes ont cessé de s'intéresser aux histoires du passé. Ils n'avaient plus que les enfants vers lesquels se tourner et pour cela ils devaient arranger les histoires. Et au fil des générations les histoires sont devenues plus simples et plus divertissantes parce qu’elles étaient désormais destinées à un public qui n'avait que faire du sens. 

Je peux comprendre. Pour capter l'attention de ces petits monstres, il faut vraiment aller vers l'essentiel. Je dois peut-être en apprendre plus pour mes propres cours. Meh... Malheureusement je n'avais pas le temps d'attendre jusqu'à la mi-journée. Alors il m'a dit qu'il allait passer ce soir et donc j'attends. Quelle est cette histoire passée de génération en génération qui est plus horrible que l'histoire d'une femme volage punie pour sa trahison. Je dois avouer que moi, Matagi, suis intrigué... Ah ! Je crois que c'est lui.

- Ah, Afiefi taloa Matagi
- Afiefi Tautavou, tu es juste à temps. Entre !
- Excusez-moi, c'est la première fois que je suis à l'intérieur de la tour. Je ne l'imaginais pas si mécanique. 
- Ah ? Oui, c'est la décoration quoi. Allez, je n'ai pas beaucoup de temps. Assieds-toi... ah, non pas ici c'est mon siège. Oui, par terre là c'est bien. 
- Afiefi Tamaïti, Uliuma
- Afiefi
- Bon, j'écoute !
- Hum, puis je demander, taloa Matagi, pourquoi cet intérêt pour une si vieille histoire ? 
- ... Parce que !
- Euh, oui, très bonne raison. Très bonne raison. Ahem, ahem, très bien. 

Petits et grands, laissez-moi Tautavou Gago, vous raconter la légende de mama vaï.
Tout a commencé, je vous le dis, à la nuit qui était peinte en rouge.
Pleins de respect et de bonté étaient les Hommes au début de la nuit rouge
Dansante, chantante était la vie, mais ensuite vint la nuit rouge.
Mais plein de vices et de folies furent les hommes à l’aube de la nuit rouge.
Le monde avait changé au matin de la nuit rouge.
Et croyez-moi quand je vous dis, la poussière qui n’avait jamais quitté le sol s’est retrouvée partout dans l’air.

Ce n’est qu’au deuxième matin, que naquit une jeune femme qui sera appelée Vaï Lokoré ?
Et les dieux m’en sont témoins, que je sois maudit sur-le-champ si je mens,
Mais il n’y avait pas plus belle plus joyeuse que celle-là.
Vaï Lokoré était un véritable soleil dans ce monde obscur et elle s’était fait sa mission de donner confort et joie.
Elle est devenue chanteuse, danseuse, mère, sœur, épouse, aimante de tous ceux qui étaient en peine. On l’appela alors Mama Vaï.

Cependant, une personne ne savait comment partager les attentions de Mama Vaï. Son nom était Ponifasio. 
Il la voulait pour lui tout seule et son cœur se mourrait à chaque fois qu’elle prêtait attention à un autre être, mais il était un parmi tant d’autre d’enfants, de frères, d’amis, d’aimants, de Mama Vaï.
Dans son trouble il ne savait pas quoi faire, mais il refusa d’être l’un parmi d’autres alors il partit de là, à la découverte du monde baigné, tantôt, par la nuit rouge.

- Hmm, c’est bien différent de ce que j’ai entendu quand j’étais plus petit
- Et de ce qui se raconte aussi.
- Comment une histoire peut autant changer ?
- Eh bien, cela dépend du conteur, de sa vision et aussi de l’époque. Vous - savez, à un moment donné, Lilico n’avait pas le temps pour la vérité. Les pêcheurs se succédaient les uns les autres, l’océan montait et les premiers poissons-mangeurs d’hommes commençaient à apparaitre. Ce n’était pas la vérité qu’on nous demandait, mais du divertissement. Le peuple choisit sa nourriture !
- Ha ! Moi, Matagi, j’attends qu’un lilicon vienne me dire ce qu’il veut que je pêche. Il va voir ce qu’il prendre. Vous avez été faibles, c’est tout.
- Peut-être, oui oh Matagi. Des hommes comme veut ne naissent qu’une fois tous les mille ans par la volonté des dieux eux-mêmes.
- Haha ! C’est bien vrai ça. Vu comme ça c’est dur de vous en vouloir.  
- Mes ancêtres ont fait leur choix, j’imagine que ce n’était pas facile pour eux, c’est pourquoi ils ont quand même décidé de la transmettre de génération en génération. Chacun à son niveau a raconté ce que le gens voulaient entendre et puis entre ce qui s’est passé et ce qui est raconté un schisme s’est créé.
- Schisme ? Un schisme ?!
- Oui, un gouffre.
- Mss, pourquoi tu me dis ce que c’est ! Tu crois que je ne connais pas ce que schizme veut dire ?!
- Ah non, pardonnez-moi, je ne voulais pas. J’ai juste voulu être explicite.
- Explicite hein ? En tout cas tu parles bien. Bon j’imagine qu’elle n’est pas finie cette histoire ?
- Non, bien sûr que non taloa Matagi …

Petits et grands, laissez-moi : Tautavou Gago, reprendre la légende de Mama vaï. Car je vous le dis, vous n'avez encore rien entendu. 

Personne n'était aimé autant que Mama Vaï. De par delà l'horizon, tout le monde venait sous terre pour ne serait-ce que voir Mama Vaï.

Il est dit que même les esprits faisaient la queue, oh oui ! Même Pili Pili, descendait de son étoile pour voir Mama Vaï. 

Ainsi retourna Ponifasio. Pour voir ce qu'il considérait comme sa maison être envahie d'étrangers tournant autour de Mama vaï comme des mouches.

Mais Ponifasio retourna de l'aube rouge, différent. Il ouvrit les bras pour accueillir tout le monde dans son foyer et leur offrit même ce qu'il trouva dans le monde baigné par l'aube rouge : l'ulwazi

- Stop ! Stop !  L'ulwazi ? 
- Euh, oui, l'ulwazi... Ah ! oui je vois. 
- C'est quoi l'ulwazi ? 
- C'est le cœur de l'océan. Du moins, c'est ce que moi, Matagi, pensait. Mais il apparaît qu'on m'a menti depuis tout petit. 
- Non, Taloa Matagi. Personne ne t’a menti. On t’a dit ce qu'était l'ulwazi, mais pas d'où il est venu. 
- Ahan ? Explique-toi. 
- Je ne peux pas, car je ne sais pas oh Taloa Matagi. L'ulwazi est venue de l'aube rouge, mais ce qu'est l'aube rouge je l'ignore. J'ai simplement appris ce récit pour le transmettre, mais j'en avais beaucoup d'autres à mémoriser alors j'évitais de les comprendre. 
- Toi, vraiment... meh, continue. 

Ahem. Ponifasio offrit à tous l'ulwazi et ses miracles bénirent tout le monde. Il fut appelé alors Papa Taela, celui venu du ciel pour marcher parmi les hommes. 

Et je vous le dis, nul homme n'était plus aimé que Papa Taela. Il était aimé de tous sauf de Mama Vaï qui continuait à chérir tout le monde pareil, sans exception.

Et cela, je vous le dis, aimé sans retour, Papa taela ne pouvait le supporter. En utilisant le savoir ancien inclus dans l’ulwazi, il maudit Mama vaï. Si lui ne pouvait l’avoir, alors personne d’autre ne l’aurait. La rendant à jamais, inatteignable pour tous.

 - Meh, quel petit homme ce Ponifasio. Moi, Matagi l'exècre de tout mon être. Peuh ! 
- …Vous voulez que je continue ? 
- Ah, ce n'est pas fini ? 
- Non, Taloa Matagi. L'histoire n'est pas encore finie.

Petits et...

- Eh, eh, continue juste l'histoire. Je n'ai pas toute la nuit. On a déjà entendu tes présentations.
- Ah, oo, mes excuses. Ahem

Mama Vaï, disparu sans laisser de traces, laissant un grand vide que Papa Taela ne put combler à lui tout seul. 

Hommes, femmes, petits et grands, venaient de perdre leur maman, leur sœur, leur confidente. Et leur peine fut si grande qu'ils en perdirent la raison, brûlant tout jusqu'à ses fondations...

- C'est quand même extrême
- Petit, est-ce que t’as déjà perdu quelqu'un de proche ? 
- Non 
- Est-ce que tu comprends la notion de perte et de colère ? 
- ...
- Alors ferme ta bouche. Apprends avant de parler. 
- ...
- En tout cas, moi Matagi, je trouve que c'est quand même extrême. 
- ... ?!
- C'est vrai. Mais, je ne sais pas quoi dire. 
- Meh, continue. 

Ne pouvant rien faire pour arrêter, si ce n'est regardé, Mama Vaï, pleura encore et encore, mais même ses larmes lui avaient été enlevées.

Ponifasio pensait lui avait tout prit, mais c'était loin d'être la vérité, car Mama vaï, débordait de courage et d'envie d'aider.

Elle s'en alla vers l'aube rouge, chercher le foyer des dieux et les implorer de les aider une dernière fois.

Mama vaï, traversa pleines et montagnes, marais et rivières à la recherche d'espoir, mais ne trouva que le désespoir de l'aube rouge. 

Mais elle ne connaissait ni fatigue, ni faim, ni soif, ni désespoir, cela je vous le dis. Même le monde mangé par l'aube rouge ne sut l'arrêter.

Et enfin, elle tomba sur ce qui restait du domaine du serpent céleste, celui qui enlace la lune et le soleil

- Redis-moi ça ?
- Quoi donc ? 
- Le serpent qui quoi ?
- Le serpent qui enlace la lune et le soleil, pourquoi ? 
- ... J'ai fait un rêve avec la lune incluse dans le soleil comme un œil de serpent.
- C'est l’œil de Gatatuva. Étrange. 
- Et tu sais ce que ça veut dire ? 
- Moi ?
- Mais oui qui d'autre ? 
- Ah... Je ne sais pas si c'est lié, mais laissez-moi finir l'histoire. Vous verrez par vous-même si l'explication vous convient. 

Du domaine de Talatua il ne restait plus qu'une marre, mais elle avait une pureté à couper le souffle, et d'une beauté sans pareille malgré l'aube rouge.

Mama Vaï pria, supplia Talatua de les aider, de les sauver. Mais trop faible il était pour entendre, pour agir. Tout son domaine avait été bouilli par l'aube rouge. 

Autre fois serpent enlaçant le soleil et la lune, désormais ver de terre pataugeant dans sa mare, les touts puissants n'étaient plus, détruits par l'influence de l'aube rouge.

Ah ! Comment elle était déçue Mama Vaï ! Comment elle était chagrinée Mama Vaï ! Seule et perdue, je vous le dis, il n'y avait pas plus triste être au monde que Mama Vaï.

- Et qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est ce qu'elle a fait ? 
- L'ulwazi ? 
- L'ulwazi ? 
- Oui, l'ulwazi. 
- Pourquoi l'ulwazi ? 
- Elle avait l'ulwazi ?
- Mais c'est quoi l'ulwazi concrètement ? 
- Ow ! ow, les petits ! Ne fatiguez pas les oreilles avec ces questions, vous verrez ça après. Le temps c'est du poisson. Continue !
- Ah, oui, Taloa Matagi. L'histoire est presque terminée.

Ahem... Si triste elle était Mama Vaï qu'une larme coula le long de sa joue et tomba sur l'ulwazi qu'elle tenait entre ses mains. 

Et je vous le dis, que le ciel me punisse si je mens. Le domaine de Talatua commença à se remplir d'eau, une eau d'une pureté à couper le souffle, et d'une beauté sans pareille malgré l'aube rouge. 

Talatua grossit dans ses os, il grossit tellement qu'il peut enlacer tout le monde d'une part à l'autre, alors que son eau engloutit tout sur son passage.  

Mama vaï fut balayée par le courant de cette eau sacrée et se perdit à jamais dans les profondeurs séparées à jamais de l'ulwazi. 

Ainsi se termine la triste histoire de Mama Vaï, maudite et perdue à jamais, errant depuis la nuit des temps, assallie par le malheur et le regret...

- C'est tout ? 
- C'est tout ce que je sais, Taloa Matagi. 
- Petit ! Regarde-moi bien. Est-ce que tu es sûr que c'est la bonne histoire. Vraiment sur.
- Ah ! c'est l'histoire que j'ai retenue.
- Peuh ! Quelle perte de temps.
- Est-ce que vous allez ? 
- Pêcher ! Pour mon plus grand malheur, les ventres ne se remplissent pas tous seuls.

Entrée du 24/04/2558

Ah ça fait plaisir de pouvoir s’asseoir deux minutes. Je n'ai même pas eu le temps de penser. Il fallait préparer le festival de Mokoko. Tout le monde porte des masques en argile et porte de longs draps pour danser du matin jusqu'au soir. 

Personnellement, j'aimais cette fête avant. Il y a du bon alcool fait à partir d’œufs de Meli le'ia. Un poisson très rare et très agressif. Il est très long, avec des dents le long du ventre, et s'il s'enveloppe autour de vous, c'est fini. Même moi, Matagi, j'aurai du mal à m'en sortir indemne. C'est l'une des espèces qu'il est très difficile d'attraper sans un piège adéquat. Mais, cet alcool vaut le coup de se prendre la tête à tout préparer. Le goût est juste, mmm, il est juste bon.

On en prend trois fois dans l'année et le festival de Mokoko est l'une de ces occasions. Mais, là, je ne sais pas. J'ai vu les enfants et leurs parents se préparer et tous ces masques et draps... Ce n'est même pas le cuir gaspillé qui me travaille. Chacun fait ce qu'il veut avec ses réserves et puis meh, je ne suis pas contre le divertissement. 

C'est juste que ça m'a refait penser à cette lumière dans l'eau et je ne sais... Ce n'est pas que ça me fait peur hein. Moi, Matagi, je n'ai peur de rien, bon les esprits et tout ça, ça ne compte pas. Ce que je ne peux pas toucher à ma lance, moi je ne... hein ? Comment je fais pour taper un esprit. C'est juste ça.

Du coup, bah du coup j'ai décidé de rester chez moi, dans la tout, ou peut être nagé un peu... Le soir du festival ? Non, non, je... tiens, j'ai de l'inventaire à faire. Voilà ! J'avais même oublié. Ah, Matagi, Matagi, tu m’épateras toujours. Donc, je n'ai pas d'autre choix que de rester ici. 

Bon, je peux demander aux petits de faire le travail, c'est vrai. Si je dois être honnête avec moi, même, c'est vrai que je peux faire ça. Mais si je dois être honnête avec moi-même, je ne peux pas faire ça. Non, je ne peux pas les priver du festival. Ce ne serait pas bien. Moi, Matagi, j'aurai honte de les soustraire à un événement comme ça. Il faut que jeunesse se fasse, oui, il faut que jeunesse se fasse. Et c'est vrai en plus...

Ahem, en parlant des petits. Ils progressent bie... Meh, ça va, ça va. Déjà il ne se font pas dessus quand ils m'accompagnent pour pécher. Ils apprennent à être propre, je vais considérer cela comme un progrès. Et puis, ils sont... Oh, oh oh oh oh. Les petits saligauds, ils ont failli m'avoir. J'ai failli dire qu'ils étaient sympathiques. Il ne faut pas que je m'attache. Mais c'est vrai qu'il y a plus de bruits dans la tour, et parler à autre chose que cette boîte ça fait du bien... Bon je vais pécher, toute cette bonté-là doit s'accompagner de poisson braisé.
AH, pourquoi la lumière me pique les yeux, hic !
Tu m'entends ? Hic, stupide boîte ! Moi, euh.... Matagi, oui Matagi, hic !... Euh, je ne me sens pas très bien... Hahahaha, hic ! Il n'y a pas d'alcool qui va... euh, qui va arriver à bout de Mata... Matagi. Ah ça non ! hic. Je vais juste éviter... éviter de bouger, et ... et éviter de réfléchir, hic. Et éviter de parler aussi... j'ai comme envie de vomir... Pourquoi est-ce que j'ai envie de dormir ? Et pourquoi la lumière me pique les yeux ? Hic ! Tu m'entends ? Stupide boîte ! Hic.

Moi... Moi, je ne fais que parler et toi... Et toi tu ne dis jamais rien. Est-ce que tu te moques de moi, hein ? hic... Moi, Mata... oh, je n'aurai pas dû prendre ce verre en plus, hic ! 

C'est la fête Matagi ! Bois... Bois avec nous Matagi ! Je vous en fou... Hahaha, hic ! Il n'y a pas d'alcool qui va... qui va mettre Matagi, à terre ! Ah non, non, non, non... non, non, hic, non ! Vous savez quoi... Euh, je pare à qui déjà ? hihihihi, ahhhh, j'ai la tête qui tourne !

Euh, vous savez quoi ? J'aurai du prendre plus, hic. Oui, je dois montrer à l'alcool, que moi Matagi je ne le crains pas, hic ! Hein ? J'ai raison, ou j'ai... j'ai raison ? Hein ? Je vais, y retourner... Mm... Je vais y retourner une fois... une fois que je n'aurai pas envie de m'arracher la tête. 

J'ai chaud, hic ! Pourquoi j'ai la tête qui tourne ? Qu'est ce qu'ils ont mis là-dedans...Ah j'ai trop chaud, je vais aller nager, hic... Hihihi, je vais aller pêcher ! Moi, moi Matagi je vais aller attraper le plus gros... gros poisson des environs, et puis je vais... Je vais...Euh, hic ! Ah oui, je vais leur montrer à tous ! C'est qui, c'est qui Matagwi, hihihi hic !

Ils vont tous danser et chanter, hic ! Mon nom sur la plage...la plage... hic... La Plage... ! Si moi, si moi Matagi j'ai chaud comme ça... Les autres... Oh, non, non, non, non ! Lève-toi Matagi, hic ! Lève-toi, allez lève-toi ! Il faut... il faut y aller. 

Allez… Ah, je ne me sens pas bien.
Et alors ? Hein ? Tu vas te laisser battre par une bouteille ? hic ? Hein Matagi ?
Jamais ! Même deux… quatre bouteilles ne peuvent pas… Ne peuvent pas arriver à bout de Matagi. Alors, je peux me lever… Je peux… Beuargh !!

Voilà, ça va… euh, ça mieux… Je me sens comme une merde ! Beuargh !

Euh… Allez, il faut y aller… Il faut y aller à la plage, avant qu’il y ait un carnage… Fichus Lilicons, qu’est ce que vous avez mis dans… Beuargh !

Entrée du 26/04/2558

Hmm, j'ai encore mal au crâne. Ça siffle dans une oreille, peut-être à cause de la pression sous-marine ?

Apparemment, durant le festival je me suis couvert de ridicule. Je criais à tout le monde de sortir de l'eau, mais personne ne nageait. Apparemment, une circulaire a été passée par le maire pour prévenir tout le monde que l'océan était interdit d'accès durant la célébration, à part à moi, Matagi, ce qui est normal. Et il apparait que j'ai été le seul suffisamment saoul pour oublier. Vous ne pouvez pas imaginer la honte que c'est, moi, Matagi, dans cet état désolant.

Apparemment les alchimistes ont eu l'idée de mélanger les œufs de Meli le'ia avec l'estomac de Maru a'na. Ce truc est toxique ! Je ne sais pas comment, ni pourquoi ils ont eu cette idée, mais ils vont entendre de mes nouvelles. Ils n'ont pas conscience de ce qu'ils ont fait. 

Prenez comme exemple, il y a un imbécile qui est venu vomir chez moi. Il y en avait partout, c'était dégueulasse. Enfin je dis imbécile, mais ce devait être un de mes apprentis, personne d'autre ne peut entrer dans la tour. Ils ont dû se cacher ici pour boire en secret et ont fini par vomir partout, ahahaha, les petites natures. Halala, la jeunesse. 

Bon, je leur ai fait tout nettoyer jusqu’à ce que je puisse me voir en reflet, c'est normal, ça leur apprendra. Il y avait même des traces sur ma chaise préférée. J'espère qu'ils n'ont pas touché à mes enregistrements, je vais vérifier ça plus tard. 

Hmm, j'avais un truc important à dire avant de m'énerver là... Ah oui, le bateau. J'ai reçu un plan du bateau, et de ce que j'ai compris ils vont utiliser des enregistrements spéciaux qu'ils vont mettre sous la coque pour effrayer les poissons. 

Je... Peut-être que ça peut marcher. Je ne sais pas. De toutes les façons s'ils arrivent jusqu'à moi, je n'aurai d'autres choix que de partir, parole donnée ne peut être reprise. En tout cas, la parole de Matagi n'est jamais reprise. 

Ils m'ont dit qu'ils vont le terminer en un an. Entre la collecte et le façonnage des matériaux nécessaires, et le temps de pêche, je pense qu'un an c'est raisonnable comme délai. Ça me laisse le temps de préparer la suite pour Lilico. Les petits progressent. Pas aussi vite que j'aimerai, mais en un an, ils sauront pêcher quelques espèces sans se faire manger. Au pire, l'un remplacera l'autre, d'où l'utilité d'en avoir deux. Il ne faut pas se mentir, tout peut arriver à n'importe quel moment, même à moi, Matagi. 

Entrée du 03/05/2558

Sigh...


Entrée du 04/05/2558

Sigh...

Entrée du 05/05/2558

Sigh... Je ne trouve pas. J'ai beau chercher, je ne trouve pas de réponses. Le petit Tamaïti m'a posé une question à laquelle j'ai du mal à répondre. Il m'a dit :

- Oh Taloa Matagi, j'ai une question. 
Et moi je lui ai dit
- Encor... euh, je veux dire. Vas-y, petit, exprime ta pensée. 

Si je savais, j'aurais dû lui mettre un chiffon dans la bouche. Il a dit :
- Voilà, je pensais, à quoi rime tout ça.
Et donc je lui réponds
- C'est à dire ? - réaction normale vu que je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. 
Et là ! il me dit 
- Eh bien, je réfléchissais au sens de la vie. 

Là, c'est mon erreur. J'aurais dû le stopper là, mais il apprend tellement vite que je ne peux même pas l'envoyer lire mes notes sans me sentir ridicule. Le problème de Tamaïti n'est pas sa capacité à apprendre, c'est plutôt que son esprit n'est pas parmi les hommes. Ni son cœur d'ailleurs, il est comme une poupée vide. Enfin, pas entièrement vide. Je sais qu'il ressent la peur, et pas qu'un peu. Mais uniquement tant que c'est lui qui est en danger. Il ressent la curiosité, beaucoup aussi, vu les questions qu'il me pose. 

Ah oui, à propos de la question. Il me fait
- Eh bien, je réfléchissais au sens de la vie et je me suis dit. Si nous sommes tous nés de la terre sur laquelle a marché Tagatua, et que nous retournons à la poussière une fois que la chaleur de son pas s'estompe. Alors sommes-nous réellement en vie, ou plutôt mourrons-nous réellement ? Parce que la poussière que nous devenons va servir à une nouvelle naissance, alors sommes-nous vraiment morts ? Ou avons-nous même été nous ? Et si la vie ne rime à rien, pourquoi perdre du temps à pêcher ? 

Alors, là, moi Matagi, ait senti mon esprit prendre ses valises. Ma réaction principale a été
- Petit, je suis pêcheur et si je n'attrape pas de poisson, je sais que tu vas définitivement mourir de faim. 
Mais à voir sa tête, ma réponse ne l'a pas convaincu. Depuis il me regarde avec un air, comme si j'avais de la mousse dans la tête. Ça m’énerve !

Sigh… Il faut que j’y réfléchisse encore. Je sais que je devrais me focaliser sur autre chose et ignorer ce genre de détail, mais… Je suis son mentor, et également son éducateur. Peut-être que je devrais lui dire simplement que je n’en sais rien ? Mais ce serait dégradant pour moi, Matagi.

Ah oui, avant que j’oublie je dois noter un autre détail. Hier, j’ai vu un Feto’ia échoué contre la barrière de corail. Il était comme mangé de l’intérieur qui pourrissait comme s’il était là depuis des lunes. Je ne sais pas encore ce qui se passe, mais le village est à nouveau stressé. Et bien sûr, c’est moi, Matagi, qui vais devoir trouver la réponse. Déjà je vais observer si le phénomène se répète et si c’est le cas… Je ne sais pas, je verrai.

Entrée du 15/05/2558

Le phénomène a recommencé. Les alchimistes et les écailleurs m'ont appris des nouvelles qui me font me gratter la tête. Ils ont repéré plusieurs traits communs chez les poissons : les yeux sont brûlés de l'intérieur. Quelque chose a rendu les poissons aveugles avant de les dévorer, mais ce n'est pas tout. 

Sur les écailles il y a une poudre étrange qui a paralysé plusieurs écailleurs, ils étaient comme morts, mais ils ont dit qu'ils pouvaient tout voir et entendre. 

Puis il y a la putréfaction accélérée de la chaire. Tous les poissons échoués étaient si pourris que même respirer à côté donne envie de vomir. 

Les experts sont encore en train de regarder ce qu'ils peuvent trouver d'autre, mais une chose est claire. Je n'ai jamais vu une chose pareille, et je ne sais pas quelle espèce est capable d'une chose pareille. Apparemment nous avons de nouveaux voisins... Je me demande ce qu'est devenue la famille de Kellu. 

J'imagine qu'ils ont dû partir ailleurs parce que je ne les ai pas vus depuis, ouf, depuis plus d'un mois c'est sûr. 

Les petits sont effrayés et je les comprends. Je ne peux pas prendre le risque de plonger avec eux pour les former, pas tant que je n'ai pas trouvé ce qui se passe. 

Pour l'instant j'ai demandé aux sentinelles de ne rien laisser passer et ils m'ont fait comprendre qu'ils n'ont rien vu de particulier pour l'instant. Un jour, moi, Matagi, aurait la surprise de ma vie lorsqu'ils me diront qu'ils ont enfin vu quelque chose. 

Meh...Par contre, cela me rappelle l'incident avec Taüla, l'homme poisson. Hmm, peut être que je devrais essayer de voir s'ils ne sont pas encore dans les environs. Mais d'abord, je vais monter moi-même la garde sur la plage pour voir comme le poisson arrive jusqu'à la barrière de corail. Je verrai peut-être aussi le coupable.

J’espère juste que ce n’est pas un nouveau monstre venu des profondeurs, ou pire encore. Quoique, qu’est-ce qui pourrait être pire ?

Je vais polir ma lance au cas où, il se peut que j’aie besoin qu’elle soit perçante comme jamais. Je vais aussi polir mon mental, c’est tout aussi important. Face un ennemi dont je ne connais rien, ma confiance en moi, Matagi, doit baisser d’un cran et je dois être alerte. Il n’en faut pas beaucoup pour qu’une gueule crochue m’envoie rejoindre mes ancêtres. Les petits ne sont pas encore prêts, je ne peux pas me permettre de mourir.

C’est quand même fou, mais ils prennent de la place ces machins, meh, les enfants…Je me suis laissé surprendre comme un amateur.
Bon, je dois aller me préparer.






Blabla de l'auteur

Hello à vous chers lecteurs ! Bon pré week end, bon repos à vous !

Texte time !

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Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à bientôt !!! Portez vous bien !!!!





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