mardi 16 mai 2017

Meliacor, le tombeau de glace, pages 1-40

MELIACOR
Le tombeau de glace


(Planète à la bordure du système cygmus77
Température min -90°c, max -135°c
Vitesse des vents: min 25 km/h max enregistrée 5679 km/h
Période de rotation: 15 h 26 mn
Superficie: 37 365 millions de km²)   



Meliacor était une planète dure et inhospitalière. C’était un monde perçu sans vie, balayé par des vents violents et cristaux de glace coupant comme des rasoirs se fracassant contre les plaques composites des armures portées par les seuls humains assez fous pour traverser ce désert blanc. Ils couraient aussi vite que leur servomoteurs pouvaient le leur permettre, hantés par le ciel ténébreux, similaire à un trou dans le néant. Cette vision de catastrophe imminente était parcourue par des éclairs aux formes étranges, créatures insolites camouflées par les cumulo-nimbus. Ce phénomène météorologique était l’avènement d’une tempête qui suggérait une seule et unique chose: leur mort rapide et brutale. Protection céramico-métallique ou non, cela n’avait aucune importance une fois dans le ventre de l’hydre qui prenait naissance.

  • BORDEL DE MERDE !!! BORDEL DE MERDE !!! - criait l’un des soldats dans l’intercom commune de la troupe de cinq, sans s’interrompre depuis plusieurs minutes déjà.
  • La ferme Sean !!! Tu me casses les couilles, isole ton putain de canal !!! - hurla un autre soldat qui en avait marre d’entendre des hurlements incessants.
  • Raby isole les communications de Sean immédiatement ou je jure de le balancer dans la tempête dans les 20 secondes qui suivent !!! - cria le soldat en deuxième position à la tête de la troupe en essayant de surclasser les hurlements.
  • Je suis déjà sur le coup serg !!! - répondit une voix féminine en hurlant à son tour. Elle courait en tapotant un clavier holographique devant elle, lié à un appareil sur son avant-bras mécanisé. La tâche était ardue au vu des circonstances: les cris de Sean, le rythme de la course qui ne pouvait être opérée de manière automatique par l’intelligence virtuelle à bord de l’armure, le terrain incroyablement difficile de dunes de neige épaisse jusqu’aux hanches et de glace en dessous, et pour finir la menace dans leur dos qui gagnait du terrain. On pouvait déjà voir un cyclone se former au milieu de la pluie d’éclairs et ce n’était que le début
Une fois la manipulation réussie et le canal de Sean isolé du reste, l'opératrice cria,
  • C’est fait !! - annonça-t-elle avec une pointe de satisfaction et de soulagement. Elle pouvait désormais se concentrer sur sa course sans être agressée par la voix hystérique de son collègue et par là même espérer survivre.
  • Putain ça fait du bien, je m’occuperai de son cas une fois qu’on sera en sécurité. Maki, ils sont encore loin ? - demanda le sergent.
  • Ils s’éloignent de plus en plus, on ne pourra pas les rattraper - répondit le soldat en tête de groupe, pistant des traces invisibles dans cette neige. Sa visière faisait apparaître des pluies de données et il devait trier les bonnes en se fiant à son instinct ainsi que son expérience.
  • Putain de merde !! On augmente la cadence je refuse de crever avant ces fils de putes, ALLEZ !!!!! - hurla le sergent et ce cri venait du plus profond de ses tripes. Ils allaient survivre et mettre une balle dans le front du responsable de cette catastrophe , c'était son serment personnelle qu'il désirait absolument tenir.

La troupe de 5 soldats accéléra le rythme aux limites de ce que leurs exosquelettes pouvaient supporter, aux limites de ce que leur corps humain pouvait réaliser. Ils couraient à plus de 40 km/h, en cherchant à garder l’équilibre sur la glace, en priant de ne pas tomber dans un trou couvert par la neige et menant dans les abysses de Meliacor, ou se retrouver complètement submergés par la neige et perdre Maki de vue, leur pisteur. Sans lui cette aventure aurait été synonyme de suicide. Ce dernier les menais rapidement et avec assurance en direction de ce qui ressemblait à une chaîne de montagne, peut être leur seule chance de survie.
Dans leur dos l'hydre commençait à prendre vie, des dizaines de tourbillons descendaient des cieux balayant absolument tout sur leur passage, soulevant la neige en de gigantesques colonnes blanches. Le sol était frappé par une pluie de foudre gigantesques ionisant l’atmosphère, la grêle était prise dans les courants aériens pour être projetée tout autour dans un cercle infernal et ce front mortel avançait à plus de 1000km/h et ce n’était qu’un début. N’importe quel objet dans un rayon de 20 km de cette aberration météorologique avait une chance de “survie” de 0%, il n’y avait aucun miracle cosmique qui pouvait aider les mercenaires. Il n’y avait que la force de leur volonté de survie qui pouvait leur faire surmonter l’épuisement, la peur, ainsi que leurs limites.

Tout avait commencé par une patrouille de reconnaissance à l'intérieur du V.E.T.I.T (pour véhicule d’exploration terrestre et intra-terrestre aussi surnommé le vermisseau, abrégé VET ou Vety si intimité). C’était une énorme masse de polymère métallique résistant à des températures extrêmes de - 267°c, au plus près du zéro absolu. Une merveille de la technologie moderne, qui coûtait une véritable petite fortune, roulant sur des chenilles capables de s’adapter à n’importe quel terrain. Mais l’option qui rendait cet engin vraiment indispensable à la survie sur Meliacor était la large foreuse reposant sur le toit de l’appareil et qui avait la capacité de percer dans les sols les plus durs de cette planète maudite, pour échapper aux tempêtes violentes et surtout à l’hydre. Un événement climatique encore inexpliqué, jugé même inexplicable et suffisamment fréquent pour considérer toute vie à la surface impossible. Cependant, la troupe n’était pas là pour une mission d’urbanisme ou de colonisation, mais pour protéger une installation scientifique de fouille archéologique datant de plusieurs millénaires contre… c'était bien là le souci. D’un bout à l’autre de l’horizon il n’y avait aucune trace de vie visible ou même imaginable.

  • J’y crois pas ! Pourquoi on nous envoie patrouiller si loin. De quoi ils ont peur ? D’un ours équipé de bazookas ? Y a rien à des centaines de kilomètres à la ronde - fulmina Sean qui avait réussi l’exploit de détacher sa console de son poignet, encore rattachée par des fils, pour rendre le jeu auquel il s’adonnait plus confortable.
  • Moi tant que je suis payé je fais mon boulot sans chialer.
  • Ta gueule Jess. Non sans déconner j’ai pas l’impression d’avoir été promu. Ok la paye … - dit Sean en prenant un pause dramatique. Mais en réalité simplement concentré sur le jeu de plateformes - Ok, on est bien payé, même si je ne comprends pas pourquoi. Quelqu’un sait si ils ont trouvé quelque chose ?
  • Pas mes oignons - répondit Raby à demi endormie. Certains voulaient de l'action, elle, elle préférait l'inaction qui était de son point de vue la meilleure action.
  • Mouais, peu importe ce n’est pas le problème…
  • Un problème ? Ou tu vois un problème ? - demanda Maki en interrompant son collègue et ami depuis quelques années déjà.
  • On se gèle le cul au beau milieu de nulle part dans un coin paumé de l’univers. Ça ne gêne que moi ? J’aimerai chier sans tube dans le cul pour une fois.
  • Arrête un peu ton cinéma la chialeuse. T’étais même pas né quand ça ce faisait... Et puis cette planète n’est pas aussi inhabitée que tu le crois - répondit Maki. Il avait entendu quelques pisteurs parler une fois, et il y avait des rumeurs comme quoi après leur périmètres de patrouilles des formes de vies étranges avaient été aperçues. Mais après, écouter les rumeurs était une chose, les croire était une autre.
  • Pitié pas toi aussi. Des soit disant créatures qui rôdent toujours au loin ? Je vais te dire ce que c’est, des hallucinations provoquées par un traitement prolongé à la zibrovsk (marque de vodka) si tu vois ce que je veux dire - se moqua Sean.
  • Rigole autant que tu veux mais si… - essaya de dire Maki avant d’être interrompu par un bruit que personne ne s'attendait réellement à entendre.
  • Beep !!!
Malgré leur nonchalance, à ce son spécifique d’alerte, l’attention des 6 personnes présentes à l’intérieur du vermisseau se focalisa sur les écrans des moniteurs holographiques que le sergent tira du tableau de bord avant de les jeter à l’arrière dans la petite baie passager pouvant accueillir un petit peu plus que les 4 personnes assises. Ce bruit était le signe que le radar avait détecté soit une source de chaleur, soit une trace de mouvement. Le beep ne dura que quelques instants avant de disparaître.
Les soldats se regardèrent perplexes ne voyant rien sur les images flotantes envoyées par les quatre caméras incorporées au vermisseau, les seules qui pouvaient fonctionner en environnements extrêmes. La poule aux œufs d'or de Strydon inc.
Il arrivait que le radar ait des bugs mais très rarement. En deux ans et demi de patrouille ce problème n’était arrivé que deux fois et cette troisième n’avait aucune raison d’être différente des précédentes. Seulement cette fois le beep apparut à nouveau au même endroit sur la carte avant de disparaître à nouveau.
  • Je veux tout le monde prêt dans 5 minutes, j’ignore ce que nous allons trouver sur place alors préparez-vous au pire - s’adressa le sergent Bender à sa troupe.

Tout le monde vérifia ses armes par mesure de sécurité ainsi que l'état de leurs exosquelettes via l’interface sur leurs poignets. Rien ne devait être laissé au hasard, se préparer au pire était la devise des white owls, l’une des 5 meilleures compagnies de mercenaires dans le système.

  • Maki ! - dit le sergent qui cherchait encore la source du signal sur les moniteurs qui cerclaient sa tête.
  • J’y vais - répondit ce dernier qui savait déjà ce qui était attendu de lui: pister.
  • Sean tu sors aussi - ordonna le sergent en scrutant ses moniteurs. Connaissant son pisteur et ne sachant pas ce qui les attendait dehors, il devait envoyer au moins une personne en soutien. Mais son choix n'était pas exactement impartial.
  • Je vous ai déjà dit que je vous considère... - essaya de sucrer Sean. La perspective de sortir en cette température était très peu attrayante malgré les protections de son exosquelette. C'était comme porter un pull en hiver, le froid pénétrait quand même.
  • Dehors ! - le coupa sèchement le sergent qui n'était pas d'humeur à négocier ses ordres. Ou plutôt qu'il n'était pas d'humeur à écouter son subalterne lui faire perdre du temps.
  • Fait chier! - murmura Sean en se frayant un chemin vers la soute arrière et sous les ricanements de ses collègues.
Une fois dehors, le vent et les particules de glaces s’écrasèrent violemment contre l'armure de Sean, lui faisant presque perdre équilibre. Mais les servomoteurs actionnèrent automatiquement les systèmes d’équilibrage compensant la pression du vent, et remettant l’armure de plus d’une demi-tonne ainsi que son porteur, droit sur leurs pieds. Aussitôt en contact avec le froid, ses systèmes de survie s’enclenchèrent moins d’un quart de seconde après, mais au vu des températures présentes ce minuscule intervalle de temps pouvait s’avérer fatal.

  • “Vieux matos à la con” - pensa Sean en claquant encore des dents malgré la chaleur qui commençait à se propager à l'intérieur de la masse de métal. Mourir à cause d'une défaillance matériel était le summum de la connerie pour lui et ce climat rendait cette possibilité très concrète, trop concrète à son goût.
  • Ça va ? - demanda Maki qui observait son collègue et ami se frotter les mains comme si il essayait de se chauffer le corps. Un réflexe humain mais inutile en exosquelette.
  • Ouais, juste le régulateur thermique qui a un problème je crois alors si je crève je n’hésiterai pas à tous vous hanter - dit Sean sur un ton dramatique via la radio intégrée.
  • Serg on va commencer l’inspection - informa Maki en ignorant la menace de son ami. Il parcouru l'horizon du regard, à la recherche des premiers indices.
  • Ça marche, je t’ai connecté au radar t’as reçu le truc ? - demanda le sergent. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment, comme si quelque chose lui serait légèrement le cœur, et il avait suffisamment d'expérience pour écouter son instinct même si atrophié. Mais le fait de n'avoir aucune information stressait Bender au plus haut point.
  • Ouais c’est bon - un pop up holographique apparu et Maki pressa sur Accepter. Une carte détaillée se déploya au dessus de la console sur son poignet, cependant la carte ne montrait absolument rien de particulier, ou du moins pendant quelques secondes. Ensuite un cercle rouge apparu dans le coin droit de son écran, puis un deuxième plus bas avec une annotation rajoutée par le sergent: “dernière position connue”.
  • Si au bout de vingt minutes tu ne trouve rien, on laisse tomber.
  • Très bon plan serg - dit Sean qui en toute honnêteté ne se voyait pas rester là plus de cinq minutes. Le devoir des white owls certes, mais la chaleur du vermisseau lui manquait déjà.
  • Au boulot ! - commanda le sergent. Il voulait des réponses et il voulait qu'on lui prouve qu'il avait tord, que son instinct n'était désormais qu'une relique de son passé, tout comme lui.
La technologie était le summum de ce que l’humanité pouvait accomplir, cette notion était tenue comme une vérité absolue par 95% de la population. Pourquoi muscler le corps quand on pouvait se faire implanter des fibres musculaires de meilleurs qualité et qui gardaient leur masse. Pourquoi passer sa vie à étudier quand on pouvait utiliser une puce électronique pour faciliter la mémorisation et retrouver les bons souvenirs. Pourquoi prendre le soin d'avoir une hygiène alimentaire vu que les nanomachines éliminaient, partiellement, les éléments nocifs.

Mais le sergent Jonathan Bender faisait partie de ceux qui croyaient que l’humain était le summum de ce que l’humanité pouvait offrir et rien ne pouvait battre cette machine biologique. Il n’avait jamais vu de meilleur pisteur que Maki de toute sa vie. Il était capable de voir ce que les machines, intelligences virtuelles à l’apex du traitement de l’information, n’avaient pas pu voir. Du moins si il y avait quelque chose à voir.

Maki dépassa le vermisseau qui était au repos, et scruta l’étendue blanches à la recherche d’un indice. Sean se tenait à quelques pas de lui, le fusil entre les mains, prêt à agir au moindre truc louche. C’était un de ces moments rares où il était aussi sérieux que son cerveau pouvait lui permettre de l’être. Il luttait contre lui même pour ne pas sortir une connerie et jusque là il faisait du bon boulot.

Maki avança sur cinquante mètre droit devant, en s’arrêtant quelques fois pour regarder autour de lui soit debout, soit en s’accroupissant, analysant la neige. Sean, quant à lui, surveillait l’arrière pour ne pas avoir de surprise venant dans leur dos ou sur leurs flancs.

  • Alors ? - entendirent ils à la radio la voix du sergent
  • Maki fait ses trucs - répondit Sean. Le pisteur était dans sa zone, il y avait de fortes chances qu’il n’ait même pas entendu la radio.
  • Je vois. Encore 5 mn et on met les voiles
  • Les chenilles, serg. Vu que…
  • 5 mn ! - répéta Bender avant de couper la communication.
  • 5 mn - murmura Sean avant de s’avancer péniblement vers Maki. Une fois à sa hauteur il lui tapota l’épaule pour attirer son attention et lui montra cinq doigts. Ce à quoi le pisteur fit ok de la tête et continua son observation en se dirigeant sur la gauche, dans la direction opposée du point de signal. Il s'écarta d'avantage du vermisseau et s’arrêta à quelques mètres, le regard fixé sur quelque chose au loin.
Sean resta à proximité sur le qui vive et anxieux. Il essaya de regarder dans la même direction que le pisteur pour essayer de voir ce qui pouvait autant le captiver mais son zoom et les logiciels embarqués ne détectèrent que de la neige.
  • Hey Maki t’es redescendu sur terre ? Les gars commencent à être sur les nerfs à te voir comme ça ! - annonça le sergent à la radio et tout le monde était on ne peut plus d'accord.
  • Ouais - répondit simplement Maki tout en continuant à scruter son point à l’horizon.
  • Alors ? - demanda Maki l'arme toujours levée et surveillant les alentours. Juste avant que le sergent Bender ne pose la même question
  • Alors ?
  • Nous ne sommes pas seuls. Il y a quelque chose dans la neige - répondit le pisteur, contredisant ce que montraient les appareils.
  • T’es sur ? Personne n’a jamais rien vu de vivant dans le coin - entendit il la voix de Raby un peu excitée. La présence de formes de vies aliens pouvait changer la donne et rapporter gros à l'entreprise. Ils avaient tous été briefés sur le potentiel des organismes inconnus et la dangerosité que cela représente. Mais le potentiel était immense: nouveaux vaccins, nouvelles matières, etc... Et les participants à la découverte avaient leur part, c'était la politique des white owls.
  • Apparemment pas dans ce coin là - répondit Maki immobile - Personne n’a jamais mit les pieds si loin du labo de fouilles - Et ce pour une raison simple. Il n'y avait aucun besoin de le faire, alors pourquoi disperser inutilement des ressources sur des spéculations. Surtout que l'hydre compliquait grandement l'exploration et pouvait bloquer des patrouilles pendant des semaines, voir un mois si elles ne trouvent pas de chemin sous la neige et la glace.
  • Pas faux - confirma Bender - Mais les ordres sont les ordres. Ok revenez à l’intérieur, je vais prévenir le QG.

Sean ne se fit pas prier mais Maki resta à observer le désert blanc,

  • Serg il est reparti dans sa zone - informa Sean avec un soupir. Il allait devoir rester encore quelques minutes à l’extérieur et là, en cet instant, il détestait son ami et collègue.
  • Une seconde...Allo QG ? ici le sergent Jonathan..Allo ? QG ?
  • Qu’est ce qui se passe ? - demanda Dyne, le pilote du vermisseau. Contrairement à Raby la perspective de trouver on ne sait quoi ne l'enchantait pas beaucoup, parceque c'était un risque qu'il ne voulait pas courir. Il avait abandonné toute envie de prendre des risques simplement parcequ'il ne pouvait plus se le permettre.
  • Je ne sais pas, ça ne passe pas. Raby essaye de contacter le QG - ordonna le sergent à sa mécano ou comme elle le préférait: ingénieur.
  • Pas de problème, je vais régler ça - confirma cette dernière. L’adrénaline commençait à circuler dans son sang, une sensation qu'elle n'avait pas éprouvée depuis un long moment sur Meliacor. Quatre ans de patrouilles et rien que du blanc à perte de vue.
  • Très bien. Et vous foutez quoi encore dehors ?! - gueula Bender
  • Moi je veux bien rentrer mais maki bouge pas - répondit Sean qui avait senti que le cri du sergent était dirigé vers sa personne - et j’avoue que je commence à devenir parano à force. Je crois que la neige bouge sous mes pieds là - dit il en pointant le fusil vers le bas. Et la parano n'était une blague, il pouvait même entendre son armure gelée sur place et il en avait des frissons dans le dos.
  • Maki qu’est ce qui se passe ? - demanda le jeune Jess avec une pointe de stress. Le fait de ne pas avoir de réponse jouait également sur ses nerfs, et il n'avait pas l'expérience des autres pour les maîtriser. Malgré la régulation de la température à l'intérieur de l'armure, il commençait à transpirer en raison de l'augmentation de son rythme cardiaque. En d'autres termes il était excité et il avait peur en même temps.
  • J’ai cru voir quelque chose au loin, là bas à 3 km sur la colline - répondit simplement le pisteur en armant son fusil pour regarder dans la lunette. Elle avait quelques logiciels et matériels supplémentaires améliorant la vision du casque de hibou.
  • Une idée de ce que ça peut être ? - demanda Bender dont le cœur commençait à se serrer. La sensation d'une catastrophe devenait de plus en plus réelle.
  • Non, mais ça à briller comme une réfraction contre une paroi métallique.
A l'idée d'un objet métallique en ce temps épouvantable mais coutumier de Meliacor, le sergent pensa immédiatement à une seule possibilité parmi une foule qui bourdonnaient dans son esprit
  • Raby la radio avance ? Je veux savoir si il y a une autre patrouille dans les environs - demanda t il
  • C’est pas possible ça, si ? - demanda Jess qui sentait la pression monter
  • Qu’est ce que j’en sais. Ils ont pu se gourer et mettre deux patrouilles à proximité. Il y a pire comme conneries. Quoi qu’il en soit tout le monde sur le qui vive. Sean, Maki, vous pouvez rentrer, bon boulot - ordonna Bender

Le voyage se passa en silence, Bender observait les écrans de caméras pour avoir le moindre indice sur ce qui avait fait beeper leur radar deux fois de suite, ainsi que sur la patrouille éventuelle. La visibilité était ridicule, les dunes, la neige incessante, la pénombre qui commençait à envahir le paysage, résultant d’un ciel souvent recouvert de nuages gris, alors ce n’était pas sa vue qui perçu le danger.  Malgré les différents spectres lumineux que son casque possédait, ses yeux ne virent que du flou, un trait gris dans un monde gris.

Ce qui l'interpella était quelque chose de plus primaire, un mélange d’expérience et d’instinct, des anomalies dans l’environnement trop rapidement perçues, des irrégularités infimes et artificielles qu'il n'aurait jamais remarqué si ce n'était le cœur serré depuis une bonne heure déjà, une perturbation dans la chute de neige régulière, ce qui amena son cerveau à retracer l'image d'une silhouette leur fonçant dessus, ce qui ne présageait qu'une chose...

  • IMPACT !! – voulu t’il crier mais avant qu’il puisse s’exprimer quelque chose les percuta de plein fouet stoppant net la machine pesant plus d’une soixantaine de tonnes. Les armures de combat protégeaient de beaucoup de choses mais n’avait que d'une efficacité réduite contre les concussions sévères, du moins tel était le cas de leurs modèles.

Bender eut l’impression d’avoir épouser un mur de manière un peu trop intime, ce qui lui fit perdre connaissance pendant quelques instants, rien de bien grave en soit au vu des circonstances. De plus le système médical intégré s’affairait déjà à limiter toute gêne qu’il pouvait ressentir. Lui et sa troupe se relevèrent frais et parés à l’action.
  • Qu’est ce qui s’est passé ? - demanda Jess le cœur bâtant la chamade, les doigts serrés autour de son fusil à la manière d'un baton. Quoi qu'il y ait dehors, c'était immense et c'était fort, alors en se moment son fusil était sa seule source de réconfort même s'il oublia momentanément comment s'en servir.
  • Rien de grave mon gars. Couvre moi tu veux ?! - répondit Maki en essayant de calmer son jeune ami. Ce dernier hocha de la tête et s’apprêtait à couvrir le pisteur sur le point d’ouvrir la soute arrière pour trouer de plomb la source de leurs problèmes.
Avant que Maki n'ouvre la soute de Vety il fut interpellé par le sergent.
  • Faites gaffes, ce qui nous a percuté est surement pas loin - les prévint ce dernier en se frayant un chemin depuis le cockpit. Il était suivi de prêt par Dyne, qui avait violemment percuté le tableau de bord, laissant une marque sur son casque de hibou harfang (hibou de neige) et sur la tableau de bord.
  • Par quoi est ce qu’on a été percuté ? - demanda Sean. Tous ses frères d’armes se retournèrent vers leur sergent dans l’attente d’une réponse vu que tout ce qu’ils pouvaient voir à travers les quelques hublots étaient la même chose qu’auparavant, un paysage désertique.
  • Je n’en sais rien. Tout ce que j’ai pu voir était une silhouette humanoïde, grande, très grande - répondit Bender en essayant de reconstituer l'image à partir de la photo mentale qu'il eut à peine le temps de prendre. Cependant quelque chose ne collait pas avec la silhouette, ce qui l'amena à ajouter - peut être non humaine.
  • C'est clairement non humain, serg – dit Raby avec une pointe de sarcasme qu'elle n'était pas d'humeur à masquer, son nez saignait, et son œil droit piquait comme pas possible et elle ne pouvait pas se gratter. Évoquer la possibilité que ce soit une personne était ridicule, d’habitude c’était les véhicules qui percutaient les gens, et pas l’inverse. Et puis qui pouvait bien être là ? Ils étaient au milieu du désert. Alors ce ne pouvait qu'être que non humain et autochtone, il ne fallait pas être un génie pour comprendre.
  • Je vous dis ce que j’ai vu, maintenant assez bavarder et ouvrez la trappe. On sort par deux, et on prend position tout autour du vermisseau. Soyez prêt à…- là encore il n’eut pas le temps de finir sa phrase. La trappe fut légèrement entrouverte de force dans un bruit de métal gémissant de douleur.
  • "Impossible" - pensa t il en imaginant la force nécessaire pour réaliser un tel exploit, la porte devait peser rien qu'à elle seule plusieurs tonnes de polymétaux. Ensuite tout ce qu’il put voir était une patte métallique griffue ainsi qu’un minuscule objet de la taille d’un fruit qui fut lâché nonchalamment à l’intérieur pour exploser presque immédiatement. La grenade iem (impulsion électromagnétiques) avait dû être programmée sur 3 secondes au plus.
  • “Enculé” - eut le temps de penser le sergent avant que l’explosion ne produise un champs électrique qui grilla les circuits du vermisseau de l'intérieur ainsi que ceux de leurs armures les rendant incapables de supporter leur propre poids. Ils s'écroulèrent comme des marionnettes à qui on aurait coupé les fils qui les maintenaient debout- TOUT LE MONDE EST OK ? - hurla-t-il pour être entendu à travers le casque épais. En retour il eut quelques insultes et gémissements donc c’était déjà ça de bonne nouvelle. Les armures allaient redémarrer dans quelques minutes dans le meilleur des cas, et les systèmes de secours primaires continuaient à fonctionner avec un régime réduit. Il fallait juste survivre au froid qui pénétrait à l’intérieur par l’ouverture, gagnant progressivement sa lutte contre les générateurs de chaleur - SERREZ LES DENTS ! SERREZ LES DENTS ! - hurlait Bender sans s’arrêter alors que la morsure du gel pénétrait l’isolation de l’armure, très lentement mais il en fallait peu au vu des températures sur Meliacor pour en souffrir.
Une figure solitaire aux jambes incurvées se distançait lentement du vermisseau. Il s'agissait d'un z’hum, hybride entre humain et une espèce animale en l’occurrence un félidé. Son armure lourde pesait plus d’une tonne et son design accentuait sa félinitude recouvrant jusqu’au bout de sa queue. Les différentes successions de plaques métalliques permettaient une parfaite flexibilité ne gênant que légèrement les mouvements de son appendice.

L’étrange créature s’enfonçait d’avantage dans le désert en direction d’une chaîne de montagnes. Pour une fois il y avait quelque chose d'une couleur différente du blanc omniprésent et agressif, malgré la pénombre qui enveloppait le monde. Il ne lui fallut pas longtemps, une quinzaine de minutes tout au plus, pour arriver sur un autre site de crash.

Un vaisseau spatial reposait dans un cratère conséquent crée lors de son atterrissage en catastrophe. Autour de l'engin, un petit groupe de 3 personnes s’affairaient tout autour, tentant de réparer les dégâts au plus vite.

  • Alors ? - demanda la personne en charge au z'hum qui venait de les rejoindre. Il s'agissait d'une femme en armure G5 d’Androstora inc. modifiée, le dernier cri en ce qui concernait la survie en environnement hostile (poids: 760 kg, multiplicateur de force pour humain: 7,1, vitesse amplifiée: 95 km/h, overclock: * 15,2, autonomie: 16 jours/batterie, système de survie complet recyclant, résistance thermique : - 139 °c à 33 °c, alliage spécifique pour températures négatives, propulsion dorsale: 15 mètres, crampons intégrés). La qualité des détails sur le travail de forge rendait la machine un chef d’oeuvre visuel. Les yeux-caméras verts, brillants d’une lueur verte, fixaient le visage du félidé.
  • Ils sont vivants, du moins ils l’étaient quand je suis parti - répondit le z’hum avec une voix grave et légèrement de gorge. Comme si il forçait un peu pour parler. Mais le plus caractéristique était l’accentuation sur le r surtout quand il ria de manière étrange: Kruu krru krru !
  • Cid ! - réagit la jeune femme qui ne supportait pas quand le félin faisait usage de son humour tordu.
  • Quoi ?! Je leur ai laissé leur chance - répliqua le z’hum en hochant les épaules - Ils doivent déjà être debout mais ne bougeront pas avant une heure ou deux s’ils suivent leurs protocoles et là on risque d’avoir de la compagnie - Si cela ne tenait qu'à lui, il aurait "effacé" les sources du problèmes pour ne plus avoir à gérer de futurs désagréments. Du moins c'était la position d'une part de lui.
  • Ok, ok… une heure sera suffisante. Qu’est ce qui s’est passé avec ton armure ? - demanda t elle en montrant le flanc droit de Cid, sévèrement défoncé et crachant quelques fines étincelles.
  • Rien de grave, juste un accident de circulation Kruu rru rru ! - ria le z'hum.
L'expression de la jeune femme fut trahie par sa gestuelle, elle posa une main sur la hanche, et attrapa son casque de l'autre. Ou plutôt laissa tomber sa tête dans la paume de sa main
  • Sigh - laissa-t-elle échapper un soupir - Heureusement qu’on avait prévu quelques pièces de rechanges au vu des circonstances – rajouta-t-elle ensuite en secouant la tête.
  • Tu m’étonnes - ricanna Cid - Hey Ali ! Tu me dois une tournée !! - hurla Cid en direction du vaisseau en usant de sa voix qui se propagea comme un coups de tonnerre.
  • Hey ! - réagit la jeune femme à proximité qui eut l'impression que ses tympans allaient exploser. Et ce, malgré le fait que le casque ait filtré le son.
  • Quoi ? - entendit il une voix étonnée qui répondit par radio - Non tu ne l’as pas fait ? - demanda-t-il par la suite.
  • Bah c’était pas si con comme approche en fait - répondit Cid en souriant
  • Wow - répondit Ali qui ne savait pas trop quoi dire ensuite. Il savait que Cid était une force de la nature et un peu simplet, mais il n'aurait jamais cru qu'il aurait pu réussir le défi - "merde" - pensa-t-il ensuite en se rappelant une autre rumeur.

  • Il se passe quoi ? - demanda une autre voix masculine
  • Qu’est ce qu’il se passe ? - demanda la femme en lançant un regard louche à Cid, perceptible même derrière son masque au design complexe.
  • Juste un pari entre mec, et le perdant offre une tournée krru kruu kruu - rigola Cid en se léchant d'avance les babines. Il était prêt à faire la razzia dans son bar préféré et il y avait une bouteille qui lui faisait de l’œil depuis quelques mois. Cependant le félin était trop radin pour se l'offrir lui même. Comme quoi il n'avait rien à fêté de spécial, mais le retour de Meliacor avec l'artefact allait être un événement digne de célébration. De plus il n'avait pas à dépenser le moindre Kopeck.
  • UNE tournée, Cid - répondit rapidement Ali - juste une ok ?! - insista-t-il ensuite. Beaucoup de personnes avaient eut la sottise de lui proposer un verre et ont fini par le regretter amèrement. Dire non au colosse qui avait ingurgité des litres d'alcool devenait exponentiellement plus compliqué à mesure que la soirée progressait.
  • Ouais ouais, krru rru rru - rigola Cid en ronronnant. Le félin ne l'écoutait même plus, son esprit imaginait déjà l'alcool couler à flot, et peut être, peut être que cette fois il y en aurait suffisamment pour lui faire du bien.

  • Hahaha - rigola l’autre, le quatrième passager.
  • Alpha, je peux savoir pourquoi tu te marres comme ça ? - demanda Ali énervé
  • Rien de grave, juste que sa tournée va te mettre sur la paille alors j’espère que tu as de sacrées économies - répondit Alpha confirmant ce que le pilote savait déjà.
  • Hey Cid, ce n'était pas ce qui était convenu - dit-il nerveusement en cherchant une échappatoire.
  • Un pari est un pari - rétorqua sérieusement Cid - Alpha est passé par là et il n’en est pas mort.
  • … J’ai jamais bouffer autant de conserves de ma vie - répondit Alpha avec un ton de voix qui évoquait la souffrance, ce qui fit rigoler Cid.
  • Fait chier - fulmina Ali - C…

  • Bon ça suffit. Vous verrez ça plus tard - s’interposa la femme. Au final c'était toujours à elle de régler le problème en filant des avances sur salaire et puis en ce moment il y avait... - on a des choses plus urgentes à régler. Cid t’as pas de nanopate sur toi pour réparer ton armure ?
  • Oh mais c’est que tu t’inquiètes. C’est mignon ça - se moqua Cid en se pliant presqu’en deux pour être à la même hauteur que son interlocutrice. En armure le géant toisait les trois mètres dix, une force de la nature et de muscles d’aciers.
  • Très marrant - dit elle en poussant la grosse tête féline de Cid sur le côté et ce dernier se laissa faire avec le sourire - File maintenant
  • Tu me chasses ? - demanda-t-il en empruntant un ton vexé
  • Cid, ce n'est pas le moment d’être chiant là - répondit la jeune femme avec une pointe de lassitude. Il y avait tellement de choses à faire qu'elle ne savait plus où donner de la tête et son garde du corps ne facilitait pas vraiment sa quête de zénitude.
Le félin se releva de toute sa stature puis leva le bras pour regarder la partie cabossée, le long de ses muscles obliques. Il avait filtré les alertes du système pour ne pas être envahi de messages, mais même visuellement ce n'était pas beau à voir. Percuté un véhicule de plus de 60 tonnes avait ses conséquences.
  • Hmpf. Je reviens ! - dit Cid déçu de la fragilité de son armure. Il se dirigea ensuite en direction du vaisseau. Appuya sur un bouton à l’arrière du vaisseau pour ouvrir la soute. Puis se précipita à l’intérieur pour la refermer tout de suite derrière, le froid risquait de s’infiltrer plus que de besoin et détruire tout ce qu'ils avait prit la peine de stocker pour ce voyage, malgré les caisses isothermes (isolation thermique).

La soute était bourrée à craquer de matériel, nourriture, équipement de forage. Bref tout ce qui pouvait s’avérer utile pour un voyage vers l’inconnu. Les informations sur cet endroit étaient disponibles au compte-goutte alors il était dur de prévoir quoi que ce soit. A croire que personne ne s'y intéressait ce qui était paradoxale vu les secrets qui entouraient la planète. La présence des white owls trahissait l'importance de ce désert de glace aux yeux de certaines personnes d'influence.

  • “Peut être qu'ils cherchent la même chose que nous ? - pensa le félin pendant deux secondes avant de revenir sur la raison de sa présence dans la soute - "Putain c’est dans quelle boîte déja ?” - se demanda Cid en observant la montagne de caisses
  • “Hihihi ! Mémoire de poulet” - entendit-t-il sa voix dans sa tête
  • “Ta gueule !” - rugit Cid intérieurement, de manière réflexe, pour se faire taire.
  • “...”
  • “j’aime mieux ça” - commenta-t-il le silence
  • “Hihihi ! Alzaï-cid” - fit sa voix avant de disparaître
  • “ Tssk ! Ça va être casse couille, je le sens déjà. Ok où est la caisse ?” - se demanda le félin en focalisant son esprit sur les bruits de l'extérieur. Tant qu'il n'était pas entouré par le silence, paradoxalement, il pouvait encore faire taire ses voix. Ensuite il fit le tour du hangar, mais ne trouva pas ce qu’il cherchait - “Je ne vais quand même pas sniffer ce truc pour le retrouver quand même...”

  • Tu cherche quelque chose ? - lui demanda Alpha qui débarqua du couloir. Il portait une armure de survie utilitaire au code médical. Toute personne en exercice doit déclaré sa position de médecin civil ou militaire selon les conventions de l'art de la guerre de Pruce. Même si elle datait de deux siècles, Alpha préférait respecter ce principe. Il trouvait qu'il était la preuve d'une époque plus raffinée et intelligente. Deux choses qu'il appréciait particulièrement. L'armure du docteur était plus épaisse que les autres en raison des multiples compartiments de stockages, elle était blanche et au niveau du cœur était peint le serpent d'Asklepios ailé enveloppant un calice dans lequel était baignée une fleur. Il s'agissait d'une variante du symbolisme paramédical qui n'avait pratiquement jamais changé depuis l'apparition de la médecine. Un fait qui le remplissait d'une certaine fierté - Ceci, peut être ? - dit il en sortant un objet métallique de forme rectangulaire, et qui tenait facilement dans la paume de sa main.

  • Arrête de faire ton intéressant et file moi ce truc - répondit Cid. Alpha lui jeta le petit container que le félin attrapa à l’aide de sa queue. Il utilisa ses mains pour ouvrir un compartiment dans le dos, un petit peu sous la hanche, et y plaça la nanopate. Au bout de quelques secondes, le côté droit déformé commença à se réparer tout seul, comme si un artisan invisible réalisait le travail. Les parties bosselées se remettaient en place comme par magie. Les pièces trop pointues tournées vers l'intérieur, à quelques millimètres du torse du porteur, étaient détruites, stockées et reconditionnées selon les plans par l'armée de robots microscopiques. Puis au bout de quelques minutes l’armure était comme neuve, du moins en apparence.
  • Ça me scie le cul à chaque fois - s’exclama Cid avec une certaine excitation.
Le docteur resta silencieux pendant quelques secondes, pensif.
  • C’est une nouvelle expression ? - finit il par demander intrigué. Il connaissait "ça me trou le cul", mais pas " ça me scie le cul"
  • Quoi ça ? - demanda Cid occupé à tourné son bras en motion circulaire, constatant ainsi le degré de mobilité retrouvée.
  • Alpha tu fais quoi ? J’ai besoin des nappies, les câbles bleus - entendirent ils la voix frustrée d’Ali. Il n'appréciait pas être le seul à stresser et à bosser alors qu'ils étaient tous dans la merde. Le vaisseau devait passer le moins de temps possible en atmosphère Méliacorienne.
  • Une seconde, je suis en train de les chercher - répondit Alpha pour calmer son collègue. Ce n'était pas non plus un ensonge, vu que la raison principale de sa présence dans la soute était la recherche des câbles nécessaires.
  • Où est ce que tu les cherches ? - demanda le mécano
  • Dans la soute, c’est là où il y a le matériel non ?
  • Mais non ! Bon pas grave, il doit y en avoir également dans l’une des caisses. Ramène moi les T-T90
  • “Hihihi ! Tété” - ricana la voix intérieure du félin
  • “Sérieux ?” - s’étonna-t-il lui même avec une pointe de honte et de colère, effaçant l'image de téton et de bébé qui surgirent dans son esprit. Même son humour n'était pas aussi bas, du moins c'était ce qu'il pensait.

  • Ok je t'amène ça - affirma le docteur avant d'interpeller le géant - Hey Cid ! faites gaffes ! J’ai un mauvais pressentiment pour cette aventure - dit il en coupant la radio pour que personne d’autre n’entende. La situation était suffisamment tendue, il ne voulait pas casser d’avantage le moral de tout le monde. Cid le regarda pendant quelques instant puis hocha la tête. Il avait également un mauvais pressentiment mais il n’y avait que de la neige autour et quelques créatures qui rodaient sous la surface. Il n’y avait rien qui pourrait présenter un challenge, et pourtant il ne pouvait s’empêcher de garder sa mâchoire fermée pour ne pas montrer ses crocs. Quelque chose d’extrêmement dangereux se trouvait dans les parages et réveillait son hostilité et ses voix.

Le géant sorti du hangar et leva les yeux au ciel couvert de nuages d’un gris presque noir. Le vent et les cristaux de glace fouettèrent son armure mais il n’y prêta aucune attention. Il fallait bien plus qu'une simple brise pour le faire flancher.
  • Par contre je suis un peu déçu, je m’attendais à quelque chose de différent que ça - dit-il en regardant autour de lui les bras écartés.
  • Je pense que c’est trop tôt pour juger on vient à peine d’arriver – dit la capitaine en espérant également qu’il y avait autre chose que cette monotonie à perte de vue.
  • Pas faux, pas faux - acquiesça Cid.
  • Tu files un coup de main ? - demanda-t-elle ensuite. Avec sa force réparer l'aile rétractile pouvait être un jeu d'enfant, si seulement il n'était pas maladroit.
  • Si tu veux que l’Essencia tombe en morceaux c’est une excellente idée - ricana le mécano et à la fois pilote, dans la radio.
  • Fermes-la Ali ! Chaque homme à ses talents – dit Cid en croisant les bras.
  • Et c’est quoi le tien rappelle moi ?- demanda la femme.
  • Tout casser - répondit le z’hum en souriant

  • Ahan ! Tu es plutôt doué pour ça - confirma la femme.
  • Là tu l’as insinué méchamment Dalanda - accusa le félin en jouant les offusqués.
Il était vrai qu'imaginer le géant manipuler des pièces mécaniques délicates n'était pas aisé. Et ce n'était pas uniquement un cliché, Cid était maladroit et ne pouvait s'empêcher de casser quelque chose que ce soit dans son bureau ou dans celui des autres.  C'est pourquoi Dalanda préféra lui trouver une autre occupation, autant éviter les risques inutiles.

  • Reprend ta patrouille, on se débrouillera sans toi – ordonna t elle.
  • Hmm ? Je pensais vous soutenir moralement et humoristiquement – dit Cid en se grattant l’arrière du casque. Il était même prêt à leur donner un coup de main, si seulement ce n'était pas aussi ennuyant, et qu'il n'avait pas la flemme de se concentrer. Manipuler de petites objets avec ses gros doigts était un calvaire pour ses nerfs, un calvaire qu'il subissait tous les jours ou presque.  
  • Hahahaha ! - éclata de rire Alpha.
  • Qu'est ce qu'il y a de si drôle ? - demanda Cid, surpris et intrigué par ce qui ressemblait à du fou rire.
  • Haha, désolé mais je t’imaginais juste avec des pompons en train de nous soutenir. C’était mignon - les autres rigolèrent à leur tour en imaginant l’immense Cid en pom pom boy.
  • Heh, pas mal - dit il en s’imaginant la scène en cartoon, jouant des pompons et chantant une chanson débile accompagnée d'une chorégraphie encore plus ridicule. Déroutant mais rigolo, il se devait de l'admettre - Bon j’y vais avant que l’imagination du chauve ne vire à l'obscène - dit il ensuite en sentant ses poils se dresser.

Le félin les laissa précipitamment mais à contre cœur, ses sens liés à sa partie animale lui disaient que quelque chose de terrible approchait. Il monta sur une dune, et fut frappé par un scène captivante. Loin, très loin, à l’est, à la limite de l’horizon quelque chose de sinistre se préparait. Il pouvait voir des figures dessinées dans les nuages par les éclairs. Il pouvait voir les tubes des tourbillons se former comme des serpents, liant le ciel et à la terre...


  • Hey les gars, de combien de temps vous avez besoin déjà ? - demanda-t-il calmement via la radio,
  • Un petit peu plus de quarante minutes ou deux heures si tu t'en mêle hahaha. Pourquoi ? - répondit Ali en rigolant encore.
  • Très marrant, très marrant. Je vous envoi quelques images vous me direz si le planning tient toujours kruu krru kruu - rigola Cid à son tour en imaginant la tête du mécano quand il verra ça.
  • Nom de dieu !!! - réagit ce dernier paniqué. - Alpha ! Où sont les pièces ? Magne toi le cul !!
  • Ouais ! j'arrive ! - étrange comment le contexte change les perspectives. Le docteur ne prêta aucune attention au magne toi le cul, ce qui en temps "normal" aurait été inexcusable. Il prit une boite remplie de pièce et se mit à courir avec dans les couloirs en direction du mécano qui réparait les moteurs.
  • Putain ! Cid on aura besoin de toi ! - commanda Dalanda également nerveuse. Aux grand maux les grands remèdes, l'aile devait tenir un minimum le reste serait règle en orbite stationnaire de la lune de Meliacor.
  • Ok j’arrive. C’est ça une hydre ? – demanda le z’hum en fixant l’anomalie météorologique se former lentement au loin. Les éclairs commençaient à frapper la neige, et quelques fois ils donnaient l'impression de dessiner un filet fait d'électricité. C'était... - Magnifique… - ne put il s’empêcher de murmurer
  • “hihihi, la symphonie de Meliacor”
  • Quoi ? - demanda Dalanda en criant pour évacuer son stress.
  • Euh, j’ai dit fait chier, il manquait plus que ça. J'arrive… - même si les informations sur Meliacor étaient extrêmement limitées, le phénomène était connu. Les images satellites étaient suffisantes pour prendre conscience du danger qui prenait naissance à quelques centaines de kilomètres de là.
Bender se remettait de ses émotions à l'extérieur du vermisseau, le corps encore sous le choc traumatique de la température. Ils avaient tous eu quelques gelures ce qui avait obligé les armures à augmenter dangereusement les degrés pour réchauffer les occupants. Ensuite les intelligences virtuelles embarquées entamèrent les concoctions de produits chimiques indispensables à la limitation des inflammations et infections des blessures dues au gel.

Ils furent bourrés d'antibiotiques, de vasodilatateurs, thrombolytiques, et quelques drogues militaires pour leur permettre de tenir debout et remplir leur mission, ou trouver l'installation médicale la plus proche. Cependant, le sentiment de béatitude associé aux drogues ne pouvait être trouvé nul part chez le sergent. Les mains tremblantes, les lèvres serrées, il aurait pu tuer n’importe qui pour une cigarette brune. La réalité avait tout balayé d’un revers de main, car elle était des plus cruelles.

  • Hey Serg, je me les gèle - entendit il Sean d'une petite voix. Lui qui était plein de vie en temps normal, donnait l'impression, à travers sa voix, d'en avoir été aspiré jusqu'à la dernière goutte.
  • Putain ! Juste réparez cette foutue radio ! - répondit sèchement le sergent. Son esprit était ailleurs, il n’était pas d’humeur à écouter des bêtises. Personne ne l’était après avoir enterré Dyne. Malheureusement l’impulsion électro magnétique avait endommagé les systèmes de survie primaire, son armure avait été entièrement désactivée y compris les systèmes de renouvellement d’oxygène. Dans ces conditions le casque laissa entrer directement l’air extérieur sans traitement, sans filtration, sans réchauffement, et le pauvre homme gela sur place. Il y avait 1 chance sur 2000000 qu’une défaillance de ce genre ne se produise en situation critique, selon les brochures et les manuels. Mais en cet instant, cette chance en était une de trop pour Bender et ses mercenaires, c'est une chance de trop pour n'importe quelle victime. On peut dire que c’était la faute à pas de chance, mais quelqu’un avait provoqué cette malchance, quelqu’un que le sergent désirait trouer de balles.


La mort due au froid était en principe douloureuse. L'air froid pénètre les poumons rendant la respiration difficile voire insupportable, le froid pique la peau cruellement comme si on était percé de multiples couteaux au plus bas de son taux d'endorphine. Le corps tremble de partout et surtout la mâchoire jusqu'à fracturer les dents, les yeux deviennent impossibles à humecter et la cornée gèle, l'envie de se réchauffer devient telle qu'on peut se gratter la peau jusqu'au sang, les doigts n'étant plus que des crochets inflexibles et durs, du à la coupure de la circulation sanguine. A mesure que le temps passe on perd tout sensation dans les membres et puis...La mort par le froid est horrible, et met l'âme à l’épreuve autant que le corps, mais par chance sur Meliacor elle était rapide.

Le corps du pilote avait été enterré non loin du vermisseau, c’était tout ce qu’ils pouvaient faire pour l’instant, avant de lui offrir vengeance.

L'ordre du sergent était donné, et deux personnes s'occupaient déjà de la tâche. Elles s'y attelaient déjà depuis un petit moment, juste après l'enterrement rapide.
  • Je suis sur le coup, encore sept à huit minutes et c’est bon - répondit Raby qui réalisait es réparations avec Sean. Heureusement il n'y avait rien de grillé ce qui simplifiait énormément le travail.
  • Hey Serg, qu’est-ce qu’on fait ? – demanda Jess assit à côté, le fusil fixé entre ses jambes.

  • On suit le protocole et on attend les ordres - répondit Bender simplement. S’il n’était pas lié par ses obligations il aurait chassé la saloperie responsable de la mort de Dyne jusqu’au bout du monde. Il ne parlait pas beaucoup mais c’était un mec bien, qui faisait son travail sans jamais se plaindre. Il était apprécié de tout le monde ici présent. Ouais c’était un bon gars comme il s’en faisait rare de leur jours, paix sur son âme - on doit demander du soutien le plus vite possible.
  • C’est bon, j’ai le QG en ligne mais la connexion est vraiment merdique - dit Raby. Elle a été plus rapide que prévue et la fierté s’entendait dans sa voix.
  • Ok, QG ici matricule 58s794514 ! allo QG ici matricule 58s794514S vous me recevez ?! - appela immédiatement Bender
  • Ic.. QG...mun.. Parasi…
  • QG ici le sergent Jonathan Bender matricule 58s794514S, nous demandons une évacuation d’urgence. Je répète nous demandons une évacuation d’urgence. Nous avons un mort et notre Vety a été détruit.
  • Ici QG…., je repet… evac… possible.
  • Dans combien de temps QG ? - demanda le sergent, cependant la lourdeur au cœur ne l'avait pas lâché. Il pensait que c'était un mauvais pressentiment pour le prévenir de la mort de son pilote, mise en garde qu'il avait échoué à déchiffrer. Mais apparemment il se trompait ?
  • Non… cuation… imposs...vez...fuge...Hydre...ne hance… miné.
  • Allo ? Allo ? QG ? Putain !!! - hurla Bender de rage. " Tous des incompétents  hurla-t-il intérieurement"

  • Qu’est ce qu’il y a serg ? J’ai pas bien entendu - demanda Jess qui faisait un effort monstrueux pour garder son calme. Il était chirurgien de terrain et il se devait de garder les pieds sur terre. Il ne pouvait rien faire pour Dyne mais il devait être prêt à sauver les autres au besoin, il se le devait...
  • On est dans la merde jusqu’au cou. La communication était dégueulasse mais j’ai confirmé deux choses - dit le sergent à tous en se ressaisissant. Ce n'était pas la première fois qu'il était confronté à ce genre de chose, très loin de là. Mais il espérait que ce serait la dernière - Premièrement, il n’y aura pas d’évacuation..
  • Quoi ? - s'écrièrent ils en écho
  • Et la seconde - continua Bender comme si de rien n’était, principalement pour qu'ils restent concentrés et qu'ils ne paniquent pas avant le coup de grâce - une Hydre est sur le point de se former - annonça-t-il étonné de son calme.
  • il y a de ces jours où il vaut mieux rester coucher - murmura Sean en tournant la tête vers l'horizon orageux qui se créa soudainement. Radio ou pas ils se seraient quand même pissé dessus en voyant le monstre prendre forme au loin.
Dire que la troupe était sous le choc et déçue était saugrenu et le premier à le manifesté était le jeune Jess.
  • J’y crois pas… où ça ? Quand ça ? - demanda ce dernier. Pour avoir passé du temps sur Meliacor il savait que ces nouvelles signaient leur arrêt de mort. Le vety et sa capacité à naviguer sous terre, étaient leur seule sécurité et retourner la machine était impossible même s'ils se mettaient tous ensembles. Mourir comme ça était simplement injuste...
  • J’en sais rien petit malin. Mais on doit avoir du temps devant nous, sinon ils nous auraient prévenu à l’avance - répondit Bender avant d'être interrompu par Sean
  • Serg, venez voir… c’est pas bon. Pas bon du tout !! - paniquait ce dernier.

Le sergent perçu qu'il y avait quelque chose d'urgent, que son subalterne ne le dérangeait pas juste pour être pénible ou pour meubler le silence. En deux bonds il se retrouva sur le sommet du vermisseau, sur l’une des chenilles et tourna pâle, aussi pâle que la neige qui les entourait. Au loin, à la limite de l'horizon, il pouvait voir les nuages aussi noirs que la nuit et la foudre qui les parcourait comme un animal sauvage. “Se chier dessus” était une expression créé spécialement pour quelque chose comme ça et pouvait rapidement devenir littéral.

  • MAKI !!! - hurla le sergent si soudainement et violemment que le pisteur sursauta en étant extirpé de sa zone. Il stoppa la remontée de la piste de leur agresseur et se tourna vers le vety pour voir ce qui pouvait s'y passer. Il n'avait pas enclenché ses zooms optiques et ne voyait pas l'orage approcher  - Rapport !!!! Est ce que tu vois quelque chose pouvant servir de refuge ? - continua à hurler le sergent
  • Quoi ? Refuge ? Non Serg ! Une seconde - demanda le pisteur et commença à scruter les environs en zoomant au maximum. Il vit l'hydre prendre vie et eut l'impression que son âme allait bondir de son corps pour se barrer le plus loin possible. Cependant il bloqua son esprit sur son objectif, leur trouver quelque chose, trouver une solution, trouver un moyen de survivre. Il regarda sur 360 degrés. Avant de voir des contours porteurs d'espoir - Je crois qu'il y a une montagne vers le nord est, à 3 heures.
  • Rien d’autre ?!  - demanda le sergent en essayant de retrouver son sang froid.
  • Non, rien ! - répondit Maki qui continuait à chercher
  • Distance ? - demanda Bender.

Si il y avait un problème c'était celui là. L'hydre en général apparaît vite, et bouge tout aussi vite. Selon ses capteurs, la distance entre eux et l'hydre n'était que de 500 km. La montagne était à...
  • 45 km - répondit le pisteur avec une pointe de désespoir
  • Fait chier !! Ok direction les montagnes et pour hier !!! - commanda le sergent
et détala sans demander son reste en donnant l’exemple au reste qui le suivirent immédiatement.

Le ratio temps/distance allait être critique. Avec leur équipement, la difficulté du terrain, et leur état émotionnel, réussir cet exploit allait être un véritable miracle. Mais certains miracles devaient être crées par la main de l'homme, et en cet instant Johnathan Bender espérait être ne serait ce que l'ombre de son passé et créer un tel miracle. Même pas pour lui, mais pour ces jeunots qui le suivaient. Il se devait de montrer l'exemple, malgré son vieux corps, il se devait de surpasser ses limites, malgré son vieil esprit, il se devait d'être fort.
Au bout d’une demi-heure de leur course effrénée, regarder derrière était fortement déconseillé.
  • BORDEL DE MERDE !! - hurlait Sean sans arrêt sentant le vent gueuler dans son dos.
  • La ferme et cours putain - hurlait Jess en retour, haletant et au bord de la crise de nerf. Quelque part il pouvait remercier Jess parceque l'insulter lui donnait les forces de bouger les jambes au delà de ce que la synergie entre l'homme et de la machine pouvait permettre. Il sentait le sang tambouriner dans ses tympans, le cœur battre la chamade. Mais en voyant le dos du sergent juste derrière le pisteur, suivre le rythme comme si de rien n'était, il ne pouvait se permettre de flancher. La jeunesse était sa seule force, il ne pouvait pas perdre - La ferme Jess, putain !! - hurla t il en bougeant les jambes et remontant la file


En maudissant tout le monde et tout l'univers entier, Bender essayait de calmer ses subordonnés et combattre les points de côté et la faiblesse dans les jambes, la chaleur dans les os, et les poumons en feu.
  • "Je suis trop vieux pour ces conneries, bordel ! - pensa-t-il, à la limite de craquer. Mais toute la différence était là, il ne la franchissait pas, il ne se permettait pas de le faire et c'était dur. Faire un pas de plus était une violence mais il n'écoutait même plus son corps. Il n'y avait qu'un objectif, point barre, le reste n'était que du détails, puis quelque chose attira son attention.

  • “Un vaisseau ?!”


Un appareil de type frégate se frayait un chemin à travers le ciel et disparu en quelques instants derrière les nuages. En d’autres situations cette information aurait été cruciale mais là c’était le cadet de ses soucis, surtout qu’avec les communications dans cet état c'était une perte de temps d’essayer de les prévenir

  • PLUS VITES TROUS DE CUL !! - hurla Bender en pressant la course en hurlant de douleur dans sa tête

Maki qui était devant remarqua le sergent le rattraper et redoubla d’effort pour rester à l’avant et ne pas faire d’erreur. Cette expédition reposait entièrement sur ses épaules, et s'il lui arrivait le malheur de se tromper ils pouvaient finir dans un ravin ou une crevasse sous la neige. Les pièges étaient nombreux et le chemin unique. Si seulement ils avaient l'overclock...Non, non, cela aurait été du suicide.

La file indienne sprintait de toutes ses forces en direction des montagnes.

Cependant les white owls n'étaient pas les seuls à sauver leur peau de la calamité naissante. Cid courait à quatre pattes, portant Dalanda sur le dos, si vite que cette dernière était obligée de s’agripper de toute ses forces pour ne pas être emportée. Ils avaient réussi à patcher le vaisseau suffisamment pour lui permettre de décoller, le reste se ferait en orbite autour du satellite de la planète. Le plus important était qu'ils ne se fassent pas repérer, à nouveau, par les forces armées dans l’espace de Meliacor. Ces derniers avaient même un stabilisateur dimensionnelle pour empêcher l'ouverture d'une brèche d'hyper-espace: difficile d'entrer, presque impossible de sortir de cette zone. Mais cela n'avait aucune importance pour l'instant, vu qu'il était absolument hors de question que la "belle" et la bête ne repartent de ce bout de roche sans ce qu’ils étaient venu chercher.

Les capteurs de Cid repérèrent un groupe de cinq personnes qui couraient comme s’ils avaient le feu au cul, quoi que, ils devaient également donner la même impression. Il y eut des coups de feu dans leur direction, les balles sifflèrent non loin mais dans les conditions actuelles il n’y avait rien à craindre, ils gaspillaient simplement leurs munitions. Entre le vent et le terrain, les bouts de métal volaient partout sauf dans leur direction.

Cid esquissa un sourire moqueur sous son casque et accéléra simplement le rythme. 100, 130, 150, 200 km/h..., en un clin d’œil ils laissa les têtes de piaf et leurs vociférations dans son dos. Dalanda leur jeta un dernier regard en se demandant si, peut être, elle aurait dû laisser le félin leur offrir le repos éternel. Peut être que cela aurait été plus clément que la mort qui les attendait dans ce monstre qui leur fonçait dessus. Des milliers de tourbillons rugissaient en levant la neige, les éclairs dessinaient des figures cauchemardesques, des têtes de monstres et de démons nourris par l'imaginaire.

Il était difficile d'imaginer ce qui allait arriver à un être vivant si il entrait dans la zone d'effet de l'hydre. Entre se faire déchirer en minuscules morceaux par les forces centrifuges des vents, ou se faire électrocuté à répétition par la pluie d'éclairs. Surtout que l'activité électrique générait un champs électromagnétique naturel à proximité duquel les armures allaient cesser de fonctionner. Alors les malheureux ne pourront qu'attendre immobiles, qu'arrive leur horrible mort, dispersés à jamais par le vent de Meliacor.


Cependant la jeune femme se repris sur l'idée qu'elle n'avait pas le droit de prendre cette décision, à moins qu'ils ne deviennent une menace pour sa mission. Il n'y avait rien de plus important à ses yeux en ce moment.

La montagne approchait rapidement, et selon la carte qu’elle voyait dans sa visière ils étaient sur le bon chemin. Elle avait pris le soin de faire un scan complet de toute la zone à 300 km à la ronde après leur atterrissage plus que dangereux. Avoir une idée de la topographie, et planifier une route était primordial à ses yeux.

Le scan avait révélé un réseau de tunnels souterrain et une série de grottes dans le flanc est de la première montagne qui était trouée à l’image d’un gigantesque morceau de gruyère. Un spectacle pour le moins déroutant mais peut-être qu’il ne s’agissait que d’une particularité géographique sans incidence.
L’entrée des grottes que les deux fugitifs choisirent était assez grande. Elle faisait plus de quinze mètres de haut pour plus de huit mètres de large. Certaines à l'extérieur étaient plus grandes, cependant Cid décida de les éviter et choisi celle ci. Dalanda n'avait pas demandé d'explications. Non seulement elle avait confiance en son partenaire, mais en plus, elle avait aussi la curieuse impression d'être à portée de crocs invisibles. Dans ce cas, l'instinct du félin n'était surtout pas à remettre en question.

Une fois à l’intérieur de leur abri, Dalanda descendit du dos de Cid. Ce dernier se releva de toute sa taille, droit comme un I puis se toucha le dos. Ce n'était pas une question de douleur, sa passagère ne pesait pas plus qu'une plume à ses yeux. Mais plutôt de gêne, dans la tête où rigolait sa légion. Il n’avait pas l’habitude de porter une personne de la sorte, il trouvait cela assez dégradant mais il n’y avait pas d’autres alternatives pour aller vite. Les autres options auraient été soit de la porter comme un sac de patate sur l’épaule, soit de la porter dans ses bras. Il n’y trouvait aucun problème à l’inverse de Dalanda, cependant ils avaient du couper court à la discussion en raison de l’hydre qui approchait.
  • Merci – lui dit Dalanda en ayant remarqué le geste. Les z'hums étaient tous des êtres fiers qui refusaient de courber l'échine devant quiconque. Ce que son compagnon venait de faire était une précieuse marque d'amitié et de confiance.

  • De rien – répondit Cid avec un léger sourire. Il essayait de calmer ses démons en minimisant l'action. Il n'y avait pas de soumission, ou de faiblesse.  Avant que son esprit ne fasse une montagne de cette banalité, il décida de changer de sujet et de s'y tenir – Par contre j’ai l’impression que l’armure déconne malgré la nano-pâte. J’ai dû forcer tout le long du chemin et c’était vraiment chiant – Sans doute la résultante de son altercation directe avec le vermisseau. Sur le papier il trouvait le plan solide et il avait marché: percuter la machine de plein fouet et la renverser, puis neutraliser les personnes à l’intérieur, montrer c'était qui l'alpha !! Cependant il n’avait pas pensé aux conséquences techniques sur le long terme. Si l’armure le lâchait il pouvait déjà se considérer comme mort.

  • Tu comptes l’enlevée ? - demanda simplement la jeune femme
  • T’es folle ou quoi ? je me transformerai en glaçon, non ?
  • Alors elle te sert au moins à ça non ? – dit-elle en reprenant plus sérieusement – j’y jetterai un coup d’œil à l’intérieur, c’est vraisemblablement un problème dû à un logiciel. Tu viens ?
  • Une seconde – répondit Cid
Il se retourna face à l’hydre qui commençait à se déchaîner loin à l’horizon, mais cette distance n’était qu’une illusion. Cette chose défiait toute logique, les nuages étaient comme un voile de ténèbres, même la pluie d'éclairs donnait l'impression d'être crachée par les abysses. Les centaines de tornades étaient complètement blanches, levant la glace, la neige, la roche... Une telle puissance, une telle destruction, le félin ne pouvait que la contempler avec admiration et humilité. La nature, cette nature, méritait son respect. Les z'hums reconnaissent la force et la respecte, mais ne plient ni devant la nature, ni devant dieu, ni devant le diable. Il n'y avait qu'un z'hum pour plier un autre z'hum. C'était la leçon de leur passé, le prix de leur erreur et la source de leur rage qui n'avait rien à envier à l'hydre.

Le félin appuya sur l’interface tactile sur son poignet, après quelques manipulations choisit l’option caméra et sa visière se mis à enregistrer le phénomène en résolution r+ (réalité supérieure), en souvenir. Ensuite il ferma les yeux et se mit à écouter les grondements de ce monde, portés par les vents déchaînés, et il ne pouvait entendre que de la colère, presque de la haine. Qu'est ce qui avait bien pu blesser autant cette nature pour...

  • C’est bon tu as fini ? - demanda Dalanda qui commençait à s'impatienter. Le phénomène météorologique approchait à vue d’œil et elle ne se sentait pas en sécurité à l'entrée de la grotte.
  • Ouais, c’est bon ce serait dommage de ne pas filmer ça Kruu rru rru - rigola Cid avant de tourner le dos au monstre et pénétrer à l'intérieur de la cavité rocheuse.
  • "Hihihi the show must go on" - entendit il sa voix, mais il n'y prêta aucune attention même si il partageait cette mise en garde. Leurs problèmes ici bas, ne faisaient que commencer.
Il ne fallut pas longtemps au félin pour sentir le danger. Alors qu'ils progressaient à l’intérieur du tunnel, Cid programma la désactivation de son système de respiration artificiel pendant une fraction de seconde. Lorsque l'armure obéit à sa commande il en profita pour humer l'air glacé qui lui perça les poumons comme des lames spectrales. Cependant les centaines de millions de récepteurs olfactifs captèrent les particules odorifères présentes sur un kilomètre environ, et dessinèrent une peinture assez floue et sombre de ce qui les attendait devant. Il n'avait pas eut le temps de peindre plus sans mettre sa santé en sérieux péril.

Au bout du long tunnel de 700 à 800 mètres, aux murs fortement irréguliers, ils débouchèrent sur une gigantesque caverne. Cid saisit Dalanda et la fit s'allonger au sol en un instant. Lorsque cette dernière lui tourna la tête pour lui jeter un regard confus, le félin lui fit signe de se taire.

Il rampa rapidement la distance qui les séparait du bord plongeant de la caverne, suivit de la jeune femme qui se doutait un peu de la raison d'une telle prudence: un ennemi. Une fois qu'elle put voir l'intérieur de la construction géologique, ses doutes furent immédiatement confirmés. Il y avait quelque chose en bas, quelque chose de très gros et massif.

Eclairée par des formes de champignons luminescents, projetant une couleur lie-de-vin (rouge +violet), et enveloppant les piliers naturels qui soutenaient l'architecture rocheuse, une grosse masse de chair, de chitine et de muscles était affalée au pied de l'un des socles. La créature était endormie et rêvait de ce qu'une telle monstruosité pouvait rêvé d'agréable.

Elle était pour le moins repoussante, son corps ressemblait à celui d’une chenille dont la peau était recouverte d’une membrane noire à l’apparence extrêmement solide, un exosquelette. Ses pattes étaient anormalement longues et suffisamment nombreuses pour supporter sa masse et lui permettre une excellente mobilité. Elle possédait quatre pattes ou excroissances osseuses fixées sur son dos. Ces quatre membres étaient extrêmement pointus et recouverts de petites dents à l’image d’une tronçonneuse. L’insectoïde avait la tête recouverte d’yeux à l’image d’une araignée et pour finir sa bouche était un ensemble de crocs et de mandibules qui donnaient l’impression de pouvoir broyer la roche comme le métal.

  • Qu’est-ce que c’est que cette chose ? – demanda Dalanda choquée par ce qu’elle voyait. D'où est ce qu'une telle horreur pouvait bien sortir, Cid l'avait prévenu qu'il avait trouvé des traces de vies mais ce n'est pas du tout ce qu'elle s'imaginait.
  • Une paramélure – répondit calmement Cid en scrutant les environs à la recherche de l'option idéale.
  • Quoi ? jamais entendu parler - demanda la jeune femme stupéfaite de la connaissance de son collègue. Elle n'en avait jamais entendu parlé ni en film ou documentaire ou autre forme de média. Mais après tout Cid avait parcouru une bonne partie de l'univers exploré alors peut être avait-il déjà croisé ces choses ailleurs
  • Parce que je viens de l’inventer - répondit-il en toute innocence - Comment tu veux que je sache ce qu’est cette saloperie !
Dalanda voulu rétorquer quelque chose mais son attention fut sollicitée. Deux autres de ces insectes sortirent des différentes entrées de la caverne en soulevant un boucan d’enfer de cliquetis et de cris.
Aussi particulier que cela puisse être, ces créatures avaient un torse parodiant celui d’un humain. Il était disproportionné et plus cubique certes mais on pouvait y repérer un ensemble de muscles pectoraux et abdominaux, et de ce qu'elle savait les insectes n'avaient pas une telle structure musculaire. Généralement il n'avait qu'un abdomen où était concentré l'ensemble des muscles locomoteurs, mais là le torse plus l'abdomen rendait les créatures très perturbantes.

  • “Quelle horreur” - pensa Dalanda en observant ces monstruosités bouger
Apparemment elles étaient hostiles les unes envers les autres et essayaient de s’intimider mutuellement. Le bruit réveilla la troisième créature présente depuis le début qui se joignit aux autres s’accompagnant de cris et de cliquetis. La situation pouvait tourner à leur avantage si elles finissaient par s’affronter, cela pourrait leur donner l'option de se faufiler dans les tunnels sans attirer l'attention.  Malheureusement les créatures A, B et C finirent par se calmer, après s'être jaugé, et rejoindre des coins opposés où elles s’affalèrent.

La situation était devenue, par effet, plus compliquée. Dalanda aurait vraiment aimé les épargner si possible. Leur apparence grotesque n'impliquait pas qu'il fallait leur ôter la vie sans raison. Malheureusement leur objectif était quelque part dans les tunnels qu’elle voyait depuis sa position et elle préférait ne pas se retrouver prise en sandwich par ces trois créatures et d’autres membres de son espèce qui pouvaient rappliquer au pire moment.

Le problème n'était pas de franchir cet espace sans les réveiller, cette prouesse pouvait être aisément réalisée, du moins en théorie. Le problème venait du fait que si jamais une situation à problème se produisait dans les tunnels, il y avait une chance que ces trois créatures assoupies puissent leur fermer leur route de repli.
Trouver un autre chemin était également hors de question en raison de la tempête qui allait les toucher…

  • Qu’est-ce qu’on fait ? – demanda Dalanda qui avait tourné la situation dans tous les sens mais la réponse était la seule...
  • On fonce dans le tas - répondit Cid sans une pointe d’hésitation.
  • C’est ce que je pensais aussi - soupira Dalanda déçue d'être arrivée à la même conclusion barbare et démunie d'originalité. Cependant après avoir passé autant de temps avec le félin, elle savait que Cid avait pesé le pour et le contre et que ce n’était pas qu’une réponse issue de sa simplicité d’esprit. C’était son boulot aussi après tout - Ça ira avec ton armure ? – s’inquiéta la jeune femme.

  • Je n’en sais rien mais je dois faire ce que je dois faire.
  • Et ça veut dire ?
  • On fonce dans le tas.
  • Ok vas-y je te couvre d’ici.
  • Je pensais que le on t’incluait aussi ou je me trompe ? - demanda le félin avec une pointe de moquerie, une grosse pointe en fait.
  • C’était figuratif. Je ne m’approche pas de ces trucs je suis une humaine fragile moi.
  • Kruu krru - rigolat Cid en essayant d'étouffer sa voix au possible.
  • Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?
  • Nan, rien, juste un souvenir d’enfance. Toi ça ira ? – en guise de réponse elle fit un signe de la tête affirmatif - Bon j’y vais - annonça le félin en déployant les griffes et choisissant sa compilation musicale: ACTION TIME !!
Dalanda déposa le sac de survie géant qu’elle portait tout le long, très utile en raison des compartiments limités de son armure, puis sortit ses deux pistolets de leurs fourreaux. Il fut une époque ou utiliser un style ambidextre était aussi efficace que de tirer à la mitraillette avec des balles à blanc. Cependant, le recul et le manque de précision n'étaient plus un problème avec l’existence de la bionique et de la cybernétique avancée.

La jeune femme possédait deux Derrickson ZRF (d’Androstora inc.) équipés de la technologie Spark1 (propulsion électromagnétique légère) en plus de la propulsion par combustion. Ces monstres tiraient des projectiles de très gros calibres: du 0,357 (proportions 9*33 mm, vitesse 521 m/s) au 55 Schwartz (proportion 15,1*50 mm, vitesse 555 m/s). Leurs canons mesuraient près de 27 cm de long pour 41 cm au total. Les armes généraient une puissance de 3600 joules et avaient une cadence de tir semi-automatique. Autrement dit, ces flingues pouvaient arrêter un rhinocéros en pleine course et le traverser de part en part en laissant un trou de la taille d’une balle de ping-pong (selon certaines brochures commerciales). Et la cerise sur le gâteau était qu’elles restaient efficaces à courte portée et à longue portée entre 25 et 450 mètres idéalement.


Une fois les armes en main il y eut un click sourd signifiant qu'elles avaient reconnu l'utilisatrice et donnaient l’autorisation d’être employées.

Cid quand à lui, avec une agilité féline incroyable, se retrouvait déjà tout en bas et sprintait vers la créature la plus proche toutes griffes dehors, la musique dans les oreilles, et le sourire aux lèvres. Ses armes à lui étaient recouvertes d’une enveloppe métallique blindée à la pointe recouverte de diamant travaillé à l’échelle nanométrique pour une solidité supérieure: adamantine.

La créature B était roulée en boule et lui exposait ce qui devait être son dos alors il lui bondit dessus, propulsé par sa vitesse phénoménale, et enfonça son bras en entier, des griffes à l’épaule. La carapace de chitine laissa passé le bras sans opposer de résistance, puis explosa sous la violence de l’impact. L'insectoïde se releva poussant un hurlement de douleur intense réveillant les deux autres. Ces dernières commencèrent à s’approcher avec leurs cliquetis infernaux, agressives et prêtes à en découdre avec les intrus.

Cid extirpa son bras en prenant soin de racler et griffer au passage un maximum de chaire molle. Puis sauta au sol juste à temps pour éviter de se faire découper en deux par les excroissances dorsales de sa victime qui ciselaient l’air comme des faux et qui avaient une aire d’effet de 360 °. Cette souplesse articulaire était des plus inattendues.
- "Kruu rru rru !! Excellent !! Luttez !! Vivez !! Protestez !!" - pensa Cid alors l’adrénaline commençait à être pompée dans ses veines. Toute créature devait lutter pour son existence, et la plus forte emportait le trophée de la vie: la règle d'or des z'hums.
Cid se replia en jouant les danseuses, évitant les déchaînements des quatre faux de l'insecte. Pourtant, malgré ses pirouettes, et bonds il gardait une vue d'ensemble de toute la caverne, visuellement tout comme dans son esprit. Savoir exactement où se trouvaient ses adversaires était primordial lorsqu'on était surpassé en nombre, car cela permettait d'anticiper sur leurs options et par la même avoir quelques pas d'avances.

Cependant les mouvements du félin étaient limitées par les défaillances de son armures, il avait l'impression de porter des vêtements en papier. Si il bougeait trop fort ou trop vite, il pouvait les déchirer ce qui le mettrait dans une position très délicate. Alors il devait se limiter aux capacités limitées de sa machine ce qui était particulièrement frustrant, comme rouler à 50 km/h dans une ferrari. Cet handicap le poussait à prendre son temps, temporiser l'affrontement, trouver leurs points faibles et s'abattre sur ses proies.

Après avoir évité la N ième attaque de B, il remarqua que cette dernière commençait à s’essouffler, au vu de la blessure infligée c'était on ne peut plus normal. En principe elle n'avait plus longtemps à vivre, le trou béant dans son dos laissait couler les fluides et le sang bleuté à un débit impressionnant. Alors Cid tourna son attention vers les créatures A et C. Néanmoins la réalité lui prouva qu’il avait eu tort de penser ainsi, ce à quoi il s’était habitué au cours de sa vie.

Plus énervée que jamais sa victime se rua sur lui, étonnamment vite pour sa masse et sa blessure. Il fallait comprendre que leur vivacité n’était pas à sous estimer. Ses pattes fauchaient tout ce qui se trouvait devant elle avec une vitesse folle, laissant des traces effrayantes dans le sol. Il était évident qu'en ce moment elle fantasmait sur le fait de transformer le félin en viande hachée et essayait désespérément de rendre son rêve réalité. Malheureusement pour la créature, ce n’était pas l’avenir que Cid voyait pour lui alors il s’acharnait à éviter chacune de ces attaques mortelles, et la tâche était des plus ardues. Il se voyait de plus en plus acculé mais le bon côté de la situation était que cette créature était tellement enragée que les autres ne pouvaient pas s’approcher et restaient en retrait, et tant que c’était le cas…Sauf que là encore les espoirs de Cid se retrouvèrent contredits car ils tournèrent leur attention vers Dalanda qui ouvrit le feu, malgré le fait qu’elle préférait rester en retrait et loin, très loin de leurs appendices.

  • “Et merde !!” – pensa-t-il.
  • "Hihihi ! La gamine va se faire dépecer !"
  • "Ta gueule !"

Le félin roula en boule pour éviter de se faire décapiter, frappa le sol de sa queue comme un ressort pour s’aider à se propulser en l’air à la manière d’un kangourou. A plusieurs mètres du sol, il réalisa une pirouette forcée pour éviter de se faire empaler, s’accrocha à la faux au passage à l’image d’un gymnaste puis tira violemment. Il y eut un cri horrible alors que la structure osseuse se détacha du corps de la créature. Cid l’utilisa ensuite à l’image d’un clou géant, transperçant sa propriétaire puis il enchaîna par un coup de poing dans lequel il transféra tout son poids. Un pied en avant comme appui, fracturant le sol, transfert d’énergie avec un mouvement de hanche, rotation de la main. Il frappa si fort qu’il failli basculer en avant à la manière d’un lanceur de javelot et le résultat fut plutôt impressionnant. La créature décolla comme un fusée, laissant tripes et boyaux au passage, et heurta les deux autres les stoppant dans leur course.
La visière de Cid commença à s’illuminer en lui montrant des signes de danger et faisant apparaître le modèle de son armure G5 sur mesure qu’il avait appelé “Peujo” (poids 756kg, multiplicateur de force pour humain 7,5, multiplicateur de force pour “xénomorphes”: 4,3, multiplicateur de force pour Cid: 0,8, Poids supporté via cross-shell samson: 110 tonnes uniquement pour Cid, vitesse amplifiée : 230 km/h, vitesse soutenue via bolt anti-support system: 685 m/s uniquement pour Cid, système de survie intégrée, système de détection sonore avancé, exosquelette renforcé avec système d’amortisseur pour saut et atterrissage à moyenne altitude, autonomie: 15 jours).

Plusieurs parties clignotaient en rouge, ce qui n’était évidemment pas bon signe.
Dalanda suivit la scène et au vu du comportement de son camarade compris qu’il avait trop forcé sur le matériel. Les capacités physiques anormales de Cid étaient déjà un fardeau considérable pour la machine en temps normal alors dans ces conditions, au moindre faux pas il pouvait briser la structure métallique. Cependant elle ne pouvait pas lui prêter main forte au vu de l’intérêt que l’insecte A développa pour elle.

La jeune femme sauta la tête la première, sans même prendre le temps d'y réfléchir. Sur une question de vie ou de mort, en règle général personne ne prend le temps de débattre de raison. L'armure prit le relais et recalibra ses mouvements pour la remettre comme il se doit, sur pieds. Elle glissa le long de la descente raide, évitant les pattes qui s’écrasèrent violemment à l’endroit où elle se trouvait il n’y a de cela que quelques instants à peine, et emportant des bouts massifs de pierres.
  • “Seigneur” - se dit elle avec effroi à la pensée de ce qui aurait pu lui arriver. Si elle se faisait toucher rien qu’une fois par une de ces faux, s’en était fini d’elle.

Avant qu’elle ne touche le sol, elle activa un léger boost de son propulseur dorsal ralentissant sa chute pour lui permettre un meilleur contrôle de ses mouvements. Une fois en bas, elle se mit à courir aussi vite que possible dans la direction opposée de Cid qui était immobile à l’image de n’importe qui debout sur une surface de verre sur le point de craquer.

  • BOUGE TOI LE CUL !!!! - hurla "amicalement" Dalanda de toute la force de ses poumons et de tout le poids de son stress. Puis ouvrit le feu pour couvrir sa retraite de la créature A qui la pourchassait. Malgré le calibre, les balles n’arrivaient pas à perforer la carapace des bestioles.
La jeune femme visa alors les yeux et deux projectiles bien précis transpercèrent deux des orbites de l'insecte. Ce dernier hurla et sembla se tordre de douleur. Le mouvement erratique de ses pattes blessa ses congénères, peut être les balles avaient elles pénétré le cortex cérébrale. Néanmoins, même si tel était le cas, la faucheuse retrouva ses esprits et se couvrit la tête avec ses excroissances osseuses.
  • "Super, qu’est ce que je fais maintenant ?" - pensa Dalanda sans quitter la créature des yeux, elle avait peur que cette dernière lui saute dessus dès qu'elle rompait le contact visuel. Mais il y avait les autres aussi - Qu'est ce que... ?


Coupée dans sa réflexion par l'insecte, Dalanda plongea de toutes ses forces sur le côté pour éviter un crachat visqueux de son adversaire, et constata avec effroi que la bave fit pousser de la glace sur la roche dans un diamètres de 5 mètres
  • Qu’est-ce que…. – pensa t elle à nouveau, perturbée par ce qu'elle venait de voir. Le mot impossible faisait écho dans son cerveau comme des coups de tam tam. Malheureusement, elle n’avait pas le temps de se poser de questions et surtout trouver des réponses à cette énigme de la nature. Elle se jeta à nouveau hors de portée de la bave, tout en changeant ses chargeurs fixés au niveau de la ceinture qui tenait les fourreaux des Derickson, et tout le long de son torse. Elle choisit des munitions spéciales qu’elle souhaitait préserver autant que possible vu le nombre limité qu’elle avait et le prix de ces monstres, chacune de ces balles coûtaient une petite fortune pour une raison cependant.

Une fois les balles calibres 44 LL chargées, les pistolets émirent un petit bruit et le réticule sur sa visière, guidé par ses yeux marrons, cibla les yeux composés restant de la créature. Le bruit signifiait que les armes et le système d’exploitation de l’armure s’étaient interfacer, et que les propriétés uniques des LL pouvaient être utilisées. Des lignes de trajectoires se dessinèrent dans sa visière liant les canons aux cibles désignées. Elle tira en courant pour éviter les crachats et huit bastos propulsées dans la direction générale du monstre changèrent leurs trajectoires, lobant les défenses et touchèrent leur cible en plein dans le mille. Il y avait heureusement de l'espace entre ses faux et les yeux sinon une telle manœuvre aurait été impossible.

Alors que l’insecte gigantesque se tordait de douleur, complètement aveugle, Dalanda se planqua derrière un des piliers pour changer de munitions, préférant utiliser des .50 plus conventionnels.

  • TU FOUS QUOI CID !! - hurla t elle, le cœur battant à cent à l’heure
  • CA VA ! UNE SECONDE !! - rugit ce dernier en retour. Il se préparait mentalement pour le tant pis advienne que pourra, et abandonna tout espoir d'avoir une armure fonctionnelle.
  • "Hihihi tout ça à cause de ton pari stupide"
  • "Ta gueule !! je vais me démerder !"
  • "Hihihi ou tu pourrais me laisser le relais ?"
  • "Jamais !! Plutôt crever !!!"
  • "Hihihisss ! On verra ça bientôt !"
Profitant de la confusion le félin se précipita sur le monstre C qui dégagea B qui lui était rentré dedans avec une force considérable. Ce dernier toutes viscères dehors fauchait tout sans indiscrimination y compris A qui eut l’inattention de tâtonner dans sa direction, privé de ses yeux.

Cid se sentait vraiment lent, c’était comme nager à contre courant avec des poids aux pieds et aux tétons, enveloppé dans du papier qu’il ne devait pas déchirer. La créature C eut le temps de le voir approcher et vomi sa bave qui gela le sol ce qui lui fit perdre l’équilibre au vu de son momentum. Il glissait droit vers le barrage de coups de faucilles de la créature qui était bien décidée à le hacher menu.
  • “Bordel ! J’ai toujours détesté patiner” - fulmina intérieurement Cid
  • “Hihihi tiens les bords”
  • “Pas maintenant !!!”

Le félin réussit à s’arrêter net et juste à temps en encastrant ses bras dans le sol à hauteur des coudes, brisant la glace, ce qui lui valut au passage d’autre signaux de danger mais il n’avait vraiment pas le choix. Il changea de direction en se projetant à l’aide de tous ses quatre membres. C perdit sa trace pendant un instant ce qui était suffisant pour que Cid passe dans son flanc. Il perfora ce dernier puis tout en continuant sa course éventra l'insecte tout le long de son abdomen.

Le sang bleuté et visqueux gicla dans tous les sens mais Cid savait que cela n’allait pas suffire. Il pouvait sous estimer une fois mais jamais deux, il l’avait apprit au prix du sang et de la mort il y a longtemps de cela. Alors pendant que la créature gémissait, il l’escalada en moins de deux pour arriver au sommet de ce qui devait être sa tête et frappa aussi fort qu’il pouvait des deux poings collés, comme une massue. La créature se fracassa violemment dans un cratère, soulevant un nuage de débris, de glace et de roche. Le sommet de sa tête était complètement réduit en bouillie, giclant les morceaux de chitine et de cervelle dans tous les sens. Même ses yeux furent propulsés hors de ses orbites.

Cid fut projeté au sol par les convulsions du monstre, incapables de bouger il avait payé le prix fort. L’armure refusait de bouger et sa visière était remplie de signaux de danger avant de s’éteindre et de passer en mode sommeil.

  • Fait chier !!! - rugit Cid énervé par son impuissance. Cependant il était prêt bondir hors de son armure si Dalanda se retrouvait dans une situation critique, et affronter la créature restante ainsi que le froid de Meliacor.
Il ne restait plus que A, complètement aveugle la créature insectoïde continuait son déchaînement, déchiquetant complètement B post-mortem. Cependant son congénère n'était le seul à goûter à sa rage. Dalanda pouvait le sentir très faiblement, ainsi que la peur qui la poussait à s'enrager.

A tranchait les murs, le sol et s'acharna sur l’un des piliers qui tomba en morceaux. Elle poussait des cris pour effrayer parcequ'elle était effrayée elle même, parcequ'elle tenait à sa vie mais quelque part dans son raisonnement sa rage transcenda sa peur. La haine avait prit le dessus dans la balance des émotions, la haine de celle qui lui faisait vivre cette situation terrorisante. Alors la créature se calma soudainement et resta immobile. La seule chose qu'on pouvait entendre était le hurlement du vent qui passait dans les tunnels, un étrange son primitif et primaire. Il était familier mais distordu, à peine reconnaissable.

Dalanda restait cachée derrière son pilier. L'adrénaline était pompée en masse dans son sang, son cœur battait la chamade, la sueur perlait sur son front. Elle savait se défendre au besoin, avec Cid comme professeur ce n’était pas comme si elle avait eut d’autre choix, mais c’était loin d’être son activité préférée. Inventer, créer, oui mais se battre…Se battre était le symbole d’un échec de communication entre être doués d’intelligence. Se battre signifiait qu'il n'y avait aucune possibilité de bâtir quelque chose de solide, il n'y avait rien de plus triste au monde que d'essayer de prendre la vie d'autrui.

Malgré le fait qu’elle essayait de faire le moins de bruit possible tout en essayant de repérer ou diable pouvait être son garde du corps et qu’est ce que la créature était en train de faire, cette dernière poussa un cri terrifiant avant de se tourner vers le pilier qui cachait sa proie. A se rua dans la direction tête la première, percutant violemment le pilier qui se fissura en plusieurs endroits mais resta debout, résistant à l'assaut barbare. Dalanda roula sur le côté et se mis à distance, dans la portée optimum des deux pistolets et ouvrit le feu en concentrant au possible les tirs au même endroit pour briser la carapace. Elle tournait autour de la créature qui la pourchassait désespérément, comme une abeille, ne lui laissant aucun moment de répit.

Au bout de deux chargeurs, et en dépit de sa vivacité extraordinaire, la créature s’effondra, à bout de forces. Le sang était l'une des ressources les plus importante de toute créature, et malheureusement elle n'en avait plus assez pour tenir debout. Le sang bleuté perlait des différentes blessures sur sa carapace, ainsi de ses yeux. Les balles logées dans les orbites avait également crée quelques dégats dans le cerveau qui combiné au reste était bien plus que l'insecte pouvait supporté. Alors il s’effondra, ses pattes cédèrent sous son poids. Elle poussa un petit cri, essaya de bouger ses appendices, mais elle était trop faible.

Dalanda était pliée en deux pas loin, recouverte de sueur. Les muscles douloureux, et le cœur comme serré par une main invisible. Elle prit une profonde inspiration, luttant contre l’envie de jeter son casque à terre et de respirer un bon coup d’air frais, puis elle s’avança vers son adversaire lâchant encore des petits cris, chacun plus faibles que les précédents. Il était possible de sentir sa vie s'échapper un petit peu plus chaque seconde et la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la peine pour cet insecte qui n’avait absolument rien demandé. Si seulement, si seulement elle avait réussi à les calmer, si seulement...Mais c'était de la folie de plonger comme çà dans une espèce complètement inconnue.

Elle posa la main sur sa carapace en piteux état et pouvait sentir sa souffrance et sa colère. Une punition pour une personne douée d’une empathie assez forte pour lui permettre de capter les différentes émotions comme une antenne.
  • Je suis désolée – dit-elle alors que la créature rendit l’âme. Elle le pensait en toute honnêteté, mais ils n’avaient pas d’autres choix se disaient elle.
Dalanda voulut remonter chercher le sac de voyage qu’elle avait laisser là haut et rechercher où avait bien put passer Cid quand un bruit particulier l’obligea à plonger pour se cacher derrière la carcasse de la créature, un bruit de pas.
Les pas étaient lourds et pressés. Les personnes qui arrivaient semblaient avoir le diable aux trousses, et pour avoir cet effet il devait leur souffler dans le cou. Dalanda eut immédiatement l’image des mercenaires qu’ils croisèrent dans le désert tantôt et se mordit la lèvre,
  • “Il ne manquait plus que çà” - se dit elle exaspérée. Jusqu’à quel point la situation pouvait elle empirer ? Une chose cependant était claire, il était hors de question pour elle de se faire capturer au de se faire tirer dessus sur un malentendu. Tout ce dont la jeune femme avait besoin était d'un peu de temps, et heureusement elle était accompagnée de la personne qu'il fallait...Si seulement elle arrivait à le retrouver dans tout le merdier qu'ils ont fait.
  • Cid ! - appela t elle son partenaire à voix basse en le cherchant du regard - Cid, t’es où ?! Merde !


  • Oh putain !!! – s’exclama Sean, haletant comme si l’oxygène s’échappait de ses poumons. Les mercenaires avaient déboulés dans le tunnel in-extremis, presque emportés par le blizzard. Les dernières centaines de mètres étaient presque du sur place pour lutter contre les forces centrifuges des tornades et éviter de se faire emporter par les courants aériens déchaînés. L'intérieur du tunnel était comme une paille qui les aspirait vers l'hydre mais chacun des white owls mettait tout ce qu'il avait pour faire un pas de plus, juste un pas, car chaque pas était une victoire. Chaque pas les menait à la sécurité dans les profondeurs du tunnel. Sean pouvait sentir l’hydre lui caresser la nuque de ses pattes glacées le mettant à la limite de l'explosion hystérique et du flot de larmes. Le vent hurlait et les bousculait dans tous les sens, puis lorsqu'il se détachèrent de la pression des griffes cycloniques les mercenaires se mirent à courir de toutes leurs forces, le plus vite et le plus loin possible jusqu'à trouver une nouvelle scène d'horreur. Une scène qu’aucun d’entre eux n’était préparé à voir – Nom de dieu… - laissa échapper Sean le souffle très court. Sa plaisanterie du matin s'était transformée en cauchemar devant ses yeux. Aucune forme de vie n’était supposée exister sur Méliacor et surtout pas quelque chose qui puisse faire ça...


  • Tout le monde sur le qui-vive – leur dit Bender en signaux. Ils l’avaient tous compris, ces créatures n‘ont pas commis un suicide collectif, et le gros sac qu’ils avaient sous les yeux devait bien appartenir à quelqu’un. Le sergent indiqua par les gestes que Maki, Sean et lui-même allaient descendre et que Jess et Raby devaient les couvrir depuis leur position en hauteur. L'heure de la revanche pour la journée de merde était proche, et jonathan était prêt à en savourer chaque seconde - "l'heure de la chasse est ouverte, fils de pute".
L’équipe de mercenaires s’exécuta professionnellement: fusils d’assauts en joue, les yeux balayants les environs à l'affut de la moindre anomalie, les sens en éveil. Maki ouvrait la marche à la recherche de traces et les autres le couvraient de tous les côtés. En théorie un plan infaillible, il n'y avait pas milles endroits ou se cacher dans cette caverne. Dans l'esprit du sergent il était peu probable que les deux fuyards aient simplement continuer leur chemin. Il y avait trop de possibilité à étudier, trop de voies pouvant mener n'importe où, et ils devaient récupérer un minimum alors il n'y avait aucun doute possible: le zoohumain et son ou sa cavalière devaient être quelque part ici.

Mais même si sur le papier ou plutôt dans les esprits, l eplan était simple, en réalité il n’était pas facile de garder son sang froid au milieu des ruines laissées par ce qui devait être un combat de colosses. Les mastodontes, dont ils longeaient les carcasses, faisaient à première vue, près de quatre fois la taille des mercenaires. Sean qui marchait à quelques centimètres de l’une des créatures tremblait dans son armure à l’idée que l’une de ces choses  pouvait se relever et les prendre par surprise, mais il n’était pas un novice. Il était assez solide pour ne pas laisser la peur le ralentir et obscurcir sa raison. C’était avec horreur qu’ils remarquaient le carnage. Un des insectes était complètement éviscéré. On pouvait apercevoir tout ce qu'il avait à offrir de l’intérieur: les organes, des mètres d'intestins sectionnés de son canal alimentaire (des parties du méséntéron et du proctodeum), des bouts de muscles, ... Une autre ressemblait à une crêpe dans un petit cratère, baignant dans ses fluides et son liquide cérébrale…

  • “Nom de dieu !” - se raidit Sean. Il transpirait fortement et la sueur lui rentrait dans les yeux. Il y a de ces petites choses qui étaient particulièrement agaçantes comme le fait de ne pas pouvoir se frotter le nez ou de transpirer sans pouvoir s’essuyer le visage, ou se nettoyer les yeux irrités par le fort taux de salinité. Quelque chose devait clocher avec sa combinaison thermale mais il n’osait pas cligner des yeux.

Le groupe de trois personnes avançait lentement et efficacement. Bender crut voir une ombre au sol et leva les yeux au plafond, mais il n’y avait rien d’anormal. Ils arrivèrent au milieu de la caverne se couvrant mutuellement des différents angles d’approche quand ils remarquèrent un colosse au sol dans une armure qui leur était assez familière. Il était complètement immobile mais cela pouvait être une ruse alors Bender fit signe à son équipe de s’immobiliser puis tira un coup de sommation à côté du corps.
  • Plus un geste ! – dit-il en enclenchant les hauts parleurs – restez immobiles et nous n’ouvrirons pas le feu.

Bien entendu son speech n’était pas pour le gars au sol mais pour la personne qui le chevauchait tout à l’heure même s’il ne savait pas où elle se tenait. Bender balaya la zone du regard, mais ses systèmes de détection ne trouvaient absolument rien. Il jeta un coup d'oeil à Maki qui semblait emporté dans sa quête et se déplaçait vers l'une des carcasses qui apparaissait être criblée de balles. Il devait avoir trouvé la piste de l'autre mais avant...D’un geste il demanda à Sean de vérifier l’armure au sol. Ce dernier tourna la tête, son visage caché par le casque exprimait une seule grimace qui pouvait être traduite par
  • “T’es sérieux là mec ?”
Mais un ordre restait un ordre.
Dans l'esprit de Sean, expert en situation poisseuse. Dans son esprit, si les deux personnes qu’ils avaient suivi jusque là étaient responsables de la nouvelle décoration de cette caverne, alors il y avait de fortes chances que celui qui était responsable des éviscérations et de l’aplatissement des monstres se tenait à ses pieds. Et de ce fait, il eut une image assez vivide de ce qui pouvait arrivé à son bras, si jamais le z'hum le prenait par surprise. Après tout il avait ouvert la porte blindée du vermisseau à mains nues alors son bras, protégé ou non, allait avoir absolument tous les os brisés en un instant.

  • “Mon dieu, faites qu’il soit mort” – pria Sean pour la première fois de sa vie. Les dernières heures avaient changé sa position sur l'au- delà et sur l'existence d'un lanceur de dés omnipotent quelque part dans le cosmos - "Seigneur tout puissant, faites qu'il ne respire plus" - pria-t-il à nouveau alors que son bras se tendait vers la console sur le poignet de l’armure géante. Son optique était de commencer déjà par voir si elle était verrouillée ou non. Cependant lorsqu’il toucha l’engin, une sueur froide parcouru son dos. Il n’y avait aucun signe de mouvement alors soit son vœux avait été exaucé, soit il y avait quelque chose de très louche avec la machine. Il tapota la carcasse métallique et ce qu’il entendit fit pleuvoir la sueur d'un coup – elle est vide – dit-il à travers l’intercom complètement livide.
  • Putain !!! ils ne doivent pas être loin soyez sur…

Il ne fallut qu’un instant et lorsque le sergent se retourna il vit le propriétaire de l’armure tenir ses coéquipiers par le cou au-dessus de la corniche à l’entrée de la caverne. Bender fut sidéré une nouvelle fois par les capacités physique de cet animal, au cours de toute sa vie il n'avait jamais vu ça et portant il avait eut une vie bien remplie. Ces armures pesaient 700 kg chacune, à quelques kg près. Mais le félin les tenait avec facilité, les bras tendus. Cette position était extrêmement douloureuse pour ses subalternes, car une partie du poids des machines était désormais soutenue par leurs cous et ce n'était qu'une question de temps avant que la gravité ne les décapite.

Il y avait également autre chose qui le sidérait, quelque chose de plus évident. Le zoohumain était debout malgré la température, certes elle était supérieure à celle de la surface de la planète, mais elle demeurait néanmoins fatale pour un organisme vivant. Et puis il y avait quelque chose d’étrange avec son souffle, l’air qu’il expirait n’était pas blanc mais translucide comme des vapeurs de chaleur. D’ailleurs maintenant qu’il prêtait attention son corps était comme en train de fumer.
Pendant que la troupe était distraite par le félin, Maki perdit de vue l'objet de sa traque pendant un instant. Mais ce court intervalle était tout ce dont Dalanda avant besoin pour jaillir d'une carcasse et désarmer le pisteur. Cette action la dégotait au plus haut point, et le sang des insectes avait des propriétés thermiques indésirables, cependant elle n'avait pas trouvé d'autres solutions pour rester cachée.   

La jeune femme bondit, l'armure recouverte de fluides et de quelques bouts de matières molles. Maki se retourna pour faire face au mouvement apparu dans la vue périphérique de sa visière, néanmoins il ne fut pas assez rapide pour réagir. Il se retrouva désarmé et prit en otage, menacé par un pistolet au calibre impressionnant posé contre sa tempe.

  • " Merde, si seulement j'étais resté concentré !! fait chier" - fulmina t il intérieurement. Si seulement il ne s'était pas laissé distraire par le zoohumain, Maki était persuadé d'avoir pu la capturer et les deux camps se seraient trouvé à égalité en termes de pouvoir de négociation, peut être même que les white owls se seraient retrouvés avec un léger avantage. Mais là il avait complètement échoué, et les mercenaires étaient complètement privés de toute chance d'agir rationnellement - Je suis désolé serg - voulu t'il s'excuser mais ce dernier secoua la tête, il avait compris. Ils étaient tous tombés dans le panneau, ce n'était la faute à personne.

Bender compris qu’ils étaient en situation d'échec, le tout était d'éviter l'échec et mat. Alors sans même qu’on ne lui en donne l’ordre il posa son arme au sol, lentement, et leva les bras en invitant Sean à faire de même

  • Je dois dire que vous nous avez bien pourri la journée ! – dit-il sans cacher son hostilité
  • Désolé pour ça, mais nous avons nos impératifs - répondit froidement Dalanda - Faites glisser les armes le plus loin possible.
Sean et le sergent obéirent à contre cœur et poussèrent leurs fusils d’un coup de pied. Pendant ce temps Bender examinait les possibilités à sa disposition mais aucune n'apparaissait viable. Il perdrait tout le monde, ce qui était hors de question. Il arriva alors à la conclusion que la passivité allait être son action en attendant la bonne opportunité, et la constatation de son impuissance était une douleur presque physique autant que psychologique. L'incapacité d'offrir justice était le symbole de sa faiblesse et de son inutilité. La mâchoire grinçante il demanda


  • Qu’est-ce qu’on fait ensuite ?
  • Vous devez avoir du nanogel ou de la nanopate de secours. Insérez le dans l’armure derrière vous et mon partenaire libérera vos amis. Je vous suggère de ne pas traîner, la gravité ne sera pas aussi patiente que moi.
  • Inutile de nous menacer – protesta Bender - Sean ! – commanda t il.
  • Pas de gestes brusques. L’emplacement est derrière la hanche - ordonna Dalanda en serrant un petit peu plus fort le cou de Maki. Le métal gémit un petit peu sous la pression mais tint bon au final.
Sean détacha une cartouche de la taille d’un paquet de cigarette d'un des cinq compartiment dans son dos et remplaça la recharge de l’armure au sol. Il y eut un son de machineries puis le silence. Cid laissa tomber les personnes qu’il tenait entre ses mains au sol, ces dernières s’écroulèrent aussitôt en gémissant de douleur.
  • “Tssk petites natures. J’ai à peine serré” - pensa t il en ramassant le sac et s’écartant du groupe.
  • “C’est la gravité qui …”
  • “Ta gueule ! Je n’ai pas envie de leçons”
  • “…”

Sans son armure Cid apparaissait comme un zoohumain du genre panthera tigris, en d’autres termes il était un homme tigre à la fourrure flamboyante, et en combinaison moulante. Une peau secondaire truffée de technologies pour rendre les armures exosquelettiques plus réceptives tant en terme de maniabilité que pour connaître les besoins de leurs hôtes. Quant à sa fourrure, les poils sur son visage avaient geler en majorité, signe qu'il ne fallait plus traîner et raison principale pour laquelle il avait les yeux fermés.


Cid caressa le casque de Raby de sa queue, qu’elle poussa sèchement des deux mains. Il sourit puis lui fit un un bisou avant de récupérer leurs armes au sol et les emporter avec lui. En passant devant Bender il le toisa d’un regard hautain et amusé qui agaça le sergent au plus haut point, au point au son corps se mit à trembler de fureur.

Le z'hum tapota ensuite sur la console de son armure peujo et le devant s’écarta pour laisser entrer son passager, un système pratique mais qui avait ses défauts. Et c’est seulement une fois à l’intérieur et invisible de tous qu’il put se permettre de se relâcher, ouvrir les yeux et claquer des crocs. Même si la température à l’intérieur de la caverne était supérieur à celle de l’extérieur c’était très loin d’être un temps pour une promenade et il ne pouvait être plus heureux d’avoir une fourrure. Bien évidemment le pelage n’était pas le seul outil qu’il avait utilisé pour combattre la température, le plus important était son hyper contraction musculaire.

Lorsque le corps humain ou animal est sujet à des températures basses, la biologie cherche à compenser la perte de chaleur en générant de l’énergie via le frottement des fibres musculaires. Un peu comme allumer du feu en frappant deux silex. Ce réflexe est la raison pour laquelle on claque des dents et qu’on tremble comme un feuille, les muscles se contractent, et le corps impose le mouvement pour élever la température interne.

L’hyper contraction musculaire est le contrôle qu’un individu pouvait exercer sur ce phénomène en accélérant la vitesse de frottement des fibres musculaires dans le corps, la doublant, triplant, voire plus. Le résultat pouvait être assimilé à une fournaise biologique qui pouvait permettre de résister aux froids extrêmes. Ce sont ces deux phénomènes qui donnèrent un Cid quelques minutes de survie face au froid de Meliacor, au besoin il pouvait pousser jusqu’à deux heures avant d’être vidé de toutes calories à brûler, déchirer ses muscles ou cramer ses organes. C'était une technique dangereuse qu'il avait pousser à un niveau exceptionnel, pourtant elle ne lui avait donné qu'une léger sursit en raison de la toux naissante dans ses poumons.
Le nano gel se rependait dans les circuits réparant l'ensemble réparable. Au vu de la quantité et en raison des pièces artisanales il était impossible que l’armure soit opérationnelle à 100 % mais l'important était que le félin retrouve sa mobilité, tout le reste était accessoire pour l'instant. Le souci des pièces artisanales résultait du fait que les nano machines n’avaient aucune information sur la procédure à suivre pour leur remise en état ou même leur reproduction. Elles ne pouvaient que les regarder bêtement en se questionnant sur les procédures, puis les abandonner à leur sort. Ensuite, aussi merveilleuses soient elles, les nano machines ne pouvaient pas régler les problèmes logiciels. Ceci était un défi pour cette génération d'ingénieurs.

Dalanda lâcha Maki et s’écarta de lui en rangeant ses pistolets.
  • On ne veut pas d’ennui – dit elle – on cherche juste à récupérer quelque chose puis on disparaît.
  • Vous avez tué un membre de mon équipe ! - répondit Bender en essayant de garder son sang froid. Mais son ton voix paru bien plus énervé qu'il ne voulait le faire paraître. L’agressivité engendre l'agressivité et son équipe n'était pas en position de la manifester.
Dalanda jeta un coup d’œil à Cid qui se releva en haussant des épaules.

  • Je les ai laissés entier avec une décharge iem inoffensive - dit il en testant sa mobilité. Il leva les genoux, tourbillonna ses bras. L’armure fonctionnait, quelque part à 30% mais c’était déjà ça de prit.
  • Inoffensive !!! – hurla Sean – Il s’est gelé sur place mec !! - continua le mercenaire enragé

  • Je crois comprendre qu’il y a un malentendu - dit Cid en se retournant calmement vers son interlocuteur, le dominant de toute sa taille - La seule raison pour laquelle vous respirez encore est cette dame à côté de moi est ce qu’on se comprend ? – le félin usa d'un ton détaché de toute émotion que Bender percuta immédiatement. Il avait vu ce changement plusieurs fois, sur les champs de bataille. Pour ces personnes tuer était un travail, une routine, une tâche à accomplir comme cirer leurs bottes, ou faire les courses, ou faire une ronde. Pour certains c'était même devenu moins que rien. Le sergent les avaient vu se retourner contre des civils et même des collègues, pour leur ôter la vie sur une banalité, un désaccord mineur. Tuer ne représentait absolument aucun problème pour ces esprits dérangés, et le géant en faisait parti. Il ne mentait pas, les white owls devaient leur vie uniquement à la femme qui se tenait devant lui et si l’envie lui prenait de lâcher cet animal sur eux, c’était la fin des haricots.

  • Fort et clair, c’est un accident – répondit Bender en serrant la mâchoire après avoir prononcés ces mots, si fort qu’il eux l’impression de les faire craquer.
  • Serg…
  • Baissez les bras – leur dit Dalanda – et venez discuter.
  • Tu crois que c’est une bonne idée ? – demanda Cid.
  • Je crains que ton speech n’ait joué en notre défaveur.
  • Hmpf. Je te laisse discuter alors mais si je vois ne serait-ce qu’un mouvement suspect…
  • Oui, oui je sais – la conversation était audible de tous pour leur faire comprendre au possible leurs réels intentions, bonnes comme mauvaises – s’il vous plait asseyez-vous - répéta la jeune femme en les invitant à s'asseoir à côté d'elle sous le regard perçant du géant. Tout levier de négociation était utilisable selon le contexte, et dans celui ci elle n'avait pas encore les moyens d'être raisonnable, mais ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle ne les tienne dans la paume de sa main.
Dalanda s’assit en tailleurs sur le sol, et Bender se sentit obligé de faire de même. Elle voulut les mettre à la même hauteur, pour donner cette impression d'équité et Cid était là pour leur rappeler que ce n'était qu'une illusion. Un jeu d'esprit qui allait lui permettre de crocheter les portes nécessaires.
  • Comment s’appelait votre collègue ? – demanda-t-elle innocemment – celui qui est mort.
  • Il s’appelait Dyne et vous feriez mieux de vous rappeler son nom !! - s’échauffa Sean sous le regard amusé du félin. Ce dernier croisa les bras et commença à remuer sa queue tout en surveillant le moindre geste, en écoutant le moindre souffle, distrait par l'anticipation de leurs moindres réactions.
  • Dyne…Je compatis sincèrement à votre perte. Nous ne savions absolument pas qu’il y aurait d’autres personnes ici à part nous - leur avoua Dalanda en toute sincérité.

Bender ne commenta pas sur ce qu’elle venait de dire, ni sur sa sympathie. Elle aurait du être blessante, cette tentative d'explication aurait du être insultante à ses yeux et pourtant...C’était étrange, pour une raison qui lui échappait il sut qu’elle disait la vérité. C’était un sentiment particulier qu’il éprouvait en ce moment, étranger et subtile.  
  • Qui êtes-vous ? – demanda-t-il.
  • Avant que je ne réponde, j’insisterai sur le fait que vous vous débarrassiez de vos boites noires – demanda-t-elle.
Les armures de génération 4 et plus étaient équipés de ces systèmes qui enregistraient les informations en permanence stockant plus de 500 heures de données. Informations visuelles fournies par les visières qui avaient un système de caméras intégrées. Données auditives via la radio qui enregistre également les sons ambiants ainsi que les communications. Avertissements techniques, résultats statistiques, bref tout ce qui était indispensable pour que les experts puissent récréer les événements avec une marge d’erreur inférieure à 0,1%.

  • Je crains que ce ne soit impossible, elles sont rattachées au cœur du système. Les endommagées couperait toutes les fonctions de l’armure. Ce que vous nous demandez c’est de mourir de froid – répondit Bender énervé mais en contrôle.
Cid éclata de rire

  • On a une vilaine petite sourit, bien menteuse – dit-il – C'est une honte pour les couleurs de cet insigne. C'est plutôt aux autres de raconter de la merde.
  • Je ne comprends pas – répondit Bender
  • Voyons donc. Ce n’est pas grave de toute façon vu que vous allez mourir maintenant – dit-il en écartant les bras et frappant le sol de sa queue métallique, ce qui fit éclater la roche.
  • Nous nous sommes rendus et n’opposons aucune résistance – répondit Bender en essayant de garder son sang-froid. Il ne voulait surtout pas lui donner la satisfaction de sentir de la peur.
  • Pas faux, je ferai en sorte que ce soit rapide alors - sourit Cid en forçant sa petite toux à rester dans sa gorge.
  • Ça suffit - ordonna Dalanda agacée et le z'hum recroisa les bras tout en jouant de sa queue, diverti par ces petits hommes - veuillez l’excuser il a un humour assez particulier. Nous n’aurons pas d’autres solutions que de vous immobiliser ici alors, pour notre propre sécurité vous comprendrez.
Bender la regarda fixement, puis regarda les carcasses de monstres, les membres de son équipe puis Dalanda à nouveau. Ils avaient du répit pour l'instant pour une quelconque raison mais ces monstres finiraient par revenir. Alors si à ce moment là ils se retrouvent immobilisés, c'est pizda comme dirait un de ses vieux amis. Une condamnation à mort avec le sourire.

  • "La salope - pensa férocement le sergent avant de répondre - Je pense qu’on peut trouver une solution pour les boîtes noires.

  • Magnifique ! - s’extasia Dalanda - J’avoue que je m’en serais voulue de vous laisser vous faire dévorer par ces bestioles. Un petit peu - rajouta t elle par la suite.
  • C’est bien aimable de votre part, on vous offre nos couilles sur un plateau aussi ? - intervint Sean en se laissant emporté par ses émotions.
  • Sean !! Ça suffit ! - rétorqua sèchement Bender
  • Non, non laisse le continuer. Il a de bonnes idées le petit. J’ai un collier de dents, de vertèbres, et quoi d’autres...De phallanges, mais pas de couilles. Ce serait un bon souvenir je pense. Alors je me sers ou tu t’en occupe comme un grand ? - demanda Cid en sortant les griffes
  • Hey ! Du calme mec, il est juste complètement attardé ne fait pas attention à ce qu’il dit - s’interposa Maki
  • Non mais...
  • Sean par pitié, ferme là ! - ordonna Bender
  • “hihihi un vrai emmerdeur”
  • “Ouais comme toi” - pensa Cid
  • “hihihi je l’aime bien. Par contre, ne joue pas avec notre ssanté !”
  • “Je fais se que je veux…”
  • "Hihihiss on verra ça"
  • "Krru rru rru quand tu veux !"
  • Bon, je vous laisse vous en occuper alors - dit Dalanda en se levant. Ce n’était pas la tournure qu’elle avait prévue pour cette conversation mais avec Cid à proximité ce n’était pas étonnant. Les réunions étaient un casse tête monumentale.
Les mercenaires se regardèrent, puis baissèrent leurs bras. Jess sortit d'un de ses compartiments dans le bas du dos, un outil qui ressemblait à une perceuse mais plus fin et à la pointe ne mesurant que 3 à 4 cm. Il s’occupa de l’armure de Bender en premier, forant la poitrine, 1 cm en dessous du cœur. La pointe s’était déployée légèrement à l’intérieur et libéra une impulsion sonique chirurgicale pour détruire la micro puce. Ensuite il opéra de manière similaire pour le reste avant de confier l’appareil à Raby pour qu’elle réalise l’opération sur lui.

  • Me grille pas mes circuits – demanda Jess, nerveux.
  • J’ai des mains de chirurgiennes, alors t’inquiète – dit-elle avant d’appuyer sur la gâchette.
  • Non le chirurgien c’est moi alors…
  • Voila, niquel - le coupa Raby.
  • C’est fait – s’adressa Bender à Dalanda qui approuva d’un hochement de tête.
  • Vous comprendrez que je n’utiliserai pas nos noms pour nous présenter, sachez juste que nous faisons partie d’une petite équipe d’explorateurs.
  • Des explorateurs ? – demanda Bender perplexe. Il y en avait de ces types qui ne rêvaient que d’explorer les étoiles mais ceux là n’avaient pas l’aire d’être de simples explorateurs surtout le géant derrière. C’était un soldat ou un psychopathe, voire les deux.
  • Exactement. Et vous êtes ?
  • Vous tenez à ce que je me présente sans faire de même ? - demanda Bender
  • L’avantage d’avoir la plus grosse - répondit Cid en retour
  • Hmpf ! Jonathan Bender et son unité – les mots sortirent de sa bouche dangereusement - “Merde !” - se dit il. S'identifier avec son pseudo nom n'était pas son intention première. Heureusement qu'il avait eut le temps de se rendre compte de ce qu'il voulait dire, et de contourner sa pulsion étrange de dire la vérité.
  • Jonathan Bender ? Enchantée - dit Dalanda en lui tendant la main.
  • "Qu'est ce que ?" - pensa le sergent en sentant un faux sourire derrière le casque - "Qu'est ce qui s'est passé bordel ?"
  • Tu as l'habitude de faire attendre les femmes ? Ou je dois lever la main à ta place ? - demanda Cid sur un ton tranchant
  • Enchanté madame l'exploratrice - répondit Bender en lui serrant la main, la mâchoire serrée.
Cid leva la tête et maintenu son menton à l'aide de index plié, tout en ayant les bras croisés.
  • Jonathan Bender hein ? La voix m’est bizarrement familière - dit-il pensif.
  • Possible, je n'ai pas la prétention d'avoir une voix unique - répliqua Bender
  • Effectivement - confirma Dalanda, ni le nom, ni la voix n’avaient aucune résonance à son esprit et la discussion ne menait nulle part - Nous sommes à la recherche d’un objet bien spécifique et nous ne repartirons pas sans lui - affirma la jeune femme sur un ton qui ne laissait aucune place au doute.
  • Il n’y a rien sur ce caillou gelé – répliqua Jess ce qui lui valut un regard foudroyant de Bender qui reprit.

  • Comme mon camarade vient de dire ça m’étonnerait que vous trouviez quoi que ce soit ici. Et de toute façon, tout objet sur cette planète est la propriété de notre contractant.
  • Donc il y a bien une personne qui finance vos activités ici ? Sur ce caillou gelé ? – reprit-elle les mots de celui qui les avait interrompus.
  • Allez savoir, il existe des personnes qui ont de l’argent à jeter par la fenêtre – répondit Bender
  • Oui je le sais, c’est quelque chose qu’on a du mal à s’arrêter de faire – répondit Dalanda sur un ton de plaisanterie et de cynisme - Nous recherchons une relique de Zératoushtra.
  • Hey… - voulu l’interrompre Cid mais elle lui fit signe que c’était ok. Il ne comprenait pas l’utilité de tous ces discours. Si besoin il pouvait extirper les informations nécessaires, il savait se montrer persuasifs quand nécessaire. Et au pire il y avait la torture, et il n'était pas manchot dans cette discipline. Pourquoi discuter et perdre du temps ?

  • Je disais, nous recherchons une relique de Zératoushtra. Ce nom vous ai familier n’est-ce pas ? – Bender ne répondit, c’est Raby qui brisa le silence.
  • C’est le dieu des neohumains, des fanatiques qui ont choisi de renoncer à leur humanité en préférant la voie ultime du métal.
  • Même si la vérité est quelque peu différente c’est un excellent résumé. Mais revenons-en à ce qui nous intéresse, cette relique est un objet que je peux me permettre de qualifier d’unique et particulièrement dangereux, on les appelle aussi Ulwazi, toujours rien ?
Tout le monde se regarda, un peu bête, mais personne ne semblait savoir de quoi elle parlait.

  • C’est une plaisanterie ? - demanda Jess - Tout le monde sait que Zératoushtra est une invention de ces débiles, alors qu’il existe une relique quelconque... Je ne veux pas dire mais…
  • Ecoute nabo, si on te dit qu’on cherche quelque chose c’est que cette chose existe - répondit Cid alors que son ouïe percevait des battements de cœurs accélérés - "Ho ? bingo ? Kruu rru rru"
Pour l'ensemble des mercenaires, ou presque, il n’y avait absolument aucune preuve de l'existence de Zératoushtra. C'était une chimère dépeinte par d'ardents adorateurs d'idoles de métal. Sean fit même un signe que Dalanda était complètement folle ce qui fit rigoler quelques-uns d’entre eux mais elle n’y prêta aucune attention.
  • C’est bien ce que je pensais, mais bon… même un pourcentage proche de zéro est une chance à saisir pas vrai ? – dit la jeune femme en regardant Cid qui hocha des épaules. Si ça ne tenait qu’à lui, ils seraient déjà parti sans ces couillons. Cependant son boss avait fait mouche sans le savoir – Bon ce sera tout dans ce cas, nous allons continuer notre petite aventure et vous êtes libres de faire ce que vous voulez.

Elle se releva pour partir mais Cid l’arrêta en lui posant la main sur l'épaule. Ce n'était qu'une question de temps avant que le propriétaire du battement de cœur irrégulier ne se manifeste de lui même. Il n'était pas empathe comme Dalanda mais il savait quand une personne allait céder sous la pression physique, mentale ou émotionnelle.
  • Cet objet, cet artefact, à quel point est-il dangereux ?- demanda le sergent. Ce nom était apparu dans un mail très court de sa fille, il y a de cela quelques jours à peine. Un mail étrange de juste quelques mots mais Ulwazi en faisait parti.
Dalanda regarda son compagnon et même si leur visage était cachée par leur casque, il était clair qu’elle voulait dire: “ah bah tu vois que ça valait le coup”, ce à quoi ce dernier rétorqua en la regardant les bras croisés: “c’est juste un coup de peau, calme toi ma grande”


  • J’en conviens qu’on à un fil de Marianne, c’est bien ça ? – demanda t elle à Cid.
  • Ce n’est pas exactement le principe mais pas mal vu du tout. le concept peut s’appliquer aussi – répondit le félin.
  • Eh bien, comment l'expliquer de manière simple. Hmm, les quelques artefacts précédents ont été retrouvés au milieu de ruines d’anciennes civilisations sans lien les unes avec les autres, mais toutes extrêmement avancées. Alors on peut le voir comme suit : toute civilisation atteint un certain niveau technologique à l’aide de cet artefact et disparais pour une raison inconnue où toute civilisation qui acquiert cet objet finit par disparaître de l’histoire. Mais d’une manière ou d’une autre on ne retrouve que des ruines et encore…

Une sueur froide parcouru le dos de Bender et une image lui revint à l’esprit, celui d’une femme, celui de sa fille.
  • Attendez c’est sérieux cette histoire ? Genre zératoushtra a existé ? - demanda Raby
  • Pourquoi ? Tu voudrais te convertir ? - ricana Sean
  • Qu’il ait existé comme divinité ça je n’en sais rien. Mais il est clair qu’un individu du nom de Zératoushtra ait existé dans le passé. Ce qui est normal…
  • Vous n’arriverez pas à mettre la main sur ce que vous cherchez – la coupa Bender
  • Serg ? – demanda Raby fortement étonnée. Mais elle n’était pas la seule.

Il resta silencieux pendant une minute ou peut être un peu plus, pesant entre son devoir professionnel et son devoir patriarcal, puis finit par trancher.

  • J’ai une fille – commença-t-il. Cid imagina une histoire familiale et décida de l’interrompre, c’était le cadet de ses soucis mais Dalanda lui demanda d’attendre et invita Bender à continuer, ce qu’il aurait sans doute fait de toute façon – Elle est archéologue et c’est à cause d’elle que je suis venu ici, pour... Pour rattraper le temps perdu - dit il en se passant la main sur le visage ou plutôt sur le casque. Puis continua la voix un peu tremblante, tout en se demandant pourquoi il racontait tout ça à des inconnus - Mais cela fait quelques jours que je n’ai aucune nouvelle et je n’arrive à rien… Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais je sais...je sais que vous ne m’avez pas menti. Cependant je ne peux pas vous aider volontairement – répondit-il en se faisant violence. Il était inquiet, très inquiet, l’émotion jaillit en lui comme une vague de chaleur mais il devait prendre en compte le risque pour ses gars qui l’avaient suivi, pour lui, pour elle qui était il ne savait où.

  • Je comprends. Vous verrez par vous-même de toute façon – répondit elle.
  • Je ne vous suis pas - répondit bêtement Bender. Il ne voyait pas du tout ce qu’elle voulait insinuer
  • Nous allons dans la même direction pour l’instant. Notre artefact se trouve peut être avec votre fille. Du moins c'est la meilleure piste pour l'instant pas vrai ? - demanda la jeune femme à Cid qui grogna en haussant des épaules. Cette rencontre apparaissait un peu trop commode à son goût - alors autant y aller ensemble - dit elle simplement.
  • Vous voulez nous prendre comme otages ? - demanda Bender.
  • Et merde - dit Sean - Je savais que ça allait finir comme ça.
  • Evidemment petit genie - répondit Maki, exaspéré - Tu croyais qu’ils allaient faire quoi d’autres ?
  • Non pas comme otages - les calma Dalanda - comme compagnons de voyage. C'est plus simple comme ça non ? - dit elle sous le regard perplexe et confus des mercenaires.
  • Je ne suis pas sur de comprendre - Bender regarda la femme, puis le géant mais tous les deux semblaient on ne peut plus sérieux. Soit ils étaient naïfs à en pleurer, ou soit ils exhumaient d’une confiance à la limite de la folie. Et il penchait plus pour la deuxième hypothèse - Haha, j’imagine qu’il n’y a pas de mal à ça – rigola nerveusement Bender, c’était une tournure qu’il n’avait pas vu venir mais qui pouvait leur servir. Ils allaient bien baisser leur garde à un moment donné.
  • Dans ce cas ramassez vos armes et tout ce dont vous aurez besoin – ordonna Dalanda.
  • On a droit à nos armes, vraiment ? – demanda Sean qui n’en revenait pas non plus.
  • Bien sûr, on ignore à quel point point le voyage sera long ou dangereux. Alors je ne peux pas garantir votre sécurité tout le long, c'est pourquoi il est préférable que vous soyez armés - expliqua patiemment la jeune femme.
  • Oh, je vois, je vois - répondit Sean en la regardant de manière suspecte. Ça n'avait aucun sens, leur comportement était trop bizarre, et le pire était qu'il commençait à se sentir stupide de douter ainsi de leurs motivations.

  • Vous ne pourrez pas vous infiltrez vous le savez non ? Les systèmes de sécurité sont trop poussés pour pouvoir être hackés mais même si vous réussissez chaque laboratoire est sous la responsabilité d’un lieutenant des White Owls et de sa troupe de spécialistes - leur dit Bender. Il ne comprenait pas leur plan, et il n’aimait pas ne pas comprendre.
  • Heh Onajimi no – se murmura Cid
  • Hmm ? - lui demanda Dalanda
  • Non rien.
  • Donc je dois comprendre qu’il y’en plusieurs ? – demanda t elle en retournant son attention sur sa conversation avec Bender.
  • A ma connaissance il y a 3 laboratoires archéologiques souterrains, dont deux qui sont tous interconnectés via un réseau de rails - répondit Bender en se mordant les lèvres tout de suite derrière
  • “Putain, qu’est ce qui se passe ?” - se dit il. Il n’avait pas à leur donner cette information, il ne voulait pas leur donner cette information, ou le voulait il ? Il ne savait plus lui même.



Blabla de l'auteur
Hello et bienvenue, chers lecteurs. Je ne vais pas vous retenir longtemps.
Juste pour dire qui si jamais vous avez des questions suggestions, etc... n'hésitez pas à laisser un commentaire, ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com

Si jamais mon style vous intéresse, dans mes pages journalières je parle aussi de tout et n'importe quoi. Faites y un saut et faites vous votre propre opinion.

Sur ce je vous laisse ! Merci de me lire !! Vous êtes formidables !! Tchuss et peut être à demain !!! Portez vous bien et prenez soin de vous !!!!

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