Avant qu'il ne puisse répondre, Jonathan vit le visage de son interlocuteur se décomposer sous ses yeux. Dimitriou essayait également d'avancer, d'oublier même. Pour ne pas être un poids ? Ou parcequ'il n'avait pas envie de se sentir aussi mal ? Parcequ'il n'avait pas le temps de faire son deuil ? Pour plusieurs raisons, et même sans sa participation volontaire, l'image d'Andréï avait commencée à être refermée derrière un rideau par son subconscient.
Le cerveau a horreur de la souffrance, et est prêt à trouver n'importe quel moyen pour s'en débarrasser. A moins d'avoir une constitution différente, ou même de l’appétence naturelle pour la douleur. C'est pourquoi, le cerveau de Choki avait commencé à dissocier Andréï de la réalité. Malgré le fait qu'il venait de manipuler son ordinateur, ou même qu'il évoquait lui même le nom de son ami, ce dernier son demeurait loin dans ses souvenirs. L'urgence également faisait qu'il n'avait pas le temps de réfléchir, de se remémorer des choses. Il devait trouver une solution pour sauver la vie de Dalanda qui perdait du sang, malgré l'amputation chirurgicale.
Mais une fois qu'il eut fini, qu'il eut la satisfaction d'avoir réussi, la question de Bender força les souvenirs que son cerveau essayait d'enfouir à émerger clairement. Et avec ceux-ci, vint le choc issu de la compréhension du fait que son ami était à jamais parti. Vivre, voir, comprendre, accepter sont des choses différentes les unes des autres...
● Oui… - répondit Choki en baissant les yeux au sol.
● Désolé j’ai demandé sans réfléchir - s'excusa le sergent en voyant la peine qu'il venait de créer, juste pour échapper à la sienne. En voyant ce qu'il venait de faire, il se senti comme une merde. Le jeuno ne méritait pas ça - Je n'aime pas trop parler de ma femme alors je change souvent de sujet - expliqua-t-il en faisant tomber la cendre de sa cigarette
● Je comprends - répondit Choki, mais à la manière dont il avait répondu il était clair que son esprit était ailleurs. Là bas, dans les souvenirs qu'il commença à évoquer - Je connaissais Andréï depuis toujours. On s’était connu au primaire, on aimait les mêmes dessins animés, en parlait des heures de O-gate heroes
● Hmpf - sourit involontairement Bender en se rappelant sa petite, faisant des poses idiotes devant la télé.
● On aimait aussi la même musique, et malheureusement les mêmes femmes aussi - sourit Choki comme une machine. La chaleur de sa vision était contrebalancée par la froideur de sa perte, alors même la joie avait du mal à s'exprimer - On nous appelait les faux jumeaux. C’est peut être pour ça qu’on ne s’est jamais quitté depuis – dit-il en se tournant vers le bureau. Un signe qu'il voulait que cela en reste là, qu'il n'avait pas envie de plonger plus profond, cela faisait trop mal. Mais Bender, la cigarette en bouche fixait le plafond, c'est pourquoi ce indice lui échappa complètement.
● Vous m’avez l’air de bons gars. Qu’est-ce qui vous a pris de vous retrouver dans ce merdier ? – demanda-t-il en prenant une grosse bouffée comme s’il fumait la dernière cigarette de sa vie.
● ... - même si Choki ne voulait pas continuer à parler d'Andréï, cela ne voulait pas dire qu'il pouvait s'empêcher de le faire. Ce trait dénotait sa nature profonde apeurée de dire non, apeurée de déplaire ainsi que sa capacité à faire même ce qui ne lui plaisait pas pour contenter. Un aspect de lui qui restait caché tant qu'il était à proximité de Miliovski. C'est pourquoi il fini par répondre, parcequ'il n'avait pas envie d'être rejeté par Bender et de se retrouver seul dans ce cauchemar. Une peur injustifiée mais qui pour lui avait tout son sens.
● On ne savait rien de ce qu’ils voulaient. Ils sont venus voir Andreï alors qu’il finissait sa thèse sur la régénération cellulaire. Il soutenait qu'il était possible de maintenir des tissus en vie sans avoir besoin de les remplacer. Plus besoin d'organes artificielles, plus besoin de traitement de "renouvellement" en cliniques et ce , théoriquement, pour l'éternité. Bien sur ses recherches n'étaient qu'à ses débuts et dans la pratique c'était complètement du charlatanisme. Alors il échoua sa thèse, et puis il a commencé à déprimer. Personne ne voulait l'écouter, surtout pas ceux qui profitaient de ce marché de pièces détachées.
● Laisse moi deviner. Un jour, un représentant des Black owls est venu vous voir avec des promesses plein les poches ? - demanda Jonathan en expulsant fortement la fumée vers le plafond.
● C'est ça - confirma Choki - Ils étaient intéressés par son travail. C’était la première fois que quelqu’un voulait bien l’écouter alors il était super content. Mais il n’avait pas envie de travailler pour des corporations. "La technologie aux mains des individus et non pour le pouvoir des sociétés", c’était son ambition. Andréï avait des réserves sur la réelle motivation des black owls, c’est moi qui l’ait poussé à le faire… - raconta Choki, la voix tremblante - J'avais regarder sur internet et le corps des Owls avait une excellente réputation. Je n'ai pas réfléchi plus loin que ça alors je lui avait dit que c’était la chance de sa vie, qu’il allait accomplir de grandes choses mais ce n’est pas ce que je pensais. STUPIDE ! - explosa Dimitriou en se levant et jetant la chaise du côté opposé de la pièce.
Bender le regarda sans bouger, il comprenait ce que l'informaticien devait ressentir. Alors il attendit simplement qu'il se calme, tout en étant prêt à intervenir si jamais Choki essayait de toucher à l'ordinateur d'Andréï. Tant que Dalanda était dans cette cuve, il était plus prudent que rien n'arrive à la machine de commande.
Il fallut plusieurs minutes pour que Dimitriou puisse se calmer un peu, il marchait de gauche à droite comme un tigre en cage. Cependant sa colère était dirigée contre lui même, alors à part s'en prendre à des meubles, l'autre solution était de se faire du mal à lui. Mais là...
Une fois le contrôle reprit sur ses nerfs, Choki alla chercher une autre chaise et s'assit de nouveau à moitié, pour ne pas la briser sous le poids de l'armure. Et puis il continua son histoire, il avait encore quelques mots à dire. Cette fois non pour contenter, mais pour exorciser ce qui lui pesait sur la conscience.
● La chose la plus importante que j’avais faite de ma vie était d’obtenir mon diplôme. Mes parents étaient fous de joie: "diplômé d’Arhmbourg, le monde était à mes pieds" m’avaient ils dits. "Wouah, tu peux être embauché n’importe où"… Mais ce n’est pas ce que je voulais. Je voulais me sentir utile, participer à quelque chose de grand alors quand Andréï m’a raconté que ces gens avaient les mêmes ambitions, qu’ils avaient de grands projets pour aider l’humanité je n’ai pas réfléchi. Je voulais en être, je voulais me regarder dans la glace avec fierté alors j’ai réussi à convaincre Andreï. J’ai réussi à le convaincre comme ça - dit Choki le regard vide - Le monde est vraiment un endroit triste dans lequel Arhmbourg ne veut rien dire. J’avais une bourse, un bon diplôme, mais pas le plus important, je n’avais aucun piston. Alors la proposition de boulot d’Andréï était également ma seule chance d'avoir un bon boulot et voilà, il en est mort – dit-il en craquant, les larmes coulèrent le long de ses joues.
● Je vois… – murmura Bender.
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs ! Bon début de semaine à vous !
Texte time !
Alors voici grosso modo l'histoire de nos deux amis. Bien sur je peux creuser plus, mais je me suis dit que pour ne pas alourdir, pour l'instant c'est suffisant.
Si je me trompe, vous savez quoi faire comme d'habitude. Commentaires, etc...
Malheureusement je dois vous quitter assez tôt aujourd'hui. J'ai une ville à créer et sacrebleu c'est coton à chaque fois. Sans parler du tissage de la trame narrative.
Bref, excusez moi mais bon je me dis ça vous fera reposer les yeux ;)
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!!
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