Désormais, n'ayant plus de raisons de demeurer à cet endroit. Le petit groupe prit la porte prudemment. Jonathan sorti la tête en premier pour voir s'il n'y avait rien de chaque côté et que la voie était libre. En présence d'ennemis invisibles, de caméras de sécurités imperceptibles à l’œil nu, et d'une créature qui semblait ne prêter aucune attention à la solidité des murs... Ce geste pouvait sembler inutile, mais psychologiquement il avait son petit effet rassurant.
Le sergent sorti en premier en faisant signe aux autres de suivre. Eiling sorti la tête juste après en faisant de même . Elle regarda de chaque côté en projetant ses mains invisibles et effectivement elle ne perçut rien. Cependant cela ne garantissait pas une absence totale de présence. Entre les cyborgs et les individus comme cette spécialiste qui l'avait prise par surprise et Akiro, son don ne pouvait servir de radar valable. Le manque de retour pour la fatigue occasionnée ne justifiait pas, à ses yeux, le fait de garder ses sens en éveil permanent.
Les autres suivirent juste derrière en essayant de faire le moins de bruit possible, surtout Choki qui avait même peur de respirer trop fort. Le pauvre s'était peut être arrêté de pleurer, et essayait sincèrement de ne pas être un poids, de ne pas tout gâcher, de ne pas empirer une situation qui était déjà désespérée... Et cette responsabilité placée sur ses épaules lui retournait l'estomac. Mais il devait endurer cette réalité révélée jusqu'au bout même si c'était dur, même si c'était un mensonge. Il voulait se cramponner à la possibilité de survie de toutes ses forces, quitte à occulter le reste. Faible et tremblotant comme un feuille, s'enlaçant de ses bras pour se conforter dans sa solitude; L'informaticien essayait de suivre. Silencieux, il leur en voulait pour leur courage, leur détermination et leur inimitié.
Dalanda et Bender avaient pris la tête du groupe comme convenu. Ils étaient responsables de la sécurité de chacun. Leurs décisions devaient être précises, rapides et justes à tout moment au risque de se retrouver soit entre les crocs de la bête, gelés par les mystérieuses créatures du projet Fenrir, ou encore criblés de balles. Tenir la vie des autres entre les mains était une responsabilité à laquelle ils étaient tous les deux familiers. Des millions d'employés d'un côté, des milliards de soldats de l'autre, chacun d'entre eux savait pertinemment à quel point la tâche devenait exponentiellement complexe une fois qu'une autre vie était placée dans la balance ou au contraire simplifiée par la surabondance numérique.
Alors qu’ils avançaient, le silence était comme un voile épais qui laissait passer quelques sons inquiétants. A plusieurs reprises ils s’arrêtèrent sans un mot, sans respirer, cherchant d'où le bruit pouvait bien venir. Les murs, le sol, tout semblait être animé, comme si quelque chose y bougeait et les suivait. Le stress commençait à être tel que leurs sens sur-tendus percevaient des choses qui n’étaient pas là, les ombres devenaient des choses effroyables et difformes et le léger bruit fourni par les systèmes d’aérations ressemblait à un sifflement malsain. Quand ils entrevirent la porte menant à la zone de maintenance derrière les murs, Dalanda ne savait pas si elle devait être soulagée ou frustrée d’avoir perdu autant d’énergie pour ainsi dire du “vent” mais elle ne baissa pas sa garde pour autant en partant du principe que le pire arrivait justement dans ce genre de situation.
L’accès mena directement vers une sorte de petite pièce, assez étroite avec un trou au milieu et deux échelles, une qui montait l’autre qui descendait, ainsi que deux portes respectivement sur la gauche et la droite. Celle ci menaient vers les voies de câblages électriques contournant l’installation dans son intégralité. Cependant, malgré les apparences, ils n'étaient pas seuls dans cet endroit. Loin de là.
Des centaines de petits robots arachnoïdes bougeaient sans arrêt tout autour, disparaissant dans leurs minuscules tunnels. Dalanda reconnu tout de suite ces petites merveilles modèle « Aracha hlp 5 » et elle reconnut même un « happy face ». Comme tous les autres il avait quatre pattes mobiles ajustables et quatre pattes montées sur leur abdomen doté d’outils de réparation que les machines pouvaient changer à loisir. L’abdomen jouant également le rôle de compartiment de stockage modéré, mais par contre il avait une particularité du design qui était son visage smiley. Une idée du département marketing qui lui avait donné des retours déplaisants. Croisé une de ces petites choses avec un sourire lumineux dans le noir pouvait donner des frissons.
Autant elle fut ravie de voir que ses inventions étaient utilisées même dans un endroit reculé comme Meliacor, autant elle était furieuse de savoir qu'elles étaient utilisées pour maintenir en état un complexe qui s'amusait à réaliser des expérimentations dégueulasses. Là ce Morel était allé trop loin !
- Essayez de ne rien toucher pendant la descente – les prévint Akiro – Il y a déjà eu quelques accidents.
- Non ce n’est pas possible – répliqua Dalanda – pas avec ces petits bébés dans le coin.
- Et pourquoi donc ? - interrogea Jonathan un peu surpris de cet excès de confiance
- Parce que mes usines ne produisent que des produits de qualité - expliqua Eiling simplement
- Ah !? C’est vous qui fabriquez ces petites saloperies ? Je comprends mieux
- Déjà ce ne sont pas des saloperies - répliqua sèchement Eiling - et oui je les fabrique entre autres choses.
- Je regrette, mais ces machins sont des saloperies. J'en ai déjà vu qui servaient à espionner, ici même sur Meliacor - dit Bender en se rappelant de ce Maki avait découvert - je suggère qu'on fiche le camp d'ici
- Cela m‘étonnerait. Ils sont équilibrés au point où toute modification les rendrait inutilisables. Ils ont juste ce qu’il faut pour opérer comme il faut - répondit Dalanda
- Hmm, je ne sais pas pour vos jouets ...
- Comment ça des jouets ?
- ... Mais je sais ce qu'on a vu
- Et comment vous savez que vous étiez espionnez ?
- Comment ça ? - demanda Bender. C'était évident, il n'y avait rien à expliquer.
- Ce n'est pas que votre débat m'ennui mais je me dois de vous arrêter avant de continuer. Comme je l'ai dit il y a déjà eut des accidents. Alors il serait dommage de vous faire électrocuter sur une inattention due à un énervement. Et puis si ces outils étaient utilisées pour espionner, nous aurions été découverts il y a fort longtemps. Morel n’aime pas les cachotteries – répondit Akiro en descendant l’échelle de manière à ne rien toucher autour. Les murs n’étaient pas visiblement en mauvais état, mais en partant attention on pouvait voir quelque petites étincelles et des bouts de câbles fendus - De toute façon, la grande majorité des arachnotrons de ce secteur ont été quelque peu trafiqués
- Pourquoi faire ça ? – demanda Dalanda en suivant Akiro dans sa descente. Elle n'avait pas aimé ce qu'elle a entendu mais au vu des circonstances essayait de rester calme.
- Plus il y a de problèmes et moins il y a d’attention sur nous – dit-il simplement – c’était un plan sur le long terme, malheureusement il ne sera d’aucune utilité aujourd’hui.
- Je ne suis pas sur de comprendre. L’attention aurait été tournée vers les multiples défaillances, ce qui aurait augmenté les chances que votre cachette soit découverte n'est ce pas ? – demanda Bender
- Pas forcément – s’exprima Dalanda pensive.
- Le but était de créer suffisamment de problèmes pour que la personne s’occupant de cette zone soit jugée incompétente et qu’on puisse placer quelqu’un de confiance pour nous permettre d’opérer les ajustements nécessaires.
- Je vois – répondit Bender en imaginant ce qui était arrivé à cette personne incompétente sous le management de ce préférum.
- Et comment vous les avez trafiqué ? Comment vous avez fait ? - demanda Dalanda qui estimait si ou ou non elle allait fixer cette défaillance dans le futur.
- Je n'en sais rien. Pour le savoir vous devriez demander à Dimitriou - répondit Akiro
- Et c'est qui ce Dimitriou ? - demanda la jeune femme
- C'est moi - entendit elle la réponse venant de plus haut - C'est mon nom de famille
- Choki Dimitriou ? - s'étonna Bender.
- Oui c'est ça - confirma ce dernier - je pensais vous l'avoir dit.
- Ce n'est pas un n...
- On s'en fiche de ça - le coupa Eiling - C'est vous qui avez trafiquer mes machines ?
- Euh oui, mais ce n'est pas moi qui en ait eut l'idée
- Là il a raison. C'est moi qui lui ai demandé, alors si vous voulez porter plainte...
- Quoi ? Non. Je veux juste savoir comment il a fait
- Et vous pensez que là c'est le bon moment d'en parler ? - demanda Jonathan
- Et quand est ce que ce serait le bon moment ? - répliqua Eiling
- Je ne sais pas ! Mais là je préfère clairement le silence à votre conversation qui part en écho dans tous les sens !
- ... Ok, ok. On en discutera plus tard alors.
- Merci ! - fit le sergent soulagé. Manquerait plus que le bras de la créature apparaisse soudainement pour saisir l'un d'entre eux. Il n'était pas mentalement prêt pour vivre un truc comme ça.
- Par contre ...
- Dalanda s'il vous plait on peut ne plus parler ?
- ... Ecoutez un peu avant de m’interrompre ! Alors je ne sais pas trop comment ça peut nous être utile mais au besoin j’ai les codes maîtres pour transformer ces petites merveilles en véritables petits diables.
- Ça existe ce genre de truc ? – questionna le sergent.
- J’aime avoir un certain degré de contrôle sur mes créations, dans le cas où elles ne sont pas utilisées comme elles le devraient.
- Oh je vois. C’est complètement tordu si vous voulez mon avis - affirma Jonatha
- Ce n’est pas tordu, c’est responsable – rétorqua Eiling – Là on a eut de la chance mais si des personnes mal intentionnées trafiquent mes inventions, au moins je ne serai pas démunie.
- C'est noté - répondit Akiro
- Effectivement cela ouvre pas mal de possibilités - ajouta Jonathan - Et vous pouvez leur donner des tâches spécifiques ?
- On en discutera tout à l'heure. C'est vrai qu'avec cet écho ce n'est pas prudent de converser - le nargua-t-elle
- Hmpf !
- Choki c’est sur la gauche après ? – demanda Akiro en enjambant le petit gouffre qui continuait à descendre bien plus bas avec l'échelle. Ils étaient enfin arrivé au B6 – j’ai un trou de mémoire.
- A droite sur 30 mètres c’est…
- Derrière le panneau oui merci cela me revient. Suivez-moi – leur dit Akiro en les guidant dans un couloir extrêmement étroit recouvert de fils électriques fixés contre les murs donnant l'impression d’observer des milliards de vers . Au bout de la distance spécifiée ils se retrouvèrent serrés devant une paroi qui ne se différenciait en rien des autres. Cependant après qu’Akiro ait donné une légère tape du coude dans le mur derrière lui une petite console descendit du plafond. Il y entra INKUNYAL, et la paroi du mur s’écarta les laissant pénétrer dans un petit couloir en pierre qui déboucha sur une cavité de petite taille pouvant rassembler une vingtaine de personnes au grand maximum
Cette petite grotte ressemblait à un grenier rempli de "et si !": Et si j'en avais besoin un jour. Il y a avait pratiquement tout et n'importe quoi posé sur le sol et les quelques étagères présentes. De la nourriture en conserve, deux plantes, un moteur électrique, des cartons de vêtements, quelques bocaux de neige... Cependant, malgré le bordel ambiant, le regard était rapidement centré sur la plateforme d’assemblage archaïque qui prenait à elle seule la moitié de la pièce.
L’engin était énorme et équipé de trois bras mécaniques chemisés de renforcement hydrauliques, capables de supporter ainsi des poids allant jusqu’à 30 tonnes sans perdre en précision. Les multiples appendices en terminaisons de ces bras rendait la machine vraiment polyvalente, capable de travail en force tout comme en délicatesse. Un bas de gamme intéressant pour construire des armures.
- Seigneur – souffla Dalanda- comment vous avez fait pour descendre ce machin ici – demanda-t-elle.
- Un travail de longue haleine, au jour le jour, durant des années – répondit Akiro – Comme tout ici, elle a été assemblée pièce par pièce. Mais c’est loin d’être fini.
- Vous comptiez vous échapper dans un siècle ou deux ? – demanda Bender ce qui fit sourire Akiro pendant un instant.
- Au rythme où avance le projet Fenrir, on en avait encore pour six voire sept ans avant de devenir obsolètes et que les décisionnaires ne demandent à effacer les traces.
- Je n’arrive toujours pas à y croire. C’est de la folie – se dit Bender à voix haute. Une telle possibilité était juste inconcevable malgré que cela soit un fait.
- Dès l’instant où le premier homme a vu le jour, la folie est devenue une force motrice de ce monde – répondit Akiro en se dirigeant vers les armures posées dans un coin.
- « Ce type à besoin de s’éclaircir les idées » - pensa Bender, c’était une idée bien trop noire à son goût. Cela voudrait dire qu’il n’y a pas d’espoir ? Aucune chance qu’il ne soit d’accord avec ce raisonnement – « Nan c’est de la philo de merde ça » - pensa le sergent. Pourtant il y avait une simple réalité de ce monde, une réalité ancestrale de la valeur d'un bien. Plus un objet est commun et moins il a psychologiquement et donc effectivement. La loi de l'offre et de la demande. Alors dans cet univers à plus 100 milliards d'humains dispersés aux quatre coins de la galaxie, était ce si inconcevable qu'une perte de quelques milliers de vies soit considérée comme dérisoire ?
- Voilà nos créations- présenta Nokuza - Elles sont loin d’être approuvables par les conventions en cours mais elles sont une copie conforme en apparence à celle des owls. Il n’y a en a que cinq parce que la fabrication a été ralentie au possible pour ne pas que la consommation d’énergie ait alerté Juvianne et Morel – expliqua-t-il ensuite
- Oh…ok - répondit Bender en trouvant cela dommage. Ils étaient pile cinq quelques heures auparavant. Il jeta un regard à Choki qui avait la tête baissée et les bras ballants, les pensées vides. Il avait vu la dépression s'installer des milliers de fois auparavant, alors il savait très bien comme le petit informaticien risquait de finir. Malheureusement il n'avait jamais apprit à trouver les mots. Il y avait une guerre sans merci à gagner et chaque seconde de perdue était une vie perdue quelque part. Ce n'était pas son boulot de réconforter le moral et puis il y avait déjà une personne qui avait remarqué l'état de Dimitriou - Alors dites-moi qu’est ce qui ne marche pas ? – demanda Bender soulagé de voir Dalanda en action.
- Je pense qu’on irait beaucoup plus vite en listant ce qui marche - sourit maladroitement Akiro
- Dans ce cas je vous écoute. Dites moi tout - soupira Bender ce qui lui valu un regard pénétrant qui rappela au servent ses entrevues avec Morel. Et inconsciemment il détourna les yeux pour les fixer sur un point du mur.
- Elles peuvent avancer - répondit Akiro
- Et ? - demanda Bender en recentrant ses yeux, attendant la suite qui ne venait pas.
- C’est tout, elles peuvent avancer - confirma l'ingénieur.
- Vous vous foutez de moi ! - laissa échapper Jonathan dont les attentes venaient de faire une descente en piquée.
- Non, pourquoi je le ferai ? - interrogea Nokuza
- Oui bien sur, pourquoi vous le feriez ? - se demanda Bender - Il n’y a donc pas de codes d’identifications ?
- Non, obtenir les autorisations est quasiment impossible. Elles doivent passer par Morel, sans exceptions.
- Merde ! Ok... Et les systèmes de survie ?
- Pas encore montés. Les construire est assez compliqué
- Pourquoi ne pas en voler ? Cinq exemplaires perdus ce n'est pas grand chose - demanda le sergent. Il ne voyait pas où était la difficulté. Ils avaient bien monter la machine d'assemblage alors pourquoi pas le reste ? Et c'est là qu'il eut une épiphanie - oh ! - fit il
- Cela a prit du temps mais au moins vous l'avez compris par vous même, c'est bien - répondit Akiro - Le temps nous a obligé à faire des choix drastiques tout simplement - Ils devaient créer toute une logistique autour d'une seule pièce à transporter. Ils devaient coordonner les emplois du temps, créer des alibis, quelques fois des obtentions d'accréditations étaient nécessaires pour sortir certaines pièces à copier... Des choix devaient être fait pour ce travail de longue haleine.
- Je sais, je sais. Quel est l'état des servomoteurs ?
- Vous pouvez courir si vous voulez mais il n’y a aura pas d’amélioration des performances physiques. N'ayant pas accès au matériel homologué, et ayant prévu plus de temps, c'est tout ce que nous pouvons proposer. J’espère que vous comprenez – leur dit Akiro.
- Je peux y jeter un coup d’œil ? – demanda Dalanda qui venait de finir de discuter avec Choki - Je peux peut être faire quelque chose. Il y a de la nanopate dans le coin et un terminal quelconque ?
- C’est possible, je n’ai pas l’inventaire en tête mais je ne vois pas ce que vous voulez en faire.
- Venez avec moi j’aurai besoin d’un coup de main – dit-elle en le tirant par la main.
Ne sachant pas trop ou se mettre, abandonné si soudainement, Bender se retrouva à côté de Choki qui était recroquevillé dans un coin. Il avait déjà vu ça durant la guerre, lorsque les personnes avaient perdues espoir où qu’elles étaient dans un état de choc intense et que le cerveau ne savait pas par où commencer pour traiter l’information, comme qui dirait il avait buggé. Ces personnes se laissaient juste tomber, leur parler était extrêmement compliqué, ils n’étaient plus là, comme éteints. Qu'est ce qu'il pouvait dire ? Qu'est ce qu'il pouvait faire ? Avait il besoin de dire quoi que ce soit ? Ou de faire quoi que ce soit ? Mais rester assit à côté de cette épave humaine sans rien faire était étrange. Avant il avait l'excuse de ne pas avoir le temps, d'avoir des responsabilités plus importantes. Mais là, visiblement personne n'avait besoin de lui, ou du moins presque personne.
- Hey ça va aller, on va s’en sortir – essaya-t-il de réconforter Choki.
- Non, il n’y a pas d’échappatoires - répondit ce dernier
- "Eh bein ça ne va pas être simple cette histoire" - pensa le sergent en se demandant s'il voulait vraiment continuer à essayer.
- Il y a toujours une échappatoire. Même si tu pense que la situation est la pire possible, il y a toujours un moyen de s'en sortir. Ce qui te fais penser que c'est fini, est uniquement du à l'abandon. Tu as baissé les bras parceque tu as été submergé par le désespoir. Je suis aussi passé par là, plusieurs fois d'ailleurs - commença à raconter Bender en fouillant ses poches en recherche d'une cigarette; évidemment il n'y en avait aucune. Se rappeler de ses mauvais souvenirs sans son déstressant psychologique était désagréable.
- C’est vrai ? – demanda Choki dont les yeux commençaient à briller un petit peu. Il y avait encore des miettes d'espoir quelque part dans sa conscience, des miettes qu'il voulait chérir comme des diamants. Cependant la réalité jusque là a été sans pitié concernant ses aspirations.
- Ouais durant la guerre contre les kiss. C'était une période plus simple je trouve. J'ai servi comme...comme officier sur le "Statosc" - affirma Jonathan en regardant la réaction de Demitriou mais ce dernier ne sembla pas impressionné du tout. Pourtant c'était Le vaisseau mère historique - "Ah peu importe" - pensa t il ensuite un peu vexé avant de continuer - Alors j'ai participé aux plus gros conflits. J'ai vu des planètes être dévorées comme un champ de blé envahi par des nuées de sauterelles. J'ai vu des division entière de croiseurs exploser illuminant l'obscurité de l'espace comme des mini soleils. Personne n'avait d'espoir, du moins moi je n'en avais pas. Je faisais mon travail de mon mieux en essayant de retarder l'inévitable même un jour de plus. Et pourtant, on a fini par gagner ! - conclu le sergent avec un sourire triste. Ses yeux étaient ailleurs, dans le passé, dans ses souvenirs enfouis...
- Nous n'avons rien gagné du tout – murmura Choki en réponse.
- Qu’est-ce que tu racontes petit ? - demanda Bender qui ne comprenait pas ce qui leur passait par la tête. Il avait déjà entendu une insinuation de la part d'Akiro, et là celui-ci s'y mettait aussi !
- Il en reste encore – annonça l'informaticien - Il en reste beaucoup d’autres
- « Beaucoup d’autres ? Le choc a été bien violent on dirait » – Bender était sur le point de le considérer comme complètement fou et irrécupérable. Le désir de continuer à converser fondit comme neige au soleil, alors il s’écarta légèrement en se voulant subtil, cependant le regard anéanti de Dimitriou le suivit pendant quelques instants avant de se fixer sur le sol; résolu à croire ou peut être à voir que ses miettes d'espoir n'étaient que du charbon après tout.
Un fois la distance jugée suffisante, Jonathan s'adossa contre le mur, il sentait un petite douleur pendant qu'il était assit. La chaise tortionnaire lui avait laissé un petit cadeau hémorroïdal. Il scruta Dalanda et Akiro faire leurs trucs et tapoter sur des touches en espérant qu’ils terminent le plus vite possible. Mais n'y comprenant rien, il décida de laisser son esprit voguer au milieu de ses innombrables pensées, sans but apparent. Mais l'image qui lui revenait fréquemment était celui de sa fille. Son unique gamine qui l'aimait plus que tout au monde. Elle courait et riait dans leur ancien appartement, essayant d’échapper aux grosses vilaines main qui essayaient de l’attraper, quel âge elle devait avoir dans ce souvenir ? 3, 4 ans ? Le sergent ne pouvait s'en rappeler et il en ressenti une certaine honte. La petit fille avait bien grandit depuis, malheureusement à cause de son boulot il ne l’avait vue qu’à travers des écrans, entre deux batailles. Apparemment la survie de l’humanité n’avait pas été une excuse suffisante pour lui pardonner son absence... Surement à cause de sa mère !
Mais avant que son esprit se transforme en une mine à obscénité il regarda à nouveau Dalanda et Akiro. A son habitude elle gesticulait grandement et souriait en indiquant des trucs dans la jambe de l’armure, Akiro approuvait en hochant de la tête et lui expliquait des détails. Elle connecta ensuite un petit ordinateur à la nano pâte via un câble et se mit à tapoter sur les touches par intermittence. Il y avait une réaction qui se produisait dans la pâte, elle semblait par moment changer légèrement de forme avant de revenir à son état initial.
- « Qu’est-ce que ? » - c’était la première fois qu’il voyait une chose pareille – Qu’est-ce que vous faites ? – demanda-t-il intrigué.
- Hmm ? Ah ça ? - demanda Eiling innocemment - Hé hé ! J’appelle ça de la nano forge. Je vais utiliser la structure adaptable de la pâte pour forger les éléments dont nous aurons besoin pour les amures, ensuite il ne suffira qu'à ré-assembler le tout pour notre plus grand bonheur - expliqua-t-elle toute contente
- J’avoue que j’ignorai qu’une telle utilisation de cette technologie – dit Akiro en inspectant la nanopate agitée. La substance polymétallique commençait à adopter une consistance liquide, visible sur la couche supérieure de cet amalgame technologique - "Si vieux, et pourtant si ignorant" - pensa l'ingénieur en touchant l'objet sans se soucier de la chaleur qui en émanait. Cette découverte l'avait réellement captivée au point où il en eut un sourire assez étrange, nécessitant une élasticité de la peau particulièrement élevée.
- Je suis tout simplement brillante – rétorqua Dalanda toute fière d'elle. Les nanopates ont une base de données suffisamment large pour se transformer en multitudes de pièces. Mais ces données doivent être incluses dans le mémoire interne sinon cela ne servait à rien. Ce que Dalanda faisait était d’effacer toutes les informations inutiles pour coder la forme nécessaire. Ensuite en stimulant la nanopate, elle la forçait à adopter le design voulu et tada, de la nano forge. La pratique était cependant bien plus complexe que la théorie ne le suggérait et demandait un bon nombre de connaissances qui n’étaient pas à la portée de tout le monde. Il fallait maîtriser une multitudes de programmes différents pour les multiples étapes de la transformation comme bitmap3D qui était utilisé par beaucoup d’entreprise et se trouvait sur plusieurs appareil comme outil par défaut pour le dessin 3d, prowerprint pour l’imprimerie 3D, et bien d'autres. Intégrer toutes ces technologies différentes avec le minimum de matériel était extrêmement complexe.
- Ok, miss brillante. Il y en a pour combien de temps ? - demanda Bender également soulagé. Il avait eut raison de la prendre avec eux, et grâce à elle ils auront de quoi se défendre. Psychologiquement c'était un poids colossal en moins sur les épaules.
- La période de test va être la plus longue. J'aurai besoin de crée quelques programmes supplémentaires, comme le contournement pour la sécurité. Ensuite il faudra interfacer le tout. La forge en elle-même sera rapide puis tout le reste, humm. Quatre à cinq mois avec de la chance
- Quoi ? - réagit Bender
- Mais je n'aurai besoin que de quatre à cinq heures parce que je suis brillante hé hé hé !
Le sergent ressenti un soulagement non négligeable de cette réduction de délais. De plusieurs mois, à quelques heures c'était presque trop beau pour être vrai. Il ignorait si le temps donné était réel ou non, mais il avait compris la manœuvre de la jeune femme. Ce n'était pas de la suffisance... Certes elle état fière de ces capacités et qui ne le serait pas ? Mais ce n'était pas le but de le crier, pas le but premier en tout cas. Elle avait simplement laisser la laisse s'allonger pour éviter d'être ennuyée. Elle aurait pu directement annoncé qu'elle aurait besoin de cinq heures, mais cela n'aurait pas été suffisant. Même Bender savait qu'il allait demander de raccourcir si possible. Mais en passant de plusieurs mois à quelques heures, il devenait même indecent de râler.
- "Hmpf petite maligne. C'est bien mais je ne sais pas si c'est bon " - pensa Jonathan avant de dire - J'avoue que c'est très bien mais à ce rythme il n’y aura plus personne dehors – exprima t il ses craintes. Le fait est que leur temps n'était pas fini. Si la bête l'emportait alors ils allaient devenir les seuls casse croûtes présents. Si les black owls l'emportait alors... Alors c'était peut être la meilleure chose à espérer. Morel aurait moins de gardes avant l'arrivée des renforts probablement coincés en orbite à cause de l'hydre.
- Vous préférez faire face à une armée de Black owls et aux trucs Fenrir et au lézard bizarre qui bouffent tout ce qui bouge avec ces armures-là ? – demanda Dalanda en montrant les carcasses métalliques vides.
- Je disais juste ça comme ça. Il y aura la radio ? – demanda-t-il, ce à quoi la jeune femme répondit par un regard ennuyé. Il alla se rasseoir à sa place avec ses sombres pensées. Son ancienne équipe lui manquait terriblement.
Ils travaillèrent sans interruption, manipulant les différents éléments électroniques et matériels. Lentement les éléments mécaniques de l’armure était incorporés, servo-moteurs, recycleurs, compensateurs, modulateurs, récepteurs… Et au bout de six heures quatre armures étaient prêtes à l’utilisation. Elles n'étaient pas complètes mais pouvaient remplir les tâches basiques. Et en bonus Dalanda avait débloqué la protection sur les fusils d’assauts les rendant opérationnels.
- Ah voilà qui fait plaisir à toucher – s’exprima Jonathan en tenant son arme – Pas dans un sens tordu – dit-il par la suite.
- Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, si vous êtes pro chrome ça vous regarde - répondit Dalanda.
- Je ne suis pas pro chrome, je n’aime pas les machines ok ? - réagit Bender
- Ok, je plaisantai - répondit Eiling sans le penser un seul instant.
- Mouais. Par contre j’ai juste une question, comment on fait pour les couloirs ? – demanda Jonathan. En armure ils étaient plus larges et plus grands, il n’y avait aucune chance qu’ils puissent se faufiler dans les couloirs étroits qui les avaient conduits jusque-là.
- Je crains de ne pas y avoir pensé – répondit Akiro
- Vous êtes sérieux ? - demanda bêtement le sergent en pensant - "c'est pas possible !"
- Bien sur que non monsieur Bender, mais votre question provoquait une réponse stupide.
- Hmpf ! Montrez le chemin ! - grinça des dents Jonathan
- Choki, tu peux montrer le chemin s'il te plait ? - demanda Akiro
- Euh oui, c'est par ici - dit Dimitriou en les guidant plus profondément vers la petite grotte, par delà la machine d'assemblage - Il y a un petit tunnel qui fait le tour et que nous avons prolongé, il nous mènera à l’intersection et à la sortie - expliqua-t-il ensuite
- Bien dans ce cas quelques dernières consignes - commença Bender - Nous devons rester prudents. Les armures n'ont pas de codes d'identification alors il nous devons quand même essayer de rester à l'écart...
- Par rapport à ce détail, si jamais nous nous retrouvons dans une situation épineuse laissez moi gérer. Par contre je suis d'accord sur le fait de garder nos distances. Je n'ai pas réellement envie de faire ce pari - annonça Nokuza
- Ah oui ? - demanda Jonathan un peu bête
- J'ai besoin d'y réfléchir encore, mais je pense pouvoir déminer la situation - répondit l'ingénieur.
- Vous alors - murmura Bender qui ne savait pas trop si il devait être content ou non. Clairement, sans Akiro, la situation aurait été beaucoup plus compliquée. C'était une chance qu'il soit là, et il ne servait à rien de nier cet aspect. Cependant, cette bonne fortune gênait le sergent. Il ne croyait ni en la chance, ni au destin, ni aux miracles, ou du moins il refusait d'y croire. Un décision pleinement consciente pour ne pas perdre pieds. Et c'était peut être la raison pour laquelle il essayait de reprendre le contrôle de la situation, pour ne pas miser sur la chance. Néanmoins, il n'avait pas les capacités suffisantes pour y arriver. Ballotté par les événements, il était victime des circonstances.
- Je vous en prie, continuez votre speech - lui dit Akiro
- "Tssk" - Nous n'existons pas dans leur base de donnée, donc on évite de se mêler aux black owls. Si jamais nous sommes cernés, j'espère que votre explication tiendra la route, sinon nous n'aurons d'autres choix que de nous défendre. Nous devons faire profil bas... Choki, vous pouvez transférer les id ?
- Je ne sais pas, je ne l'ai jamais fait - répondit ce dernier avec hésitation.
- Je pense que c'est possible en théorie, par contre en pratique je ne sais pas - expliqua Dalanda. En théorie, c'était un geste qui se voulait simple: un transfert d'une micro-puce très "micro". Non seulement ce tag est dur à récupérer sans les outils adéquats, mais de plus il est incorporé au cœur du système de l'armure et peut s’effacer si une infraction est détectée. Le but était d'empêcher des vols d'identités qui pouvaient débouchés sur de sérieux problèmes de sécurité: espionnage, assassinat, chevaux de troie... Alors en théorie cela était possible, et même en pratique c'était possible. Cependant, dans leur situation, et sans des doigts de chirurgiens, la tâche allait être à la frontière de l'impossible.
- Bon, on avisera si jamais l'occasion se présente - conclut Jonathan
- Et qu’est ce qui se passe si... si on se retrouve face à ce lézard ? – demanda Choki avec une voix qui trembla en évoquant le monstre.
- Vous courrez sans vous retourner - répondit le sergent
- Et ensuite ?
- J'espère qu'il ne vous aura pas suivi
- Vous comptez réellement faire le leurre ? - demanda Akiro
- Avec de la chance – « beaucoup de chance » - je n'aurai pas à le faire.
- Eh bien dans ce cas je vous souhaite bonne chance par avance – lui souhaita sincèrement Akiro
- Ce n’est pas de refus.
- Seigneur, il faudra un miracle pour qu’on s’en sorte. J’espère que vous en êtes conscients - soupira Dalanda. Elle avait cette impression qu’ils allaient au petit bonheur la chance, comme avec Cid. Quoique dans son cas, sa négligence venait de son excès de confiance, un choix pour éviter de se compliquer la vie. Alors que là, clairement, eux ne le faisaient pas par choix.
- Allez on se bouge - ordonna le sergent. La situation avait échappé à son contrôle au delà de ce qu’il avait pu prévoir. Avant il se serait adapté en moins de deux, avant il pouvait presque prédire le futur, mais c’était avant. Aujourd’hui il était vieux et usé, avec des bouts de métaux dans son cerveau qui n’était plus que l’ombre de lui même.
Choki débloqua l’accès du tunnel caché derrière un positionneur de soudure à moitié construit. Eiling connaissait bien ce genre d'engins, il manquant un des trois côtés en forme de L. La machine en elle devait peser près de trois cent kilos pour une capacité de charge maximale de près de 15 tonnes. Mais, grâce à l'armure, ce tiers de tonne fut poussé par le petit informaticien, non sans efforts.
Dimitriou dévoila un tunnel suffisamment large pour les laisser passer un par un en baissant leurs têtes de hibou et en rentrant un peu les épaules. Ce dernier cercla autour de la grotte et s'arrêta devant un autre mur alors l'information pressa sur la paroi qui s'écarta sur le côté.
Le groupe se retrouva devant l'échelle de service, qu'ils évitèrent de prendre. L'orifice pouvait laisser circuler des humains mais les armures limitaient leur liberté de déplacement. Rien de grave cependant, vu que chaque étage avait une porte de sortie qu'il durent redimensionner un peu pour sortir.
Une fois dehors, Bender commença à chercher les fréquences disponibles autorisées par son matériel, pour avoir l’avantage informatif et la première chose qu’il entendit était des cris.
- On a perdu la cible, je répète ici équipe delta on a perdu la cible ! Equipe de reconnaissance retrouvez sa trace immédiatement !!
- Ici équipe gemini rien à signal..
- Argh !!!
- Le sol !! Visez le sol !!! On a besoin de renf...Argh !!!
- A toutes les unités, convergez immédiatement vers le secteur 34. Utilisez les prototypes pour barrez la route du secteur 33 au secteur 30. Je veux des pièges tout le long du couloir menant au secteur 29 – commanda Morel – ET FINISSEZ LES BARRICADES !!
- Ici groupe alpha le secteur 13 a été bouclé.
- Ici groupe sigma le secteur 25 a bouclé. Civils sécurisés.
- Très bien
- Ici chasseur 1, prototype S sur place, en attente d’ordres.
- Ici moineau, en position. Hangar sécurisé
- Parfait…
- Ici groupe bravo, la cible n’est pas sur place. Elle semble être passée dans les conduits d’aérations.
- Leader bravo, je vous conseille de vous racheter des yeux. La cible fait la taille d’un bulldozer alors VOUS VOYEZ UN PUTAIN DE BULLDOZER PASSER DANS LES CONDUITS ??
- Non préferum !
- ALORS TROUVEZ MOI CETTE SALOPERIE ET PLUS VITE QUE CA ! – explosa Morel.
Entendre Philippe péter ainsi un câble, le sentir hors de sa zone de confort arrachait le sourir au sergent à tous les coups.
- Il a l’air super énervé et j’aime ça – commenta Bender menant le groupe le plus loin possible de toute détection. Cependant, il y avait quand même une contrariété inavouée. La frustration de Morel était déjà une douce musique à ses oreilles, mais ce n'était pas suffisant pour une satisfaction complète. Il manquait de la peur dans sa voix, de la frousse, le truc qui lui fasse s’arracher les cheveux et perdre la boule. Plus ce connard arrogant était profondément plongé dans la merde et mieux c'était
- Il devra assumer la responsabilité de ce fiasco. Avec la mort d’autant de collègues, certains projets devront être annulés et Fenrir peut ne jamais voir le jour - leur dit Akiro rappelant une réalité simple. Morel n'était qu'un exécutant et cette simple donnée pouvait changer énormément de choses.
- C’est une bonne nouvelle pour moi – répondit Bender.
- Ça marche pour moi aussi – ajouta Dalanda.
- Hélas c’est une bien sombre nouvelle pour l’humanité, cela je vous l’assure – affirma simplement Akiro.
- Si vous le dites – répliqua Dalanda. Elle ne partageait pas l’opinion de Nokuza, elle la méprisait presque. Pour elle l’humanité avait besoin d’esprits créatifs les poussant vers quelque chose de positif, vers quelque chose de bien, vers l’expression de valeurs en accord avec la définition même de ce que cela signifie d’être humain. Pour elle les os étaient les fondations les plus fragiles qui puissent exister car incapables de supporter le poids de leur histoire, sans en réclamer toujours d'avantage pour se sustenter. Des empires bâtit avec les cadavres finissaient inexorablement par s’écrouler sous leur propre poids. La fin ne justifiait pas les moyens ! Alors elle ne comprenait pas pourquoi en tant qu’espèce on ne pouvait s’empêcher de s’en servir. Peut être parce que c’était l’un des matériau les plus abondant ? Voire même l’un des moins chers ? Ou encore facilement renouvelable, théoriquement illimité ?
- Ici chasseur 2 prototype R en position. Elle semble être instable, peut-être qu’elle a flairé quelque chose. Je lâche la laisse ?
- Attendez les renforts. Chasseur 3, unité epsilon vous serez en soutien.
- Bien reçu
- Bien reçu.
- Ici groupe téta, nous avons identifié des conserves sans id en compagnie du professeur Akiro. Procédure ?
- « Déjà ??? Eh merde ! Comment ? » - pensa aussitôt Bender en ignorant le fait que de multiples détecteurs de mouvements avaient été installés. La traque du reptile battait son plein.
- Akiro ?? - demanda Morel surpris et dubitatif
- Akiro ? - murmura également Bender en se retournant pour lui demander pourquoi il avait encore son id active. C'était forcément comme ça qu'il leur avait facilité la tâche de les repérer. Cependant il n'avait pas de temps en stock pour cette conversation.
- Interceptez les, et ramenez le moi ! - ordonna le préférum avec un regain d'entrain. Comme s'il venait d'entendre une excellente nouvelle ce qui poussa le sergent à se demander quel était leur niveau de proximité ? Le soulagement qu'il avait perçu était loin d'être négligeable.
- Et si nous rencontrons une résistance ? - demanda le leader qui voulait vraisemblablement boucher toutes les possibilités.
- Akiro ? résistance ? hahaha elle est bien bonne. Élimination autorisée des éléments à problèmes, sauf le professeur. Ramenez le moi entier – ordonna Morel ce qui une fois de plus fit tiquer Jonathan. Avaient ils quelqu'un de si grande valeur à côté d'eux pendant tout ce temps ? Et si oui, pourquoi essayait il de s’échapper ? Pendant une seconde, le sergent pensa au pire possible, et le pire possible était que cet homme avait peut être autre chose en tête. Une hypothèse qu'il du mettre de côté car jusqu'à présent aucune action de Nokuza ne leur a été nuisible. A part cette impression qui ne lui lâchait pas les tripes, il n'avait rien...
- Ordre confirmé.
Trop de variantes, trop de possibilité, trop de « et si » dans l'esprit de bender autre fois vif mais aujourd’hui ramolli par l’inactivité et les implants. Se cacher ? Ridicule. La fuite ? Maintenant ? Non ce ne serait que retarder l’inévitable. Les affronter ? Possible en jouant les bonnes cartes mais il y avait un risque pour Choki, surtout Choki qui n’avait de vivant que la faculté de marcher.
- On reste zen, ouvrez le feu à mon signal – commanda Bender – “Au moins il y aura moins de poursuivants c’est déjà ça”.
- Ne vous en faites pas, je m’en charge – dit Akiro en lui posant la main sur l’épaule. Pendant un instant il eut l’impression qu’elle pesait des tonnes, son armure devait être mal calibrée, et se battre dans ces conditions était aussi stupide que de se tirer une balle dans le pied – Si on vous demande vous êtes de l’unité 33 du prima Mensah.
- Quoi ? - répondit Jonathan par réflexe, n'ayant pas le temps de d'appréhender correctement l'information, partager par son ressenti: pouvait il croire aux intentions de l'ingénieur ou était ce de la jalousie subconsciente qui lui picorait la raison ? Soupçonner quelqu'un tout en voulant lui faire confiance était un paradoxe qu'il ne savait comment résoudre.
- Ils arrivent – leur dit Dalanda haletante. Sans même les voir, elle senti la présence de quelques humains en approche. Malheureusement elle avait du mal à détecter les présences sur de longues distances avec toutes les interférences émotionnelles dans les parages. Émotions agressives qui se bousculaient violemment contre sa barrière mentale comme des vagues déchaînées contre le rivage.
Un groupe de six individus sorti du mode camouflage, jusque à quelques pas. les black owls les encerclèrent fusils au poing, prêts à tirer.
- Pas de gestes brusques, les pétards au sol, à genoux et les mains en l’air – commanda leur leader qui se tenait devant Dalanda.
- Messieurs il y a un malentendu - dit rapidement Akiro en ouvrant son casque pour donner une confirmation visuelle. Il avait "oublié" de désactiver son badge, trop pris dans les merveilles de la nanoforge. Mais son oubli leur avait peut être sauvé la vie … - et avant que vous ne recouriez à la violence, ce qui serait très fâcheux pour moi, attendez une seconde et dites à Morel que c’est Akiro ! - prévint l'ingénieur et anticipant la question qui leur traversait sans doute l'esprit ajouta - Nos radios ne fonctionnent plus suite à une réinitialisation système.
- Je ne comprend pas ? - demanda le prima en baissant légèrement son arme. Là aurait peut être été le meilleur moment de frapper, en théorie. En pratique il n'en était rien. Il manquait un élément fondamentale : la vitesse d'exécution. Cette vitesse d'exécution quant à elle demandait également un élément fondamentale: la coordination. Et cette coordination demandait quant à elle quelques informations capitales comme savoir précisément qui était un cyborg et qui ne l'était pas. Qui était influençable et qui ne l'était pas. Cachés par leur armures, il était impossible de voir ces détails, et ces détails la tâche pouvait tourner à la catastrophe. C'est pourquoi le sergent attendait calmement que cela se déroule, et ce calme n'était pas le sien.
- "Tssk, je n'ai besoin d'être babysitter à mon âge. Je ne referai pas la même connerie" - adressa t il ses pensées à Dalanda en repensant à la fois avec Cid. mais cette dernière n'était pas télépathe. Elle sentait simplement une anxiété grandissante chez Bender et en cet instant il était cruciale que son émotif ne prenne pas le dessus sur son raisonnement.
- Si cela ne vous dérange pas, je préfère expliquer le problème directement à Philippe. Je ne doute pas de votre degré de compréhension, mais je préfère sincèrement traîner le moins longtemps possible dans ces couloirs - expliqua Nokuza.
- Leader téta, passez le moi – demanda Morel
- Ok - confirma ce dernier avant d’ouvrir son interface pour quelques rapides ajustements mettant sa radio en haut parleur - c'est fait - dit il ensuite en pointant le bout du canon dans la direction du crâne de l'ingénieur.
- Non d’un chien ! C’est bien toi Akiro, je pensais que tu étais mort ? - entendirent il la voix du préférum.
- Eh bien c’est en partie le cas, enfin cela a failli arriver.
- Qu’est-ce que tu racontes ... - voulu demander Philippe avant d'être interrompu.
- Monsieur, chasseur un semble avoir une piste.
- Très bien, une seconde. Ecoute Akiro fais toi escorter avec ton groupe par ces gentils messieurs et explique moi pourquoi tu es en armure et que vous n’avez aucune id, et par quel miracle tu es encore entier.
- Ce sera avec plaisir – répondit Akiro – Voilà, j’imagine qu’on vous suit donc ? – demanda-t-il simplement au prima qui baissa son arme. Là aurait peut être été le meilleur moment de frapper, du moins en théorie. Mais non tout simplement.
- Très bien. Gardez les armes loin des mains. Johns, Ethan couvrez leurs arrières. Vous m’excuserez pour cet excès de méfiance mais c’est le protocole - expliqua le leader sans cacher son sarcasme.
Ignorant l'allusion du Black owl, Bender essaya de tirer un avantage, même infime. C'est pourquoi il demanda:
- On a l’autorisation de tirer en cas de légitime défense ?
- Hmpf – fit le leader puis hocha la tête. Toute aide était bonne à prendre pour trouer la peau à la créature. Surtout que si jamais leurs chemins se croisaient, il n'avait aucune intention d'essayer de les sauver ou de les protéger. Il avait ses gars à considérer et le reste pouvait crever la bouche ouverte, ce n'était pas son problème. Ordres de Morel ou pas ! Il n'avait pas assisté à un de ses carnages mais il avait entendu bien trop de hurlements de gars qu'ils respectaient pour savoir que ce n'était pas une blague. Que la chose était sans pitié et extrêmement dangereuse.
Quant à Bender, il avait demandé juste pour la forme plus qu’autre chose. Si cette créature leur tombait dessus, ordres ou pas, il allait tirer. Puis probablement détaler comme un lapin en espérant l'attirer loin des autres. C'était la seule éventualité pour laquelle il se préparait, les seuls scénarios qu'il déroulait encore et encore dans son esprit sous différentes angles, différentes variantes, différentes éventualités. Sa résolution devait être forgée d'acier pour ne pas se laisser prendre par la terreur comme la première fois. Sa volonté devait être prête et le corps n'aurait d'autre choix que de suivre.
- Au fait vous êtes de quelle division les mecs ? – leur demanda un des Black owls.
- La 33
- Ah ouais celle du prima Dorian ? – demanda le leader sur ton ton moqueur
- C’est le prima Mensah – corrigea Dalanda en combattant son envie de lui mettre une torgnole dans la nuque. La compagnie des Black owls lui était insupportable. Et pourtant, si elle baissait sa barrière mentale pour plonger dans leur nexus émotionnel, verrait elle des monstres ? Ou des humains victimes de mauvais choix ?
- Heh, protocole – répondit-il en sous entendant de ne pas le prendre mal.
- Qu’est ce qui se passe ici, monsieur – demanda Dalanda en forçant sur le monsieur qui sortit difficilement de sa gorge.
- Vous allez vous foutre le monsieur dans le fion, "biteu". Ce n’est pas l’armée ici. Mensah ne vous a rien apprit ? Je suis le primus Dorian, pigé ? Je commande un groupe de six élites, ça se voit non ? – répondit-il dépassé par la stupidité de ce qu'il venait d'attendre. Il y avait clairement un manque de rigueur mais si ils appartenaient réellement à l'unité de "papy Mensah" ce manque de décorum était compréhensible – Et ce qui se passe, eh bein disons qu’on fait de l’apnée dans la merde.
Leur trajet dura plus d’une demi heure à leur rythme pressé mais attentif, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas attirer l’attention de la créature. A plusieurs reprises ils furent obligés de prendre le plus long chemin à cause de barricade, et à plusieurs reprises ils croisèrent des bataillons entiers de black owl protégeant les accès sécurisés.
D'un simple coup d’œil, Bender comprit que ces barricades n'étaient qu'une perte de temps ou, en retournant l'idée, un espoir de gain de temps. Une tentative de ralentir l'avancée de la créature. A moins qu'ils y ait des mécanismes cachés, i avait vu le monstre traverser un mur comme s'il était fait de papier mâché. Et de plus, elle venait toujours du sol, alors ces efforts n'avaient de valeur que psychologique. Il est vrai que tous ces renforcements donnaient une impression de sécurité, mais ces min-forteresses étaient bâties sur du sable...
Puis ils arrivèrent devant la plus forte des fortifications, la salle de commande où se trouvait Morel. En la voyant Bender eut une sueur froide qui coula le long de son dos malgré l’aération interne. Il y avait trois tourelles mobiles calibre 15,6 mm Occe (Organisation de la convention collective d’Epiphénia), modèle shredder quadripode, tirant 250 balles à la seconde et capable, à courte portée, de tomber le blindage d’un mecha ou d’un char d’assaut de catégories 1 à 2 ( les derniers prototypes disposent d’un blindage expérimental de catégorie 5).
La première était positionnée au milieu du couloir, à un mètre du portail. La deuxième avait les pieds plantés dans le mur de gauche et la troisième dans le mur de droite. Les questions qui frappèrent Bender furent
- « Pourquoi est-ce qu’ils ont ces engins ici ? » - Ces armes étaient connues pour être utilisables contre certaines unités blindées, mais principalement elles servaient contre des animaux jugés extrêmement dangereux ou sur des champs de batailles. Alors pourquoi en avoir ici, dans un labo ? par précaution contre “Fenrir” ? Et la deuxième était – « ont elles déjà servi ? » - Il se rappela de la scène dans le labo archéologique à la grosse boule, il n’y a avait que quelques traces de sang, sans aucun corps, peut-être simplement qu’il n’y en avait aucun à trouver parce qu’ils n’étaient plus qu’atomes ? Mais ce n’était que le début, avant de mettre le pied dans le couloir menant à la salle le leader les arrêta d’un geste ferme.
- Attendez ! - ordonna-t-il
Les black owls s'arrêtèrent net avant de pénétrer dans l'allée menant à la salle fortifiée, et les autres firent de même.
- Les couloirs sont piégés au gaz corrosif. Si vous y mettez les pieds sans autorisation vous allez finir en soupe - expliqua le leader - Préférum Morel, ici leader téta nous avons besoin d’une désactivation temporaire des pièges du couloir 9 - appela-t-il en suite le QG
- C’est bon je vous vois leader, vous aurez trente seconde - annonça-t-il avant de commander - Juvianne désactive les pièges pour trente secondes.
- On se dépêche – commanda le leader en accélérant le pas.
Cependant ces mesures de sécurité drastiques n'étaient que la pointe visible de l'iceberg. Invisibles à leurs systèmes incomplets mais perceptibles par Dalanda, il y avait des Black owl en embuscade tout le long et cachés dans les quelques pièces présentes. Quatre chambres en tout contenant au minimum près d'une demie centaine de personnes. Vu le ratio de cyborg chez les black owl, ce nombre pouvait être facilement augmenté d'un tiers. Et la cerise sur le gâteau était la barrière d’énergie qui entourait la pièce entière.
Dalanda reconnu ce système de sécurité, un engin de défense qui servait également à attaquer, un bouclier couvert de piques. Quiconque touchait la barrière avait trois secondes de réminiscence de sa vie avant d’être carbonisé et ce avec les meilleures protections existantes. Une véritable carapace théoriquement infranchissable mais qui avait le désavantage de pomper une énorme quantité d’énergie.
Autrement dit, ce à quoi ils avaient eu la naïveté de s’attaquer était une véritable forteresse contre laquelle ils se seraient brisé bien plus que les dents. Capturer Morel ? même avec l'aide de Cid cela aurait été inconcevable. L’opportunité qu'ils avaient là était leur meilleur chance de l'approcher. Ou était ce une chance ? La jeune femme tourna involontairement la tête pour regarder Akiro, toujours aussi imperceptible, et se reposa la question: "était ce une chance ?". Pour l'instant tout allait selon ses prévisions issues d'années d'anxiété et de paranoïas. Des années à planifier et à prévoir, à collecter et à bâtir... C'était une véritable chance de l'avoir croisé ici, dans ce trou perdu. Une véritable "chance".
Cependant de quel type de chance il s'agissait ? D'un événement hors du concept de déterminisme ? Une probabilité sans lien de causalité, sans lien entre les différents éléments. Comme une machine assemblée de différentes pièces n'ayant aucun rapport entre eux. Ou au contraire ? D'une chance répondant à la loi de causalité et résultant d'éléments intriqués successifs et parallèles, comme un balai à l'échelle cosmique. Ou encore est ce type de chance qui résulte d'une volonté bien spécifique filant le destinées ? De quelque chose qui dépasse l'entendement humain ?
Le groupe s’arrêta devant la porte, bien en vue des caméras. La barrière se désactiva arrêtant son bruit désagréable et la porte s’écarta dévoilant une grande pièce remplie d’une cinquantaine d’écran et un peu moins de personnes. Un individu en armure au design légèrement différent de tout ce qu’ils avaient vu jusque-là se tenait devant eux. Son armure "Symphonie" était légère et ornée de plumes noires au niveau du cou et des épaules.
- Akiro ! – dit la personne en armure avec la voix de Morel et sur un ton soulagé – Pour une fois je suis heureux de te voir. Merci primus, retournez à votre position – ordonna-t-il.
- Je ne peux pas en dire autant pour être franc – répondit Akiro en jetant un regard insatisfait à l'une des mains posées sur son épaule.
Bender jaugea tout de suite l’opportunité d’agir, ses mains le démangeait mais il savait qu’il était dépassé non pas par la situation dans laquelle il se trouvait mais par Morel lui-même. Sa façon de se tenir, sa façon de bouger, sa façon de tenir une certaine distance, ses armes non conventionnelles... Tout ce qu'il était criait une seule chose !
- “Ce fils de pute est un spécialiste !” - fulmina intérieurement Bender. Malgré les dires d’Akiro il avait du mal à l’imaginer. Tomber Morel allait être un sérieux problème à résoudre.
Il y'a une façon de se tenir, une manière dont la "structure" corporelle: musculaire et squelettique est arrangée qui dit qu'une personne appartient à cette catégorie d'individus appelée: guerrier. Et la personne en face de Bender possédait cette stature impossible à avoir en tant que bureaucrate. Cette dernière née d'innombrables heures, des milliers d'heures, toute une vie d'entrainement, forgeant le corps en une outil de guerre. Mais la véritable clef de sa dangerosité était dissimulée dans son armure "Symphonie". Une nom qui se voulait poétique car le sifflement des lames de Morel était la dernière symphonie que ses adversaires entendaient de leur vivant.
Son armure extrêmement légère avait quelques protubérances de propulsion qui n'avaient qu'une seule utilité: supporter et renforcer les déplacements à grande vitesse. Philippe Morel était effectivement un spécialiste et l'un des pires genres à hanter les champs de batailles: un spécialiste du combat à grande vitesse: Speticus (celui qui joue avec le vent). Toute la question était de savoir s'il était un simple Speticus ou un Magis Speticus. Autrement dit super ou hyper sonique ? Ou même plus ?
Ces types avaient des réflexes qui défiaient toute logique humaine, et une construction crânienne issue de ce qui est considéré comme une mutation, protégeant partiellement le cerveau des dangers de l’accélération en gravité. Supportés par la technologie ils devenaient les véritables spectres des champs de bataille.
Bender soupira intérieurement en sentant sa motivation faiblir. Il en avait un peu marre de rencontrer des obstacles de plus en plus difficiles à franchir alors que tout ce qu'il voulait était de sortir ses gars de là. C'était une ambition légitime et juste ! Et pourtant, malgré la distance qui les séparait, Morel n'avait jamais été aussi hors de portée. Avant de pouvoir l’attraper ils allaient être poignardés au moins quinze fois sans même s'en rendre compte. De plus ce statut de spécialiste pouvait le rendre difficile à pacifier même pour Dalanda, ces mecs étaient juste hors normes.
Non, il devait prendre son mal en patience et attendre une opportunité. Tout le monde finissait par baisser sa garde à un moment donné. Et puis il y avait une chance que cette armure ne soit qu’une décoration. Même infime, même négligeable, même précédée de plusieurs zéros mais il y avait cependant une chance, un miracle. Et cette idée fit grincer le sergent des dents, il avait horreur des miracles. Mais là il était à la merci de sa destinée.
- De la franchise de ta part ? Ça change dit donc – répondit Morel en répondant à Akiro – De ce que j’ai compris ils sont du groupe de papy Mensah ? – demanda-t-il en les entraînant à l’intérieur. Dalanda commença immédiatement son boulot en essayant de le manipuler en douceur pour qu’il concentre toute son attention sur Akiro. Très en douceur elle commença par une très légère palpation qui pourtant la mit immédiatement en garde. Son nexus était à l'image d'une chambre forte protégée par un millier de laser dont le contact allait immédiatement alerter sa conscience et l'amener irrémédiablement à elle. La tâche allait être très dangereuse et laborieuse.
- C’est exact. Tu peux vérifier avec lui – répondit Akiro. Le groupe de Mensah était le seul groupe de mercenaires à qui il pouvait faire confiance. Ils ont longtemps travaillé ensemble forgeant un lien de sympathie et de confiance, et c’est tout ce que le vieux Mensah désirait. Le pardon, et la confiance.
- J’aurai bien aimé mais j’ai perdu le contact avec son unité. Ses gars étaient parmi les meilleurs alors j’ai du mal à le digérer.
- Oh ? - fit Akiro avec une pointe d'émotions difficilement perceptibles. Oscillant entre le regret et le soulagement.
- Requête pour retrouver l’unité – demanda Dalanda qui essaya de jouer le jeu.
- Refusée, pour l’instant.
- Mais préferum !
- La ferme sac à viande ! - rugit Morel en lançant un regard noir à la jeune femme. Malgré le casque elle sentit l'intensité de cette colère se heurter de plein fouet à sa barrière mentale comme une tempête de poussière brûlante.
Face à une telle hostilité et se pliant au rôle qu'elle incarnait, Eiling baissa la tête. Elle n'était pas une femme mue par l’orgueil, cependant elle avait un respect de sa personne, une fierté de l'individu qu'elle était qui lui faisait bomber le torse et garder la tête haute. Ce geste qui semblait insignifiant, qui semblait obligatoire même pour réussir leur mission...Ce geste lui avait vraiment coûté. Elle sentait le démon d’ego remué en elle ainsi que des pensées de dominance sur ce que ce Morel représentait. Le mettre sous sa botte en lui faisant lécher le sol ! Des pensées parasites qu'elle n'avait jamais eut auparavant, mais elle n'avait jamais été aussi énervée par une personne de toute sa vie non plus.
- Je comprends que c’était un mec bien mais restons professionnels ! - prévint Morel - C’est quoi l’histoire ? – demanda-t-il en se retournant vers Akiro. Le préférum fit ensuite un geste de la main attirant toute l’attention des black owls présent sur eux. Tous les mercenaires présent se mirent en position, les encerclant de tous les côtés. Bien que leurs armes n'étaient pas encore pointées dans leur direction, il ne faisait aucun doute que ce détail ne dépendait que du vent qui allait sortir de la bouche du professeur. Tout dépendait du fait que ce courant d'air soit plaisant ou nom aux oreilles du directeur.
- J’adore ce parfum de paranoïa – dit Akiro en regardant autour de lui.
- C’est le boulot, ne le prend pas mal – répondit Morel.
- Il n’y a pas de mal. C’est la règle du jeu apparemment, vivement qu’on en change.
- Qu’on change ? - demanda Morel en lâchant un rire confus - N’y compte pas trop. Alors je t’écoute.
- J’ai reçu un rapport ce matin sur un bug gênant concernant la dissipation de chaleur sur les nouveaux modèles furtifs “Mercury”.
- J’ai reçu ce rapport ? – l’interrompit Morel.
- Normalement tu l’as en copie, vérifie si tu le souhaite.
- Je le ferai - promit Philippe. Il voulait le faire sur le champs pour dissiper ses doutes, mais cette conversation prenait déjà bien trop de temps. Son instinct lui disait qu'il y avait quelque chose de louche mais quoi exactement ? Toute la question était là - Continue ! - ordonna-t-il ensuite
- Après une vérification intensive j’ai cru trouver la raison du bug. Cependant j'avais besoin de plus d'échantillons pour une meilleure compilation de données. Comme tu le sais, l'échec n'est pas permis ! - annonça Nokuza sur un ton de réelle mise en garde qui fit même changer de posture à Morel
- Garde tes conseils pour toi ! - répondit sèchement Philippe dont le démon d’ego bondit à la surface. Pour qui il se prenait ? Était ce une menace ? Une mise en garde ? De lui ? Est ce qu'il avait oublié à qui il parlait ?
- Je voulais juste rappeler..
- Pas besoin, je sais très bien ce que je fais. Alors je te suggère de continuer, je n'ai pas de temps à perdre - rétorqua sèchement le préférum
- Très bien - agréa Akiro en croisant les mains sur sa poitrine tout en adoptant une position de recule. Tous les signes qui montraient qu'une conversation était terminée. Il ne parlait désormais que par nécessité - Pour cette compilation j'ai décidé de tester le système sur des armures actives et j’ai demandé l’assistance de papy Mensah comme tu l’as appelé - raccourcit-il son récit
- C’est un défaut de protocole ça ! Il n’a pas à le faire sans me prévenir ni toi non plus.
- Redescend de ton nuage ! Je suis responsable de la division scientifique et j’ai le droit de prendre ce genre de décision - expliqua Nokuza en laissant Philippe sans voix. Malgré le casque qui cachait son visage, sa gestuelle parlait pour lui et disait
- "Quoi ? C'est à moi que tu parle ainsi ?" - se dit il en s'approchant plus près de Morel, à quelques centimètres à peine. Ce comportement traduisait un seul message - "redit le moi pour voir ?"
- On peut regarder dans mon contrat c’est écrit noir sur blanc - expliqua précipitamment Akiro en se reculant un peu plus.
- Je vais le faire - promis simplement le préférum en essayant de contenir son agacement. S'il pouvait trouver un défouloir il saisirait volontier l'occasion pour lâcher un zeste de pression. Parce qu'avec tout le merdier dans lequel il était plongé ses nerfs étaient à vif.
- Quoi qu’il en soit, il m’a confié ces trois personnes malheureusement il s’est produit un nouveau bug durant la phase de test et, euh les armures ont été réinitialisées. Voilà - expliqua le professeur
- "Comment ça voilà ? - pensa Morel. Durant toutes ses années de service il n'avait jamais entendu parler d'une telle possibilité - Comment ça voilà ? - demanda-t-il à Akiro en attendant plus de détails.
- Elles sont retournées à leur paramètre d’origine - répondit ce dernier. Pousser la conversation dans les détails pouvait avoir un résultat contre productif car il risquait de s'embrouiller. C'est pourquoi il leva les épaules en ajoutant - je n'ai pas eut le temps d'en savoir plus.
- Donc, tu es en train de me dire qu'une telle faille de sécurité existe dans les armures ? – demanda Morel pensif. Dalanda n'avait pas encore atteint le nexus de ses émotions pour travailler sa confiance alors leur destin était entre les mains de Nokuza. Lentement, très lentement, elle poursuivait son oeuvre sans savoir si elle pourrait réussir à temps. Ce lunatique donnait l'impression de pouvoir décider tout et n'importe quoi sans y réfléchir à deux fois. Une impression née non de la logique mais de l'antipathie.
- Il faut croire que oui. Mais je ne peux pas blâmer notre fournisseur d'avoir omis ce détail.
- ...
- Ensuite il y a eu l’alarme et mes braves gardiens m'ont convaincu de me cacher – dit-il en faisant un grand geste des mains.
- Où ça ?
- Dans la zone de maintenance.
- Je vois…Tu as eu beaucoup de chance on dirait.
- De la chance ? - sourit Akiro - On peut le voir comme ça en effet.
- Je vais te croire, pour l'instant. Là j’ai comme qui dirait besoin de toi - demanda Philippe, demande qui était en réalité une injonction d'aide.
- Morel qu’est ce qui s’est passé ? D’où vient cette chose, ce n’est pas de nos labos je peux l’assurer – demanda Akiro avec un ton sérieux.
- Tu l’as vue ?
- Oui
- Et tu lui as échappé ?
- Elle était occupée à s'amuser avec les black owls et nous en avons profité pour nous enfuir - répondit Akiro et la tension dans la pièce devint palpable. Les mercenaires présents dans la pièce n'avaient pas appréciés la terminologie employée.
- Ah oui ? – répondit Morel en tournant la tête en direction de Bender et Dalanda dont les visages étaient cachés par les têtes d'hiboux. Si ce type leur demandait de dévoiler leur visage pour une raison ou une autre, c'était fini. C'est pourquoi Eiling décida de prendre l'initiative d'expliquer leur position
- Nous avions pour mission de protéger le professeur, préférum !
- Non ! Vous aviez pour mission de servir de cobaye et d'arrêter cette chose sur mes ordres ! - répliqua Philippe
- Non, ils ont pour mission de protéger les civils et j'en fait partie. Alors si on parlait de choses plus importantes ? Qu’est ce qui s’est passé ? Notre sécurité est sous ta responsabilité et de ce que j’ai vu jusqu’ici c’est très loin d’être satisfaisant ! – haussa le ton Akiro.
- Hey lâche moi tu veux ?! J’ignore ce que Gasparof a foutu dans son labo mais le résultat c’est cette chose qui nous prend pour du gibier – répondit Morel à cran.
- “Gasparof ?” - replaça Eiling le nom de celui qui détenait Cid pour expérimentations.
- Je ne comprends pas. Gasparof travaillait sur un autre projet que Fenrir ? - questionna Akiro
- Non ce n’est pas ça. Viens je vais te montrer ce sera plus simple. Quant à vous ! En l’absence de tout contact avec Mensah vous allez intégrer le groupe de Chasseur 2 c’est compris ?
- Je préfère les garder près de moi. Ils m’ont porté chance jusque là pas vrai ? – lui dit le professeur.
- Ton avis est sans intérêt en la matière. Même si tu es le neveu du commanditaire, il n'en demeure pas moins que je suis le seul qui commande ici ! Est ce que je suis clair ? - menaça Morel en se tenant au-dessus d’Akiro. Il n'y avait pas énormément de différence en réalité entre les deux hommes. Le préférum devait avoir trois à quatre centimètres de plus tout au plus. Néanmoins, aux yeux de tous présents dans la pièce, en cet instant, Philippe toisait le professeur comme un adulte dominerait un nouveau né, de par l'impression d'ascendance, de souveraineté qu'il dégageait.
Du moins, aux yeux de presque tous car la scène était différente de la perspective de deux individus: Eiling et Dimitriou. Peut être était ce parce qu'elle s'approchait tant bien que mal du nexus émotionnel de Morel, et que cette proximité altérait un petit peu sa perception du propriétaire de cet océan de conscience. Toujours est il que ce qu'elle perçu n'avait rien d'un géant s'élevant au dessus de la masse. Mais plutôt un vieil homme voûté proche de son obsolescence, qui n'avait même plus la force de lever une jambe. Quant à Choki, ce qu'il voyait était risible tout au plus. Un ver de terre ne saurait effrayer un faucon.
- Le neveu du commanditaire te dit, cette situation est un échec colossal de ta part - ne se laissa pas faire le professeur - Il y a au moins une centaine de mort rien qu’à l’étage au-dessus de nous. Je te mets au défi de me dire que tu n’aurai pas besoin de chance pour sauver ta peau – dit il en soutenant le regard de Morel, du moins c’est l’impression que cela donnait. Difficile à dire ce qui se cachait derrière le casque en cet instant. Peut être qu'Akiro regardait le sol en réalité, peut être qu'il regardait le plafond, peut être qu'il avait les yeux fermés, ou peut être encore, voire peut être même qu'il fusillait Philippe du regard ?
- Tu t’es fait pousser une paire de couilles durant la nuit on dirait – répondit Morel. C'était très inconfortable comme situation car elle était en dehors de sa zone de confort. Il n'était pas habitué à rencontrer de l'opposition surtout pas en ce chiffon qui se tenait devant lui. Il y a avait clairement une nouvelle donnée qui lui échappait, quelque chose qui lui donnait suffisamment confiance pour essayer de contester son autorité. Mais qu'est ce que c'était ? Les personnes qui l'accompagnaient avaient elles un rôle à jouer dans le revirement de sa personnalité ? Où le fait d'avoir croiser la créature avait dérégler son esprit ? Quoiqu'il en soit Nokuza n'avait pas tord et un peu de chance n'allait pas faire de mal – Vous pouvez rester jusqu’à ce la situation ne dégénère. Trouvez-vous un trou à rat et ne bougez plus un muscle on est suffisamment les uns sur les autres comme ça, on dirait une partouze – dit Morel ce qui fit rigoler quelques personnes – Juvianne, passe nous la vidéo 21533D – ordonna le préférum
Un instant plus tard qui ne ne dépassait pas la seconde, un écran holographique se détacha du reste du système de monitoring. Il s'immobilisa entre Philippe et Akiro avant de s'agrandir. Et au même moment un message apparu sur les visières de Dalanda, Bender et Choki.
- Un utilisateur non reconnu cherche à créer une liaison vidéo, souhaitez-vous accepter ? O/N
- "Étrange" - pensa Eiling en validant la demande. La jeune femme ne se rappelait plus si elle avait installer des modules de communication non filaires. A moins que le message ait transité via les ondes radios ? Mais cette possibilité amenait d'autres questions qui fondirent comme neige au soleil, sous l'influence d'un choc brûlant - Cid ! – murmura-t-elle horrifiée alors que les images commencèrent à défiler...
A la vue de celles ci, le premier réflexe de Bender fut d'attraper Eiling par le bras tout en essayant de la maintenir sans paraître suspect. Il n'avait pas besoin d'avoir des dons empathiques pour comprendre qu’elle était sur le point de faire un massacre. Lui même, malgré l'antipathie qu'il ressentait pour Cid, avait du mal à rester calme à la vue de ce qu'il subissait.
- Fascinant ! – laissa échapper Akiro.
- Je suis ravi que ça te plaise. "Ravi et étonné" - constata Morel dans sa tête, plus intrigué que jamais. Il eut cette épiphanie ? Non, ce n'était pas à ce niveau. Il eut cette impression, plutôt, que décoder la raison du changement d'Akiro était important, plus important que le problème auquel il faisait face. Mais entre ce que l'instinct dictait et la raison, il y avait souvent des asymétries de pensées. A qui faire le plus confiance ? Philippe l'ignorait encore, mais il décida d'observer le professeur plus sérieusement tout en résolvant la crise actuelle - Alors qu’est-ce que cet abruti de Gasparof lui a fait ? Comment est-ce possible ?
- La bio-ingénierie est loin d’être ma spécialité. Ça c’est juste…incroyable - répondit Akiro en ayant du mal à trouver des mots pour exprimer ce qu'il venait de voir. C'était ... incroyable en effet.
- A d’autres. Ta famille est dans le domaine médical depuis des générations alors tu dois au moins avoir une infime idée sur la nature de cette aberration, et c’est mieux que rien. Un indice, quelque chose qui puisse me donner l’avantage, c’est tout ce que je demande ! - demanda Morel. Il savait que la chance qu'Akiro sache quoi que ce soit était infime. Mais vu les relations ainsi que sa position dans la famille, il devait avoir accès à certaines informations, même des rumeurs. Si il était possible de mettre un nom sur le truc qu'ils combattaient, alors il y avait une chance de gagner. Un processus cognitif née du désespoir à vrai dire, mais qui avait un certain fondement logique dans un contexte approprié.
Akiro regarda à nouveau la vidéo. Il y avait un z’hum fermement fixé par des liens en acier sur une table métallique mobile, auquel était connecté des dizaines de tubes injectant des produits inconnus mais visiblement douloureux par la réaction du captif. Le son était coupé mais il suffisait d'observer les mimiques de la victime pour comprendre à quel point c'était douloureux. Toujours est il que malgré l'extrême souffrance résultant de plusieurs produits toxiques injectés dans son organisme, vint un moment où Cid se tut.
Ce mutisme n'était pas la résultante d'une perte de connaissance, mais de quelque chose d'autre. C'était comme si, soudainement, ses récepteurs de douleur: les nocicepteurs, avaient cessé de fonctionner correctement. Et le plus étrange survint quelques instants ensuite: une sur-croissance spontanée, une explosion de masse défiant toute logique scientifique. On pouvait observer là une hypertonie cumulée à de l'acromégalie, ainsi qu'à d'autres syndromes de cette pathologie.
L'expansion musculaire et osseuse ne put être contenue par les liens métalliques. Une loi physique très simple et intuitive: deux objets ne peuvent occuper le même espace, et le plus fragile cède. Le monstre avait une densité et une résistance hors du commun, brisant facilement ses multiples entraves.
La créature tomba à genoux lourdement, craquant le sol à l'impact. Puis elle vomi toutes les substances nocives injectées que son corps avait refusé d'assimiler.
Pendant ce temps, sa fourrure était progressivement remplacée par des écailles multicolores. Des excroissances osseuses commencèrent même à lui pousser sur le front et le sommet du crâne comme de petites cornes. Le félin se transformait progressivement en une forme de vie reptilienne des plus grotesque avant de s'abattre sur les chercheurs avec une rage inouï explosant la pièce entière par sa seule force brute. Et son rire...Son rire d'un plaisir immensurable ouvrait de force, les portes à la terreur enchaînée au plus profond des cœurs.
- HI HI HI SSS
- Alors ? - demanda Morel en essayant de focaliser son attention ailleurs que sur ce rire qui le mettait mal à l'aise.
- Je devrai dire que je ne sais pas mais… - s’arrêta Akiro pensif
- Mais quoi ? Crache le morceau ! le projet est en jeu au cas ou tu l’aurais oublié ! – éclata Morel
- …mais il y a effectivement une rumeur qui me vient à l'esprit. Un ouï dire en fait plus qu'une rumeur – commença à expliquer Akiro ce qui captiva l'attention de tous, surtout de Dalanda qui n'en croyait toujours pas ses yeux – Un groupe de personnes avait dans l’idée de concevoir une arme biologique, avant que cela ne devienne une mode et que tout le monde essaye d'avoir son armée modifiée. Cependant ces personnes même si dotées d’un certain intellect, je dois l’admettre, étaient démunies de tout sens moral. Ils auraient mis au point quelque chose de révolutionnaire, quelque chose d’impossible à reproduire même aujourd’hui...
- Arrête avec ton suspens Akiro, qu’est ce que c’est ?! - le coupa Morel
- Une chimère ! - annonça Nokuza en essayant de contenir son excitation face à ce miracle de la science.
Blabla de l'auteur
hello à vous chers lecteurs et bon dimanche, ou bonne journée, ou bonne soirée... Bref j'espère que vous allez bien.
Si vous avez des questions n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com. J'y répondrai volontiers si je suis en mesure de le faire :)
Je vous souhaite une excellente journée.
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