Le groupe sorti du bureau de Morel et marcha aussi vite que possible, il n'y avait pas de temps à perdre. Au diable, les bureaucrates fumant leur cigarette à l'extérieur du bureau, ou qui discutaient de choses et d'autres en allant ici et là, se reposant tranquillement, détendu au milieu du jardin artificiel, profitant d'un soleil illusoire... Chacun des membres était polarisé sur ses problèmes, tantôt à venir, tantôt passés; remettant en question toutes les décisions qu'il avait du prendre au court de sa vie, Andréï avançait tiré par une corde invisible, poussé à avancé sans réellement le vouloir. Pourquoi le karma s'acharnait à lui creuser un trou toujours plus profond alors qu'il n'a jamais essayé de faire autre chose que d'aider ? Le docteur n'avait pas la réponse. En fait si, il en avait trouvé une. Si un dieu existait quelque part alors il était un connard qui lui en voulait personnellement pour une raison inconnue. C'était la seule explication qui commençait à se cristalliser dans son esprit.
Ils descendirent les escaliers jusqu’à l’étage du dessous, là où se trouvait la zone de détention. Ce palier était le dernier séparant la zone de vie, à celles des laboratoires des recherche. Là où les humains essayaient de maîtriser, de s'accaparer de quelque chose qui échappait complètement à leur compréhension.
Akiro guida tout le monde dans la direction opposée des cellules, vers le sud-ouest. Ils marchèrent pendant quelques minutes sans croiser une seule trace de vie avant que le scanner ne capte quelque chose
- Vrr Vrr
- Ça vibre ! ça vibre ! – répéta Andreï en évitant de percuter Dalanda de justesse, il leva les yeux à la dernière seconde pour voir que le groupe était déjà immobilisé – ça vibre – murmura-t-il en montrant l’appareil. Il savait que c’était inutile mais son niveau de stress était si élevé que son cerveau avait du mal à fonctionner correctement.
Il y avait deux black owls qui gardaient le seul accès au B5. Ils montaient la garde devant une porte métallique impressionnante. En temps normal, elle était ouverte mais au vu de la crise de sécurité tout accès avait été bloqué. La mesure était destinée à empêcher toute menace de remonter et mettre en danger plus de monde.
Cependant la présence de ces gardes ici présentait un problème de taille que Bender et Dalanda devaient résoudre en quelques minutes tout au plus. Compter sur les blouses blanches était risqué surtout dans leur état. Choki était stimulé par le sentiment d'aventure mais il n'avait aucun expérience martiale, il allait être un boulet plus qu'autre chose. Andréï, ce n'était même pas la peine d'espérer sur ce zombie. Akiro encore pouvait leur servir de Joker... Il fallait prendre un décision rapidement.
Malgré le fait qu’ils soient cachés par le coin du mur ils étaient sur le radar des black owl qui avait détecté leur présence, il n'y avait pas de doute possible sur ce fait. En ce qui concernait les mercenaires, ils ne voyaient que des individus qui n'allaient pas tarder à arriver et qu'ils allaient peut être devoir renvoyer ailleurs. avec un minimum d'explications. Ils n'avaient pas que ça à faire après tout. Plus ils allaient rester immobile, et plus ils allaient susciter la curiosité et la curiosité allait se transformer en suspicion, et à partir de là cela pouvait dégénérer.
La solution la plus simple était de faire intervenir Akiro pour les baratiner, mais qu'est ce qui allait se passer si les mercenaires faisaient leur travail et vérifiaient leurs identités ? Non l'idée était simple en apparence mais il y avait trop d'inconnues pour qu'elle soit fiable. Faire intervenir Dalanda ? A deux, ils pouvaient arriver à convaincre, mais ensuite ? Quelle était la garantie qu'ils n'allaient pas informer Morel ensuite ? Lorsque l'effet se serait dissipé ? Est ce que c'était un risque intéressant à prendre ?
Les neutraliser ? Possible ! Mais il y avait un autre problème: les caméras de sécurité. Comment contourner ce problème ? Ils allaient définitivement se faire repérés par l'IV... Et un autre problème: plus ils allaient rester cacher derrière le mur et plus les black owls allait être en alerte et si l’idée leur venait de venir jeter un coup d’œil ici la situation pouvait tourner à la catastrophe. A moins que... Pourquoi ne pas justement les faire venir hors du champ des caméras ? Il n'y avait personne aux alentours de toute façon, alors zéros témoins.
- L’invisi machin – murmura Bender à Akiro en tendant la main – vite !
Akiro réagit sans perdre de temps, intrigué par le plan du sergent. Il détacha le deuxième des trois modules et le donna à Bender qui continua à analyser la situation.
- “...Calibre 9 mm, il faudra un chargeur entier pour égratigner l’armure. Cibler le corps est inutile, mais plutôt les visières. Il faut au moins les toucher 5 fois pour limiter leur visibilité. Après...après je trouverai bien quelque chose" - soupira-t-il intérieurement. Affronter une personne en exosquelette à main nue était une idée aussi brillante que de faire du parachutisme sans parachute. Jonathan se tourna ensuite vers Dalanda pour lui expliquer son intention et montra ses deux yeux des doigts, mais au même moment elle fit la même chose.
- Je vais les faire venir - chuchota-t-elle.
La curiosité est une chose bien étrange. Elle nous pousse à nous poser des questions qui n'ont aucun sens commun, à faire des choses qui n'ont aucun sens commun, à voir un monde qui n'a aucun sens commun, à aller là où aucune personne ayant un sens commun n'irait...
Les black owl scannaient la zone, protégeant l'accès aux laboratoire selon les ordres. Tout individu devait être immédiatement reconduit non seulement pour sa protection, mais également pour ne gêner. Les gardes n'aimaient pas cette mission. ils voulaient être avec les collègues, là où sa chauffait, au milieu de la zone de conflit. A chaque nouvelle communication, ils serraient leur fusils un peu plus fort; ils ne pouvaient qu'écouter le chaos sans pouvoir bouger de leur poste. Alors la seule chose qu'ils pouvaient faire était de remplir leur mission avec diligence, pour faire honneur aux leurs. Personne ne devait passer, personne ne pouvait passer, personne n'allait passer.
En voyant 5 sources de chaleur approcher ils étaient prêt à les recevoir avec tout le professionnalisme que leur mission demandait. Mais ces personnes s'étaient arrêtées juste avant l'intersection de couloirs. Étrange, mais pas suspect. Pas encore... Ils gardaient un œil sur ce groupe et étaient prêt à réagir à toutes circonstances quitte à les neutraliser définitivement. Tel était le protocole mis au point par le préferum, telle était leur formation, telle était la nature de leurs équipements, tout le reste n'avait aucune importance.
Cependant, le "étrange" bascula subitement vers le "suspect" et voir le "très suspect". Qu'est ce qui pouvait bien s'y passer là bas ? Cette pensée devint leur obsession au point d'oublier les règlements: l'identification des id, les distances de sécurité... Comme des ours appâtés par l'odeur de miel, Les black owl étaient également guidés par une force invisible, forcés à avancer, persuadés d'avoir raison.
Dalanda sourit en sentant qu'elle avait réussi à saisir les bonnes cordes sans se perdre dans l'ouragan qu'était le nexus émotionnel. Elle fit ensuite signe à Bender qu’elle prenait celui de gauche et le sergent acquiesça. Ils reculèrent un peu pour permettre aux mercenaires de sortir hors du champ des caméras, et d'être cachés par le mur de l'allée. Par réflexe, Eiling dégaina les deux pistolets qu’elle avait mais se reprit sur le fait qu’elle n’avait pas son armure pour compenser le recul. Ils étaient dans une situation qui privilégiait au maximum la précision, alors elle rangea le deuxième pistolet et saisit l’autre des deux mains.
Dès que les tes de hiboux tournèrent; Jonathan fit glisser l’appareil à champs d’invisibilité à quelques centimètres de lui puis passa à l’intérieur suivi de Dalanda. Sans être aperçus ils se retrouvèrent en face des black owls, dans une parfaite position de tir. Les deux mercenaires firent surpris de ne voir que trois individus au lieu des cinq prévues. La curiosité, enflée comme une montgolfière, les figea sur place. Obsédés par la volonté de répondre à se mystère, ils en oublièrent tout le reste...
Bender estima qu’ils n’avaient pas plus de 5 secondes avant que les mercenaires ne balaye la zone de tous les spectres visuels imaginables pour les trouver, mais 5 secondes c’était suffisant. 12 balles touchèrent leurs cibles, droit dans la visière au-dessus du bec qui camouflait un masque de respiration. Dalanda se rua ensuite sur sa cible qui était complètement désorienté et lui décocha le plus puissant crochet qu’elle put avec la crosse de son pistolet, l’envoyant valser dans le mur. Le deuxième également désorienté, se retourna pour lui donner un coup de crosse. Si il ouvrait le feu, il allait abattre son collègue et visiblement les black owl avaient un semblant de camaraderie. Dalanda s’accroupi et se rappela des leçons de Cid sur comment terrasser un adversaire plus grand, plus lourd et donc plus fort. Il lui avait dit: "C'est simple gamine. Montre lui qu'au pays des fous tu es la reine et massacre le jusqu’à ce que même sa mère ne le reconnaisse pas Kruu rru rru !"
Pour arriver au résultat décrit, le félin lui avait montré un mouvement, ou plutôt une série de mouvements destinés à priver un adversaire de sa force, contrôler ses mouvements même si il pesait le double. L'enchaînement était le suivant: Frappez le nez, saisir les cinq doigts d’une main, peut importe laquelle mais de préférence celle appartenant au lobe principal. Autrement dit main droite pour un droitier, gauche pour un gaucher. Les doigts doivent être saisis à la hauteur des phalanges, juste au dessus de la structure métacarpienne, et ce de l’index à l’auriculaire. Ensuite, tourner la main paume au ciel, plier les doigts dans le sens contraire de leur infléchissement, jusqu'à la cassure. Normalement, l'adversaire suivra le geste sans pouvoir se défendre, alors il fallait simplement tirer vers le bas pour le mettre à genoux.
Maintenant que le problème de taille était réglé, il ne restait plus que la mise à terre. L’enchaînement était le suivant: Frapper le nez paume vers le haut, le but était de créer un choc, et de bien aligner les cervicales pour le coup de genoux qui devait suivre dans la mâchoire inférieure. Si tout était bien exécuté, en quelques secondes l'adversaire était mis à terre, prêt pour un séjour aux urgences pour chirurgie reconstructrice. D'autres options plus soft étaient également possible, mais pour Cid quand un individu devenait agressif c'est qu'il prenait le risque et la responsabilité de connaitre le même sort, et donc d'être violenté. La règle du jeu était on ne peut plus simple.
Cette offensive fonctionnait parce que le cerveau avait du mal à gérer une situation ou plusieurs parties du corps étaient sollicitées de la sorte, et l’adversaire ne savait pas ou appliquer sa force. De plus, elle exploitait les réflexes humains, les gestes et réactions incontrôlées et systématiques de manière sournoise, transformant le corps musculeux en une poupée de chiffon.
Bien sur il existait plusieurs variations en fonction du contexte. Le nez pouvait être remplacé ou cumulé à un coup aux couilles, pour un effet encore plus déstabilisant. Sauf qu’Eiling était face à une élite, qui plus est équipée d'un exosquelette qui non seulement renforçait son occupant mais également offrait une protection non négligeable à ces zones sensibles.... Et pour compliquer la tâche, les armures étaient munies de systèmes automatiques pouvant compenser les défaillances du cerveau. Un sacré problème auquel elle n’avait plus le temps de réfléchir, après tout ce n'était pas parcequ'elle réfléchissait à ses options que le temps avait stopper sa course.
Un peu perdue elle laissa l’instinct prendre le dessus. Dalanda évita le coup de réponse du black owl et se releva avec un uppercut de la crosse de son pistolet dans le bec. Elle misait sur l'effet percutant, la force de concussion fournie par l'association de la crosse, la vitesse, l'angle et la puissance de la frappe. Le back owl prit par surprise par le choc d'avoir été cogné si fort, et par la douleur du cartilage brisé par l'impact de son armure contre son nez, fit un pas en arrière. Le cerveau prit aussi un léger coup, une légère secousse contre les parois du crâne mais rien qui ne puisse lui faire perdre connaissance. Cependant ce choc était tout ce dont elle avait besoin pour continuer son assaut.
Sans perdre une seule seconde, la jeune femme gonfla sa colère comme un ouragan, décuplant ses forces en les poussant au delà des barrières musculaires. Puis saisit les doigts de son adversaire comme enseigné et les tira vers le bas de toutes ses forces obligeant le black owl à fléchir légèrement. Une fois dans cette position il était plus à même de perdre son équilibre, c'est pourquoi Dalanda passa une jambe derrière celle du mercenaire et de sa main libre saisit le casque en le poussant de toute ses forces dans un hurlement d'effort non négligeable.
Le mercenaire n'avait aucune chance de rester debout, le fauchage extérieur fit son effet et il tomba lourdement sur le dos. Et, avant qu’il n’ait la moindre chance de recouvrer ses esprits, Dalanda se jeta sur lui en lui martelant le casque comme une folle furieuse à coups de crosse, jusqu’à ce qu’il perde connaissance et que mon pistolet ne de brise en mille morceaux.
- “Comme ça il réfléchira à deux fois avant de se relever” - pensa-t-elle.
Bender n’en revenait pas, ce qu’il venait de voir c’était le travail d’une véritable furie.
- On y va ? – demanda Eiling en soufflant une mèche de ses cheveux trempée de sueur qui lui tomba sur le visage.
Une telle prouesse avait de quoi vidée toutes les réserves d'énergies caloriques. Le doping émotionnel était incroyablement épuisant pour le métabolisme. Vu que cet état la poussait au delà des limites physiques, le corps en subissait irrémédiablement les conséquences. Et ces barrières avaient pour rôle de préserver l'intégrité corporelle car la puissance devaient être en équilibre avec le reste comme la quantité ainsi que que la qualité des fibres musculaires, l'élasticité des tendons et ligaments, la lubrification des articulations, entre autres. Dans le cas contraire il y avait de très fortes chances de blessures et ruptures des ligaments dans le meilleur des cas.
Pour pouvoir rivaliser, un minimum, avec une personne en armure, Eiling avait du aller au delà de ce que son corps pouvait supporter et maintenant même ses os criaient leur douleur. La pression exercée par la contraction des muscles avait attaqué la structure osseuse de chaque côtés, comme si ils étaient pris dans les mâchoires d'un broyeur.
Néanmoins les répercutions physiques n'étaient la seule conséquence de cette exubérance. Elle en payait également le prix mentalement car le niveau de concentration nécessaire, au vu de l’inflation colérique, était réellement surhumaine. Imaginez vous dans votre colère la plus intense, celle où vous perdez pied avec la réalité, celle où vos gestes et vos mots partent à l'insu de votre plein gré. C'est dans cet océan tourmenté que Dalanda avait du opérer en restant absolument, 100% en contrôle de ses actions, sans se perdre, sans se laisser déborder par les pulsions... Et comme toute inflation, il fallait également gérer la retombée: la fatigue, profonde, du type qui vous brûle de l'intérieur et vous empêche de faire un pas de plus.
- Je ne savais pas que l’une des plus grandes innovatrices de notre époque pouvait faire çà – dit calmement Akiro en observant les corps allongés – Ah celui-là bouge encore.
Dalanda n'eut la force que de tourner la tête sur sa droite. Le black owl qui prit le crochet en plein visage revenait à lui. Evidemment que cela allait être le cas, même si l'occupant n'était pas un cyborg, il n'en restait pas moins coriace.
Cette fois c’est Bender qui se précipita sur le mercenaire et le frappa, encore et encore... Le métal frappait le métal et les concussions successives arrivèrent à bout de la vaillance du hibou. Au bout du vingtième, ce dernier s’écroula au sol, à la limite de ce qu’il pouvait endurer. Sans rien comprendre à la situation, son cerveau préféra sombrer dans le sommeil plutôt que de prendre des coups gratuits sans raisons.
- J’avais la situation sous contrôle – dit Dalanda en s’adressant à Bender.
- J’imagine bien mais j’avais envie de m’amuser aussi – lui répondit ce dernier essoufflé. La bagarre avec les poings n'avait jamais été son truc.
- C’est vrai que ça fait du bien de taper sur ces têtes d’oiseau – dit Eiling avec un sourire. Elle se sentait bien malgré que même le contact de l'air sur la peau lui faisait mal, un petit peu soulagée d'avoir extériorisé sa frustration.
- Je me demanda si c'était prudent - commenta Akiro
- Comment ça ? - demanda la jeune femme
- Je me disais simplement que vous auriez pu les obliger à se neutraliser entre eux par exemple - expliqua le chercheur
- Je ne ferai jamais ça - répondit la jeune femme - je n'utiliserai jamais mon don de manière si inhumaine. Si il y a des risques à prendre je les prend de front sans me cacher. Même si là, votre appareil à été super utile - dit elle en souriant en pensant au fait que techniquement elle s'était caché. Mais elle savait ce qu'elle voulait dire et elle savait que tout le monde avait comprit ce qu'elle voulait dire, c'était l'essentiel.
- Je vois - fit Nokuza avec une certain quelque chose dans le regard, une étincelle qui prenait la forme de la déception. Il commençait à se demander si ces personnes méritaient son implication. Elles étaient péniblement naïves, mais pourquoi pas après tout. De toutes les façons il était désormais trop tard pour faire machine arrière - Dans ce cas, poursuivons
- Une seconde - demanda Dalanda. Elle laissa tomber ce qui restait de son pistolet aux pieds de son adversaire vaincu, puis sorti le deuxième caché dans son dos. Il fallait être prêt, les black owls suivant pouvaient être des cyborgs et là ses artifices n'avaient aucune chance de marcher contre eux. L’un des fusils au sol attira son attention, elle le ramassa en sentant les muscles de ses bras et son dos l'injurier. Comment osait elle les solliciter encore, alors que le métabolisme était exténué ? Le fusil était une machine de guerre pesant près de 18 kilos d'intentions de meurtre et une fois cette dernière entre ses mains, il fit un petit bruit et clignota en rouge - “Reconnaissance biométrique standard hein ? Je m’en occuperai plus tard” - se dit-elle en le passant lentement autour de l’épaule, très lentement histoire de ne rien froisser. Et à son corps qui n'arrêtait pas de se pleindre elle n'avait qu'une seule réponse: "Ferme la !" - Prenez l’autre, je les débloquerai dès qu’on trouvera les outils adéquats - dit-elle à Bender. Si ils voulaient continuer dans une certaine sécurité, augmenter leur puissance de feu allait être nécessaire.
Une fois l'engin entre les mains du sergent, il commença à se sentir moins stressé. Cette construction métallique avait un effet considérable sur la sensation de sécurité, une illusion sur laquelle il n'était pas prêt de cracher.
Akiro enjamba les mercenaires assommés sans leur prêter la moindre attention et prit l'allée principale pour s'arrêter devant les portes blindées. Là, il passa sa carte d’accès sur la console de reconnaissance qui fut reconnue et acceptée par un bip, accompagné d'une lumière verte. Mais avant que la porte ne s'ouvre une représentation holographique fit son apparition, le visage magnifique de Juvianne prit forme juste devant lui.
Bonjour docteur Nokuza - dit elle
Bonjour Juvianne - salua Akiro avec une très légère pointe d'amertume -j'aimerai passer. Peux tu ouvrir la porte s'il te plait ?
Docteur... Je ne peux pas.- Je sais que tu es troublée, mais je t'ai promis d'arrêter Morel. Ne me fais tu donc pas confiance ?
- Hey qu'est ce qui se passe ici ? - murmura Bender qui ne comprenait de quoi il était question.
- Pas maintenant - répondit Akiro de manière sèche
- ...
- Juvianne, si tu change d'avis maintenant nous sommes tous condamnés. Je ne t'ai jamais rien demandé d'autre que le silence et j'aurai préféré que tu n'apparaisse pas si tôt. Zacharye, s'il te plait laisse nous passer - demanda Akiro. L'image holographique flouta pendant quelques instants avant de disparaître avec l'ouverture des portes métalliques dévoilant des bornes d’accès et deux larges portes d’ascenseur, sans doute des élévateurs pour transporter un nombre significatif de personnes.
- On discutera plus tard de tout ça - promis Eiling en posant la main sur l'épaule du docteur. Ce dernier hocha de la tête simplement sans une trace d'anxiété, comme le ferait quelqu'un qui avait la conscience tranquille.
Bender voulait également entendre quelques explications, le fait qu'Akiro avait une forme de relation avec l'IV...d'ailleurs il y avait quelque chose de pas très net avec cette dernière. Mais ce détail pouvait attendre.
Le fait qu'Akiro avait une forme de relation avec l'IV de cette installation était un atout non négligeable. Pourquoi il ne l'a pas mentionné plus tôt ? Qu'est ce qu'il avait en tête ? Cependant, il devait d'abord réglé un détail plus urgent.
Il se rua en avant pour sauter par-dessus les bornes de sécurités aussi fluidement que possible, puis se jeta contra la porte de la salle de contrôle placée à droite. Il remarqua une personne à l’intérieur en chemise cravate, qui s’activa aussitôt de son côté, sans doute qu’il essayait de contacter le siège des opérations. Bender planta ses doigts métalliques dans la porte et tira de toutes ses forces sur la droite. Dalanda suivi derrière en se faufilant à travers la brèche ouverte et captura l’individu à l’intérieur sans difficultés. Il se retrouva au sol avant même qu’il ne puisse dire un mot.
- Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? – cria-t-il en essayant de se débattre mais sans résultat – Andréï, Choki ? – reconnu-t-il aussitôt le grand blond et le petit brun qui entrèrent quelques instants plus tard.
- Hey Peter, ça va ? – répondit Miliovski nonchalamment.
- Salut Pete – dit Choki avec un sourire en coin. Voir son ancien responsable dans cette situation avait de quoi remonter le moral
- Qu’est-ce que vous foutez les mecs, c’est quoi ce délire ?
- Silence ! – fit Dalanda en lui donnant une giffle à la nuque suffisamment forte pour qu’il se calme.
- Désolé mec mais je vais devoir te déshabiller – lui dit Bender – Rien de personnel.
- Quoi ? Attendez ! Mais attendez !
Bender l’ignora, il déchira habillement des parties de ses vêtement et s’en servi comme bâillon et liens pour le tenir au calme dans un coin de la pièce.
- Choki, débloquez les commandes des élévateurs – lui demanda Bender.
A l'intérieur de ce petit bureau qui avait du mal à les contenir tous, Bender se senti comme en sécurité pour la première fois depuis longtemps. Quoique le mot sécurité était peut être exagéré, la sensation pouvait plutôt être décrite comme une bouffée d'oxygène prise après des minutes en apnée. Vitale et agréable étaient les mots qui venaient à l'esprit. Remplir ses poumons qui mendient de l'air était une expérience transfigurante de plaisir et clairement vivifiante.
Ici, il pouvait réfléchir un peu. Il n'y avait nul part ou se presser. Du moins tant que les ascenseurs n'étaient pas activés ils ne pouvaient pas bouger. Alors l’adrénaline pouvait commencer à baisser. L'esprit pouvait commencer à s'éclaircir et à réfléchir sans nécessiter des efforts de volonté colossaux. Et la première chose à laquelle il pensa était que faire du duo ? Cet endroit était parfait pour qu'ils restent en sécurité. Une fois en bas, le sergent avait la prémonition que cela allait être un chaos monstrueux. Personne ne pourrait protéger personne...Mais avait il le luxe de se passer de leurs qualifications techniques ? Là était la question à laquelle il devait sérieusement répondre.
A l'autre bout de la pièce, Choki s’assit devant l’ordinateur si familier. Ses doigts furent animés par la mémoire musculaire de tâches redondantes réalisées ici. Il ouvrit le logiciel nécessaire, appuya sur trois touches en même temps : Control+R+A, un raccourci qui ouvrit la fenêtre nécessaire et un schéma apparut sur l’écran. Il opéra encore quelques instants et leur fit ok du pouce.
- C’est bon de savoir que je n’ai pas oublié les vieux jours pas vrai Pete ? – dit-il en souriant, sourire qui disparut dans la seconde suivante.
- Hey Pete, les élévateurs ont été activés qu’est-ce que tu fous ? – gueula une voix dans les haut-parleurs – Pete ? Tu m'entends ? Répond bordel de merde, ce n'est pas le moment de faire le con !!
Choki regarda tout le monde d’un air paniqué et Dalanda lui fit signe de répondre mais à peine eut il le temps d’ouvrir la bouche qu’il y eut à nouveau un tremblement de terre, plus faible celui là, et de l’autre côté une voix reconnaissable hurlait à tous poumons.
- …Je m’en fous qu’ils ne soient pas prêts, orientez les pour interception !!! Toi libère le canal et contacte le groupe têta qu’ils barricadent le couloir 18. Butez-moi cette chose putain de merde !!
- “Morel !!!” - reconnu Bender
- “Chose ?” - pensa Dalanda
- Oui monsieur ! - Pete tu me règle le problème d’élévateur et plus vite que ça !!!! – hurla la voix se défoulant à son tour.
- Juvianne ! Trouve le moi immédiatement ! - entendirent ils Morel hurler ses ordres.
- O… Ok ! – répondu Choki alors que la communication fut occupée – Je pense que j’ai géré pas vrai Pete ? – dit-il en souriant et Pete lui jeta un regard noir. Il y avait clairement une animosité entre ces deux, animosité qui remontait à plusieurs années de là, mais qui ne représentait aucun intérêt particulier.
- J’aurai pu faire pareil – commenta Andréi
- On peut rappeler et essayer si tu veux – répondit Choki.
- Hey vous deux, ne touchez plus à rien ! – gueula Bender en pensant qu’il était toujours entouré d’un “Sean” un peu débile sur les bords, et que le vrai lui manquait terriblement - Contre toute attente il semble que votre ami est en train de leur faire passer un sale quart d’heure – s’adressa t il a Dalanda. Mais quelque chose ne tournait pas rond, son instinct lui disait que le chaos en bas n'était l'oeuvre du félin... Quelque chose dans la voix de Morel trahissait sa peur, Cid pouvait il effrayé cet homme à l’ego démesuré et possédant une armée d'élites ?
Jonathan n'était pas le seul à sentir anguille sous roche. Eiling elle même commençait à douter de l'identité du fouteur de merde. Non pas qu'elle remettait en cause, ou sous estimait les compétences de Marshall, loin de là. Mais c'était plutôt un quelque chose dans les paroles de ce type. La manière dont il avait qualifié le félin de "monstre" travaillait dans un coin de son esprit. Oh ce n'était pas la première fois que Cid se faisait traiter de la sorte et à chaque fois Dalanda bouillonnait de colère. En général c'était simplement injurieux ou haineux ou stupide, mais là c'était différent... Elle en frissonna même en entendant le ton de voix.
- C’est bien ce que j’ai cru entendre – répondit elle en essayant de se remettre de ses émotions. Néanmoins il n'était pas aisé de mettre ses craintes de côtés.
- Comment est-ce possible ? Il n’a ni armes, ni équipements, ni armures… Qu ’est ce qui se passe ? - demanda le sergent. Pour quelqu'un qui avait subi les prouesses du tigre, il n'avait pas non plus l'intention de douter. Des créatures hypersoniques il n'y en avait pas des cent et des milles à sa connaissance. Mais quand même, face à des unités surentraînées, et dans un bâtiment hostile, sans plan et sans équipements... A quel point il fallait être bon pour pour non seulement s'échapper tout seul mais également créer un tel chaos ?
- Si on ne le prend pas par surprise il est très efficace dans ce qu’il fait - expliqua simplement Eiling
- Le meurtre ? – demanda Bender, les mots lui avaient malheureusement échappé mais il les pensait quand même.
- Pour quelqu'un à l'accusation facile, je vous signale que vous respirez après l'avoir énervé non ?
- Grâce à votre intervention, je vous le rappelle
- ... Quoiqu’il en soit vous venez d’évoquer autant de raisons pour ne pas perdre de temps ici – dit elle. La conversation n'allait mener nul part, et ne servait aucun but.
Bender la regarda partir en direction des ascenseurs, conscient qu'il devait éviter de l'antagoniser ainsi. Cela ne servait aucun but pratique si ce n'est à pourrir le climat et endiguer la coopération.
- Akiro vous avez une idée de ce qui se passe en bas ? – demanda le sergent
- J’ai bien peur que non – lui répondit-il calmement – mais quoi que ce soit je suis prêt à parier que ce n’est pas beau à voir.
- “Sans déconner” - pensa Jonathan avec sarcasme.
Les portes des élévateurs étaient ouvertes et il n’y avait qu’un seul bouton, B5, ainsi qu’une fente qui devait accueillir un pass. Bender trouva cela peut pratique mais sans doute avaient ils leurs raisons.
La descente se trouva être plus longue que prévue et à mesure qu’ils avalaient les mètres un détail particulièrement inquiétant prenait de plus en plus d’ampleur. La température descendait au point où Choki et Andréï pouffèrent un souffle blanc.
- Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? – se demanda Bender – C’est normal ça Akiro ?
- Les imbéciles, ils les ont quand même lâché – monologua ce dernier en se massant les sourcils.
- De quoi est ce que vous parlez ? - demanda Bender
- “Ce froid soudain est un très mauvais signe” - se dit Dalanda en ayant une petite idée de ce que ces “les” pouvaient être. Était ce le monstre en question ? Non, même si Morel avait utilisé le singulier, Akiro lui prétendait qu'il y en avait plusieurs, ou peut être qu'il n'en restait plus qu'une de ces choses ?... Malheureusement il n'y avait d'autre moyen de savoir que de voir. Peut être faire parler le chercheur ? Difficile ! Si seulement elle pouvait l'influencer d'une quelconque manière. Malheureusement il était complètement vide. Par contre il y avait quelque chose de très malsain qui commençait à se renforcer à mesure qu'ils descendaient. De si malsain qu'Eiling se constat flancher et perdre l'équilibre, du au fait d'avoir momentanément perdu connaissance. Elle regarde autour, mais personne ne sembla rien remarquer, elle était la seule à ressentir cette atmosphère atroce...
- Il va falloir m’expliquer clairement ce qui se passe là – demanda Bender - Vous en savez beaucoup plus que vous voulez nous faire croire - affirma ce dernier en combattant l'envie de saisir l'autre par le col de sa chemise et le plaquer au mur.
- Je parle du « projet Fenrir ». Il a été activé à nouveau malgré le fait qu' il ne soit pas prêt à être utilisé, pas après ce qui est arrivé il y a quelques mois - répondit Akiro calmement.
- De quoi il s’agit ? A quel point ça va nous poser problème ? Et pourquoi je n’ai pas été prévenu ?
- Cela fait beaucoup de questions monsieur Bender, et nous allons manquer de temps. Alors voilà comment je vais essayer d'expliquer la chose: le projet Fenrir est notre réponse à l’invasion des « Kissadzés » ou Kiss si vous préférez.
- Elle est bien tardive votre réponse, on a gagné la guerre – rétorqua Bender qui avait déjà entendu cet argumentaire auparavant. Ce à quoi Akiro le regarda avec une pointe de pitié, ou un sentiment similaire. Dur à dire sur ce visage inexpressif.
- Vous fêtes erreur, comme le reste du monde – répondit-il en grimaçant un sourire,
- J'ai assisté à la fin de guerre et elle est belle et bien terminée - répondit Jonathan catégorique. Il ne pouvait y avoir aucun doute possible, il ne voulait avoir aucun doute possible sur le sujet. Sa guerre était terminée...
- Voyez vous ça ? - répondit Akiro - J'imagine que les images étaient fausses alors.
- Quelles images ?!
- Nous en discuterons ultérieurement si vous le voulez bien. Je dois encore répondre à vos questions antérieures.
- ...
- Quant à votre deuxième question tout dépend du temps et de la chance, de ne pas les croiser il va de soit. Et pour finir …
- Pas la peine, c’est clair – l’interrompit Bender, il savait très bien que leur relation n’était pas basée sur la confiance mais sur l’utilité. Et après ce qu’il venait d’entendre il avait envie de coupé court à la conversation - “La guerre n’est pas finie ? Sort de ton trou connard” - fulminait il intérieurement
- C projet, ce sont des créatures de glace c’est bien ça ? – demanda Dalanda pour être sure.
- Des créatures ? Je pense qu'une personne ayant votre sensibilité préférerait utiliser un terme plus politiquement correcte comme zoohumains – expliqua Akiro choquant la jeune femme au plus haut point.
- "Foutaises !" - pensa t elle aussitôt. Il n'y avait aucune espèce capable d'originer de telles, choses.
- Foutaises ! - exprima t'elle son désaccord à haute voix - Il n’y a aucun animal qui pourrait originer ces abominations - De ce qu’elle savait il fallait une espèce d’origine comme un rat, un lapin, ou peut importe. Mais quelque chose avec un adn utilisable. Alors quelle anima pouvait produire de la glace en défiant les lois de la physique ?
- Les zoohumains sont par leur concept même des abominations n’est-il pas ? - suggéra Akiro
- Des victimes ! Ce sont des victimes ! - s’indigna Dalanda
- Des victimes ? Et qui ne l’est pas madame ? Oh ?! - fit le chercheur au son du "tling" de l’ascenseur faisant signe qu'il était arrivé à destination.
Les portes s’ouvrirent sur une scène si chaotique que pendant un instant Akiro se tint la bouche cachant entièrement le bas de son visage de sa paume, puis ferma ses yeux de force. Choki vomit tripes et boyaux et Andreï était sur le point de faire pareil. Il perdit l'équilibre et saisit un garde de corps métallique pour ne pas se retrouver au sol, ses jambes avaient perdues toute force pour supporter la réalité devant ses yeux. Ce qu’ils voyaient était un cran au-dessus de la boucherie, il y avait du sadisme dans cette peinture surnaturelle.
Au-delà du passage de décontamination dont les portails avaient été arrachés comme des bouts de papier par la force brute, ainsi que du trou gigantesque dans le sol, la glace épousait le métal, le béton et la chaire humaine. Des bouts de personnes étaient dispersés partout où les yeux pouvaient se poser. A cinquante mètres le bout d'un torse pendait du plafond, tranché à hauteur de la deuxième ligne blanche abdominale. Sa tête étaient complètement détruite et étaient vissée comme une ampoule. Un peu plus loin, un autre individu était encastré dans le mur si profondément qu'on ne pouvait observer que ses chaussures dépasser... Tout le couloir n'était qu'un présentoir de scènes macabres de personnes éventrées, séparées en plusieurs parties, écrabouillées, décapitées. Il y avait au moins une quarantaine de corps de l’élévateur jusqu’à l'allée suivante, peignants la glace de rouge comme un rubis.
- Mate milacerdetchnaïa – murmura Andreï dont les genoux vacillaient encore
- C’est votre ami qui a fait ça ? – demanda Bender sans cacher son dégoût.
- Non – hésita Dalanda non pas parce qu’elle avait des doutes mais parce qu’elle était perturbé par les émotions encore fraîche - Bien sûr que non ! C’est votre projet Fenrir qui est responsable de ce massacre avouez ! – dit-elle en saisissant Akiro par le col.
- C’est une des possibilités je ne vous le cache pas - répondit ce dernier en ouvrant les yeux. Malgré le fait qu'ils affichaient la tristesse la jeune femme ne ressentait toujours rien - ils sont instables comme je vous l’ai dit. Mais je ne crois sincèrement pas que ce soit eux les responsables.
- Alors si ce n’est pas Cid et si ce n’est pas votre précieux projet alors qu’est ce qui se passe ici ? – demanda Bender en se rattrapant sur l’idée qu’il n’arrêtait pas de poser cette question depuis un moment: “Qu’est ce qui se passe”
- La situation était déjà désespérée à la base, on n’avait pas besoin de ça – murmura Bender en cognant l'ascenseur avec le côté extérieur de son poing métallique, pliant légèrement la surface de la cabine. Il sorti ensuite immédiatement un petit boite de la poche pour en tirer une gélule qu'il avala sans réfléchir. Il sentait venir les premiers symptômes de rejet, et le groupe n'avait clairement pas besoin qu'il s'écroule maintenant.
Dalanda respirait de manière irrégulière comme si elle allait faire un malaise. Les émotions ici étaient encore fraîches, elle pouvait les "voir" dans son esprit, les spectres hurleurs: caricatures de ce que les vivants avaient ressentis au cours des derniers instants de leur vie.
En cet instant, elle pouvait supplier pour une dose de Milgram. Cependant il existait une autre solution, la pression n'était pas énorme au point de l'envahir complètement. Elle pouvait user du petit miracle présent pour faire pencher la balance.
Ici, il parmi les centaines de ces photographies spirituelles, il n'y en avait qu'une qui brillait au milieu de leur désespoir. ici, au milieu de ce carnage, il y eut un individu qui refusa de maudire ce destin...C'est sur cette lueur qu'elle se focalisa pour trouver la force nécessaire de lutter contre l'influence des voix innombrables qui lui dévoraient sa conscience. Qui était ce ? D'où est ce qu'il venait ? Qu'est ce qu'il faisait là ? A quel corps appartenait elle ? Eiling voulait savoir, malheureusement la seule chose qu'elle entendait était: vit ! Vit ! A qui ce message pouvait il être adressé ? La personne avait elle survécu ? Probablement pas... Les seules personnes qui avaient eut un espoir de réchapper étaient à ses pieds, juste devant les portes de l'ascenseur. Un homme et une femme, allongés l'un sur l'autre, les têtes pressées comme des fruits, leur matière cérébrale séchée sur leurs blouses...
- Est-ce que ça va aller ? – entendit elle en émergeant de sa lutte de contrôle. En pensant que la question lui était adressée, Dalanda se tourna pour constater qu'elle n'était nullement l'objet de l'inquiétude. C'était Andréï qui, malgré ses jambes en coton, essayait de lever Choki qui vomissait encore même si son estomac n'avait plus rien à donner.
- Ouais, une seconde, bwahh ! – l'intention était là, les spasmes en attestaient, mais il n'y avait plus que de la salive à cracher. C’était un miracle que ses organes n’étaient pas à ses pieds.
Se sentant déçue, Dalanda focalisa à nouveau son attention vers l'avant. Elle ferma les yeux et au prix d'un effort gargantuesque de volonté commença à effacer les spectres. Non pas à éradiquer leur existence, mais à créer un bulle autour de sa conscience pour les ignorer complètement, pour effacer ou plutot masquer leur présence.
- "Merci" - dit elle à la lumière solitaire avant de sceller la barrière mentale. Plus tard, elle acceptera leurs lamentations. Plus tard elle rendra hommage à leur courage ou à leur bienveillance, mais Cid n'était pas là pour la protéger pendant cette conversation avec les défunts. Il n'était pas encore là...
Une fois ce travail extrêmement complexe terminé, elle focalisa son attention sur les détails, sur les traces qui témoignaient purement de manière factuelle les événements qui s'étaient produits ici. Elle était loin d’être une experte mais ce qu’elle voyait lui confirmait plusieurs choses :
La chose était énorme, si Cid qui faisait 2 mètres quatre vingt dix huit était grand alors cette chose devait avoir deux têtes de plus que lui, au minimum. Ce détail apparaissait sur certains corps à la taille des doigts qui les avaient transpercés, ainsi qu’à la taille des griffures ainsi que la profondeur des griffures présentes un peu partout. Et dernier élément, sans doute le plus important: les empreintes laissées par ses pas. La choses n'étaient ps uniquement énorme, elle était lourde et puissante...
La sauvagerie de la scène... La saturation de l'atmosphère d'énergie négative en était une preuve. Ce degré de désespoir et de colère était comme du goudron liquide, visqueux et collant, désagréable. Néanmoins, ce n'était pas tout, la jeune femme put percevoir également un degré d’excitation particulièrement élevé... Il était possible que la créature responsable de cette atrocité ait particulièrement apprécié son oeuvre. Si jamais leurs routes se croisaient pouvaient elles prendre le risque d'essayer de dominer ses émotions ?
Des écailles. Il y en avait quelques-unes qu’elle trouva au sol mais qu’elle évita de toucher pour éviter un phénomène de transfert. Il y avait un risque qu’elle se retrouve « possédée » et au vue de la situation c’était quelque chose à absolument évité.
La puiss…
- Il voudrait mieux qu’on bouge – dit Bender, l’interrompant dans ses pensées – Cette saloperie n'est peut être pas loin – expliqua t il ensuite ses craintes avant de penser - “Quel gâchis” - Voire des vies détruites comme ça était juste incompréhensible. Juste complètement incompréhensible, que le responsable soit humai ou animal ou peu importe, c'était de la folie...
- Juste… juste une seconde – demanda Choki qui essayait de se relever mais il sentait encore son estomac lui jouer des tours. Jonathan pensa alors qu'il aurait mieux valu les laisser plus haut, malheureusement il avait besoin du maximum d'options dans son jeu. Il s'en voulait de penser ainsi, c'était quelque chose qu'il ne voulait plus revivre, opérer des individus comme des pions, mais il devait maximiser leur survie avant tout.
- On n’a pas un seconde ! - dit il - Akiro où est la salle de surveillance ? Akiro ?
- Oh excusez-moi – répondit ce dernier en détournant le regard des cadavres, puis massant son front - C’est à l’étage plus bas je vais vous y guider. Par contre, une petite question au passage, vous comptez y entrer comment ?
- Je vais trouver ! - promit le sergent
A vrai dire il n'avait qu'une ébauche de plan, le martèlement dans sa poitrine couvrait le bruit de ses pensées. Il ne pouvait juste qu'avancer, en espérant que la situation se débloque d'elle même par une succession de coïncidences, ou qu'une idée brillante, voguant dans l'éther sans savoir que faire, le visite. Mais il fallait avancer, c'était ce qu'on lui avait toujours appris. Malgré le fait qu'il y avait le risque de se retrouver face à une armée par devant et une saloperie par l’arrière, il fallait avancer car rien ne pouvait se résoudre en traînant des pieds. Une sagesse qui n'en avait que l'apparence en réalité...
Parfait, suivez-moi alors - répondit alors Nokuza. Il était difficile de dire s'il était inquiet ou serein, s'il accordait ne serait qu'une once de crédibilité aux paroles du sergent, ou que ce n'était que du vent pour ses oreilles. Mais de leur échange précédent, il était clair que le chercheur ne lui faisait pas confiance. Et en toute honnêteté, cette attitude était compréhensible. Pour l'instant la seule chose que leur coopération ait apporté était de se retrouver dans une cage avec une bête inconnue. Une situation indésirable pour tous n'est il pas ? Un véritable cauchemar... Alors pourquoi est ce que ces yeux semblaient laisser transparaître un petit peu d'excitation ? Avait il un esprit d'aventurier qui s'éveillait enfin après toute une vie passée derrière un bureau ? Ou était ce la perspective de la mort qui avait un quelconque attrait ? Difficile de le dire en effet, mais il était apparent que la situation actuelle ne lui déplaisait pas sur un plan personnel. Pour autant, en tant que leader c'était différent, car pour l'instant ses attentes n'étaient aucunement satisfaites.
Le groupe se remit en marche, Choki titubait derrière mais il était absolument hors de question qu'il se retrouve tout seul ici. Alors même si il sentait la mort dans son estomac, il était résolu à suivre tout le monde. L'idée de faire machine arrière lui trottait dans la tête comme une roue de bicyclette, encore et encore, elle tournait en boucle. Cependant après avoir convaincu son ami de le suivre dans cette folle aventure, il ne pouvait pas lui dire qu'il avait envie de se tirer de là. Ou le pouvait il ?
Hey Andréï - murmura Choki faiblement en tirant la chemise de son ami
Quoi ? - répondit ce dernier en murmurant à son tour. La raison de cette réponse à voix basse n'était pas pour masquer leur conversation des autres, mais pour que la créature ne l'entendent pas. En cet instant tout était trop fort: sa respiration, ses pas, sa voix, ses battements de cœur, même le battement de ses cils. Et si le monstre pouvait entendre, et si il allait venir le dévorer ?
Euh, ça va toi ?
J'ai l'air d'aller là à ton avis ?
Non pas vraiment...Tu sais, je me disais qu'on peu...On peu peut être re...
Qu'est ce que c'est ça ? - l'interrompit Andréï en s'accroupissant pour ramasser quelque chose - Regarde ce que j’ai trouvé - dit il en montrant une petite plaque verdâtre de la taille de son auriculaire.
C'est quoi ? Une écaille ?
Je... pense oui... - bafouilla Andréï en tournant l'objet dans sa main
Il faut le montrer aux autres, vient ! - s'emballa Choki. Ils pouvaient contribuer à quelque chose, c'était génial.
Oui...Oui, il faut le montrer, je crois...
Comment ça tu crois ? Ça va ? - demanda Choki inquiet.
Euh je ne sais pas trop en fait, j’ai comme mal à l’estomac tout à coup. Mais, mais ouais montre leur.
Ok ! T’inquiète une fois que t’as tout vomi comme il faut, tu te sentiras mieux. N'hésite pas à tout lâcher - répondit le petit ingénieur, quelque part rassuré que son pote connaisse les mêmes tourments que lui.
Non, ce n'est pas ça... Ce n'est pas grave, vient il faut rattraper les autres - dit Andréï en se pressant de rejoindre le groupe, préoccupé par la nécessité de discuter avec Dalanda à la première opportunité de tranquillité. Une discussion privée loin des autres pour commencer...
Hey ! Les gars ! – appela Choki ce qui fit dresser les cheveux sur la tête de chacun
Tu peux faire moins de bruit ?! – murmura Bender énervé, il eut l'impression que son cœur allait lui bondir de la poitrine.
Tu ne peux pas juste hurler comme ça - le reprit Andréï qui était à la limite de se faire dessus.
Ah merde, désolé mais je n'ai pas hurlé...
Qu'est ce que tu veux ? - le coupa sèchement Jonathan
On a...Andréï à trouvé quelque chose. Montre leur - dit Choki.
Qu’est-ce que c’est ? Une écaille ? – Observa Bender en tournant l'objet dans tous les sens – D’où ça vient ? Vous avez des monstres à écailles aussi ?
Ce ne sont pas des monstres – réagit Dalanda.
Je suis désolé mais le responsable de ça est un monstre, peut importe son apparence – rétorqua Bender en montrant les bouts de corps.
Non, nous n’avons pas d’écailleux en stock. C’est très intriguant, je peux ? – demanda Akiro en prenant l’objet dans sa paume – Fascinant !
« Je suis entouré par un savant fou, des stagiaires, et une armée de psychopathes. Et moi qui pensait que Meliacor était d’un ennui mortel » - Pensa Bender - Restez groupés et sur vos gardes, Andreï les yeux sur le détecteur - ordonna-t-il
Pas de problèmes - répondit ce dernier en lançant un regard un Eiling qui se voulait subtile.
La jeune femme ne comprit pas les raisons d'un tel appel de phares de la part de Miliovski. Elle sentait bien que le docteur avait envie de parler, et n'étant pas télépathe, la seule manière de savoir de quoi il était question était évidemment de discuter. Cependant la situation de stress: l'envol de l'endorphine, du cortisol et de l'adrénaline. Le cœur bat vite, le souffle a du mal à être régulé... Symptômes pouvant aisément être confondus avec du désir, qui enclenche pratiquement les mêmes réactions chimiques dans le cerveau. Et en toute franchise, Dalanda n'avait ni la volonté, ni le temps, ni l'humeur ou l'intérêt pour ces conneries. Un léger malentendu de sa part qui n'aurait pas eu lieu si elle avait toutes ses facultés cognitives.
Parfait, suivez-moi alors - répondit alors Nokuza. Il était difficile de dire s'il était inquiet ou serein, s'il accordait ne serait qu'une once de crédibilité aux paroles du sergent, ou que ce n'était que du vent pour ses oreilles. Mais de leur échange précédent, il était clair que le chercheur ne lui faisait pas confiance. Et en toute honnêteté, cette attitude était compréhensible. Pour l'instant la seule chose que leur coopération ait apporté était de se retrouver dans une cage avec une bête inconnue. Une situation indésirable pour tous n'est il pas ? Un véritable cauchemar... Alors pourquoi est ce que ces yeux semblaient laisser transparaître un petit peu d'excitation ? Avait il un esprit d'aventurier qui s'éveillait enfin après toute une vie passée derrière un bureau ? Ou était ce la perspective de la mort qui avait un quelconque attrait ? Difficile de le dire en effet, mais il était apparent que la situation actuelle ne lui déplaisait pas sur un plan personnel. Pour autant, en tant que leader c'était différent, car pour l'instant ses attentes n'étaient aucunement satisfaites.
Le groupe se remit en marche, Choki titubait derrière mais il était absolument hors de question qu'il se retrouve tout seul ici. Alors même si il sentait la mort dans son estomac, il était résolu à suivre tout le monde. L'idée de faire machine arrière lui trottait dans la tête comme une roue de bicyclette, encore et encore, elle tournait en boucle. Cependant après avoir convaincu son ami de le suivre dans cette folle aventure, il ne pouvait pas lui dire qu'il avait envie de se tirer de là. Ou le pouvait il ?
Hey Andréï - murmura Choki faiblement en tirant la chemise de son ami
Quoi ? - répondit ce dernier en murmurant à son tour. La raison de cette réponse à voix basse n'était pas pour masquer leur conversation des autres, mais pour que la créature ne l'entendent pas. En cet instant tout était trop fort: sa respiration, ses pas, sa voix, ses battements de cœur, même le battement de ses cils. Et si le monstre pouvait entendre, et si il allait venir le dévorer ?
Euh, ça va toi ?
J'ai l'air d'aller là à ton avis ?
Non pas vraiment...Tu sais, je me disais qu'on peu...On peu peut être re...
Qu'est ce que c'est ça ? - l'interrompit Andréï en s'accroupissant pour ramasser quelque chose - Regarde ce que j’ai trouvé - dit il en montrant une petite plaque verdâtre de la taille de son auriculaire.
C'est quoi ? Une écaille ?
Je... pense oui... - bafouilla Andréï en tournant l'objet dans sa main
Il faut le montrer aux autres, vient ! - s'emballa Choki. Ils pouvaient contribuer à quelque chose, c'était génial.
Oui...Oui, il faut le montrer, je crois...
Comment ça tu crois ? Ça va ? - demanda Choki inquiet.
Euh je ne sais pas trop en fait, j’ai comme mal à l’estomac tout à coup. Mais, mais ouais montre leur.
Ok ! T’inquiète une fois que t’as tout vomi comme il faut, tu te sentiras mieux. N'hésite pas à tout lâcher - répondit le petit ingénieur, quelque part rassuré que son pote connaisse les mêmes tourments que lui.
Non, ce n'est pas ça... Ce n'est pas grave, vient il faut rattraper les autres - dit Andréï en se pressant de rejoindre le groupe, préoccupé par la nécessité de discuter avec Dalanda à la première opportunité de tranquillité. Une discussion privée loin des autres pour commencer...
Hey ! Les gars ! – appela Choki ce qui fit dresser les cheveux sur la tête de chacun
Tu peux faire moins de bruit ?! – murmura Bender énervé, il eut l'impression que son cœur allait lui bondir de la poitrine.
Tu ne peux pas juste hurler comme ça - le reprit Andréï qui était à la limite de se faire dessus.
Ah merde, désolé mais je n'ai pas hurlé...
Qu'est ce que tu veux ? - le coupa sèchement Jonathan
On a...Andréï à trouvé quelque chose. Montre leur - dit Choki.
Qu’est-ce que c’est ? Une écaille ? – Observa Bender en tournant l'objet dans tous les sens – D’où ça vient ? Vous avez des monstres à écailles aussi ?
Ce ne sont pas des monstres – réagit Dalanda.
Je suis désolé mais le responsable de ça est un monstre, peut importe son apparence – rétorqua Bender en montrant les bouts de corps.
Non, nous n’avons pas d’écailleux en stock. C’est très intriguant, je peux ? – demanda Akiro en prenant l’objet dans sa paume – Fascinant !
« Je suis entouré par un savant fou, des stagiaires, et une armée de psychopathes. Et moi qui pensait que Meliacor était d’un ennui mortel » - Pensa Bender - Restez groupés et sur vos gardes, Andreï les yeux sur le détecteur - ordonna-t-il
Pas de problèmes - répondit ce dernier en lançant un regard un Eiling qui se voulait subtile.
La jeune femme ne comprit pas les raisons d'un tel appel de phares de la part de Miliovski. Elle sentait bien que le docteur avait envie de parler, et n'étant pas télépathe, la seule manière de savoir de quoi il était question était évidemment de discuter. Cependant la situation de stress: l'envol de l'endorphine, du cortisol et de l'adrénaline. Le cœur bat vite, le souffle a du mal à être régulé... Symptômes pouvant aisément être confondus avec du désir, qui enclenche pratiquement les mêmes réactions chimiques dans le cerveau. Et en toute franchise, Dalanda n'avait ni la volonté, ni le temps, ni l'humeur ou l'intérêt pour ces conneries. Un léger malentendu de sa part qui n'aurait pas eu lieu si elle avait toutes ses facultés cognitives.
- Vous voulez y jetez un coup d’œil ? – demanda Akiro à Eiling alors qu'elle se détourna du docteur et de sa trouvaille pour continuer à avancer.
- Non ça ira, je ne toucherai pas à cette chose – lui répondit elle, résolue.
- Dommage, cela aurait été instructif – commenta Nokuza en mettant l'objet dans la poche de sa blouse.
La jeune femme ignora ce commentaire. Elle n’avait pas, également, le luxe de tout écouter. En ce moment toute son intention était concentrée sur deux choses : détection et action. Entre les black owls, et les différentes créatures qui pouvaient rôder dans le coin, il était suicidaire de laisser traîner son attention sur des problèmes accessoires.
Au bout d’une heure à circuler au milieu d’un champ de morts plus horribles les unes que les autres, le nombre de victimes avait largement dépassé la centaine, Black owls et civils confondus. Dalanda commença à se sentir épuisée. Sa barrière mentale et émotionnelle était attaquée sans aucune pitié, et l'attention nécessaire pour la garder était extraordinairement épuisant. Cependant, selon la loi de Murphy qu'elle commençait à bien connaitre: "tout ce qui pouvait aller mal, allait irrémédiablement finir par aller mal". C’est à cet instant de pique de fatigue que l’appareil de détection se mit à biper, scotchant les chaussures au sol. Tout le monde appréhendait ce petit bruit car il était lourd d'implications.
Mais avant qu’Andreï ne se mette à paniquer, Bender fit signe de s’arrêter et de rester silencieux. Il jeta un très rapide coup d’œil dans le couloir et rien. Soit il s’était raté comme un amateur et n’avait eu le temps de rien voir, soit il n’avait rien vu parce qu’il n’y avait rien à voir, autrement dit: camouflage. L’appareil pouvait les détecter même dans ce mode en captant la signature énergétique de leur champ d’invisibilité mais il y avait aussi un hic vu qu’il manquait de précision. Il n’avait pas été calibré pour cette tâche spécifique à ce qu’on lui avait dit, mais Bender pensait surtout que c’était une technologie de merde. Il existait donc une marge d’erreur de quelques mètres, entre quatre ou cinq.
- “Une équipe de reconnaissance ?” - se demanda Bender en réfléchissant à la suite. Ici les mercenaires étaient sur le qui vive, et surtout opéraient en équipe de 6 comme les white owls. Il était de ce fait inenvisageable de les affronter comme tout à l'heure.
Le sergent ne voyait pas de solution sans risques. Se cacher ou contourner étaient les seules options en leur disposition. Cependant au moment où il se décida à donner son ordre il entendit un son qui ne présageait rien de bon.
- Braa ! Braa !
Des tirs de fusils à haute fréquence partirent par centaines mais étrangement ce n’était pas dans leur direction, ils étaient orientés vers
- “Le sol ?” - remarqua immédiatement Bender – “Qu’est-ce que…Non putain ! Pas maintenant !!” - fulmina t il intérieurement en voyant un bras reptilien énorme jaillir du sol.
Dalanda tira le sergent par l’épaule de manière brusque, cependant au lieu de s'offusquer il prit sur lui. Ou du moins il du prendre sur lui en voyant le visage d'Eiling, surtout son regard... Elle était blanche comme neige, et des larmes lui coulaient involontairement des yeux. C'était un état de peur qu'elle n'avait connu que quelques fois au cours de sa vie, surtout dans les premières années où elle percevait son don comme une malédiction.
Au moment ou les bras gigantesques émergèrent du sol et saisirent l’un des black owl par les jambes, sa barrière mentale explosa comme un ballon condensé par une force incroyable, une malice particulièrement repoussante. Les bras écailleux qui semblèrent étrangement longs, tirèrent les mercenaires dans le sol d’où jaillit une fontaine de sang. Les cris attirèrent l'attention de Bender qui jeta à nouveau un coup d’œil à la scène par curiosité qui n'était pas forcément morbide.
- « Bordel ! Qu’est-ce que … Non, ne perd pas de temps, vite réfléchit. Qu’est ce qu’on fait ? Affront…Arrête de déconner. Tain t’es con ou quoi ? Il n’y a qu’une seule chose à faire et c’est la fuite, maintenant, BOUGE !! » - s'imposa Bender en constatant que son corps refusait de se lever. Il restait dans la position accroupie à l'image d'une statue et cette paralysie le terrifia au plus haut point - "Bouge ! Bouge ! S'il te plait bouge !" - finit il par implorer son propre corps qui persistait à rester de marbre. C'était exaspérant, rageant et surtout terrifiant. Jonathan leva un regard désemparé vers Dalanda qui comprit le problème.
Sans perdre un seul instant, sans laisser échapper la moindre milliseconde, la jeune femme plongea ses mains invisibles dans le nexus émotionnel du sergent. La tâche n'allait pas être compliquée vu qu'elle était désormais familière avec cette zone. Ou du moins c'est ce qu'elle pensait... Cet environnement était rarement stable. Ce qu'elle trouva à l'intérieur cette fois n'était un paysage d'aurore mais du sable mouvant à perte de vue... Bien sur ces paysages n'étaient que sa perception de la chose.
Ici, elle devait trouver le courage qui avait sombrer au plus profond des lises. Elle plongea sans trop réfléchir, animée par l'appel au secours qui se lisait sur le visage de Jonathan. C'était l'opportunité idéale de le laisser se démerder là quitte à y perdre la vie, cela ne serait que justice après tout. Mais ce visage allait la hanter pour le restant de ces jours... Si elle ne faisait rien pour l'aider, ce fardeau allait la bouffer pour le restant de ses jours. Sa bonté était purement égoïste, mais n'était ce pas là la meilleure des générosités ? Une action qui n'avait comme attente que la paix intérieur ?
La tâche sembla prendre une éternité mais ne dura que quelques instants. Eiling arriva à identifier les bons fils à suivre dans l'obscurité sableuse, il ne restait plus qu'à tirer vers le sommet de la conscience. Bender, retrouva le contrôle de ses memebres dans un soulagements sincère.
- Merci - dit il mais la réponse ne fut en rien émotionnelle.
- Tu attends qu’on se fasse bouffer ou quoi ? Allez on bouge – murmura la jeune femme sèchement en s’essuyant les larmes.
Au moment où Bender se levait, la bête venait de traverser un mur et passer à travers le suivant comme si ces constructions de métal et de béton n'étaient que du papier mâché. Elle embrocha deux black owl sans sentir la résistance de leurs armures et saisit le dernier à la gorge en usant de sa queue dans une sorte de grognement qui ressemblait plus à un rire qu’autre chose, un rire grave et si terrifiant que la plupart des membres du groupe ressentirent l’envie instinctive de tomber à genoux et jouer les autruches.
- HIR HIR HIR SSSS!!!!
Plans, intention, ambitions, suggestions, possibilités, éventualités... Tout tomba à l'eau en cet instant, rien n'avait d'importance à part foutre le camp de là. C’est pourquoi sans attendre une microseconde de plus, ils opérèrent leur retraite stratégique dans toute la dignité dont ils étaient capables. Bender tira Choki, Dalanda tira Andréï pour les lâcher une fois que les jambes s'étaient chauffées à la course, propulsées par la dynamique de groupe, la peur du monstre ainsi que l'espoir de s'en sortir.
Eiling avait le regard globuleux, les lèvres pliées vers l'intérieur entre les deux rangées de dents pour ne pas crier de douleur. Son corps subissait encore les effets de son doping émotionnel, et chaque pas de course se ressentait dans ses os. Sans parler du fusil qui claquait ce dernier à chaque accélération, comme deux boules de bowling percutant les grand dorsaux et les vertèbres dorsales de manière régulière. La douleur mise à part elle devait également faire face à un problème supplémentaire: garder l'équilibre. Ce simple fait était un exploit car la force des percutions du fusil, à chaque foulée, la poussait vers l'avant.
Cependant, malgré le supplice qu'elle connaissait en ce moment, s'arrêter était hors de question. Même si elle décidait de le faire sur un malentendu, ses jambes continueraient à courir quitte à être séparée du reste du corps. Points de côté ? Manque de souffle ? Douleur dans les mollets ? Tout ces détails n'avaient aucun intérêt en tant qu'excuses. Courir était une question de vie ou de mort, aussi simple que ça.
Sa vision des choses était partagée par les autres. Bender semblait avoir rajeuni d’une bonne vingtaine d’année parcequ’il courait comme un athlète au sommet de son art. Si ce n’était l’expression de terreur sur son visage, on pouvait trouvé une certaine majesté dans sa foulée développée durant ses années scolaires. Le sergent lui même n'y prêtait aucune attention, son regard se balançait de droite à gauche pour chercher une cachette, un endroit où ils pourraient souffler parceque, quand même, la jambe commençait à s'alourdir mais dans la condition actuelle s'arrêter était hors de question.
Même Akiro, malgré son visage inexpressif, suivait la cadence en ayant déboutonné sa blouse pour s’aérer un petit peu. Il n'avait pas couru depuis un bon paquet d'années, du moins pas comme ça, pas comme s'il avait le diable au cul. Mais personne n’avait même en tête de s’arrêter pour une raison ou une autre parceque le rire de la créature semblait être juste dans leur dos, et ce sifflement sinistre leur donnait les forces nécessaire pour avancer.
- HIR HIR HIR SSSS !!!
Combien de temps ils avaient sprinté de la sorte ? Près d'une demie heure, avant de plonger dans une pièce aléatoire. Ils se cachèrent sous des tables, derrière des tubes de confinement, des armoires, derrière tout ce qui pouvait les cacher du regard de la créature. Bien sur, il y avait les autres sens à prendre en compte mais dans leurs états de fatigue, cette information était facilement omettable. Le plus dur n'était pas l'attente mais le fait d'essayer d'absorber de l'oxygène correctement et non avaler l'air à grosse bouffée comme des apnéistes. Il fallait essayer de rester silencieux, psychologiquement c'était nécessaire car ce silence offrait une certaine sensation de sécurité. Est ce que cela aidait en réalité ? Peut être pas mais au moins ils étaient décidés à compliquer la tâche à cette monstruosité.
- Je pense qu’il ne nous a pas suivi – dit calmement Akiro, au bout d’un très long moment de silence, en émergeant de derrière une armoire.
- On dirait bien – répondit Dalanda encore essoufflée en émergeant de sous une table – hey c’est Choki ou Andreï qui pleure ? - demanda t elle en entendant des sanglots
- Je n’en ai aucune idée – répondit Bender qui reprenait également son souffle, la main posée sur le flanc endolori.
- Choki ? Est-ce que ça va ? – demanda Dalanda. Elle le trouva adossé contre un tube de verre de type cuve, entouré de câbles électriques, sanglotant comme une madeleine.
- Je suis désolé, je suis désolé – répéta-t-il.
- Ecoute, je comprends. C’était une expérience traumatisante pour nous tous – dit-elle en cherchant Andreï du regard, il allait être le mieux placé pour calmer son ami si d’ailleurs lui-même n’était pas dans un état similaire.
- Andreï, Andreï…Il a été…Il est mort et je n’ai rien pu faire – sanglota Choki.
- "Et merde !" - pensa-t-elle aussitôt
La nouvelle n'était pas facile à digérée. Certes ils ne se connaissaient pas suffisamment bien pourqu'elle le prenne comme une perte personnelle, et son empathie était au niveau le plus bas. Mais tout ceci n'était pas une excuse suffisante pour ne pas ressentir de la peine pour une vie perdue. Surtout que Miliovski avait l'air d'être un être humain décent. Ce qu'il faisait ici sur Meliacor était une énigme, mais quand même...
Eiling regarda tout autour d'elle, peut être que sur un malentendu...Mais ne voyant Andréï nul part décida de croire l'ingénieur. Il avait peut être vu comment cela était arrivé c'est pourquoi elle demanda, concernée
- Qu’est ce qui s’est passé ? Choki tu peux me parler tu sais - dit-elle alors que le petit homme continuait à sangloter. Mais la jeune femme constata ,ravie, qu'il essayait quand même de se ressaisir.
- Il était juste derrière moi – dit-il après un moment de silence - Et puis tout d’un coup, tout d’un coup il n’avait plus de jambes et…Et je ne sais plus.
- Comment ça il n'avait plus de jambes ? - demanda Dalanda perturbée. A ce qu'elle sache les jambes n'étaient pas des appendices détachables. Alors il était clair que des informations n'étaient pas partagées
- ...
- Je suis désolée – dit-elle en toute sincérité cependant cela ne suffisait pas. Ce n'était pas le moment d'être plus sentimentale que de raison. Si il s'était passé ce qu'elle pensait qu'il s'était passé, dans ce cas il n'y avait aucun espoir pour le docteur. Même en imaginant qu'il ait été abandonné à son sort sans être dévoré, au vu du temps écoulé il était définitivement mort d'hémorragie. Mais peut être qu'il y avait une quelconque information utilisable, un détail qui pouvait leur être utile, c'est pourquoi elle demanda, sans forcer – Choki est ce que tu as vu quelque chose ? A quoi ressemble la créature par exemple ? Ou un autre détail, peu importe lequel. Même si tu pense que ça n'a aucun intérêt tu peux me le dire. Choki ?
- Je n’ai rien vu d’autre – finit-il par dire mais Dalanda savait qu’il mentait. Il était en état de choc, et il n'y avait rien de plus normal. Il n'était pas préparé à ça, personne ne l'était d'ailleurs, alors ce n'était pas de la mauvaise volonté. Juste les informations qui avaient du mal à remonter, momentanément occultée en raison de la peine. Et le pousser à briser ce verrou si tôt pourrait le briser et ce n’était pas ce qu’elle voulait.
- Est-ce qu’on est loin de notre objectif ? – demanda Bender préoccupé par ses propres problèmes.
- J’ai bien peur que oui, on a couru dans la direction opposée – répondit Akiro en se massant les sourcils. La migraine qu'il avait ne faisait que s'accentuer parallèlement aux problèmes qui ne faisaient que s'empiler.
- “Ce n’est pas comme si on avait le choix non plus. Fait chier ! Ok, du calme, s’énerver ne va absolument servir à rien” - essaya de se calmer le sergent, il avait besoin de concentration et de calme - essayez de réconforter Choki on aura besoin de lui mais pas comme ça - demanda t il ce qui lui valu un regard confus du chercheur qui voulait dire
- "Qui ça ? Moi ?"
Pour appuyer d'avantage cette idée qu'il n'était peut être pas la personne idéale pour le job donné, au cas où le regard n'ait pas suffit. Akiro vocalisa son opinion
- Je ne pense pas être la personne la plus adaptée pour le faire. Regardez, elle s’en sort très bien - dit il en regardant dans la direction d'Eiling.
- Je confirme mais j’ai besoin d’elle maintenant alors vous allez prendre sa place ok ?
Nokuza jeta un regard subtile au sergent, un regard qui mêlait étonnement, amusement et déception. Le ton autoritaire dans cette situation où il demandait clairement un service n'était pas un bon signe. Il trahissait du stress et de la frustration, des qualités qu'un leader digne de ce nom ne devait pas posséder, encore moins montrer.
- Je vais essayer… - dit il avec un sourire pour masquer ses pensées moins tolérantes. Celles qui lui disaient qu'il s'était trompé sur la qualité de cet homme. Non pas qu'il avait un espoir pour commencer, mais là c'était une désillusion complète et totale. Au moins la femme et son compagnon étaient particulièrement intrigants. De toute façon, faire machine arrière était désormais impossible, Morel devait faire face à son destin.
- Merci - dit Bender qui senti qu'il avait peut être dépasser les bornes, c'était une déformation professionnelle d'une vie à donner des ordres. L'instinct de commander prenait le dessus dans les situations de faiblesse, un geste rassurant quelque part, épuisant et énervant aussi car il signifiait que malgré les années. malgré le fait d'avoir tout mis de côté pour devenir une personne meilleure, il était resté figé dans son illusion de changement. S'il retrouvait sa fille, Shana, elle le fuirait à nouveau... - . Dalanda je peux vous voir une seconde ?
- Là maintenant ? - demanda-t-elle en pensant - "qu'est ce qu'il me veut encore ?" - Elle préférait rester là, surtout qu'elle sentait faire du progrès sur l'état de Choki
- Oui, c’est urgent ! - recommença Jonathan avant de fermer les yeux comprenant qu'il venait de refaire la même boulette - s'il vous plait, c'est important - rajouta-t-il
- Bon. Allez je reviens – dit-elle à Choki en cédant sa place à Akiro.
- Salut mon grand, j’ai une blague qui va te plaire – dit il alors que l'ingénieur leva ses gros yeux mouillés, confus...
- La situation est la pire imaginable – dit Bender en baissant la voix, alors qu’ils se mit un peu à l’écart avec Eiling.
- Sans déconner ? – répondit elle avec sarcasme – je pense qu’on peut imaginer bien pire.
- Ok, on s’y mettra tout à l’heure mais avant j’ai un début de plan à proposer.
- Ah bon, c’est déjà une bonne nouvelle. Je vous écoute.
- On continue vers la salle de surveillance comme prévu - commença à raconter Bender en prenant sur lui pour ne pas répondre aux remarques de la jeune femme - mais si on croise la créature je ferais l’appât pour vous ouvrir le chemin, je l’attirerai le plus loin possible.
- C’est un bon plan – approuva Dalanda.
- Sérieusement ? Vous n’avez rien d’autre à proposer ? - réagit Jonathan qui attendait honnêtement une autre réponse du genre "Mais non c'est stupide. On va y arriver...". Un fantasme qui n'avait pas sa place dans cette réalité.
- Absolument rien – ce qui était absolument vrai vu qu’elle avait passé un bon moment entre quatre murs – Attendez ! Je sais ce qui pourrait marcher. Il y a plein de cadavres de black owl, alors on peut peut être trouver quelques grenades. Comme ça vous faites toujours l’appât mais au lieu de crever tout seul dans votre coin, vous essayez de la faire exploser. Qu’en dites-vous ?
- “Ah la salo…Hmm, du calme” - Je ne savais pas que vous aviez ce genre d’humour – lui dit Bender.
- Je suis on ne peut plus sérieuse - répondit Dalanda. S'il comptait se suicider autant que cela soit le plus efficace possible.
- Hmm je vois ! En gros vous me dites d'aller me faire avoir ailleurs c'est ça ? - demanda Bender
- Mais pas tout seul. C'est votre idée, je ne fais que l'améliorer - répondit Eiling
- Sigh, pourquoi pas après tout - soupira le sergent - Au point où j'en suis je peux sérieusement considérer cette idée. Par contre si cette éventualité venait à se produire, j’aimerai que vous fassiez quelque chose pour moi – demanda-t-il
- Je vous écoute - répondit Dalanda en croisant les bras.
- J’aimerai votre parole d’abord - demanda Jonathan en remarquant le léger recul de la jeune femme
- Vous ne m’envoyez pas sur une mission suicide aussi j’espère ? - s'inquiéta la jeune femme.
- Non, bien sur que non. Rassurez vous.
- Dans ce cas vous avez ma parole.
- Sauvez mes coéquipiers et ma fille, c'est tout ce que je demande...
- "Rien que ça" - pensa aussitôt Dalanda en essayant de ne pas lever les yeux au plafond
- ... Les informations sont sans doute détenues par Morel et vous pouvez les lui soutirer, puis du même coup vous trouvez votre artefact même si je doute que ce soit une bonne idée de le ramener.
- Ça ce n’est pas votre problème ! Ecoutez si jamais vous finissez par jouer au héros alors je ferai tout mon possible pour réaliser votre dernière volonté par contre je ne pourrai pas y arriver sans Cid. Il faut qu’on le retrouve impérativement. Lui il pourra gérer ce monstre.
- “Je veux bien mais comment ?” - pensa Jonathan en essayant de trouver une solution - Si vous avez une idée, je vous écoute. Vous le connaissez mieux que moi alors où est ce qu'il pourrait être ?
- Vous en posez une bonne vous. Euh, où est ce qu'il pourrait être ? ... Si jamais il était libre il aurait essayé de venir me sauver peut importe les pertes autour de lui.
- Sacré loyauté...
- Épargnez moi vos jugements. Nous faisons la même chose.
- Parcequ'on n'a pas le choix. Si je pouvais stopper cette créature je n'aurai pas hésité.
- Il est possible qu'il ne soit pas en état de le faire aussi
- Un vœu pieux ?
- Non, un fait basé sur le fait que vous soyez arrivé avant lui - expliqua calmement Eiling - Je pense qu'il est probablement détenu quelque part ici. C'était quoi le nom ? Gasparof ? C'est ça ?
- C'est ça - confirma Bender en hochant de la tête.
- On devrait trouver des informations dans son bureau, mais on aura probablement besoin des talents de Choki pour pénétrer la sécurité.
- Sigh, je ne sais pas si il sera en état - affirma le sergent en jetant un regard désespéré en direction de l'ingénieur.
- Et je ne peux pas lui en vouloir.
- Je ne le juge pas...
- J'espère.
- Vous avez une carte ou quelque chose qui me permette de visualiser cet endroit ? - demanda la jeune femme.
- Ça il faut le voir avec Akiro
- Vous êtes sur d'avoir planifié quoi que ce soit ? - s'enquit Eiling
- On a du faire vite. Désolé d'avoir tout risqué pour vous sortir de là ! - s'énerva Bender
- Vous n'avez pas tout risqué pour moi, mais pour vous. Vous n'avez aucune chance de me faire croire l'inverse alors soyez honnête– rétorqua-t-elle
- ...
- On a autre chose à discuter durant ce brainstorming ?
- Trouver une solution à ce merdier ?
- Sans carte ?
- ... Akiro ne va pas tarder
- Oh, vous êtes sur que ce ne serait pas plus simple qu'il prenne les décisions à votre place ?
- Possible. Mais vous lui faites confiance ? - demanda sérieusement le sergent
- Plus qu'à vous ? - s'interrogea Dalanda dans une volonté sarcastique mais en y réfléchissant un peu tomba sur une réponse surprenante - je ne sais pas.
- Moi non plus. Jusque là il n'a fait que nous aider mais il y a un truc qui me gène avec lui.
- Son flegme ?
- C'est bien plus que ça. J'ai déjà observé des burnouts durant ma carrière, mais je n'ai jamais vu ce phénomène opérer de cette manière.
- Et votre conclusion ?
- Je ne sais pas...
- Vous ignorez beaucoup de chose dites donc
- Hmpf, j'ai lu quelque part ces quelques mots: tout ce que je sais c'est que je ne connais rien. Je pense effectivement que c'est mon cas - dit Bender en soupirant lourdement. Il se sentait vieux, fatigué, et inutile, vivant l'une des pires journée de sa vie.
- Bon, qu'est ce qu'on fait alors ?
- On prévoit le pire
- Je vois le principe mais, ça marche en vrai ?
- Quoi vous n’avez jamais utilisée ce genre de méthode ?
- En fait moi j’invente des trucs utiles qui se vendent après comme “opéra“ (système de synchronisation et de contrôle de tous les appareils à distance. Transfert de fichier d’un ordinateur vers une télé ou une tablette, marche arrêt des appareils présélectionnés partout chez soi. Changer de chaines depuis son téléphone, ou sélectionner la musique d’ambiance, tirer la chasse, etc…Opérez votre maison et son électronique depuis votre lit en somme via ou non une IV) par exemple, ou la Terano ronda (Véhicule de sport extrême, prototype de voiture volante) vous connaissez ?
- Je regarde des magazines de sport vous savez ? Mais ou est-ce que vous voulez en venir ?
- Que j’invente des trucs, je ne réfléchis pas à la fin du monde tous les matins, je fais juste des trucs. Mais si vous me dites que ça marche peut être que je devrais essayer à l’avenir ou que j’aurai du. Cela aurait pu éviter tout ce merdier.
- A qui le dites-vous. Il y a des rencontres qu’on aurait aimé pouvoir éviter.
- Hey ! - réagit sèchement Dalanda en tapant de l'index sur la poitrine du sergent - Je vous ai laissé libre de vos choix contrairement à vous. Vous avez débarqué avec vos gaz et vos Gauss, et vos spécialistes, comme des lâches ! Alors je ne suis pas d’humeur à écouter plus de conneries que nécessaires – s'énerva Eiling en le regardant droit dans les yeux, tout en combattant sa volonté de pousser Bender à s'en coller une belle dans la gueule.
- Ce n’est pas ce que je voulais dire. Enfin si – se corrigea ce dernier. Ses idées étaient un peu chamboulées dans sa tête. Les mots et le ton de la jeune femme l'avaient grandement déstabilisés, et c'est vrai que sa conscience n'avait pas à être tranquille. Cependant, sa conscience n'était pas vraiment son souci principal. La vie de gars biens dépendaient de ses décisions, et il avait fait ce qu'il pensait être le mieux pour les sortir de là. Quitte à piétiner sa moralité, dans le même contexte, il referait de même - Je m'excuse, mes paroles ont débordé ma pensée. Nous avons tous fait des choses dont nous ne sommes pas fiers, mais là nous devons mettre toutes ces histoires de côté.
- Je vais réfléchir, peut être que j’accepterai vos excuses - annonça Dalanda. Il y avait du vrai dans les mots qui venaient d'être prononcés. Cette aventure était une véritable débâcle. Pour autant certaines choses devaient être dites pour bâtir un cadre de confiance - mais l’idée de vous en appât n’a jamais été aussi séduisante
- C'est noté - répondit Jonathan en ressentant un pincement à la poitrine. Elle était sincère et cette réalité n'était pas agréable à entendre, mais c'était comme ça.
Eiling jeta un rapide coup d’œil dans la direction de Choki et apparemment Akiro avait fait du bon boulot. Il avait sa main placée sur l’épaule du petit homme et souriait. Ce dernier avait arrêté de sangloter, ce qui était déjà un bon pas en avant. Néanmoins, au vu de l'expression de son visage l'amélioration n'était que superficielle.
Le traumatisme était important, ce qu'il avait vu ne pourrait jamais être oublié. Ce qu'il avait fait ou plutôt ce qui n'avait pas été fait, également, ne pourrait être pardonné. Quel que soit le rôle qu'il ait joué dans la mort d'Andréï, la culpabilité devait lui dévorer l'esprit comme un piranha. Ils venaient de traverser un véritable cauchemar et le pire étant qu’il ne faisait que commencer
- Par contre on devrait accélérer le processus, j’ai l’impression d’être de la viande en conserve dans cette pièce – dit Eiling en regardant autour d'elle. Les tubes de confinement avaient tendance à laisser imaginer des choses horribles, des expérimentations humaines et ce genre de procédés inhumains mais de l’autre côté de la balance ils pouvaient également servir à soigner. Tout dépendait de la composition de la substance à l’intérieur.
- Excellente idée – répondit Bender – Nous avons plus ou moins une direction, quant au comment...
- On va être sacrément à découvert. Entre les soldats, l'IV et la créature, se sera comme marcher au milieu d'un champ de mine.
- C’est exact – dit Bender pensif: "il y a des jours où il valait mieux rester couché". Mais à haute voix il ajouta – Qu’on arrive à se faufiler relèvera d'un véritable miracle, et je déteste les miracles.
- Peut être pas - répondit Eiling en prenant un posture pensive, la main sous le menton soutenue par un bras croisé autour de la poitrine.
- Vous pensez qu'on a une chance ? - demanda Bender la voix empreinte de curiosité et d'une pointe d'espoir.
- Je me dis simplement qu'au lieu de penser que ce chaos est la pire chose du monde, on peut également le voir comme la meilleure opportunité pour passer inaperçus. Gros risques, grosse récompense. Moi je ne pense pas au pire pour planifier mais j'essaye de voir la situation dans son ensemble avec un biais prononcé pour le positivisme, je l'avoue - dit elle en omettant volontairement de son esprit les scènes de déprimes qu'elle avait eut devant Cid. Avec lui elle pouvait se le permettre, mais là si tout le monde broyait du noir, l'atmosphère allait rapidement devenir toxique - Un peu de courage, notre situation n'est pas si dramatique que vous avez l'air de croire. C'est normal d'avoir peur mais ne laissez pas cette émotion vous obscurcir l'esprit – dit-elle en lui tapotant l’épaule. Le sergent suivit le mouvement en plissant des yeux, ne sachant pas trop que penser.
Après avoir dit quelques derniers mots à Choki, Akiro se dirigea dans leur direction. Sa tâche étant accomplie, il n'y avait aucune raison de rester à proximité de son subordonné, vu que ce dernier avait besoin de temps pour digérer son vécu.
- Il pourra nous suivre ? – demanda Bender en montrant Choki de la tête.
- Je pense qu’il se remettra, il est étonnamment costaud malgré sa fragilité apparente. Alors cette séance en aparté à donner quelque chose ? - demanda le chercheur sans cacher son intéressement.
- On a trouvé un kamikaze – répondit Dalanda.
- Et une direction – répliqua Bender. Il n'avait pas non plus passer pour un complet incompétent. Il y avait encore quelques restes d'orgueil dans ses vieux os.
- Je vous écoute - dit simplement Nokuza
- Il nous faut arriver au bureau de ce Gasparof - annonça Jonathan
- Je vois, je vois - répéta Akiro en demandant du regard: "comment ?" mais n'ayant pas de suite il comprit qu'il n'y avait pas vraiment de comment - Je vois... Nous en sommes à ce point là donc - dit il en se massant à nouveau les sourcils dans une mimique de douleur
- Tout n'est pas si noir non plus - essaya de le rassurer Bender - En faisant suffisamment attention, nous y arriverons. J'en suis persuadé.
- Possible, mais je n'en vois pas vraiment l'intérêt - avoua Akiro en rangeant ses mains dans les poches de sa blouse
- Comment ça ? - demanda Dalanda
- Je préfère être franc, je ne comptais pas vous en parler. Dans la pire situation je vous aurai simplement abandonné pour réaliser ce plan B
- Effectivement c'est franc
- Merci
- Et pourquoi vous avez changé d'avis ? - demanda Eiling
- Parce que je vous aime bien - répondit Nokuza en regardant Dalanda - et malgré ce que vous voulez faire croire, vous n'abandonneriez pas cet homme
- "Qui ça moi ?" - pensa Bender en ayant un tic nerveux de la paupière - Vous n'avez pas peur de vous prendre un coup vous - annonça-t-il en jouant des muscles zygomatiques du visage.
- Oh si je connais très bien la peur. Mais je préfère optimiser nos chances de survie - expliqua Akiro
- Je vous écoute - s’intéressa Bender en mettant de côté son énervement. Plus tard il lui donnerait le coups qu'il mérite.
- Nous avons une salle que nous aménageons depuis quelques années. Une sorte de débarras si vous préférez avec quelques modèles d’armures que nous avons rafistolé au cas où. Cependant nous n’avons pas terminé le boulot alors c’est du basique. Elles peuvent remplir quelques fonctions simples mais c’est tout.
- Je vois où vous voulez en venir – lui dit Bender. Effectivement les uniformes mécaniques allaient être très utiles et faciliteraient les déplacements – Comment on s’y rend ?
- On peut y accéder via l’une des zones de maintenance. On en à pour quarante minutes, peut être une heure de marche si je ne me trompe pas. Par contre elle n’a vraiment pas été conçue pour des humains alors vous risquez de vous sentir à l’étroit.
- Voilà qui est fort pratique. Vous en avez d’autres des solutions de dernières minutes comme ça ? – demanda Dalanda.
- Solution de dernière minutes ? - dit Akiro ne comprenant pas vraiment où la jeune femme voulait en venir - Nous préparons notre évasion depuis près de six ans. Alors il est normal, je trouve, d’avoir quelques cachettes et voies d’accès qui nous permettent d'éviter au maximum une confrontation avec les mercenaires.
- Ça se tient - réfléchit Eiling. Akiro était clairement préparé à un bon nombre d'éventualités. Le résultat d'un esprit prudent ou paranoïaque. Quelqu'un comme ça pouvait être utile - Vous avez pensé à faire quoi une fois que vous serez loin de Meliacor ? - demanda-t-elle
- Eh bien, je ne sais pas vraiment. Je compte définitivement voyager, visiter quelques petites colonies pourquoi pas ?
- Vous savez quoi ? Et si vous veniez travailler pour moi ? - demanda soudainement Dalanda. Ce n'était pas une pulsion qu'elle venait de ressentir, l'idée était sérieuse. Certes, elle ne pouvait pas "lire" cet homme, mais de toute façon elle ne se permettait pas de le faire avec ses collaborateurs. Certes, Akiro n'était pas très net comme individu, mais Cid ne l'était pas non plus et pourtant il avait intégré sa famille. Et pour finir c'était un Nokuza, un atout à avoir dans sa manche...
- Je suis désolé - sourit le chercheur d'une joue à l'autre - mais vous avez déjà refusé mes services une fois.
- Ah bon ? - fit Eiling en essayant de se rappeler sa bêtise
- Vous ne vous en rappelez même pas ? - dit Akiro en effaçant son sourire - eh bien, ce n'est pas bien grave. Cela vous reviendra probablement. Mais merci de votre invitation, cependant je ne propose jamais mes services deux fois.
- Eh bien dommage... - répondit Dalanda clairement déçue. Qu'on lui refuse était un événement suffisamment rare pour qu'elle en ressente de la frustration.
- Ok si vous avez terminé, je suggère qu'on se mette en route - proposa Bender qui avait attendu patiemment la fin de leur conversation - On a une destination, on a un espoir, il suffit simplement de rester en vie – dit-il en rajoutant pour lui-même - “s’il vous plait”.
- Choki reste prêt de moi – lui dit Dalanda – Akiro vous fermerez la marche, ça vous va comme formation ?
- Ça devra le faire – répondit ce dernier avec un petit sourire amusé. A quel point une vie devait être monotone pour trouver un semblant d’excitation dans la folie qui se passait tout autour ?
Sans l’appareil de détection que tenait Andreï au moment de sa mort, avec un pseudo plan et un groupe réduit, la balade qu’ils allaient entreprendre mettait presque tout le monde sur les nerfs. Chacun avait ses raisons pour ne pas vouloir croiser la créature.
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