mardi 3 octobre 2017

Meliacor, le tombeau de glace, pages 161-180

Toujours est il que les réflexions ou les motivations ou les ambitions du chercheurs n'avaient qu'un intérêt limité pour les black owl. Ils n'étaient pas préoccupé par ce genre de subtilités, leurs ordres étaient forts et clairs alors il n'y avait aucun besoin de poursuivre la conversation.

  • Nous allons nous occuper de lui, ne vous en faites pas. Vous pouvez continuer votre repas - répondit le black owl en emportant le corps inconscient, puis disparurent derrière une porte sous le regard et le murmure des autres personnes, docteurs, scientifiques, médecins, manutentionnaires et autres.
  • Ne vous inquiétez pas, il ira mieux une fois passé par l’infirmerie – lui dit une des blouses blanches assise à côté de Bender.
  • Je vous crois – répondit Jonathan pour se débarrasser de la conversation se focalisant à nouveau sur son problème de vocabulaire.

  • C’était quoi le problème au fait ? – entendit-il demander en face.
  • Il me semble que c’est John et Mark du mapping - répondit un autre du côté opposé de la table.
  • Le mapping ? Cette division manque cruellement de professionnalisme, un véritable embarras pour ce laboratoire. Ça fait deux jours qu’on attend la carte du génome à la reprogrammation - fulmina celui qui était assit en face du sergent
  • En effet, j’ai ouïe dire qu’ils avaient plusieurs jours de retard sur leur programme, et tous les autres services sont sur le dos nonobstant les efforts de John – murmura l’un d’entre eux.

  • Typique. J’ai été son binôme et la vodka coule dans ses veines – ce qui fit rigoler les autres - Qu’il yoyote avec les délais va tout halter sévèrement.
  • Qui ça ? Mark ? - demanda un quatrième chercheur
  • Ahan - interjecta la personne à la droite de Bender
  • La dynamique de chaîne ne va faire qu'allonger les délais. A quoi peuvent ils bien penser ces crétins ? - fulmina la blouse à blanche en face du sergent jetant la cuillère sur son plateau en signe de exaspération
  • C’est vrai. Deux jours de retard peuvent finir en une semaine. En ce qui me concerne, tout leur service est en faute et je refuse d’assumer la responsabilité de leurs erreurs…
  • “Une seconde” - pensa Bender alors que la conversation commençait à s’enflammer – “qu’est-ce qu’il vient de dire ?”. Certains des mots s’étaient ancrés dans son esprit, il faillit louper la présentation trop préoccupé à ignorer ses voisins. Une sueur froide coula le long de son dos en imaginant qu'il avait failli louper sa chance, leur chance. Il fallait croire que son subconscient n'était pas aussi inutile qu'il le pensait car si les mots n'avaient pas tourner en boucle dans sa tête, il n'aurait jamais pu trouver le message.  
La conversation venait d'être lancée, désormais il fallait répondre sans se tromper. Cette mascarade était leur réponse au doute et à la peur, leur cocon ou plutôt leur bouée au milieu de cette mer déchaînée. Même si la proposition du sergent leur était bénéfique, manquer de jouer selon les règles pouvaient les pousser à ignorer le message parceque l'échange ne répondrait pas à leur critère de sécurité: la dynamique du désespoir. Une satisfaction à court terme qui n'est rien d'autre qu'une épée de Damoclès, mais leur en vouloir de cet aveuglement serait apathique.

  • … Je n’ai pas eu des nouvelles de ma femme depuis un mois. Je refuse d’en être encore privé sous prétexte qu’une bande d’abruti n’arrive pas à faire leur boulot correctement - continuait le chercheur dans sa lancée - Il est hors de question de passer plusieurs mois supplémentaires sur cette planète de merde !! - réagit il avant de lever brusquement les yeux vers le black owl qui se tenait dans le dos de Bender, comme constatant à l'instant son existence. Le chercheur baissa aussitôt les yeux et bougea nerveusement comme pour trouver une meilleure assise sur le banc - je veux juste dire que c'est un manque de respect pour les collègues...

  • Je crains pour le dernier ticket – l’interrompit Jonathan. Il avait son début de réponse alors le tout était de se lancer, ou du moins à se forcer à se lancer. Il aurait pu réfléchir à toutes les éventualités et combinaison toute la journée, malheureusement il n'avait pas ce luxe. Alors pour éviter sa tendance à l sur-réflexion, il décida simplement d'agir -  “ok, ou est-ce que tu vas comme ça ?” - se demanda-t-il ensuite, alors que son cerveau cherchait désespérément la suite et sa jambe jouait du pédalier de plus belle. La situation était encore étrange et stupide sur son échelle de mesure personnelle, mais quel autre choix il avait ?
  • Je vous demande pardon ? – demanda la personne concernée assise juste en face de Bender.
  • Si vous êtes futé vous ne devriez pas agonir mais ployer et ne pas chialer au delà du consensus – dit-il en montrant de la tête son ombre de métal qui venait de tourner sa tête dans leur direction, il semblait s’intéresser à leur conversation. Et pour lui-même rajouta – “Nom d'un chien, qu'est ce que je suis en train de raconter !!”.

  • Mais je ne vous permets pas – s’offusqua le scientifique – je ne chiale pas mais constate un manque de productivité évident.
  • Du calme, du calme, notre « ami » ne pensait pas mal j’en suis certain. Hélas son aptitude au dialogue semble laissée à désirer - essaya de modérer la conversation le chercheur assit à droite de Bender
  • Si vous le dites - répondit ce dernier en pensant - “vas y fou toi de ma gueule, avec votre jeu de merde”
  • Ces personnes sont là pour veiller à notre sécurité, même si quelques fois croiser leur tête de hibou dans le noir peut être assez effrayant – continua le chercheur en lançant un sourire au black owl, comme pour approuver de sa présence et de leurs actions.

  • Léon a failli se pisser dessus une fois hahaha - éclata de rire l'une des blouses blanches de l'autre côté de la table.
  • Quoi ? Non ! j’ai un peu paniqué c’est tout – rétorqua la personne assise à gauche de celui qui faisait face à Bender.
  • Ouais on dira ça, ha ha. Par contre vous mon chers, vous êtes une énigme pour nous - dit la personne en face du sergent, réellement intriguée par le mystère devant ses yeux.
  • "Comment ça un mystère ?" - se demanda Jonathan en pensant que tout le monde était au courant de sa vie passée. Où insinuait il autre chose ? De moins spécifique ? Pour en être sur, et aussi pour continuer le dialogue secret il demanda - Que voulez vous dire ?
  • Vous ne faites pas partie du staff, je ne perçois pas cette flamme qui nous anime - affirma l'interlocuteur en face

  • Es-tu en train te dire que tu ne perçois pas son intelligence ? - nargua le scientifique à la droite du sergent.
  • Quoi ? Non je parle de la passion ! La passion de l'intelligence qui, malheureusement, se perd. La passion de l'aventure scientifique...
  • Ah ? La passion ? ok. Je vérifiais juste.

  • Tu as une sale manie d’interrompre les gens Andréï, pour évacuer la frustration de ton boss j'imagine ? - se gaussa le passionné.
  • Tu veux attaquer les sujets personnels Laurent ? - répondit Andréï en plissant les yeux, visiblement touché et énervé par la remarque.
  • Passons - annonça Laurent en faisant mine de n'avoir rien entendu -Vous n’êtes pas l’un des owls non plus, je suis prêt à le parier. Et vous n’êtes pas l’un de nos sujets de test non plus au vu de la liberté que vous bénéficiez en ce moment.

  • « Sujet de test ? » – pensa Bender et se rattrapa pour ne pas le dire à haute voix. Tant que le mystère planait et ce Laurent continuait à parler, les messages pouvaient circuler plus facilement – Par excès de liberté vous entendez que je sois en dehors d’une cage ?
  • D’un environnement contrôlé - affirma ce dernier
  • Une cellule, c’est ce qu’il veut dire. Une cellule, arrête d'essayer d'embellir la réalité – reprit Léon
  • Un environnement contrôlé ce n'est pas une stupide cage ! Et il permet l’obtention de meilleurs résultats, c'est scientifiquement prouvé. Arrêtons d'être hypocrites, c'est la réalité et puis c'est tout.
  • Je ne remet pas en question cet argument d'efficience. Mais est ce que l'efficience doit primer sur l'humanité, là est toute la question. Il arrive juste qu'on oublie que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » - énonça Léon

  • Mais de quelle humanité tu parles ? Nous sommes là pour Servir l'humanité alors je ne comprend spas tes propos. Ce n'est que balivernes et naïveté ou devrais je dire billevesée - répliqua Laurent de manière irritée par autant de puérilité, voire de stupidité.
  • Hoo, qu’est ce qui te prends de sortir des mots pareils. Tu cherches à impressionner ce monsieur ? - demanda Andréï
  • Je n’ai besoin d’impressionner personne. J’ai simplement fait preuve d’inspiration - rétorqua Laurent

  • D’inspiration ha ! - se moqua Léon
  • Peu importe. La science sans la détermination de renier la moralité pour le bien commun n’est qu’une perte de temps !! - voulu conclure Laurent
  • Personne ne le rebute. Les enjeux sont amplement factuel... – voulu continuer Adreï avant d'être interrompu par une illumination de son interlocuteur préféré
  • Ah si ! L’obésité …
  • Oh pitié ! - firent les autres.
  • L’obésité ! - énonça Laurent dans sa lancée, décidé à partager sa vision des choses à cette bande de singes savants - Le sujet avait fait polémique il y a deux siècles, soit en 2500 ou 2505 je ne m’en rappelle plus vraiment…
  • 2505. En 2531 l’affaire a été connue du public et de la majorité des médias – le corrigea Léon.

  • Ok, peu importe. Le fait est que c’était la première fois que des nano composants étaient intégrés à de la nourriture, les chocolats de « Choc&crock ». Leur découverte avait soulevé un tollé monstrueux jusqu’à bannir, “publiquement”, toute forme de recherche sur les nanomachines. J'ai raison ou j'ai raison ? - demanda t il en regardant tout le monde d'un air triomphant - Et qu'en est i de la situation aujourd’hui ? Grâce aux avancées dans le domaine, nous avons poussé notre évolution d’un pas de géant. Les humains vivent plus longtemps, plus sainement. Merde, nous sommes bien meilleur que nos ancêtres à tous points de vue.

  • Amusant - dit Bender en secouant la tête. Constatant une réalité simple: Physiquement il ne faisait aucun doute sur la véracité de ses propos. La génération actuelle était différente, elle était forte mais... Qu'en est il de ce qui comptait vraiment: compassion, amour, compréhension, humanité tout simplement ? - Et les bavures ? On les purge ? On les renvois de nos vies aisées ? Écorchant tout responsabilité ? Bannie de notre absolue objectivité ? – demanda Bender en ne surjouant pas son humeur, même si son propre message lui semblait assez confus. La question "Q'est ce que je raconte ?" n'arrêtait pas de tourner dans son esprit.
  • Mais de quoi on parle au juste ? De modèles de vertus ? Rien de ce que nous somme aujourd’hui n’aurait été possible sans le travail de ces personnes - protesta Laurent

  • Là tu exagère… - voulu placer Andréï mais Léon prit la parole au même moment
  • Nausées, vomissements, douleurs névralgiques, anxiété. Ce n’est là que huit pour cent des symptômes décelés sur les habitants de New Rakkam qui n’étaient même pas au courant qu’ils étaient devenus des cobayes. Je pourrai m’arrêter là mais pourquoi gâcher le plaisir : lésions cérébrales provoquant des pertes de mobilités, de mémoire et une instabilité chronique ; cancer du côlon, des reins, de la thyroïdes, des os et de l’anus et en parlant de l’anus il y avait aussi l’incontinence,…
  • On a compris ça ira – répondit Laurent en posant sa cuillère et lançant un regard noir à son collègue. Pour autant il ne s'avouait pas vaincu.
C'est pourquoi il reprit la conversation comme la plupart des personnes voulant affirmer leur exactitude malgré l'avis des autres.
  • Mais tout ceci n’enlève en rien la véridicité de mes propos - affirma Laurent en posant les coudes sur la table, le regard tourné vers Léon pendant quelques instants avant de faire le tour de la table - De plus, le temps a bien prouvé que leur travail a joué un rôle crucial dans notre avancée en tant qu’espèce, et plus récemment encore contre les « Kissadzé ». Sans les nanobot pour renforcer nos soldats, où pour réparer les armures ou les coques des vaisseaux par exemple, on se serait tellement fait botter le cul qu’on serait à l’âge de pierre. Les applications qui ont débouchées de cet incident nous ont sauvées la vie. On ne peut se permettre l'abnégation ou la philanthropie, qu'en temps de paix. Face à un ennemi qui n'en a cure des bonnes intentions, il n'y a que par la force qu'on gagne. Je n'ai pas besoin de vous rappeler ce qui est en jeu ici - conclu Laurent satisfait

  • On ne remet pas les accomplissements ou les enjeux en question, on ne serait pas ici si ce n'était pas important. Mais ce qu'on interroge c'est la méthode. Il n'y a aucune preuve scientifique qu'une procédure inhumaine fourni des résultats plus concrets. Bien au contraire ! Combien de fous sont tombés victimes de leurs propres créations ? Ici même ? - demanda Léon ce qui attira la curiosité de Bender. Il n'avait bien évidemment aucune idée de quoi il était question, cependant il décida de laisser couler. Le plus important était de se tirer de là, le reste n'avait aucune importance.

  • Hmpf, l'incident n'avait rien à voir avec la méthodologie - répliqua Laurent - Les créatures sont dépourvues d'intellect et mues par l'instinct. Même si on leur aurait montré de la charité, la situation aurait été le même.
  • C'est dommage que tu penses cela. Mais au vu de la philosophie ambiante, nous n'obtiendrons jamais la réponse à cette hypothèse - répondit Andréï attristé par son constat
  • Les difficultés sont la source du progrès, c'est l'unique constante de notre existence au milieu de ce cosmos - rétorqua Laurent
  • Je ne pensais pas qu'on allait aborder un sujet aussi complexe que l’existentialisme - réagit Léon - Ce serait intéressant d'en débattre plus tard mais pour l'instant j'aimerai qu'n revienne à l'exemple de la chocolaterie. Je viens de me rappeler un article, c’était la rubrique « wake up world » du vieux journal là, le nom m’échappe – dit-il en claquant des doigts pour essayer de s’en rappeler - Bon bref, il y avait l’interview d’un des chercheurs qui avait survécu à la chasse aux sorcières et qui disait qu’ils subissaient une pression monstrueuse du conseil d’administration de Chock&crock, dont l’actionnaire majoritaire était un certain « monsieur Tanaka »...

  • Ha oui je m’en rappelle ! Il n’a jamais été identifié non ?
  • Les mecs tout ça est super intéressant et tout mais vous n’avez pas l’impression qu’on a un peu dévié de la conversation ?
  • Pas faux, effectivement. On se demandait qui….


A cet instant Bender s’était levé de table avec son plateau, il avait dit ce qu’il avait et dire et reçu un quelque chose de la part du membre de l'Inkuyale. Il s’agissait d’une sorte de micro puce déposée sur sa cuisse et qu’il cacha immédiatement entre son index et son majeur. A quoi elle pouvait bien servir il n’en avait aucune idée mais il préférait s’intéresser à ce casse-tête que d’écouter ces types une seconde de plus, surtout ce Laurent. Mais sur le chemin du retour, accompagné par son geôlier pensif; une fois l’antipathie digérée, le sergent admit que sur certains points le scientifique avait raison. Les choses n’étaient pas blanches ou noires dans la vie, elles étaient beaucoup plus complexes surtout lorsqu’elles concernaient l’espèce humaine.
Il est facile de juger autrui, bien plus facile que de se juger soi même. De s'introspecter et de comprendre le poids de ses actions. Une fois la survie menacée l'armure blanche, symbole de pureté, finit toujours par être recouverte de boue et de sang. Parceque lorsque la survie est menacée, l'éventail de possibilité pour se protéger grossit de manière exponentielle.

Le fait que le passé concernant l’innovation ait été occulté de manière volontaire en était une preuve. Il était impensable pour la nouvelle génération de se séparer de cette technologie, pourquoi faire ? Ce n'était pas leur faute. C'est triste oui, c'est horrible mais et alors ? Le passé c'est le passé, et aujourd'hui est différent. Différent parceque ? Parcequ'elle était impliquée tout simplement.

C'est tout le temps la même chose: Ça se fait ailleurs alors pourquoi pas chez nous…On n’a pas le choix pour être compétitif....et est-ce que cela change réellement les choses ?… L’histoire de l’humanité est saturée d’exemple de ce genre. Encore plus récemment, le sergent avait lui-même joué le jeu en utilisant le gaz N7 (G0t0N7) contre le zoohumain, une arme sale destinée à faire souffrir.

Bender savait pertinemment dans quel objectif ce gaz avait été conçu ainsi que ses futures utilisations contre une espèce jugée dangereuse par des fanatiques prohumains et il ne s’est pas gêné à l’utiliser dans ses propres intérêts. Il  l'avait pensé également: je n'ai pas le choix, en pesant les avantages d'une telle option. Terrasser Cidolphas sans même se battre ? C'était super ! Même si à la fin il s'est sentit méprisable. Vainqueur certes, mais quel vainqueur ?

Et de cela aussi Jonathan était conscient, car sa conscience en était consciente. Elle lui disait de ravaler son antipathie car il n'était pas meilleur et lui interdit le droit d’éprouver ne serait que la moindre inimitié pour ce Laurent. Le white owl s'était sali les plumes, il ne pouvait plus se permettre de juger autrui depuis son perchoir immaculé, et ça c'était douloureux. Il n'y a que la vie pour donner ce genre de leçons, nous mettre en difficulté en nous forçant à mettre les genoux à terre en signe d'humilité. La leçon cette fois était sévère et Bender n'en était qu'aux premières minutes d'instruction.

Le sergent laissa le black owl derrière la porte et s’installa devant son terminal. Il minimisa l’affichage au maximum, pour réduire l'éventualité que la conversation soit détectée par les caméras. L’image apparu en tout petit, à peine lisible, sur la surface noire du terminal cachée par sa silhouette. Ensuite Il enleva la micro puce qui s’était collée à la peau de son majeur, puis la plaça dans le coin droit juste au-dessus de la caméra intégrée. Quelque seconde plus tard un message apparu,

  • « UQR code » reconnu, voulez-vous télécharger l’application ? – demanda le système. Ce que Bender, évidemment, confirma
  • Attention l’auteur du programme n’est pas reconnu. Télécharger ce programme pourrait nuire au bon fonctionnement de ce terminal. Souhaitez-vous continuer ? - prévint le système. Bender confirma à nouveau en transpirant à grosse gouttes. Il avait peur que Juvianne, L'IV de cette installation soit informée de cette opération. Et si Juvianne était au courant alors, implicitement, Morel le serait également.
  • Autorisation non suffisante ! un rapport est en cours d’envoi à l’opérateur désigné…
  • “Qu’est-ce que c’est que ce bord…" - Jonathan paniqua, son cœur fit un triple salto pirouette dans sa poitrine, l'idée de fracasser le terminal pour empêcher le transfert de donné lui traversa l'esprit. Et il était sur le point de le faire quand - "Ah ?” - l’écran clignota quelques fois puis passa en bleu avec une déferlante de lignes de codes avant de revenir à son état initial.
Bender poussa un soupir de soulagement. Apparemment tout était sous contrôle, jusqu'à ce qu'il lise le nouveau message système
  • Rapport envoyé
  • "Comment ça envoyé ?" - paniqua-t-il avant de pouvoir souffler à nouveau. Sa retraite chez les white owl, ou ce qu'il voyait comme une retraite accompagnée de retrouvailles avec sa fille...eh bien, n'avait absolument rien de reposant. Tout au contraire, il se sentait à la limite de l'exhaustion émotionnelle et mentale, accompagnée d'une bonne crise cardiaque. Qu'étaient donc ces palpitations étranges qu'il ressentait sinon des symptômes ? Les résultats de Jim ne montraient rien mais ça ne voulait pas dire qu'il n'y avait rien - "Peut être que je suis hypocondriaque ?" - avait il pensé alors, et ce doute ne l'avait pas complètement abandonné.

  • Le système ne présente plus aucun risque :) - il était évident qui le détail qui captiva l'attention de Jonathan était le smiley. Il eut beau chercher dans sa mémoire, mais le souvenir d'avoir un jour vu un smiley sur un message système n'était aucunement présent.

Le message disparut, Bender se prépara à la suite. Peut être qu'il allait y avoir des instructions à suivre. Une autre particularité comme l'épreuve de tout à l'heure
  • "Stupide" - pensa t il avec conviction
Néanmoins rien ne suivit. Il n'y avait que l'écran noir de la table holographique. Confus, le sergent essaya de taper quelques mots histoire de commencer la conversation. Cela aurait été idiot si des deux côtés ils attendaient le premier contact. Idiot, crétin même et inintelligent. Cependant, l'écran demeurait noir, insensible à toute tentative de communication.

Encore plus confus, Bender ne savait pas que faire d'autre à part attendre. Mais attendre combien de temps ? Surtout sur cette chaise tortionnaire ? Se déplacer sur le lit ? Dans ce cas il découvrait l'écran à la caméra... Il n'avait trouvé d'autre choix que de resta assit, attendant patiemment la suite, et en espérant que son comportement n'attise pas la curiosité des opérateurs de la salle de surveillance. Ce n’est qu’au bout d’une heure, après avoir maîtrisé la position assise sur une fesse pour éviter la prolifération d’hémorroïdes, qu’il reçut un message.
  • Vous avez évoquer la survie et un canot. On vous écoute
  • “Droit au but ? ok” - se dit le sergent avant de répondre – Je peux vous mettre en contact avec une personne qui dispose d’un vaisseau.
  • Que voulez-vous en échange ?
  • Que vous m’aidiez à libérer cette personne – il y eut un moment de solitude, cette partie était l'une des plus délicates de la négociation. Les risques étaient conséquent mais la récompensé n'avait pas de prix: partir de là. Tout dépendait du degré de nécessité et de la personnalité joueuse de son interlocuteur, de sa propension à prendre ou non des risques. Si il était averse au risque alors tout tombait à l'eau...

  • Le vaisseau dispose de combien de places libres ?
  • C’est un “Galileon AKA” - écrivit Bender en imaginant son interlocuteur calculateur, ce qui était déjà bien. Ces individus avaient besoin d'avoir suffisamment d'informations avant de prendre une décision, tout comme lui. Quant au Galileon Aka, il s’agissait d’une petite frigate utilisée principalement pour les missions de reconnaissance, en raison de sa vitesse et de sa taille. Les modèles étaient également équipé de module de brouillage assez performant, mais configuré comme il faut, ces vaisseaux pouvaient vous rire au nez sans être détectés.

  • Il y a combien de places libres ?
  • 35 – répondit Jonathan de mémoire. Il avait dévoré les encyclopédies militaires pour les besoins de carrière. Il connaissait absolument tous les détails de chaque type de vaisseau et comment les piloter, mais c'était avant l'incident qui obligea les docteurs à replacer près de la moitié de son corps. Depuis, les capacités cognitives qu'il possédait n'étaient qu'une pâle copie de l'originale. Il n'avait plus accès à l'arbre des probabilités ou à l'échiquier spatial...  Et donc, de cette mémoire douteuse il sortit le chiffre 35 qui devait être la taille de l’équipage optimum d’une corvette de ce type. Il ajouta aussitôt dans le même message à la ligne d’en dessous – Par contre la propriétaire du vaisseau est actuellement la prisonnière du préfet Morel.

  • Je sais - répondit l’interlocuteur, puis après quelques minutes de silence proposa -  Il est possible de monter une opération dans deux mois avec notre effectif
  • "Quoi ? non ça ne va pas être possible" - pensa Bender tout en tapant -Deux mois c’est trop long - Plus ils prolongeaient la fourchette de temps et plus le nombre d'imprévus allait drastiquement augmenté. De plus, en deux mois, dieu seul savait ce qu'il allait advenir de Dalanda. Ils ne pouvaient pas se permettre de la perdre.
La réponse de son interlocuteur mystère fut des plus troublantes, amenant une information dont Bender ne savait que faire, ou plutôt comment digérer.
  • En effet. On ne dispose que de quatre jours, avant qu'elle ne soit reprogrammée
  • Reprogrammation ? Comment ça ? - tapa Jonathan aussi vite que possible sans se soucier de la caméra. Là, il voyait son dernier espoir s'écrouler comme un château de carte. Peut être était ce là la raison des pincements au cœur, depuis le départ il n'avait peut être aucune chance de se sortir de la situation. Il pouvait sentir la panique et le désespoir prendre de l'élan, l'étouffer, essayer de l'engloutir comme des serpents géants.

  • Morel n’obtient pas la coopération souhaitée alors il essayera de lui laver le cerveau - expliqua l'autre. Et ça faisait sens, car le lavage laisse une trace qui peut être décelée, et de plus altère l'intelligence. Une marionnette capable d'anticipation était plus intéressante qu'un robot réalisant les ordres à la lettre sans pouvoir réfléchir. C'était beaucoup moins compliqué à gérer et beaucoup plus efficace dans les tâches quotidiennes telles que gérer une multi-planétariale.
  • Il faut faire quelque chose - tapa énergiquement Bender. Il était hors de question qu'il se voit envahi par le découragement, pas maintenant. Il avait connu bien pire et de l'avis de tous avait triomphé !!

  • C’est impossible - affirma la personne de l'autre côté de l'écran - Tout contact sera interrompu et votre terminal sera remis à niveau - prévint ce dernier
  • Attendez  – tapa presque immédiatement Jonathan - Croyez-moi, vous n’avez pas le choix dans l’histoire – envoya-t-il par la suite.
  • Je crains que ce ne soit uniquement votre cas
  • Attendez ! - tapota-t-il et en constatant que le terminal était encore actif Bender continua

  • Cette personne constitue votre unique moyen de vous en sortir vivant
  • Une fois que vous aurez terminé votre projet, ils vous élimineront sans aucune arrière-pensée
  • Le délai arrive à son terme
  • Est-ce que je me trompe ?

  • Nous avons notre plan - reçu t il finalement en réponse

  • Mais vous ne pouvez pas tout prédire - commença à taper Bender à la suite
  • Plus il s'écoule de temps et plus les risques de perdre le contrôle augmentent
  • Les risques qu'un élément imprévu fasse son apparition
  • C'est la loi de la probabilité
  • Mais ce risque peut être mitigé dès maintenant
  • Avec un vaisseau entre vos mains le plus tôt possible.

  • Le délai est trop court - expliqua l'autre - Nous ne sommes pas des soldats. cumuler une opération de sauvetage et notre évasion en quatre jours est impossible.
  • Ensemble on peut y arriver sinon nous sommes tous condamnés. J'ai réalisé l'impossible à plusieurs reprises, faites moi confiance ! - écrit Jonathan en gardant espoir d'être écouté, même si il savait que là il endossait l'entière responsabilité de l'évasion. Mais encore une fois, que faire d'autre ?
  • Nous avons besoin d’y réfléchir.

Aucun autre message ne suivi alors, il ne restait plus qu’à attendre. Bender s'adossa sur sa maudite chaise épuisé et angoissé. Sa jambe recommença à jouer de la pédale et il ne pouvait rien faire pour la stopper, les événements étaient en dehors de son contrôle. C’était une sensation bien étrange et particulièrement désagréable d’être dépendant de quelque chose qu’on ne pouvait influencer... Il ne restait plus qu'attendre en espérant que la décision se prenne vite, Eiling n'avait que quelques jours devant elle, à moins d'un miracle, un autre...
Tous les jours se ressemblaient depuis, eh bien elle ne savait pas vraiment. En prenant en compte les cycles des visites Dalanda, avait estimé entre huit et neuf jours depuis sa capture. Mais là encore, rien n'était certain.
Comme à son habitude, elle se réveilla en fixant le plafond blanc immaculé. Si immaculé qu'elle voulu juste griffonner quelque chose pour le ternir, la lueur l'aveuglait au point de traverser les paupières. Même dormir sur le dos était compliqué, parce qu'au premier signe de relâchement la punition venait immédiatement. Quelques fois des jets d'eau qui mouillaient toute la pièce, d'autres fois des personnes qui débarquaient en force pour hurler et la brutaliser, non pour la blesser mais pour maintenir un état de stress permanent.

Ils étaient décidé à ne pas la laisser dormir, car le manque de sommeil abaissait les barrières mentales et physiques d'un individu, le laissant susceptible à n'importe quelle attaque psychologique. C'était une torture, ou plutôt une préparation longue mais efficace. Le pire était que la privation de sommeil l'empêchait de suffisamment se focaliser pour retrouver le contrôle de son don, car l'un des symptômes était justement l'instabilité émotionnelle. Si elle s'amusait à fouiner dans la conscience d'autrui dans cet état, elle pouvait y déposer ou récupérer tout un tas de saloperies parasites. Est ce que le risque en valait la peine ?

C'était la question qu'elle se posait en boucle alors qu'elle se tourna en boule sur son lit, l'esprit venteux. Réfléchir devenait de plus en plus difficile, et maintenir les yeux ouverts était une lutte de tous les instants. Ne constatant aucune amélioration dans son processus cognitif, et paradoxalement débordant d’énergie explosive en raison de la forte excitation nerveuse. Dalanda se leva pour faire les 100 pas dans sa pièce de 3 mètres sur deux, puis, fatiguée de faire des allers retours à vide, s’assit dans un coin de la pièce le visage posé sur ses cuisses. Pour prouver qu'elle n'était pas endormie, elle levait la tête toutes les deux secondes et lorsque la tentation devint trop forte de fermer les yeux, Eiling décida de réaliser une série de cent pompes. Malheureusement la fatigue la fit s'écrouler sur le sol. Les jets d'eau glacée suivirent immédiatement la tirant violemment de son sommeil. Vociférant des jurons à faire saigner les oreilles, elle se traîna sur le lit chauffant et le cycle pouvait reprendre.

Quel temps il pouvait bien faire ? Elle n’en avait aucune idée. La jeune femme ignorait absolument tout ce qui se passait à l'extérieur de ces murs, aucune idée de ce qui était réellement arrivé à Cid...
  • “Peut être qu’il a survécu" - se mentait elle souvent en imaginant entendre un vacarme d’enfer et la porte exploser. Elle s'imaginait le voir avec son museau nargueur lui rire au nez
  • Hey fillette, on joue les princesses Kruu rru rru?
Mais Dalanda se reprenait sur l'idée que cette aventure n'avait rien d'un conte de fée, c’était un cauchemar...

Dans ces quelques six mètres quarrés, elle était livré en pâture à ses doutes, ses peurs, ses regrets. Comme une colonie de parasites, il la dévoraient de l'intérieur et les conditions de séjour favorisaient cette infestation. Il n'y avait rien de plus difficile que de se combattre soit même et elle se sentait perdre, elle se sentait se perdre.

  • "Tout est de ma faute, tout est de ma faute" - se répétait elle en se roulant en position fœtale. Si seulement elle avait mieux préparé cette expédition, elle s'était d'avantage préparée. Peut être que...
Une fois que les robinets des si et des peut être étaient ouverts, leur débit rendait la tâche de les arrêter incroyablement difficile surtout quand il n'y avait rien pour détourner ses pensées de cette raide pente.

Au départ les black owls étaient venus avec de la chimie, des sérums de vérité. C'était marrant, la jeune femme pouvait décharger sa frustration contre ses ennemis en transférant cette pulsion de tout révéler. A la deuxième réitération de cet exploit, lorsqu'un autre interrogateur se retrouva à dévoiler ses plus noirs secrets, ils comprirent que ce n’était pas dû à une erreur de manipulation du produit mais à une action prédéterminée et ajustèrent leur approche. Les ennemis furent retirer, laissant la frustration se déposer comme la boue dans l'eau.

A la place ils enclenchèrent les lumières, les jets d'eau, les enceintes qui diffusait un son horripilant qui donnait envie de s’arracher les ongles, et les passages éclair des geôliers dans ses plus faibles instants. Comme des cuisiniers, il la préparait patiemment à quelque chose

  • “Il ‘y a pas de réelle pression, ni de sens d’urgence, ou de désir d’obtenir des réponses” - avait elle remarqué. Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose, ils étaient persuadés de les obtenir et Eiling savait exactement comment ils comptaient y arriver. Malheureusement, à part faire preuve de volonté, elle ne savait pas quoi faire. Prendre le risque de se contaminer l'esprit ? La possibilité de se voir disparaître était non négligeable...
A quoi bon survivre si c'était pour devenir une personne différente ? Et si elle changeait au point de devenir quelqu'un qu'elle méprise ? Et si elle devient une personne qui peut abandonner son fils à ses souffrances quotidiennes ? Est ce que sortir de cette cellule dans ces conditions en valait la peine ? Certes, il y avait une chance de sauver sa peau, mais est ce que c'était le plus important ? Peut être qu'il y avait un moyen de négocier....

  • “Non !" - se dit elle en rassemblant son courage, démoralisée par l'épuisement et la torture.



Si elle cédait maintenant alors tout était perdu. Absolument rien ne garantissait qu'ils tiennent leur parole. Qu'est ce qu'on pouvait espérer d'individus qui employaient ce genre de méthodes ? Armes chimiques, persécutions en tous genres ? Ils n'inspiraient que le pire de l'humain. Leur accord hypothétique n'avait absolument aucune valeur à ses yeux...

Le lit chauffait agréablement mais Dalanda se sentait encore froide, à la limite de l'hypothermie modérée. La température de son corps était descendue en dessous des 35°c conventionnels, et elle aurait besoin de plusieurs minutes pour revenir à une situation de normothermie, à une température corporelle fonctionnelle.
Il était inutile de dire qu'elle vivait une situation particulièrement désagréable. Beaucoup auraient déjà craqués en larmes, ou suppliant leur liberté en échange de tout et n'importe quoi. Cependant, pas Eiling. Non pas qu'elle avait une résistance à la torture plus forte que la moyenne, ou qu'elle se pensait incassable. C'était l'erreur que beaucoup de personnes faisaient, en croyant être plus surhumains qu'humains: nobles, immortels, inébranlables... Mais si c'était si simple, si il ne fallait faire preuve que de volonté, alors la pratique serait morte depuis longtemps. Entre les mains d'un virtuose ou d'un professionnel de la pratique ayant ôté sa cape de moralité, tout le monde finissait par parler. Et la privation de sommeil était parmi les outils les plus efficaces à leur disposition.

Non ce n'était pas une particularité de sa constitution qui maintenait un semblant de dignité. Mais parcequ'elle avait côtoyé Cidolphas, qu'elle savait quelques brindilles de son passé, du passé des zoohumains en général. Il s'était ouvert un petit peu une nuit. Peut être qu'un alignement cosmique particulier avait eut lieu en ce jour pour qu'un tel miracle se produise, mais il avait parlé un petit peu du temps jadis au dessus d'un carton de chiots abandonnés. Alors comment pouvait elle se permettre de baisser les bras pour des broutilles de ce genre ? Cela aurait été une honte de céder pour si peu...

Le sommeil s'empara d'elle, finalement. Il n'y eut ni eau, ni porte s'ouvrant violemment, ni rien du tout. Le silence était presque total à l'intérieur comme à l'extérieur des murs. Et ce repos fut accueilli les bras ouverts, cependant il fut de courte durée car Dalanda fut réveillée brutalement: les murs et le sol tremblèrent violemment.
  • “Un tremblement de terre ?” - pensa t elle en panique en se rappelant qu'ils étaient sous terre. Les souvenirs de la ville fantôme enseveli percutèrent son esprit comme un ballon jeté en pleine tête. Si la même chose se produisait ici, c’était la fin.
Malgré le mal de crane carabiné elle se leva du lit pour taper à la porte
  • Hey qu’est ce qui se passe ? – hurla-t-elle mais il n'y eut aucune réponse.

De ce que la jeune femme pu sentir la secousse n’était pas assez puissante pour menacer l’intégrité de la structure. Après tout, cette dernière avait dut être construite en prenant en compte ce genre de paramètres. Cependant... Eiling avait le pressentiment que ce tremblement de terre cachait une réalité plus terrifiante qu'un séisme. Et cette impression lui serra le cœur d’une poigne de fer, si fort qu’elle crut subir une crise cardiaque
En ne sachant que faire d'autre pour soulager son anxiété, Dalanda se précipita sur la porte pour tambouriner de toutes ses forces. Elle voulait savoir ce qui se passait, elle avait besoin de savoir ce qui se passait. Ne rien savoir de ce qui se déroulait était pesant surtout lorsqu'on avait l'habitude d'être au centre des prises de décision. L'esprit montait des scénarios plus étranges les uns que les autres accentuant l'angoisse. Et, sans réponses claires et précises, il était difficile d'arrêter cette chevauchée folle.

Fatiguée d'être ignorée et d'avoir mal à la main, Eiling retourna sur son lit en évaluant les différentes possibilités pour occuper son attente. Mais également pour se préparer à la suite, peut être qu'il y avait une opportunité à saisir et à ne surtout pas rater. Qu'est ce qui avait bien put provoquer ce séisme ou plutôt qu'est ce qui pouvait provoquer un séisme était la question, ouverte à spéculations. Cependant, au milieu de ses réflexions, son esprit encore inconsistant, épuisé par plusieurs nuits de manque de sommeil, dévia de l'objet de l'étude.

La jeune femme observa les quatre murs qui l’entouraient et pensa immédiatement à son fils, à ce qu’il avait dû endurer toute sa vie prisonnier d’une manière différente mais prisonnier néanmoins des murs de verres. L'image imaginée était déprimante à en perdre la raison... Puis tout à coup il y eut des tirs de l'autre côté de la porte. Des coups de feu appartenant à des petits calibres.

  • “Qu’est ce qui se passe” ? – se demanda-t-elle en se levant, prête à... A rien de précis, prête à tout et n'importe quoi même à mordre jusqu'aux os. L'ignorance n'avait pour conséquence que d'élargir l'éventail des possibilités. De ce fait, tout pouvait arriver car elle ignorait tout de ce qui se passait à l'extérieur. La seule certitude de Dalanda était qu'elle voulait sortir de là et qu'elle en avait marre d'être une bête en cage. C'est pourquoi elle se préparait psychologiquement à saisir son opportunité, n'importe laquelle.

Il y eut un bruit de déclic dans la porte qui s'écarta un peu vite. Mais à cause de la lumière atroce dans sa cellule, ses yeux avaient besoin de se réajuster pour bien voir. Cependant elle était certaine d'une chose, celui qui se tenait devant elle n'était pas Cid, bien trop court. Son cœur fit une chute libre face à cette déception mais elle dut se saisir pour ne pas s'écrouler. Ce n'était pas le moment de se laisser aller à la faiblesse.

Devant elle se tenait un homme dans la quarantaine, portant un uniforme noire qu’elle avait vu plus souvent qu’elle ne pouvait le supporter, et la partie droite de son cou avait une couleur de métal.

  • Je vous jure qui si vous essayez…. - essaya de menacer Eiling mais l’homme prit la parole aussitôt
  • Non, nous somme là pour vous, pour vous sauver - dit l'homme en se voulant rassurant. Il leva même les bras alors qu’il tenait un pistolet entre ses mains
  • Quoi ? - demanda la jeune femme confuse avant de redemander - Quoi ??! - mais ce n'était plus une question mais une constatation des plus désagréable. Cette voix, la voix de cet homme elle la connaissait ! - Raahhh !!!! – Hurla Eiling en oubliant tout au monde: prudence, morale, semblant de civilité, au diable tout ça. Juste la voix était suffisante pour la mettre hors d’elle, lui donnant des forces qu’elle ne soupçonnait même pas encore présentes en elle. Amplifiée à la rage, elle et se jeta sur Bender qui, prit par surprise, eut le souffle éjecté de la poitrine

  • Oomph - eut il le temps de pousser avant de retrouver à terre pratiquement sans défense. Une pluie de coups de poing s’abattit sur son visage, il essaya de se défendre mais la furie était inarrêtable. Il n'y avait absolument aucun doute possible sur le fait qu'elle essayait sérieusement de lui ôter la vie. Malheureusement pour elle et heureusement pour Bender il n'était pas tout seul, des bras s’emparèrent de la folle furieuse en tentant désespérément de l'éloigner du sergent.
  • Hey calmez vous ! S'il vous plait - hurla le jeune homme en uniforme noir qui essayait désespérément de la tenir éloignée de Bender
  • Lâchez-moi putain ! – hurla Dalanda - Je vais te tuer salopard !!!
  • Aidez-moi à la retenir !! – cria le jeune homme mais ne voyant personne se précipiter à son secours essaya de désarmer la situation par la parole - Madame s'il vous plait calmez vous, nous se sommes pas vos amis - dit il difficilement, complètement épuisé par l'effort nécessaire.
  • Qu'est ce qui se passe jonathan ? Cette réaction n'était pas prévue - demanda calmement la troisième personne présente en tendant la main au sergent encore groggy.
  • Un léger malentendu – répondit ce dernier en crachant du sang ainsi qu'un bout de canine tout en cherchant encore son souffle.
  • Léger ? Léger ?? - hurla Eiling de manière complètement hystérique. Les membres de l'Inkuyale durent tous s'y mettre pour essayer de contrôler cette démone – Tu as tué mon ami !! Lâchez-moi je vais lui faire la peau !! - suggéra t elle mais les trois hommes préférèrent ne pas prendre de risques
  • Dans ce cas nous sommes deux ! - répondit sèchement Bender en retour en pensant à Dyne Alexander, le pilote du vermisseau. Ce rappel ne tomba pas dans une oreille de sourde. Déjà affligée par le regret de cette tragédie, elle n'eut d'autre choix moral que de se forcer à se calmer. Se forcer car en cet instant l'émotionnalité était bien plus forte que la rationalité. Et c'était dur, aussi dur que de maintenir un ressort prêt à bondir - Si j’avais le choix croyez moi je ne serai pas là, pour moi vous êtes aussi responsable que votre ami. Vous avez laissé ce fou furieux faire à sa guise et un de mes hommes en est mort, et les autres le seront aussi si je ne fais rien - laissa-t-il échapper sa colère et les yeux de Dalanda devinrent petits de colères et rouges de fureur - Mais voila ! Nous sommes là et la coopération est la seule option de survie pour vous, comme pour nous - dit Jonathan en prenant sur lui. Quelqu'un devait jouer les adultes. S'énerver et se lancer la balle des reproches ne servait à rien et objectivement il avait besoin d'elle. Alors le moins qu'il pouvait faire était de déminer la situation et non l'envenimé d'avantage.

Sa réaction fut une surprise pour lui même. Le sergent pensait avoir digéré la mort de son subordonné, normaliser l’événement et le classer en accident. Cependant, en réalité, il leur en voulait encore beaucoup. Peut être était ce pour cette raison qu'il n'avait pas sourcillé quand le gaz avait été évoqué, tout moyen était bon pour soulager sa peine... Peu importe qu'il savait que la jeune femme ne pouvait contrôler chaque action de Marshall, il l’avait montré d'ailleurs à plusieurs reprises. Peu importe qu'il savait que le félin n'avait jamais réellement tenté de leur ôter la vie, deux doigts auraient suffit pour ça... Mais il n’y avait pas de logique à l’émotion. Il leur en voulait, il s'en voulait aussi pour avoir céder à la tentation de vengeance, et tout était compliqué dans son esprit et dans son cœur. Un nœud gordien que personne ne pouvait trancher.

Dalanda quant à elle pouvait comprendre la position du sergent. En fait elle n'était pas compliquée à comprendre: il a fait son travail et rien de plus. Néanmoins comprendre ne voulait en aucun cas dire pardonner. Cid n’était pas un simple ami qu’elle aurait perdu. Non. Il faisait parti de sa famille. Par quel miracle ? Elle l’ignorait, mais elle s’était découverte à le considérer comme un frère. Le seul qui n’avait pas peur de ce qu’elle pouvait faire et qui la défendait. Le seul qui lui disait clairement ce qu'il pensait sans considérer son statut. Le seul qui aurait put retourner le monde entier contre lui dans le but de la protéger. Le seul qu’elle pouvait appeler à n’importe quelle heure de la journée ou du soir pour lui raconter ses problèmes de “riches” et il était là pour écouter. Le seul qui se souciait de son fils parce que c'était important pour son amie, c'était même la chose la plus importante pour elle. Alors elle pouvait comprendre la position du sergent, mais il y avait de forte chances qu'il neige en enfer avait qu'elle puisse pardonner sa perte. Aller jusqu'à utiliser du gaz, une arme interdite par toutes les conventions militaires. Ils...Ces bâtards ne lui avait laissé aucune chance de se défendre !!... Pourtant, il n'était pas encore l'heure de régler les comptes. Pour l'instant Dalanda devait faire preuve de maturité car elle avait encore une tâche à accomplir.

  • Je vous écoute – dit-elle en desserrant difficilement les mâchoires et levant les bras pour montrer qu'elle n'allait présenter aucun danger. Les membres de l'inkuyale regardèrent Jonathan parce qu'il était le principal concerné et ce dernier hocha de la tête comme pour demander de la lâcher.
  • Ecoutez si ça peut vous convenir je vous donnerai ma vie une fois que tout sera fini mais en cet instant j’ai absolument besoin de votre aide – bluffa Bender. Ce n'était pas aussi extrême qu'on pouvait le croire à prime abord. D'un, il y avait tellement de possibilités dans le futur que rien ne garantissait que cette promesse voie le jour. Et de deux, parce qu'il n’avait pas grand chose à proposer. Les cartes étaient entre les mains de la jeune femme: le vaisseau et sa capacité. Avec ces deux choses ils pouvaient sous tirer les informations à Morel et fuir avec tout le monde. Après… après c’était après.
  • Je vous prends au mot - accepta Eiling en toute sincérité avant de demander - Qu’est ce qu'on fait ?
Bender la regarda de manière étonnée et suspicieuse avant de demander
  • Vous n'êtes pas télépathe ? - C'était la conclusion la plus logique a ses yeux, c'est pourquoi il pensait en boucle à tout ce qui est arrivé pour mâcher le travail à la jeune femme. Mais apparemment il avait mal compris la situation.
  • Quoi ? Non, enfin pas vraiment. Je suis euh Synkyopathe. C'est un peu différent - répondit elle. Elle n'aimait pas vraiment le nom, Cid l'avait trouvé en se moquant. Ce qui lui valu de pleurer comme une madeleine dans un coin de son bureau pendant des heures. Un spectacle inénarrable au vu de l'aspect grotesque.

  • Et c'est ?... - demanda Jonathan
  • "Pas tes oignons" - voulu-t-elle répondre de prime abord mais se força à avaler le commentaire cinglant - j’influence juste le spectre émotionnel. Une sorte de télépathie, oui, mais avec les émotions - expliqua-t-elle en se voulant simple - Je vous dit quoi ressentir en somme.
  • Oh, ok mais vous pouvez forcer quelqu'un à dire la vérité ? Parceque je suis vraiment mort de trouille - exprima Bender avec une larme coulant le long de sa joue. Il s'arrêta comme frappé par la foudre. Dalanda croisa les bras et lui lança un regard nargeur qui voulait dire "Alors convaincu ? Où une autre démonstration est nécessaire ?" - Bon tant que ça marche - dit le sergent en espérant que tout le monde oublie cet épisode
  • Effectivement votre capacité à l'air de très bien marché
  • Je ne vous le fait pas dire - répondit Dalanda
  • Dans ce cas puis je vous demander pourquoi vous ne vous êtes pas enfui plus tôt ? - redemanda la même personne.
  • Et vous êtes ? - demanda Eiling en se retournant face à l'impertinent qui lui replanta le couteau dans la plaie.
  • Je m’appelle Akiro - se présenta le chercheur au visage sec et les cheveux pratiquement tous blancs - Lui c’est Choki – dit-il en montrant la personne à sa droite un peu joufflue et petite de taille – et lui c’est Andreï - présenta-t-il le dernier membre, un blondinet assez grand et athlétique.

La chose qu’elle remarqua tout de suite, hors mis le fait qu’ils étaient tous en uniforme à part Akiro, était que, malgré le fait qu’il n’y avait aucune pièce métallique ou plastique apparente, le scientifique dégageait ce vide à l’image des cyborgs. Quant aux autres ils étaient terrifiés et c’était compréhensible. Par contre combien de personnes ici étaient capables d'échapper à son aptitude sensorielle ? Le chiffre commençait à être un petit peu trop élevé à son goût.

  • Ces personnes veulent s'enfuir et ont besoin de monter sur votre vaisseau – lui dit Bender.
  • Quoi ? pourquoi ? - demanda Dalanda surprise
  • Pour sauver notre peau comme l’a si bien dit votre…ami ? – suggéra Akiro.
  • Non, surtout pas ami non. Vous êtes combien en tout ? - demanda Dalanda
  • 25
  • Ça ira, on a de la place pour un équipage opérationnel de 35. En se serrant un peu, on peut monter jusqu’à 100 ou 120 et des poussières.
  • Parfait !
  • Par contre j'aimerai connaître les circonstances plus tard
  • Je ne vois pas l'intérêt
  • C'est pour ma tranquillité d'esprit
  • Si vous voulez je vous expliquerai mais plus tard - se mêla Bender de la conversation - On doit bouger, maintenant !
  • Très bien. Prenez cet arme et cet uniforme vous en aurez besoin – dit Akiro en tendant à Dalanda un pistolet sous le regard légèrement inquiet de Bender. Ainsi qu’un uniforme noir.
  • C’est quoi le plan ? – demanda la jeune femme en prenant l’arme et vérifiant qu’elle était parfaitement opérationnelle. Le pistolet enregistra ses données biométriques l'archivant comme propriétaire. L'index la démangeait, appuyer sur la détente serait une source de bien être inégalée - "Pas maintenant" - se dit elle en rangeant l'arme derrière la ceinture
  • Le bureau du préfet est au B3 juste au-dessus de nous, nous devons le capturer et vous devrez l’interroger – répondit Bender en guidant le groupe en avant. Les cinq personnes avançaient lentement en prenant le soin de jeter des coups d’œils dans les couloirs et sur l’appareil rectangulaire que Bender tenait entre les mains: un scanner de proximité. Il serait catastrophique d’être pris par surprise.
  • C’est ça le plan ? Je ne sais pas vous mais il serait mieux qu'on fiche le camp d'ici au plus vite. Vous n'avez pas senti les secousses ? - demanda Dalanda. L'idée que le ciel lui tombe sur la tête la terrifiait vraiment. Elle essayait de rationaliser la situation en se disant que la secousse ne devait pas réellement être un tremblement de terre car il n'y avait de réplique. Mais d'un autre côté, tout ce qui pouvait faire trembler la structure était particulièrement dangereux.

  • On a besoin de Morel entre nos mains si on veut ficher le camp d'ici - expliqua brièvement Jonathan
  • Je confirme - approuva Akiro juste derrière
  • Et c'est qui ce type ? – demanda Dalanda.
  • Vous ne l'avez pas encore vu ? J'aurai cru qu'il serait passé vous voir dans votre cellule - s'étonna sincèrement Bender. Il l'imaginait bien parader devant la prisonnière en essayant de prendre l'ascendant psychologique pour se prouver que c'était lui le dominant.
  • Euh non, je ne pense pas - répondit Eiling. De mémoire, il n'y avait personne qui était venu discuter avec elle en se présentant sous ce nom.

  • Philippe est du genre prudent. S'il sent le vent tourner, un détail qui échappe à ses paramètres de spéculation alors il devient observateur - expliqua Akiro - Ce n'est pas très étonnant qu'il ait préféré rester derrière les écrans, après tout il est très difficile de lutter contre votre don - sourit le chercheur.
  • Hmpf - fit Bender en niant la ressemblance
  • Vous y arrivez bien vous - rétorqua Dalanda
  • J'ai eu de la chance dans mon malheur. Je souffre d'une forme avancée et atypique de burn-out alors je suis aussi vide qu'une bouteille visitée par un alcoolique - démystifia Akiro sa situation
  • Je vois... Par contre je ne sais toujours pas qui c'est ce Morel et pourquoi on doit risquer nos vies à le trouver

  • Le preferum Morel est le directeur de cette installation et le seul à avoir un contrôle absolu sur Juvianne, l'intelligence virtuelle d'exploitation. Sans lui, on n'ira pas très loin j'en ai peur - expliqua Akiro
  • Mais et les gardes ? j’imagine mal comment vous comptez vous approcher de lui - demanda Dalanda
  • Il apparaît que la plupart d’entre eux ont été envoyé aux niveaux inférieurs pour répondre à une alerte très urgente - expliqua Choki qui se sentait un peu trop silencieux depuis le début.
  • Déjà une bonne nouvelle - affirma Dalanda soulagée. Moins de gardes, moins de risques
  • Je n'en suis pas certain. Les préfets sont des spécialistes choisis parmi les meilleurs. Je pense que vous aurez beaucoup de mal à le capturer même si il est tout seul. Et connaissant l’orgueil de Morel, il sera tout seul à moins que la situation soit plus compliquée que prévue – répondit Akiro

  • “Parfait, pourquoi j’espère encore” - pensa Dalanda. Si castyllione était une spécialiste et Morel était considéré comme meilleur...C'était une réflexion qu'elle n'avait pas forcément envie de terminer. Et l'autre chose qu'elle remarqua était le "vous" dans le commentaire du chercheur. Autrement dit, il ne comptait pas s'impliquer dans la bagarre.
  • Spécialiste ou pas on n'a pas le choix, tout ensemble on arrivera à le capturer. Cet imprévu de leur côté est la seule opportunité en notre disposition pour y arriver. Maintenant qu'on vous a libéré le reste ne devrait pas être compliqué – dit Bender alors qu’ils dépassèrent l’ascenseur. Ils allaient monter en prenant la cage d’escalier, c’était bien plus prudent.
  • Euh, je pense que vous me surestimez un peu beaucoup. Si vous vouliez vous balader tranquillement on aurait besoin de Cid pas de moi. Mais malheureusement vous avez rendu cela impossible - annonça Dalanda en sentant la fureur resurgir à la surface.

  • Ecoutez, je ne m'excuserai pas pour ça même si je comprend que ça vous peine, oomf... - sans même savoir pourquoi Bender se mit un coup de poing tout seul l'envoyant percuter le mur - Arrêtez ça tout de suite !! - s'énerva le sergent
  • Sinon quoi ? - le défia Dalanda
  • Sinon nous seront contraints d'être vos voisins de cellule dans le meilleur des cas. Tout comportement qui sort de l'ordinaire sera tôt ou tard repéré par Juvianne. Elle est actuellement occupée mais si vous continuez à obliger le sergent Bender à se taper tout seul comme un grand je crains que cela n'attire son attention - expliqua Akiro avec son calme olympien.
  • Très bien, mais ça ne tient qu'à vous de ne pas sortir de conneries - accepta Eiling en demandant - Alors c'est quoi cette alerte ?

  • Aucune idée, je n’ai pas eu accès à cette information. Je sais juste que la presque totalité des owls a été mobilisée pour y répondre – répondit Akiro
  • Il est possible qu’un des sujets du « projet Fenrir » ce soit échappé comme la fois dernière. Ou peut être plusieurs d'entre eux ? – spécula Choki en un oscillant du corps à cette idée, saisit d'un tremblement soudain et nerveux.
  • Non, c'est impossible - répondit Akiro sans même prendre la peine d'y réfléchir une seconde - Gasparof et Morel ont élaboré plusieurs plans de contingence pour empêcher qu'une telle situation ne se reproduise - expliqua-t-il ensuite.
  • Projet Fenrir ? Qu’est-ce que c’est ? - demanda Dalanda
  • Notre réponse à l’invasion des Kissadzé – affirma Akiro. Bender lui jeta un regard confus essayant de comprendre comment ce projet pouvait arrêter une invasion qui avait déjà été arrêtée il y a plus d’une décennie maintenant. C'était simplement du foutage de gueule, ils développaient des armes biologiques et létales à vendre. Il n'y avait pas besoin de chercher plus loin.

  • Merde ! – fit subitement le sergent en leur faisant signe de s’arrêter puis de faire immédiatement demi-tour. L’appareil dans la main de Bender s’était mis à vibrer et à clignoter du côté gauche. A en croire ses indications, un groupe de sept black owls lourdement équipés déboulait du couloir à toute vitesse. Temps estimé de rencontre: trente secondes.
  • Plus un geste – murmura Akiro et tout le monde resta figé sur place comme cloués au sol. Ce n'était pas que Jonathan et Dalanda eurent une confiance absolue en lui, mais plutôt qu'ils eurent confiance en sa confiance en lui tout en espérant un miracle. La situation pouvait être une poudrière et suscité un paquet de questions auxquelles ils ne pouvaient pas répondre. Vu que les black owls étaient mobilisés pour répondre à un problème, de ce fait comment répondre à la question: qu'est ce que vous foutez là ? Et si effectivement tous les black owls étaient mobilisés alors ils n'avaient d'autres choix que de suivre les mercenaires, s'éloignant de leur objectif pour se retrouver dans la gueule du loup. De plus leurs numéros d'identifications étaient bidons et un rapide comparatif avec la base de données montrerait le poteau rose. Autrement dit il valait mieux éviter de croiser au maximum les hiboux, surtout en armures et équipés de scanners. Là ils avaient deux choix évidents: faire demi tour hors de portée des radars mais au vu de la vitesse des black owls cela aurait nécessité de sprinter dans le sens opposé pour avoir une chance de ne pas être repérés ce qui bien sur risquait d'attirer l'attention de Juvianne. Et l'autre choix ? Ecouter Akiro et ne pas bouger d'un seul cheveux.

Le groupe de mercenaires les dépassa sans leur prêter attention et continua sa course à toute vitesse.
  • Qu’est ce qui s’est passé ? – demanda Dalanda sans cacher son soulagement ainsi que sa curiosité
  • C’est un appareil de camouflage portable. Il génère un champ d’invisibilité mais ne dure que quelques minutes, il nous faut encore perfectionner la batterie – répondit Akiro en ramassant l’appareil.
  • Je peux jeter un coup d’œil dessus – demanda Dalanda intriguée.
  • Oui bien sûr – lui dit Akiro en tendant l’objet triangulaire.
  • On n’a sincèrement pas le temps pour ça – répliqua Bender. Même si il était intérieurement ravi d'avoir le gadget et que tout c'était passé à merveille. Il n'en demeurait pas moins que l'objectif était encore loin... - SI je comprend bien ce truc nous rend complètement invisible ? Même des systèmes de détection ? - demanda t il comme foudroyé par une idée

  • Comme vous l'avez pu le constater. Néanmoins le problème de batteries rend son utilisation épisodique, pour l'instant du moins - affirma Akiro - Laissez moi deviner, vous comptez l'utiliser contre Morel ?
  • Bien sur que je compte l'utiliser contre lui. Pourquoi il y a un problème ?
  • Je serai réellement déçu de lui si ça marche - répondit Akiro
  • Et bien moi je serai plutôt déçu que ça ne marche pas.
  • Je conçois. Néanmoins je vous conseille de ne pas trop compter sur ce gadget. Des individus qui disparaissent des écrans c'est comme souffler à l'oreille du système. Il finira par le remarquer
  • Autrement dit quoi qu'on fasse on finira par se faire voir ?
  • C'est pourquoi j'espère sincèrement que vous avez un plan digne d'intérêt. Nous avons notre accord n'est ce pas ?
  • Ne vous en faites pas pour ça. Allez on bouge ! - répondit Bender la mâchoire serrée. Le poids de ses responsabilités commençait à devenir un peu trop lourd. Cependant il avait embarqué tout le monde et c'était son devoir de trouver le chemin hors de ce merdier. Une tâche qu'il avait déjà eut à réaliser auparavant.


Le groupe continua le long du couloir. Ils arrivèrent rapidement à la sortie de secours, jusque-là sans autre incident. Akiro sorti son badge et le passa devant la console à côté de la porte qui se débloqua automatiquement les laissant entrer dans la cage d’escalier, assez restreinte. Ils montèrent les marches quatre à quatre jusqu’à l’étage du dessus. Akiro débloqua la porte à nouveau, l’appareil de Bender ne faisait aucun bruit, tout semblait tranquille, bien trop tranquille.

Une fois à l'étage administratif, ils aperçurent quelques bureaucrates en costume cravate qui les observèrent sans vraiment prêter attention. Trop occupés à chercher des excuses peut être, à faire croire des choses qui n'étaient pas vrai. En ce qui les concernait, le professeur Nokuza se faisait escorter par des officiers, quant à la raison qu'est ce qu'ils en avaient à faire ? Tant qu'ils faisaient attention au black owl, tout devait bien se passer. Du moins, c'était ce qu'ils croyaient, ignorant tout de la calamité ayant lieu dans les profondeurs de l'installation.
C'est confiant dans leur réussite que Bender avançait dans les couloirs. Sans signe d'hésitation il adopta sa démarche habituelle, droit comme un I, intense. Il n'avait pas l'air d'un troufion en uniforme mais d'un général qui marchait au milieu de son armée soumise à sa moindre volont...
L’arme d’Andréï glissa le long de sa jambe, alors qu’ils avançaient rapidement et tomba dans un bang qui figea tout le monde sur place. Le pauvre bio-ingénieur qui ne savait pas où se mettre se pencha aussi vite que possible pour ramasser son pistolet, malheureusement pas assez vite pour que l'incident ne passe inaperçu.

  • Sérieusement Andréï ? – commenta Choki à voix basse en essayant de garder un air calme.
  • Je…désolé, j’ai perdu un peu de poids et la ceinture est un peu large…je suis désolé – balbutia-t-il sous le regard de quelques gens.

Une ou deux personnes avaient vu toute la scène. Comment l'arme était tombée, comment elle avait rebondi sur le sol, et comment la dynamique du groupe s'était ébréchée. Le "tient, étrange" se transforma rapidement en "ce n'est pas normal". Bureaucrates ou non, tout membre des black owls devait avoir servi au minimum trois ans dans un service militaire ou paramilitaire pour être accepté. Chacun devait comprendre les difficultés du terrain pour que la machine entrepreneuriale fonctionne correctement. Ceux qui faisaient preuve de talent pour la guerre continuaient à servir comme agents opérationnels, les autres s'installaient derrière les bureaux. Une structure assez commune dans l'univers connu.

C'est pourquoi, ceux qui avaient observé la scène comprirent immédiatement que des moutons s'étaient vêtus de parures de loups. Qui que ces personnes soient, il n'y avait aucune chance qu'elles fassent partie de l'ordre des officiers indiqué par les uniformes.  C'était impossible mais bon, qu'est ce que cela pouvait bien faire ? Peut être que les critères de sélection ont été laxistes ou que l'idiot qui avait fait tomber son arme avait eut un bon piston... Les idées pour justifier la possibilité de ce qu'ils venaient de constater remplacèrent tout le reste parcequ'ils furent frappé d'incuriosité soudaine et de lassitude. En cet état, les bureaucrates pouvaient être au milieu de flammes, personnes ne lèverait un cil pour se sortir de là. Voila tout ce que Dalanda pouvait faire en l'état actuel. Elle aurait préféré faire preuve de souplesse et de subtilité pour que les impressions soient durables. Rien n'était plus efficace que d'amener quelqu'un à émettre une conclusion personnel. Dans ce cas, même s'il avait tord, il était à se battre jusqu'au bout bout pour défendre son opinion. Alors que lui imposer un ressenti était fort mais au final cette injonction entraînait une résistance du mental. Tôt ou tard, les témoins allaient se rappeler de ce qu'ils avaient vu ici et là, tout allait dépendre du hasard. Pour l'instant il y avait quelque chose de plus important à régler.

  • Ce n’est pas grave – s'adressa Eiling à Andréï en tendant la main de manière impérieuse pour rester fidèle à son idée de l'uniforme – mais je vais devoir vous désarmer, j’aimerai éviter qu’il y ait un accident – et par accident elle entendait que le pauvre Andréï ne se tire dessus ou qu’il ne touche l’un d’entre eux sans faire exprès.
  • Ok… - fit se dernier tellement gêné qu'il était prêt à se creuser un trou et disparaître.
  • Ça va aller - intervint Dalanda en voyant que Bender était sur le point d'exploser dans une remontrance sévère.
  • Très bien - dit il en comprenant l'implication derrière ces mots. Il jeta ensuite un regard cinglant au bouffon en uniforme puis ajouta - On accélère la cadence – Il n'avait qu'une seule hâte: mettre le maximum de distance avec la scène à risque – Akiro comment ça avance de l’autre côté ?
  • On sera prêt à temps – répondit-il simplement en observant son camarade essayer de reprendre son calme. Les erreurs de ce type étaient inacceptables même si compréhensibles. Fort heureusement ce léger contretemps n'allait rien changer.
Une fois qu’ils furent suffisamment loin, Bender ralenti drastiquement le pas. Ils n'étaient plus loin du bureau de Morel. Le radar n'indiquait rien de spécial, d'ailleurs il indiquait que la pièce était vide.

  • "Merde !" - pesta intérieurement Jonathan avant de se calmer sur l'idée que peut être un détail lui échappait - Le bureau de Morel possède des spécificités particulières  ? - demanda t il à Akiro
  • Comme ? - demanda ce dernier en penchant la tête sur le côté. Visiblement déconcerté par la question.
  • Comme brouiller le scanner ! - demanda Bender en montrant les indications de l'appareil.
  • Non, je ne pense pas. Mais cela demeure une possibilité. Comme je vous l'ai dit Morel est quelqu'un de très prudent alors il a pu installer plein de gadgets sans m'en parler.Mais d'un autre côté il est assez imbu de lui même, voir très... Difficile à dire mais oui c'est possible - confirma le chercheur encore pensif

  • Ok ! Bon passez moi votre engin de camouflage. Le plan est simple ! Choki ouvre la porte, je jette l'appareil au sol. Dalanda et moi allons nous cacher dans la bulle, c'est bien une bulle ? - demanda t il confirmation. Même si la question semblait stupide à premier abord, le sergent avait sérieusement besoin de la réponse pour s'imaginer le contour. Il avait besoin de situer l'enveloppe dans l'espace
  • Effectivement, de 3 mètres de diamètre avec une fluctuation de 2 % - expliqua Choki
  • C'est à dire ? - demanda le sergent qui demandait du concret. Ce n'était pas le moment d'étaler son intelligence, l'objectif était à quelques pas.
  • La bulle est instable et peut se rétrécir c'est bien ça ? - développa Dalanda
  • Exactement - lui sourit Nokuza

  • Ok ! Akiro vous entrez pour l'occuper Morel, essayez d'être le plus naturel possible. Nous on déplacera l'objet au sol pour nous approcher un maximum et là on le prend par surprise. Dalanda vous faites votre truc pour le calmer et moi je m'occupe de le mettre à terre. Simple, efficace, des questions ?
  • Quand vous dites que vous allez déplacer le déphaseur dimensionnelle, vous voulez dire quoi par là ? - demanda Choki
  • Je regrette mais cet appareil n'est pas un déphaseur dimensionnel - protesta Dalanda
  • Pas encore, ce n'est qu'un alpha prototy...
  • Hey ! - claqua des doigts Bender pour focaliser l'attention - Ce n'est pas le moment là. Vous en discuterez plus tard, vous en aurez amplement le temps. Pour l'instant on se concentre sur le plan
  • Dans lequel vous déplacez le déphaseur dimensionnel ? - redemanda Choki
  • Oui, pourquoi ? Je le fais glisser doucement au sol, il y a un problème avec ça ?
  • Je ne sais pas si ça marche comme ça
  • Pourquoi ça ne marcherait pas ?
  • On n'a pas testé cette possibilité - avoua Choki
  • Et moi je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas !
  • Je veux juste dire que le déplacement peut influer sur les forces maintenant le champs persistant. On n'a pas testé cette éventualité alors je ne peux garantir cette option. L'objet fonctionne quand il est immobile mais personne ne sait si il marchera si on le fait bouger - expliqua Choki en se voulant simple et concis.  
  • Ok, merci c'est noté. Je suis certain que tout se passera bien. Si Morel est derrière cette porte ce sera du gâteau si on s'y met tous. Faites vous confiance un peu, ok ? - répondit Jonathan un peu agacé par la tournure de la conversation. Encore une fois leur objectif était, éventuellement, juste à quelques pas. La solution à leurs problèmes était à portée de vue et personne ne semblait en saisir l'importance, à lui parler de déphaseurs et d'autres conneries - Bien, Choki à toi de jouer - ordonna Bender en essayant de se calmer un peu. La paume de sa main le démangeait, demandant de l'action. La personne qui lui avait fait vivre des moments d'anxiété intense était juste de l'autre côté de la porte, possiblement. Et le sergent rêvait d'une bonne tatane dans sa gueule.

  • Une seconde – demanda l'ingénieur en se frayant un passage vers la porte. Il utilisa un ordinateur, de 8 mm d'épaisseur à l'image d'un brassard noir (en nano-graphite), qu’il portait sur son poignet pour se connecter à la console de commande et pirater l’ouverture de la porte. L’opération prit quelques minutes mais fut fructueuse. Bender regarda Dalanda en lui faisant signe d’être prête à agir immédiatement, pendant qu’ils avaient l’avantage de la surprise, elle hocha la tête. Akiro prit position devant la porte, attendant patiemment qu'elle s'ouvre. Son défi était de trouver une réponse à la question qui allait évidemment être: comment tu es entré ? Il n'était pas dans la nature des portes scellées de s'ouvrir d'elles mêmes...Les secondes défilaient, la pression devenait intense, l'idée de se rater bourdonnait dans les esprits faisant transpirer à grosses gouttes. Puis lorsque la porte s'ouvrit, Bender s'apprêta à jeter l'appareil mais quelque chose ne tournait pas rond.

  • Fait chier !!! – s’exclama-t-il en voulant shooter dans quelque chose mais il n'y avait rien à proximité. Et il n'y avait personne dans la pièce à part eux, bien sur.
  • Il semble que le préferum ait prit le contrôle direct des opérations – dit Akiro en contournant la table de son collègue. Il alluma l’holotable de Morel en espérant que cette dernière soit simplement en veille mais la machine avait été convenablement éteinte et demandait un mot de passe pour se lancer - "Dommage" - pensa le chercheur en jetant des bouts de papiers inintéressant aux quatre coins de la table.
  • On dirait bien - répondit Bender en se grattant nerveusement la tête – Vous pouvez la pirater ? trouver des informations ? – demanda-t-il à Choki en montrant la table
  • Quoi le terminal de Morel ? – demanda l'ingénieur en retour avec un sourire en coin – pirater la porte c’est une chose mais franchir ce niveau de sécurité là, ce n’est malheureusement pas dans mes cordes. Enfin sauf si j’ai droit à un ordinateur quantique et à un délai d’un mois. Enfin j’exagère mai…
  • il semble qu’on va devoir descendre alors – le coupa Bender sur un ton résolu. Akiro leva brusquement la tête, cette idée ne faisait pas partie de l'accord.
  • Je ne pense pas que ce soit une bonne idée – commenta Andreï – On ignore tout de ce qui se passe en bas. Et puis tous les owls seront là-bas, on pourrait attendre ici et lui tendre une embuscade ? C'est mieux non ?
  • Je ne vous demande pas de me suivre. On y arrivera très bien à deux - répondit Bender ce qui lui valut un regard intrigué d'Eiling qui ne savait pas comment prendre cet excès de confiance en ses capacités. Elle ne lui avait pourtant rien fait pour le mériter - J'ai simplement besoin que nous restions en contact et que vous soyez mes yeux. Vous m'avez parlé des camé... - Bender ne put terminer sa phrase. En cet instant le sol trembla à nouveau dans un secousse particulièrement violente.
Akiro, Bender et Dalanda essayèrent de garder leur équilibre durant la secousse éclair. Choki et Andréï plongèrent derrière le bureau comme des nageurs professionnels, sans même hésiter une seule seconde. Lorsque le sol tremble trouvez un abri, c'était tout ce qu'ils avaient besoin de savoir et d'appliquer.

Le sol retrouva son immobilité constante au bout de quelques instants. La durée était bien trop courte pour que la source de cette vibration soit une rencontre de plaques tectoniques.

  • C'était quoi ? Des explosifs ? - réfléchit Jonathan à haute voix. Si les mercenaires commençaient à tout faire sauter en bas ils allaient finir par enterrer tout le monde sous des mégatonnes de roches. Et cette perspective avait de quoi glacer le sang
  • Choki, contact Emilie. Essaye de savoir ce qui se passe - demanda Akiro à son collègue encore allongé au sol au cas où il y aurait une réplique.
  • Tu crois que c'est une bonne idée de risquer sa couverture ? - demanda l'ingénieur en se levant
  • La situation le demande. Contact Emilie, nous avons besoin d'informations pertinentes et également savoir à quel point Morel gère la situation.
  • Euh, ok, une seconde - demanda Choki en manipulant son appareil - Emilie ? - murmura t il en ayant inutilement peur de parler trop fort et que sa voix soit entendue par les collègues de son interlocutrice - Emilie ? qu’est ce qui se passe en bas ? Emilie ? Emilie ? Elle ne répond pas - commenta alors l'ingénieur

  • Réessaye - ordonna Akiro
  • Emilie ? Allô ! Emilie ? Tu me reçois ? - appela à nouveau Choki, mais au bout de quelques tentatives de contact secoua la tête en faisant comprendre que ce n'était pas la peine
  • C'est mauvais signe ? - demanda Bender
  • On a perdu le contact avec notre opérateur qui devait être nos yeux et nos oreilles. Alors oui, c'est mauvais signe - expliqua le chercheur - Je ne sais pas ce qui se passe en dessous mais je n’aime définitivement pas l’idée de m’y aventurer à l'aveugle – dit il alors. Une manière de prévenir le sergent de la dangerosité de ce qu'il risquait de trouver dans les étages inférieurs.
  • Oh seigneur, mate velika cerdechnaia (mère bien aimante) – laissa échapper Andreï.
  • Je peux comprendre…

  • Hey Bender – l’interrompit Dalanda – Qu’est-ce que vous avez fait du corps de Cid ?
  • Vous voulez en discuter maintenant ? - demanda ce dernier avec une pointe d'exaspération.
  • Est-ce que vous êtes absolument sûr qu’il est mort ? - s'enquit la jeune femme. Elle partit du principe que les secousses n'étaient pas naturelles, donc quelque chose devait bien les causer. Et qui pouvait bien présenter un danger si grand que tous les mercenaires aient été mobilisés ? Qui pouvait être assez stup...téméraire pour provoquer des explosions dans une bâtiment sous-terrain ? Et elle n'avait qu'une réponse à cette question: Cidolphas Marshall

  • Je n’ai pas vu son corps mais avec les blessures et le gaz c’est impossible qu’il ait survécu - affirma Bender. Personne ne pourrait survivre à ça, personne ne pouvait survivre avec des organes liquéfiés.
  • De quoi est-ce que vous parlez ? – demanda Andreï
  • De rien d’important – répondit Bender qui voulait clore la conversation et se focaliser sur ce qui comptait en ce moment: arriver à mettre la main sur Morel. Les chimères n'étaient d'aucun intérêt.
  • Rien d’important ?! - s’offusqua Dalanda
  • Ce n’est pas ce que je voulais dire mais la probabilité qu’il est survécu est si proche du zéro qu’elle est négligeable…
  • Je ne demande pas une vraisemblance mais une certitude ! Avez-vous vu son corps ??!
  • Non je ne l’ai pas vu ! Mais je vous le répète ! Il n’y a absolument aucune chance qu’il…
  • Non parce que si vous parlez du zoohumain qu’on a reçu la semaine dernière …

Dalanda tourna la tête dans la direction d’Andreï si vite que ses cervicales craquèrent. Son regard disait "Parle ! Maintenant !! Ou je t'arrache la vérité avec la langue !!"

  • On, on, on l’a reçu il y a six jours mais je l’ai remis en état, je vous le jure c’est tout ce que j'ai fait – dit rapidement Andreï opprimé par le regard sanglant d'Eiling.
A l'écoute de cette information, Jonathan pensa simplement
  • "Oh !"
Cependant ce "Oh" était le résumé, la contraction, de plusieurs pensées qui explosèrent dans son esprit, formant un monstre invertébré prenant possession de toutes ses pensées... S'il était déjà mal à l'aise en sachant que Dalanda avait une arme, malgré ses bravades ou sa décision de lui faire confiance. Il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine crainte à l'idée qu'elle tourne l'arme contre lui à un moment donné. Idée, non issue de la logique, mais d'un sentiment primaire de préservation. Cependant, quand il essayait d'imaginer ce que sa rencontre allait donner avec l'hybride, il ne pouvait l'imaginer se passer de manière sensée...
  • « Fait chier j’espérais ne plus le revoir ! » - avoua-t-il sincèrement en essayant de garder l'équilibre. Il se sentit soudainement très fatigué et très peu emballé par la future exploration souterraine.

  • Remit en état ?! Racontez ! - ordonna Eiling
  • Euh, je travaille sur un programme de régénération cellulaire pour le projet Fenrir. Enchanté docteur Andréï Miliovski - dit le blondinet avec un sourire qu’il effaça dans l’instant suivant, le regard de Dalanda était suffisant pour lui faire comprendre qu’elle voulait aller droit au but - Il n’était pas mort, ses cellules se régénéraient lentement. C’était du jamais vu, les seules espèces observées d'une telle chose étaient soit rept...
  • ANDREI ! - rugit Dalanda désintéressée par tout le blabla. Ce n'était pas le moment de s'étendre.
  • …On a réussi à le soigner, et en parfait état je peux vous le jurer sur tout ce que vous voulez. Pitié, clignez des yeux je commence à être terrifié - dit il en détournant le regard
  • Qu’est-ce que vous lui avez fait d’autre ?! Je sais que vous me cachez quelque chose ! - dit Eling en frappant la poitrine de Miliovski du doigt suffisamment fort pour qu'il recule de quelques pas en se tenant la poitrine de douleur.

Choki sembla perdu dans la conversation mais néanmoins n'hésita pas une seconde à aider son ami en l'aidant à se tenir droit. Puis il tourna la tête vers Akiro qui se massa les sourcils comme pour chasser une migraine.
  • Je n’ai malheureusement rien d’officiel. Après qu'Andréï ici présent à restaurer votre ami, il a été pris en charge par Morel et Gasparof alors je ne peux imaginer que le pire.
  • Qui est ce Gasparof ? Pourquoi le pire ? - demanda Eiling
  • Un collègue qui co-dirige le projet de militarisation Fenrir. Je crains que le sujet... Je m'excuse. Je crains que votre ami n'ait réveillé un intérêt poussé pour l’expérimentation extrême - expliqua Akiro en essayant de choisir ses mots au mieux.

Là s'en était trop, Dalanda serra les poings et se dirigea vers la porte d'un pas décidé. Gazé, battu, ramené d'entre les morts pour être remis en cage et servir de sujet d'expérimentation ? Non, NON ! C'était simplement non !! Mais Bender percuta ce qu’elle avait l’intention de faire et lui attrapa le bras.

  • Lâchez-moi !! tout de suite ! - cria-t-elle en se libérant de sa poigne métallique. La dame était très en colère. Certes soulagée de savoir que Cid était encore vivant, mais la balance émotionnelle penchait vers la grosse colère.
  • Je ne peux pas vous laisser descendre toute seule !! Il est costaud, vous le savez, je le sais. Il pourra encaisser tout ce qu'ils auront à lui offrir, mais si vous y allez tout seule, sans plan, vous risquez de compliquer la situation - expliqua le sergent
  • Malheureusement je le suis, toute seule, grâce à vous - affirma sèchement Eiling - Alors fichez moi la paix, je trouverai un moyen de le sortir de là ! - Là, dans cet élan, cette motivation, ce comportement, Jonathan vu son reflet. Tout le monde à une personne qui lui était chère, du moins en principe. Pour lui c'était ses hommes et sa fille, et il était dans cette même dynamique dans laquelle il voulait les sauver à tout prix. Quitte à faire du mal à autrui, quitte à piétiner ses principes. Et par ses actions, il lui avait enlevé une personne qui lui était proche. Alors de quel droit il essayait vraiment de la raisonner ? Lui qui était animé de la même idée tunnel ?... Malgré le fait qu'il avait essayé de rester le plus pragmatique possible, pouvait il réellement affirmer qu'il n'avait pas été influencé par ses émotions ? C'est pourquoi il ne pouvait pas dire à la jeune femme que c'était stupide et inutile d'essayer...

  • Le plan reste inchangé, on doit descendre de toute façon alors on essayera de trouver votre ami. Ensemble nous avons plus de chances d'y arriver - expliqua t il alors. Trouver Cid était certes un objectif de plus mais réussi, il pouvait faire drastiquement changer la balance des forces. Le risque était là, la tâche demandait des ressources et des efforts supplémentaires, gains et pertes étaient possibles et s'équivalaient. Mais il venait de donner sa parole. Alors il n'y avait pas, ou plutôt il n'y avait plus, d'autres choix.
  • Faites ce que vous voulez. Mais comprenez bien que ne ne l'empêcherait pas de vous tuer cette fois - dit-elle en lui regardant droit dans les yeux.
La menace était réelle. Jonathan y a pensé d'ailleurs lui même il y a quelques instants de cela. Sa rencontre avec Cid n'allait pas être joyeuse, et allait probablement le laisser dans un sale état. Mais tant qu'il restait en vie même si avec une main ou une jambe en moins, tant que son équipe était saine et sauve, tant qu'il pouvait respecter sa parole donnée, tant que sa fille pouvait être retrouvée, alors c'était acceptable. Effrayant, angoissant, pétrifiant, mais c'était en l'état, la seule chose qu'il pouvait faire. Une phrase qui devenait un mantra à force d'être répétée, ou une malédiction.

  • C’est un risque que je suis prêt à prendre - répondit le sergent en suppliant le ciel ou n'importe qui, n'importe quoi, de créer un futur miracle. Le courage n'était pas l'absence de peur, mais le fait d'avancer malgré ce poison coulant dans les veines et l'esprit - Tout ce que je vous demande c’est de me faire confiance jusqu’à ce qu’on obtienne ce qu’on veut...
  • Confiance ? Non ! je vais vous tolérer jusqu’à ce qu’on le retrouve - prévint Eiling
  • Ça me va - répondit Bender. Au moins il était certain que la jeune femme allait coopérer, pendant un moment. Même si cette coopération présentait certains risques non négligeables.
  • Hmf ! Qu’est-ce qu’on fait alors ? - demanda Eiling impatiente de se mettre en route. Cid avait besoin de toute l’aide possible et pour hier

  • Avoir des yeux et des oreilles est important. Il nous faut rétablir la connexion avec, euh ...
  • Emilie - précisa Choki
  • Emilie - continua Jonathan - Ensuite, Akiro pourra lancer la diversion dont nous avons parlé. Avec suffisamment de chaos on pourra se déplacer plus facilement et secourir votre ami. Nous allons même en faire notre priorité – Ajouta Bender.
  • Vous en êtes certains ? - demanda Akiro
  • Il sera un atout non négligeable, croyez moi. Avec lui à nos côtés Morel ne sera plus un problème.
  • Je ne le demandais pas dans ce sens - demanda le chercheur
  • Ne vous en faites pas pour ça, j'ai été prévenu du danger. Est ce que l'ordre de priorité vous va ? - demanda-t-il à Eiling
  • Oui. Assez perdu de temps on y va – dit-elle en lui faisant signe de prendre la tête du groupe.

  • Ok on est parti. Je passe en premier avec Akiro qui nous guidera et Dalanda vous suivrez. Choki et Andreï vous fermez la marche - informa Jonathan
  • Nous n'étions pas sensés ne pas y aller ? - demanda Andréï en regardant, presque de manière supplicative, son boss. Ce dernier croisa les bras et baissa la tête comme perdu dans une intense réflexion. Il était vrai qu'il avait soulevé l'idée que de descendre était un risque qui échappait à toute rationalité. Cependant sa responsabilité le poussait à continuer l'aventure, après tout c'était une occasion qu'il attendait depuis longtemps.
  • Je ne peux vous obliger à me suivre, mais je compte bien poursuivre et être acteur de mon destin. Je ne suis pas un expert en armement, mais je suis certain de pouvoir vous aider en cas de coup dur - dit il en s'adressant aux deux missionnés.
  • Ce n'est pas une bonne idée - gémit Andréï
  • Sur ce point là je suis amplement d'accord. Mais nous n'avons pas le luxe d'attendre qu'elle nous habite. Alors que comptez vous faire ? Ignorer le problème ? Ou vous demander si vous pouvez être un acteur de la solution ? - demanda Akiro
  • Je ne...
  • Qu’est-ce qu’on doit faire exactement ? – demanda Choki en interrompant son ami, ce qui lui valut de gros yeux qu'l ignora complètement. Il n'avait jamais été aussi apeuré et excité de sa vie, de plus il était d'accord avec le principe. Etre acteur de son destin, cela voulait dire qu'ils allaient saisir leur liberté, qu'ils allaient survivre par leurs propres efforts. De quoi en être fiers !
  • Vous êtes surs ? - demanda Dalanda.
  • Un homme se doit de faire face à ses propres problèmes - réagit Choki. Andréï se laissa tomber sur le bureau de Morel et se frotta douloureusement le front
  • Andréï s'il te plait, on peut les aider. T'imagine un peu ? On peut mettre un doigt d'honneur au nez de Morel et se tailler à l'autre bout de l'univers ! - dit Choki mais en voyant à quel point son ai d'enfance n'était pas du tout emballé, du sortir le joker - je n'y arriverai pas sans toi, s'il te plait - Ce à quoi ce dernier répondit en gémissant d'indécision avant de laisser tomber la tête, signe d'abandon.

  • Qu'est ce qu'on doit faire ? - demanda-t-il d'une petite voix.
  • Vous nous prévenez si il y a du mouvement dans notre dos et vous essayez de rester en vie – répondit Bender en omettant la partie où ils pouvaient également servir d’éponge à balles mais c’était dans « l’hypothèse catastrophe » uniquement.
  • Rester en vie c’est compris - répétèrent Choki et Andreï, l'un plus motivé que l'autre.
  • Parfait – acquiesça Bender en transmettant son détecteur à Andreï – les yeux dessus tout le temps, ok ?
  • Ok, Juste les yeux dessus...
  • Et nous tenir informés
  • Oui bien sûr, évidemment.
  • « Je me fais trop vieux pour ces conneries » - pensa Bender en anticipant le long voyage dans les abysses de ce labo. Personne encore ne pouvait même imaginer l'horreur à laquelle ils devront faire face et qui rageait déjà semant la mort et la destruction.



Blabla de l'auteur

Hello à vous chers lecteurs ! Je ne sais pas si vous avez encore la force de lire quelques mots. Mais j'essayerait d'être court et concis
https://media.giphy.com/media/3oz8xIsloV7zOmt81G/giphy.gif
Merci de me lire :) Si vous avez des questions, suggestions, ou si vous voulez simplement discuter n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com, ou sur facebook: www.facebook.com/unepageparjour

Je me ferai un plaisir de discuter avec vous. Mais ce n'est pas la peine de me dire que je fais beaucoup de fautes, je le sais déjà XD... Et j'essaye de régler le problème :(

Bonne journée à vous. Tchuss et à demain si vous le voulez bien !




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