jeudi 19 octobre 2017

Meliacor, le tombeau de glace, page 196*


Pour appuyer d'avantage cette idée qu'il n'était peut être pas la personne idéale pour le job donné, au cas où le regard n'ait pas suffit. Akiro vocalisa son opinion
  • Je ne pense pas être la personne la plus adaptée pour le faire. Regardez, elle s’en sort très bien - dit il en regardant dans la direction d'Eiling.
  • Je confirme mais j’ai besoin d’elle maintenant alors vous allez prendre sa place ok ?

Nokuza jeta un regard subtile au sergent, un regard qui mêlait étonnement, amusement et déception. Le ton autoritaire dans cette situation où il demandait clairement un service n'était pas un bon signe. Il trahissait du stress et de la frustration, des qualités qu'un leader digne de ce nom ne devait pas posséder, encore moins montrer.
  • Je vais essayer… - dit il avec un sourire pour masquer ses pensées moins tolérantes. Celles qui lui disaient qu'il s'était trompé sur la qualité de cet homme. Non pas qu'il avait un espoir pour commencer, mais là c'était une désillusion complète et totale. Au moins la femme et son compagnon étaient particulièrement intrigants. De toute façon, faire machine arrière était désormais impossible, Morel devait faire face à son destin.

  • Merci - dit Bender qui senti qu'il avait peut être dépasser les bornes, c'était une déformation professionnelle d'une vie à donner des ordres. L'instinct de commander prenait le dessus dans les situations de faiblesse, un geste rassurant quelque part, épuisant et énervant aussi car il signifiait que malgré les années. malgré le fait d'avoir tout mis de côté pour devenir une personne meilleure, il était resté figé dans son illusion de changement. S'il retrouvait sa fille, Shana, elle le fuirait à nouveau... - . Dalanda je peux vous voir une seconde ?
  • Là maintenant ? - demanda-t-elle en pensant - "qu'est ce qu'il me veut encore ?" - Elle préférait rester là, surtout qu'elle sentait faire du progrès sur l'état de Choki
  • Oui, c’est urgent ! - recommença Jonathan avant de fermer les yeux comprenant qu'il venait de refaire la même boulette - s'il vous plait, c'est important - rajouta-t-il
  • Bon. Allez je reviens – dit-elle à Choki en cédant sa place à Akiro.
  • Salut mon grand, j’ai une blague qui va te plaire – dit il alors que l'ingénieur leva ses gros yeux mouillés, confus...

  • La situation est la pire imaginable – dit Bender en baissant la voix, alors qu’ils se mit un peu à l’écart avec Eiling.
  • Sans déconner ? – répondit elle avec sarcasme – je pense qu’on peut imaginer bien pire.
  • Ok, on s’y mettra tout à l’heure mais avant j’ai un début de plan à proposer.
  • Ah bon, c’est déjà une bonne nouvelle. Je vous écoute.
  • On continue vers la salle de surveillance comme prévu - commença à raconter Bender en prenant sur lui pour ne pas répondre aux remarques de la jeune femme - mais si on croise la créature je ferais l’appât pour vous ouvrir le chemin, je l’attirerai le plus loin possible.

  • C’est un bon plan – approuva Dalanda.
  • Sérieusement ? Vous n’avez rien d’autre à proposer ? - réagit Jonathan qui attendait honnêtement une autre réponse du genre "Mais non c'est stupide. On va y arriver...". Un fantasme qui n'avait pas sa place dans cette réalité.
  • Absolument rien – ce qui était absolument vrai vu qu’elle avait passé un bon moment entre quatre murs – Attendez ! Je sais ce qui pourrait marcher. Il y a plein de cadavres de black owl, alors on peut peut être trouver quelques grenades. Comme ça vous faites toujours l’appât mais au lieu de crever tout seul dans votre coin, vous essayez de la faire exploser. Qu’en dites-vous ?
  • “Ah la salo…Hmm, du calme” - Je ne savais pas que vous aviez ce genre d’humour – lui dit Bender.
  • Je suis on ne peut plus sérieuse - répondit Dalanda. S'il comptait se suicider autant que cela soit le plus efficace possible.




Blabla de l'auteur

Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous avez la pêche malgré le temps nuageux. Quoique pourquoi malgré, l temps couvert à sa propre beauté et la pluie ne m'a jamais gêné... Mais il n'est pas question de moi...Je recommence XD

Hello à vous chers lecteurs !Je vous souhaite une excellente journée et qu vous puissiez dire en vous couchant ce soir
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(clair, concis, positif 👍)

Texte time !!

Bon il y a quelques tensions qui commencent à monter. C'est normal ! Je ne sais pas si Bender fait du bon boulot ou non, mais pour sa défense ce n'est pas facile comme situation. Tout a du être fait à l'arrache, c'est presque de l'improvisation. Personnellement si j'étais à sa place, je me serai roulé en boule quelque part et pleuré comme une madeleine. Et si j'aurai vu le B5 et les cadavres j'aurai spammer le bouton up de l’ascenseur comme un malade. M'aventurer là dedans ?
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memegenerator.net
A voir comment ils vont s'en sortir, mais si il propose déjà ce genre de solution c'est qu'i est complètement à cours d'idée.

Si vous avez des questions, suggestions, améliorations, conversations, discussions, intuitions, et je ne sais quoi d'autre en ion...
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vladtv.com
(je sais ça n' aucun sens) n'hésitez pas à laissez un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com. Ou laisser un message sur ma page facebook. Si vous trouvez des défauts, faites le moi savoir s'il vous plait :)

Alors je vous ai promis le texte qui a échoué à la sélection de france culture, le voilà :) Je vous préviens ça fait un peu beaucoup à lire alors prenez votre temps. J'avais pensé à couper en plusieurs partie puis je me suis dit
https://media.giphy.com/media/wYyTHMm50f4Dm/giphy.gif

Ça ne servirait à rien je pense vu que de toute façon ce n'est pas l'histoire complète. Ah oui Dites moi ce que vous en pensez aussi. Le titre c'est :

Cybervoodoo

La plaine défilait doucement, les nuages étaient absents du ciel et coulaient au milieu d’un champs de fleur. Plus Lorraine se perdait dans ce paysage des plus étranges, et plus les fleurs devenaient sombres, colériques, plus leur balancement provoqué par le vent était erratique. Au beau milieu de tous ces cumulus, il y avait un petit ruisseau, l'eau était nette, et la jeune femme pouvait même s’y mirer. Au milieu de ce ruisseau, il y avait un miroir, reflétant la voûte embrasée de ce monde. Était ce un mirage ? Il était difficile de le dire, il était difficile de regarder autour, de se détourner du miroir qui aspirait le regard. A l’intérieur, le reflet n’était qu’une silhouette sombre, fumante, comme la manifestation de l’obscurité elle même. Et cette image parla à l’intérieur de l’esprit de Lorraine: "tu es le corps et je suis la matière"...

Elle se réveilla, perlant de sueur et la boule au ventre comme si une main invisible lui serrait les boyaux. Boup boup ! Boup boup ! Son coeur accéléra le rythme, battant si fort qu’elle n’entendait rien d’autre. Même le lit semblait vibrer au rythme des ses battements hystériques. Son regard parcourut l’obscurité de son appartement de manière panoramique, mais alors que sa main se déplaça pour enclencher l’interrupteur de la lumière, son esprit retrouva toute sa sérénité. Là encore, le fait d’une main invisible qui apaisa ses craintes. Une main apaisante, rassurante, protectrice également, égide de sa lucidité, balayant ce cauchemar d’un revers de la main. Le système, communément appelé Cyber Voodoo ou Civo pour les intimes, était inactif en phase de sommeil et ne pouvait assurer la protection nécessaire qu’au réveil.
Selon les experts, il était dangereux de laisser l’enchevêtrement émotionnel actif selon la phase de sommeil, surtout durant la phase de sommeil paradoxale. La raison évoquée était la forte dose d’acide gama aminobutyrique présente dans le cerveau pendant les cycles de sommeil. Cette substance a pour effet de brouiller les ondes nécessaires au fonctionnement optimal de la machine, alors par mesure de précaution pour l’intégrité du psychisme, la machine se mettait en veille. Le non respect de cette injonction était sévèrement puni.

Cependant, il suffit à Lorraine Rouxel de se réveiller, et quelques instants plus tard, elle oublia le cauchemar et la peur qu’elle venait de ressentir comme si ces derniers n’avaient jamais existés. D’ailleurs, elle ne pouvait même pas comprendre ce qu’elle venait de trouver de si effrayant dans ce rêve complètement décousu. C’était tellement pathétique et stupide qu’elle eut un fou rire en se prenant la tête. Le malaise, le ridicule de la situation était juste à mourir de rire; et puis quoi d’autre allait lui traverser la tête ? Regarder sous le lit ou dans les placards s’il n’y avait pas de croque mitaine ?

La jeune femme secoua la tête, honteuse et amusée de cette retombée en enfance, surprise également d’avoir eu l’occasion d’éprouver ce genre d’émotion. De mémoire, elle n’avait jamais rien ressenti de tel.
  • “Est ce que c’est ça la peur ?” - se demanda-t-elle avant de se dire - “Non ce n’est pas possible”. Il était impossible qu’elle ait pu ressentir cet anathème. Cette émotion ne lui était pas autorisée, pas encore du moins. Alors par quel coup du sort aurait elle pu l’éprouvé ? Cet argument était suffisamment solide pour qu’elle se persuade du ridicule de cette éventualité. Apaisée, Lorraine regarda son réveil électronique qui indiquait 4h15. L’heure était bien trop matinale pour se lever en chantonnant de gaieté,  cependant, se connaissant sur le bout des doigts, elle savait très bien que se rendormir était mission impossible. Autant faire quelque chose d’utile.

La frustration du réveil avant l’heure se transforma en un élan optimiste. Après tout, elle avait procrastiné sur quelques tâches ménagères alors maintenant, elle avait l’occasion de s’en débarrasser enfin. Comme son père lui disait : “l’oiseau matinal attrape le ver, alors lève toi nom de dieu ! Il avait l’âme d’un poète”.

Envahie d’une positivité parasite mais néanmoins productive, Rouxel saisit son “cyber voodoo” qui reposait tranquillement sur la table de chevet, toujours à portée de main pour tromper l’ennui. L’appareil était circulaire, simple d’apparence et de la taille d’une montre de poche.  A l’intérieur de l’appareil en plastique bio-recyclable était endormi un petit écureuil, qui crachait des burp d’excès. Son mignon petit avatar, vêtu selon les goûts de la jeune femme, était allongé sur son dos, le petit ventre gonflé comme un ballon. Il faut dire que dès le matin il a déjà dû avaler une grosse dose de peur aveugle le pauvre petit, il n’était pas du tout habitué à une telle gloutonnerie.

Une fois debout, après plusieurs minutes de luttes contre le drap qui semblait ne pas vouloir la lâcher. Il faut dire que c’était tellement confortable en dessous, Lorraine se pressa en premier lieu dans la salle de bain équipée d’une douche: subtil mélange entre de petits galets colorés au sol et de la mosaïque sur les murs. Les couleurs chatoyantes pouvaient piquer les yeux d’une personne non préparée, voire provoquer une crise d'épilepsie comme se moquait son dernier petit ami. Une exagération, du moins partielle…
La douche psychédélique l'accueillit en allumant son écran, proposant plusieurs cycles de fonctionnement. Lorraine sélectionna le programme matinal et le système automatisé commença à l’asperger de tous les côtés de manière systématique et avec la pression idéale : un massage aquatique des plus agréables et revigorants. La fatigue commença à se retirer, la jeune fille sentait l’énergie l’inonder et au bout d’un quart d’heure, le jet d’eau orchestral s’arrêta. Malheureusement, le surplus de vitalité s’en alla également dans les tuyaux, ce qui fit pousser à Lorraine un léger soupir de contrariété. Son civo ne lui ôta pas le plaisir d’exprimer ce mécontentement, il n’avait rien de négatif mais juste le symbole d’une attente encore une fois trahie, au diable la pub et ses milles promesses...  

Une fois essuyée, elle enfila son peignoir et enroula ses cheveux dans une serviette, avant de se diriger devant le lavabo. Elle y saisit un dentier d’apparence céramique posé sur sa station de chargement, au milieu de quelques crèmes de peau. Une fois en bouche, l’appareil commença sa tâche de nettoyage. Les parois internes étaient recouvertes de minuscules brosses rotatives ainsi que de quelques unes télescopiques pour un balayage complet sur 360°: le rêve de tous les paresseux matinaux. Mais cela n’était que la première phase du toilettage. La jeune femme décrocha ensuite un masque blanc fixé à proximité du miroir de 90 cm de large, plaça des dosettes de fond de teint dans les 6 orifices prévus à cet effet, puis porta l’appareil de maquillage qui procéda automatiquement à sa besogne. De nombreux spray nanoscopiques aspergèrent le visage, en suivant le modèle par défaut prédéfini par l’utilisatrice. En quelques minutes, le travail était terminé, la légère couche de maquillage venait d’être posée et les dents étaient comme sorties d’usine . Lorraine se mira, satisfaite des résultats puis sorti s’habiller.

Au milieu de sa sélection de chemises à porter pour la journée, son beeper se mit à sonner. La panique soudaine qu’elle ressentit face à cet évènement des plus déconcertant, fut remplacée quelques instants après par de la banale curiosité. Le beeper était réservé à son travail, mais qu’est ce qui pouvait être si urgent pour l’appeler à 4h40 du matin ? Elle n’était pas de l’équipe de nuit pourtant ! Pleine d’une sérénité parasite, elle prit le beeper pour regarder qui pouvait bien appeler et constata que c’était le bureau. Le message disait : Réunion urgente ! 6h ! Tout le monde !!
  • Qu’est ce que … - se demanda Lorraine dont le coeur voulu battre d’inquiétude mais là encore son petit écureuil dévora les premiers symptômes de panique ce qui laissa l’inspectrice dans une légère catatonie émotionnelle. Maintenant qu’elle avait éprouvé cette sensation à plusieurs reprises elle comprit que quelque chose ne tournait définitivement pas rond. Il y avait une latence entre le ressenti et l’intervention du système: ce phénomène n’était pas du tout normal. C’était comme si son coeur venait de faire un saut à l’élastique dans sa poitrine. Cependant, les réflexions de la jeune femme furent coupées par la sonnerie de son téléphone. Elle se précipita en sautant sur son lit pour le prendre de sa plateforme de charge, son instinct lui disait que ce n’était pas un mauvais numéro. Une fois l’appareil entre les mains, elle put constater que la personne à l’autre bout du fils n’était autre que son partenaire et mentor: Bastiann Cleyndert - Allo Cley ?

  • Salut Rouxy, je ne te réveille pas ?
  • Euh non non ça va. J’ai reçu le message du chef, ça à l’aire urgent. Qu’est ce qui se passe ?
  • C’est pas bon du tout - annonça sereinement Cley - Nous avons un 1810 sur les bras et ce n’est pas du jolie.
  • Un 1810 - se demanda la jeune femme en fouillant dans sa mémoire et lorsque l’information refit surface elle en hurla presque d’horreur - Un homicide ??? Un homicide volontaire ? - redemanda-t-elle de manière plus posée après que le système n’ait effacé cette émotion jugée inutile. Là encore l'écureuil désormais obèse se fit un devoir de ne laisser aucune miette - Où ça ? A quelle heure le crime à eut lieu ?
  • Les détails seront divulgués au briefing. Je voulais juste que tu sois informée en avance et m'assurer que tu n’allais pas être en retard.  
  • Merci, mais il n’y a aucune risque de ce côté.
  • Hmm, je vois. Par contre, j’ai cru remarqué que tu avais un problème avec ton Civo ? - s’enquit le mentor.
  • Oui je viens de le constater. Il y a une latence et c’est vraiment frustrant. Je le ferai reviser dès que j’aurai du temps.
  • Trouve du temps au plus vite, ne laisse surtout pas traîner le problème - la prévint Cley sur un ton patriarchal - Tu risques de finir en légume au mieux.
  • Je sais, je sais...
  • Oui, bien sur que tu le sais - affirma Bastiaan avec une pointe de sarcasme. Le grand problème de sa protégée était qu’elle n’écoutait que d’une oreille. Mais tous les jeunes étaient comme ça, persuadés de tout savoir mieux que tout le monde - on se voit tout à l’heure !
  • Oui à tout à l’heure...

Lorraine resta figée pendant quelques instants pour digérer l’information. Un homicide...C’était la première fois en quoi ? 5 ans ? Presqu’une demie décennie sans crime, depuis la loi de 2020 sur la “sécurité émotionnelle”. Elle rendait le système Cyber voodoo, obligatoire et nationalisé, même si la gestion était privée. Un modèle de gestion qui avait suscité bon nombre de débats avant le référendum de 2019...
La jeune femme s’extirpa de ses pensées, ce n’était pas le moment de se refaire un cours d’histoire. Elle jeta un rapide coup d’oeil à son réveil qui indiquait 4h50. Si elle devait arriver à l’heure, voire arriver avec une marge confortable, il n’y avait pas un seul instant à perdre. Alors, Lorraine oublia ses ambitions de mode et prit la première chemise à portée de mains qu’elle enfila à la sauvette puis s’attela à porter son uniforme d’officier tout fraichement obtenu : blanc et noir, avec une grosse ceinture rouge qui servait également d’étui à son taser et à sa bombe à gaz incapacitante, ainsi que la cape distinctive blanche et rouge. L’uniforme rappelait celui porté par les carabinieris, une inspiration venue d’Italie.
Une fois les souliers portés, Rouxel prit son Civo légèrement défaillant sans oublier son vélo électrique posé sur le balcon. Elle vérifia mentalement qu’elle n’avait rien oublié : documents, papiers, porte monnaie, tout était dans son sac à dos ou presque. Malheureusement, elle n’avait pas le temps d’embarquer un petit déjeuner correct alors elle saisit deux barres de céréales pour dépanner. Convaincue d’avoir emporté le nécessaire, Rouxel sortit en trombe sans songer à son rituel de ménage quotidien. Comme disait son père: “l’oiseau matinal attrape le ver, alors fait cette foutue vaisselle qu’on puisse déjeuner”. Un véritable poète.

La jeune inspectrice dévala les escaliers depuis le troisième étage, quatre à quatre. La précipitation et l’incommodité du vélo pesant près de 20 kg, rendait la tâche hasardeuse et très incommode : les roues se cognant partout, les pédales lui heurtant les cuisses au risque de lui faire dévaler les marches. Cependant, malgré quelques hauts de coeurs rapidement traités par son écureuil virtuel, Lorraine sortit du bâtiment presqu’en courant et enfourcha directement son vélo assisté sans même prendre le temps de s’arrêter. Elle pédala plusieurs mètres sans les mains, le temps d’enfiler le casque de protection qui se balançait du guidon. Puis, elle accéda à la route en enclenchant l’assistance électrique. Le vélo monta immédiatement à près de 30 Km/h, l’emmenant aussi vite qu’un véhicule en direction de son commissariat.

Son esprit était préoccupé par l’homicide, certes elle n’avait absolument aucune information pour débuter son travail d’enquête, mais c’était l’idée même de crime volontaire qui lui tourmentait l’esprit. Quel malade pouvait bien faire une chose pareille ? Ôter volontairement la vie d’autrui ? Depuis l’instauration du Cyber voodoo, cette tendance à la destruction maladive avait disparu. Bien évidemment, il y avait des homicides involontaires et des accidents quelquefois complètement stupides. Comme celui de son dernier dossier, celui d’une jeune striptiseuse qui avait suffoqué à l’intérieur de sa pâtisserie surprise. La personne avait attendu trop longtemps à l’intérieur, le manque de recyclage d’oxygène et la chaleur du gâteau avaient scellé son sort. Une tragédie qui avait bien fait marrer certains de ses collègues. Il fallait les écouter se gausser: “à quel point il fallait être conne pour s’étouffer dans un cake”. Le Civo avait réglé un bon nombre de problèmes liés à la nature intrinsèque même de l’humain, mais le crétinisme perdurait toujours. Certains de ses collègues étaient vraiment des abrutis…

Il fallut à la jeune inspectrice un peu plus d’une demie heure de pédalage intensif, une chance au vu de l’absence de circulation, pour arriver à son poste. Malgré l’heure matinale, les lumières étaient allumées à tous les étages, les portes principales étaient grandement ouvertes et le parking avait quelques vélos et véhicules stationnés. Lorraine reconnut Cley discutant avec Ethan Powell, l’un des doyens de l’institution. Ils se tenaient devant l’entrée, juste en dessus de l’enseigne : Police Municipale. Et à voir leurs visages, la conversation n’avait rien d’agréable.

Ethan était l’un des policiers les plus expérimentés de ce commissariat, il opérait déjà à l’époque des “générations traumatisées”, où les criminels et les meurtriers étaient monnaie courante. Le fait qu’il ait cette tête d’outre tombe montrait que la situation devait être exceptionnelle, et bien évidemment exceptionnellement mauvaise.
  • Hey ! - appela Cley en voyant sa protégée arriver sur son vélo
  • Salut, j’ai fait aussi vite que possible. Qu’est ce qui se passe ? C’est quoi cette histoire d’homicide ? On a des infos ?
  • Hé, là! Pas si vite en besogne. On ne sait pas grand chose…
  • Arrête d’essayer de la baratiner Cley, ce n’est plus une enfant. Elle verra les images dans quelques minutes de toute façon.
  • Quoi, tu me caches des choses ?! - répondit Lorraine énervée avant de répéter quelques instants plus tard, de manière plus sereine - tu me caches des choses ?
  • C’était quoi ça ? - demanda Powell en dévisageant le jeune femme.  
  • Un bug du Civo, rien de grave - répondit Cleyndert en essayant de noyer le poisson.  
  • ça, ce n’est pas à vous de décider - le coupa Ethan d’un geste de la main - Je vais devoir remonter l’information, rien de personnel.
  • Comment ça rien de personnel ?! - faillit exploser l’inspectrice
  • Lorraine ?! - l’interpella Bastiann
  • je sais .. Je m’excuse. Ecoute, je vais m’en occuper, le bug a commencé ce matin alors je vais m’en occuper, mais là il y a plus urgent.
  • Ce matin ? - demanda Ethan en plissant les yeux.
  • Hey, elle ira voir le psy alors avant de remonter l’info. Je te demande d’attendre les résultats, s’il te plait - demanda Cleyndert
  • Hmm ok, tant qu’elle a l’aval, ça me va. Ce serait dommage qu’elle voit sa carrière détruite à cause d’un bug, pas vrai ? - demanda Ethan en fixant Lorraine qui ne pouvait pas rétorquer grand chose
  • - Mais elle va le voir aujourd’hui - ordonna ensuite le vieux “Barzoï” comme on le surnommait. Le vieux limier...
  • Je comptais le faire sans que tu me le demande, je viens d’avoir le bug je te dis. Je sais que ce n’est pas prudent d’éprouver des symptômes de bipolarité, crois moi c’est chiant - s’expliqua Lorraine.
  • Ok, ok mais je te garde à l’oeil fillette - répondit Powell avant de regarder sa montre - on devrait rentrer, le briefing ne va pas tarder à commencer.
  • Tu peux aller devant, on arrive - demanda Bastiann même si la question était rhétorique. Powell les observa quelques instants avant d'acquiescer :
  • ...Ok. Mais si vous voulez garder vos jobs, je vous suggère de ne pas traîner - dit-il avant de monter les marches du bâtiment.
  • Qu’est ce qui se passe ? - demanda Rouxel
  • Je ne sais pas encore. Cette histoire d’anomalie ne me dit rien qui vaille mais on en discutera plus tard. Pour l’instant, je pense qu’effectivement, le mieux c’est de te préparer mentalement à ce qui va suivre.
  • Tu crois que c’est si grave que ça ? - demanda Lorraine momentanément inquiète.
  • Les civils qui ont découvert le corps sont en urgence psychiatrique. Et nos gars, eh bien tu verras bien. Ils seront probablement placés en congé santé le temps de récupérer.
  • Tu me fais peur là - répondit la jeune femme, mais là encore au moment où son coeur commença à accélérer ses battements, il fut forcé de se ralentir par le petit écureuil caché dans la poche.
  • Ne raconte pas n’importe quoi. Tu n’as pas le permis pour l’éprouver. Juste respire un bon coup et ça ira - répondit ce dernier en prenant l’épaule de sa collègue - Je suis certain que tu vas gérer. Allez, on y va - insista Cleyndert. Il était pratiquement 6 heure et le chef était à cheval sur la ponctualité. C’était le signe le plus important de professionnalisme, et les agents de police étaient des professionnels de la sécurité publique. Bien évidemment dans les limites de la loi.
  • Une seconde je vais ranger mon vélo - annonça Rouxel avant de courir aussi vite que le vélo pouvait lui permettre en direction du râtelier le plus proche. Bastiann la regarda revenir avant de monter à son tour les marches juste à temps pour ouvrir les portes à son acolyte.

Le petit groupe entra dans le bâtiment. Le personnel de nuit était à l’accueil ; cependant leur air ennuyé caractéristique, comme pour se demander ce qu’ils faisaient là, avait disparu. Ils étaient, à l’opposé, complètement opérationnels. L’inspectrice s’attendait à les voir en état de choc et complètement instables… Quoique, en s’approchant de plus près, elle constata quelques signes physionomiques d’une “absence émotionnelle”. Notamment l’impassibilité, leur visage semblait avoir perdu son élasticité pour se transformer en masque d’acier.

  • Ils se sont “éclipsés” ? - murmura Lorraine. Cette action était strictement encadrée et devait recevoir l’aval du psychologue ainsi que du commissaire lui-même. Un officier de police ne devait pas se transformer en machine, sinon comment comprendre les problèmes de ceux qu’on sert si on est dans l’incapacité de ressentir quoi que soit ? L’ère de la justice aveugle relevait de la génération des traumatisés. Aujourd’hui, la justice avait un nouveau visage.
  • Le temps de terminer leur garde. Ensuite, ils prendront leur CAT (congés pour accident de travail) - expliqua Bastiann avant de faire un signe de la main aux deux agents assis à l’image de statues. Ces derniers firent de même.
  • On dirait des machines - commenta la jeune femme en leur faisant signe à son tour
  • Repousse l’inspection de ton problème et tu finiras dans cet état définitivement,  prédit l’inspecteur.
  • Arrête de me le répéter, je sais ce que j’ai à faire - répondit Lorraine, agacée durant un quart de seconde avant de revenir à un état de stabilité - Ce truc va finir par me rendre folle si je ne fais rien.
  • Ok, je m’inquiète peut être un peu trop. Mais vu que tu es sous ma responsabilité…
  • Je ne suis pas sous ta responsabilité, je suis ta partenaire.
  • Tu es officier junior, alors tu es ma stagiaire, donc sous ma responsabilité.
  • Tu n’avais pas à le tourner de la sorte
  • Et toi, tu ne devrais pas l’oublier. Je te forme pour que tu deviennes ma partenaire - sourit Cleyndert
  • Continue à te comporter comme mon père et je ne pourrais pas te voir en peinture - le nargua Lorraine en retour.

La salle de conférence du poste était remplie à rabord, tous les 54 officiers; de détective à inspecteurs, étaient présents. Tous patients, sérieux, professionnels, ils attendaient que le chef prenne la parole pour expliquer de quoi il était question.
Ce dernier, reconnaissable aux broderies argentées sur son chapeau, ainsi que l’intérieur de la cape, se tenait debout derrière le pupitre . Il regarda Rouxel et Cleyndert, les derniers arrivants, puis jeta un coup d’oeil à sa montre qui montrait 5h 55mn. Satisfait de leur ponctualité, il leur fit signe de s’asseoir, mais pour trouver une place les coéquipiers furent obligés de se séparer.

Les quelques minutes qui séparaient le début du briefing étaient longues, très longues, trop longues. Le silence était pesant, la tension était palpable et lourde, rendant l’air difficilement respirable. Et ce, malgré le fait que tous ici présents avaient ajusté leurs Civo. Lorraine put observer des collègues régler les configurations de leurs appareils pour accueillir les images de la manière la plus stoïque possible. Certains le faisaient à plusieurs reprises en constatant que “l’absentiation” n’était pas suffisante. C’était comme pouvoir choisir sa dose de morphine avant une opération, après tâtonnement il y en avait toujours un qui finissait par en prendre plus que nécessaire.

Plusieurs gouttes de sueur perlèrent le long du front de Lorraine. Elle sortit son petit écureuil de la poche mais se rappela que peu importent les configurations qu’elle allait opérer, elle avait quelques instants où sa psychée était non protégée. Et de manière complètement naturelle, elle commença à appréhender cet instant de moins d’une seconde. Si des vétérans préféraient se lobotomiser, ou presque alors, à quel point le contenu devait être graphique ? À 5h59, Lorraine fut prise de nausée à cause de la tension, elle voulut sortir de là, mais son écureuil rattrapait le coup à chaque fois. Le yoyo émotionnel lui donnait envie d’hurler et de s’arracher les cheveux, puis l’écran s’alluma:
  • Je n’irai pas par quatre chemins - annonça le chef - Vous avez déjà entendu les rumeurs j’imagine. Voilà à quoi nous avons affaire ! Voilà ce que nous devons punir !!

A la vue des images projetées par l’écran, le ventre de la jeune inspectrice recracha tout ce qu’elle avait avalé la veille. Jamais, au plus grand jamais elle n’aurait cru une chose pareille possible. Que ce que lui montrait la vidéo était l’oeuvre d’un humain...


A suivre….



Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!!

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