- “Quoi ?” - pensa Dalanda. Cette nouvelle information ne trouvait pas de place dans son cerveau, l'information avait du mal à être codée en électrons pour ses synapses et neurones. Ses pensées se bousculaient les unes aux autres créant un monstrueux embouteillage cognitif... Autrement dit, elle ne comprenait plus rien à ce qui se passait.
- Une chimère ? Comment ça une chimère ? qu’est ce que tu racontes ? – demanda Morel qui avait également du mal à digérer ce qu’il venait d’entendre parce que c'était simplement impossible. Concevoir un seul zoohumain était extraordinairement complexe, alors une chimère ?? Non, non ! Ce n'était pas possible.
- Je ne vois pas d’autres explications - annonça Akiro en regardant à nouveau la vidéo - mais après tout ce n’est qu’un ouïe dire.
- Si et je dis bien si cette chose est une chimère, qu’est-ce que ça veut dire ? – demanda Morel après une minute de silence. Le temps de réorganiser ses pensées ainsi que sa détermination. Il devait absolument réussir cette chasse.
- Si et je dis bien si cette chose est La chimère, alors je ne sais pas - répondit Nokuza pensif - Quelles autres formes elle peut prendre ? Comment son anatomie fonctionne ? A quoi est elle sensible ? Je veux dire elle a recracher toutes les toxines, un organisme normal ne réagit pas de la sorte. Et sa force...
- Ça le je sais nom d’un chien ! Tssk j’ai peut être mis trop d’espoir en toi, c’est ma faute – dit Morel énervé.
- Nous sommes d’accord sur ce point, par contre pourquoi avez-vous du mal à la localiser ? - demanda le professeur
- Je n’y comprends rien non plus, ce n’est pas comme si elle se balade avec des brouilleurs – répondit Philippe désormais ennuyé par la conversation.
- Tu es content d’avoir ces portes bonheurs avec toi maintenant pas vrai ? – le nargua Akiro.
- Ferme là tu veux ?! j’ai besoin de réfléchir ! – rétorqua le préférum, occupé à trouver une solution à une situation qui le dépassait. Une confrontation directe était inutile... - Ecoute il y a toute une série de relevés que Gasparof a eu le temps de sauvegarder, tu vas les analyser et trouver si cette créature est allergique à autre chose que du plomb, c’est clair ?
- Bien sûr, avec une équipe…
- Non ! Pas d’équipe !
- Et pourquoi donc ? - demanda Akiro avec une légère pointe de confusion.
- Pour des raisons de sécurité, tu es le seul scientifique ici - expliqua Philippe - C’est assez délicat de bouger avec ce salopard qui rode je ne sais où alors relocaliser des civils n’ait pas une bonne idée.
- Je suis peut être un "scientifique" - répondit Akiro en appuyant sur le terme - mais à la base je suis ingénieur, IN-GÉ-NIEUR ! je bosse sur “Mercury”, tu veux que je comprenne quoi à ces graphiques ?
- Je n’en sais rien Akiro, mais trouve quelque chose ! Tu ne me feras pas croire que tu n'as aucune compréhension de ces données, tu as baigné au milieu de docteurs. Alors trouve moi une brèche à exploiter aussi infime soit elle et je ferai le reste !
- Et il n’y personne qui puisse faire ça dans toute l’installation ? - demanda Akiro en ne comprenant pourquoi autant de réticence à trouver quelqu'un de plus compétent, il devait bien y avoir un biologiste quelque part, à moins que... - Morel, il y a combien de survivants ?
- Pour l’instant on a sécurisé entre 520 et 525 civils.
- Sur les milliers de chercheurs présents, tu n'as entre tes mains que cette poignée ? - réagit Nokuza réellement outré par ce qu'il venait d'entendre - Tout ceci est très loin d’être satisfaisant !
- Vu que tu étais bien planqué, tu n'as pas du voir ce qui s'est passé petit con ! - répondit sèchement le préférum - Avant qu’on arrive, le carnage avait déjà commencé ! Je recolle les morceaux aussi bien que je peux ! Qu'est ce que tu crois ? On cherche également les rescapés.
- Si c'est le cas, alors pourquoi as-tu libéré libéré les prototypes ? Ils sont encore instables, ils ne sont pas prêts pour le terrain.
- Ça j’en fais mon affaire ok ?...
- Alors dit moi que leur abri est aussi bien protégé que cet endroit - demanda le professeur sans laisser un seul moment de répit à Morel qui commençait à bouillonner de rage. Mais au lieu d'exploser comme une cocotte minute et faire preuve de violence, il se ressaisit
- Je comprends ton inquiétude mais tout est sous contrôle - répondit-t-il d'une manière détachée
- Comment ça ? Morel s'il te plait fait moi au moins croire que tu n'as pas oublié ta mission - demanda Nokuza sur un ton émotionnel. Visiblement il savait quelque chose qui le faisait paniquer de la sorte...
- Occupe toi de ces données, le reste c'est mon problème.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- Ecoute, je n'aime pas me répéter et tu le sais. Alors ne t'occupe pas de détails inutiles. Trouve moi juste quelque chose que je puisse utiliser contre cette créature et je sécuriserai le complexe à nouveau.
- Hmpf, je vois - répondit le professeur avec un petit sourire déçu. Il n'y avait plus rien à tirer de la conversation et les dés étaient jetés. Philippe avait choisi son destin - Ah oui, un dernier détail.
- Quoi donc ?
- La rumeur en question, tu sais sous quel autre nom je la connais ?
- Où tu veux en venir ?
- C’est 211. Tu as quelques notions juridiques non ? 211 c’est la nomenclature pour le…
- Génocide ? – souffla Morel figé sur place
Bender, Dalanda et Choki ne comprenaient pas de quoi il est question. Bien sur l'implication de génocide avait un poids conséquent, mais ils ignoraient les spécificités de cette information. Cependant au son du silence qui s'était abattu dans la pièce, chacun d'entre eux percuta que non seulement ils étaient les seuls à demeurer dans le brouillard, mais qu'en plus ce qu'ils ignoraient avait choqué les black owls qui étaient loin d'être des saints. Comment pouvaient ils savoir qu'à la lisière de la civilisation rodait, il y a longtemps, un monstre capable de dévorer des cités entières.
- On est face à "Génocide" ? Cidolphas est "génocide" ? - rompit Morel le silence - Je comprends mieux pourquoi on cherchait à le recruter à tout prix… - murmura t il ensuite avec une certaine satisfaction ? comme si il venait de remettre des pièces du puzzle en place. Ou qu'il venait de comprendre quelque chose de plus important...
Toute cette conversation semblait étrange pour Eiling. Elle ne se considérait pas comme une personne stupide, incapable d'analyser une information. Mais rien de tout ce qui était dit n'avait de sens. Chimère ? Génocide ? Tout cela était complètement ridicule. Cid était certes un peu violent mais cet aspect de lui était du à son incapacité à communiquer correctement, à des blessures de son passé. Mais de là à le traiter de génocidaire ?! La jeune femme était au bord de la crise de nerf et son doigt avançait dangereusement vers la détente de son fusil. Juste écouter sans rien dire et sans rien faire, les entendre accuser son ami de toutes ces horreurs commençait à devenir particulièrement difficile. Cependant son intention fut temporairement stoppée par un bip qui dans la seconde fut suivi par cinq autres, puis en encore d'autres. Tout le monde se tourna, horrifié, pour suivre les signes vitaux des black owls s'éteindre comme des bougies sur un gâteau...
- Moineau, la cible est dans le hangar avec vous, retenez là jusqu’à l’arrivée de renforts – ordonna Morel dans l’instant en faisant preuve de sang froid. La bête était sortie de son trou et recommençait la chasse !
- Inutile, ils ne feront que me gêner – eurent ils comme réponse.
- Très bien, j’attends de bonnes nouvelles. A toutes les unités ! Bloqués tous les passages pouvant mener au hangar, absolument tous !! – ordonna Philippe – Qui a eut l’idée de créer une installation aussi grande – fulmina-t-il à voix basse.
- Bien reçu – répondirent successivement les différentes divisions.
- Ici moineau, les navettes ont été sabotées – reçu-t-il un communiqué après plusieurs minutes de lourd silence.
- Répétez ça ? – demanda Morel incrédule. Ce qui l’avait fait tiqué était le mot saboté. Si moineau avait expressément utilisé ce mot, c'est qu'elle avait perçue des traces d'intentions, de machination, derrière le geste.
- Il y a des traces de griffes, les moteurs ont été détruits - expliqua-t-elle derrière.
- Je rêve où elle vient d’utiliser une tactique de guérilla – dit Morel abasourdi. Si abasourdi qu'il se tourna vers ses subordonnés pour confirmer ce qu'il venait d'entendre. Le fait qu’un animal sache ce qu’était une navette était absurde.
- Le hangar est parfait pour la coincer non ? Pourquoi tu ne fais pas descendre tout le mon...
Le coup parti tout seul et très vite, si vite que la seule chose que les personnes présentes virent était Akiro au sol. Le professeur était lui même, apparemment, confus sur la raison pour laquelle il se retrouvait sur ses fesses. Il leva lentement la main sur la joue de son casque métallique plié, puis essaya de se relever péniblement. Il apparaissait que sa motricité avait été affectée par la concussion.
Morel regarda son vieil ami se remettre debout. Le casque d'hibou cachait un visage honteux et énervé. Ce qu'il venait de faire, libérer ainsi sa frustration, était indigne de l'humain qu'il pensait être: Philippe Morel. Mais cette correction était également nécessaire pour faire taire Nokuza, après tout il l'avait prévenu.
- Occupe toi des données - dit il avant de se focaliser sur les moniteurs - Moineau, je vais faire descendre chasseur 3, il pourra traquer cette saloperie. Il est impossible de la localiser avec les moyens conventionnels. C'est un ordre !
- Très bien !
- Chasseur 3 vous avez entendu ? - demanda Morel en cachant son soulagement. Sparrow était un soldat exceptionnel, et une pilote prodigieuse et le préférum avait travailler dur pour s'assurer qu'elle fasse partie de son personnel. Cependant, malgré les subtils reconditionnements qu'elle avait subi à l'insu de on plein gré, un trait de son caractère demeurait incassable: son allergie à l'injustice ! Ou plutôt à l'idée qu'elle se faisait de l'injustice. Cette notion étant subjective, lui donner des ordres était comme jouer aux dés. Ils pouvaient lui plaire ou non selon son bon vouloir. Et en cet instant, mâter une insubordination était compliqué.
- Affirmatif, mais les prototypes cherchent à aller dans la direction opposée.
- "Eh bien voyons !" - pensa Philippe exaspéré - Alors matez les et desc…
L'obscurité s'abattit d'un coup sur tout le complexe faisant sursauter tout le monde. Une obscurité nourrie de bruits, de battements de cœurs, de frottements du métal contre le métal, de pas lourds, de mouvements dans les conduits, et de pleurs ? En cette seconde où l’électricité fut absente, une simple seconde, la panique avait dépassé les indications du baromètre caché dans les subconscients. Même les vétérans les plus aguerris flanchèrent sous la pression des illusions concoctées par la peur.
Tout le monde présent était prêt pour une confrontation inévitable et sanglante, cependant les générateurs auxiliaires prirent finalement le relais
- RÉACTIVEZ LA BARRIÈRE ET LES SYSTÈMES DE DÉFENSE IMMÉDIATEMENT !!! – gueula Morel - Juvianne fait moi un check up complet du système électrique - ordonna-t-il ensuite. Même si ce n'était qu'une seconde, le temps de latence n'était pas normal. Il se passait quelque chose qui puait le sabotage.
- Ici secteur 22 ! Ici Secteur 22, la "banque" est attaquée ! Le gaz n’a aucun effet ! Demande d’assistance immédiate, nous avons besoin de toute l’aide disponible, je répète la cible est au secteur 22 !!! – entendirent-ils à la radio.
- “Le gaz ? La banque ? Quelle banque ? - essaya de comprendre Eiling. Après tout il y avait plusieurs possibilités zones de stockage possibles: dépôt, cuisine, serres... - "Mais pourquoi attaquer ces endroits ? La seule chose qui intéressait la créature semblait être la chair fraîche alors..." - En cet instant elle fut prise d'horreur à l'idée que la banque pouvait faire référence à une de ces zones où les civils étaient regroupés - "ils ont utilisé du gaz là bas ?” - s’indigna-t-elle intérieurement en comprenant que les civils rescapés n'avaient pas été déplacés pour servir de leurre. Bender eut la même réaction de dégoût, plus motivé que jamais de capturer Morel. Ce n’était plus une question personnelle, mais un devoir citoyen.
- A toutes les unités, convergez vers le secteur 22 immédiatement ! – ordonna Morel - Vous tous ici également !!! BUTEZ MOI CETTE SALOPERIE !!! EXPLOSEZ LA !!!!
Dalanda fut la première à sortir, oubliant presque les pièges elle était prête à sprinter au secteur 22 même si elle ignorait où il pouvait bien se trouver. Toutes ses pensées étaient tournées vers Cid.
Néanmoins, avant de poursuivre cet enchaînement d’événements chaotiques. Remontons le cours du temps de quelques jours. A cet instant où Cidoplphas Marshall fut confié aux mains de Artyem Gasparof. Oh combien il était heureux de tenir entre ses mains un tel spécimen. Enfin, il pourrait avancer ses recherches d'un pas de géant. Un zoohumain déployant des capacités physiques hors du commun, dépassant l'entendement même, serait un moteur formidable pour l'avancée de son propre projet: "Fenrir".
Oui, il était si excité qu'il n'en dormit pas la veille. Il était si excité qu'il retira le spécimen des mains d'Andréï aux premiers signes d'améliorations. Et il ne fait nul doute que cette perte de contrôle, cette ébullition émotionnelle due à la curiosité "scientifique", joua un rôle conséquent dans les événements à venir. Le dernier coup de grâce à une lutte intérieure.
Comme tous il était indisposé par les méthodes de teste drastiques qu'il du employer. Pourquoi choisir de telles méthodes alors ? Parceque des sacrifices étaient nécessaires pour le bien commun. Une phrase qu'Artyem se répétait tout les matins comme un mantra en se forçant à se regarder dans le miroir au moins pendant cinq minutes sans céder à la tentation irrésistible de baisser les yeux de dégoût, les yeux rougis par son insomnie persistante, par les cauchemars qui ne le quittaient pas. Surtout depuis ces derniers mois, surtout à cause de cette foutue musique qui jouait toute les nuits dans la chambre de son voisin Nokuza...
Mais malgré le mal être qu'il ressentait tous les jours, hanté par ses actions journalières. Gasparof n'hésita pas à prendre ce qu'il considérait être un raccourci absolument nécessaire pour ses recherches, et pour l'avenir de l'espèce humaine. N'était ce pas là la mission ingrate qu'il avait accepté ? N'était ce pas l'accord qu'il avait accepté ? Que le scientifique disparaisse pour ne laisser place qu'à son travail. Ce qui était important n'était plus qui, mais quoi. Egalement, ce n'était pas le comment mais le pourquoi qui avait de l'attrait, car personne ne disposait plus de luxe pour le comment. Si lui, Gasparof, sacrifiait son humanité pour la cause volontairement, alors les sujets de test devaient également jouer le jeu. Après tout ce n'était que justice, chacun son rôle, et tout le monde était content. C'est pourquoi, sans savoir quelles cartes il avait en main, il fit ce qu'il jugea être le mieux, en oubliant ce simple et ancestral adage: "qui joue avec le feu, se brûle"
La première sensation que Cid ressenti fut la douleur et il n’y avait rien de pire pour débuter la journée qu’une intense séance d’électrocution. L’odeur des poils et de la chair brûlée commençait à remplir sa minuscule chambre délimitée par des murs en verres blindés. Il pouvait sentir son sang bouillir dans ses veines, ses os et ses croc craquer sous la contraction forcée de ses muscles. Ses organes lâcher jusqu’au point où la douleur devint insupportable et qu’il laissa échapper un grognement de douleur, rien d’autre qu’une marque de faiblesse à ses yeux. De l’autre côté de la vitre ultra épaisse on essayait de lui parler, de lui raconter des trucs, de lui faire bouffer un tas de conneries comme auparavant. Mais cette fois il refusait d'écouter toutes leurs justifications, toutes leurs explications sur le pourquoi. Sur le fait qu'il allait servir à une grande cause. Toutes les causes des fous étaient étrangement grandes, folles par leur démesure. Non, cette fois la seule chose qu’il avait décidé de retenir était le nom de cet abruti en blouse blanche qui n’arrêtait pas d’ouvrir sa gueule ainsi que son apparence : Gasparof. Blablabla révolution, blablabla survie, blablabla espoir, blablaba unique…
- “Un joli nom dommage que son porteur soit une grosse salope” - avait-il pensé alors.
A chaque fois que le félin ressentait de la douleur il gravait ce nom plus profondément dans son esprit, au fer chauffé à blanc par les flammes de sa rage !
- “Cette situation rappelle de bons souvenirs non ?” - entendit-il alors sa propre voix.
- “Non, pas maintenant” - gémit il intérieurement en essayant de contenir un nouveau cri alors que ses yeux commençaient à bouillir.
- “Je ne vois pas pourquoi. On est installé confortablement, il fait beau, on est entouré de gens sympathiques, je peux presque entendre le chant des oiseaux et des canards, écoute…” - lui dit la voix et il entendit effectivement ces bruits au fond de son esprit.
- “C’est juste un écho, c’est juste un écho, c’est juste un écho” - se murmura Cid pour faire disparaître la voix.
- “Tu vas mourir ici…” - dit-elle avant de partir comme du sable porté par le vent. Cependant cet exploit n'était pas du à sa volonté dispersée, mais simplement parce qu’il venait de perdre connaissance.
- Seigneur c’est la première fois que je vois un z’hum en vrai. Bon sang regarde son bras il est aussi épais que mon torse – entendit-il une voix éloignée
- Concentre-toi sur ton boulot Andréï. On doit le remettre en état – répondit une autre voix.
- Notre système n’a pas été conçu pour ramener les morts à la vie, c’est du délire.
- Tu as intérêt à devenir le messie alors, parce que sinon on l’aura profond. Les docteurs viennent à peine de commencer à s’amuser avec lui.
- Ce n’est pas cool ça…
- La ferme mec, t’es fou ou quoi ? Fait ton boulot et évite de nous mettre dans les problèmes ! – murmura sèchement l’inconnu.
Le jour suivant l'électrocution ainsi que la remise en forme obligatoire, vint le tour des armes à feu. Avec une précision chirurgicale, un bras robotique appuyait sur la gâchette d'un fusil calibre 5,56 mm par intervalle de trois secondes. Puis, par intervalle de 5 tirs, la machine se retirait pour changer le type de munition et s'opérait une nouvelle répétition avec les mêmes constantes.
Les premiers tirs furent dans les bras en partant des paumes jusqu'aux deltoïdes: Ensuite ce fut le tour des jambes: des plantes des pieds aux muscles graciles supérieurs de la cuisse.
- “Ça c’est nouveau” - constata la voix de Cid – “A ton avis qu’est-ce qu’ils essayent de faire ? Je ne comprends pas vraiment. A moins que ce soit purement pour le fun ? Tu crois qu'ils le font pour le fun ?”
- “Pitié, disparaît !”
- "Non, non ce n'est pas pour le fun - répondit la voix à sa propre question, absorbée dans la quête de sa réponse - "Je ne sais pas encore si j'ai bien suivi la logique parce que je ne comprends pas pourquoi ils ont sauté les petits calibres. Bon ce serait une perte de temps c'est vrai, mais quand même, c'est une question de professionnalisme...
- "Qu'est ce que tu veux ?"
- "Pas grand chose, juste discuter. J'ai un petit peu observé notre geôlier. Il est différent de nos parents..."
- "DISPARAÎT !"
- “Oh, tu n’es pas d’humeur bavarde aujourd’hui ? ce n'est pas grave mais je tiens à te dire une chose avant de te laisser à ta souffrance inutile: tu vas mourir” - annonça la voix en tout sérieux avant de fondre dans le néant.
Ensuite ce fut au tour du torse: tous les douze muscles abdominaux composant la ceinture abdominale anormale du félin, les muscles obliques comme gravés dans le marbre, et les pectoraux, tous ensemble protégeant sa cage thoracique comme une armure en graphène. Cependant, malgré les contractions musculaires impressionnantes atténuant l'impact des 5,56 jusqu'aux 6,56, les os brisés étaient légions et la douleur qui accompagnait ces fractures était particulièrement désagréable. De plus, ces dernières était dirigées vers l'intérieur perforant ainsi les tissus mous et les organes. Le sang remontait par la gorge, giclait en dehors des blessures, noyait les intestins ainsi que les organes. Du 6,56, au 8,6 les projectiles le traversait de part en part choquant son organisme déjà à bout. Quatre vint neuf balles de tous calibres furent tirées avant que Cid ne perde connaissance à nouveau, épuisé d'avoir mal et de rugir.
- “Ah te revoilà, quelle surprise” - se moqua sa voix. Entouré par l’obscurité, Marshall commençait à voir une figure se dessiner floue, spectrale. Néanmoins il la reconnut facilement, il reconnut son apparence passée – “c’est plus sympa de discuter comme ça je trouve même si ce n’est plus pour très longtemps, vu que tu vas mourir”.
- “Quoi ?” - murmura Cid qui avait du mal à réfléchir.
- Encore ?!! Combien de fois ils comptent nous le renvoyer ? – demanda Andréï qui regardait, médusé et outré, le chantier sur lequel il devait travailler. Il soignait les vivants pas les morts, du moins pas encore.
- Tu veux vraiment avoir la réponse à cette question ? – répondit son collègue.
- Non…
- Avec de la chance on n’aura plus à le faire encore bien longtemps avant que le système ne puisse plus le guérir. Mais quand même y’a un truc bizarre qui ne colle pas avec l'avancée du projet.
- Tu trouve aussi ?! - demanda Andréï sur un ton de soulagement qui pouvait se décoder comme: " ah bah voila, je ne suis pas fou"...
- “Est-ce que tu les entend ? Ce n’est qu’une question de temps. Combien de fois encore avant que ton corps et ton esprit ne lâchent ? 3 ? 10 ?” - lui dit son image, entourée d’ordures et de cartons bornées par des citadelles de béton perçant les nuages.
- “Je ne vais pas crever ici” - se promit-il.
- “Ah bon ? Tu vas briser tes barrières ?” - se moqua sa voix.
- “Jamais !”
- “Ta stupidité est un régal. Ne me dit pas que tu crois encore à ce rêve stupide ?”
- “La ferme ! La ferme !”
- “Attention avec les mots, je risque de perdre patience !” - répondit sa voix sur un ton menaçant.
Après les balles vint le tour du feu: de la chaleur, des flammes et de la fumée. De 50°c jusqu'à 350°c (la température maximale d'une braise). Le test ne dura que quelques minutes mais pour Cid, la dilatation temporelle perçue suite à l’immense douleur étira le quart d'heure à l'extrême. Il eut en cet instant un avant goût de ce que certains imaginaient comme étant l'enfer.
Les températures légères ne firent qu'attaquer ses poils ainsi que la couche superficielle de son épiderme. Cependant son organisme était suffisamment équipé pour produire des médiateurs inflammatoires suffisamment performants pour protéger la décomposition de sa structure protéinique. Cette dernière intervient en général pour des températures supérieures à 44°C, mais pour le félin il fallut attendre environ 95°C avant d’observer des symptômes d'une brûlure de premier degré. Gasparof était ébahi par les prouesses observées, le données recueillies étaient simplement extraordinaires. Si extraordinaires qu'il se surprit de son manque d'ambition passée. Et dire qu'il imaginait le projet Fenrir comme étant le sommet de la recherche, quelle naïveté ! Mais là, là ! Si il pouvait reproduire un spécimen comme Marshall dans son projet Fenrir, alors là ! Là il serait proche de la conception de l'organisme parfait !
A 140 °c, des cloques commencèrent à se former sur sa peau rougie. La douleur et l'odeur de sa chair cuite le rendait fou de rage mais les liens étaient trop résistants pour qu'il puisse bouger ne serait ce que d'un millimètre. Cependant il refusait encore de crier, d'admettre cette douleur, d'admettre sa faiblesse... Bientôt tout allait finir de toute façon.
La température augmentait, le sang dans ses veines arrivait à ébullition, la peau commença à blanchir car la couche supérieur de l'épiderme avait été détruite ainsi les terminaisons nerveuses transmettant la douleur mais pour autant l'absence de cette dernière ne fut qu'un sursis. Fasciné par ce qu'il voyait, Gasparof demanda d'élever d'avantage la température provoquant alors des brûlures au quatrième degré qui avaient pénétré les os et les tendons.
Les liens métalliques chauffaient et marquaient sa peau fragilisée avant de fondre et s’écouler tout le long de sa fourrure. Face à autant de stimulations négatives, le cerveau également en danger décida de se déconnecter tout simplement, provoquant une perte de connaissance. Ce fut à nouveau l’obscurité et l’angoisse d’y croiser quelqu’un d’indésirable.
- Qu’est ce qu’ils lui ont fait ces tarés ? – demanda Andréï abasourdi par ce qu’il voyait. Chaque jour était une mauvaise surprise ainsi qu'une nouvelle source de cauchemars.
- Le professeur n’y va pas de mains mortes, ça c’est sûr. Tu crois qu’il vient d’apprendre que sa femme le trompe ou un truc du genre ?
- Je…je ne peux plus continuer, c’est de la folie !
- Et tu veux faire quoi grand dadais ?
- On devrait peut-être le laisser mourir non ?
- C’est une excellente idée. Tu peux le faire mais je pense que tu prendras sa place dans leur pièce de torture.
- Je…
- Allez fait ton boulot et arrête de me casser les couilles. Regarde le, malgré tout ce qu'il subit il se bat encore. Alors ce n'est pas à toi de décider à sa place !
- ...Pourquoi est ce qu'il s'accroche comme ça ?
- Qu'est ce que j'en sais ? En toute logique son cerveau aurait du être cuit et pourtant, il respire, plus ou moins.
- Hey regarde, là !
- Quoi encore ?
- On dirait une écaille là sur son bras, elle y était avant ?
- Je n’en sais rien et ce n’est pas mon problème.
- “Hey tu te rappelles des bons vieux jours ?” - dit l’image de Cid dans une cage si petite qu’il était obligé d’être accroupi et malgré cela il devait en plus se voûter – “Tu pleurais et suppliait sans arrêt. Tu devrais essayer peut être que ça marchera cette fois ci”.
- “Ce n’était pas moi ...”.
- “Ah bon ? Qui était ce alors ? Je vous en supplie, ne me faites pas de mal, je ferai tout ce que vous voulez !”
- “je ne vois pas de quoi tu parle.”
- “Hahaha cache les, protège les, peu m’importe. Mais tu sais c’est quoi le plus marrant ? Au final ils ont eu exactement ce qu’ils voulaient malgré tes larmes”
Après la chaleur vint le tour de la pression écrasante. Le félin eut l'impression d'être écrasé de tous les côtés, comprimés vers son centre de gravité. Tout était condensé, tout était broyé, la force par unité de surface augmentait de manière exponentielle. Le bourdonnement dans ses oreilles devenait de plus en plus intense de plus en plus douloureux, au point ou ses tympans éclatèrent et le sang commença à couler. Ce fut également le cas pour ses yeux, fragiles et exposés aux contraintes extérieures. La cornée fut la première à éclatée suivie par la membrane nictitante, le cristallin et finalement la rétine. Cependant la perte de sa vue et de son ouïe n'était que le début de ses souffrances car, Cid commençait à sentir ses os se briser, son corps prêt à imploser...
- J’ignore ce qui le retient encore parmi les vivants. Cela fait quatre fois qu’on le régénère, c’est théoriquement bien au-delà de ce que le système peut faire - commenta Andréï
- Oui, je n’y comprends rien. Il est comme un zombie.
- Je commence à douter que nous y sommes pour quelque chose dans sa régénération.
- Quoi ? tu crois qu'il revient de lui même d'entre les morts ? C'est ridicule
- Je sais très bien comment j'ai conçu mon système, et je sais très bien ce qu'il est capable ou non de faire !
- Ouais, ouais. Quoi qu'il en soit nous devons le remettre encore sur pieds. Alors au boulot...
- Ce n’est pas humain comme traitement.
- Ecoute Andréï ne me prend pas la tête ok ? Ça me dégoûte aussi ce qu’ils font mais on n’a pas d’autre choix. Je ne veux pas problèmes et il n'en vaut pas le coup.
- …
- Allez arrête de te prendre la tête, on ne va pas se rendre malade pour un zoohumain. Pense à lui comme un cobaye pour perfectionner ton système.
- Mais t’es qu’un gros connard en fait !
- Je te conseille de la fermer où tu vas prendre mon poing sur la gueule ?
- Ah ouais ? La seule chose que … Bordel de merde ! Hey Max regarde
- Oh putain, ça ce n’est pas normal !
- Les écailles il y en a beaucoup plus – murmura Andréi
- “Comment tu te sens ?” - demanda l'image de Cidolphas, attachée à une table au-dessus de laquelle s’afféraient huit bras équipés d’outils chirurgicaux : un "poulpe" d’opération.
- “Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu veux à la fin ?!” - essaya de rugir Marshall mais même dans son subconscient il était complètement exténué.
- “Combien de fois je vais devoir me réintroduire, c’est fou ça. Comme tu es mou du chapeau je vais faire simple alors disons que je suis ta conscience”.
- “Alors tu n’es qu’une perte de temps” - répondit Cid.
- “Ha ha je commence à croire que cette remarque est mutuelle. Je suis fatigué de souffrir, fatigué de me reconstruire. Et bientôt je ne pourrai plus le faire du tout”
- “Qu’est ce que tu racontes ?”
- “Les barrières mentales que tu as créé sont presque toutes brisées. Ça n’a pas été facile je dois l’admettre de me défaire d'elles, et de retourner la peur contre toi sans même que tu ne t'en rende compte. Enfin, sans même que tu ne veuille l'admettre.
- "Je ne comprend pas"
- "Ça ne m'étonne pas. Sache juste que la seule chose qui retient la chimère en ce moment c’est moi et je vais l’activée”
- “Quoi ? Non ! Non ! Sort de ma tête !!”
- “SILENCE !!” - dit la voix calmement mais en exigeant une obéissance absolue à l‘image d’un monarque.
L’expérimentation en cours était une injection de toxines plus dangereuses les unes que les autres. Cette douleur concurrençait les autres et Cid ne pouvait y résister malgré ses efforts. Malgré sa mâchoire serrée au point de fissurer ses canines, ses muscles masséter finirent par débloquer les joints temporomendibulaires. En d'autres termes, il hurla de douleur à gorge déployée comme rarement au cours de sa vie. Certains souvenirs étaient mieux enfermés dans un coffre mental fermé, enchaîné et jeté dans un lac acide au plus profond du subconscient. Malheureusement, était à la limite de ce que son corps et son esprit pouvait supporté, le contenu de ce coffre commençait à se frayer un chemin vers la surface. Il pouvait le sentir se frayer brutalement le chemin vers la lumière, à coups de griffes...
- “Regarde ce qu'ils nous font !" - lui dit sa voix dégoutée - "Des cobayes, encore et tu refuse de faire ce qu'il faut !" - s'indigna-t-elle
- "Ce n'est pas une bonne idée..."
- "Depuis quand es tu devenu un chevalier blanc ? Ah peu importe, il ne te reste plus beaucoup de temps de toute façon. La chimère arrive, tu peux le sentir n'est ce pas ? Par contre son rire est toujours aussi atroce"
- "Ecoute ! Ecoute moi bien ! Si tu lui permet de sortir, ce ne sera pas justice !"
- " Justice ? JUSTICE ?! Qu'est ce que j'en ai à faire de la justice ? Ecoute moi bien aussi ! Je savourerai chaque bouchée de la chair de ces animaux qui m’ont torturé pour leur propre plaisir. JE VAIS MASSACRER JUSQU’A LA DERNIÈRE DE CES SOUS MERDES PRÉSENTES ET DÉVORER JUSQU’A LA DERNIÈRE MIETTE DE LEURS OS !!!”
- “Non !” – protesta Cid mais il se sentait partir – “la fillette, Dalanda est peut-être dans les parages. Si la chimère est activée…”
- “JE N'EN AI RIEN A FOUTRE ! Entre elle et moi le choix est vite fait”
- “Fils de pute !!! TU NE SAIS PAS CE QUE TU FAIS !!!”
- “C'est toi qui ne comprend rien ! Fait un somme maintenant” - ordonna la voix et quelques instants après un rire victorieux raisonna dans sa conscience
- "HIHIHIHIHIHI SSSSS !! ENNNFFIIINNN !!!"
- "Fait le plein" - commanda la voix avant de disparaître à son tour, laissant les pleins pouvoirs au précurseur.
- "Avec plaisir ! Hihihi ss"
Le processus avait déjà commencé. Les multiples liens qui le maintenaient prisonnier et complètement immobile, se fissuraient sous l’augmentation de sa masse musculaire et de sa taille, ou plutôt de la déformation violente de son corps qui incluait une restructuration osseuse. La fourrure du félin laissa place à des écailles et sa physionomie opérait également de lourds changements, devenant plus grotesque. Déjà effrayant à la base en cet instant il apparaissait comme une créature tout droit sortie d'un cauchemar gothique.
Le lézard regarda ses bras, et son corps puis claqua de sa langue bifide, insatisfait. Il était loin d'être complet, les régénérations successives avaient vidées ses réserves organiques mais heureusement il y avait une source d'alimentation à quelques pas. La seule chose qui le séparait de ses proies était une vitre blindée, une illusion de sécurité.
La créature posa sa patte sur la vitre blindée en feuilles d’aluminium transparentes et griffa la surface de ses extensions chitineuses, à l'image de poignards. Elle colla ensuite son visage contre la paroi et sourit de toutes dents crochues mais l'effet ne fut pas celui désiré. Elle attendait qu'ils paniquent, qu'ils se mettent à courir. Cependant la peur avait saisit les scientifiques aux tripes, les clouant sur place dans une expression de terreur euphorisante.
La créature ferma les yeux comme si elle venait de sentir quelque chose de savoureux puis poussa légèrement la vitre blindée qui craquela, se fissura et tomba en morceau sans opposer de résistances. Maintenant que l'illusion de sécurité était ébranlée il savait que ses victimes allaient lui donner un bref plaisir de chasse.
La libération de la créature de son habitat de verre entraîna l'activation immédiate de l’alarme par Juvianne qui résonna dans tout le complexe. Les blouses blanches, pleurant de peur, complètement paniquées essayèrent de s’enfuir mais cet espoir leur fut refusé.
Piloxergas Poligora, une condition nécessaire aux speticus, pour pouvoir traiter l'information suffisamment vite. Et chez le lézard, cette configuration neuronale atypique atteignait un niveau très rarement atteint dans l'univers connu. En associant cette particularité à ses prouesses physiques et une mixture sanguine unique, la créature pouvait ouvrir les portes d’un monde que le commun des mortel ne pouvait même pas imaginer.
Alors, au moment où les scientifiques tournaient à peine le dos pour s'enfuir, la créature soufflait déjà dans leur nuque, et bavait sur leurs têtes; mise en appétence par le festin sous ses yeux, et cette nourriture était tout aussi intéressante pour son estomac vide que pour son esprit malade.
Cependant, dans cette pièce, une autre personne observait la scène avec un certain sang froid. Certain, car il n'était pas tout à fait serin, la réalité était tout à l'opposé de ce qui pouvait être appelé sérénité. Une certaine promesse prenait vie devant ses yeux, et il y avait de quoi être déboussolé.
Godefroi, serra la poignée de son épée au poing aussi fort qu'il put en se mordant la lèvre... Pause ! Revenons en arrière un petit peu. Perdons quelques instants à nous demander ce qu'il faisait là.
Eh bien, les mots de Cid durant sa trance sous l'effet du G0t0n ne l’avaient jamais lâchés; ni au debriefing après leur mission, ni dans les vestiaires, ni durant son sommeil. Il lui était déjà arrivé d'entendre ce genre de menaces, mais le souffle des morts n'avait aucun intérêt à ses yeux. Mais là il ressentait une forme de perturbation... Il n'avait pas cette tranquillité, ce contrôle émotionnel qui faisait sa fierté de guerrier. Au contraire, il sentait comme un main prête à saisir son cœur.
Malgré ses tentatives Godefroi n'arrivait pas à se calmer. Il avait peur, mais avoir peur d'un mort n'avait aucun sens. De plus Godefroi ne pouvait pas avoir peur, Ethienne Petit lui était un peureux mais c'était il y a très longtemps.
Cette émotion empoisonnante avait été dominée, canalisée en force motrice et destructrice qui transforma un pleurnichard en machine à combattre et à gagner. Il avait étudié l'art de la guerre, il avait consacré sa vie à étudier le combat, à forger son corps ainsi que cœur, à reconstruire sa psyché dans la sueur et le sang. Oui, au prix d'efforts herculéens le guerrier poussa ses limites naturelles au paroxysme de ce qui était humainement possible, devenant un spécialiste malgré la pureté de son corps.
Non, depuis qu’Ethienne était devenu son propre héros Godefroi il n’avait plus jamais succombé à la peur, du moins jusqu’à ce jour où il apprit de la bouche de Sparrow que le félin était encore vivant. La forteresse bâtie autour de son cœur commença à s'effriter. Cette peur qu'il avait essayé d’écraser comme un clope au sol était en fait un ressort qui entamait la marche inverse et remontait à la surface avec toute la force de rappel issue de sa compression. Et lorsqu'il assista à la transformation, la forteresse fut réduite en ruines par cette émotion qui sauta directement à l'avant de sa conscience, inarrêtable, dominante.
Alors que Godefroi voulu s'assurer que le félin finisse sur la table d'opération, disséqué, et oublié; allant jusqu'à supplier Morel de lui donner la permission de veiller sur Gasparof. Il devait désormais faire face à la cause de son insécurité. Ils étaient bien éloignés les instants de bonheur et de satisfaction éprouvés à chaque hurlement du Z'hum... Maintenant, l'action peut reprendre !
Godefroi se mordit la lèvre si fort qu’il la détacha de sa bouche. Mais cette douleur était nécessaire pour l’inciter à bouger, pour dépasser sa paralysie, pour calmer ses mains tremblantes, pour éloigner les images de mort qui criblaient son esprit, pour calmer le souffle irrégulier ainsi que le cœur qui battait à rythme complètement erratique.
- RAHHHH…. !
Il poussa le cri du guerrier. Le cri qui donnait de la force, le cri qui générait de la force explosive et se jeta dans la mêlée !
Pour arriver à ses fins, Godefroi avait besoin de force ainsi que de puissance explosives. Deux concept similaire mais uniquement en apparence. Il avait besoin de force pour pouvoir porter et manier son épée, lourde, sans être ralenti par le poids. Et de puissance pour que son système neuromusculaire puisse lui permettre de se déplacer au maximum de sa vitesse. Sans combiner ces deux notions, le guerrier savait qu'il n'avait aucune chance.
Godefroi avait sculpté ses muscles au cours de toute sa vie, amélioré la qualité de ses fibres musculaires par l'entraînement et une alimentation saine. Alors il savait qu'il pouvait y arriver, le problème était l'équilibre entre la tension et l’élasticité nécessaire pour un tel exploit. En bandant les muscles au maximum, les mouvements deviendraient trop linéaires, et dans la direction inverse ils manqueraient de force.
Malheureusement le temps de la réflexion était passé. Son esprit n'était pas suffisamment calme pour analyser la situation de la sorte. Ce n'était pas parce que son instinct de survie avait prit le dessus en le poussant à agir... Est ce qu'on peut même parler de l'instinct de survie dans ce cas ? Non, ce n'était pas la survie mais une mutation de l'orgueil comme une forme de cancer mental. Il était Godefroi, il n'avait pas peur, il allait survivre... Le déni l'avait rendu instable, son esprit était à l'image d'une machine qui venait de perdre un de ces rouages...
Perdu dans un tourbillon d'instabilité, Godefroi se jeta quand même à l'attaque pour effacer l'objet de cette émotion qui le dévorait de l'intérieur. Il apparu sur le flanc droit du monstre, sur le point de le scier en deux de sa gigantesque épée.
Jamais il ne s'était senti aussi rapide, jamais il ne s'était senti aussi concentré, jamais il ne s’était senti aussi fort, jamais il ne s’était senti aussi prêt. Et peut être que c'était vrai, peut être que cette panique, ou détresse, lui avait donné le pic d'énergie nécessaire à cet exploit. Seul le résultat était important, et ce résultat était que le guerrier arriva à se positionner sans être vu, et prêt à abattre le monstre.
Cependant, le problème de Godefroi n'était pas dans ses capacités physiques mais l'effet tunnel de son esprit. Il était tellement focalisé sur sa victoire, sur cette opportunité qu'il avait su créer, qu'il ne prêta pas attention à la créature, qu'il ne voulait pas prêter attention à la créature. Pourquoi ? Pour ne pas que son bras tremble, pour ne pas faiblir dans sa résolution, pour ne pas être frappé par la peur. Une erreur, une dernière leçon de vie...
Le géant d’écailles n'avait que faire de Godefroi, de ses peurs, de ses doutes, de sa lutte. Elle avait même oublié avoir eut une quelque conque conversation avec cet homme sans intérêt. Il n'était qu'une bouchée de plus de toute façon.
Dans un mouvement qui échappa aux yeux de tous, sa main et sa queue fouettèrent le mercenaire. La vélocité était telle que la tête de Godefroi tomba sur le sol, séparée en deux au niveau du nez, et que son visage sous le masque exprimait encore son sourire victorieux, et ses yeux avaient cette lueur de soulagement mêlé à un certaine incrédulité qui demandait: "Je vais gagner ? Réellement ?".
Le reste de son corps connu un sort similaire. Malgré la taille et le volume de la queue, la puissance fut telle qu'elle dissocia toute les liaisons atomiques à l'impact, fendant le mort en deux aux niveau des hanches comme une lame, tout en réduisant les tissus mous en bouillie.
C’était après avoir visionné ce geste que le préférum décida de déléguer la tâche d’arrêter la créature à son armée. Lui Philippe Morel, malgré son expérience et ses prouesses physiques, il n’avait vu qu’un geste flou.
Le lézard s'abattit ensuite avec une férocité incroyable sur les scientifiques terrorisés. Il leur bouffa le sommet du crâne donnant l’impression d’avoir plusieurs têtes qui lui poussèrent en même temps comme l’hydre. Une illusion, un mirage qui témoignait de la vitesse phénoménale qu'il pouvait déployer.
Sur les cinq personnes, quatre cadavres tombèrent pissant le sang et dépourvus des deux tiers de leurs têtes, sectionnées avec une netteté et propreté chirurgicale. La cinquième personne était spéciale et méritait un traitement un peu plus spécial. Après tout, ils avaient passé du temps de "qualité" ensemble, après tout sa stupidité lui avait permis de remonter à la surface. Alors il méritait des remerciements pour avoir faciliter la fracture des liens qui le maintenaient dans de subconscient de l'hypocrite. Cette planète, Meliacor, était une agréable découverte pleine de surprises, surtout cette voix...
Le docteur tomba sous le choc, paralysé, comme si ses jambes avaient déclaré forfait, comme si elles déclaraient: "Autant en finir le plus vite possible". Néanmoins Gasparof refusa d'accepter cette possibilité. Incapable de dire ou de faire quoi que ce soit il commença à ramper dans l’espoir, l’espoir de quoi ? Que le monstre prenne pitié ? Qu'il l'ignore tout simplement ? Impossible, tout simplement parce qu'elle n'avait pas été "éduquée" et conçue pour imaginer une telle possibilité.
La barbe et la moustache autrefois entretenues, et expertement coupées, se retrouvaient couvertes de larmes et de morves. Les cheveux blancs, il y a de cela quelques instants, lissés vers l’arrière, semblaient avoir pris un coup de pétard. Un visage qui se voulait attrayant malgré l’âge était déformé de manière méconnaissable par la terreur.
- HI HI HI SSS G A S S S P A R O F – grogna le lézard avant que sa gigantesque patte ne plaque le docteur, amicalement, au sol. Un comportement similaire à celui d'un félin joueur ou sadique, tout dépend de la manière de voir la chose. Cependant ce léger contact, tout en douceur, broya une partie de ses os et des organes du docteur mais ce n’était que le début - P A R L E M A I N T E N A N T G A S S S P A R O F ! HI HI HI SSS - ordonna la créature, cependant son interlocuteur n'était pas en état de prononcer ne serait ce qu'une lettre.
A la limite de la perte de connaissance, recouvert de son sang, de son vomi mêlés à ses larmes et sa bave, apeuré de se sentir partir tout en étant soulagé de ne pas souffrir d'avantage... Malheureusement la réalité n'était pas si joyeuse.
Lentement, pour ne pas casser cette chose fragile plus que nécessaire, le lézard toucha la joue gauche du docteur du bout d’une de ses griffes. Puis tout aussi lentement passa le bout de cette griffe d’un bout à l’autre du visage, séparant la chair sans aucun effort. Gasparof hurla de douleur comme jamais au cour de sa vie.
- "Pitié" - voulu-t-il avoir la capacité de dire. Mais les mots ne ressortirent qu'en un gargouillis de sang. Sa mâchoire n’avait plus de muscles masseter pour tenir la partie supérieure et la partie inférieure.
Le monstre observa cet humain gémissant comme un nouveau né avec un plaisir à la limite de la déviance sexuelle. Ses bruits de douleurs lui procuraient un effet presque aphrodisiaque, et il pouvait en tirer plus pour le satisfaire. Le lézard tira doucement la langue de Gasparof avant de la lui trancher. Il l’avait juste prise entre deux doigts imitant des ciseaux, puis presser suffisamment fort pour que la chair gorgée de sang se détache, comme du beurre ramolli par la chaleur. A travers la paume plaquant le docteur au sol, le lézard pouvait écouter tout le langage corporelle avec une précision machinale: les spasmes musculaires, l'asphyxie, l'activité erratique du système circulatoire, les battements de cœurs accélérés... Tous ces petits détails témoins d'une intense souffrance et panique, tous ces petits éléments qui rendaient cet instant magique.
Malheureusement, tout jouet avait sa péremption. La créature pouvait le sentir à travers les récepteurs cutanés de son système somatosensoriel. Sa paume lui disait que Gasparof n'avait plus longtemps à vivre et le lézard fut des plus déçu, des plus irrité.
Il venait à peine de commencer, il n'avait rendu que le millionième de ce qu'il avait subit. Ce n'était pas juste ! Il ne pouvait pas mourir pour si peu enfin ! Il lui avait à peine mis quelques balafres, briser quelques côtes, exploser les reins, percer les poumons... Ce n'était pas assez, c'était loin d'être assez !
Le lézard abattit ses deux mains dans une colère noire, comme des marteaux gravitationnels balancés depuis l'orbite, et il explosa le corps de Gasparof en un milliards de petits morceaux perdus au milieu de particules de poussière. La structure trembla violemment sous la puissance déployée, la pièce de plus de deux cent mètres carrés, ainsi que celles directement au dessus et en dessous, furent complètement vaporisés avec leurs occupants. La destruction s'étendit également aux locaux voisins... Cependant cette démonstration de vigueur eut un coût.
Le corps de la créature n'était que dans ses premiers stades de mutation, sa structure biologique était encore instable. A cela il fallait encore ajouter la dépense de "carburant" organique, différents tissus et os nécessaires pour entamer la métamorphose. Autrement dit, malgré ses apparences, le lézard n'était pas complet, ses écailles n'étaient pas une armure impénétrable. Alors au moment où il abattit ses poings, l'explosion fut destructrice pour lui également.
Le choc lui arracha les écailles sur la moitié du corps, exposant sa chair noire l'atmosphère insalubre. Son œil droit fut également percé par des débris, ses bras se brisèrent à plusieurs endroits sous l'impact: phalanges, métacarpes, lunatum, radius, cubitus... Autrement dit, ses mains étaient en lambeaux, déchiquetées par le retour de force. Sans parler de l'exténuation extrême et des dégâts internes liées à la sur-contraction musculaires. La puissance avait également des conséquences douloureuses. Alors c'était une créature particulièrement agacée qui émergea des ruines; Agacée, très affamée et particulièrement énervée !
Il n’allait rien y avoir d’agréable à ce qui allait suivre. La réalité qui allait s’abattre sur les personnes qui avaient le malheur de se trouver entre ses murs. Nom de code 211 n'avait qu'une seule fonction: dévorer méthodiquement et, par préférence, brutalement toutes formes de vies animales présentes dans son rayon d'action. Un ordre simple et absolu.
A l’étage où le lézard cornu venait de tomber, il n'y avait plus grand chose débout. Le béton, les tuiles, les câbles électriques avaient occupé la moitié de l'espace ce qui poussa la créature à pousser un sifflement de dégoût. La nourriture allait être imprégnée de béton et de poussière, c'était dégueulasse. .
En usant de son appendice caudal, le lézard remonta une personne qui avait été ensevelie sous quelques pierres. Il positionna l'individu à quelques centimètres de son visage, puis souffla très fort par les narines, mais ce dernier resta dans les vapes. Le monstre souffla plus fort mais le scientifique ne donna aucun signe d’émergence. Le monstre sourit alors de toutes ses dents crochues puis racla sa gorge avant de cracher au visage de la blouse blanche. Il y avait une certaine composante toxique que ses nouvelles glandes salivaires pouvaient produire. Cette substance libérait un gaz particulièrement irritant après exposition à l'oxygène.
Le gaz pénétra les pouvons de la personne inconsciente en générant une réaction physiologique réflexe: accélération de la pulsation cardiaque, de la respiration sanguine, et de la respiration. L'inconscient ouvrit les yeux complètement paniqué par son rythme biologique, ses bribes de souvenirs ainsi que la sensation de brûlure douloureuse dans ses poumons. Mais quand il vit la créature à une phalange de son visage, ses yeux déjà grandement ouverts faillirent sortir de leurs orbites.
Ayant reçu l'attention attendue, le montre trembla presque de plaisir et ses yeux se révulsèrent d'extase. Il attendit le moment où l'information atteigne le cerveau, au moment où naissait la panique et le visage se déformait de peur avant de prendre une solide bouchée. Les substances générées ainsi par le cerveau étaient comme des épices et relevaient considérablement le goût de la chair.
Salivant à grosse gouttes, le monstre se mis à dévorer sa proie en imaginant ce qu'elle allait bien pouvoir faire subir à sa prochaine victime. C'est en cet instant que des black owls pénétrèrent à l'intérieur de la pièce et s'immobilisèrent sous la désagréable surprise. Ils étaient venus inspectés si tout le monde allait bien, et si le matériel était récupérable mais ils ne s'attendaient pas à voir un cauchemar vivant. Cependant la panique fut de courte durée et les mercenaires ouvrirent le feu sans sommation.
Le matériel organique assimilé ne permettait pas la régénération des dégâts subits, quatre vingt dix pour cent des aliments ingérés servaient une autre cause. Mais malgré le fait que ses bras soient complètement inutilisables, la créature avait suffisamment d'outils en sa disposition pour éliminer les six têtes d'oiseaux.
Dans un maelstrom de crocs, elle éviscéra tout ce qui trouvait sur son chemin, chair comme métal, tout ce qui se trouvait à sa portée n’était plus que lambeaux. Avec une dextérité et une maîtrise surnaturelle, le lézard captura le dernier black owl dont le crâne était ferment maintenu griffes acérées de sa jambe qui ressemblait en cet instant plus à un ergot d'aigle qu'à une patte de reptile.
- M M M M M H H - réflicha agréablement la créature le mercenaire, en enroulant sa queue autour de ses bras, les collant contre son torse, pour le lever à hauteur du visage - E S S S T C E Q U E T U V E U X V O I R U N T R U C S S S P E C I A L ?! - demanda-t-elle en déboîtant sa mâchoire l'ouvrant grand, très grand, trop grand la gueule semblable à un gouffre sans fond. Le black owl qui y jeta involontairement le regard captivé par un je ne sais quoi, hypnotisé par une force qu'il ne pouvait pas décrire. Tout cyborg qu'il était, il ressenti des émotions qu'ils n'avait plus éprouvé depuis des années, agrippant par les jambes comme une armée de cadavres, le submergent, l’étouffant... Il hurla en essayant de se débattre, en essayant de libérer ses mains pour s'arracher les yeux et arrêter ce supplice - HI HI HI S S S ! M M M M M M H H ! D E L I C I E U X ! - dit elle enfin avait de presser le métal comme un fruit, et que le sang gicle par tous les orifices - HI HI HI S S S ! I L N' Y P A S D E M A L A C R I E R, J' A I P E U R A U S S S I ! HI HI HI S S S ! - explosa-t-elle de rire avant de consommer goulûment le mercenaire et tous ses camarades brutalement assassinés.
Le personnel de l’installation était dans cette phase où les gens se demandaient ce qui pouvait bien se passer, et pourquoi il y avait une alarme. Cependant, tout le monde suivit les consignes à la lettre. Depuis l'incident de la "fuite des Fenrirs", il y avait de cela quelques mois, les employés savaient que les lumières rouges pouvaient indiquer un danger conséquent.
Juvianne avait déconnecté leurs postes, sécurisé les données et les échantillons de recherche, avant d'illuminer les voies de sorties. Les black owls étaient également là pour veiller à ce que l'évacuation se passe dans les meilleures conditions possibles et que le problème soit résolu dans les plus brefs délais. Après tout ils avaient énormément de travail alors que le temps leur manquait cruellement.
Beaucoup étaient insatisfaits par cette coupure et râlaient dans la file en se demandant ce qui pouvait bien se passer. Était ce à cause du tremblement de terre ? De l'avais général, la réponse était non. L'installation avait été conçue spécialement pour résister aux activités sismiques. A cause des Fenrirs encore ? Là également la réponse était non, tout le stock avait été détruit durant leur, euh, déficience. Ils n'avaient plus que trois nouveaux échantillons qui fonctionnaient correctement pour l'instant. Alors était ce une fuite de gaz ? Une défaillance électrique ? ... Les hypothèses pleuvaient, les raisons ne manquaient pas et les conversations étaient intarissables.
Néanmoins, quelque chose se produisit qui Imposa un silence progressif, comme une chute de dominos. Quelque chose qui s’éveilla tout au fond de leur être, comme un sentiment primaire voire primal. A mesure que le silence s'installait progressivement dans la file, les têtes se tournaient également pour identifier la raison de cette sensation d'insécurité. Ils étaient à l'image d'antilopes qui auraient senties une présence hostile. Ils étaient inquiets, ils avaient peur, et le plus important ils étaient immobiles. Ce n'était pas de la curiosité morbide qui les poussa à s'arrêter. Ils voulaient simplement faire le moins de bruit possible, éliminés le bruit des pas, le bruit des mots, le bruit du froissement des vêtements, le bruit de leur respiration, tout son qui pouvait les distraire du fait d'entendre l'arrivée du danger; autant les black owls, que les scientifiques. Seuls les cyborg essayaient de faire avancer les scientifiques, ne comprenant pas cette attitude des plus étrange surtout venant de leurs collègues.
Mais le suspens fut court. Ils entendirent un rire sinistre qui fit suer les humains à grosses gouttes et qui enclencha un autre réflexe. Dans le monde animal il existe un réflexe qui s'appelle le "fight, flight or freeze response" (réaction de combat, de fuite ou d'immobilisme). Et la partie qui domina la foule était l'immobilisme. Ils n'étaient pas suicidaires, loin de là. Mais on peut résumer l'explication à une question d'espoir.
Le réflexe de fuir ou combattre s'enclenche lorsqu'on a soit l'espoir de remporter la bataille, ou l'espoir de pouvoir s'enfuir. Et l'immobilisme intervient lorsque cet espoir est absent, une subtilité du système nerveux moteur. La raison ? Faire le mort en espérant être ignoré, un réflexe de survie réellement primaire, et dans ce cas présent agaçant datant des premiers hommes et de leur existence dans la nature sauvage.
Agaçant, car le lézard n'avait que faire de statues pétrifiées par la peur. C'était bien, mais c'était bof. Il préférait les voir courir, les voir paniquer, et ensuite les chasser en jouant à toute sorte de jeux distrayants. Il aimait que les repas soient animés.
Soixante quinze pour cent des scientifiques se figèrent sur place, bouffés par une telle peur qu'ils essayèrent d'arrêter leur cœur de battre dans l'espoir de passer le plus inaperçu possible. Même l'air qu'ils inspiraient était ridiculement insuffisant pour oxygéner leurs organismes. Malgré l'instinct de survie, ils étaient en train de se suicider lentement et méthodiquement, en suppliant dieux et démons de les faire devenir transparents et intangibles. Le plus dur était de combattre les sanglots et les coulées de morves, en se suppliant de ne pas faire de bruit "shh shhh !!"; et ce pour un espoir qui n'avait aucun fondement autre que la foi un miracle. Eux qui avaient abandonné toute forme de religion pour le pragmatisme créationniste invoquaient en cet instant leur miracle personnel à eux, même au prix des morts de leurs collègues. Tellement humain...
La créature était réellement agacée par cette nouvelle forêt humaine, mais elle avait la solution à ce problème dans son esprit brillant d'idées tordues. Elle allait leur montrer un carnage qui allait scarifier leurs âmes et briser leurs esprits en milles morceaux. Et les soldats présents allaient être l’apéritif avant le dîner.
Les black owls humains sortirent de leur torpeur d'eux mêmes. La peur était une chose, s'ils n'écoutaient que leurs instincts ils auraient prit la fuite sans se retourner, mais ils étaient là par devoir, pour expiation. Le projet devait survivre, même si eux devaient périr et par eux ils incluaient également les scientifiques. Et c'est pour cette raison qu'un mercenaire décida de prendre les choses en main et ouvrit le feu sur le personnel civil.
- FUYEZ BORDEL !! - hurla le mercenaire - FUYEZ ! PAUVRES CONS !
Un autre Black owl se joignit aux festivités en ouvrant le feu à son tour. Il s'en suivit des cris et des injures mais le "sort" jeté par la créature avait été brisé. La peur se transforma en hystérie et les gens se mirent à courir le plus vite et le plus loin possible pour se donner une chance de survivre, quitte à piétiner les autres. Le mouvement de foule ressemblait à une marrée qui percutait tout ce qui se trouvait sur son chemin, animée d'une simple volonté: survivre.
Les black owls se tournèrent vers les responsables du massacre qui s'avancèrent en tête de leurs collègues, au plus prêt de la créature. Il était facile de justifier ce qu'ils venaient de faire en se disant qu'en prenant quelques vies ils avaient sauver des milliers, peut être. Mais ça ne marchait pas comme ça, ils étaient déjà passé par là. Déjà fait, déjà vu, inintéressant, maintenant il y avait une opportunité de faire les comptes et alléger un peu la conscience même dans la mort.
Les mercenaires avaient désormais l'espace nécessaire pour engager la chimère... Non, pas encore chimère, juste son embryon... Cependant un autre problème allait prendre son importance. La panique allait créer son lot de complications, et les renforts demandés allaient surement être retardés; une question de priorités. Les trente mercenaires en était conscient, les ordres avaient été donnés: gagnez du temps, celui nécessaire à l'armée de s'organiser, un point c'est tout.
Néanmoins, personne n'avait eut l'illusion de pouvoir vaincre la chose. L'impression qu'elle dégageait au travers du CEC (champs électromagnétique cérébral) était particulièrement intense, personne n'avait jamais croisé un truc de la sorte. Alors la seule chose qu'ils pouvaient effectivement faire était de gagner du temps.
Le lézard dilata ses pupilles en forme de fente au point où ses dernières parurent comme des ovales. Surprise, elle éclata de rire en se prenant la tête dans la paume de sa main. Le rire était presque hystérique, son plan était tombé à l'eau mais ces idiots lui avaient mâché le travail, maintenant elle était particulièrement excitée et ne songeait qu'à une chose. Rattraper cette marrée humaine et se baigner dans leur sang ainsi que leurs viscères !
Les projectiles partirent par centaines pour faire taire le monstre, mais le colosse hystérique disparut sans laisser de trace. Les bouts métalliques en fusion se logèrent dans les murs. Comment quelque chose de si gros pouvait être si rapide et si agile dépassait leur entendement cependant tout mercenaire ayant intégré le corps militaire des black owls devaient avoir impérativement des bases en affrontement contre les spéticus. Ils avaient le nombre, ils avaient la motivation et ils avaient une allée.
La clé était dans les options ou plutôt les routes possibles, et ils devaient s'organiser pour tirer dans des angles différents couvrant le maximum de lignes possibles. Même s'il n'y avait personne sur la trajectoire, en privant la cible de routes possibles elle allait finir par se prendre une balle.
- Haut ! - annonça un prima et son groupe leva les fusils au plafond où la créature complètement surexcitée préparait son prochain saut.
- Gauche
- Droite
- 40
- 140 - annoncèrent les autres en même temps couvrant le maximum d'angles possibles.
Cette technique basique était efficace, même si des variantes plus intriquées existent. Mais déjà elle était utilisée suffisamment pour légitimer son existence. Ce n'était pas là leur erreur. Là où ils avaient commit une erreur c'était dans le fait d'adapter une technique destiner à lutter contre des humains, à cette créature. Il leur manquait du fait de cette répartition un élément fondamentale: la puissance de frappe.
En couvrant autant d'angles ils avaient de ce fait divisé par 5 leur force de frappe, car ils ont eut la présomption de considérer ses attributs physiques à un speticus humain. Mais comment les blâmer de cette supposition ? Quels autres choix ils avaient de tous façon en prenant en compte leurs équipements, expériences, et coordinations entres groupes qui n'avaient jamais fonctionné ensemble sur le terrain.
La créature se jeta sur ses victimes comme un clodo sur un billet de 500, en ignorant tout ce qui pouvait venir dans sa direction. Elle avait juste passée la queue entre ses cuisses pour se protéger le torse et la tête le long de sa colonne vertébrale, et s'écrasa comme une boule massive au milieu des black owls stupéfaits. La suite était, malheureusement complètement prédictible... Le lézard se lança dans une orgie macabre en faisant gicler le sang. Elle les tailla en pièces en usant de ses jambes tout en prenant des bouchées conséquentes. Le goût de l’alliage était dégueulasse, mais elle ne mangeait pas par plaisir…Elle ne mangeait pas que par plaisir pour être plus précis. il y avait une autre motivation à sa gloutonnerie.
Les petits bouts de ce qui était autrefois des êtres humains se retrouvèrent sur le sol, les murs et le plafond comme des décorations obscènes et dégoûtantes. Les intestins, pendants, s’écrasaient au sol dans une masse de chair molle à côté d’autres organes, de bouts de doigts ou de cervelles éparpillées un peu partout.
La créature serra ses poings en constatant, insatisfaite, que la régénération n'était pas terminée. Son organisme avait du également s'occuper de repousser les balles et cicatriser les blessures, sans parler de l'égoïste qui s'accaparait pratiquement toute la nourriture. Néanmoins, même si elle n'avait pas retrouvée toute sa force dans ses mains, elle en avait assez pour rendre les choses plus faciles.
Maintenant que l’apéritif était terminé, il était temps de rattraper le plat principal. En rigolant de manière hystérique et salivant à grosse goutte, la créature se jeta à la poursuite des scientifiques qui n'avaient aucune chance de lui échapper surtout pas après cinq minutes d'avance.
Bam ! Bam ! Bam ! Chacun des pas de la créature laissait une trace profonde dans le béton, la rapprochant d'avantage de ses proies. Elle pouvait déjà sentir le délicieux fumet de chaos qu'elles dégageaient, ce nuage généreux de panique coulé sur du désespoir généreux. Cependant, en véritable connaisseuse, elle savait que ce bouquet d'arômes pouvait être d'avantage relevé.
C'est pourquoi elle n'était pas pressée de plonger dans la marée humaine. La créature se tenait à hauteur d'un bras tendu, riant de manière hystérique avant de choisir une proie au hasard pour la dévorer en faisant le nécessaire pour qu'elle hurle de douleur à gorge déployée avant de périr.
Cette démonstration tortionnaire avait le même effet qu'un coup de fouet. Les humains essayaient de surmonter les points de côtés, les crampes, les poumons brûlants, la gorge sèche... Mais la volonté n'était pas absolue, surtout chez des pragmatiques qui ne croyaient qu'en la puissance de la matière. Ils ne savaient simplement pas comment canaliser cette énergie provenant de l’éther, et leurs corps arrivaient à la limite de ce qu'ils pouvaient matériellement supporter.
Ils étaient nombreux ceux qui tombaient, trébuchaient, mourraient écraser ou étaient simplement ignorés par le reste qui continuait à courir en direction des ascenseurs, leur seul lueur d'espoir. Ils étaient nombreux ceux qui s’inondaient de larmes en entendant la créature approcher.
L'un de ces mal fortunés avaient la cheville tordue et pouvait à peine se tenir debout: Benedetto Ferreto était son nom. La créature s'accroupit devant ce jeune homme et sourit de toutes ses dents crochues rougies par le sang.
- C O U R S, RATTRAPE, ET TU VIVRAS HI HI HI SSS ! - annonça le monstre en pointant vers l'horizon. Mais le jeune homme ne compris pas ce qui lui était demandé. Il n'était pas en état mental de bien comprendre les mots qui sortaient de cette bouche horrifique et à vrai dire, il s'était résigné à mourir. Il s'était déjà pissé dessus, sa moustache était sèche de morve, les yeux était rouges et irrités...Benedetto ne pouvait rien faire d'autre que d'accepter sa fin. Du moins c'est ce qu'il pensait, naïvement - C O U R S ! - ordonna le monstre en haussant le ton et la résolution du jeune homme vola en éclat, comme une construction de verre. Son visage blêmit en devenant blanc comme neige et ses cheveux se décolorèrent d'effroi.
Sans même comprendre pourquoi, sans même en émettre l'envie, son corps se leva malgré l'épuisement, malgré l'entorse. Il commença à courir simplement, sans espoir, sans autre but que de gagner du temps, peut être... Cependant le reste de ce qui lui avait dit devint clair lorsqu'il dépassa un autre individu dans sa condition: Brand Delahu. Il le connaissait que de nom, même s'il leur arrivait de boire quelques verres ensemble de temps en temps. Ce dernier respirait difficilement, victime du piétinement de la foule après avoir trébuché.
Benetto le dépassa sans y prêter attention, trop occuper à mettre un pied devant l'autre puis il s'arrêta en entendant un ARGH !! Suivi de bien d'autres. Le jeune homme ferma les yeux, tremblant comme une feuille, son imagination faisait très bien son travail en lui peignant la scène de démembrement brutal. Il pouvait entendre les crocs déchirer la chair et craquer les os, il pouvait entendre le monstre avaler les morceaux de ce qui fut un humain.
Benedetto ferma les yeux si fort qu'il failli se faire rentrer les yeux dans les orbites, et pressa les mains contre les oreilles si fort qu'il faillit se les enfoncer dans le crâne. Mais il ne voulait rien entendre, il ne voulait rien voir. Et lorsqu'il sentit la paume froide et puissante de la créature se poser sur ses frêles épaules, il sursauta en ayant l'impression que son âme venait de sprinter hors de son corps
- C O U R S, RATTRAPE, ET TU VIVRAS HI HI HI SSS ! - promis à nouveau la créature en murmurant aux oreilles du jeune homme d'une voix particulièrement sifflante. Et l'horreur de ces mots frappèrent Benedetto comme une massue et il fut tétanisé par le choix qui s'offrait à lui.
- Ok - répondit Ferreto - Ok - Même si il avait une chance de 0,0001 % d’être épargné par la bête, le jeune homme était prêt à la saisir à deux mains. Il n'avait aucune envie de mourir, pas comme comme ça, pas de manière aussi horrible, alors il se mit à courir en serrant les dents.
Combien de temps il servait ainsi de héraut ? Benedetto ne saurait le dire. Son esprit était craquelé de partout, sa raison ressemblait à du gruyère. Le seul fil de conscience qu'il avait était la volonté de survivre. Il devait survivre, à tout prix il devait sortir de là. Alors il courrait sans s'arrêter, habitué aux bruits de festins, aux cris et supplications. Il ne vomissait plus ce qui commençait à le soulager, il ne se griffait plus les bras aussi dans une volonté inconsciente d'expiation auto mutilatrice. Tant qu'il pouvait mettre un pied devant l'autre, tout allait bien se passer, tout allait...
Ferreto stoppa subitement, choqué par ce qu'il voyait, partagé entre le soulagement et la colère. Il était rare de voir un visage si inconsistant dans son expression. Mais devant lui se tenait une file de ses collègues stoppés dans le couloir qui menait aux ascenseurs. A première vue il pouvait compter plus d'une centaine de scientifiques qui criaient de colère, mais son hésitation fut de courte durée car il entendit dans sa tête le murmure
- C O U R S !
Il savait que le monstre n'était pas loin. Il prenait un malin plaisir à apparaître de nulle part avant de semer la mort. Alors Benedetto, partagé par disjonction émotionnelle et mentale, tituba en avant en essuyant des larmes qu'il ne pensait plus avoir.
- Qu'est ce qu'il se passe !! Pourquoi on ne nous laisse pas monter ?? Poussez vous ! - hurlaient les scientifiques apeurés et énervés. Leur échappatoire était bloquée par une troupe de black owl, les ascenseurs étaient inaccessibles alors que le danger approchait. Ils pouvaient tous le sentir instinctivement et cette panique n'arrangeait rien à la situation.
- Personne ne peut monter, vous connaissez les consignes de sécurité. Chacun de vous à un numéro qui correspond à un espace de protection. S'il vous plait orientez vous vers ces zones le temps que nous réglions la situa...
- Vous êtes complètement malades !! Vous avez vu un peu le monstre ? J'ai vu vos gars se faire bouffer tous crus et vous voulez nous faire croire que vous pouvez faire quoi que soit ? Laissez nous monter bordel de merde ! Il nous faut nous enfuir le plus loin possible !! - explosa l'un d'entre eux qui avait vu le lézard, qui avait été pétrifié par sa présence. Il savait très bien ce qu'il avait ressenti alors lorsque ces guignols lui disaient de se calmer le rendait encore plus fou.
- De quelle créature il s'agit ? - demandaient ceux qui avaient suivi le mouvement de foule sans trop comprendre de quoi il était question - C'est un fenrir le problème ?
- Je n'en sais rien, mais je crois pas. Ça a l'air plus sérieux.
- Hey, qu'est ce qui te prend de pousser ? Fait la qu... Qu'est ce qui t'es arrivé mon gars ?
- Laissez moi passer s'il vous plait, c'est important - demanda Benedetto en essayant de se faufiler timidement entre ses collègues qui n'étaient pas prêt à céder leur place
- Tu rêve mon gars. Et puis quoi encore ?
- S'il vous plait, laisser moi passer - redemanda Benedetto en ressayant de se frayer un chemin un plus plus fort. S'il restait ici, il allait finir comme les autres. Il devait remonter jusqu'en tête de file, rattraper tout le monde, il devait survivre... mais il fut violemment repousser au sol. Là il éclata de rire en se frottant la tête de ses paumes. Il venait d'entendre, de ressentir le snap dans son cerveau. L'un des derniers fils qui maintenait un semblant de raison venait de craquer déséquilibrant le tout - "Ah et puis merde" - pensa-t-il en se jetant dans la foule de toute ses forces.
- Hey ! petit co...
Les mots se transformèrent en sifflement de sang alors que la tête était séparée du corps à hauteur la mâchoire. Dans son ricanement le plus intense jusque là, la créature venait de faire son apparition derrière Benedetto qui tomba vers l'avant. Il regarda en arrière et vit le monstre souriant, comme un gosse dans un magasin de jouet, pointer son index vers l'avant et il compris ce qu'il avait à faire. La marionnette se leva péniblement et continua à avancer suivie par un carnage festif.
- Je suis désolé, je suis désolé - murmurait il sans pour autant hésiter à avancer
L'allée qui menait à l'ascenseur était partagée par un espace de décontamination actuellement ouvert. Cette transition assurait que les germes ne passaient pas de l'espace civil à l'espace professionnel et inversement. Le contenu des laboratoires devait rester en bas à tout prix. C'était la raison pour laquelle les portes étaient massives et faites d'un alliage spécial, dans le but de pouvoir également bloquer les Fenrir.
Comme première mesure de sécurité les black owls ordonnèrent à Juvianne de fermer les portes malgré la saturation en termes de personnes. Les blocs métalliques comprimèrent les occupants en séparant l'allée en deux.
Benedetto s'arrêta devant la porte de décontamination et fit la seule chose qu'il pouvait, il frappa pour demander à entrer. Sa chair fragile se lacérait contre le métal mais le jeune homme continuait à le faire sans relâche, peut être aussi était ce pour couvrir les bruits dans son dos ?
Bang, Bang, BANG !! Il regarda surpris comment un poing gigantesque traversa les centimètres d'alliages blindés et comment les bras de la créatures plièrent ce métal comme si de rien était, les arrachant ensuite des murs.
- Ha... Ha ... Hahahaha - éclata Benedetto de rire en regardant le visage de la créature. Cette dernière remarqua que le petit être l'observait et lui rendit la pareille, amusée par l'expression de folie encrée dans ces petits yeux mouillés
- HI HI HI SSS !! - rigola t elle à son tour extasiée par son chef d'oeuvre, mais pas encore. Un petit peu plus, il fallait pousser un petit plus, juste un zeste de plus pour satisfaire l'étoile noire.
- Excusez moi, s'il vous plait, laissez moi passer - demanda Ferreto en essayant de se frayer un chemin au milieu de ceux qui avaient survécu à la fermeture des portes. ces derniers avalaient l'air goulûment, serrés comme des sardines ils commençaient à manquer d'oxygène. Malheureusement ils venaient d'échapper à une mort misérable pour finir droit das la gueule du lézard qui nettoya la dizaine de mètres carrés en un clin d’œil. Il arracha les secondes ports métalliques en les balançant en avant comme des shurikens qui se plantèrent dans les murs opposés, baignés de sang et de tripes.
Benedetto, précurseur d'une mort inévitable, continua sa route en ne pensant qu'à une chose: survivre à cette folie. Surement s'il atteignait l'ascenseur le cauchemar prendrait fin. Il n'en avait jamais fait un qui paraissait si réel.
- "C'est étrange quand même, même la douleur est si réel" - pensa-t-il en se griffant à nouveau les bras jusqu'au sang. Il continuait sa petite course malgré les balles qui fusaient dans tous les sens, sans battre d'un cil, sans éviter quoi que ce soit. Qu'est ce qu'il risquait après tout ? Même la créature le protégeait pour une raison étrange... Non, pourquoi étrange ? Il n'y avait rien de plus logique, il était le maître absolu de ce monde. Benedetto accéléra légèrement le rythme tout sourire, en se trouvant ridicule d'avoir eut peur d'un rêve. Heureusement qu'il était brillant sinon il aurait pu se faire une belle frayeur au réveil.
Le jeune homme s’arrêta devant les portes de l'ascenseur et se tourna pour la première fois pour contempler l'obscurité de son imagination. Qu'est ce que son esprit tordu avait bien pu créer de toute pièce ? Il y avait même une certaine catharsis dans ce chaos. Et, en observant le massacre devant ses yeux, Benedetto ne put s'empêcher de se demander d'où est ce que provenait cette rage qu'il avait emmagasiner pour créer une telle créature ? Le boulot était stressant mais pas à ce point, où peut être qu'il y avait des gênes psychopathiques qui n'ont jamais été identifiés ? C'est vrai qu'il y avait de drôles de spécimens dans la famille, comme l'oncle Allehandro. La tante Christina était aussi une perle dans son genre...
Benedetto mis ses mains dans les poches de sa blouse et observa calmement ce qu'il pouvait de la scène. La lutte désespérée des black owls contre le lézard qui les taillait en pièce. Où comment le jeune homme interprétait, la lutte de l'autorité contre son esprit de rébellion. Et bien évidemment l'autorité était destinée à perdre, personne ne pouvait empêcher Benedetto de faire ce qu'il voulait.
- Oh mon dieu ! Oh mon dieu - entendit il une voix complètement terrorisée. Feretto tourna la tête surpris par ce nouveau tour de son esprit qui avait placé là une survivante et pas n'importe laquelle: Madine...
- "Madine comment déjà ? House ? Houston ? Hodgson ? Ah peu importe. Qu'est ce qu'elle fait là ? Qu'est ce que j'essaye de me dire ?" - pensa le jeune homme en dévisageant la jeune femme qui essayait de fusionner avec les portes des ascenseurs bloqués. Néanmoins, l n'y avait nulle part où reculer, nul part où fuir.
- Non, non, non, pitié, pitié ! - hurlait elle en essayant de plaider sa vie mais la créature n'avait que faire du vent sortant de la bouche de ses proies. Il s'imposa à elle de toute sa stature gigantesque. La lumière s'écrasait contre son dos, plongeant son profil dans l'obscurité. Ses yeux brillaient d'une lueur verte pâle malfaisante, sa gueule dégoulinait d'une mélange de bave et de sang qui s'écrasait lourdement contre sa blouse...
- Ok, on arrête là - dit Bendetto en pressant le bouton d'appel de l'ascenseur qui resta tout aussi sombre - "Tiens ?" - se dit-il en appuyant à nouveau mais toujours sans résultat.
La bête empoigna les cheveux de la jeune femme et la leva à plusieurs centimètres du sol. Cette dernière hurlait et essayait de se débattre mais il n'y avait aucune chance qu'elle puisse se sortir de cette prise plus forte que l'acier. Bendetto continuait à marteler le bouton d'appel mais sans résultats. Il commençait à se dire qu'il y avait un problème avec son rêve. Il devait pouvoir tout arrêter, il devait pouvoir s'échapper, il devait... Ses battements tranquillisés par l'illusion que sa conscience avait élaboré commença à battre très vite.
De l'autre main, le lézard enveloppa le visage de Madine et pressa légèrement. Le crâne craqua comme un noix, le sang gicla par les yeux et les oreilles touchant Benedetto perdu dans ses pensées. Il regarda le corps de la jeune femme prit dans des soubresauts comme un poisson hors de l'eau. Il regarda le lézard lui arracher la chair à coup de crocs, il croisa même le regard amusé de ce monstre qui mangeait tout en le fixant. Et le jeune homme se plia en deux dans un réflexe vomitif mais il n'y avait plus rien dans son estomac.
- "Ce n'est pas une cauchemar ?" - se demanda-t-il en tombant des nus.
L'esprit est une chose simple par nature, mais dont la complexité peut ne pas connaître de fins. La raison de ce paradoxe est une simple image. La manière dont on voit le monde est à travers quelque chose similaire à la surface d'un liquide. Le nom de ce quelque chose est: l'horizon de conscience.
Le monde à l'intérieur de notre esprit et le monde à l'extérieur sont séparés par ce voile. Etant de nature translucide, on peut imaginer un certain postulat qui affirme que: "dans des conditions idéales ce qui est perçu d'un côté est exactement ce qui perçu de l'autre". Autrement la réalité perçue est la réalité vraie, un principe simple donc.
Cependant, il existe des troubles, des vaguelettes qui se créent et croisent sur cet horizon de conscience à chaque fois que l'esprit subit un choc: mental ou physique. Il peut y en avoir une, deux, trois, cent, milles vaguelettes et de ce fait la réalité perçue devient difficile à percevoir et n'est qu'une caricature de la réalité vraie devant nos yeux.
Le problème intervient lorsque vous essayez de reconstruire la réalité vraie à partie de la réalité perçue, dans ce cas vous construisez quelque chose qui n'est basée sur rien d'autres que votre perception, votre mémoire, votre intellect, qui peuvent être justes ou diamétralement opposés à ce qui est. Le monde est, dans ce scénario catastrophe, compris d'une manière complètement irrationnelle pour se cristalliser en réalité. Du moins, jusqu'à ce que les deux notions se confrontent dans la violence.
Benedetto croyait avoir comprit les choses. Sans même se rappeler le moment exact, ni les raisons exactes; il était convaincu, il s'était convaincu, absolument convaincu, qu'il était dans son enfer personnel manifesté par son esprit assoupi. Il vivait un cauchemar, ce qui se déroulait devant ses yeux ne pouvait être qu'un cauchemar sinon... Tous ces cadavres, tous ces...ces...pauvres gens :
- Oh mon dieu ! Non ! - gémit Benedetto plié en deux en confrontant sa réalité vraie qui n'avait que faire de l'illusion crée par son cerveau. Elle était unique et finissait toujours, inévitablement et inlassablement par imposer sa présence.
- A A H H H H H ! - lâcha un sifflement d'extase la créature plantée sur place, la tête levée au plafond. Ses écailles étaient complètement rougies par le sang qui commençait à sécher, entre ses crocs et ses doigts pendaient quelques fragments de viande humaine... Puis remarquant le regard de Ferreto le lézard afficha son plus beau sourire avant de sortir sa langue bifide. Il venait de sentir que sa proie était prête à être dégustée. Elle avait été "épicée à souhait", son cerveau avait sécrété ce qu'il fallait dans les veines, et en imaginant le goût, le lézard commença à baver à grosse gouttes de manière automatique.
Il s'approcha du jeune homme et s'accroupit juste devant lui, caressant presque amoureusement ses cheveux blanchis par le stress extrême, par la terreur indescriptible qu'il ressentait.
- N...N...N... - Benedetto essayait de supplier, il essayait de dire non, de dire s'il vous plait. Mais les mots refusaient de sortir. Il savait très bien que c'était inutile, mais il ne voulait vraiment pas mourir ici. Après qu'il ait compris les règles du jeu absurde du monstre, à chaque vie qu'il échangeait contre quelques minutes de sa propre existence, il gravait sa résolution de survivre dans le marbre de son âme. Ce n'était plus une question de survie personnelle, mais de survie pour tous ceux qui sont morts à sa place. Il devait s'en sortir pour que leur massacre ait un quelconque sens. Si il mourrait là alors quel sens il y avait à ses actions ?Il s'était juste vendu pour quelques heures de terreur ? - NON ! - hurla-t-il en essayant de se défendre et envoyant son poing voler droit dans la joue du monstre.
Cependant, le poing se retrouva sectionné de manière chirurgicale par les dents crochues du lézard, aiguisées comme des scalpels. Benedetto regarda horrifié comment la créature mâchait ce qui fut, il y a quelques instants de cela, une partie de son corps. Comment elle en tirait un plaisir inégalé et il hurla comme jamais au cours de sa vie. Il cria de douleur, il cria d'injustice, il cria de peur, il hurla à s'en exploser la gorge en serrant son moignon qui pissait du sang.
La créature lui saisit la tête et Benedetto senti pour la première fois la puissance dans cette main anormalement large. Il se sentit minuscule, impuissant car bouger ce bras était comme essayer de bouger une montagne.
- "Merde, merde !" - pleurnichait-il, intérieurement dévoré par la culpabilité et la colère, ingrédients que le lézard avait soigneusement assaisonné pour satisfaire un gourmet. Pourtant, ce dernier s'arrêta brusquement en observant un événement qui n'avait aucun sens à ses yeux, cumulé à un ressenti de danger imminent.
Intrigué, le lézard regarda la brume pénétrer le couloir ; et au cœur de cette manifestation climatologique particulière, il put apercevoir trois silhouettes. Pareilles à des ombres, elle donnèrent l'impression de sortir tout droit du sol. La glace précédait ces formes de vie inconnues recouvrant les cadavres mâchouillés, se gorgeant du sang sur le sol pour prendre une couleur rubis.
Mais ces apparitions n'étaient pas la seule source de danger. Il y eut un Tsing ! accompagné par l'ouverture des portes des ascenseurs découvrant un espace vide. Confuse par les informations fournies par ses récepteurs sensoriels, la créature préféra porter son attention sur les formes spectrales apportant le froid, ignorant que des spectres étaient également présents dans don dos.
Une quarantaine de black owl, en modes invisibles, ouvrirent le feu en formation. Au son des percussion des douilles dans les chambres, le lézard opéra par réflexe en bandant ses muscles au maximum, penchant la tête en avant pour la cacher et levant la queue le long de sa colonne vertébrale cependant elle avait affaire à des mercenaires équipés pour de la chasse au gros gibier.
Leurs munitions étaient un mix de balles perforantes et à force concussive. Les premières servaient à déchiqueter les écailles dont la disposition spécifique dispersait l'énergie cinétique. Et les secondes servaient à réduire les organes internes en bouillie en délivrant le maximum d'énergie par vibration. L'effet était comme de subir des minis explosions à l'intérieur du corps.
Complètement cernée des deux côtés et surprise par la douleur qui se propageait dans chaque cellule de son être, elle planta ses griffes dans le sol et y ouvrit une brèche suffisamment béante pour s'y faufiler. Néanmoins, avant d'emprunter son échappatoire, le lézard endura les tirs jusqu'à ce que les mercenaires soient obligés de recharger. Là, elle poussa un son étrange, une sorte de vagissement sifflé qui laissa tout le monde figé sur place car ils comprirent le message: la promesse d'un fin horrible prochainement.
- Qu'est ce que vous foutez ! Continuez à tirer !! - hurla le seul individu qui put garder son sang froid: Philippe Morel. Cependant il ne put qu'observer, impuissant, comment le monstre disparu par la brèche.
- On procède, ahem, on procède à la poursuite ? - lui demanda un prima qui dut se racler la gorge pour retrouver sa voix qui avait baissé de quelques octaves.
- Non - répondit Morel en remarquant les mains très légèrement tremblantes de son subordonné. Malgré le fait que ce dernier essayait de cacher son instabilité cette dernière ressortait quand même. Les autres ne devaient pas être dans un meilleur état, ce qui était dommage vu qu'ils allaient perdre l'initiative. Mais la précipitation allait être une erreur irréparable, car il n'y avait rien de pire qu'un animal blessé, acculé et complètement psychopathe. Surtout si il avait la force de faire ressortir les balles par contraction musculaire et l'assurance de lancer une telle déclaration malgré sa punition: "je pars, mais soyez sur que je reviendrait pour vous". Du moins c'était ainsi que le préférum l'avait compris - On sécurise le centre de commande comme convenu.
- Qu'est ce qu'on fait de lui ? - demanda alors le prima en montrant Benedetto plié en deux au sol pour ne pas prendre une balle perdue. En entendant son nom, il leva la tête plein d'espérance.
Philippe, qui avait suivit tous les événements transmis directement par Juvianne avait compris le jeu qui avait été joué. Il savait très bien que cet homme, à genoux devant lui, avait tronquer la vie des autres contre la sienne. Mais il avait compris également quelque chose d'autre, une forme de lien, qui allait peut être s'avérer utile.
- Mettez le avec les autres dans la "banque" du secteur 22 - commanda Morel. Le visage de Benedetto se décomposa en comprenant qu'il n'allait pas être escorté à la "surface".
- Non, non, vous ne comprenez pas ! Je dois monter. S'il vous plait, je ne peux pas rester là... - essaya-t-il d'expliquer. Pour lui il n'y avait de sécurité qu'en orbite, et encore le plus loin possible de Meliacor.
- Oh que si tu vas rester là, et tu vas terminer ta tâche comme un gentil petit appât - lui répondit sèchement Morel
- "Pourquoi ? Pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fais ?" - pensa Ferreto complètement abattu.
- On se bouge, la créature est peut être blessée mais ça ne veut pas dire qu'elle restera inactive pendant longtemps ! - ordonna le préférum.
Cette dernière se faufilait dans les conduits, le corps étiré à la manière d'un serpent, cherchant un endroit tranquille où elle pourrait digérer, se régénérer et poursuivre sa métamorphose. les directives de son programme étaient simples :
- Se nourrir,
- Lorsqu’une force ennemie est détectée et peut constituer une menace, éviter toute confrontation,
- Lorsqu’une force ennemie est détectée en dehors des paramètres connus: l’étudier en gardant ses distances,
- Lorsqu’une force ennemie inconnue est détectée et que toute observation est jugée dangereuse: garder ses distances jusqu’à la phase 3 minimum,
- Créer une atmosphère de panique générale,
- Isoler et détruire.
Elle allait devoir se tapir dans l'ombre et chasser efficacement.
La première chose que la créature devait faire était de trouver une première tanière. Un endroit de préférence humide, et sombre. Après tout, chaque être vivant désirait posséder un chez soit où il pouvait se poser pour guérir ses blessures, digérer toutes la viande consommée, se retrouver avec soi même, ou simplement connaître un semblant de paix.
Néanmoins, une tanière n'était pas assez. Une seule constituerait un handicap plus qu'un espace de confort. Alors sa nature nomade, son intellect ainsi que son programme, lui imposaient de posséder au minimum trois tanières, diamétralement opposées les unes des autres, indépendantes de la division géographique de ses zones de chasse.
C'est Pourquoi la créature resta tapie dans l'ombre dans sa quête. Pour étudier et mémoriser chaque spécificité de son terrain, ainsi que pour éviter tout affrontement direct en raison des dégâts internes qu'elle avait subit et qui prenaient énormément de temps à guérir. Mais l'ombre ne lui servait pas qu'à se déplacer et observer, mais également pour préparer ses assauts. Elle en surgissait comme un diable en boîte pour moissonner les cibles isolées qu’elle dévorait de la tête aux pieds, ou presque.
Elle désirait créer une atmosphère chaotique complète, et de ce fait devait s'attaquer à la psychologie de ses victimes. Ce n'était pas juste une question de quantité de nourriture, mais surtout de qualité. Si son évolution devait continuer selon le plan et tirer le dormeur de son sommeil, la qualité était une condition sine qua non.
C'est la raison pour laquelle ses attaques étaient des peintures de carnage, des barbouillages de destruction. Elle faisait en sorte de recréer une atmosphère d'abattoir, avec des morceaux laissés au sol: mains, estomacs, fragments de mâchoires... Le nécessaire pour briser le moral des humains, mais pas au point de briser leur volonté de résister. Il y avait du bon dans le conflit.
Malheureusement, le lézard ne pouvait prendre le temps de laisser son âme artistique s'exprimer selon sa volonté, car elle se sentait poursuivie. Ces choses qui amenaient le froid savaient la traquer sans erreurs, et se débarrasser d'elles n'était pas une bonne idée. Son instinct lui disait de patienter jusqu'à la phase 3.
Cependant, le danger que ces particularités biologiques représentaient n'était réel qu'en situation de lutte ou d'affrontement direct. Alors, malgré le fait qu'elles savaient utiliser leurs sens, ces choses n'étaient pas suffisamment rapides et agiles pour le rattraper. Le seul problème était l'impossibilité de se trouver une tanière, elle allait devoir bouger sans arrêt.
Pour se faire, la créature pouvait se mouvoir en silence, se cacher dans les hauteurs et dans l'obscurité, ou se faufiler dans les conduits à la manière d’un serpent grâce à l’élasticité de son corps, de ses os et organes, même si la sensation était particulièrement désagréable. C’était comme avoir la gorge serrée au point où il fallait forcer pour avoir juste ce qu’il fallait d’oxygène dans les poumons.
Une quinzaine de victimes et plus d’une heure après sa fuite, la peau sous les écailles devenait semblable à du cuir épais par sa texture mais sa résistance était comparable à du métal, les excroissances sur sa tête ressemblaient à de petites cornes de bouc, d’autres commençaient à pousser sur la queue, les avant-bras et les coudes. Mais c’était loin d’être terminé.
Il y avait tout juste suffisamment de personnes dans toutes cette installation pour qu’elle puisse réaliser une bonne transition, c'est pourquoi elle devait être absolument certaine d'éviter de s’empiffrer, mais de cultiver la panique et l'hystérie collective et enrichir ses plats par supplémentation d'épouvante.
Durant plusieurs heures; la créature continuait sa sinistre besogne. Elle avait pratiquement exploré tout le complexe, il ne lui restait qu'un endroit à fouiller. Selon la carte mentale qu'elle avait crée dans son esprit, il y avait une cavité plus bas encore.
Elle se fraya un chemin jusqu'au B6 en semant ses petits pains de carnage tout en constatant que l'atmosphère commençait à changer, à basculer vers l'effet désiré. Elle pouvait le sentir dans l'air à travers l'odeur, la composition chimique, ainsi que le goût de leur sueur.
La colère, la peur, la haine... Toutes les émotions résultaient en un savant dosage de différentes hormones produites par le corps. Ce cocktail incitait l'organisme à libérer des phéromones particulières pour que ces agitations soient perceptibles à l'odorat. La raison d'une telle spécificité peut trouver une explication dans la nature sociale de l'espèce humaine.
Le fait de pouvoir ressentir la peur de l'autre devait permettre à prévenir d'un danger sans avoir besoin des mots, augmentant les chances de survie. Le fait de sentir l'assurance devait permettre aux humains de suivre une idée, un idéal, un leader dans un objectif commun. La colère devait être sentie pour que l'autre comprenne la situation et puisse éviter le conflit au besoin. Cependant comme tout ce qui est humain, cette capacité à été dénaturée.
Sentir la peur est devenue un moyen d'identifier les faibles. Propager le bonheur servait à cacher ses véritables intentions. L'assurance servait à monter un troupeau qui était prêt à croire n'importe quoi... La créature, en ce moment percevait toutes ces phéromones, toutes les informations olfactives récupérées par on odorat ainsi que par sa langue bifide. Ce phénomène était appelé tropotaxie et offrait une qualité informative inégalée dans le règne animal. Du moins, sous le contrôle de ce lézard.
De ce fait, il savait jauger l'atmosphère générale et juger si il était utile ou non de créer une scène de carnage, ou de laisser les choses se calmer un petit peu. Le chaos était un art complexe qu'il maîtrisait comme un chef.
C'est la raison pour laquelle il opta pour des petits pains plutôt que des montagnes de cadavres, car cette dernière option pouvait solidifier la résolution des têtes d'oiseau où les pousser à état de fatigue émotionnelle. Ce qui était à l'opposé de l'effet désiré...
Du B6, la créature se fraya un chemin à l’étage inférieur. Et, comme prévu, cette zone était bien plus large que les précédentes. Rien que la hauteur du plafond: 30 mètres environ, soit à peu près 4 fois la distance des étages du dessus, pouvait témoigner de la taille de cette caverne. Et c'est également là qu'elle trouva ce qu'elle cherchait
- A A H H H H H. P E T I T S O I S E A U X ! HI HI HI SSS - murmura la créature, ravie, en contemplant les oiseaux de métal: les navettes que les humains utilisaient pour s’échapper dans le ciel.
En dessous d'elle étaient parquée des navettes de transport B.LM.R 77 ( Benian & Lenova Manufacturing and Reprocessing, société spécifiquement crée par le gouvernement Benian en association avec l’entreprise Lenova pour la conception des navettes militaires et civiles de transport. La B.LM.R 77 dispose de 4 propulseurs sur les ailes amovibles avant et arrières pour la poussée verticale ainsi que le soutien aux 2 réacteurs sur la queue de l’appareil. La navette est équipée de deux moteur “B-schwitz naraka 67” pour les propulseurs et “B-Schwitz durman 15” pour les réacteurs. Composée de deux étages, elle nécessite 1 pilote et 1 copilote, peut transporter 30 passagers maximum plus 18000 kg en soute soit un char d’assaut de rang 2, pour une vitesse de 345 km/h et 450 km/h à vide. Distance de convoyage : 1500 km sans réserves).
Cependant, elle remarqua un truc étrange. Certains emplacements étaient déjà vides, ce qui signifiait que des navettes étaient parties. Mais, elle n'avait perçu aucun changement dans le nombre de formes de vies présentes... Quoi qu'il en soit, elle devait immobiliser ces engins, les clouer au sol pour que ses proies soient toujours à portée de ses griffes et de ses crocs.
Ce hangar était animé par des humains qui apparemment ignorais tout ce qui se passait plus haut, tous les efforts que la créature avait fait. Le climat n'avait pas de peur, ce qui toucha le lézard dans son estime.
Ici, les mécanos s'afféraient sur l'entretien des machines: ils portaient des boites, faisaient gicler du feu et des étincelles. Les têtes d'oiseau patrouillaient simplement mais ce n'était qu'un leurre car il y en plusieurs cachées par leur technologie.
Si ça ne tenait qu'à elle, la créature serait descendue comme un ouragan pour leur apprendre ce qu'était la peur, cependant un élément la poussait à opter pour de la subtilité. Un géant de métal se tenait au milieu de la pièce dégageant une hostilité appétissante et troublante.
Le monstre se laissa tomber silencieusement, malgré sa masse qui devait atteindre près d'une tonne. Un exploit pratiquement impensable, mais qui pouvait s'expliquer par un peu de biologie et beaucoup de technique.
Le lézard avait hérité de Cid ses coussinet qui absorbaient particulièrement le choc. Mais la clé de cette prouesse était dans la technique de réception cumulée à l'effet des coussinets. Il atterrit sur ses quatre membres et prenant le soin de dissiper l'énergie de la chute à travers ses articulations et les concentrer dans son torse en le laissant descendre au point d'embrasser le béton.
Il y eut bien sur un TAC, le bruit d'une pierre qui se serait détachée du plafond. Ce son avait poussé les black owls camouflés à tourner la tête, le regard dirigé vers le sol pour identifier la pierre tombée puis retourner à leur besogne. Cependant, c'est les yeux écarquillés qu'il virent le visage du lézard.
Déceler ces pathétiques excuses de caméléon, cachées par leur technologie inutile, était aussi facile que respirer. Étrangement, ces humains ne dégageaient qu'une infime quantité de chaleur corporelle et matérielle, mais rien que sa langue ne pouvait capter. Plus précisément, c'est le minuscule rayonnement thermique qui était perçu par on outil sensoriel. Il y avait donc des tâches de chaleurs, des sources de chaleur, là où il ne devait pas y en avoir. Des tâches qui émulaient un structure vertébrale humaine: cerveau, cœur, foie, rectum...
La créature pouvait également entendre les différents sons issus des machines et de leurs occupants. Ils étaient couverts, étouffés, mais amplement perceptible avec un petit peu d'attention et d'amplification auditive. Elle pouvait clairement entendre leurs respirations et plus important, leurs battements cardiaques.
De plus, elle pouvait sentir leurs effluves, leur sécrétions d'adrénaline ainsi que du lactate, du plomb, du magnésium et du zinc inclus dans la transpiration. Leur odeur était d’autant plus perceptible par sa langue bifide qui capturait les molécules odorifères pour les faire analyser par l’organe connu sous le nom d’organe de jacobson, et son cerveau faisait le reste en reconstituant une image suffisamment nette de l’environnement dans la zone de détection, des kilomètres à la ronde.
De ce fait le système de camouflage était complètement inutile car le lézard voyait les mercenaires encore plus clairement que si il ne se fiait qu'à ses yeux.
C'est pourquoi elle n'avait aucun mal à attaquer avec une précision atomique et une vitesse fulgurante: du pouce et de l’index, la créature saisit ce qu’elle savait être une tête puis pivota brusquement sa main brisant net le cou et exposant une partie de la colonne vertébrale.
Les autres essayèrent de réagir dans la seconde, mais cette seconde était un luxe qui leur avait été interdit. Dès l’instant où leurs doigts s’apprêtèrent à toucher les gâchettes de leurs fusils, et que leurs muscles extenseurs cumulés aux servomoteurs les poussaient hors de portés du monstre, il ne resta d’eux que de petits morceaux de viande et de métal.
Le lézard resta immobile, percevant le monde autour de lui, s'assurant que rien n'avait été entendu, et il fut ravie de constater que personne ne s'était rendu compte de rien. Entre les bruits des machines, des soudures, des conversations, ... Le plus important, pour l'instant était que le géant ne découvre sa position exacte. Une confrontation maintenant n'était pas souhaitable. S'attaquer aux faibles était une chose, mais le monstre savait opérer avec prudence en présence d'une énigme.
La raison de cette prudence venait de l'incohérence dans le ressenti. Son instinct naturel lui disait prudence et l’artificiel lui disait qu’elle était en capacité de neutraliser cette machine. Cette dernière était énorme, faisant plus de six mètres de haut et une tête de hibou aux gros yeux luminescents qui balayaient le hangar de manière systématique, comme une caméra.
Mais ce n'était pas la machine impressionnante qui présentait le problème et qui tenait son instinct en alerte. La raison de sa prudence était à l'intérieur de la machine où se terrait une humaine qui émettait une forte onde électromagnétique cérébrale. C'était la deuxième personne qu'elle croisait avec cette particularité, dans ce laboratoire, et en général ils n'étaient pas à prendre à la légère.
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs et bonne journée à vous, c'est cadeau, c'est gratuit XD
Plus sérieusement j'espère que vous allez bien et pour m'assurer que c'est vrai, voilà un petit quelque chose
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Mais soyons sérieux une seconde
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Je voulais dire un truc... AH oui, j'apporte des questions quelques fois, par rapport au texte dans mes pages journalières. Mais si jamais vous ne comprenez pas quelque chose, ou si vous trouvez qu'i y a des défauts logiques ou de construction, ou des redondances, etc... N'hésitez pas à laisser n commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com. J'apprends le métier d'écrivain donc forcément il y a des défauts, alors je ne le prendrai pas mal. Juste faite en sorte que ce soit un minimum poli et constructif. Merci d'avance
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Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et j'espère à la prochaine !!! N'hésitez pas à lancer une discussion, ne vous sentez pas gênez de partager vos idées même si elles vont dans le sens opposé de ce que je dis ;) !!!!
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