L'armure de Marshall, Peujo, était mal ajustée sur plusieurs aspects pour des raisons techniques. Adapter les composantes mécaniques à la morphologie unique du félin était un cauchemar pour les ingénieurs. En raison de ses capacités physiques extraordinaires, les pièces devaient être méticuleusement choisies pour lui offrir une protection adaptée, sans retenir ou plutôt étouffer son talent destructeur.
En d'autres termes, l'armure n'accroissait en rien sa force ou sa vitesse. Peujo ne disposait que de quelques modules défensifs ainsi que de la fonction de survie. Et en cet instant, un de ces modules lançait l'état d'alerte.
Le son n'était pas amplifié, l’ouïe de Marshall n'avait pas besoin d'assistance pour capter les différentes subtilités acoustiques des alentours. Adapté à un environnement forestier, l'ouïe des tigres était particulièrement développée. L'animal devait entendre tout ce qui se passait autour de lui: où se cachait sa proie, dans quelle direction avançait elle, était elle seule, etc... Les informations étaient indispensables pour limiter les risques.
Néanmoins les humains aimaient tromper les sens de leur technologie, comme les spectres qui se cachaient de la lumière. C'est pourquoi le félin complémentait son instinct avec des modules subsidiaires. Même si la portée était drastiquement différente, l'aide était des plus utile comme en ce moment.
Dans un rayon de 8 km, son casque analysait en permanence les fréquences les plus subtiles volontairement masquées. Son casque jouait le rôle d'amplificateur de signal contrecarrant les neutraliseurs de fréquences sonores.
Cid fut surpris d'entendre un très léger bruit d'hélices en rotation rapides, un bruit qu'il n'aurait jamais entendu en temps normal. Il leva la tête en direction du bourdonnement pour constater un minuscule drone, de la taille d'un colibri, camouflé par l'obscurité ambiante. Il ouvrit grand les yeux et montra ses babines, entrant ainsi en mode action.
C'est là que son casque capta un second bruit, comme un murmure à 10 mètres, pratiquement inaudible. Et, ce son là; lui donna des sueurs froides tant il était mortel.
- vvvvVVVVV
La réaction du félin fut foudroyante. A l’image d’une araignée marchant sur votre peau, ou d’un moustique qui viendrait s’y s’asseoir, la réaction était instantanée et instinctive. Ce fut le même cas pour Cid, dans l’instant où le bruit fut perçu, les connexions neuronales qui régissent la mémoire furent enclenchées.
Cependant il ne fut pas traité à la manière d’un souvenir, ou d'un signal classique, traçant le parcours à la régulière. Non ! Ce signal avait le pass direct à son cerveau et entraîna une réaction musculaire en 15 millisecondes top.
Son subconscient compris à la vitesse de l'électricité parcourant les synapses que le temps de digérer, analyser, et sortir l'information d’archive était un luxe. C'est pourquoi la donnée fut traitée comme un flux nerveux car les réponses étaient déjà préprogrammées. Par exemple, lorsqu’un insecte marche sur votre peau soit vous sursautez soit votre main essaye de l’écraser, il y a zéro réflexion derrière, zéro temps de perdu.
Alors, sans même savoir s’il était la cible, sans même savoir vers où le tir était dirigé, il bougea sans hésitation, bandant tous ses muscles dans une terreur nerveuse. Un félin effrayé pouvait bondir au plafond et apparemment Cid comptait faire de même en atteignant les hauteurs de la caverne.
A 7 km 500, au sommet d’une des pierres montagneuses qui surplombaient la ville fantôme, un spectre ajustait le tir de son gauss qui chargeait son projectile dans un bruit étouffé de charge électromagnétique: vvvvVVVVV
Le drone du black owl avait réalisé plusieurs balayages des environs avant de repérer une des cibles, la plus importante. Une belle bête d'un peu moins de 3 mètres, pesant 2 tonnes environ avec l’armure. Un tigre de cette taille devait faire quelque part, selon ses estimations, entre 350 kg ou 400 kg, un beau trophée.
Patiemment, le sniper attendait les ordres en gardant le z'hum dans sa ligne de mire. Sa respiration était contrôlée, le fusil en appui sur la roche était stable, le doigt était prêt à réagir en l'espace d'une fraction de seconde. En d'autres termes, le sort de l'anthropomorphe était scellé. En réalité il ne comprenait même pas pourquoi il y avait autant de précautions prises pour une chasse si simple. Là, en une pression de la détente et tout était réglé, mais non il devait attendre que tout soit mis en place avant de tirer.
- "Quelle perte de temps" - pensa "Sparkgun"
Cependant lorsqu'il vit le félin levé les yeux vers son drone furtif, une perle de sueur coula le long de son front. Signe que son corps venait de prendre un coup de chaud dans son armure dont la température était optimalement régulée. Là, il devait agir !
- On est repéré - lança le spectre sur leur fréquence avant de chargé son tir: vvvvVVVVV
Il n'allait pas à l'encontre des ordres, bien au contraire. L'une des consignes de leur plan rigoureux, était d'essayer de neutraliser la cible aux premiers signes d'agitation. Il fallait le distraire !
- "Essayer !" - se moqua Sparkgun. Il n'y avait pas d'essai possible, de possibilité d'échec quelconque. Croire même qu'il pouvait faillir était insultant, mais "les ordres sont les ordres" se dit il en se léchant les lèvres.
La trajectoire était parfaite, le tir devrait exploser le crâne du z'hum et se perdre dans l'obscurité de ce tas de pierre. Néanmoins, au moment où le sniper était sur le point de lâcher la détente, il eut un doute. Un doute qui devint une certitude.
Une certitude qui lui annonça que la tête du félin serait impossible à avoir.
Ravalant sa fierté de tireur d'élite, Sparkgun se focalisa sur sa mission. Avant que la balle ne fut crachée par le canon de son engin de mort, il eut juste le temps de réajuster l’angle de quelques millimètres en espérant que ce soit suffisant pour toucher sa cible. Peut importe où, juste la toucher !
Le canon monstrueux cracha le projectile avec une telle violence, que ce dernier perça la barrière du son au moins sept fois, avant d'effleurer Cid à la hanche, et transperçer le sol en une fraction de seconde. La puissance de la balle était telle que, même en percutant le flanc de l’armure de Cid, elle perdit zéro vélocité. La puissance de l’impact était telle que, à cet instant, la petite quantité d’énergie cinétique et électromagnétique libérée durant l'impact fut suffisante pour propulser Cid violemment au sol. Il perçut l'impact comme si il venait d’être percuté par un camion à près de 200 km/h.
- “OH PUTAIN, SA MÈRE ! ” - rugit intérieurement Cid, encore sous le choc.
Tout s’était passé bien trop vite, même pour lui qui avait des réflexes surhumains. Malgré le froid qui avait pénétré par la brèche que l’amure put refermer en activant l’isolation d’urgence, il sentait son flanc droit brûler. En raison de la vitesse extraordinaire, le projectile atteignait des températures importantes suite à la résistance et donc à la friction de l’air, et venait de le marquer au fer rouge. Sans attendre un millième de seconde de plus, Cid se cacha derrière un abri de fortune. Même si le geste était inutile face à un fusil gauss, il avait quelque chose de rassurant psychologiquement. Pour l'instant c'était mieux que rien.
Ce fusil, encore appelé: CEM (catapulteur électromagnétique) ou CIEM (canon à induction électromagnétique), était une oeuvre d'art. En considérant que la guerre pouvait être assimilée à une forme d'expression artistique, alors le Gauss serait comparable à une oeuvre d'Edvard Munch.
Il s’agissait d’un fusil dont le ressenti était criant. La sensation de puissance qu'il pouvait donner était inimaginable. Cependant cette puissance avait une contrepartie qui rendait son acquisition pratiquement impossible: le coût.
Certes il y avait le poids imposant du fusil qui le spécialisait pour la guerre et donc limitait son usage à des snipers en armure. Mais le véritable défit pour utiliser cette arme était simplement de s'en procurer.
Inventé par Adrian D. Gaussini en 2729. Malgré son coût de production exorbitant, les quelques exemplaires produits sont rapidement devenus le cauchemar des champs de batailles au point où les armées étaient obligées de se consacrer désormais à la défense plutôt qu'à l'attaque. La lance absolue avait été inventée, alors il fallait désormais trouver le bouclier absolu...
L'arme était si dangereuse que sa détention n'était possible qu'à travers un permis qui vaut de l'or. Se le procurer pour toute organisation paramilitaire non affilié à un gouvernement était pratiquement impossible par voies officielles à moins d'y mettre le prix sur le marché noir et les enchères pouvaient facilement dépasser les 25 millions de durans. De manière légale, gagner le FBST (fort Bening sniper tournament), deux fois de suite permettait d'obtenir un permis qui autorisait le dépôt d'une demande officielle auprès du bureau de contrôle d'armes non réglementaires (BAN). Le gagner 5 fois de suite garantissait un fusil Gauss pkr7, le dernier modèle en production. Détenu en ce moment même par Sparkgun.
Mais qu'est ce qui rendait ce fusil si extraordinaire ? Les balles étaient propulsées et accélérées par répulsion magnétique pouvant atteindre une vitesse de mach 7, soit 7 fois la vitesse du son, soit 2382 mètres par seconde, plus du double de la vitesse d’un projectile propulsé par explosion. Les cartouches propulsées pouvaient pesée plus de 100 grammes ce qui pouvait faire des dégâts colossaux et transpercer 85 % des blindages existants.
En d’autres termes, si le tireur avait sa cible en ligne de mire et qu’il appuyait sur la détente. Si cette dernière n'avait pas réagit avant que la charge ne s'était terminée, alors les dés étaient jetés. Il était impossible d’esquiver le projectile, ce qui dans la plupart des cas signifiait un trou béant quelque part sur le corps.
Cid changea immédiatement de position. Rester statique était suicidaire surtout derrière le petit mur incliné. Il désactiva le système d’aération interne pendant un instant, transformant son casque en masque à gaz, pour avoir un retour d’information olfactive plus clair dans le but de retrouver ses ennemi. Là, il se rendit tout de suite compte qu’il venait de faire une erreur monumentale.
Quoiqu’il y avait dans l’air les systèmes de son armure, les innombrables filtres sensés retenir tous produits chimiques dangereux, n’avaient pas su l’empêcher d’entrer. Un masque à gaz n’est pas universel, il dispose d’un filtre qui contient un ensemble d’agents chimiques, qui contrecarrent les éléments pathogènes dans l’air. Autrement dit si le filtre est démuni du produit adéquat, il laisse passé l’air polluer de virus ou toxines, ce qui fut le cas de Cid. Il se plia en deux crachant du sang, les membres tremblants, les poumons en feu, le regard trouble, la faiblesse partout dans le corps.
- « Fils de putes !!! » - hurla-t-il intérieurement. Il était conscient que de se fier à son odorat comportait des risques, c’était une très mauvaise habitude qu’il avait prise par excès de confiance et qui se retournait à présent contre lui. Utiliser du gaz en zones de guerre était assez courant, il en a été victime à plusieurs reprises. En général, la douleur était atroce mais son organisme arrivait à gérer au petit matin en laissant simplement une migraine d'après cuite dans le meilleur des cas, dans le pire il la gardait pour quelques semaines. Mais là, le félin avait l'impression que ses cellules explosaient les unes après les autres dans une réaction en chaîne mortelle - « C'est quoi ce gaz » - se dit-il en s'étouffant presque dans son sang.
Néanmoins le félin était encore suffisamment conscient pour comprendre que ses ennuis ne faisaient que commencer.
L'information était le nerf de la guerre. Savoir où se trouvait son ennemi, en règle générale, était un pas important vers la victoire, et Cid le savait. Son plan était de se fondre dans l'obscurité pour laisser son organisme lutter pour guérir. Mais dans le contexte de sa situation, deux éléments rendaient cette option non viable.
Premièrement: la présence de Dalanda. Cette fois il ne pouvait l'utiliser comme leurre sans risques conséquent. Ce n'était juste pas possible. Rien que le gaz et le gauss rendait l'option non envisageable.
Deuxièmement: Alors qu'il avait humé l'air avant de se prendre une claque empoisonnée, il perçu un quelque chose de familier. L'information olfactive mit du temps à lui remonter au cerveau. A combler le vide et traverser le barrage de douleur en direction de la cohérence. Mais lorsqu'il percuta à qui appartenait cette odeur, le problème devint personnel.
Au diable la prudence, il donna à l'ennemi les informations les plus importantes: sa position, son état émotionnel, son état général de santé.
- BENDER !!!!!!!!! - rugit Cid, mais en terme de réponse il n’y avait que le silence, le sergent n'était pas fou pour se dévoiler à Marshall. Il avait d'autres plans qui impliquaient son équipe alors, si il pouvait même rester cacher tout le long du conflit, ce serait l'idéal.
- Jonathan, c'est votre tour - entendit il l'ordre de moineau. Il pressa sur un bouton qui a première vue ne fit rien du tout, pourtant il y eut un cri de douleur qui fit trembler les ruines.
- ARGH !! - hurla Cid alors que des ultrasons lui vrillaient douloureusement les tympans, provenant de toutes les directions.
- Cid ? qu'est ce que t'as a crié comme ça ? - demanda Dalanda qui se réveilla d'un bond.
- ON FICHE LE CAMPS D'ICI !! – rugit le félin dans la radio aussi fort qu’il le pouvait malgré sa gorge fortement irritée. Lui même commença à tituber en direction de leur "hotel" en prenant le soin d'être caché derrière un maximum d'objets pour pourrir les possibilités du sniper. Changer facilement de position avec ce fusil était exclu alors il y avait de fortes chances qu'il n'avait pas bougé de sa position.
- Quoi ? – demanda la jeune femme paniquée. C'était la première fois qu'elle entendait Cid si agité, alors elle projeta immédiatement ses mains invisibles pour palper le spectre émotionnel environnant.
- Rassemble tes affaires, on fiche le ….
A peine eut il le temps de finir qu’il discerna quelque chose dans son dos. Cid ferma ses poings, serra les dents, banda tous les muscles de son corps pour pouvoir bouger. Mais là, il eut un choc. La projection de ce qu'il pensait pouvoir faire, n'était pas du tout à la hauteur de ce que son corps put effectivement réaliser. Le félin cru pouvoir éviter ce quelque chose dans son dos, alors qu'en réalité il eut juste le temps de se retourner pour sentir un objet se planter douloureusement dans le bas de son abdomen. La lame avait traversé la carapace métallique, la barrière musculaire avant d'être stoppée à quelques millimètres à l'intérieur de l'intestin grêle.
Cid, les crocs serrés pour ne pas lâcher ne serait ce qu'un couic de douleur, avait saisit le bras invisible de son agresseur et de l'autre tenait fermement la lame. Un mécanisme de défense possible grâce à l'allonge phénoménale de son bras. Soit 106 cm de longueur à partir de l'épaule.
Ce n’était pas une machette, mais plus large, bien plus large et plus long. La lame devait faire 100 cm et des poussières de long pour 10 cm de large, et était recouverte de dents comme une scie. Le félin comprit alors que la situation était très dangereuse, cette armé atypique était une épée-tronçonneuse et si jamais elle était enclenchée... Il valait mieux qu'elle ne le soit pas.
Les deux forces de la nature luttèrent, immobiles, l’un essayait de tourner la lame dans l’abdomen tout en la plantant plus profondément. L’autre essayait de l’en empêcher pour ne pas aggraver sa blessure malgré le bombardement des ultrasons. SI seulement Cid avait été dans la ligne de mire du Gauss, il serait déjà mort. Mais caché derrière un immeuble rendait la visée plus compliquée pour le sniper même aidé de son drone.
La pression physique, le choc de puissance, était si immense que le métal des armures était complètement broyé, il n’y avait que la peau et les os renforcés pour résister. Les roches sur lesquelles ils se tenaient craquaient sous leur centre de gravité qui s’affaissait dans leur affrontement sans merci.
Ce spectacle n'était pas courant à observer dans le monde des hommes...Mais pas aussi rare que ce qui se passa ensuite.
- Hi hi hiss bien le bonjour - dit Cid d’une voix sifflante, en s’adressant à son agresseur. Elle était bien à l’opposé de la ronronnante qu’il avait d’habitude. elle était également plus aiguë que d’ordinaire - A qui dois-je un tel honneur ? - demanda il amusé et surexcité comme le serait un enfant, plantant ses griffes une par une dans le bras du guerrier.
Le black owl essaya de se défaire de la prise du z'hum. Il sentait les griffes pénétrer lentement sa chair, il sentait les pointes approcher ses os et jouer avec ses veines radiales, cependant aucun de ses efforts ne portait de fruits.
- Hi hi hiss on est timide ? - demanda le félin en narguant son adversaire.
- ...Godefroi est mon nom ! - répondit le black owl en poussant sa force dans ses derniers retranchements.
- Ohhh hi hi hiss ! Godefroi ? Est ce que j'ai déjà dévoré un Godefroi ? - s'interrogea le monstre - Laisse moi te sentir de plus prêt tu veux ? Quelque chose bouche mes narines - annonça t il ensuite en se plantant d’avantage sur la lame qui lui pénétra l'abdomen, se rapprochant du spectre.
- Tu as perdu l'esprit on dirait. Dommage pour toi ! - répondit le guerrier triomphalement. Le suicide était un gâchis et un déshonneur... Cependant pour une raison qu'il n'arrivait pas à comprendre, non seulement le z'hum tenait encore debout mais de plus, il se retrouva à étouffer une envie soudaine de prendre ses jambes à son cou. Il y avait quelque chose de pas normal dans cette situation: tous les poils de son corps se hérissaient en protestation, ses bras et ses jambes faiblissaient comme si son corps perdait la volonté de se battre - "Inconcevable !!" - pensa Godefroi en rejetant cette possibilité. Il était un guerrier et non un lâche. Comment pouvait il penser même fuir devant cette créature mourante...
- Hi hi hiss si seulement tu pouvais voir l'étoile noire de mon âme Godefroi. Mais tu peux peut être, regarde ! - répondit l'animal et en cet instant le casque se rangea à l'arrière du coup dévoilant la tête du tigre recouverte de sans séché. Mais en était ce vraiment un de tigre ?
- "Il est complètement fou ! Le gaz le terrassera" - pensa Godefroi en voyant le félin ouvrir sa gueule - "Le gaz devrait faire effet maintenant" - pensa-t-il ensuite alors que les os de la mâchoire commençait à se déformer pour permettre à la gueule de s'ouvrir encore plus grand - "Le gaz... le gaz..." - balbutia mentalement le spectre alors qu'il commençait à se sentir flancher. Ses pieds ne pouvaient plus le supporter. Son cœur battant d'habitude à un rythme de métronome commença à accélérer sans contrôle, donnant l'impression qu'il allait exploser dans sa poitrine. Sa respiration commença à devenir erratique. Son visage sous le casque commença à se déformer de manière immonde à mesure qu'un cri naissait au plus profond de lui. Un cri de véritable terreur venant de l'âme elle même... - AHHHHHH !!!
- Hi hi hiss ! tu as fermé les yeux j'imagine ? - demanda le z'hum - Je sais que tu as fermé les yeux. Même moi je ferme les yeux, c'est normal.
- Qu'est ce que tu es ??? - hurla Godefroi
- Hmm drôle de question. Qu'est ce que je suis ? Probablement votre pomme empoisonnée hi hi hiss.
- Monstre !! Tu mourras ici de mes mains !!! Je te terrasserai ici même, j'en fait le serment de mon nom !! - hurla le spectre non contre son adversaire mais pour se redonner des forces. Pour chasser cette terreur qui le faisait trembler comme une feuille à travers cette promesse, ce code qu'il ne saurait briser. Même si son corps avait abandonné, son esprit de guerrier désira la victoire plus que jamais.
- Hi hi hiss ce n'est pas impossible. Pourtant, avant que je ne retourne dans l'obscurité j'aurai ta tête, G O D E F R O I - promit le monstre sur un ton des plus sinistre qui fit trembler les quelques fondations de courage que le spectre avait rebâti. Pendant un instant son cerveau bugga, prit entre deux pulsions qu'il ne pouvait privilégier: fuir ou se battre - A bientôt !!
Cid émergea à cet instant, l’esprit encore embrumé,
- “Qu’est ce que ?” - il voyait flou mais sentait quelque chose de ferme dans sa main ainsi qu'une atroce douleur dans l'estomac.
Il comprit tout de suite qu’il tenait un spectre, comment ? Pourquoi ? C’était accessoire. Là il avait mal et la douleur le rendait violent. Marshall donna un coup de poing qui fut aussi douloureux pour lui que pour son adversaire invisible, l’effort l’avait poussé à cracher une bonne dose de sang. Sa tête sifflait comme une cocotte-minute, sa vue était embrumée au point ou il pouvait se dire aveugle, son diaphragme avait des convulsions toutes les quinze secondes... Son état était horrible.
Godefroi réussi à mitiger l’impact mais se retrouva quand même propulsé dans le mur voisin, à une vingtaine de mètres de là, l’épée à la main. Le spectre se dégagea des débris et engagea le combat, sa lame était rapide et ses muscles étaient forts. En général, une personne massive était considérée comme lente, mais le spectre n'était pas un culturiste mais un guerrier. Ses muscles n'ont pas été gonflés au delà du nécessaire, mais ont été forgés pour répondre de manière optimale à ses désirs. Le corps de Godefroi n'était pas le fruit d'une envie esthétique mais d'un besoin fonctionnel, ce qui se ressentait dans la qualité de ses fibres musculaires.
A cause de ce corps façonné après plus d'une centaine de milliers d'heures de transpiration et d'effusion de sang. La lame de “Godefroi” n’était pas alourdie par ses muscles, elle n’était pas ralentie par sa masse, mais bien au contraire. Il savait comment les durcir, ou les rendre élastiques, il savait appliquer des vecteurs de forces pour que la lame gagne, un millième, un centième, une demie seconde de plus sur sa trajectoire et Cid, dans son état, ne pouvait que subir en esquivant au poil près ou déviant l'assaut au sacrifice de quelques millimètres de protection métallique.
Dalanda essaya de rester concentrée malgré le stress qui la rendait malade. Elle savait qu’il fallait mettre les voiles mais il était hors de question qu'elle s'enfuie toute seule en laissant son ami derrière.
- Cid ? – appela t elle à nouveau
- Fiche le camp d’ici ! Maintenant ! – hurla-t-il, avec grande peine. Il s’en suivit un bruit de luttes, de chocs métalliques, de roches et des murs fracturés et de coups de feu.
- Cid !! - paniqua la jeune femme.
A peine eut elle l’occasion de pointer le bout de son nez, que Sparkgun la pris pour cible. Il y eut un vvvvVVVVV inaudible ainsi qu'une balle libérée en direction de son abri.
Eiling se retrouva projeter violemment au sol, le souffle coupé entre deux mots L'air fut expulsé si violemment des poumons qu'elle eut l'impression que son larynx allait lui sortir par la bouche.
La balle tirée par le Gauss de “Spark gun” avait frôlée son épaulette la faisant éclater en mille morceaux. L'angle du tir jumelée à la violence du choc ainsi qu'au poids de son armure lui avait fait traverser le plancher fossilisé.
- "Qu'est ce que... ? Un tir raté ?" - se demanda Dalanda en se touchant l'épaule douloureuse. Son armure lui montra aussitôt une image déprimante des parties endommagées: clavicule, apophyse, tendons de la coiffe, tête de l'humérus, sans parler des muscles. La situation n'était pas non plus réjouissante au niveau des jambes qui avaient absorbé la chute ainsi que le dos.
Mais malgré ces quelques problèmes de santé, la jeune femme décida de se bouger. L'immobilité était une mauvaise idée et son armure lui injectait déjà un cocktail d'antidouleur avant de commencer le processus de soins mineurs.
Démunie de toute information sur le type d'arme ou la position du tireur, Dalanda ne savait pas quoi faire. La seule option qui lui venait en tête était de se mettre à couvert, alors elle plongea pour se coller au mur le plus proche, allongé sur le sol.
- "Réfléchit, ma grande ! réfléchit !" pensa-t-elle ensuite en se remémorant tout ce qu'elle pouvait sur les snipers. Déjà, le tireur était hors de la zone de détection de son armure, rien de plus normal. Ensuite, selon les diagrammes fournis par son armure, plusieurs positions possibles apparurent dans sa visière. Il fallait désormais les écrémer pour trouver la bonne, cependant...
- “Merde !” - fulmina intérieurement la jeune femme. Un autre problème de taille venait d'apparaître propulsant le sniper à la deuxième position sur sa liste de priorités. Elle n’était plus seule dans la pièce...
Il n’était pas question d’instincts super développés comme ceux Cid, mais simplement d’une prouesse technologique. Sa créativité était la seule chose sur laquelle elle pouvait compter en toute situation, et heureusement le séjour dans cette ville fantôme lui avait laissé suffisamment de temps pour ajouter quelques légères améliorations. Après l'embuscade des black owls dans la gare et l'anxiété qu'elle avait ressentie alors, Dalanda avait planifié d'installer quelques légères modifications. Malheureusement elle n'avait ni le matériel, ni les équipements nécessaires pour procéder à des innovations d’envergures, c'était une tâche qui devait attendre le retour à Louisville.
Les capteurs de proximité recalibrés repérèrent une anomalie. Cela pouvait être un bug du à un problème matériel ou logiciel, cependant pour Eiling, cette anomalie était le signe d'une présence ennemie: un spectre. Pour se sortir de cette situation délicate, elle n'avait qu'un seul outil à sa disposition: la vitesse.
Sans attendre une seconde de plus, la jeune femme dégaina ses deux pistolets au calibre monstrueux tout en tirant et sautant sur le côté (jump&gun), puis se planqua derrière un canapé fossilisé ou gelé ou peut être les deux. Il n'y eut aucune réponse...
Avait elle abattu l'intrus du premier coup ? Ou s'était elle trompée, victime de la paranoïa ? Ses radars percevaient toujours l'anomalie mais rien de plus. Il n'y avait donc qu'un seul moyen pour estimer de la situation: le repérage visuel. Transpirant à grosses gouttes, Eiling décida de lever la tête pour voir de quoi il retournait…
Tchak tchak ! Deux tirs étouffés éclatèrent le canapé à quelques millimètres de son front, ce qui obligea Eiling à plonger à l'abris. Elle avait la réponse à sa question, ce n'était pas de la paranoïa, quelqu'un était bien là avec elle.
Son cœur battait la chamade. Les tâches de chaleur visibles en infrarouges chez les black owls qu'elle avait affronté auparavant, n'était plus présentes. Il était fort à parier que le problème de fuite avait été réglé. Elle était donc dans le noir avec comme seul guide, une direction approximative fournie par les scanners.
Cependant, malgré la situation hyper stressante dans laquelle son cerveau carburait à 300 à l'heure pour trouver une solution concrète pour la sortir de ce merdier. Une interrogation remonta le courant de ses pensées pour lui murmurer: pourquoi le petit calibre ? L'impact des balles indiquait l'usage d'un petit calibre, une arme de poing. Ce qui était des plus étranges car c'étaient des armes anti civils. Ils pouvaient faire mal voir assumer si tirés dans la tête mais sans plus... Du moins là était toute la question.
Néanmoins cette incertitude rendait l'observation inutile. L'information était inutilisable et ne faisait que la distraire en lui faisant perdre du temps. Et malheureusement, elle ne disposait que de quelques grains de cette ressource. Là, il fallait qu'elle se bouge, et vite !
Rester passive dans sa situation était stupide, la jeune femme devait être pro-active. Qu'elle mette la pression sur son adversaire lui faisant comprendre qu'elle pouvait mordre, qu'elle était dangereuse, qu'il y avait un risque. C'était sa seule chance de s'en sortir. Il fallait qu'elle pousse l'autre à la faute avant de se retrouver saucissonnée psychologiquement ainsi que physiquement par manque d'options.
Alors sans attendre et sans regarder, guidée par son armure ainsi que son entraînement, elle plaça ses pistolets au dessus du canapé et ouvrit le feu.
Bzzt Bzzt ! Ses balles percutèrent quelque chose, au bruit elle reconnu un champ de rétention magnétique. Son adversaire devait utiliser un bouclier générant un champs de force électromagnétique. Les balles s'immobilisèrent en percutant le voile d'énergie électrique. Traverser une défense pareille allait être une tâche ardue et vorace en terme de munitions.
Rapidement Dalanda replongea derrière son canapé pour faire un rapide inventaire de ses possibilités. Elle avait 5 chargeurs en tout qu’elle gardait sur elle, un à balles suiveuses 44 LL, un à balles explosives “ratatouilles”, un à balles iem 0,357 “Clerk”, deux à balles normales, une grenade. Les balles traqueuses étaient inutiles vu qu'il lui était impossible de verrouiller une cible. Les balles explosives allaient juste être gâchées car efficaces une fois l'armure ou la chair pénétrées. Il ne restait à la jeune femme qu'une manœuvre, cependant la nature expérimentale de cette dernière n'était pas un soulagement pour ses pauvres nerfs.
Depuis le dernier affrontement, Dalanda n’avait pas fait qu’installer un détecteur de proximité à défaut de moyens, mais elle avait également bricolé un petit quelque chose qui allait peut être renverser la donne.
Elle détacha la grenade de sa ceinture et la lança dans la direction approximative de l’ennemi, l’explosion était programmée pour une seconde après activation. Le but n’était de tout faire péter, le geste aurait été suicidaire. La structure était assez fragile et pesait des tonnes alors la faire s'effondrer relevait de la folie.
Non, le but de l'explosion était de propager une poussière de nanopate faiblement magnétisée, au vu des moyens, qui se collait au métal comme une peinture aimantée. Détraquant non seulement les caméras caméléon du système de camouflage, mais de plus le bouclier électromagnétique qui montrait des baisses de tension.
Devant Dalanda se tenait une cyborg en armure noire, avec une étrange excroissance arrondie sur le bras droit projetant des étincelles électriques: son bouclier. L'armure de la black owl était plus légère que les modèles qu’elle avait vu jusque-là, probablement conçue pour l'infiltration et non l'action et encore moins la survie.
- Pas mal – dit le spectre sur un ton moqueur.
- “Une humaine ?” - se demanda la jeune femme étonnée, car ses mains invisibles la traversaient comme un véritable fantôme.
Devant Dalanda se tenait, non une cyborg, mais une guerrière du nom de "Castillyone".
Jusque là, Eiling n'avait encore rencontré personne capable de rester aussi froid en terme d'émotions, à part des cyborgs. Était ce une forme de technologie ou un talent inné ? Les deux variantes étaient possibles, après tout, toute chose avait son opposé dans la nature. Cependant la réponse à ce mystère n'avait qu'une seule source, qui ne comptait pas la dévoiler.
Castillyone faisait partie d'une élite parmi l'élite, un groupe appelé: spécialistes. Tous les membres opérant dans les commandos des black owls étaient, majoritairement, des élites. Des agents qui ont déjà fait leurs preuves, des vétérans au lourd passif militaire qui n’avaient pas peur de se salir les mains pour une cause ou pour le prix adéquat. Mais si les élites formaient le milieu de la structure, le haut était constitué de spécialistes. Des individus au talent indéniable surclassant toute logique humaine, des anomalies biologiques, ou des évolués précoces. Les noms étaient plusieurs, leur raison d'être était unique: l'appel du combat.
Le plus célèbre d'entre eux, d'ailleurs, également le précurseur de cette catégorie récente était: Ivan “kracnei smerch” Dragnoff (la tornade rouge). Vétéran “space vanguard” (parachutiste planétaire catapulté depuis les vaisseaux sur la surface de planètes), ex général suprême de la coalition humaine, soldat le plus décoré de l’histoire, sauveur de l’humanité, et accessoirement top 40 des fortunes de la CEDEP (communauté Economique des Etats Parlementaires). L’une des légendes voulait qu’Ivan dragnoff avait affronté un mecha militaire (robots de combats pilotés mesurant dix mètres pour le plus petit modèle: Karat 8K). Certains disent que la raison du duel était un manque de respect. Un pilote se foutait de sa division de commandos, un affront qui ne pouvait être pardonné. D’autres prétendent qu’Ivan sortait avec la copine du pilote... les rumeurs ne finissaient pas. Néanmoins tout le monde s’accorde sur une chose, le pilote a fini dans le coma en ayant avalé toute sa dentition, et son robot de guerre géant a fini à la décharge en pièces détachées…
Dalanda changea vite fait ses chargeurs, tira des balles en visant légèrement sur les côtés. Les projectiles courbèrent leur trajectoire droit dans la tête mais leur vol fut interrompu par un bouclier électrique sorti de l’étrange excroissance sur le bras du spectre.
- “La putain de loi de l’emmerdement maximum…” - se dit-elle en se rappelant comment Cid décrivait sa loi de murphy – “alors qu’est-ce que tu vas faire ma grande ?...” - se demanda t elle.
Castillyone interrompit les pensées d'Eiling en passant à l’offensive, cachée derrière son bouclier elle ouvrit le feu en retour tout en s’approchant lentement, le but étant de clouer sa cible sur place jusqu’à ce qu’elle approche au contact: une tactique de suppression. Apparemment, la spécialiste désirait capturer son adversaire, ce qui amena Dalanda à comprendre que les black owls savaient exactement à qui ils avaient affaire. La capturer vivante était un moyen d'éviter une guerre inter-entreprise, cependant cette information la stressa d'avantage. Il valait mieux mourir que de devenir prisonnière, surtout contre ces black owls. Les méthodes permettant de soumettre la volonté d'autrui étaient aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel. Les enjeux venaient de monter de manière exponentielle, ce n'était plus une question de vie ou de mort. Les horreurs qu'ils pouvaient accomplir si jamais ils mettaient la main sur Dynamic Dreams la terrifia au plus haut point.
Malgré le fait que les tirs de Castillyone n’avait pas pour but de toucher la cible, ils étaient d’une précision terrifiante, chirurgicale. Chaque tir touchait le même rebord encore et encore, la seule exception était pour suivre Dalanda dans ses déplacements alors que cette dernière se repositionnait derrière le canapé gelé. Puis encore, les balles touchaient le même endroit creusant une voie.
Eiling changea ses munitions, elle tira presqu’à l’aveugle une balle iem qui se heurta au bouclier, la résultante fut un petit festival d'étincelles qui ne dura que quelques instants. Une opportunité que la jeune femme retarda à saisir, surprise par l'impact visuel inattendu. Castillyone quant à elle opéra immédiatement à quelques ajustements, dès l'apparition des premières étincelles, dans un intervalle de temps surhumain de 170 millisecondes. Elle comprit presque immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond. Le bouclier clignota pendant un très cours instant avant de se solidifier à nouveau.
- “Merde !” - pensa Dalanda en replongeant derrière le canapé. Son cerveau carburait à toute vitesse pour trouver une solution à cette situation désespérée. L'idée qui revenait en boucle était d'immobiliser son adversaire, cependant se ruer sur son adversaire n'était pas une option envisageable. Même si le calibre de son arme était faible, le problème se trouvait dans les balles qui pouvaient avoir un fonction inattendue. La jeune femme ne pouvait pas non plus négliger le fait que cette "faiblesse" apparente n'en soit pas vraiment une. En se disant qu'elle pouvait se jeter sur le spectre, encaissant quelques tirs au passage, pouvait justement être ce que voulait la spectre. Un leurre pour l'amener dans sa zone de confort. Sans parler du bouclier... Autant de données qui pouvaient rapidement faire pencher la balance du mauvais côté, cependant elle n'avait que quelques instants pour faire quelque chose. Agir ou mourir, même si le plan était loin d'être parfait...
Eiling rechangea ses chargeurs pour des balles normales, puis les vida en tirant au dessus de la black owl ce qui fini par décrocher une partie du plafond déjà en sale état. La spécialiste leva simplement le bouclier sans quitter Dalanda des yeux et sans baisser son arme, elle était prête à tirer à la moindre opportunité, ne serait ce qu’un bout de nez.
Là, Eiling se dit que peut être, elle aurait pu faire la même chose avec seulement une arme et profiter du bouclier levé pour terrasser Castillyone mais c'était en émettant le postula que cette dernière réagisse de la même manière. Encore une opportunité ratée, du moins en apparence, mais ce n’était pas grave.
Dalanda se coucha dos au sol, puis frappa le canapé de toutes ses forces. Les fibres avaient depuis longtemps fusionnés avec le sol et la glace, l'objet n'était plus qu'une protubérance rocheuse. Il se brisa en petit morceaux, catapultés dans la direction de la black owl.
La vitesse, le poids, la force d'impact des projectiles poussa Castillyone a se préparer pour le choc en adoptant une défense complète. Elle essaya de se cacher au maximum derrière le bouclier tout en s'affaissant légèrement pour réduire son centre de gravité. Perdre l'équilibre était dangereux, même un renard pouvait terrasser une lionne immobile.
Le voile électromagnétique était spécialement conçu pour être efficace contre les objets métalliques, plus encore si ils étaient chargés électriquement ce qui était le cas des armes modernes en raison de la technologie de propulsion spark. Un bijou de technologie, prototype contre l'avènement des armes Gauss. Cependant les objets propulsés n'avaient rien de métallique, alors pourquoi Castillyone opta pour ce geste insensé ? La réponse vint lorsque les pierres percutèrent le voile électrique et s'immobilisèrent, stoppé non par un champs de force électromagnétique mais cinétique...
Ce détail aurait fait tiquer Dalanda normalement, cependant elle avait déjà rater deux opportunités d'agir, il était hors de question de rater celle là. C'était sa dernière chance. Alors que la spectre avait encore son bouclier levé, Eiling se jeta sur elle aussi violemment que possible, la plaquant habilement au sol. Une fois à terre, son adversaire enfourché, elle commença à pilonner le bouclier comme une hystérique à l’aide des crosses de ses pistolets, fracturant le sol en dessous et tombant au rez de chaussé.
Castillyone commença à rire en parant les attaques, enfin l’adrénaline était pompée dans ses veines. Enfin quelque chose d’intéressant se passait. Elle voulait être dehors face au z'hum et non ici à crever d'ennui, mais là, là, il y avait moyen de s'amuser un peu.
Le spectre riposta par une contre prise rapide et fluide, si fluide que Dalanda ne comprit pas comment les rôles s'étaient inversés si vite et pourquoi elle se retrouvait à terre. Le problème était dans sons assise sur Castillyone, un peu trop reculée. Cette erreur permis à son adversaire de places les coudes sous ses cuisses. Ensuite la spécialiste leva son bassin tout en poussant des coudes, déstabilisant complètement la position montée de la jeune femme qui bascula en avant. Ensuite Castillyone amena ses jambes sur les côtés pour les envelopper autour des épaules de Dalanda. Puis, à nouveau, en pressant du bassin et des jambes renversa la situation en se retrouvant assise sur le cou de la jeune femme.
Cependant la victoire n'était pas encore décidée. La position dans laquelle elle se trouvait n'était pas forcément avantageuse. Pour tuer, oui, pour capturer ce n'était pas forcément utile. Dalanda avait ses bras et ses jambes libres ce qui était un problème car cette dernière pouvait simplement lui tirer dans le dos. Alors Castillyone se repositionna sur la poitrine suffisamment haut pour mitiger l'impact des jambes. Malheureusement elle ne put fixer les bras de sa victime sous les tibias exo-squelettiques pour l'immobiliser complètement.
Il s’en suivi alors un gun ballet, un duel aux armes à feu à très courte portée. Autant que possible, les combattants essayaient de frapper avec le bout de leurs canons. Non pour blesser, mais surtout pour déstabiliser légèrement l'autre, dans le but d’avoir une fenêtre de tir à bout portant. Hélas, leur différence d’expertise faisait pencher la balance dangereusement du côté de Castillyone qui n'arrêtait pas de rire tantôt pour se moquer, tantôt heureuse de se dégourdir les membres...
Eiling se sentait perdre à chaque échange, son adversaire l'obligeait à adopter des mouvements qui limitaient de plus en plus sa mobilité. Bientôt, elle allait avoir les mains figées sur sa poitrine, devenant complètement immobile et impuissante. L'approche au corps à corps n'était pas la bonne, mais la distance était également impossible à cause du bouclier. Il fallait qu’elle trouve un moyen de se dégager et créer un maximum de distance, il fallait qu'elle prenne la fuite.
Dalanda essaya de donner des coups de genoux pour faire perdre l’équilibre à Castillyone mais la black owl arrivait à suivre le gun ballet tout en bloquant ses coups de genoux avec ses coudes, puis !
- Bang !!
La balle du petit calibre traversa les parois métalliques séparant le canon de la chair. Le projectile perforant vrilla comme une toupie, creusant l'os de l'épaule de Dalanda qui poussa un cri de rage et de douleur. L’armure commença immédiatement le traitement de la blessure à l’épaule au mieux de sa capacité, néanmoins la tâche allait prendre du temps, temps qui n'était plus en réserve.
La jeune femme utilisa cette douleur comme carburant pour sa rage, elle la laissa envahir chaque fibre de son être. Dans un acte surpassant ses capacités physiques, ces limiteurs ancrés dans la biologie humaine empêchant que l'organisme ne se blesse sous l'effet de sa propre force.
Eiling frappa la black owl de toute cette nouvelle puissance à la tempe avec la crosse de son pistolet la projetant dans un mur avec l'espoir d'un cou brisé. Les muscles et les articulations avaient subit une sérieuse tension mais heureusement il n'y avait pas de déchirures sévères. Les deux adversaires se relevèrent et se regardèrent, se jaugeant à nouveau. Il y avait clairement des nouvelles informations à prendre en compte.
- Sacré drogue, il faut faire attention avec les stéroïdes – répondit Castillyone d'une voix amusée, puis elle craqua son cou à trois reprises.
- “Tssk ! Grande gueule” - pensa Dalanda déçue et frustrée. Elle n’était pas d’humeur à répondre, toute son attention était absorbée par la recherche d’une solution à ce foutoir. Comment fuir sans se faire rattraper.
Avec une célérité et une dextérité surhumaine Castillyone fondit sur elle en ne lui laissant absolument aucun moment de répit. La spécialiste lui tournait autour apparaissant dans les angles les moins évidents avec un timing qui rendait toute résistance inutile. Même en s’énergisant à la colère son adversaire la surpassait sur presque tous les plans: vitesse, technique, expérience, souplesse. La force à elle seule ne servait à rien dans cette situation.
Dalanda eut la soudaine impression d’être devenue un punching bag et c’était une sensation particulièrement désagréable quand on ne pouvait pas rendre la pareille. Il ne fallut pas longtemps pour qu’elle se retrouve à terre et désarmée, à la limite de la perte de conscience, les côtes explosées, le visage tuméfié, la mâchoire cassée et un trou dans le biceps.
- “Fait chier ! Fait chier !!!...” - fulminait elle intérieurement au bord des larmes: la douleur de la faiblesse... Perdre est difficile, c'est l'une des choses les plus dures du monde. Perdre en tirant les leçons de son échec est presqu'un exploit que malheureusement, Dalanda n'était pas d'humeur d'accomplir. Elle était furieuse de voir son espoir piétiné, de cette injustice, et apeurée par les conséquences. Maintenant qu'elle était capturée, elle allait rendre la tâche de Cid plus compliquée sans parler de toutes les autres ramifications. La jeune femme s'en voulait tellement, mais son adversaire était simplement plus doué...
- Ce doit être également fini avec l’autre aussi, vient voir ça va te plaire – dit la Black owl en soulevant sa prisonnière par le cou et en la poussant à l’extérieur. Eiling refusa de tomber, même si ses jambes n’avaient plus la force de la supporter, l'exosquelette, lui, pouvait encore. Cependant, à la vue de la scène à l’extérieur, elle fut prise d’effroi au point qu'elle força la machine à se mettre à genoux alors que Castillyone poussa un long sifflement.
- “Comment c’est possible ?...” - se demanda Eiling. Jamais, au grand jamais elle n'aurait pu imaginer une scène pareille.
Cid était à califourchon sur un de leurs assaillants qui avait la tête en bouillie et le corps en lambeau, déchiqueté avec une sauvagerie sans nom... "Peujo" était dans un sale état, et le félin n'était pas mieux loti: criblé de balles, des dards parcourus d’électricité lui perforaient le dos et la jambe siphonnant l’énergie de l'armure. Une épée de type claymore à la lame dentelée à l’image d’une tronçonneuse le transperçait de part en part, au niveau de l’abdomen, pour finir plantée dans le cadavre en dessous de lui.
Ils étaient six en tout à l’entourer et un septième se tenait à l’écart les bras croisés, gigantesque. Tous étaient hors de leur camouflage. En comptant le spectre abattu, et le sniper cela faisait une équipe de dix, mais elle n’avait pas vu les trois autres cadavres encastré dans le sol et dans les murs. Il y avait un tel chaos dehors que l'endroit était difficilement reconnaissable. Entre les craquelures, les griffures qui défiguraient le sol, les ruines soulevées, détruites...La bataille avait du être d'une violence extrême pourtant Eiling était tellement focalisée qu'elle ne perçut même pas les secousses provoqué par le travail de rénovation réalisé ici.
Tous les spectres avaient des séquelles visibles sur leurs armures, traces d'un contact un peu trop intime avec le félin. Des traces de griffures profondes... A l'exception de la machine gigantesque qui se tenait à l'écart du conflit, les bras croisés. Cette dernière était différente de toutes les autres. Rien que de par sa taille, énorme, mesurant plus de 6 mètres: un compromis entre un mecha et une armure de combat. Ce type particulier était appelé “Groznei” ( taille: 6 mètres, poids: 4, 6 tonnes, multiplicateur de forces pour humain: 15,7, vitesse amplifiée sans propulseur: 85 km/h, vitesse amplifiée avec propulseurs: mac 2, vitesse de vol: mac 4, Systèmes d’armements intégrés, armure blindée en feuille d’alluminium renforcé aux nanoparticules de platine) utilisé par les pilotes des « Vilican » (Les plus grands modèles de robots de combat pilotés, mesurant une cinquantaine de mètres. Les mechas furent développé pour la première dans le conflit d’epiphénia par le gouvernement de Kélélé pour se donner un avantage en terme de mobilité spatiale et d’armement, il y a 35 ans)
Cid poussa un rugissement et se releva brusquement, puisant dans ses ressources. Il essaya de frapper Godefroi réduisant sa tête en purée mais un tir bien placé l’en empêcha, la balle explosa son bras à hauteur du coude. Néanmoins le félin empoigna la tête du black owl de son autre main sans prêter attention à sa blessure, sans prêter attention au cri désespéré de Dalanda. Le sang lui montait à la tête et pour un z'hum il n'y avait qu'une échappatoire: prendre le plus d'adversaire avec lui dans la tombe.
- ARRÊTEZ ! - hurla t'elle en projetant ses mains invisibles pour se connecter aux autres au niveau émotionnel mais une frappe à la tête de Castillyone lui fit voir trouble, sapant sa concentration, la plongeant dans la semi-conscience.
Cid décocha le coup de boule le plus violent qu’il pouvait mais c’était trop mou, beaucoup trop mou. Il comptait éclater le crâne de Godefroi en particules atomiques, mais contrairement à son expectation il ne causa qu'une commotion mineure en envoyant le guerrier se planter comme une balle dans le décor.
- Fiiouuuii - siffla Castillyone une seconde fois alors que son cœur palpitait d’excitation - C’est un bon bestiaux dit donc ton ami. Encore capable de bouger après le gaz et tout ça ? Il fait honneur à sa réputation - commenta Castillyone
- “Du gaz ? Ils ont utilisés du poison ?!!” - Du gaz ? - demanda t elle alors que les cloches tintaient encore dans ses tympans.
- Gamine, nous sommes entre combattants ici. Ne lui fait pas honte en cherchant des excuses, c'est la guerre - répondit la specialiste de manière méprisante - Allez vient plus prêt, ce sera ta chance de faire tes adieux - dit elle ensuite en traînant la jeune femme au sol avant de dire étrangement - Les ordres ne s’appliquent plus, la mission est terminée – sans doute venait elle de répondre à un de ses collègue.
L’un des spectres braqua son arme dans leur direction, il tenait un de ces fusils à dard électrique d’une main et de l’autre un pistolet pointé sur Castillyone. Dalanda reconnut son pattern ou plutôt son spectre émotionnel, même si il était perturbé en cet instant.
- “Bender ?!” - se murmura-t-elle en écarquillant les yeux, bouillonnant de rage. Jamais elle n'aurai crut regretter autant avoir préserver une vie !
- Bender…Kru ru ru... - ricana péniblement Cid en vomissant du sang - j’avais cette étrange …. étrange conviction depuis le début... que tu allais commettre une belle connerie
- Encore conscient ? - demanda Bender - Ne me dit pas que tu as neuf vie - dit ce dernier en s’arrêtant devant Cid, tout en gardant une certaine distance. Le sergent était décidé à ne baisser sa garde que lorsque ce z'hum, non, cette anomalie de la nature n'exhalerait son dernier souffle. Et encore...
- Quoi ? Ça ? - le nargua Marshall, en effleurant une de ses blessures comme pour dire que ce n'était rien de grave - Approche toi…plus près et je te donnerai mon se…secret…grr !!! - Cid serra les dents pour ne pas laisser échapper la douleur dans un cri, ses jambes flanchèrent le faisant tomber au sol.
Godefroi venait de pivoter la partie inférieur du manche de son épée pendant un instant et la lame s’activa dans un bruit de tronçonneuse. La douleur était indescriptible. Après un court instant, le black owl lâcha son arme et se mit à contourner lentement le félin pour s'accroupir à quelques centimètres: défiant !
- Tu m’as promis la mort - dit il avec un ton condescendant - Où est elle ?
- Tu dois me confondre avec…avec quelqu’un d’autre, je ne parle pas aux trous du cul Kru ru... - rigola Cid en se levant péniblement. Étrange pour quelqu’un qui se proclamait une bête de vouloir accueillir la mort debout comme un Homme, fidèle à sa conviction - mais je suis prêt à te….faire une petite fleur
Sa tête bourdonnait comme une ruche, ses poumons et sa bouche étaient en feu. Ses organes pissaient le sang, surchargeant son cerveau d'une douleur atroce. Serrer ses crocs pour ne pas hurler était un tâche herculéenne car tout son corps cherchait à exprimer ce mal qui le rongeait. Il pouvait entendre les bourdonnements de voix dans sa tête, tout le monde commençait à s'agiter... Il n’y a avait rien à faire, et Marshall le savait. C’était la règle du jeu.
Pour autant, il ne comptait pas se laisser aller paisiblement dans l'oubli. Pas encore, pas tant que tous ses signes vitaux ne se seraient pas éteints, même si quelque part il mourrait d'envie de juste sombrer dans le néant. Malheureusement, Dalanda était présente, et ce détail effaçait d'office cette éventualité. Il ne pouvait pas, pas ici...
Alors certes, Cid se savait condamner mais cela ne signifiait pas qu’il n’allait pas se battre jusqu’à la fin. Au moins pour elle, il devait bien y avoir une autre solution pour elle…
le tigre luttait pour ne pas perdre connaissance, ses paupières commençaient à être aussi lourdes que des gravitons. Juste quelques mots le maintenaient à peu près dans un semblant de conscience.
- “Perdre connaissance c’est être faible… Les faibles se font de bouffer… je refuse de la laisser mourir ici…j’ai promis…” - ces quelques mots tournaient en boucle dans son esprit se réverbérant en écho dans ses pensées troublées.
- “Perdre connaissance c’est être faible… Les faibles se font de bouffer… je refuse de la laisser mourir ici…j’ai promis…”
Le black owl qui se tenait à l’écart commença à avancer vers Cid. Les pas de son armure étaient lourds, faisant ressentir toute la puissance de la machine. Les légers tremblement du sol étaient une source de souffrance pour le félin, remuant ses organes instables et ses blessures innombrables. Mais chacun de ces pas, annonciateur d'un nouveau défi, le maintenait en vie. La douleur était son moteur, elle réveillait en lui cet instinct qu'il avait oublié, ce passé dans les cages qu'il avait trop bien connu. Il était devenu trop mou avec l'assurance, trop sur de lui en oubliant que tout pouvait arriver sur un champ de bataille... Cid se leva de toute sa taille, malgré ses jambes tremblantes, l’épistaxis et autres innombrables saignements. Et il pouvait également entendre l'autre, rire à n'en plus finir dans son esprit...
La voix projetée par les hauts parleurs de la machine était mécanisée et amplifiée, cependant elle pouvait être facilement identifiée comme appartenant à une femme.
- Ton opposition est inutile – dit-elle – Il n’y a aucune gloire, ni aucun honneur dans la résistance futile, ce n’est qu’une perte de temps. C’est terminé - déclara-t-elle sans hésitation, alors même qu'elle trahissait toutes les valeurs qui la définissaient. Elle, la survivante ...
- “Hihihi, que vas-tu faire maintenant ?”
- "Pas maintenant !"
Cid saisit le dard dans sa jambe et l’arracha. Puis saisit le fil du second dard, dans son dos, et l’extirpa dans un souffle de souffrance. Ensuite, il commença à arracher aussi efficacement qu’il pouvait les pièces de son armure qui l'alourdissaient sans raison.
En principe, les armures étaient sensées soutenir aisément leur propre poids pour ne pas peser sur les utilisateurs. Mais dans ce cas si, siphonnée de son énergies, “Peujo” n’était plus qu’un tas de métal de près d’une tonne qui le tirait vers le bas. Le froid mordit le félin plus fort que jamais, pénétrant dans les blessures, dans le moignon irrégulier, dans la bouche et les narines, à l'image de milliers de couteaux perçant la chaire et la viande.
Cependant, pour son corps qui brûlait de chaleur, la température était étrangement agréable. Quant à la douleur ? Il pouvait difficilement sentir quoi que ce soit désormais...
- “Honneur ?… Gloire ?… je n’ai jamais combattu pour ces conneries !” - se dit Cid en retirant l’épée par l’arrière, pour adopter une posture défensive. Godefroi et Bender reculèrent précipitamment, par surprise, par peur mais également par respect.
- “Hihihi, menteur ! Menteur ! Hihihi !”
- “Pas maintenant !… Pas maintenant !…” - se murmurait il presque suppliant. Affronter sa folie en ce moment était la goutte de trop dans un vase rempli à ras bord.
- “Hihihihi... !!!”
- “PAS MAINTENANT !!!” - rugit intérieurement le félin si fort qu'il en perdit momentanément connaissance dans un étrange bzzt, un bruit blanc désagréable.
- Sparrow, mes ordres étaient de le ramener exploitable - dit Bender en s’adressant à la géante. Est ce qu'il y avait une forme de culpabilité qui se développait chez lui ? Ce n'était qu'une question de temps avant que le félin ne s'écroule vidé de son sang. L'agresser d'avantage n'était que de la barbarie. Où peut être était ce simplement pour respecter les ordres qui lui avaient été donnés ? Il était hors de question qu'il se prenne un blâme, et risque qu'il arrive malheur à ses compagnons.
- Ne vous inquiétez pas, votre mission a été remplie avec succès. Pour la suite je prendrai l’entière responsabilité. Maintenant écartez-vous - ordonna Sparrow en activant les pistons de ses bras qui évacuèrent, d'une forte pression, une vapeur blanche et paradoxalement glacée.
Bender émergea de la fumée la boule au ventre. Il n'avait malheureusement pas son mot à dire sur le déroulement des opérations. Il n'avait également aucune forme de levier pour faire respecter sa décision si ce n'est le respect pour l'individu qu'il a été. Un respect qui commençait à s'oublier...
- Je sécurise celle-là – dit le sergent en se dirigeant vers Dalanda à demi consciente, persuadée de vivre un cauchemar duquel elle n'arrivait pas à se réveiller. Castillyone le regarda aider la prisonnière à se relever et l’éloigner de la scène qui allait suivre, hmfant sa déception. Elle était désormais convaincue que certaines légendes n'étaient que du vent de propagande. Bien évidemment tous ne pouvaient être à la hauteur de Dreïfus, Dragnoff, Bobiléon ou Marshall. La guerrière ne pouvait s'empêcher de dérouler dans sa tête comment la bataille se serait passée si ils n'avaient pas le g0t0n7 à leur disposition: le poison anti zoohumains. Son esprit était ailleurs, dans cette réalité alternative fantasmée envahie par le son du métal, les râles de douleur presque érotiques. Elle pouvait sentir son corps réagir, se chauffer de plaisir... Elle pouvait sentir l'adrénaline, la dopamine, le cortisol, l'épinéphrine, la testostérone monter. Elle pouvait également sentir l'arrivée de l'ocytocine et la sérotonine... Ce merveilleux cocktail chimique préparé par le corps humain associé à la sensation d'avoir la vie sur le fils du rasoir, lui donnait le sourire. Oh, elle savait très bien qu'elle pourrait mourir mais en face de son addiction à son imperfection ainsi qu'aux sensations du combat, la mort n'était qu'un détail sans importance.
- J’aurai du l’écouter et le laisser vous tuer - annonça Dalanda la bouche endolorie, les lèvres tremblantes et le souffle réduit par l’intense douleur aux côtes. Elle ne pouvait que regarder impuissante. Qu’est ce qu’elle pouvait faire ? qu’est ce qu’elle pouvait dire ? Sur quoi pouvait elle marchander ? Elle avait beau réfléchir la seule chose qui lui venait était des larmes silencieux en voyant son ami mourir sous ses yeux et elle ne pouvait absolument rien faire, tétanisée, coupable, misérable….
- En effet – répondit Bender en continuant à l'éloigner. Son plan était de la garder en vie à tout prix. Mais au vu de cette inimitié qu'il pouvait très bien comprendre, Jonathan ne savait plus s'il était réalisable. Il ne s'attendait pas à ce qu'ils le reconnaisse. Ce détail allait compliquer les choses et malheureusement il ne pouvait même pas s'expliquer car sous surveillance. Le sergent jeta un coup d’œil en arrière et espéra presque que Cidolphas puisse s'enfuir, mais au vu de son état... Qu'est ce qui pouvait le maintenir en vie après tout ce qu'il venait de subir ? A quel point sa rage devait être intense pour défier ainsi la mort ? Pour Bender, il était inconcevable que le z'hum soit animé des mêmes ambitions que lui: protéger ceux qui comptaient pour lui, un aveuglement née de l'antipathie...
Sparrow s’arrêta devant Cid qui lui arrivait quelque part à la taille, prête à passer à l'action. Il était inutile de prolonger ce jeu barbare plus longtemps/
- “Hihihihi tu vas mourir !!” - s'excita la voix
- "C'est pas plus mal, mais on mourra ensemble !" - promis Cid qui trouva un certain confort dans cette idée.
- "Hihihi..."
Le félin n'avait pas peur, il vivait selon un principe simple: “celui qui tue par l’épée meurt par l’épée”, une vieille phrase d’une époque lointaine qui avait une profonde sagesse. Cette phrase était devenue une partie de son code. Il avait tué des gens, beaucoup de gens, alors ce serait les insulter d’avoir à son tour peur de les rejoindre. Il était naturel de mourir et tout ce qu’il pouvait espérer c’est d’avoir la force pour un dernier meurtre avant de se permettre de crever.
L’attaque partie vite pour un bras métallique de cette envergure. L'immense machine, accompagnée d'une propulsion assistée au niveau du coude, débuta les hostilités. De sa seule main valide Cid arrêta le poing qui lui fonçait dessus. La paume ouverte dans une position du cavalier, les jambes écartées et le bassin affaissé pour avoir un meilleur centre de gravité et éviter d’être expédié à l’autre bout de la ville. Le cri de douleur poussé dans son esprit fut tel qu'il fit trembler les fragiles fondations de sa psyché, mais à son adversaire il ne montra qu'une rangée de crocs ensanglantés mimiquant un sourire grotesque.
Marshall était focalisé sur son souffle. La respiration était difficile, le coup du Groznei avait complètement éclaté les os de sa main. Mais il lui restait encore ses crocs, il pouvait encore mordre. Malheureusement l'air lui échappait des poumons perforés par les côtés, et sans oxygène pour alimenter le système sanguin, le corps ne pouvait fonctionner correctement. Les jambes de Cid refusaient d'avancer d'un millimètre de plus
- "Bouge !!" - rugit le félin intérieurement mais il avait depuis longtemps dépasser les limites de ce que son organisme et son esprit pouvaient supporter. Il ne pouvait qu'étouffer dans son propre sang, aussi immobile qu'une statue.
- “Hihihihihihi hiss hiss Chaos !!!” - explosa sa voix de rire
- “Sang…soif”
- “Bébé…faim”
- “Dévor…Non !!” - les idées se propageaient et explosaient dans sa tête sans aucune logique, juste des millions d’images et de sons semblables à une nuée d’insectes.
- “Hihihihi CHAOS !” - hurla la voix
A cet instant trois pistons s’activèrent sur le bras géant et dans la seconde qui suivi une sensation de froid d’une douleur encore inégalée se propagea dans le corps de Marshall. Il tomba à genoux, sombrant dans l'inconscience, et la punition suivi. Sparrow le martela dans le sol à plusieurs reprises créant un cratère dans lequel il fut complètement enterré.
- C’est fini ! - déclara t elle - J’emmenai le corps, occupez-vous d’escortez le paquet à destination – dit-elle en extirpant le corps de Cid de sous les gravas
- Cid… - murmura Dalanda en larmes. Elle cherchait désespérément une solution, un miracle, quelque chose à faire. Même jeter une pierre, juste quelque chose mais son corps était comme pétrifié. Immobilisé par la peine qui lui perçait le cœur...
- Bang !
- Oups ! - fit Castillyone en rangeant son arme à feu dans son étui - Ma main a glissé
- Il n'y a pas de mal - répondit Godefroi souriant. La balle logée dans le dos du z'hum sans défense lui donna un certain plaisir qu'il ne pouvait nier, même si cela allait à l'encontre de son code, flexible.
Jamais Dalanda n'avait été aussi énervée de toute sa vie. Jamais elle n'aurai cru vouloir arracher la tête d'une personne aussi fort de toute sa vie. L'émotion l'envahit complètement effaçant complètement sa conscience. Tout était devenu noir, tout ou presque, au loin il y avait comme une minuscule silhouette... Elle n'avait aucune idée de ce qui se passait à l'extérieur, elle ne savait pas qu'elle s'était ruée sur la spécialiste, elle ne savait pas non plus qu'elle avait été mise au sol par le plat de la lame de Godefroi en pleine poitrine, elle ne savait pas qu'elle était désormais inconsciente. Elle ne savait pas que, Bender complètement paniqué, essayait de calmer les esprits tant bien que mal...
- La bataille est terminée, que tout le monde baisse son arme ! - commanda Sparrow - Castillyone ! Nous discuterons de ce geste au retour - promis-t-elle ensuite avant d'enclencher ses propulseurs.
- Hmpf - fit cette dernière en prenant le bras d'Eiling pour la traîner au sol sans prêter attention au sergent qui l'injuriait de tous les noms. A part gueuler, il n'avait aucun poids, aucune raison d'être craint, d'être écouté.
Le silence était totale, la sensation était particulière. Le froid venait de l'intérieur et se propageait partout. C'était la seule chose qu'il pouvait sentir alors que sa conscience basculait vers l'oubli
- “Haaa…Le silence, enfin…. Je peux faire un petit somme…Gamine, laisse-moi juste fermer les yeux un instant et ensuite…ensuite…ton fils…” - la conscience de Cid sombra alors qu’il entendit un sifflement grandir quelque part en lui. Mais il combattait encore, dans son esprit qui s’éteignait, il combattait encore pour ne rien laisser remonter….
Les propulseurs sous les pieds ainsi que dans le dos portèrent le géant de métal dans la direction opposée, se perdant dans l’horizon, entrant dans un tunnel invisible jusque-là. Bender suivait les autres en essayant de rester silencieux, s'indigner contre ces individus était complètement inutile. La deuxième phase s’était terminée avec succès, malgré quelques pertes. Ils avaient perdu un spécialiste et deux élites, mais ces morts ne pesaient aucunement sur sa conscience.
Quelque part il s’est surprit à espérer que Cid en tue d’avantage mais c’était bien trop demander. Selon les rapports le gaz libéré, G0T0N7 était censé être une arme anti- zoohumaine, déstabilisant la liaison génétique rendant l'hybridation possible. La quantité libérée suffisait pour affecter plusieurs mastodontes de plusieurs tonnes et pourtant…Ils avaient affronté un véritable monstre et non à cause de son apparence. Maintenant que l’adrénaline commençait à baisser, il pouvait constater que son corps tremblait de peur, il était conscient que sa survie n'avait tenue qu'à un fil. Il sera les poings pour essayer de se calmer, mais son corps indiscipliné ne l'écoutait pas, de plus cette impression étrange dans la poitrine ne fit que s'accentuer. Malgré le fait qu'il avait la pièce maîtresse de son plan, la sensation de danger ne faisait que devenir plus pesante...
Presque une semaine s’était écoulée maintenant, cinq jours et douze heures pour être plus précis et chaque seconde était comptée. Bender avait réussi son opération mais Morel ne semblait pas enclin à respecter sa part du contrat, ce qui n’était bien évidemment pas une surprise. Depuis qu'il leur avait amené la dépouille du zoohumain et la prisonnière, subitement le preferum était devenu la personne la plus occupée du monde.
Le sergent pouvait comprendre son intérêt pour Dalanda Eiling, stratégiquement c'était de prendre le roi sans passer par les pions, un miracle. L'opportunité de détenir une personne de cette envergure était inespérée pour une personne dotée d'une ambition démesurée. Morel désirait absolument la transformer en un pantin qui obéirait à ses moindres désirs. Rien que d'imaginer l'une des femmes les plus puissantes de l'univers connu dansant dans la paume de sa main devait lui égailler les nuits.
Cependant, elle s'avérait être une noix difficile à briser, ce qui était une source d'espoir. Le temps était une ressource inestimable...
Pourtant il est à noté que la réalité que se décrivait Bender et les motivations de Philippe Morel étaient quelque peu différentes. L'arrivée soudaine de cette personne sur Meliacor, en cet instant particulier, ne pouvait pas être le fruit du hasard à ses yeux. Oh, il l'avait apprit il y a de cela un bon nombre d'années que ce que les humains appelaient destin n'était qu'une illusion, une farce des plus sadiques... Non ce n'était pas une question du hasard, pas après avoir reçu la vickard, pas avec les mises sur le tapis de jeu. Était il simplement habité par une méfiance permanente où existait il un fondement à ses craintes ? Malheureusement il était impossible de le voir, même avec ces yeux...
Bender était allongé sur son lit particulièrement inconfortable, mais cette torture était encore plus supportable que de rester assis sur la chaise tortionnaire. Il attendait patiemment son escorte tout en observant sa main toujours tremblante, même après plus d'une semaine, les émotions ne s'étaient pas calmées. Avant de lancer l'opération et après son retour, pour tuer le temps, il s'était renseigné sur Cidolphas. Pour en apprendre plus sur la source de ses insomnies. L'humaniser ou plutôt le rationaliser peut être, ou juste par pulsion, il avait essayé d'en savoir le maximum: Cid avait fait une rapide carrière militaire avant de disparaître des archives, il avait fait le tour de plusieurs divisions: “Kolean space hounds: Beethos squad” (le groupe de parachutistes spatiaux Koléan), “Kolean exploring and contact agency: Magylan” (service d’exploration spatial Koléan), “Koléan mobile hunting force: Tymo squad” (unité de combat en zones sauvages), “Kolean heavy spatial combat division: Serey Harka squad” (unité de combat de méchas), avant d’être recruté par les opérations spéciales Koléanne "Lyon aegis" malgré le racisme ambiant où il fut actif trois ans. Plusieurs entreprises essayèrent désespérément de le débaucher mais il choisi d’être chef de la sécurité chez D.D.
Le z'hum avait été à la hauteur de sa réputation, c'était le moins que le sergent puisse dire. La mission avait été préparée pour réduire à zero les chances de conflit armé et pourtant. Dans le silence de sa chambre il se rappelait encore le battement assourdissant de son cœur alors qu'il essayait de survivre. Voir le sol être frappé du poing et exploser comme sous l'effet d'une ogive, puis imaginer les dégâts sur son corps avait de quoi tétaniser. Même se laisser égratigner avait été hors de question. Posséder une telle force n'avait absolument aucun sens, surtout pour finir en sac à viande...
Mais alors que ce passé fort en émotion lui collait à la peau comme une sangsue, son esprit devait avancer. Il fallait qu'il trouve un moyen de sortir Dalanda de cette situation, elle était la clé de leur fuite.
Peut être que vous vous demandez, pourquoi il n’a pas essayé de saboter leur plan de capture et faire équipe avec Cid et son boss pour libérer ses camarades. Le zoohumain était impressionnant et aurait pu faire un bon allier. En théorie, oui mais il était bien trop imprévisible. La fille était son compas moral, mais même là encore qu’est ce qui pouvait garantir qu’elle dise oui. Elle avait son objectif, la recherche de l’artefact. Ça c’est d’un.
De deux, dès l’instant où Morel aurait apprit la trahison, ou qu’il aurait perdu contact avec moineau, la mort de ses gars était garantie. Alors que là il avait la liberté, certes limitée, d’opérer depuis l’intérieur en ayant gagné un petit peu la confiance de Morel. Les seules contraintes étaient le temps et la foi. La foi que tant qu’il reste tranquille, il n’arriverait rien à Sean, à Raby, à Maki, à Jess.
Ainsi que la foi en ce petit groupe au sein de l'institution, des désespérés tout comme lui. Cependant il n'était pas évident pour des personnes désespérées de tendre la main, c'est pourquoi il devait trouver une contrepartie intéressante, et là encore Eiling était la clé...
Pour rentrer en contact avec ces personnes paranoïaques… Non, non, la paranoïa était la peur non justifiée de la réalisation d’un événement, il n’y avait rien de paranoïaque dans leur crainte. Rentrer en contact avec ces personnes extraordinairement prudentes était aussi simple que d’appâter une souris avec du fromage attaché au cou d’un chat.
Bender ne pouvait espérer établir un contact avec l’un des représentants de ce groupe, nommé “Inkunyal“, que par le parrainage de "Jiminy" ou Jim: le généraliste qui avait prit le risque de le mettre en garde. Malheureusement la corde avait déjà été attachée autour du cou.
Au cours des trois visites de suivi réalisées durant les quelques jours suivant l'opération. Visites dont le but était de monitorer l'état physique, mental et émotionnel des participants pour éviter ou mitiger les SPT. Jim n'hésitait pas à remettre sa vie en jeu pour lui fournir des informations utiles notamment sur l'existence des "Inkunyal". Pourquoi il le faisait ? Parcequ'il ne réfléchissait pas par principe de gain, mais par principe de devoir. Il voulait simplement éviter d'éprouver des regrets en sachant qu'il avait laissé son sauveur mourir sous ses yeux, sans avoir tenté quoi que ce soit. Ce regret aurait été trop lourd à porter pour sa conscience. Quelques fois, les bonnes actions reviennent en boomerang, et pour le sergent c'était au moment où il en avait le plus besoin.
Des quelques lignes d'informations, Bender put comprendre un petit peu l'origine de cette organisation mais surtout leur moyen d'interaction qui était des plus alambiqué. Le groupuscule ”dissident“ dont Jim faisait parti, avait vu le jour il y a de cela cinq ans. Jim ne voulait pas donner trop de détails, non par manque d'envie ou de confiance, mais parceque les règles étaient strictes concernant la confidentialité des informations sensibles, et que les bouts de papier ne pouvaient contenir une abondance d'information.
Le sergent put y lire: "Inkunyal y a 5 ans. Apr E.I. Collègue P.D. 0 coop..."
Le style n'était pas facile à comprendre mais permettait d'économiser un bon nombre de lignes, de plus c'était un langage familier pour un militaire. Alors ce que le sergent en compris était que le groupe s’était formé il y a de cela 5 ans, après une enquête interne clandestine réalisée par une "blouse blanche": un chercheur. Ce dernier remarqua l’absence d’un de ses collègues porté disparu, supposé être parti en vacances. Cependant l'horloge tournait et il n'y avait aucun signe de retour, fait qui avait de quoi éveiller quelques interrogations, surtout que le travail n'était pas entièrement terminé.
Les interrogations engendrèrent le doute qui à son tour engendra la volonté d'obtenir des informations concrètes. Alors l'individu essaya d'enquêter, mais il fut gentiment prévenu de laisser couler. Comme quoi il n'y avait rien de grave ou d'étrange. Quelques temps plus tard, il reçu une photo de son collègue qui ne faisait pas complètement sens pour quelqu'un qui le connaissait très bien.
Ni le contenu de la photo ne le détail qui ne faisait sens n'avait été évoqué dans les mini-lettres alors le sergent ne pouvait savoir que tout c'était joué sur un "Bikini". La boisson que tenait l'autre dans sa main, profitant de la plage ainsi que d'un couché de soleil des plus vivant. Dans ce cocktail, il y avait du citron, et ce détail rendait toute la photo irréel. Car jamais au grand jamais, cet homme ne consommerait du citron. Cet agrume avait une incompatibilité frappante avec son organisme, un détail non répertorié dans la fiche médicale car il en avait honte. Contrairement aux symptômes d'un SAO (syndrome d'allergie orale) normale qui résultait en un gonflement des tissus à l'intérieur de la bouche. Chez cet personne le citron provoquait une diarrhée sanguine, mortelle.
Confiant dans l'irréalité de la photo, le chercheur poursuivit sa mini enquête, et cette dernière l’avait conduit à déterrer quelques informations très déstabilisantes. Son ami n’était pas le seul à avoir disparu de la sorte, il avait découvert au moins 75 cas au cours des 9 ans d’activité de ce laboratoire.
Cette information failli donner la nausée à Bender car il savait déjà ce qui se cachait derrière ces disparitions. Et il savait aussi que le nombre de disparus était beaucoup plus large que les quelques 75 découverts...
- "Pourquoi utiliser une méthode si radicale, c’était de la folie, de la pure folie" - pensa t il en combattant son écœurement et cette insécurité qui prenait de plus en plus racine en son être. C'était comme si il entendait des pas approcher de plus en plus près, et ces pas étaient de sinistre présage. Qu’est ce que les black owl essayaient de faire ? Il avait beau essayé, mais il ne pouvait pas comprendre. Ou plutôt il était dans l'incapacité totale de comprendre, car il n'avait pas les outils cognitifs pour le faire. Soumaré s’était battu tout le temps pour protéger les autres. Alors il ne pouvait pas admettre qu'une vie ait si peu d'importance que des individus puissent décider de l'étouffer, sans hésitation, sans remords …
Quoiqu’il en soit cette découverte avait été partagée avec des personnes de confiance en nombre très limité, qui ont également constaté qu’il se passait quelque chose d’étrange et ils préparaient leur fuite depuis.
Jim ne pouvait fournir de moyen de communication pour les joindre, il n’en avait ni le droit, ni les compétences techniques nécessaires. Selon lui Il n’existait qu’un seul moyen de rentrer en contact avec leur leader et il fallait faire preuve d’un petit peu d’imagination ou de beaucoup selon la personne.
Bender dut lire le message à plusieurs reprises pour décrypter les règles de la rencontre à venir, et il dut relire encore plusieurs fois pour être sur qu'il avait bien compris de quoi il était question. Parceque les dites règles étaient assez spéciales...
Il fallait construire trois phrases successives dans lesquelles les lettres respectives du milieu des mots constituant les phrases devaient donner «Inkunyal », qui signifiait survie en pérunien. C’était le code d’identification, le message devait être codé selon le même principe.
Jonathan n'arrivait pas à croire que leur survie dépendait de son vocabulaire. Ça n'avait aucun sens, c'était complètement ridicule. Cependant il n'y avait rien de plus logique. L'oppression ou même la sensation d'oppression amène les individus à établir des méthodes de communication et d'expression pour s'identifier comme partageant les mêmes valeurs, le même destin. Cette nécessité humaine avait fait émerger des styles d'art, des œuvres d'art intemporelles, comme si l’oppression était l'engrais nécessaire pour que la graine du génie puisse enfin pousser. Une vision sombre d'une réalité encore plus sombre...
Malgré le sentiment d'absurdité que ressentait le sergent, il n'y avait rien de plus humain dans ce besoin de se sécuriser parmi des personnes qui se ressemblent et qui partagent les mêmes problèmes. Quant à la méthode, eh bien, elle n'était pas non plus nouvelle mais était une méthode de cryptage archaïque d'il y a plusieurs siècles, avant l'avènement des ordinateurs et des intelligences virtuelles. Avant même l'époque de l'intelligence artificielle.
Il le savait, il était militaire, il avait étudié l'histoire militaire. L'absurdité ne provenait pas vraiment de la méthode mais du doute qui l'habitait. Bender n’avait jamais été un homme de beaucoup de mots alors il angoissait à l’idée d’échouer cette gymnastique intellectuelle.
Le principe expliqué était simple : au cours d’une discussion choisir les mots de telle sorte que la lettre du milieu de chacun d’entre eux, cumulés, donne le mot de passe. Et les messages devaient suivre la même procédure. Pour les mots impairs cela était évident, et pour les mots pairs la règle s’appliquait à l’une des deux lettres du milieu ce qui demandait une légère gymnastique mentale. Par exemple: j’aime la pluie , pouvait donner IU, II, MU ou Mi. Aucun sens mais juste une démonstration. Rien de bien compliqué donc en théorie si ce n’est l’impératif que ce soit une discussion. Il ne fallait pas donc pas parler de la météo lorsque la question était sur la mode, ce qui éliminait la possibilité de phrases préparées à l’avance.
Bender n'arrivait pas à se calmer sur son lit en "béton", tantôt énervé, tantôt inquiet, tantôt dévoré par le doute, et cette main qui n'arrivait pas à se calmer l'agaçait également. Cependant pendant que sa conscience se focalisait sur la main levée au plafond il ne prêta pas attention à ses pieds qui bougeaient de gauche à droite comme un balancier. Le sergent ne s'en rendait pas encore compte, mais il était bien plus atteint qu'il ne le croyait. Il exhumait de nervosité et de stress, et dans cette condition il n'était pas à même de fournir l'effort intellectuel nécessaire, l'effort qu'il pensait pouvoir fournir...
La porte s'ouvrit brusquement et son cœur failli bondir hors de sa poitrine, de surprise et d'inquiétude. Pendant un instant il s'attendait à voir le félin lui bondir dessus mais il ne constata que la présence de son guide en armure.
- Encore allongé ? - demanda ce dernier
- Si tu peux me dire ce que je suis permis de faire d'autre, je t'écoute volontiers - répondit Bender agacé par la remarque. Non, en fait agacé par la voix, par le ton, par la couleur de son armure, par sa présence tout simplement, par la situation, bref par tout. L'irritabilité était l'ennemi du calme, elle incitait au comportement agressif qui pouvait débordé en violence qui allait à l'encontre même de sa logique ou ses principes. Mais pour cela, la sensation devait atteindre le point de cassure qui était différent selon les individus.
- Je n'ai pas à trouver de divertissements à ta place - répondit le black owl - Allez viens, c'est l'heure de ta promenade - ajouta ce dernier d'un ton condescendant qui hérissa les cheveux et les poils de Bender. Si seulement il pouvait lui rentrer dedans, il le ferait avec un grand plaisir.
- Tu dois faire la fierté de tes parents dit donc - siffla bender en se levant
- J'en sais rien, je suis parti quand ils ont vendu ma sœur. Mais les connaissant je pense qu'ils l'auraient été. Allez amène toi - ordonna le mercenaire en sortant de la pièce suivi de près par le sergent.
- Qu'est ce qui lui est arrivé ? - demanda jonathan
- Qu'est ce que ça peut te faire ? Alors où est ce que tu veux aller ? - demanda le geôlier en déviant la conversation
- A la cafétéria. je meurs de faim - annonça Bender en passant devant, sans attendre qu'on le lui demande. Le black owl suivi en silence
- Alors il lui est arrivé quoi à ta sœur ? - redemanda le sergent - Elle était une cyborg ? - insista t il ensuite en constatant le silence de son accompagnateur
- Laisse tomber ou je me verrai dans l'obligation de t'envoyer à l'infirmerie - répondit sèchement le black owl.
Jonathan voulu continuer non plus par intérêt mais juste pour créer une situation de conflit. C'est la réalisation de cette motivation sous-jacente qui l'obligea à laisser tomber. Ce n'était pas dans sa personnalité de chercher le conflit, mais plutôt de comprendre. Et il avait comprit qu'il avait sans doute fait mouche. Les cyborgs n'étaient pas particulièrement aimés parcequ'ils faisaient peur. Les gens croient encore qu'ils peuvent se réveiller la nuit et faire du mal sur un coup de tête, qu'ils étaient un danger car démuni de cette émotionnalité qui jouait un rôle non négligeable dans la définition de l'humain. Cependant rares étaient ceux qui constataient le paradoxe dans ce geste...
Les cyborgs étaient généralement "vendus" ou plutôt placés sous contrat de travail locatif sans égard pour l'endroit où ils finiraient et généralement ils finissaient dans les pires endroits du monde. "Elle est belle l'humanité" se disait souvent Jonathan dans ses périodes de chute, lorsque l'envie d'avancer n'y était plus. Lorsqu'il sentait que tout semblant de sens avait foutu le camp et que tout le monde avait perdu les pédales.
C'est dans le silence que les deux hommes arrivèrent à la cafet. Au vu de l'heure elle n'était pas encore remplie et il était facile de trouver de la place. Après s'être servi, il s'assit à une table libre d'un bout à l'autre, en se demandant comment allait se passer la rencontre prévue. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir dire. La tension était t'elle que l'envie d'avaler ne serait qu'une bouchée lui donnait la nausée. Un sentiment qu'il n'avait pas éprouvé depuis un bon paquet d'années. Cependant il se força quand même pour ne pas attirer l'attention du black owl qui se tenait à quelques pas.
Les minutes défilaient dans une lenteur irréelle. Bender, le regard flou, regardait un point fixe de la cafétéria presque las d'entendre. Son pied n'arrêtait pas de jouer du pédalier imaginaire et malgré ses tentatives de se calmer, son corps lui faisait un gros doigt d'honneur en continuant sa besogne. Il avait peur que ce comportement attire une attention indésirée qui allait remontée jusque dans les oreilles de Morel. Ce dernier allait être particulièrement difficile à berner. La table s'était à moitié remplie sans qu'il ne s'en rende compte, mais toujours aucun signe de son interlocuteur mystère. C'est au moment où l'idée de partir commençait à jouer du tambour dans son crâne qu'une commotion attira son attention.
- Va te faire foutre, si tu passais moins de temps à te branler dans les placards et que tu bossais un peu on n’aurait pas pris autant de retard sur le boulot - entendit il
- Ah ouais ? Encule tes ancêtres sur 15 générations bâtard ! Je vais te défoncer la gueule tu vas voir !!
- La seule chose que tu peux défoncer c‘est le trou que tu fais dans ta main gros blaireau !!
- Connard !! – hurla l'autre en se jetant à travers la table, projetant les assiettes et les verres sur les personnes à côté, pour lui attraper le col.
Bender observa la scène et ne put s’empêcher de sourire. Après ce qu'il venait de vivre contre Cid, ce semblant de bagarre était presque mignon.
La colère était à l'origine de bien des actions irréfléchies, nocives pour le bien être même de celui qui les accomplit ainsi que ceux qui l'entourent. Qu’est-ce que l'individu espérait en agissant de la sorte ? Ok il lui saisirait le col et ensuite ? Là était toute la question, car il fallait savoir quoi faire ensuite. Qu'est ce qu'il fallait faire si son adversaire ne se laissait pas intimider par l'agression ?
D'ailleurs, ce dernier n’était pas trop mauvais. Contrairement à son collègue, il avait quelques pas d'avance. Il se recula suffisamment et utilisa une technique de self défense dont il était familier. Il lui saisit le bras tendu à hauteur du coude et du poignet, cassa le poignet vers le bas tout en pliant le coude dans la direction opposée pour accentuer la cassure ce qui fit crier son adversaire de douleur. Ensuite il le tira vers lui à travers la table et une fois au sol lui mit un coup de pied au visage.
- Espèce de gros sac à merde, essaye de te masturber maintenant au lieu de bosser ! – dit-il en tournant autour de son adversaire comme un animal en cage. La montée de sérotonine le maintenait en état de stress, l'empêchant de se calmer complètement. Au moindre juste compris de travers, la "blouse blanche" était prête à se jeter au sol pour tabasser son adversaire. Et il tournait autour en pensant - "Donne moi une raison, donne moi juste une putain de raison de te défoncer la gueule" - le passif entre les deux individus n'aidait pas non plus à désengager le conflit. Par contre ce qui était particulier c'est que personne n'essaya de les arrêter, du moins presque personne.
- Fils de pute, tu m’as cassé le nez ! – hurla l’autre en se prenant le visage, cependant ce geste fut à l'origine d'une autre douleur – Tu m’as cassé le bras enculé ! AHH !!
Deux membres du black owl s’approchèrent de l’individu à terre et le prirent par les aisselles.
- Ecoutez, je n’ai fait que me défendre. C’est lui qui a commencé – leur dit le défendeur de manière précipité pour éviter toute ambiguïté. Il ne voulait pas être prit comme son collègue.
- C’est pas moi, c’est lui ! Regardez il m’a pété le nez ! Regardez mon bras !! - hurla l’autre en essayant de le leur montrer, mais les black owls continuèrent à le tenir sans faiblir.
- Nous allons vous conduire à l’infirmerie, ne vous inquiétez pas - répondit l’un des gardes en essayant de calmer le prisonn...le blessé.
- Je peux y allez tout seul. mais j’exige que vous l’arrêtiez pour acte de violence ! - ordonna ce dernier
- Arrête tes conneries, tu t’es jeté sur moi ! Tout le monde l'a vu ! - hurla le défendeur
- TU M’AS PÉTÉ LE NEZ !
L’autre garde posa sa paume sur le bras de celui qui hurlaient et une décharge électrique parcouru son corps, taser intégré. Inutile en combat contre d’autres armures mais incroyablement efficace contre des civils.
- “Chargés de leur protection mon cul, ils étaient leurs geôliers et leurs exécuteurs sinon pourquoi avoir un tel équipement ?” - constata Bender.
- C’est quand même excessif non ? - demanda celui qui s’était défendu
- C’est pour son bien. Dans son état, un comportement hystérique pouvait aggraver sa condition - répondit le black owl qui venait de taser
- Oui, mais… - voulu protester le chercheur, avant de changer d'avis. Son collègue ne valait peut être pas la peine d'être défendu et possiblement embarqué. Même si l'excuse de le taser était complètement stupide, il l'avait quand même cherché...
Blabla de l'auteur
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Salut à tous ! J'espère que vous allez bien et que vous passez un moment sympa de lectures, malgré les fautes et euh tout le reste :) Je suis distrait de nature et surf sur quelques projets littéraires alors malheureusement je n'ai pas le temps et les capacités de tout polir comme il faut. J'apprend encore :)
Je m'exprime rarement dans les récaps, je n'y pense pas vraiment mais là je me suis dit. Hey fait leur quand même coucou espèce de malpoli. Donc voila coucou ;)
Donc quelques petites informations, nous sommes. Vous et moi :) à la moitié de Meliacor, et les événements à venir seront plus intenses encore. Meliacor est prévu sur 3 à 4 tomes, le premier devait se concentrer sur Cidolphas mais euh ça ne va pas être facile de le laisser s'exprimer dans la situation actuelle...
Donc on est parti pour une petite aventure. Voilà, si vous avez des questions, des critiques, suggestions, etc... n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!!
Mappalicious.com |
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