lundi 5 juin 2017

Meliacor, le tombeau de glace, pages 41 à 60

Meliacor, le tombeau de glace (suite)


Trois labos, cela faisait énormément de possibilités. Combien de temps pour se s'y rendre, pour tout explorer. Quels risques il y avait entre les formes de vie inconnues, la tempête, les facteurs imprévus. Et surtout...
  • Hmm ce n’est pas garanti qu’on trouvera l’Ulwazi là bas, j’en doute personnellement mais c’est je ne vois pas d'autres pistes - murmura Dalanda à Cid qui hocha des épaules en disant gestuellement “c’est toi qui voit, c’est un chemin comme un autre”. Lui non plus n’y croyait pas trop, trop simple à son gout
  • Le localisateur machin là, il donne quoi ?
  • Il est muet pour l’instant. Il faudrait qu je trouve un moyen pour l’intégrer au scanner du vaisseau si jamais… - “si jamais ce n’est pas le bon” voulu t elle dire, mais la force lui avait manqué d’admettre à haute voix cette éventualité. L’objet en question étant une technologie de nature inconnue à l’image des Ulwazi, sa compatibilité avec les équipements modernes était presque impossible à atteindre - Et vous pouvez nous servir de guide ? - demanda-t-elle ensuite au sergent
  • Je.. Quoi ? …Je ne pense pas pouvoir vous aider – répondit il honnêtement.
  • C’est clair que ton utilité me semble limitée, vieil homme – ricana Cid.
  • Une arme de plus c’est tout ce que je peux objectivement vous proposer - il s'était toujours dit qu'il était trop tard pour jouer les pères, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter maintenant qu'il avait des doutes sur sa sécurité. Bender pouvait se permettre de tout jeter par la fenêtre, il n'était pas sur Meliacor pour une carrière mais pour retrouver son trésor perdu. Alors il pouvait offrir son arme mais pas plus, les autres n'avaient pas les signés pour ça.
Dalanda cogita pendant quelques instants puis se décida
  • Ça me va - dit- elle – vous avez cinq minutes pour vous préparer.
Cid se gratta le haut de son casque, ce qui le raya au passage. Ce n’était vraiment pas ce qu’il avait anticipé sur leur confrontation mais elle avait ses propres moyens de gérer les situations, ce qui rendait les réunions un véritable calvaire. Et en même temps c’est ce qui faisait d’elle qui elle était, l’une des femmes les plus puissantes de l'univers connu, à la tête d’une entreprise multi planétaire. Pourtant ce n'était ni l'argent, ni ses capacités qui rendaient le jeune femme dangereuse.
  • J'aimerai vous poser une question - demanda Jess
  • Je vous écoute ?
  • Si cet objet est dangereux comme vous le dites, pourquoi est ce que vous le cherchez ?
La jeune femme resta immobile, cette sensation de bonne humeur, ou de naïveté qui émanait d'elle disparu pour laisser place à un sentiment étrange. Jess avait eut l'impression que la prairie verdoyante venait de se transformer en désert. Même le félin devint nerveux et agressif au constat des mouvements erratiques de sa queue. A croire qu'elle pouvait lui ordonner de les attaquer là sur le champs.
  • Disons que je suis désespérée de réaliser un miracle - répondit- elle avant de s'éloigner en compagnie de Cid qui lui lança un rapide coup d’œil. Pour vérifier qu'elle allait bien peut être ?
Ce qui rendait cette femme dangereuse était le fait que malgré toutes ses possessions, tous ses accomplissements, elle était demeurait la femme la plus désespérée de tout l’univers connu.
Il n’y avait aucune subtilité dans sa manipulation. Est ce qu’il pouvait même appelé cela de la manipulation ? La manipulation demande du calcul, de la finesse, du humf. Là elle y était allée brute de décoffrage, et les pauvres n’avaient eut absolument aucune chance. Tels des pantins articulés qui dansaient au rythme du marionnettiste, inconscients des fils qui les liaient aux mains expertes.

Cid connaissait cette ambiguïté dans leurs émotions et cette sympathie qui naissait en eux. Il avait faillit lui ôter la vie pour cette raison, il y a de cela quelques années, lorsqu'il ne pouvait concevoir un monde démuni de rouge. Mais ceci est une autre histoire...

En apparence naïve et chaleureuse, Dalanda était l’une des personnes les plus dangereuses qu’il ait rencontré. Pas comme lui, pas physiquement, mais émotionnellement. Difficile à dire ce qui était bien dire, les deux concepts pouvaient ôter toute forme de liberté soit par la peur, soit par, eh bien, l'inspiration ? La motivation ? La peur ? La colère ? L'émotion était une arme incroyable riche d'infinies possibilités pour qui sait la manipuler. Alors peut être, qu'en ce sens, la jeune femme était bien plus à craindre...

Bender demanda à son équipe de se réunir. Encore confus par les événements, la liberté dont il bénéficiait était plus un problème qu'une solution parcequ'il avait le choix. Le choix de coopérer ou de s'opposer à leurs plans, peut être même les deux... Mais chacun de ces choix était lourd de conséquences. Ce qu'il pouvait faire était de prendre les décisions nécessaires pour protéger son équipe, ses gars n'avaient pas besoin d'être impliqués à ça. Mais à ça quoi ? Pourquoi est ce qu'il était si enclin à les écouter ? Pourquoi est ce que sa poitrine brûlait autant d'impatience et d'inquiétude au point de lui faire mal. Il avait envie de saisir son cœur entre ses mains pour calmer ses battements, trop violents, trop rapide. Il devait simplement faire quelque chose pour sa fille, faire quelque chose pour la protéger. Mais de quoi ? De tout le monde ? Tout le monde ?!

Alors que son sergent était visiblement perdu dans ses pensées Sean se détacha du groupe et s’avança vers Cid. Il essaya de retourner le géant pour lui regarder droit dans la visière, cependant ses efforts furent vain car il avait l’impression d’essayer de bouger une montagne. Le z'hum se retourna pour voir le moustique qui lui tournait autour et remarqua le petit homme ridicule. La différence de taille était était considérable mais le mercenaire n'en mouilla pas son pantalon pour autant:

  • Il s’appelait Dyne Alexander, il était père de deux enfants. Une petite fille de 3 ans et un garçon de 6 ans qu’il élève avec l’aide de leur grand-mère. Sa femme est morte à la naissance de la dernière. Il voulait faire quelque chose de grand, il voulait devenir un pilote et rendre son garçon fier de lui. Dyne Alexander, rappelle-toi son nom parce que je vais le graver sur ta face un jour – dit-il avant de se retourner vers ses coéquipiers. Il avait dit ce qu’il avait à dire et s’est laissé emporter par ses émotions, mais il ne pouvait plus retenir ses mots. Dyne avait à ses yeux mérité d’être vengé, et un homme devait faire ce qu’il avait à faire, ni plus ni moins.
  • Ca va aller ? – demanda Dalanda en posant la main sur l’avant-bras de Cid.
  • Hmpf, babillage inutile – dit-il en écartant son bras, un peu trop sèchement mais il ne le remarqua que plus tard. Il voulut s’excuser mais au lieu de cela s’avança vers les tunnels qu’ils étudiaient pour leur expédition. Il savait qu’elle savait qu’il ne le pensait pas, ils n’avaient pas besoin de mots. Et il était du genre qui avait du mal à imaginer que quelques fois les mots étaient quand même importants.
  • "Hihihi j'aurai juré n'avoir senti que 5 personnes là dedans"
  • "Hmm moi aussi...Dyne hein ?"
Bender attendit que Sean réintègre leur petit groupe, il avait tout entendu bien sûr et ne s’attendait pas à cette action. Lui et Dyne n’étaient pas les plus proches à sa connaissance mais peut-être avait-il mal interprété leurs comportements ou qu’il s’était passé quelque chose entre les deux pour justifier une telle camaraderie ?

Le fait était qu’il aurait aussi voulu suivre cet exemple, ou plutôt donné cet exemple, mais il ne voulait pas prendre le risque de mettre son équipe en danger, ou il ne pouvait simplement pas ? Avait-il peur au point d’avaler son amour propre ? Où avait-il été pacifié d’une certaine manière ? Il avait éprouvé toute sa colère s'apaiser par vagues. Prisonnier de ce sentiment étrange qui l'empêchait d'atteindre ce niveau de colère qui boosterait suffisamment son adrénaline pour agir. Mais à chaque fois il avait l'impression de se cogner la tête, puis se calmer. Et ce yoyo émotionnel était particulièrement désagréable, utile pour garder son sang froid, mais là il voulait juste péter un câble.  


  • Hey champ, tes couilles sont finalement tombées – rigola Raby en passant son bras autour de son cou – dommage que tu n’es plus le temps de t’en servir pas vrai Jess ?
  • Ahan, il va te les arracher pour s’en faire un collier. Ce type c’est un psychopathe !
  • Ta gueule putain ! – réplique Sean
  • On te chari champ, j’aurai voulu lui dire pareil mais rien que m’en approcher me fou la trouille – avoua Raby
  • Ouais on aurait même du le descendre ce fils de pute ! Serg c’est quoi ce délire ? – demanda sèchement Maki
  • Je ne vois pas où est le problème – répondit Bender en se grattant la poitrine de son armure, essayant d'atteindre son cœur peut être ?
  • Moi non plus – dit Jess – La tempête peut durer des jours ou des semaines, si on reste ici on n’aura ni suffisamment de bouffe ni suffisamment de munitions pour se défendre alors voyager avec eux est la meilleure alternative pas vrai Serg ?
  • Yep ! Mais je ne peux pas écarter la possibilité qu’il y ait quelque chose de louche qui se passe sur Méliacor, peut être même au sein de notre organisations - annonça Bender sans être sur de ses propos. EN temps normal il n'en aurait pas parlé mais là les mots se sont justes échappés.

  • Wow là Serg, il ne faut pas pousser. On est les white owl - s’offusqua Raby, presque énervée. L'institution était sa famille et sa fierté et elle ne supportait pas qu'elle soit critiquée.
  • Je sais, et je me demande si je ne perds pas la raison mais j’ai la conviction qu’elle ne mentait pas. Il se peut cependant qu’elle ait exagéré la gravité des choses.
  • Je ressens la même chose - commenta Maki en posant la main sur la poitrine, comme étonné de ce qu’il ressentait.
  • Quoi qu’il en soit la sécurité des labos n’est pas à prendre à la légère et en les suivant on peut toujours tenter quelque chose…
  • Mais du coup ça n’a aucun sens, pourquoi ils prendraient le risque de nous accepter avec eux ? - interrompit Jess son sergent.
  • Ça je ne sais pas. Excès de confiance peut être, tout ce qui m’intéresse est que leur capture pourra me permettre de revoir ma fille. C’est mon plan pour l’instant, mais je ne sais ni quand, ni comment on va s’en charger.
Le sergent n'aimait pas parler de son passé. A chaque fois qu'on lui demandait il se renfrognait et finissait par boire jusqu'au coma éthylique. Mais quelques fois il parlait, affalé sur la table du bar improvisé dans leurs quartier. La plupart du temps des cauchemars à la manière dont il sursautait dans son sommeil, et quelques fois, très rarement il avait ce sourire béat en rêvant de sa petite fille.
  • Vous n’étiez pas en froid après votre dispute ? – demanda Sean qui était un peu plus au courant de la vie de son leader. Il n'avait aucune pudeur à poser des questions sensibles et quelques fois en retour il avait des réponses autres que des insultes.


  • On l'était oui, mais c'est le devoir d'un parent que de contrôler les caprices de son gosse. Raison pour laquelle je suis ici à me geler le cul.
  • Je ne savais pas que vous étiez papa. C'est un peu perturbant, et une fille en plus ? - commenta Jess qui a d'imaginer à quoi pouvait ressembler cette étrange forme de vie.
  • Eh bien ? - s'offusqua le sergent
  • Elle a quelqu'un ? - demanda le jeune homme avec un sourire
  • ... Aucune idée - répondit Bender, faisant tomber à l'eau la tentative de Jess d'égailler l'atmosphère. Ce qui lui valu un regard désapprouvant de Sean qui secouait la tête en pensant.
  • "Ah ces amateurs !"
Il devait être pénible pour un parent de tout ignorer sur la vie de son enfant, qu'est ce qui avait bien pu se passer pour créer un tel océan ? Cette question était dans l'esprit de tous les white owls.


  • Je ne comprends toujours pas ce qu’elle a à gagner – demanda à nouveau Raby. Il n'y avait qu'un problème pour distraire d'un autre problème.
  • Je ne sais pas du tout, mais il se peut…Il se peut qu’elle envisage la possibilité qu’il n’y ait aucun renfort sur place. Après tout, ce truc qu’elle cherche, elle a dit que c’était dangereux – répondit Maki.
  • Houla, je crois que tu as sauté une étape dans le raisonnement - commenta Sean qui ne voyait pas du tout le lien entre les deux.
  • On essayera d’en apprendre plus sur le chemin si possible - proposa Bender
  • Serg et si il s’y passe quelque chose et qu’ils refusent que vous voyiez votre fille ou qu’elle refuse de vous voir ? Qu’allez-vous faire ? - demanda Jess soudainement.
  • ... Je ne sais pas, j’ai beau réfléchir mais la seule chose qui me vient à l’esprit est de faire un truc particulièrement stupide - répondit le père confus et inquiet.


  • Ah je pense que le truc le plus stupide que vous ayez fait était d’accepter Sean dans l’équipe, rien ne peut battre ça – rétorqua Raby
  • Yep - acquiesça Maki
  • Yep – rigola Jess
  • Hey mais je vous emmerde moi – répondit Sean vexé. Vexé parceque les mots lui avaient été volés de la bouche à la différence qu'il voulait se servir de Jess.
  • Les suivre c’est mieux que de servir de ragoût à ces choses. Et si tout se passe bien on aura notre instant. Je doute qu'on aura plus que quelques secondes, peut être même une. Mais on l'aura, le tout c'est d'être prêt à s'en saisir - dit Maky et tout le monde acquiesçât.
  • il se pourrait qu’on ait une promotion après alors il n'y a pas intérêt à se louper – rajouta Raby
  • Si nous sommes tous d'accord, préparez-vous à bouger et ne faites rien de suspect jusqu’à ce qu’on arrive au labo – commanda Bender
  • On est certain au moins que ces tunnels mènent aux labos ? - demanda Raby
  • J’espère, sinon ce serait l’expédition la plus conne et la plus inutile du monde - répondit Bender

Il y avait trop d’inconsistance. Lui avaient ils menti sur leur plan ?
  • “Non” - Il pouvait leur reprocher la genèse de tous leurs problèmes, mais le mensonge ? Non, il en était étrangement persuadé. Le plus étrange était qu'il devait lutter pour garder à l'esprit leur situation. Malgré la réticence de son interlocutrice à les appeler des otages, c’était bel et bien la position dans laquelle ils se retrouvaient. Et celui qui était leur geôlier n’était nul autre que le gros félin. Alors il devait rejeter cette sympathie parasite naissante.
Les mercenaires avaient un plan et une direction, même si ils étaient approximatifs et dangereux. Cependant, quelques fois, le chemin s'imposait plutôt qu'il était choisi et il n'y avait d'autres choix que de l'affronter.

  • Si vous avez fini nous allons nous mettre en route – les interrompit Dalanda dans leurs noires pensées - Nous allons prendre ce tunnel – dit-elle en pointant sur un trou vers l’obscurité aucunement différent des autres – il mène à un réseau qui je pense nous amènera à proximité d’une installation.
  • Comment vous le savez ? - demanda Maki intrigué
  • Nous avons réalisé un scan de la surface après notre crash et ce chemin nous rapproche de ce qui apparaît être une construction artificielle. Les tunnels sont assez vastes mais on a sauvegarder une grande partie de la carte alors ce sera plutôt simple. Par contre vous êtes sûr qu’il n’y a que trois laboratoires ?
  • Oui, à ma connaissance il n’y en a que 3 – répondit Bender encore une fois surprit par sa franchise.
  • Je vois, c’est parfait. Mon compagnon prendra la tête du groupe et je la fermerai.

  • Non. Je suggère de fermer la marche – Bender ne voulait pas se retrouver en sandwich. Le positionnement proposé était sournois. Pris entre le Z'hum psychopathe et elle, allait généré trop de stress. Il fallait qu'ils soient sur le qui vive tout le temps. Et le fait que la jeune femme se retrouve dans leur dos signifiait qu'elle pouvait directement les surveiller anéantissant ainsi leur unique chance de révolte. Certes il y avait la possibilité de se retourner contre elle avant que le félin né réagisse, mais vu qu'ils étaient au milieu, selon ses estimations ils perdraient une ou deux personne. Alors que si il était placé derrière elle, il pouvait la prendre en otage en réduisant considérablement ce risque. Une fois entre ses mains, le félin allait être pacifié c'est pourquoi il n’y avait aucune chance qu’elle accepte…

  • Vous serez directement en danger si une de ces choses ou pire nous attaque par derrière - dit-elle simplement après quelques secondes de réflexions.
  • “Sérieux ? C’est ça sa préoccupation ?” - pensa Bender, se sentant même honteux de planifier des actions qu'il trouvait soudainement machiavéliques.
  • Je pense être mieux équipé pour faire face à ce genre de menace – répondit-il en levant son fusil. Modèle W76 Enriksen ou W7 ou encore l’Enri, un gros engin qui ne paraissait pas ridicule entre leurs mains, malgrés les armures qui leurs donnaient l’air d’armoire décorées de têtes de harfang. Le fusil était capable de tirer 25 balles calibre 6,56 mm ou 55 AF à la seconde avec suffisamment de force pour pénétrer les carapaces des créatures présentes, avec un tir concentré pour être plus précis (soutenue par la technologie Spark1, porté maximale 5550 mètres, cadence de tir: 1500/mn, longueur du canon 510 mm, longueur totale 710 mm, hauteur du canon: 30 mm, vitesse projectile max: 1125 m/s).

  • Hmm ok, c’est peut être une bonne idée. T’en pense quoi ? - demanda t elle à Cid qui attendait les bras croisé
  • Perte de temps. Ils se mettent où ils veulent, qu’ils fassent la chenille si ça leur chante. Je veux simplement qu’on se mette en route, on perd du temps - répondit il tout en pensant
  • “Je commence à crever d’ennui là”
  • “Hihihi pauvre choux”
  • Très bien, vous pouvez tous rester à l’arrière si ça vous va – leur dit Dalanda

Bender tout comme le reste ne comprenait toujours pas la raison de cette nonchalance. L’éventualité de pouvoir leur tirer dans le dos…Dès que cette idée lui vint à l’esprit il senti le regard de Cid se poser sur lui à travers la visière et il eut l’une des trouilles de sa vie. Presque à la même échelle que celles qu'il avait éprouvé dans sa jeunesse. La différence d'atmosphère était sensible même physiquement, comme si une main les forçait au sol.

Peut-être que ce n’était pas uniquement de la nonchalance mais réellement un excès de confiance jusqu’à présent justifié. Après tout ils avaient terrassé ces monstres et ils ont réussi à les désarmé alors pourquoi ne seraient ils pas confiants ? Ce que le sergent espérait était que cette confiance évolue en excès de confiance. L'opportunité allait apparaître à ce moment.
  • On devrait mettre une journée ou une journée et demie environ en marchant, ça permettra de préserver nos batteries. Cependant je préfère traîner le moins longtemps possible dans ces tunnels, alors préparez-vous à nous suivre - ordonna Dalanda à la troupe.
Avant qu’ils ne puissent pleinement comprendre ce qu’elle venait de dire, Dalanda et Cid sprintèrent dans le tunnel, alors Bender et son équipe se précipitèrent pour les suivre ce qui n’était pas la chose la plus facile à faire. Le tigre était à la tête de du groupe, suivi de son boss qu’ils avaient à peine l’opportunité d’apercevoir avant qu'elle ne plonge à nouveau derrière la roche.  Cette dernière leur donnait des indications par la gestuelle sur la direction à prendre, facilitant leur progression dans ce dangereux labyrinthe.

  • Je n’aime pas ça Serg, j’ai l’impression de courir tout droit dans un piège – lui dit Maki qui était en charge de leur navigation.
  • Ouais je sais..pant…pant…Mais on savait dans quoi on s’embarquait, gardez le doigt sur vos gâchettes et soyez prêt à tout… comme d’habitude – répondit-Bender, déjà essoufflé.
Pour les nerfs, cette course était un véritable enfer. Ils ne pouvaient pas baisser leur vigilance pendant un seul instant. Non seulement ils devaient repérer les vagues signes d’indications et Maki s'en chargeait comme un chef, mais ils devaient également être prêt à affronter soit les insectes ou soit leurs guides dans le pire scénario.

Au bout de trois heures ils étaient complètement exténués, le rythme n’était pas celui d’un marathon mais plutôt celui d’un sprint sur 100 mètres et il n’y avait aucun signe de décélération. Mais le pire c'était l'épuisement mental surtout chez les jeunes comme Jess ou Raby. Le fait qu'il ne se passait rien n'était pas un bon signe, bien au contraire. Le manque d’action favorisait grandement leur éreintement.

La raison était simple: le stress. Pendant les périodes de stress le cerveau est incroyablement actif. De plus il donne au corps la permission de puiser dans les réserves caloriques pour maintenir l’état d’alerte. C’est cette activité cérébrale intense qui est à l’origine de la fatigue qui ne fait que s’aggraver au fil du temps. Le corps humain fonctionne grandement aux calories, c'est le carburant qui alimente les différents organes, les muscles. C'est le carburant permettant de produire le courant bio électrique parcourant les synapses, ou une autre forme d'énergie comme le chi selon certains penseurs.

En état d'alerte c'était comme si vous rouliez en voiture ou que vous laissiez le moteur allumé, mais qu'il y avait une fuite dans le réservoir. Autrement dit, ils étaient en train de s’épuiser sans aucune raison. Ce n’est qu’une fois qu’ils atteignirent une petite cavité suffisamment spacieuse pour tous les accueillir, qu’ils s’arrêtèrent pour se reposer.  

  • Désolé – dit Dalanda haletante, les mains sur un rein comme si elle avait un point de côté – nous avons pris...euh pris quelques détours pour éviter quelques rencontres. Il...Il y avait plus de créatures que prévu dans les tunnels mais je voulais un endroit où on puisse se sentir en sécurité... Alors le chemin a été un plus long. A ce rythme on en a pour quatre à cinq heures, je pense ? - dit elle en se tournant vers Cid
  • On arrivera quand on arrivera - répondit ce dernier en ravalant sa toux. Il n'avait jamais été malade depuis quelques décennies et cette situation commençait à lui déplaire. Le félin utilisait l'hyper contraction musculaire par phases pour augmenter sa température interne, purifiant son temple par la chaleur. Ce qui signifiait aussi qu'il avait brûler énormément plus d’énergie que prévue, et en raison de sa corpulence il brûlait déjà une quantité considérable de calories rien qu'en respirant. Plus la masse musculaire est importante, et plus elle demande des apports importants. Autrement dit, il devait être le plus épuisé dans le groupe mais il préférait crever que de montrer un signe de faiblesse. La dynamique actuelle dépendait grandement de lui.

  • Mouais très rassurant. Fiou, on peu ralentir un peu ? - demanda Dalanda plaintive
  • Non ! Quinze minutes, ensuite on bouge – dit Cid comme si de rien n’était alors que tout le monde reprenait son souffle avec un semblant de dignité. Après tout c'était des white owls, ils ne pouvait pas se laisser tomber et avaler de grosses bouffées d'oxygène. Dans ce monde les apparences étaient une complication qui avait son utilité, il faut croire...
  • Sérieusement ?? - demanda Dalanda sur un ton déçu et plaintif. Quinze minutes était loin d'être suffisant, elle avait encore les jambes qui tremblaient.
  • La prochaine fois tu feras moins la maligne en évitant de faire du sport. 15 minutes ! - rajouta Cid
  • ...Je te déteste
  • Moi non plus - sourit le félin
  • Mouais !– réagit Dalanda avant d'ignorer son partenaire pour se concentrer sur les mercenaires – Vous avez des provisions ? – demanda-t-elle
  • Standard militaire, en quantité suffisante pour quelque jours – répondit Maki.
  • Ah attendez une seconde - elle tira le sac sur le dos de Cid
  • Hmm ?
  • T’es trop grand, penche toi ! - dit-elle
  • C’est toi qui est trop courte, prend le sac c’est mieux – répondit le géant en le tendant.
  • Nan il est trop lourd, j’ai juste besoin de quelques trucs – elle l'ouvrit, fouilla l'intérieur alors que Cid l'avait encore entre les main, mais il le plaça un peu trop haut pour que la fouille soit confortable. La jeune femme lui jeta un regard amusé disant "pathétique" puis en tira 6 petites boîtes – c’est un cocktail dont vous me direz des nouvelles - se vanta t elle en les tendant aux Owls.

Les mercenaires la scrutèrent perplexes mais Bender saisit une des boites en même temps que Sean, peut-être pour différentes raisons mais ils inspirèrent les autres. La paranoïa était une partie intégrante de son boulot, elle faisait partie de leur univers et était la lisière entre la vie et la mort tout simplement. Après la grande guerre les owls se sont formés pour protéger les colonies non de menaces extraterrestres mais contre d’autres humains, et ces humains étaient sournois. Un bon nombre d’entre eux étaient d’anciens militaires qui s’y connaissaient en guérilla. La solution que l’être humain à trouvé pour qu’une poignée combatte une armée... Une méthode peut être pas honorable, mais d'une efficacité redoutable et génératrice de paranoïa pour ceux qui sont de l'autre côté...

Bender observa la boîte qui lui avait été tendue, soupira, puis retira celle sous son avant bras pour la remplacer. Une sensation inimaginable parcourue son corps, le cocktail de nutriments qui parcourait ses veines, par nutrition parentérale, l’avait complètement revitalisé et chassé la sensation de faim. Il se sentait prêt à courir toute la journée si nécessaire.

  • Alors ? – demanda Dalanda – pas mal hein ? Ça ne remplace pas un bon repas mais presque.
  • Merci – la remercia Bender. Il ne pouvait pas le nier, le cocktail qui parcourait ses veines était meilleur que la bouse militaire.
  • Oh putain c’est mille fois mieux que cette merde qu’on nous file ça c’est sur – rigola Sean savourant la sensation de vitalité retrouvée qui parcourait son corps.
  • Tant mieux – répondit elle en s’éloignant avec une boîte qu’elle donna à Cid qui fit non de la tête mais elle ne lâcha pas. Il finit par céder pour la faire taire ou pour lui faire plaisir, ce qui la fit se redresser toute fière d’elle comme une enfant qui avait accompli quelque chose d’exceptionnel.
  • Il est bon - affirma Maki en s’asseyant avec ses frères d’armes.
  • Quoi ça ? - fit Sean qui était en train de savourer la qualité de sa subsistance. En ce moment le monde était un petit paradis et tout allait pour le meilleur du monde.
  • Le zoohumain. Il est balèze serg
  • Apprend moi quelque chose que j'ignore - répondit Bender agacé en jetant un coup d’œil au félin. Les problèmes n'allaient pas tarder...
Le sergent détesta entendre cette phrase, mais il ne pouvait l'ignorer. Alors il demanda à son pisteur
  • Explique -  Il savait déjà que leur geôlier était impressionnant, au point où ses plans tombaient à l'eau les uns après les autres. A plusieurs reprises il avait essayé de le prendre en cible mais à chaque fois Cid avait tourné la tête, ou bouger hors de trajectoire comme si il savait.  C’était à n’y rien comprendre, à moins qu’il soit télépathe c’était absolument impossible.
  • Il a su naviguer dans tout ce foutoir en évitant toutes les créatures, sans se perdre. Et il y en avait un sacré paquet - expliqua Maki sur un ton professionnellement respectueux
  • Ouais, j’ai eu l’impression de devenir fou avec tous leurs cris. C’est juste dégueulasse - dit Sean complètement écœuré
  • De la chance je vous dit, c’était juste de la chance -  commenta Raby en s’installant contre le mur de leur abri et en posant son fusil sur ses cuisses.
  • Ça je ne sais pas. J’ai essayé de voir si je pouvais avoir une ligne de tir dans sa tête. Et à chaque fois que j’avais une fenêtre, j'avais l’impression qu’il se décalait légèrement comme s’il savait - dit Sean pensif. Bender le regarda en ne sachant pas si il devait être triste d’avoir eut la même idée que son simplet de subordonné, ou fier de l'initiative.

  • C’est ridicu…. - avant que Raby ne puisse finir sa phrase Cid s’arrêta à quelques pas.
  • On va avoir un sérieux problème - dit il
  • Comment ça ? - demanda Bender
  • Je ne suis pas contre que vous gardiez vos jouets, cependant ! Le prochain qui le pointe son fusil dans sa direction - dit il en montrant sa boss de la tête - ou dans ma direction est mort. Ne me poussez pas à bout pour son bien, je préfère éviter de faire ce qui me passe en ce moment dans la tête - après les avoir prévenu il parti rejoindre son compagnon et entama une discussion, peut être par rapport aux intentions des mercenaires.

  • Ridicule hein ? - ajouta Sean en direction de Raby
  • Qu'est ce qu'on fait serg ? je doute sérieusement qu'une autre tentative de notre part sera pardonnée
  • Je sais. Sa perception est complètement ridicule et restreint le champs de possibilités. Tssk nous sommes tombés sur une sacré paire, explorateurs mon cul !! - s'énerva Bender qui se sentait de plus en plus restreint.
  • On se tient à carreau serg ? - demanda Jess
  • Il apparaît qu'on a pas trop le choix. On se tient à carreau mais gardez les yeux ouverts - confirma Bender
  • Il n’y a jamais rien eut sur Meliacor mon cul - fulmina Jess en regardant Sean
  • Ouais bon, ça va…
  • Est ce que vous êtes confortables ? - demanda Dalanda
  • Oui, merci - répondit sèchement Raby

  • Je vois...Ecoutez je peux comprendre que le présent arrangement ne vous plaise pas vraiment. Vous avez peut être l'impression d'être des prisonniers ou je ne sais quoi. Je vous l'ai déjà dit, vous êtes libres de partir quand vous voulez je vous assure. Alors s'il vous plait, pour votre propre bien ne le menacez plus. Les zoohumains réagissent très mal à la menace, lui en plus que les autres...
  • "Le goût du sang" - pensa Maki, c'était le nom donné à ce comportement. Le plus gentil des zuuh'm pouvait devenir extrêmement violent si jamais il rencontrait une situation hostile. Un instinct de préservation animale cumulé à celui d'un humain les rendaient fous furieux pour ne s'arrêter que dans un bain de sang. C'est un des comportements qui rendait la ségrégation entre les deux espèces justifiée aux yeux du public. Les zuuh'm n'étaient que des animaux sauvages avec un intellect limité.
  • ...Notre intention n'est pas de faire mal à qui que ce soit alors je pense qu'il serait peut être préférable de nous aider à éviter les circonstances d'une telle éventualité plutôt que d'envenimer la situation à un point de non retour. Pensez y, pour votre fille - dit elle avant de les laisser pensifs.
La troupe se reposa exactement quinze minutes avant de reprendre leur course folle dans les sous terrains, sous des milliards de tonnes de roches et métaux. Entouré par autant de créatures vivant leur existence dans les entrailles de cette planète mystérieuse. C'est pourquoi leur chemin devait être soigneusement choisi, et Cid s'attelait à la tâche.

Ils ne se retrouvèrent coincés dans un cul de sac que deux fois fois. Et une fois ils s’arrêtèrent pour débattre de la route à suivre et Bender s’est retrouvé avec son équipe à participer aux prises de décisions. Le problème était simple, ils étaient descendus trop bas pour que la carte soit fiable et les tunnels partaient dans tous les sens.
  • Quel est le problème ? - avait demandé Bender

  • Le problème ? - repris Cid moqueur
  • Nous avons plusieurs options à voir - répondit Dalanda en affichant la carte en plus grand, via la console sur son poignet.
  • Hey…
  • Ils sont concernés aussi. Arrête de faire la tête
  • Grrr, tssk - Cid, désapprobateur, finit par secouer la tête et croiser les bras
  • Maki t’en pense quoi ? - demanda Bender
  • Ça a l’air d’un sacré bordel, on ne voit pas où les tunnels se terminent alors on part à l’aveugle - répondit ce dernier
  • Ce n’est pas le problème - s’en mêla Cid - trouver le chemin est la responsabilité du pisteur.
  • Alors quel est le problème ? - demanda Maki

  • Il n’y a aucun problème. Juste quelques hypothèses
  • Et ça veut dire quoi ? - demanda Bender
  • Imaginons une seconde qu’on cherche une installation avec ces créatures dans les parages. Qu’est ce qui se passe ?
  • Comment ça ? - demanda Sean
  • Ces choses pouvaient briser des piliers comme si de rien n’était, vous avez du voir tout à l’heure alors quels murs peuvent y résister ?
  • Ah oui c’est vrai. Euh et donc ? - demanda Sean intrigué.
  • Si c’est le cas, cela signifie que si il existe une installation humaine dans les parages ils ont du trouver un moyen de les stopper quelque part - répondit Bender
  • "Hihihi on fait le jeu des champions ?"
  • Et donc ? - demanda Cid. Sean se gratta la tête en essayant de trouver la solution, mais il n’était pas le seul à ne pas voir où il voulait en venir. Jess et Raby avaient également des difficultés
  • On cherche l’endroit où ces créatures ont le moins de passage - répondit Maki en pensant - “La zone doit être probablement piégé”.
  • Yep - acquiesça Cid - maintenant hypothèse numéro 2. Si ce sont des sites de fouilles d’une civilisation X quel est le problème qu’on peut rencontrer ? - demanda Cid
Agacé par le petit jeu du félidé Sean ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche.
  • Ils en ont rien à foutre ? - dit il en croisant les bras.
  • Pourquoi vous ne nous dites pas simplement quoi faire - ajouta Bender dans le même esprit. Il n'allait pas trouver la réponse, c'était une perte de temps et il détestait entendre le z'hum parler. Au point où le sergent se surprenait lui même à l'idée de la possibilité qu'il soit raciste.
  • Il n’est pas loin - répondit Cid également agacé d'essayer de leur faire comprendre les choses. une perte de temps mais les vieilles habitudes étaient très dures à effacer.
  • Oh ? Evidemment que je n’étais pas loin - répondit Sean surprit
  • Mais ça ne veut pas non plus dire que t’avais raison - expliqua Jess
  • Ah ta gueule, t’es juste jaloux…
  • Et donc ? - demanda Bender
  • Et donc, si on imagine par exemple qu’ils sont suffisamment avancés pour avoir des matériaux de construction suffisamment solide alors ils ont pu simplement les ignorés - répondit Dalanda
  • C’est un peu tiré par les cheveux - dit le sergent - Ce sont des ruines, comment est ce que c’est possible…
  • Qu’une civilisation antique soit plus avancée que notre technologie “moderne” ? C’est très courant - répondit Cid

  • J’ai du mal à le croire - affirma Raby
  • Je ne vais pas vous donner un cours d’histoire, j’en ai rien à foutre. On a des raisons de considérer cette possibilité.
  • Conneries - fit Sean
  • Mais si c’est le cas, ça ne change pas notre direction - réfléchi Maki - il y aura quand même moins de passage. Les créatures éviterons d’y aller parcequ’elles ne peuvent pas creuser plus loin.
  • C’est ce que nous étions en train de débattre. Qu’est ce que t’en pense ? - demanda Cid à Maki. Dans tout le groupe d'abrutis aux têtes d'oiseaux c'était le seul avec qui il pouvait entamer, éventuellement, un échange d'opinion. Sans avoir envie de leur éclater la tête comme des pruneaux.
  • Je pense que c’est la meilleure solution - affirma ce dernier avec certitude.
  • Tu en ais vraiment certain ? - redemanda le z'hum dont la queue commença à bouger lentement de droite à gauche

  • Ouais - affirma Maki. L'hypothèse était solide et en prenant en considération le pire qui pouvait arriver si elle s’avérait fausse était une perte de temps. Le temps en soit était une ressource mais sa perte pouvait être soit bénéfique soit au contraire, négative. Tirer sur la corde temporelle pouvait leur donner une opportunité, non pas d'agir de force. Cette illusion n'était plus d'actualité dans son esprit mais l'opportunité de rassembler des informations sur ces "explorateurs". Informations qu'ils pourraient utiliser pour renverser la balance de pouvoir. Cependant tirer sur la corde temporelle pesait également sur la patience de ces "explorateurs" qui pouvaient changer d'avis et transformer ces tunnels en tombeaux. Même si la femme qui dirigeait le géant donnait l'impression d'être sympathique, le facteur risque était elle. Rien ne prouvait que ce n'était pas un masque, son instinct lui criait au danger depuis le début. Avec l'autre au moins ils savaient sur quel pied danser. Et puis il y avait le risque de se faire bouffer par les insectes. Néanmoins toutes ces problématiques n'était pas à l'origine de sa prise de décision. C'était quelque chose de beaucoup plus simple, de foncièrement humain. Il voulait juste prouver sa compétence à une personne dont il respectait les capacités. Non la personnalité mais uniquement les capacités. Il voulait avoir raison.
  • Et je vais croire le jugement d’un otage ? - le nargua Cid en ajoutant - Je vais te proposer quelque chose. Si on suit les traces et qu’on ne trouve rien, je te prendrais tes yeux, qu’est ce que t’en pense ?
  • Hey hey. Il n’y a aucune rai…
  • Ça me va - répondit Maki, ce n'était plus une question de logique mais une question de principe.
La tension venait de grimper inutilement à première vue. Cependant il n'y avait pas besoin de logique quand l'égo rentrait en jeu, surclassant souvent le rationnel. C'était une question de principe, point barre. La situation pouvait être identique dans des circonstances plus improbables, mais la dynamique aurait été identique, parcequ'il s'agissait de répondre à un besoin humain: montrer sa valeur. Quand au pourquoi ? Le pourquoi lui peut être subtile. Pourquoi voudrait il le montrer à un individu qu'il méprisait presque ? Les émotions ne sont pas toujours blanches ou noire, on peut mépriser une personne pour qui elle est et respecter son talent ainsi que ses capacités.
  • Quoi ? T’es pas sérieux là mec - se mêla Sean
  • Kruu ruu ruu, pas mal petit ! - rigola Cid
  • Il préparait cette blague depuis tout à l’heure - ricana Dalanda. Amusée et gênée à la fois
  • Quoi ? - firent Raby et Bender en même temps.
  • On attend simplement que quelques insectes bougent, il y en un grand nombre devant - expliqua Dalanda si gênée qu'elle voulait juste disparaître.
  • Mais je prend le pari quand même - fit Cid
  • Arrête un peu ! Alors ils ont bougés ?
  • Non, pas encore. Il en reste…cinq sur notre chemin - répondit il après un instant. Maki le regarda impressionné et énervé. Toute cette bravade pour rien, il se sentait ridicule. Mais ce qui l'énervait également était le sens sur-développé des zoohumains qu’il jalousait quelque fois. Les humains étaient si limités quelques fois que s'en était juste extrêmement frustrant.
  • C’était vraiment une blague ? - demanda Sean - parceque j’ai pas trop compris. Par contre je peux en raconté quelques unes en attendant
  • Sean…
  • Non serg, les gens ont besoin d’être éduqués sur l’humour.
  • Sean ! - fit Raby
  • Quoi ?! On doit attendre de toute façon. Alors c’est un mec et une meuf dans une caisse, parquée en dehors de la ville. Ils s’amusent ensemble, normal, puis après avoir tiré son coup la meuf fait “écoute chéri, en réalité je suis une pute et je charge 100 rolins” - dit Sean en imitant une fois de femme - Le gars la regarde et souri puis lui répond “bah en fait j’ai oublié de te dire que je suis chauffeur de taxi et ça fait 200 rolins la course jusqu’en ville” hahaha. Alors ça c’est une blague, hein ?
  • Cid non - fit Dalanda encore plus gênée.
  • Une famille de quatre était en train de dîner et le junior demande à son père…
  • "Cid ?" - s'intéressa Bender
Le félin ignora sa collègue et continua comme si de rien n'était:
  • “Papa c’est quoi la différence entre fiction et réalité”. Le père regarde sa femme et lui demande “tu coucherais avec une célébrité pour un million ?”. Cette dernière répond “Oui, bien sur. Pourquoi gâcher une telle opportunité”. Le père regarde sa fille et lui pose la même question, et la jeune fille répond “ Bien sur surtout Georgio. C’est mon fantasme, il est super beau et joue super bien”. Le père demande à son fils, le plus âgé, la même question et le gars lui répond “bien sur, pour un million. Y a tellement de choses qu’on peut faire pour un million”. Alors le père regarde son cadet et dit “la différence entre la fiction et la réalité c’est que fictivement on est entouré de trois millionnaires, mais en réalité on en entouré de deux putes et d’un gai” - raconta Cid et tout le monde était trop surpris pour comprendre la blague, à part Sean

  • Heh, pas mal. Mais trop long, écoute ça…
  • Il se passe quoi là ? - murmura Raby à jess qui haussa des épaules. Il ne savait si rire allait énerver ou non le géant alors il ne savait pas trop sur quel pied dansé.
  • Plus tard - l'interrompit le z'hum qui sentait son esprit compétiteur d'échauffer - Sean c’est ça ?
  • Euh ouais.
  • J’essayerai de ne pas te bouffer la tronche si jamais. T'es un bon petit - dit Cid avec un large sourire. Ce petit humain avait monté des qualités qui méritaient un certain respect - on se bouge les fillettes. C’est notre fenêtre, alors vaut mieux ne pas la rater parceque j’ai des centaines de blagues comme ça en réserve.

Tout le monde à l’exception de Sean, se mit à courir derrière Cid comme si ils avaient le diable aux trousses. Il était hors de questions qu'ils revivent cet embarras, Dalanda la première. Elle aimait le z'hum comme sa famille, la relation fraternelle s'était construite longuement sur des années mais dès le premier jour le z'hum s'était positionné en protecteur, surprotecteur même sans raisons... Mais elle demandait de la force à toute divinité qui l'écouterait pour continuer un jour de plus, parcequ'il pouvait être réellement insupportable et insortable en société.  

Pendant des heures, ils couraient comme des dératés hantés par les cliquetis et d'autres sons particuliers, nourrissant l'imaginaire de toutes sortes de visions cauchemardesques à la genèse du stress qui devait en se moment leur handicaper l'esprit. Pourtant, leur barrière contre ce trouble en l'état inévitable, était ce mastodonte qui les guidait expertement dans entrailles de cette planète hostile. Le groupe n’engagea les insectes que deux fois parce qu’ils n’y avait pas d’autres chemins possibles. C’était impressionnant, non, terrifiant de voir le z’hum en action. Sa bestialité et sa force étaient au-delà de ce que les mercenaires avaient pu imaginer.

Les insectes, réduits en bouilles et recouverts de plombs, étaient encastrés dans les murs pour libérer le passage, comme de la poussière qu’on balayerait sous le tapis pour faire genre ou d'étranges décorations fixées aux parois rocheuses. Cependant ils arrivèrent sains et saufs devant un cul de sac légèrement différent de tous ce qu’ils avaient vu jusque là. La structure n’était pas de pierres et de roches mais de géo-composites avec un détail qui pouvait avoir son importance. Sur toute la surface du mur il y avait d'innombrables traces de griffures.
  • Droit dans le mille - fit Cid en regardant Maki. En théorie leur raisonnement avait une certaine logique, mais la difficulté était pratique. Repérer les indices pour les mener jusque là était d’une difficulté monumentale et Cid, malgré le fait d’être un enfoiré de première avait réussi cet exploit. Et le pisteur ne pouvait être que bluffé par le travail de soustraction nécessaire. Il fallait trouver le chemin le moins parcouru, des milliers, millions de traces au sol. Sans parler de la vitesse d'exécution...Non il y avait quelque chose de différent avec ce z'hum, il était sans aucun doute une anomalie même pour sa race.


Le groupe complètement exténué au point de ne pas pouvoir parler, décida de se reposer là pendant quelques minutes. Les armures pompaient ce qu’elles pouvaient d’éléments chimiques pour compenser leur épuisement au au bout d’un quart d’heure ils étaient prêts à bouger leurs membres.
Dalanda fouilla dans les poches du sac que portait Cid et en sorti trois disques qu’elle aligna de manière verticale le long du mur, ainsi qu’un petit détonateur pouvant se loger aisément dans le creux de sa main. Pendant ce temps le géant creusa une sorte de petite tranchée qui commençait sous le mur, puis les contournait de tous les côtés.

  • Hey qu’est-ce que vous faites ? – cria Raby en voyant Dalanda poser les charges. Au vu de la configuration du tunnel et de la structure du mur, toute charge suffisamment puissante pour y faire un trou pourrait provoquer un éboulement, mais ce n’était pas tout. Il n’y avait aucun moyen de savoir sur quoi le mur débouchait et s’il n’y avait pas de civils de l’autre côté. Mettre la vie des civils en danger n'était pas une option qu'elle pouvait envisagée. Du moins c’était l’explication que sa logique lui fournissait pour justifier son élan de colère. le cerveau est un souvent un serpent menteur qui nous murmure le plus doux des miels pour justifier tout et n'importe quoi. En réalité, la frustration et le stress commençaient à arriver à ébullition et tout était sujet à colère. Bien évidemment qu'elle prenait le code des white owls au sérieux, très au sérieux. Elle était la plus fidèle au code des chevaliers blancs et sa réaction n'enlevait rien à la valeur de son cœur. Mais si il fallait mettre ses émotions sur une balance, ou peler l'oignon selon vos préférences de métaphores. Eh bien il apparaîtrait que son indignation ne soit pas née de ce qu'elle pouvait croire, mais d'une légère illusion issue de la superposition ou plutôt du marquage, comme pour le bétail, d'une idée pour en cacher une autre. Simple dans sa pratique mais troublant dans sa conception, pourtant le cerveau le fait tout le temps. J'ai été invité à sortir, mais j'ai la flemme, pourtant je vais passer un bon moment, mai sil vente un petit peu et je crois qu'il va pleuvoir, etc, etc...Il n'y a rien de plus naturel, de plus primaire chez un humain que cette lutte perpétuelle contre ces fantômes cérébraux. En réalité personne n'aimait être tenu en laisse, du moins pendant trop longtemps. Cette privation même de liberté amenait les gens à tenter quelque chose, simplement faire quelque chose même stupide, pour se redonner une impression de contrôle.

  • On fait un trou dans le mur, pourquoi ? – demanda Cid comme si de rien n’était.
  • Mais vous êtes complètement inconscients !!…
  • Calme-toi Raby !
  • Lache moi Sean, vous ne voyez ce qu’ils essayent de faire ? Il y a peut-être des civils de l’autre côté du mur ! - hurla t'elle en essayant de se sortir de la prise de son collègue. Le mercenaire remarqua le geste de la main fugace de Cid qui sortit les griffes. C'était le naturel de ce geste qui lui avait donner des sueurs froides, le machinisme de l'action qui lui fit comprendre qu'il fallait arrêter immédiatement de l'antagoniser
  • Ah non, je vous rassure ce n’est pas le cas. Il n’y a personne de l’autre côté je peux vous le promettre - essaya de la rassurer Dalanda

  • Et on va vous croire comme ça ? – voulu t elle répondre la mercenaire
  • Raby ça suffit ! – l’interrompit Bender sèchement plus sèchement que prévu. Son sang bouillait aussi, il avait envie d'agir mais il avait une responsabilité qui lui liait les mains, sans parler de cette étrange sensation qui continuait à faire yoyoter ses émotions – ressaisit toi ! s’il se passe quoi que ce soit j’en prendrai la responsabilité mais notre seule chance est de l’autre côté de ce mur alors ne fou pas tout en l’air. Je refuse de crever si près du but est ce que je suis clair ? – cette dernière partie il lui dit en utilisant leur canal sécurisé pour ne pas être entendu des autres mais le discours eut son effet.
  • Tchh ! – Raby écarta la main de Sean encore sur son épaule et recula plus loin pour être un peu seule. Elle avait besoin de se calmer et de reprendre le contrôle de ses émotions qui dansaient la salsa. Elle n'avait jamais été aussi confuse de toute sa vie et s'était incroyablement difficile à gérer. C'était comme si le barrage qui bloquait tout venait d'avoir une brèche et que les émotions en jaillissaient de manière chaotique – “Fait chier !!”
  • Merci. Reculez un petit peu et ajustez vos visières contre le flash ou couvrez-vous les yeux – leur dit Dalanda toute pâle sous son casque. Il y avait quelque chose dans l'air qui échauffait les esprits, et elle ne pouvait être que terrorisée par l'idée de perdre le contrôle sur tout le monde, surtout sur Cid. Il fallait qu'elle le préserve en priorité de ce "vent" étrange.

Lorsqu’elle appuya sur le petit bouton bleu il y eut un flash suivi d’une vague de chaleur perceptible malgré leurs protections hi-tech, ainsi qu’un bruit de fusion à haute température, une sorte de HSSSS, le chuchotement du mal diront certains.
Le mur fondit et se transforma en magma semi liquide qui s’écoula dans les tranchées avant de se solidifier derrière eux. La voie nouvellement ouverte dans le mur fortement renforcé par plusieurs centimètres d’épaisseur d’acier et autres matériaux composites, comme construit pour résister à la furie de la nature elle-même, menait vers une grande pièce vide et délabrée, et tout aussi obscure que les tunnels qu’ils ont traversé.

  • Eh bien je ne pensais pas que ça march…hurgh !!! – au milieu de sa phrase, Dalanda tomba à genoux comme si ses jambes venaient de se transformer en coton. Cid se précipita sans perdre un seul millième de seconde pour la soutenir. C’était peut être le moment que les mercenaires attendaient depuis tout ce temps, le chat avait baissé sa garde.
  • Il y a trop, il y a trop … - lui murmura Dalanda en combattant la douleur et la synaïstémie: l'explosion émotionnelle.
  • Qu’est-ce qu’elle a ? – demanda Jess préoccupé. C’était bien là le problème. Ils avaient leur fenêtre, ils avaient l'occasion de prendre le dessus. Pourtant, au lieu d'essayer d'immobiliser le colosse, ils ne pouvaient s’empêcher de se sentir préoccupés par l'état de la jeune femme au point de rester passif.

  • Juste un malaise – répondit Cid et en s’adressant à Dalanda demanda – est ce que ça va aller ?
  • Huf..Ouais..huf, j’ai juste besoin…huf, de reprendre mon souffle. Aide-moi s’il te plait.
  • Bien sûr – répondit-il en la prenant dans ses bras.
  • Je voulais dire aide moi à me relever – dit-elle difficilement
  • Ça revient au même, je sais que tu n’es pas en état d’avancer alors pardonne moi – dit-il en entrant dans la brèche dans le mur.


Il existe des choses que nous ignorons parce que simplement nous ne pouvons les voir, nous ne pouvons les sentir ou nous ne voulons pas…La question reste posée. Cependant, ces choses à défaut d’un autre qualificatif, sont là, juste sous notre nez. En l’occurrence, dans le cas qui nous préoccupe nous évoquerons les émotions.
Nous percevons les émotions principalement au ton de la voix, simple vibrations de l’air et pourtant chargée de quelques choses. Quelque chose de particulier qui influe sur notre chimie cérébrale. Ecoutez une chanson par exemple, vous sentez une émotion vous envahir. L'ennui par exemple, ou cette pêche ninja qui vous surprend, cette tristesse ou cet joie, exaltations étrangères qui s’infiltrent en vous.

Nous les percevons également à l’expression du visage, mouvements des lèvres, des pommettes, du front, etc... Pourtant qu'est ce qui différencie un sourire forcé d'un sourire réel ? Qu’est ce qui nous a dit que telle expression est  la colère, l’euphorie, la frustration, tout ce spectre complexe. Comment le savons nous, qui nous l’a enseigné ? Bien sur qu'il y a du mimétisme que de ce soit du côté de ceux qui expriment ou de ce qui perçoivent, le dialogue du corps obéit à la loi de l'émotion, il extériorise ou peut être filtre de manière simpliste, ce que nous intériorisons dans un but de communication.

C'est pourquoi nous le savons, la nature ment rarement mais l'individu lui ment souvent. Un paradoxe, voilà un postula intéressant pour définir l'humain cependant nous ne sommes point sur l'introspection de l'humain, mais simplement de ses émotions. Nous percevons ou plutôt pouvons percevoir ces subtilités et pourtant sans avoir un degré de sensibilité anormal.

Il existe des personnes bien plus perceptives, pouvant voir au travers du spectre émotionnel des vivants. Elles ont la capacité de dire quand vous êtes énervés ou triste ou heureux ou nostalgique ou peu importe, malgré le fait que vous le cachiez d’une manière ou d’une autre. Ces personnes outrepassent votre langage corporelle, votre "accord", pour visualiser à la source, ce que vous ressentez.

Cette maman qui savait quand vous étiez malade alors que vous vous trouviez à l’autre bout de la ville. Ce papa qui savait que vous aviez des soucis et que vous ne saviez pas quoi faire. Cet ami qui débarquait quand vous aviez le blues et qui disait ce qu’il fallait pour vous remonter le moral… Mais il existe encore des personnes plus particulières car il était nécessaire d’être particulièrement réceptif pour capter les émotions des morts.

Cette énergie brute empreint le monde, ancre son existence à l’emplacement de son origine et en fonction de sa nature agit sur notre conscience. Vous avez peut être déjà éprouvé une peur soudaine alors qu’il n’y avait rien, juste en passant à côté d’une maison abandonnée. Ou peut être qu’en rendant visite à une connaissance vous sentiez un mal être qui n’était lié à rien d’autre mais qui ne se manifestait que quand vous vous asseyiez sur cette vieille chaise, ou peut être était ce l’inverse. Que c’était dans cette vielle chaise que vous ressentiez un confort que vous ne pouviez pas expliquer mais vous étiez prêt à vous battre avec n’importe qui pour y poser vos fesses.

Vous l’avez compris, nous parlons de fantômes ou plutôt d’émotions fantomatiques. Pourquoi ces personnes sont capables de percevoir les phénomènes de "l’ether", ou d'autres phénomènes qualifiés d'ordre transdimensionnels ? Les études pointent vers la glande pinéale pour plusieurs raisons. Mais avant de longer trop profondément dans le tunnel retournons en à l’histoire.

Ici, ce labo, était un vestige archéologique qui gardait prisonnier le ressentit d’innombrables morts. Combien ? Même Dalanda n’aurait su le dire. Leur désespoir, leur incompréhension, leur terreur, leur sentiment d’injustice, leur désir de survivre, leur rage…

Les émotions présentes dans cet endroit abandonné de tous se forçaient un passage dans son âme pour être ressenties, pour exister, pour remplir leur rôle tout simplement. Elles cherchaient à prévenir, à haïr, à maudire, à hurler, à pleurer, à blâmer, à posséder. Et Dalanda devait lutter chaque seconde pour ne pas perdre la raison. Elle devait, voulait, laisser les voix s’exprimer, les accepter et aller de l’avant mais la tâche était su même ordre que de traverser un marécage de sable mouvants avec un rocher sur la tête. Simple dans sa conception, voire son imagination, complexe dans sa réalisation.

La brèche donnait sur une pièce à moitié écroulée, le sol était troué et donnait sur des étages inférieurs dans un état tout aussi lamentable. Le groupe se trouvait à l’intérieur d’une gigantesque ruine, une mégastructure de conception étrange s'étendant sur des kilomètres.

En jetant un rapide coup d’œil à l'extérieur on pouvait apercevoir la bizarrerie du bâtiment. Il s'agissait d'un dôme sans piliers ou autres formes de soutiens, il y avait juste quelques sphères flottantes à proximité du plafond. Les murs de la construction étaient conçus de manières asymétriques à l'image d'un remix cube mal agencé, cependant, étrangement il y avait comme une illusion générale de circuits. Mais, peut être, le plus étrange était l'abîme gargantuesque au milieu du bâtiment.  


  • Il y a un tunnel qui relie cet endroit aux autres labos, c’est bien ça ? – demanda Cid.
  • Il y en a peut être un quelque part, je ne suis jamais venu ici – répondit Bender en regardant autour de lui. Il n'avait jamais vu ce genre de constructions sur Meliacor, ni en taille, ni en structure.
  • Bien, dans ce cas vous pouvez partir - leur dit Cid
  • Je ne comprends pas… - demanda Bender surpris.
  • C’est pourtant simple, vous partez. Il n’y a visiblement personne dans les environs alors il est peu probable que votre fille se trouve ici. C’est bien la raison pour laquelle vous êtes venu non ? – demanda Cid en lui faisant face et en lui regardant droit dans la visière.


Il n'y avait grand chose à dire qui pouvait contredir cette logique simpliste. Aucun levier pour argumenter, d'ailleurs pourquoi argumenter avec quelqu'un qui se déclarait un ennemi ? Et pourtant...

  • Ouais… - répondit Bender. Les dés étaient lancés, et leurs plans de rébellion pouvaient être mis à la poubelle.
  • Dans ce cas vous pouvez continuer à la chercher par vos propres moyens, on aura du mal à bouger pendant un bon moment vu son état.
  • Vous savez très bien ce qui se passera si on rejoint les autres - le prévint Bender. Si effectivement ils étaient libres, ils devaient trouver un moyen de prévenir les autres, et également trouver une piste sur la situation de son  enfant. Comment ? Quand ? Où ? Le sergent n'en avait aucune idée

  • Ouais ! Si on part tu sais ce qui va se passer - rajouta Sean
  • Oh je le sais ! - répondit Cid avec un souffle irrégulier. La conversation l'énervait parcequ'il perdait du temps à discuter alors qu'il devait prendre soin de son amie - Prévenez qui vous pourrez ! A vrai dire, je me sentirai plus à l’aise si je n’avais qu’à me soucier que de vos mercenaires. J’aimerai éviter les pertes civiles au maximum pour elle. Alors si jamais je croise vos "oiseaux", qu'ils sachent que je n’épargnerai aucun combattant. Sur ce ciao – Cid se retourna et se mis à la recherche d’une pièce plus ou moins confortable où il pourrait poser Dalanda laissant les mercenaires plus confus que jamais.
Les mercenaires regardèrent le géant disparaître dans la pénombre et se tournèrent vers leur sergent, attendant ses ordres.
  • Qu’est-ce qu’on fait Serg, ? – demanda Jess qui commençait à s'impatienter un petit peu. Le silence et l'obscurité commençaient à jouer sur ses nerfs. Le jeune hibou voulait simplement faire quelque chose pour garder son esprit occupé de cette atmosphère pesante.
  • J’essaye de joindre le QG, mais les communications sont toujours HS... –  répondit Bender - Fait chier ! Quelqu’un sait ou on se trouve ? Cet endroit ne me dit absolument rien – fulmina t il.
  • Aucune idée – répondit Jess
  • C’est peut être un labo secret ? – dit Sean

  • Sans déconner petit génie, bien sur que c’est un labo secret d’une organisation maléfique – ricana Raby
  • Lâche moi tu veux ! - s’offusqua Sean en crachant dans son casque sans penser aux conséquences. La salive atterrit dans son filtre, caché par le bec, qui s'humidifia et projeta son haleine droit dans le nez - Putain !
  • On doit être simplement dans une zone encore inexplorée ou un truc comme ça - dit Raby en scrutant les alentours
  • Hmm je ne pense vraiment pas – répondit Jess pensif – Il y a de la lumière par là bas - dit il en pointant sur la gauche. La vision nocturne arrivait à percevoir un petit bout de lumière qui n’avait rien de naturel à prime abord. Un halo verdâtre faisant coucou de derrière un mur.

  • Moi non plus – leur dit Maki via leur radio. Sans attendre les ordres il avait laisser sa curiosité et son professionnalisme prendre le dessus. Explorer était sa responsabilité, alors comme l'endroit ne faisait pas tiquer son cerveau il avait décidé de commencer son investigation des lieux. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'il commença à trouver, personne ne pouvait s'y attendre – venez voir.
  • Ah merde, j’ai un mauvais pressentiment – leur dit Sean en suivant tout le monde plus profondément dans l’installation. Il n'avait jamais entendu son ami utiliser une telle voix auparavant, outrée ? Non pire que ça, horrifiée. Lorsqu'il vit Maki accroupi à une intersection de couloir et touchait quelque chose sur le sol il ne put penser que - "eh merde" - Son instinct lui criait danger.
  • Cette zone n’est pas inexplorée – dit le pisteur – il n’y a pas si longtemps que ça il y avait du sang juste ici.
  • Nan ! Arrête tes conneries, ça sonne comme si j’avais raison – dit Sean réellement paniqué – je n’aime pas avoir raison - se murmura le jeune homme remontant le fleuve de ses souvenirs.
Bender se pencha à son tour, son programme interne n’était pas spécialisé comme celui de Maki. Il ne pouvait pas scanner et identifier les différents fluides organiques, ou matériaux diverses, il n'avait pas le kit du parfait scout. Alors il ne pouvait compter que sur son expérience de vie et sur son intellect. Malheureusement les deux lui disaient qu’il s’était passé ici quelque chose d’horrible.
  • « Shana… » - pensa il à sa fille, la boule au ventre.


Il fallut une bonne dizaine de minute avant que Cid ne trouve ce qu’il cherchait, une pièce relativement en bon état ou il pouvait poser Dalanda. L'acte était stupide en soit, il aurait pu le faire n’importe où. Dans son armure, la jeune femme pouvait s'allonger sur un lit de fakir et ne sentirait absolument rien. Ce n'était pas un geste de confort mais plus une marque d'attention.

Le félin tapota sur la console sur l’avant-bras de Dalanda, puis s’arrêta lorsqu’elle afficha “Engager protocole MILGRAM Oui/Non”.

  • Non s’il te plait, pas ça – murmura la jeune femme paniquée – j’ai juste besoin d’un peu de temps - supplia t elle
  • C’est malheureusement ce qui nous manque le plus, pas vrai ? - demanda Cid avec une relative douceur, même si sa gorge féline rendait la tâche particulièrement délicate. Sa voix était forte, agressive par nature.
  • Il y a eu tellement de mort aussi – annonça t elle presqu’en pleurant – tellement de malheur ici. Je suis la seule à pouvoir les écouter, s’il te plait Cid.

Le félin la regarda quelques instants avant de prendre sa décision
  • ...Ok…ok. J’ai subitement besoin de me reposer un peu - dit il en essayant d’être subtile - la journée m’a épuisée. J’aurai besoin de deu…trois heures, de repos. Mais si rien n’a changé d’ici là, je n’aurai pas le choix.
  • Ok, ça me va… Merci.
  • “Ne me remercie pas pour te laisser souffrir gamine” - pensa Cid en reculant. Il voulu lui dire que les choses allaient sans doutes se compliquer avec le choix qu’elle a fait…qu’ils ont fait concernant les mercenaires, mais il préféra se taire. Il avait décidé qu’ils en reparleront dans quelques heures, le sujet pouvait attendre.
Le protocole MILGRAM était une opération jugée inhumaine même par la haute cours de Büzendorf. L'instance suprême sur les droits de l'homme et du citoyen, sur les crimes de guerre et contre l'humanité. Pourtant, malgré toute leur sagesse politique et humaine, il apparaissait que quelques fois, ce procédé dénué de morale pouvait s'avérer indispensable. Mais là aussi dans des contextes uniques.

Le produit déstabilisait la chimie cérébrale et inhibait totalement la capacité d’empathie, coupant les personnes de ce qui les défini comme des individus moraux. Quoique, malgré les millénaires d'évolution et de progrès, le sujet de ce qui fait des Hommes des Hommes est encore une discussion sans fin, alors passons.

Certains pourraient se demander où est le mal de ne rien ressentir ? On peut faire plus de choses sans se soucier des détails. La plupart des “grands” de ce monde sont dénués d’empathie ou sont à la limite de la psychopathie, résultats d’une génération de traumatisés éduquant des futurs traumatisés. Non pas psychopathes à la manière dépeint dans les films, mais psychopathes comme atrophiés des sentiments. Et par grands il faut comprendre ceux qui se considèrent des élus, ces donneurs de leçons pour le peuple qu'ils regardent d'en haut, fourmilles travailleuses ou bétail sans nom.

Pour ceux qui ne voient toujours pas en quoi c’est gênant, eh bien ce serait comme se mutiler un membre, de perdre un bras ou une jambe, quelque chose qui fait partie de nous. Ce serait comme pour un comique de perdre son sens de l’humour ou un héros de perdre son sens du courage. C’est perdre ce qui fait de vous, VOUS tous simplement.

Cependant, dans une situation de surcharge émotionnelle comme celle de Dalanda, à défaut d’autres alternatives c’était une solution. Elle était sans nulle doute efficace mais, du moins selon le contexte. Un empathe sans émotions était difficile à décrire, et dangereux à comprendre. Si on considère cet aspect d'eux l'élastique et leur sens moral sa résistance. Alors en ce moment, imaginez l'élastique tendu au maximum finalement lâché. Vous voyez cet élastique bouger dans tous les sens, incontrôlable jusqu'à trouver finalement le repos. En d'autres termes, complètement instable, elle pouvait faire du mal à tous ceux qui lui étaient chers sans remords ou arrière pensée. Et ce geste n'allait pas, simplement être occulté, mais elle allait devoir vivre avec ce fardeau pour le restant de ces jours. Les regrets sont les chaînes qui nous séparent du bonheur.

Milgram était une drogue crée pour aider, mais transformée pour détruire les fondations même de notre conscience. Milgram pouvait transformé des familles en ennemies et sur un champ de bataille des alliés en démons...
C'est pourquoi même Cid était hésitant à son emploi. Il ne pouvait qu’espérer qu’elle arrive à surmonter ce qu’elle endurait en ce moment, ou plutôt il espérait qu’elle s’en sorte sans trop de séquelle. Il ne croyait pas en l’adage qui disait que “ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort”. De son expérience, il y avait toujours plus à perdre qu’à gagner. Il fut un temps, avant que la vie ne le change drastiquement, il était passé par quelque chose de similaire.


Le félin se mit un petit peu à l’écart, la température à l'extérieur était supportable alors il sorti de son armure, couvert de sueur, le poil collant, et la silhouette un peu plus fine qu'en début de journée. Il essuya une goutte de sang sur sa bouche et avala son énième toux. Il n'y trouva rien d'effrayant pour autant, ce n'était qu'une question de temps, un duel de volonté entre son corps et son esprit. C'est pourquoi il se tourna vers des sujets plus importants.

Son armure avait besoin d'un peu de maintenance, ou peut être était ce un moyen de faire le vide. Ne penser à rien pouvait être agréable mais il devait réfléchir au reste du chemin. Selon lui, les mercenaires n’allaient pas être un problème, peu importe leur nombre il était confiant dans sa capacité à pouvoir les gérer. Ce qui le travaillait était les différents signes qu’il avait vu sur le chemin. Des traces de sang, des trous dans les murs, et cette odeur particulière d'hémoglobine encore présente. Il s’était passé quelque chose ici, et ça ne date pas de l’époque de cette ruine, mais d’il y a quelques jours ? Un mois peut être, au grand maximum...




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire