Cid ne prêta aucune attention aux intentions de Jonathan. Il n'avait que faire d'angoisses imaginaires ou d'élans paranoïaques autres que les siens. Que le vieil hibou voit en lui un ennemi ne lui faisait ni chaud, ni froid. Il avait d'autres problèmes qui le préoccupaient et qui pesaient sa conscience.
● C’est donc moi qui lui fait ça – dit Cid en touchant avec hésitation le verre de la cuve de la paume – J'espérais vraiment que c’était un cauchemar.
● Un cauchemar ?! Oui ! Mais pour les gens que tu as attaqué et démembré ! Tu l’as remarqué dans les couloirs non ? – rétorqua sèchement Bender en s’approchant doucement de son armure cabossée, espérant ne pas attirer l'attention du géant.
● Ecoute... oublie ton idée. J’ai eu ma dose de bagarre pour la journée, ou la soirée, je ne sais plus quelle heure il est. Alors arrête de vouloir me prendre pour un con, et surtout arrête de te ridiculiser comme ça. C'est pénible à regarder – dit Cid
● Ta dose de bagarre ? Ça, j’ai du mal à le croire - réagit Jonathan en faisant un effort colossal pour garder son calme - Depuis la première fois que nos chemins se sont croisés, tu ne cherchais que ça. Alors de ce que j’ai vu, je peux dire que c’est ce qui te donne la trique non ? Bouffer des gens et les couper en morceau – il savait que l’énerver n’amènerait rien de bon, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il ne voulait pas céder à la peur et se retrouver dans un coin comme Choki.
● Tu ne sais pas de quoi tu parle - soupira Marshall
● Ah ouais ? Moi je sais ce que j’ai vu ! Un animal qui jouait dans le sang comme un enfant dans la boue et qui n’a pas hésité une seule seconde à essayer de la tuer ! – gueula Bender en montrant Dalanda du doigt – Alors qu’est ce qui me dit que tu ne transformeras pas en Chimère et que tu ne recommence ton carnage ?!
● Chimère ? – demanda Cid en haussant un sourcil et détournant pour la première fois son attention de la cuve. Il mis de côté la légitimité de la question posée, question qui le préoccupait également car depuis un long moment déjà. Question qui était à l'origine de sa volonté de partir, loin, quelque part sur une planète sauvage... pour se focaliser sur le mot qui venait d'être employé.
● C’est bien ça non ? Cette chose, c’est bien une chimère ? Projet génocide ou une aberration du genre.
● Comment tu sais ça toi ?! – demanda le géant en se relevant. Et, à en croire son expression, il était clairement interloqué.
● Ce n’est pas le problème com…
● Oh si ! Oh que si, c’est un très gros problème – annonça Cid en s’avançant vers Bender qui jaugea à nouveau la distance le séparant de son armure. Le seul rayon d'espoir qui lui restait si jamais les choses tournaient au vinaigre. Et la silhouette menaçante du colosse lui suggérait que s’il devait agir c’était maintenant.
Cependant, Cidolphas contourna les bureaux vides et prit une chaise qu’il ramena devant la cuve de Dalanda avant de s’asseoir ● Je vais t’expliquer pourquoi, c'est un gros problème. Alors ouvre tes vieilles oreilles de croulant et écoute attentivement. La chimère fait partie de ce qu’on appelle les mythes de la post antiquité. Son sens a été drastiquement modifié au point où l’image du monstre a été effacée. La conception moderne de la chimère à plus un sens abstrait, un symbole de l'utopie qui ne pourra jamais être atteinte. A l'image de l'ourobouros symbolisant l'infinie. Tu me suis jusque là ? Où tu veux me faire croire que tu savais qu'une chimère était un monstre à la tête de lion, un corps de chèvre et une queue de serpent ? - demanda Marshall
● ... - Jonathan ne répondit rien. Il est vrai qu'il n'avait pas comprit grand chose durant la conversation entre Akiro et Morel. D'ailleurs, eux savaient bien ce que ce mot signifiait, alors qu'est ce que ça voulait dire ? Cid essayait il de l'embrouiller ?
● C'est bien ce que je pensais. Alors quand tu viens de m’appeler chimère tu faisais référence au sens premier n’est ce pas ? Et projet génocide ? Où as tu entendu ce nom ? Mon intérêt est grandement titillé - dit Cid en croisant les doigts à hauteur de son menton, scrutant le sergent comme un aigle étudiant sa proie.
Il n'y avait pas d'hostilité dans les yeux sombres de Cidolphas, il n'y avait que de la curiosité et de l'attention aux paroles qui allaient sortir de la bouche du sergent. Cependant, ce dernier resta à cours de mots, ne sachant pas quoi répondre.
● Tu donne ta langue au chat ? - sourit Marshall en adoptant une position plus détendue - Ce n'est pas grave, continue juste à m'écouter alors. Les personnes, non, non - dit il en secouant légèrement la tête - Ce ne sont en aucun cas des personnes. Les fils de chiennes à l’origine de ce que je suis devenu ! Entre plusieurs de leurs tares, étaient d’une paranoïa qui frisait le culte du secret. Est ce que tu comprends ? Aucune information ne sortait de leur cercle de confiance, et ce cercle était restreint. Alors vois-tu, le fait que tu sache le nom du projet m’intrigue comme tu ne peux t’imaginer. Parce que si j’ai bien compris, ta source, et j’imagine que c’est une personne n’est-ce pas ? Celui qui a fourni cette information, devait être à l’intérieur de ce culte. Est-ce que tu comprends ? J’espère que oui, parce que je tiens à rencontrer cet…individu.
● Ça ne va pas être possible - répondit Jonathan agacé qu'on lui parle comme à un demeuré - Et je te garantis qu’il ne lui arrivera rien tant que je serai vivant – ajouta-t-il ensuite. Akiro n’avait pas été franc du collier ça c’est clair, et l’imaginer impliqué n’était pas impossible mais il n’avait pas arrêté de les aider. Certes c'était un manipulateur, néanmoins il ne faisait qu'user de cartes à sa disposition pour remplir son objectif. Et cet objectif était de libérer ses collègues de la folie de Morel.
Et puis, de ce que Bender avait entendu, la famille Nokuza était dans le milieu médical. Si il fallait creuser alors il fallait commencer par là. Et puis en toute honnêteté il voulait juste se tenir de l’autre côté du point de vue de Cid. Même si en ce moment ce dernier lui affirmait que le ciel était bleu à cause de l’azote dans l’atmosphère, Bender crierait MENSONGE !
● J’élargirai mon éventail de possibilité à ta place. Après tout ce que tu as vu ici, ça ne peut faire de mal à personne pas vrai ? - conseilla Cid - Et pour en revenir à tes craintes, je veux simplement discuter avec cet... individu.
● A d’autres - réagit Bender en décidant de ne pas se laisser influencer.
● Ecoute. Je recherche un des… scientifiques
● Tu peux arrêter tes sous entendus ? C'est agaçant !
● Je peux, mais est ce que j'ai envie ? Là est toute la question. Je trouve simplement difficile d'appeler les personnes responsables des expérimentations que j'ai subi: des scientifiques. Cet argument ne doit pas être difficile à assimiler, même pour toi, j'en suis persuadé.
● Continue à me parler comme ça et c'est ta dentition que tu vas devoir rechercher - répondit Bender en essayant de se persuader de calmer le jeu. Mais son niveau d’énervement ne lui permettait pas une telle rationalisation.
● Voyez vous ça - sourit Marshall d'une joue à l'autre de manière menaçante. Il avait clairement été agité par la réponse, et combattait ses pulsions pour ne pas juste tordre le cou de son interlocuteur comme une brindille - En temps normal j'aurai été on ne peut plus curieux de voir tes petits poings mouliner du vent. Mais comme je viens de le dire, j'ai eut ma dose de conflit. Alors je vais revenir au sujet qui nous concerne
● Nous ?
● Qui me concerne. Ça te va ? Bien. Je recherche ce ... scientifique - dit Cid en appuyant un peu plus qu'avant sur le mot, tout en lançant un regard espiègle à Bender qui grinça des dents - pour des raisons personnelles. C'est une de mes priorités, mais je ne lui veux aucun mal, bien au contraire. Ta source a peut-être cette information.
● Rien qui sortira de ta bouche ne fera sens pour moi – répondit Bender
● A ce que je sache je n’ai jamais menti. J’ai perdu le contrôle c’est vrai…
● Perdu le contrôle ?!! C’est comme ça que t’appelle ce qui est arrivé ?! C’était une putain de boucherie !!! – hurla Bender de colère et Cid serra les yeux pendant un instant
● Je ne vois pas le rapport entre le mensonge et ce qui est arrivé – répondit-il en commençant à dégager de l'hostilité. Qu'est ce que cet abruti savait des problèmes qu'il avait à affronter pour garder un semblant de conscience ?! Le vieil hibou n'était il pas, lui même, responsable de ce qui venait de se passer ici ? Cette conversation commençait à l'ennuyer, les mots avaient leur limite après tout.
● Tu te fous de moi là ?! - explosa Jonathan. De mémoire, le seul homme qui l'énervait autant que Cid était Morel. Ces deux n'avaient aucun égard pour la vie. Comment ça, il avait juste perdu le contrôle ? JUSTE PERDU LE CONTRÔLE ?!! Et les centaines de morts qui en ont résulté ?! Et l'horreur qui a résulté ici ?!
● Cette conversation ne rime apparemment à rien - dit Cid tout haut ce qu'il pensait depuis plusieurs minutes - Je le trouverai de toute façon, tant qu’il est entre ces murs.
● Et tu me trouveras pas loin - dit bender en enfilant l’armure
● Tu es du genre hypocrite pas vrai ? – demanda Marshall en souriant.
● Hypocrite ? Moi ? Non, ne me compare pas à des mecs comme toi ! – répondit le sergent énervé.
● Ah bon ? Parce que si on y réfléchit, la personne qui doit s’en vouloir ici c’est toi non ? C’est toi qui m’a livré à cette bande de dégénérés qui se sont amusés à me mettre en pièces…
● “Yawwnn ! Hihihi pauvre choupinet” - lui dit sa voix comme si elle venait de se réveiller.
● …alors je ne peux pas m’en vouloir d’avoir essayé de survivre. J’ai pris des vies autrefois qui avaient beaucoup plus de valeurs que ceux qui sont morts ici – dit Cid en essayant de calmer son cœur qui montait en pression. Cette personne, en face de lui, qui jouait les nobles de cœur était à l'origine de souffrances marquées encore sur sa chair. Le géant essayait également d'ignorer son squatteur détesté qui se manifestait à nouveau. Cependant sans même s'en rendre compte il eut un tic, un mouvement de tête qui commençait à partir dans la négation, comme pour dire "oh non !". Mais ce mouvement fut bloqué à mi chemin, signifiant soit une reprise de contrôle, soit une désorganisation de la pensée, puis la tête retrouva sa position naturelle.
● C’est bien là le problème ! Tu n’as aucune idée de la valeur d’une vie. Elle a eu de la chance aujourd’hui, beaucoup de chances, mais qu’arrivera-t-il la prochaine fois que tu… perds le contrôle ? Je ne la connais pas vraiment mais je suis persuadé qu’elle essayera de t’aider encore une fois. Même si cela m’échappe complètement. Comment une brave fille comme elle peut risquer sa vie pour une ordure comme toi. Mais je suis certain qu'elle réessayera la prochaine fois également.
● Il n’y aura pas de prochaines fois - répondit sèchement Cid, en ignorant le fait d'avoir été qualifié d'ordure. Il est était plutôt d'accord en fait.
● Raconte-toi toutes les salades que tu veux, mais si j’étais à sa place je me tiendrai le plus loin possible de toi – dit Jonathan avant de prendre la porte tout en pensant - "Cette discussion est une perte de temps" - Il avait une chose bien plus importante à faire que de s’énerver pour rien, il devait trouver Jess. Mais quelque part malgré toutes les conneries qu’il venait d’entendre, une avait fait mouche, “tout ce qui s’était passé ici pouvait être remonté jusqu’à lui” et il ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir. Si jamais il avait fait d'autres choix, si jamais il s'était allié à eux là bas, dans la ville morte. Peut être que les choses... Peut être que le choix qu'il pensait être le bon était en fait le pire. Alors, en longeant les couloirs solitaires, il ne pouvait s'empêcher d'accepter sa part de responsabilisé dans cette catastrophe: il avait, effectivement, la mort de centaines de personnes sur la conscience...
● "Cette discussion a vraiment été une perte de temps" - pensa Cid - "les hypocrites sont tous pareils, non, les humains sont tous pareils".
Personne ne pouvait comprendre, il n’était même pas sur que Dalanda puisse comprendre mais ce n’était pas grave, il n’avait pas besoin qu’on le comprenne.
● “Hihihi, il a raison” - lui dit sa voix – “elle devrait prendre ses jambes à son cou”
● “Je sais” - répondit-il en fixant à nouveau le cuve - "Mais c'est moi qui prendrait mes jambes à mon cou. Je m'assurerai que la seule chose sur laquelle tu puisses te déchaîner soit du sable"
● "Hihihi, on verra bien ce que ça donnera"
Cid regarda à nouveau la cuve, le cœur lourd à l'idée de devoir partir, de devoir dire adieu à la seule personne qui refusait de le juger, qui l'acceptait tel qu'il était.
Mais qu'avait il fait pour la protéger ?
● “Je n'ai absolument rien pu faire" - se dit il en se tenait les poings tremblants de rage. Il avait juste envie de cogner sur quelque chose, de réduire un objet en charpies, en particules élémentaires en le comprimant entre ses doigts puissants. Cependant, il devait contenir sa colère et temporairement sceller son côté sauvage. Du moins devant Dalanda même inconsciente.
Il avait faillit tuer la seule personne qui lui faisait du bien à l'âme, parce qu’il s'est laissé mettre sur le banc. Parce qu’il avait foiré...
C'est cette erreur qui était le combustible de sa motivation. Il avait devant ses yeux le résultat de sa peur devenue réalité. Par chance, elle était encore vivante, mais si la situation avait été différente ?
De plus, ce n'était pas comme si sa perte de contrôle était une surprise. Marshall sentait que cela pouvait, non, allait arriver. Même sans les tortures il aurait un jour fini par céder à la tentation. L’agressivité qu’il dégageait comme un parfum en était la preuve. Rien que d’être en sa présence donnait l’impression de recevoir des petites claques, sur la nuque, en permanence. Personne ne pouvait endurer cela indéfiniment, même elle allait finir par en avoir marre...
Alors il voulait prendre les devants, et partir sur un bon souvenir. Après cette mission, après avoir aidé à trouvé l'ulwazi, après avoir aidé Eiling à trouver un remède pour le mal inconnu qui accablait son fils, il pouvait partir avec le sourire, il pouvait partir à la cool. Mais là, allait elle même vouloir lui adresser la parole ? Allait être avoir peur aussi ? Allait elle l'abandonné ?
● “Pourquoi ne le ferait - elle pas" - se dit il en essayant de rester réaliste. Si il se mettait des attentes complètement farfelues, il risquait d'avoir mal au seul endroit qui comptait vraiment, au seul endroit qu'il ne pouvait protégé d'elle: son âme.
Angoissé par le temps qui s'écoulait rapprochant l'instant de vérité, angoissé par son imagination qui tournait les scènes de multiples manières, angoissé par les scénarios catastrophes, Cid continuait à attendre. Ou du moins il combattait son envie de se lever et filer ailleurs, loin de la conséquence de son erreur, loin de sa culpabilité dévorante.
Une partie de lui, la vaste majorité de ce qui composait sa personne en fait, lui disait d’aller suivre Bender et de retrouver cette personne qui connaissait l’existence de la chimère. Cette idée tournait en rond dans sa tête, comme cela il pouvait s'occuper, il pouvait enfin avancer dans son agenda personnel... Mais malgré toute la volonté qu'il pouvait rassembler, Cid n’arrivait pas à se lever de sa chaise.
● “Il faut croire que, pour une fois, je n’ai pas mélangé mes priorités. Je sais que tu auras beaucoup de questions et de colère à ton réveil alors je vais attendre ici et essayer de ne pas fuir. Revivre tout ça, sigh... Ça ne va pas être simple fillette…”
● Vous…Vous voulez peut être que je vous laisse ? – demanda Choki presque supplicatif.
● Sans te commander oui – répondit Cid
● Oh non du tout. C’est avec plaisir – répondit Choki en marchant rapidement vers la sortie. Il serra ses petits poings, il voulait lui dire pour Andreï, qu’ils n’étaient pas tous des dégénérés et qu’il y avait des gens bien ici mais les mots ne sortaient pas de sa bouche. La scène était encore vivide dans son esprit, la bête tranchant les jambes d’Andreï et riant en regardant Choki s'enfuir. Mais il avait peur, il était terrifié et ne pouvait rien y faire, le courage n’est pas toujours distribué de manière équitable. Il sorti les poings serrés et les larmes aux yeux et se perdit dans les couloirs.
Il fallut attendre une vingtaine d’heures avant que la procédure ne prenne fin. Cid avait du mal à en croire ses yeux. Il aurait pu comprendre que cela dure des semaines mais pas une journée. Est-ce que c’était aussi un vestige du passé ressuscité ou la création de ces scientifiques ? Il ne pouvait le savoir ou ne voulait pas le savoir, elle avait crée un petit miracle et cela lui suffisait largement. Le liquide commença à être siphonné et le verre à s’abaisser. Cid essaya de masquer son angoisse par un sourire qu’il portait comme un masque.
Il la libéra des liens aux bras et aux jambes, avec toute la douceur dont il était capable. Ces derniers empêchaient que la jeune femme femme ne flotte dans la solution médicinale. Elle avait besoin de rester le plus immobile possible pour que ses organes internes, sévèrement endommagé par l'appendice caudal de la chimère, puissent être soignés.
Dalanda commença à ouvrir les paupières, mais elle les referma aussitôt. Ses yeux avaient besoin d'un certain temps pour se réhabituer à la lumière, vu que cette dernière était atténué par le liquide verdâtre. Cependant la sensation qui la travaillait le plus était un arrière-goût de moutarde dans la bouche qu’elle n’arrivait pas à expliquer.
● "Qu'est ce que c'est ? Pourquoi j'ai l'impression de m'être empiffrée de moutarde ? Beurk ! Merde, j'ai mal à la main...Qu'est ce qui se passe ? Où est ce que je suis ?" - se demanda t elle avant de remarquer une silhouette floue devant elle
Dalanda commença à ouvrir les paupières, mais elle les referma aussitôt. Ses yeux avaient besoin d'un certain temps pour se réhabituer à la lumière, vu que cette dernière était atténué par le liquide verdâtre. Cependant la sensation qui la travaillait le plus était un arrière-goût de moutarde dans la bouche qu’elle n’arrivait pas à expliquer.
● "Qu'est ce que c'est ? Pourquoi j'ai l'impression de m'être empiffrée de moutarde ? Beurk ! Merde, j'ai mal à la main...Qu'est ce qui se passe ? Où est ce que je suis ?" - se demanda t elle avant de remarquer une silhouette floue devant elle
● Hey hey ! Doucement fillette – lui dit Cid en voyant qu’elle essayait de prendre appui pour se lever, mais sa nouvelle main n’était qu’un moignon.
● Hmm ? Cid ? Cid c’est toi ? – dit-elle en reconnaissant la voix. Son cœur s'emballa de bonheur et la jeune femme serra le géant aussi fort qu’elle le pouvait. Toutes ses angoisses se dissipèrent comme neige au soleil, ainsi que le courage pour lui annoncer sa décision.
● Tout doux fillette, ça va aller ! – dit-il chaleureusement.
● Aide moi à me relever – demanda Eiling en essayant de prendre appui à nouveau, par réflexe, mais sa main n’était plus ce qu’elle était.
● Voilà, écoute… - voulu-t-il dire, en l'aidant à se lever, mais il fut interrompu par un enchaînement de mouvements dont il connaissait d'avance le motif. Son expérience dessinait déjà l'image dans son esprit avant même que l'action ne se produise.
Il observa au ralenti l'expression de la jeune femme changer dans un revers à 180°, de la joie à la colère et son cœur sursauta, battant de manière irrégulière, lui coupant le souffle. Il l'observa reculer de deux pas, puis armer sa main pour un mouvement parabolique: un crochet. Cependant il savait également que ce crochet ne l'atteindra jamais. Elle avait bien calculer la distance, elle avait également prit en compte la différence de taille, cependant son cerveau n'avait pas encore comprit qu'il lui manquait une allonge; alors Marshall se pencha en avant en offrant sa joue. Et le moignon vint s'écraser pile poile sur la mandibule de la mâchoire. C'était la zone qui pouvait offrir le moins de résistance et donc ne pas la blesser autant qu'elle aurait put se blesser en percutant l'apophyse temporale par exemple.
● Voilà, écoute… - voulu-t-il dire, en l'aidant à se lever, mais il fut interrompu par un enchaînement de mouvements dont il connaissait d'avance le motif. Son expérience dessinait déjà l'image dans son esprit avant même que l'action ne se produise.
Il observa au ralenti l'expression de la jeune femme changer dans un revers à 180°, de la joie à la colère et son cœur sursauta, battant de manière irrégulière, lui coupant le souffle. Il l'observa reculer de deux pas, puis armer sa main pour un mouvement parabolique: un crochet. Cependant il savait également que ce crochet ne l'atteindra jamais. Elle avait bien calculer la distance, elle avait également prit en compte la différence de taille, cependant son cerveau n'avait pas encore comprit qu'il lui manquait une allonge; alors Marshall se pencha en avant en offrant sa joue. Et le moignon vint s'écraser pile poile sur la mandibule de la mâchoire. C'était la zone qui pouvait offrir le moins de résistance et donc ne pas la blesser autant qu'elle aurait put se blesser en percutant l'apophyse temporale par exemple.
● Ahh Putain !! – cria-t-elle en se tenant le bout de bras endolori – T’as essayé de me bouffer espèce de salopard ! Non mais qu’est ce qui t’as pris hein ? Tu n’y as même pas réfléchi à deux fois ! Qu’est-ce que je dois comprendre hein ? – hurla-t-elle en pointant le moignon droit sur le visage de Cid comme un doigt géant
● Ecoute, je n’avais pas le contr…
● JE M'EN FOU !! Hein ? Je compte si peu que ça pour que tu me sortes une excuse pourrie comme ça ? – dit-elle en gesticulant plus qu’à son habitude.
● Ce n’est pas si simpl…
● Ta gueule ok ?! Ta gueule ! J’ai failli mourir Cid et mon fils continuerait à souffrir toute sa vie et à s’en vouloir ! TOUTE SA VIE ! Et elle est assez merdique comme ça ! Et la personne qui allait être responsable de tout ça c’est toi ! je t’aime comme mon frère Cid, alors par pitié donne-moi une bonne raison de continuer à le faire !!
Cid, lâcha un profond soupir. Il savait clairement que ce moment était inévitable, mais quelque part, il espérait échapper à l’émergence de ses souvenirs enfouis.
● “Hihihi, elle aurait dû rester derrière son bureau alors” - se moqua sa voix des accusations de la jeune femme.
● “…”
● Je suis désolé – lui dit Cid.
● Ce n’est pas des excuses que je veux ! – répliqua-t-elle. Elle voulait que son ton soit le plus tranchant possible, mais au moment où les mots sortaient de sa bouche ses yeux décidèrent de terminer l'ajustement à la lumière. Et la première chose qu'elle vit était les blessures et cicatrices visibles derrière la chemise en lambeaux. Elles recouvraient tout le corps de Marshall comme une plaie géante et le - Oh mon dieu ! - ainsi que les mains, ou plutôt la main, couvrant la bouche, lui échappèrent. Elle ne l'avait jamais vu sous sa forme humaine, elle ne pouvait pas imaginer qu'il cachait ces afflictions sous la fourrure.
● Oh, ça ? J'aurai du prendre d'autres vêtements je crois, mais je n'étais pas en état de réfléchir. - répondit-t-il avec une pointe de tristesse - Je pense que tu ferais mieux de t’asseoir si tu veux écouter mon histoire – dit-il en lui montrant les chaises – Bender était au courant pour la chimère, ce qui est inquiétant en soit. J’imagine que tu l’es aussi ?
● Oui, le sous-directeur de cette installation nous en a parlé. Il avait évoqué une rumeur à propos d’un projet chimère et génocide.
● Le sous-directeur ? Il s’appell…non ce n’est pas important pour l’instant. Ce qui est important c’est de te donner une raison de ne pas me haïr, c’est bien l’une des choses que j’aurai du mal à supporter.
● Pour l’instant... Pour l'instant je n’entends que du vent – dit Dalanda d'une voie tremblotante. Elle essayait de ne pas laisser sa colère filer. De mémoire c’était la chose la plus gentille qu’il lui ait dite, et rester énervée n'était pas simple. Alors elle soufflait, mentalement, sur les braises de colère pour les garder chaudes.
● Ok. Par où commencer ? – se demanda Marshall en se grattant les cheveux blanchis. Il tourna le dos portant d'atroces marques de griffures imposantes, puis s'assit sur un bureau vide laissant la chaise à sa protégée - Je n’ai jamais été un très bon narrateur alors tu m’excuseras d’avance. Ok, c’est parti - dit il en prenant une petite inspiration et en se frottant les mains contre son pantalon déchiré - Il y a de cela 27 ans on a connu la fin de la grande guerre. C’était génial, c’était tout beau, c’était la fête partout et l’idée de rétablir les colonies commençait à refaire surface. C’était le début de l’ère des nouveaux pionniers et le second avènement de l’exploration spatiale.
● Oui je m’en rappelle, j’étais là. Tu veux en venir où ?
● Tu étais là mais tu devais avoir quoi ? 2 ou 3 ans ?
● Et alors ? - répondit-t-elle un peu agacée d'avoir été indirectement rappelée de sa fourchette d'âge.
● Ok, un peu de patience, s’il te plait. Je vais y arriver à mon rythme - la rassura Cid. Il était évident de penser qu'il essayait de tourner autour du pot, mais il avait besoin, mentalement, de se préparer à revivre les moments les plus difficiles de son existence - Ce que la plupart des gens ne se rappellent pas où ignorent tout simplement, c’est que tout n’était pas aussi beau qu'on voulait bien le croire. C’était le renouveau de l’aire coloniale, et qui dit colonisation suggère la conquête de territoire et de terrains. Le fait était que plusieurs propriétaires de terrain, immobiliers et tout ça, avaient commencé à réclamer leurs droits pour regagner ce qu’ils avaient perdu au vu de l’effort de guerre ou de l’avancée des forces aliens. Maintenant que les territoires pouvaient être re-colonisés, on pouvait reparler pognon.
● L’enjeu était de taille après tout. On parle de bouts de planètes aux quatre coins de la voie lactée, avec des ressources précieuses comme l’or, le nimbus ou le diamant. Surtout le nimbus d’ailleurs. Donc, on parle de territoires habitables par des millions de personnes, et des terres cultivables pouvant nourrir des milliards de personnes, entre autre. Tu peux facilement t'imaginer que c'est du gros, très gros pognon - expliqua Cid et Dalanda hocha de la tête. Rien que les revenus tri-mensuels miniers d'un petit satellite de type "lune" pouvaient se chiffrer en 15 zéros après la virgule. Personne n'était prêt à lâcher un tel capital sans se battre - Le problème était que l’administration était complètement surchargée avec la reconstitution des archives et ils avaient malheureusement foiré le contrôle de fraudes. Une bonne quantité de contrefaçons étaient en circulation, les vrais et les faux étaient mélangés de telle sorte que le système n'avait presque plus aucun sens. C’était une véritable horreur, et des amis à moi se sont vu refuser leurs droits alors qu’ils tenaient les originaux. Ils avaient un petit bout de terrain sur Heloî pour leur retraite, mais un type est venu avec des documents qu'il prétendait être les originaux et s'est mis à construire sur leur terrain.
● J'ai aussi eut affaire à ce genre de pratiques - commenta Dalanda - Et qu'est ce qu'ils ont fait ?
● Eh bien, ils ont allé devant les tribunaux et ont perdu.
● Comment c'est possible ? - s'étonna la jeune femme.
● Je t'ai déjà que tu es bien trop naïve pour une personne de ton importance - répondit Cid ce à quoi la jeune femme réagit en plissant les yeux. Elle avait quoi rétorquer mais préféra se taire - Dans ton cas tu as les moyens de te défendre, tu as un nom et tu as du capital, mais tout le monde n'a pas ces outils. L'après guerre est un véritable bordel qui est le paradis des opportuniste. Un juge peut perdre son job, mais s'il a réussi à conclure une bonne affaire il peut démissionner avec le sourire. Même s'il avait saloper son travail, cela prendrait combien de temps pour que l'affaire repasse en jugement ? Pendant ce temps ses partenaires de crime auraient tout piller, de toute façon ils sont gagnants.
● Hmm...
● La télé avait fait passer la victoire pour la fin de tous les conflits. Mais en réalité, les humains avaient été rendus fous par la mort qui venait de les frôler. Leur moralité n'était plus la même, à l'instar d'animaux sauvages ils ne cherchaient que leurs propres intérêts et ont imposés cette vision comme une norme. Face à autant d’agressivité et d'injustice, les autres n'avaient d'autres choix que de devenir sauvages à leur tour. La victoire on l'a eut, mais au prix de notre humanité.
● ...Et qu'est ce qui s'est passé pour tes amis ?
● Malheureusement ils ont fini à la rue, mais ils n’ont pas été seuls pendant bien longtemps. Les droits de propriété étaient factices, la contrefaçon de documents officiels était monnaie courante et vu le nombre de demande il … En fait non, là je m’égare. Le fait ait que, comme je l’ai dit, plusieurs de ces territoires possédaient des richesses dont certains états et entreprises avaient commencé à se gaver. Une spirale catastrophique était mise en place. Mais qu'est ce que tu espère quand des personnes obligées à se nourrir de terre pour avoir l'impression d'un ventre rempli, sont mis devant une perspective de fortune. Tout était préférable à ce qu'ils avaient vécus auparavant, même la mort était envisageable comme une éventualité du genre "Mouais, c'est pas grave". Et ces chiwawas affamés ont commencé à mordre les intérêts des puissants, c'est là que c'est devenu vraiment merdique.
● ...
● Malgré le fait qu'ils utilisaient les mêmes techniques de contrefaçon, les personnes en position de pouvoir n'appréciaient pas qu'on leur rende la pareille. La situation s’était envenimé au point où plusieurs planètes ont failli entrer en guerre civile, tu te rappelle j’imagine les événements de Kazan où le gouvernement a été violemment renversé ? Les gens n'en pouvaient plus de se faire voler, et lorsqu'on leur avait enlevé leurs miettes de pain de la bouche ça a été le massacre. Je ne sais pas ceux qui était passé par la tête des politiques, je ne sais pas comment ils se sont convaincu qu'ils pouvaient maintenir indéfiniment une populations sous leur botte en voulant toujours plus.... Les gens sont cons et lâches, mais tout le monde à sa limite.
● Oui je m'en rappelle. On l'a étudié au Lycée, il y a eut 500 000 morts en tout. Kazan avait même utilisé des armes toxiques pour calmer la révolte.
● Tout ça pour du nimbus... On venait juste de gagner le droit de survivre et on commençait déjà à se cracher sur la gueule, bref. Un besoin de transparence avait été jugé nécessaire par tous les chefs d’état qui se faisaient dans le froc, enfin j'imagine qu'il devait y avoir des mecs réglos dans le lot. Quoique, j'en sais rien en fait. La politique n'était pas mon domaine et ce n'était pas encore suffisamment "historique" pour que cela m'intéresse.
● Comment ça ? - demanda Eiling
● Hmm ? Oh, par rapport à mon métier. Mon domaine c'était tout ce qui remontait à au moins un siècle dans le passé. Ces changements étaient bien trop modernes pour que je les étudie avec un œil d'expert - dit Cid en souriant - Je reviens donc à mon récit. La CEDEP avait décidé que toutes les réclamations allaient être revues. Malgré le lobbying, la décision avait été prise, et les entreprises gaspillaient de véritables fortunes en procès, les réclamations affluaient par milliers et tout le monde demandait de leur rendre ce qui leur appartenait qu’il s’agisse des vrais propriétaires ou des faux. Les avocats ont du se faire de véritables fortunes à l'époque... Les médias on commencé à crier que c'était la victoire du petit peuple, les entreprises croulaient sous le poids de la justice sociale... Ce genre de conneries. Cependant certains des PDG très brillants, et surtout désespérés, ont imaginé quelque chose de plus drastique pour garder leur part du gâteau.
● Je n’aime pas où ton histoire avance – lui dit Dalanda horrifiée par les images qui tournaient déjà dans sa tête.
● Et tu as raison. Il n'y a rien à aimer dans cette histoire, c'est pourquoi je ne l'ai jamais racontée. Mais il est vrai que tu mérites de savoir ce que nous sommes, nous les z'hums - annonça Cid en la regardant avec un petit sourire chaleureux. Il se livrait comme jamais et son instinct associait cela à de la faiblesse, alors que son cerveau voulait le préserver de la peine qui allait refaire surface. En ce moment il menait une lutte intérieur, une lutte étrange contre lui même, qui le rendait nerveux et angoissé.
● "Oh Cid..." - pensa Dalanda partageant la douleur de son ami. Elle n'avait pas besoin de lire en lui pour constater son état émotionnel, il suffisait e le regarder pour comprendre qu'il se forçait à avançait, qu'il se forçait à surpasser un traumatisme. Qu'avait il bien pu vivre pour le mettre dans cet état ?
● Euh, j'en étais où ? Ah oui ! Le paradoxe de cet époque. Enfin, est ce que c'est réellement un paradoxe ? Je ne sais pas. Mais est ce que tu sais quel marché avait connu le plus fort taux de croissance ? - demanda Marshall
● Je ne sais pas, je dirai les terrains ? - se hasarda Eiling en se fiant à ce qu'elle venait d'entendre
● Hmpf, non. C'est le marché noir. Les opportunistes à la tête des nouvelles multiplanétariales pouvaient s’en donner à cœur joie, et le prix de la vie humaine était devenu à nouveau abordable. Il était plus simple de payer, disons 100000 rolins (monnaie de la CEDEP), plutôt que payer ces 100000 rolins pour défendre ses droits devant les tribunaux, parce que cela envoyait un message fort et clair. Bien entendu ils n’étaient pas les seuls à user de pareilles méthodes, à croire que tout le monde avait perdu la tête. Ce chaos avait propulsé les mercenaires sur le devant de la scène vu qu’ils étaient la seule solution de défense contre les différents assassins et groupuscules qui ciblaient les nouvelles colonies. Et ces assassins devenaient de plus en plus nombreux et professionnels. Dans l’ombre des noms ont commencés à être murmurés comme les night whisper, les black owls, ou encore génocide mais tous étaient surplombés par les Ukufa.
● Les bouffons ? - répondit Dalanda avec un frisson involontaire qui se propagea sur sa peau. Une seule rencontre avec l'un de leur membre l'avait rendue malade. Ce type exhumait le mal être, la colère, la noirceur tout simplement comme un soleil sombre.
● Les bouffons - confirma Cid
● Hmm !
● Ils sont même entrés dans les légendes urbaines. Prononce ce nom trois fois devant un miroir et tu disparaîtras, ce genre de trucs - il prit une pause pour souffler, croiser les bras et lever les yeux au plafond, quelque chose qu’il faisait pour mieux visualiser
● Attend une seconde ! Génocide ? C'était toi non ? - demanda Eiling en exécrant ce nom.
● Oui c'était...c'est moi. Mais je l’ai appris il n’y a pas très longtemps. il y a…Attend c’était en 2738, je crois. Ah si ! ça fait un moment en fait, j’aurai juré que c’était trois ans. Bref, j'ai passé un bon paquet d'années dans le flou. Et c’est à cette époque que j’ai commencé à faire la connexion entre le nom génocide et moi-même. A travers les rumeurs circulant dans le terrier d'Alice...
● " Le terrier d'Alice ?" - se demanda Dalanda qui existait tout de cet oasis d'information au sein du marché noir.
● ... En reconnaissant le modus operendi que mes …créateurs… avaient planifiés. Ces types avaient une ambition, ils voulaient créer un monstre tellement terrifiant qu’il éclipserait l’horreur des Kissadzé.
● T’es sérieux ? – demanda Dalanda qui ne comprenait pas l'intérêt d'une telle ambition.
● Ouais c’était leur grand rêve, leur chimère !
Cid changea de posture. Il croisa les mains en reculant son buste, un peu comme pour se distancier de la conversation. Cependant Eiling perçut une autre raison dans cette gestuelle, car il apparaissait qu'il ne croisait pas les bras pour le plaisir ou le style, mais plus pour les maintenir, les emprisonnés... La force apparente avec laquelle il gardait ses mains serrées entre ses biceps et ses dentelés était anormale. Alors le regard de la jeune femme glissa sur le pantalon pour voir que la chair avait été gratté jusqu'à exposer la viande... Elle fut prise d'effroi mais resta silencieuse, mais ne savait pas que faire. Cependant avant de paniquer, elle observa les blessures se refermer lentement, travail des nanomachines contenues dans son organisme.
● J’ignore quelle était leur raison ou s’ils en avaient même une - continua Marshall son récit comme si de rien n'était. Il y avait fort à parié qu'il n'avait même pas remarqué ce qu'il s'était fait subir. Son attention était pleinement focalisée sur son récit, il voulait jute se libérer du poids de son passé - A mon avis c’étaient de grands malades contaminés par la folie de la guerre. Ou peut être que c'était de naissance... Il n'y en a qu'un qui avait gardé un semblant d'humanité. Qu'est ce qu'il faisait au milieu de ces osties d'mongol ?...
● "Hein ?" - pensa Eiling ne comprenant pas le sens de 'expression. Mais c'était tout Cid, dès fois il disait des trucs que personne ne comprenait.
● Un jour peut être que j'aurai la réponse à cette question, mais j'en doute
● Pourquoi ?
● Parceque j'ignore s'il à survécu à sa chimère - répondit Cid.
● Je ne comprends pas. Il s'est passé quoi ?
● Une seconde jeune fille. Ne me truc pas hein ? Ne m'embrouille pas la tête, j'y arrive. Euh j'en étais où ? Ah oui. Ces types manquaient cruellement de fonds pour leurs recherches. Fort heureusement pour eux, l’existence de ce marché parallèle florissant où la vie humaine était monnayée, leur fournissait une source de revenus parfaite pour ce qu’ils avaient prévu. Donc tout ce que j’ai dit, trop longuement et confusément, je sais, était pour venir au fait qu’il y avait une offre et une demande. Tout bêtement… - Cid fit une petite pause pour rassembler ses pensées un peu confuses. Le moment qu’il essayait d’éviter allait arriver et allonger le récit indéfiniment allait être contre productif - Donc ces "scientifiques" pouvaient tester leurs créations et se financer, d’une pierre deux coups. Quant aux “volontaires” ou cobayes pour leur projet, ils les trouvaient littéralement dans la rue. Il y avait bien trop de personnes qui avaient tout perdu : famille, maisons, emplois, espoir. Il y avait bien trop de survivants qui carburaient à vide, sans rêves, ambitions, ou espoir. Des zombies qui ne voyaient pas plus loin que le lendemain.
● Ta famille est morte durant la guerre ? - demanda Dalanda
● Hmm ? Non - répondit Cid en secouant la tête - bien avant. Ils sont mort de vieillesse, je pense.
● Tu penses ?
● Je n’étais pas là. J’ai, euh, j'ai du quitter mon foyer quand j’étais jeune et je n’y ai pas remis les pieds depuis.
● Je suis désolée.
● Non, tu n’as pas à t’excuser. Ce n’est pas que je m’y sentais mal, bien au contraire. Ce sont juste les circonstances qui nous ont séparées. Je ne vois pas de meilleur explication.
● Comment ça ?
● Eh bien, je... Tu sais quoi ? On en discutera une autre fois de ça.
● Cid...
● Une histoire à la fois jeune fille. Une histoire à la fois, au retour je te raconterai mon enfance autour d'un verre, ou trente, si tu veux. Mais là, j'aimerai finir ce que j'ai commencé.
● Ok... - concéda Eiling
● Super... Euh, je suis devenu professeur d’histoire à l’université St Charles. J’y réalisais également une thèse sur la deuxième genèse, ridicule maintenant que j’y pense...
● La seconde genèse ?
● Ah c’est juste une bêtise qui m’était passée par tête. Pour le reste je n’ai jamais eu ni femme, ni enfant. Je ne compte plus en avoir non plus, mais ça n’a plus aucune importance tout ça.
● Qu'est ce que tu raconte ? Bien sûr que si.
● Non, ça n’a plus aucune importance. Ce n’est pas quelque chose que je mér…recherche. Mais - dit Cid en levant la main pour stopper le flot d'argument d'Eiling - revenons-en à ce qui nous intéresse. Les cobayes étaient disponibles par millions et les gouvernements se frottaient les mains quand ils étaient compensés pour fermer les yeux - continua-t-il son histoire.
● Après tout pourquoi est ce qu'ils ne seraient pas contents ? Ils amassaient une petite fortune et en plus ils rendaient un "service" à la société. Il y avait trop de personnes à la rue, certaines villes avaient 10 à 15 fois leur population normale. C'était donc un problème qui commençait à devenir important parce que les natifs eux mêmes en avaient marre.
● Oui, je me rappelle de ça mais à l'époque je n'y avais pas vraiment réfléchi.
● Tu n'étais qu'une enfant. Tu avais tes problèmes - sourit Cid - Mais les adultes avaient réfléchis et avaient décidé que quelque chose devait être fait. Quoi exactement ? Personne ne se mettait d'accord. La morale se heurtait au pragmatisme et les conversations tournaient en rond. Relocaliser ? Mais où ? Avec quels fonds ? Alors lorsqu'une proposition juteuse à été faîte dans les coulisses, ça les a beaucoup soulagé.
● Ils ont vendu ces pauvres gens ?
● Oui, ils nous ont vendu - confirma Cid - Comme ça les statistiques de chômage et de sdf étaient propres, visuellement les villes étaient plus agréables, et les politiques pouvaient clamer haut et fort: Regardez ce que j’ai réussi à accomplir ! J'ai tenu ma promesse parce que je vous aime ! Et autres conneries du genre. Je ne dis pas que tous les politiques étaient corrompus mais une bonne majorité de ceux de Kyran l’étaient...
● Quand tu dis on ? Qu'est ce que tu veux dire par là ? Tu étais à la rue aussi ?
● Oui, peu après le début de la guerre. Un historien n'avait aucune importance dans un conflit pour le futur. Les coupes budgétaires ont été sévères. Après tout, Kyran est une petite planète avec pas plus de trois milliards d'habitants dont 20 % étaient des cas sociaux à prendre en charge. Et ce avant l'arrivée des Kissadzés. Alors oui, une planète pauvre qui avait besoin de fournir un effort de guerre conséquent, n'avait que faire de l'histoire. J'ai été gentiment licencié et je ne trouvais aucune autre place nulle part.
● Toi ? - s'étonna Dalanda
● Oui, moi. Je n'ai pas toujours été comme tu me vois maintenant - dit Cid en bandant ses muscles - ce corps que que tu vois a été forgé par nécessité et non par préférence. J'ai du drastiquement changer pour survivre mais à l'époque... Eh bien à l'époque, tout ce que je savais faire c'était parler de trucs bizarres et personne n'en voulait. Alors j'ai du reconsidérer une nouvelle carrière dans une ruelle. Mais bizarrement, j'ai été ok avec. Ou, du moins je n'en avais rien à faire. J'avais perdu espoir, trop vite peut être, mais je n'avais pas les outils mentaux pour faire face à cette nouvelle vie. Espoir ? Ambition ? J'ai tout brisé dans ma tête, j'ai baissé les bras beaucoup trop vite, pour devenir un être amorphe et vide - dit-il avec un sourire attristé, puis secoua la tête comme pour chasser une mauvaise image, ensuite il éclata d'un rire presque hystérique – Ku Kuu Ku, pathétique pas vrai ? Stupide pas vrai ? Misérable hein ?! - demanda t il en ouvrant grand les paupières, ses yeux se fixèrent sur le regard de Dalanda qui pu y voir une instabilité certaine. Le maelstrom d'émotions dans ces yeux était dangereux: honte, colère, injustice, peur... Il y avait tellement de choses à percevoir qu'elle fut submergée. Elle ne voulait pas entrer dans le jugement, elle ne voulait pas montrer de pitié blessante, cependant des larmes coulèrent le long des joues de la jeune femme. Quand elle imagina la solitude d'une telle existence, elle ne put s'empêcher de montrer sa tristesse et Cid revint à lui.
● Désolé - fit il en se prenant le visage dans la paume de sa main - Ce n'est pas facile...
● "Hihihi, et ce n'est que le début".
● Cid, Je...
● C'est bon, c'est dans le passé tout ça. Tu voulais savoir, alors laisse moi terminer - demanda-t-il - Pour nous qui avions tout perdu et qui vivions au jour le jour, seuls et ignorés. Forcés à devenir des fantômes aux yeux des gens, inexistants...
● "Hihihi, comme des crottes de chien sur le trottoir"
●...La perspective d'une conversation chaleureuse, d'une bonne douche et d'un repas chaud était simplement un miracle. Ce sont toujours ces petites choses du quotidien qui manquent vraiment. La sensation d'utilité, aussi... Ouais... Le fait de faire quelque chose qui ait du sens, qui ne rende pas notre existence inutile ou sans valeur, ouais ça me manquait beaucoup aussi. C’est fou pas vrai ? - demanda Cid, perdu dans ses souvenirs - Alors, il y avait une association qui était venue s'occuper de nous :"SOS AMity". Ils avaient commencé à nous rendre visite, en prenant le temps de nous parler, et nous apporter de la nourriture chaude. C'était des conserves, mais c'était mieux que ce qu'on pouvait trouver dans les tris de déchets. Ils nous offraient aussi des visites chez le coiffeur et dans leur centre on pouvait prendre une douche tous les trois jours. Hoo, le rêve. La sensation de fraîcheur, l'odeur qui disparaissait et cette sensation pâteuse dégueulasse dans la bouche qui laissait place au parfum de menthe après un brossage de dents. Je ne te dis pas à quel point c'était le pied. Et puis un jour, ils ont fait encore plus fort. Un des membres, Slavenko il s'appelait mais on l'appelait Slava. Slava ? Ku kuu ku - rigola Cid
● Qu'est ce qu'il y a ? - demanda Dalanda confuse
● Non, j'ai juste pensé à un truc
● Et c'est quoi ?
● Rien d'important Ku kuu ku
● ...
● Donc, ce type, Slava, est venu nous voir pour me proposer du travail, un truc réglo sponsorisé par le gouvernement. Il m'avait expliqué que "SOS AMity" s'était battu pour cet accord et que c'était notre seule chance de réintégrer la société. Tu parles que je me suis jeté sur l'occasion. Dès que j'ai entendu "travail" je ne voulais rien savoir d'autre. C’était l’occasion pour nous de relever la tête, de pouvoir se regarder dans un miroir avec fierté, d'être vus à nouveau, de ne plus porter le fardeau de la honte, de dire au revoir à cette colère qui me bouffait un petit peu plus chaque jour.
● Ne me dit pas que...
● Tout doux jeune fille, ne te presse pas à anticiper la suite. Ecoute juste - la coupa gentiment Cid, confirmant de la sorte ses doutes. Et ça la rendait folle de rage: profiter ainsi du malheur en prétendant porter secours. Quel genre d'être humain était capable d'une chose pareille ? - On m’avait proposé un travail dans une ferme, pour planter et récolter du blé. Un travail honorable et j'étais tellement motivé que je n'avais même pas besoin d'outils, on m'aurait dit creuse avec les dents et je l'aurait fait. Absurde pas vrai ? Mais dans ma tête c'était effectivement ma seule et unique chance de me sortir de là. Pendant des années je refusais d'espérer et là, la chance était forcée sur ma personne. Autrement dit, j'assistais à la réalisation d'un miracle et pour la première fois depuis longtemps j’avais même pensé à aller prier à l’église, tssk... Il y a un vieux dicton qui dit: les voies du seigneur sont impénétrables. J’attend encore de comprendre ce qu’il avait en tête.
● Je ne m’y connais pas beaucoup en religion - avoua Dalanda
● Je sais. J’y ai longtemps réfléchi, j’y réfléchi encore aujourd’hui et je suis arrivé à la conclusion que si jamais il y avait un Dieu, nos prières doivent finir sur son répondeur et les miracles ne sont que des coïncidences. Quoiqu’il en soit, on s’était retrouvé par milliers dans le spatio-drome de Kyran. Je n'avais prêté aucune attention au fait qu'on nous embarquait de nuit, sans passer par le circuit habituel. J'avais des doutes, mais je m'étais dit que vu le nombre de personnes c'était le plus pratique. et puis c'était un projet gouvernementale alors à quoi bon passer par les contrôles ?
● Je peux comprendre la logique...
● Il n'y a pas de logique derrière fillette. Mon cerveau avait simplement justifié l'injustifiable. j'avais l'esprit projeté trop loin dans le futur, un futur d'ailleurs hypothétique, en refusant de voir les signes dans le présent. J'ai été aveuglé par mon espoir et la foule n'avait pas arrangé les choses. Partout où je regardais je voyais des gens convaincus d'avoir fait le bon choix. Et ceux qui pensaient le contraire préféraient rester silencieux car même eux voulaient s'agripper à la brindille tendue... Le nom du vaisseau m'avait conforté aussi: l'Evangelion ? Non, l'Evangelik... Oui c’est ça, le nom m’avait rassuré dans le fait que j’avais pris la bonne décision, que je suivais le bon chemin. C’était ma bonne nouvelle depuis le paradis - raconta Cid en se passant involontairement la main sur la poitrine, au dessus d’une trace de quatre griffes cicatrisées - Donc moi et d’autres personnes dans la même situation, je me rappelle qu’on avait commencé à prendre plaisir à se raconter nos vies et nos rêves. Même notre passé, comment on en était arrivé à errer dans les rues. Ce qu'on avait vécu, à quel point la solitude avait été difficile à vivre, à quel point le sentiment d'être ignoré était meurtrier. Et certains avaient de ces histoires, je ne pouvais qu'être impressionné qu'ils ne s'étaient pas suicidés pour mettre fin au calvaire. Je n'avais connu la rue que pendant une dizaine d'année...
● Dix ans ? - réagit Eiling
● A peu près, oui. Mais il y en a qui y ont vécu pendant quarante ans. Quarante ans de lutte, je crois que je me serai grillé la cervelle depuis longtemps. Ou que j'aurai fini par me pendre avec mes draps. C'est juste inconcevable...
● ...C'est pour ça que tu passe tes heures libres dans la rue ?
● Hmpf, j'aime bien dormir à la belle étoile. Les lits sont trop mous pour moi.
● Ton argument ne fait aucun sens
● Eh bein, ce n'est rien d'inhabituel alors - sourit Cid - Mais tu me distrait du récit là. Euh, où j'étais ? Ah oui, vu qu’on voyait le bout du tunnel, on se disait que notre passé allait nous servir de leçon. Il allait nous rendre plus fort et qu’il n’y avait plus de quoi avoir honte. On avait également commencé à se partager nos rêves, ce qu’on allait faire avec nos salaires, les petits plaisirs qu’on allait pouvoir s’offrir. Beaucoup avaient des projets ambitieux d’entreprises, ce qui était normal. Après avoir été au plus bas, on ne peut qu'espérer atteindre les sommets.
● Et c’était quoi ton rêve ? - ne put s'empêcher de demander Dalanda
● Moi ? - demanda Cid en fixant le sol, le regard distant, perdu dans le passé - Oh, le mien était simple. M’acheter une tarte - finit il par répondre
● Une tarte ?
● Mais pas n’importe quelle tarte. La "queen berry", aux baies et à la pomme. Je la yeutais presque tous les jours vu que j’étais assis juste de l’autre côté de la rue avec ma pancarte “Nourrissez l’intellect, nourrissez l’homme” et je me ne me rappelle plus quoi. Hahahaha, j'avoue que je n'étais pas super inspiré maintenant que j'y pense. Mais sur le coup je pensais que c'était une super idée - dit Cid en se rappelant sa pancarte qui l'a accompagnée durant des années: “Nourrissez la raison, nourrissez l’homme, un geste pour l’éducation”. Il se rappelait très bien ce qu’il avait écrit mais cela n’avait plus d’importance. Il se pinça les yeux puis continua - Quoiqu’il en soit, je rêvais d’entrer dans cette pâtisserie... Elle s'appelle comment déjà ? C'est un vieux nom nostalgique. Ah - fit Cid en claquant des doigts trop fort et le son fissura légèrement le verre, sans parler des tympans de son amie - Oups, désolé.
● Euh, ouais - dit Eiling en attendant que le petit sifflement dans ses oreilles s'arrête.
● Je me suis un petit peu emballé - excusa-t-il - La pâtisserie de Marguerite. Je ne m'attendais pas à trouver un nom pareil dans le futur...
● "?"
● ... Et je voulais simplement entrer propre, sourire à la vendeuse et même si elle ne me le rendait pas c'était pas grave. Je voulais commander la queen berry le torse bombé et le portefeuille à la mesure de mon ambition. Mon ventre l'était en tout cas. Et je voulais m’asseoir à une table sans qu’on se plaigne de l’odeur ou de mon apparence, sans qu'on essaye de me mettre à la porte. Je voulais savourer cette tarte pendant des heures en écoutant de la bonne musique et les conversations mondaines. Une ambition des plus simples parmi des futurs entrepreneurs, mais personne n'avait rigolé, personne...
● Et tu as pu le faire ? - demanda Dalanda qui avait presque oublié qu'elle était encore en colère. Cid avait involontairement lâché le contrôle sur une partie de sa peine, qu'elle embrassa volontier pour mieux comprendre. Mais la proximité sentimentale rendait l'écoute difficile, alors Eiling croisa les doigts pour combattre l’envie de serrer Cid dans ses bras. Elle devait l'écouter jusqu'au bout sans se laisser complètement envahir, après tout il avait quand même essayer de la tuer.
● Non quand je suis revenu, la tarte était loin d’être ma priorité. Mes goûts avaient drastiquement changés.
● …
● Donc pendant deux semaines dans l'espace, j'avais fait connaissance avec d'autres "rescapés". J’avais vu au moins 20000 photos de familles, malheureusement détruites par la vie. Des photos d'enfants qui avaient grandit depuis, des photos de copines qui s'étaient marié depuis, des photos d'amis qui étaient morts depuis, ce genre de trucs... Mais on ne se montrait pas les photos pour se plaindre, au contraire, c'était pour montrer ce pour quoi on voulait se battre à nouveau. Après, je fais peut être paraître que nous étions tous de joyeux lurons, victimes de l'injustice de la société. Mais ce n'était pas toujours le cas, il y avait beaucoup d'individus complètement tordus parmi nous, de vraies ordures. Cependant, personne ne méritait ce qu'on allait vivre... Si seulement on avait su, non qu’est-ce que je raconte à ce point-là on était tellement excité qu’on aurait peut-être fait pareil... - dit Cid en se grattant la tête, incertain de la décision de son moi passé - Une fois arrivés au bout du voyage, on a constaté qu’on était bien dans une ferme, seulement, pas du genre qu’on s’était imaginé. Les barbelés et les cages étaient déjà occupés par une forme de bétail horrifiante qu'on avait encore jamais vu. On nous a débarqué de force, déshabillé, marqués au fer, enchaîné et enfermés en cellules avec des numéros tatoués au laser à la place de nos noms - dit Cid en se grattant à nouveau la tête - J'en ai eut deux, le premier je ne me rappelle plus vraiment, je ne l'ai pas porté pendant très longtemps. Et le deuxième c'était RR-666. Tssk, quel manque de goût... Mais ce n'est pas ça qui nous a brisé en premier lieu. Tu veux savoir ce qui a fait le plus mal ?
● Vas y – demanda t elle, même si elle avait envie que l’histoire s’arrête la.
● C’est qu’on s’est tous sentis stupides, coupables même d’avoir espérer une meilleure vie. Qu'est ce qu'on avait cru ? Qu'est ce qu'on avait bien pu imaginer ? Une seconde chance ? L'univers n'en avait rien à foutre de nous, et dieux comme démons se riaient de notre stupidité. L'injustice de cette réalité nous avait mis à genoux: le fait de savoir que rien ne nous sauverait, qu'aucun miracle ne se réaliserait, qu'on était complètement insignifiants et à la merci d'un traitement inhumain. Je ne sais pas, c'était comme si c'était normal. L'esprit combatif de la plupart d'entre nous avait déjà été atténué par l'isolement de la rue, et là... l'idée que c'est tout ce que je méritais n'avait pas gangrené que mon esprit.
● … - Dalanda ne savait pas trop quoi dire, ses doigts étaient devenus blancs à force d'être serrés si fort les uns contre les autres,
● On avait à peine eut le temps de prendre une bouffée d’air frais avant qu’on nous plonge la tête sous l’eau. Plusieurs d’entre nous craquèrent à l’arrivée, ils perdirent tout simplement la raison et se mire à rigoler à gorge déployée les larmes aux yeux. La vie venait de perdre tout son sens. L'espoir leur avait donné des ailes, et comme Icare, la chute fut mortelle. Ils se sont fait flinguer sur place, juste devant nos yeux. Les responsables de cette absurdité n’avaient pas besoin de fous, pas de ceux qu’ils n’avaient pas moulés eux même. Où était le plaisir si le travail était déjà fait...
● C'est juste terrible...
● Terrible ? Oui, ça l'était. C'était aussi de la folie. Une thématique récurrente chez l'espèce humaine tout au long de son histoire. Des empires battis dans le sang, des plaines couvertes de millions de cadavres pour l'ambition d'une poignée. Et nous avons été plongés de force dans un des foyers de cette folie, le résultat ? Eh bien tu l'as devant les yeux, ou plutôt tu l'as eut devant les yeux. Cette chose n'a aucune compréhension, aucune empathie, aucun sentiment. Elle n'est concernée que par ses intérêts personnels, parce que c'est ainsi qu'elle a été éduquée. Dans les cages, et le sang - dit Cid.
● "Hihihi, quelle drama-queen. Ce n'était pas si terrible, avoue le. De plonger ses crocs dans la chair de ses "frères". Pas vrai ?"
● "Ta gueule !"
● "Hihihi, haaa, j'aimerai tellement que tu disparaisse"
● "Tu peux toujours rêver..."
● Ça va ? - demanda Dalanda inquiétée par le soudain mutisme de son ami, et son immobilité statuesque.
● Euh, oui ça va. J'en étais où ? Ah oui. On passait la plupart du temps complètement drogués sans savoir ce qui était réel ou non. Notre esprit était ainsi plus malléable à la suggestion et à l'endoctrinement. Au début on ne faisait que ça, passer des cellules aux salles d’opérations et les séances de reprogrammation où on nous lavait le cerveau avec des conneries....
● Comme quoi ? – demanda Dalanda. Elle voulait savoir parce qu’elle voulait mieux comprendre son amie, elle voulait le connaître comme personne d'autre ne le connaissait.
● Ce n’est pas vraiment important – dit Cid en détournant le regard.
● Cid – dit-elle sur un ton suppliant. Elle voulait savoir même si elle savait que c’était douloureux pour lui, elle pouvait sentir sa tristesse et sa solitude. Mais elle voulait savoir toute la vérité
● Qu’on n’était pas humain, qu’on n’avait pas le droit de se qualifier d’humains, qu’on était des animaux errant dans les rues, des parasites qui devaient être reconnaissants de leur situation actuelle, ce genre de trucs.
● Seigneur ! Pourquoi ?
● Je n’en sais rien. Peut-être que c’était une étape nécessaire à notre transformation, mais là je leur trouve juste des justifications. Ils étaient simplement complètement tordus. Mais, quelque part j'ai commencé à ressentir une certaine fierté à me distancier de mon humanité. Parce qu’elle était mauvaise, les humains étaient mauvais. C'était ma mentalité de l'époque, j'ai appris depuis qu'il y a quelques exceptions - annonça Cid avec un hochement de tête à Eiling - Cette croyance s'était propagée dans notre cercle, et on fini par porter cette différence comme un badge de fierté. On était peut être drogués, obligés à faire toute sorte de bassesse, mais là dessus on était tous d'accord. Même lorsqu'on était obligés de s’entre tuer, notre colère n'était pas...
● Excuse moi, quoi ? - demanda Dalanda qui resta bloquée sur '"entre tuer"
● Quoi, quoi ? - demanda Cid
● Vous entre tuer ?
● De tout ce que j'ai raconté c'est ce qui te choque le plus ?
● Non, ce n'est pas ce qui me choque le plus. Mais... Enfin si ! Vous entre tuer ??
● Hmpf. J'hésite à continuer du coup mais une promesse est une promesse. Hmm... - fit Cid en se mordant la lèvre
● Qu'est ce qu'il y a ?
● Rien, j'essaye simplement d'ordonner mes pensées. Je disais donc que même lorsqu'on était obligé de s'entre tuer notre colère n'était pas dirigée contre nous. Oh on se faisait ça à la dure comme des gladiateurs, mais pas pour le plaisir. On n'avait pas le choix déjà et puis c'était devenu une forme de respect, ou de service. Le survivant prenait le fardeau du vaincu et ce dernier échappait à la torture à travers la mort. Quelque chose du genre, chacun avait sa petite philosophie et ses croyances. Personnellement, je m'étais convaincu que je leur rendait service et je devais survivre parce que je pouvais endurer.
● "Hihihi menteur"
● C'est...
● Tordu ? Je sais ! Bien sur, au départ j'étais complètement apeuré. Je passais mon temps à supplier et à chialer. Les opérations étaient douloureuses, les combats étaient terrifiants, les blessures étaient insupportables. On devait guérir à la dur...
● Attends
● Hmm ?
● Vous étiez tous humains non ?
● Euh oui ?! - répondit Cid en ne comprenant pas très bien la question
● Donc c'est eux qui ont conçus les zoohumains ?
● Ouais c'est bien ça.
● Et pourquoi tu ne m'en a jamais parlé ?
● Bah parce que j'en avais pas envie. Le fait qu'on soit le produit de la science n'est pas un sujet très simple à aborder tu sais ? Et puis quand est ce que je l'aurai fait ? Avec tout le travail qu'il y avait à faire ?
● Tu veux me dire que je ne suis pas capable de prendre de mon temps pour t'écouter ? Ou est ce que je dois comprendre autre chose ?
● Mais non, ce n'est pas ce que je dis - dit Cid alors qu'une perle de sueur coulait sur son front - On a un accord avec le gouvernement, un accord de non divulgation passé entre ma génération et les autorités publiques. Nous on ferme nos gueules. Eux, ils inventent une histoire pour masquer tout ça. Et les enfants avaient le droit de "réintégrer" la société. Au départ ils avaient essayer de couvrir les traces des erreurs passées mais on a été éduqué à tuer alors c'était une guerre qui allait leur coûter très chers. Et puis il y avait moi
● Quoi toi ?
● Disons que j'ai menacer le président et tout son ministère de leur montrer l'enfer si jamais il arrivait quelque chose à mes frères.
● Tu es sérieux ? Le président ?
● Bah quoi ? C'est un humain comme un autre. J'ai du bosser pour le gouvernement par la suite comme tous les z'hums de ma génération. Mais ça m'a rapidement casser les couilles, j'ai eut l'impression de revivre les cages. Mais on parlera politique plus tard, autour d'un verre tu te rappelle ?
● Ne croit pas que je vais oublier
● kruu rru rru ! J'attends de voir
● ...
● Bah voilà, avec toutes interruptions j'ai finalement perdu le fil.
● Tu disais que vous étiez le fruit de manipulation génétiques d'origines humaines - rappela Eiling en essayant de prendre sur elle.
● Ah oui. Mais bon cette opération n'est pas possible sur n'importe qui non plus. Un très petit nombre d'individus dispose d’un organe particulier très rare, ici, juste derrière le cœur - dit-il en montrant du pouce – L’organe polymorphique ou comme ils l’appelaient quelques fois : le don de Circé.
● Je n'en ai jamais entendu parler - annonça Dalanda pensive. Elle essaya de fouiller dans ses connaissances, mais rien ne lui venait à l'esprit.
● Eh bien, je ne peux pas t'aider sur le sujet. Pour avoir arracher quelques cœurs moi même, je peux déjà dire que cette particularité est perceptible à l’œil nu. Mais elle est assimilable à une sorte de tumeur, oui, c'est un peu comme une tumeur. Déjà que les tumeurs cardiaques sont super rares alors en plus va chercher dans le lot celle qui sont en réalité un organe polymorphique.
● Hmm, je vois, je crois...
● Tant mieux, parce que je t’avoue que je ne suis pas très sur de la réponse moi même.
● "C'est une bonne hypothèse. Le cas des tumeurs cardiaques touche 0.02 % de l'ensemble des tumeurs" - lui dit sa voix
● "Ça ne reste qu'une hypothèse" - se répondit il.
● Le don de Circé hein ? C'est étrange mais ce nom m'est familier, Circé...
● C'est très possible. Circé est un personnage de légende très connu qui apparaît dans l'odyssée d'Ulysse d'Homère. Un petit chef d'oeuvre de littérature qui a malheureusement été perdu dans la modernité. Tu connais probablement cette histoire sous un autre nom: les aventures de John Power, ça te parle ?
● Non ! Je l'ai lu quand j'étais toute petite - se rappela Dalanda
● Eh bien les aventures de John Power sont, presque, une copie de l'odyssée. Circé y est appelée Circa - sourit Cid
● La sorcière ?
● Yep ! Je vais t'épargner le cours de mythologie grecque et aller droit au but. Dans l'odyssée, Ulysse et ses compagnons débarquent sur une île où ils entendent une voix douce qui les appellent. Les compagnons d'Ulysse, sous le charme suivent la voix et tombent sur une magnifique femme du nom de Circé. Cette dernière offre aux hommes épuisés par le long voyage, un breuvage. Et une fois qu'ils l'ingurgite, elle les transforme en porcs. Voilà pour la petite histoire, j’imagine que c’est la raison…
● “Cependant, je n'ai pas encore trouvé ici l'original pour comparer...”
● Je comprends mieux. C'est vrai qu'il y a une similarité entre ce qui vous est arrivé et l'histoire de cette odyssée ?
● Hmm ?
● Eh bien, comme dans l'histoire vous avez été influencés par la douceur des promesses et vous avez fini par être transformé en anim...enfin en zoohumains - essaya d'expliquer Eiling
● Ha ! Pourquoi pas ? Je serai Ulysse dans ce cas ?
● Euh je ne sais pas
● Non, Ulysse ne s'était pas laissé transformer. Je ne suis qu'un Elpenor ou peut être même un compagnon dont le nom a été perdu... Quoi qu’il en soit, 95 % des nouveaux arrivants étaient filtrés et on ne les revoyait plus jamais. Non ce n’est pas exact, on les revoyait mais sous une forme différente, retravaillée sans matière grasse, on dira cela comme ça.
● Je ne comprends pas - affirma Dalanda. Le sens du sous-entendu lui avait échapper.
● Et tu n’as pas besoin de comprendre cette partie – répondit Cid – Le reste, les 5 %...Enfin, je ne suis pas sur pour les statistiques mais visuellement c'était à peu près ça. Donc, le reste finissait soit en échec et mourrait sur leurs tables d’opération avant d'être recyclé ou devenait un monstre. Le terme Zoohumain n’existait pas encore. Ils avaient droit à une cage à la place de cellules. Ce qui n'était pas un changement de standing en soit. La cellule était bourrée à craquer de personnes et les cages étaient si petites qu'on était obligé de rester accroupis tout le temps. Peut être était ce pour nous rabaisser à l'état d'animaux, assis sur leur pattes arrières devant leurs maîtres ?... tssk ! Quelles conneries... Les rescapés gagnaient en prime un collier de châtiment ainsi que le droit à une dose plus élevée de drogue, et accessoirement une promenade qui finissait très souvent dans l'arène.
● Cid, je suis désolée…
● Hmph - fit Marshall repoussant par réflexe sa pitié, puis il se gratta la tête en lâchant un soupir - Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien fait qui ait pu me blesser. J'ai pensé à te raconter tout ça il y a un moment, c'est vrai. Mais, je ne voyais pas comment aborder ça, où aborder ça ? Commencer par une vanne ? Essayer de me faire plaindre ? Je ne savais pas quoi dire et puis il y a la clause débile passée avec le gouvernement, et je voulais aussi mettre tout ça de côté même si ça me bouffait un peu plus tous les jours...
● Oui, je sentais bien que quelque chose n'allait pas. Tu redevenais comme la première fois qu'on s'était vu.
● Ha, c'est pas sympa ça. Mais c'est vrai, je n'ai pas beaucoup changer depuis. Malgré mes efforts je suis resté une bête sauvage portant le manteau de la civilisation.
● Ce n'est pas ce que je voulais dire...
● Si et tu as raison Dalanda. Tu as raison... Mais la colère de mon passé est une chaîne que je ne sais pas comment rompre, que je ne pourrai jamais rompre, et puis c'est devenu une partie intégrante de moi. C'est comme ça, tout ce que je peux faire c'est m'empêcher d'exploser. Malheureusement les scientifiques ici m'ont un peu "irrité" avec leurs expérimentations. Je me demande si il y a un diplôme pour scientifique maléfique ?
● ... Il ne l'étaient pas tous - dit elle en pensant à Chocki et Andréî.
● Hmph ! Bref, la suite de mon histoire est tout aussi soporifique alors accroche toi si tu veux toujours savoir - dit Cid avec un sourir nerveux.
● Oui, je sentais bien que quelque chose n'allait pas. Tu redevenais comme la première fois qu'on s'était vu.
● Ha, c'est pas sympa ça. Mais c'est vrai, je n'ai pas beaucoup changer depuis. Malgré mes efforts je suis resté une bête sauvage portant le manteau de la civilisation.
● Ce n'est pas ce que je voulais dire...
● Si et tu as raison Dalanda. Tu as raison... Mais la colère de mon passé est une chaîne que je ne sais pas comment rompre, que je ne pourrai jamais rompre, et puis c'est devenu une partie intégrante de moi. C'est comme ça, tout ce que je peux faire c'est m'empêcher d'exploser. Malheureusement les scientifiques ici m'ont un peu "irrité" avec leurs expérimentations. Je me demande si il y a un diplôme pour scientifique maléfique ?
● ... Il ne l'étaient pas tous - dit elle en pensant à Chocki et Andréî.
● Hmph ! Bref, la suite de mon histoire est tout aussi soporifique alors accroche toi si tu veux toujours savoir - dit Cid avec un sourir nerveux.
Dalanda hocha la tête pour dire oui. Elle était prête à écouter la suite, elle était prête à l'aider à extraire une partie de ce poison qui lui pourrissait l'âme, même si c'était une infime partie. Elle repensa également à la première fois où elle l'avait vu, débouler dans le bureau avec un membre de la sécurité dans la paume de sa main alors que les alarmes hurlaient à tous les étages. Il traînait le gaillard au sol comme un jouet, le pauvre se débattait de toute ses forces mais il n'avait absolument aucune chance. Elle fut exposée à une sauvagerie et une colère brute qu'elle n'avait encore jamais ressentie auparavant
● Je suis là pour vous sauver les fesses - lui avait il dit en lançant le membre de la sécurité sur le bureau - Ce n'est pas avec ces bras cassés que vous allez être en sécurité Kruu rru rru ! - avait i dit en s'avançant vers elle...
Une première rencontre entre une belle et une bête débordant d'hostilité, et une première rencontre qui avait très mal fini...
● Je suis là pour vous sauver les fesses - lui avait il dit en lançant le membre de la sécurité sur le bureau - Ce n'est pas avec ces bras cassés que vous allez être en sécurité Kruu rru rru ! - avait i dit en s'avançant vers elle...
Une première rencontre entre une belle et une bête débordant d'hostilité, et une première rencontre qui avait très mal fini...
● Ok. Fiou - souffla Cid en reprenant le fil de son histoire - Je tiens à préciser que ce n'est pas facile de raconter tout ça, alors je compte sur toi à m'aider à oublier. Et le meilleur remède se trouve dans les bars, alors je demande un congé bourrance - sourit Cid
● Un quoi ?
● Un congé, d'u...deux semaines, où je pourrai faire le tour des bars. Congé bourrance quoi.
● Euh, c'est hors de question mais on peut se faire une soirée sur mon compte mais c'est tout. Je connais un endroit très sympa – annonça-t-elle en se voyant boire plusieurs verres, même si elle avait arrêté l’alcool.
● Un endroit sympa ? Toi ? Je suis curieux de voir ça. Mais si ils n'ont pas d'alcool à plus de 60° je vais faire un scandale.
● Tu veux dire que je suis coincée ?
● Non, et arrête d'essayer de retourner tout ce que je dis hein ? Je veux juste dire que tu ne bois pas, alors tu es une amatrice. Donc j'imagine que ton endroit doit être jolie et propre, sympa. Mais c'est pas mon truc, je préfère le contenu à l'emballage
● Et tu te dis un félin ? - ricana Dalanda
● Pff, tous les félins sont pas cons. C'est un cliché ça.
● Ahan, j'ai pourtant la preuve sous mes yeux
● Ha ! Touché... - sourit Cid en souriant vraiment pour la première fois depuis un petit moment. Et ça faisait du bien de sentir son stress disparaître ne serait ce qu'un bref instant. L'histoire n'était pas terminée après tout - On continue ? - demanda-t-il et Dalanda hocha de la tête - J'ai été reconditionné comme les autres et ma compatibilité était féline. Alors j'ai fini avec de l'adn de tigre mélangé au mien. Ça aurait pu être pire, j'ai pu être amalgamé avec un peterbald ou un donskoy. Brr, l'horreur.
● Je les aime bien moi ces espèces de chat - commenta Eiling
● Elles sont moches et c'est une aberration. Bref, ils n'ont pas tout de suite découvert que j'étais particulier. C'était avant que je ne devienne RR666. Alors pendant un moment j'ai été dans le circuit standard: promenade, expérimentation, arène, cage - dit Cid en omettant les scissions de sa psyché que tout ce stress avait induit. Il ne manquerait plus qu'elle sache qu'il est plus instable qu'elle le pensait. C'était une révélation qui pouvait attendre, un petit peu plus et puis de toute façon il comptait partir alors à quoi bon en parler ? - C'était notre blue boulot dodo. (blue pour blue road). Puis, les chercheurs firent une découverte extraordinaire. Ils remarquèrent que j’avais une particularité génétique, peut être même unique dans tout l’univers. Ce n’est pas pour me la pétée mais bon. Il apparaît que je peux stocker plusieurs types d’adn d’espèces animales, enfin moi c’est comme ça que je l’ai compris. Il faut dire que j’étais shooté en permanence alors mon degré de compréhension ne volait pas haut. Du coup c’est ma rencontre avec eux qui a été à l’origine de leur plus grande ambition, le projet chimère avait commencé à voir le jour.
● Un congé, d'u...deux semaines, où je pourrai faire le tour des bars. Congé bourrance quoi.
● Euh, c'est hors de question mais on peut se faire une soirée sur mon compte mais c'est tout. Je connais un endroit très sympa – annonça-t-elle en se voyant boire plusieurs verres, même si elle avait arrêté l’alcool.
● Un endroit sympa ? Toi ? Je suis curieux de voir ça. Mais si ils n'ont pas d'alcool à plus de 60° je vais faire un scandale.
● Tu veux dire que je suis coincée ?
● Non, et arrête d'essayer de retourner tout ce que je dis hein ? Je veux juste dire que tu ne bois pas, alors tu es une amatrice. Donc j'imagine que ton endroit doit être jolie et propre, sympa. Mais c'est pas mon truc, je préfère le contenu à l'emballage
● Et tu te dis un félin ? - ricana Dalanda
● Pff, tous les félins sont pas cons. C'est un cliché ça.
● Ahan, j'ai pourtant la preuve sous mes yeux
● Ha ! Touché... - sourit Cid en souriant vraiment pour la première fois depuis un petit moment. Et ça faisait du bien de sentir son stress disparaître ne serait ce qu'un bref instant. L'histoire n'était pas terminée après tout - On continue ? - demanda-t-il et Dalanda hocha de la tête - J'ai été reconditionné comme les autres et ma compatibilité était féline. Alors j'ai fini avec de l'adn de tigre mélangé au mien. Ça aurait pu être pire, j'ai pu être amalgamé avec un peterbald ou un donskoy. Brr, l'horreur.
● Je les aime bien moi ces espèces de chat - commenta Eiling
● Elles sont moches et c'est une aberration. Bref, ils n'ont pas tout de suite découvert que j'étais particulier. C'était avant que je ne devienne RR666. Alors pendant un moment j'ai été dans le circuit standard: promenade, expérimentation, arène, cage - dit Cid en omettant les scissions de sa psyché que tout ce stress avait induit. Il ne manquerait plus qu'elle sache qu'il est plus instable qu'elle le pensait. C'était une révélation qui pouvait attendre, un petit peu plus et puis de toute façon il comptait partir alors à quoi bon en parler ? - C'était notre blue boulot dodo. (blue pour blue road). Puis, les chercheurs firent une découverte extraordinaire. Ils remarquèrent que j’avais une particularité génétique, peut être même unique dans tout l’univers. Ce n’est pas pour me la pétée mais bon. Il apparaît que je peux stocker plusieurs types d’adn d’espèces animales, enfin moi c’est comme ça que je l’ai compris. Il faut dire que j’étais shooté en permanence alors mon degré de compréhension ne volait pas haut. Du coup c’est ma rencontre avec eux qui a été à l’origine de leur plus grande ambition, le projet chimère avait commencé à voir le jour.
● J'imagine qu'ils avaient du être extatiques - commenta Dalanda dégoutée par les images qui lui polluaient désormais l'esprit.
● Oh ça ils l'étaient, extatiques. J’étais leur miracle après tout, alors on a passé beaucoup de temps ensemble. Eux m'inspectaient sous toutes les coutures, ils essayaient de pousser mon organisme dans ses retranchements... Un peu comme ce qu’ils m’ont fait ici d'ailleurs, mais en plus scientifique je dirais. Là c’était du grand n’importe quoi.
● J’ai vu les images – dit elle – Quand tu t’es transformée
● Hmm j’ai vu aussi, le petit homme qui était là regardait des vidéos. Je pensais que j’étais plus beau que ça mais bon.
● Il y a d’autres vidéos ? – demanda Dalanda.
● Non, il n’y a pas d’autres vidéos alors oublie ça et arrête de m’interrompe tu veux ? J’ai déjà du mal à ne pas aller dans tous les sens. Alors donc je disais qu’ils ont passé pas mal de temps à m’étudier sous toutes les coutures et aussi à me reprogrammer l'esprit de force, comme une machine. J'avais également changer de statut au sein de la communauté. De frère j'étais passé à exécuteur. j'entraînais mes compétences dans plusieurs simulations environnementales, mais le but était le même: moi contre tous.
● Seigneur...
● Hmpf, il n'a pas le temps pour la débilité humaine. Laisse le tranquille
● ...
● C’est à cette époque que les zoohumains ont commencé à m'appeler Iku. Un nom qui symbolisait le respect, mais surtout la peur.
● Alors c'est ça que ça veut dire Iku - comprit la jeune femme en se rappelant l'étrange révérence que les z'hums avaient envers Cid. Elle avait toujours pensé que c'était lié à une forme de position de mâle alpha, mais il y a plus derrière que ça.
● Yep. Ce nom m'a séparé de tout le monde, je n'avais plus ma place au sein de leur cercle, je n'avais plus ma place au sein des humains, j'étais tout seul...
● "Hihihi pauvre petit"
● "..."
● "Ne l'écoute pas, tu nous a tous sauvé..."
● ... et ça n'aidait pas à lutter contre le lavage de cerveau. Au final j'ai échoué, j'ai cédé encore une fois à la facilité. Ils m’ont bourré le crâne de milles et une manières de tuer, shooté à toutes sortes de conneries et libéré dans des arènes remplies de toutes sortes de choses: des militaires, des mercenaires, mes camarades... J’ai encore leur goût dans la bouche, c’est très désagréable - dit Cid en tirant la langue d’écœurement - Cette partie de l’histoire est très confuse parce qu’ils n’avaient pas besoin que je sois conscient. Ils avaient besoins d’instincts, de sauvagerie que je n’avais pas encore. Alors le programme Chimère a été développé pour prendre le contrôle sur mes actions et ce malgré tous mes efforts. C’est comme observé le monde de l’autre côté d’un miroir. Même lorsque tu as perdu ton bras, je n'ai rien pu faire et je m'en veux, vraiment...
● "Je me demande d’où leur vient cette technologie"
● "?"
● ...Ils m'ont injecté des nanomachines en avance sur tout ce qui se fait aujourd'hui. Ces petites saloperies m'ont sauvé la peau à plusieurs reprises en guérissant mes blessures, et en stabilisant mon organisme durant les phases d'amalgamation. Lorsque plusieurs adn sont combinés, le corps rejette en principe cette possibilité et fini par s'auto-détruire. Même si j'ai la capacité à stocker, ça ne veut pas dire que je peux tout mélanger comme dans un cocktails. Sans elles, mon corps finirait par imploser, probablement. Mais ce n'est pas leur fonction unique, le rôle principale de ces parasites est de m'inciter à perdre la tête. Elles ont un certain contrôle sur les glandes surrénales... - dit Cid en se frottant le rein droit - Je ne me rappelle plus grand choses après ça, juste qu’il y avait beaucoup de cris, énormément de cris et de silhouettes qui couraient dans tous les sens. Je suis revenu à moi au bout de ma sixième année de captivité au milieu des ruines de la ferme alors j’ai libéré mes camarades qui avaient survécu et on s’est échappé créant la surprise du siècle, une nouvelle espèce super dangereuse essayant d’intégrer la communauté humaine.
● Wow - fit dalanda en essayant de digérer tout ce qu'elle venait d'entendre.
● Comment ça wow ? C'est tout ? Wow - demanda Cid légèrement offusqué - Je t'ouvre la porte de mon âme et c'est tout ce que j'ai en retour ? Wow ?
● Arrête un peu de jouer les sensibles, tu sais très bien ce que je veux dire. Seigneur, je n'aurai jamais pu imaginer...
● Tu m'étonnes. Par contre, tu raconte à personne d'autres - prévint Marshall.
● Pour qui tu me prends ? Et avec qui veut tu que je discute de ça ?
● Ouais bon, c'est juste pour être sur.
● ... Donc les zoohumains ne sont pas le résultat de mutations provoquées par les Kissadzés ?
● Nope... Leur présence a altérer des mondes ainsi que leurs biosphères. Il y a d'ailleurs des résultats complètement ridicules, mais nous ne provenons pas de ces zones oubliées, non.
● Wow. J'avais mes doutes, mais là... Attends, il y a plusieurs choses que je ne comprends pas vraiment.
● Bah vu que je ne suis pas un narrateur très doué, ce n'est pas étonnant Kruu rru rru. Je t'écoute, pose moi tes questions - annonça Cid
● Eh bien pour commencer, pourquoi tu es là ?
● C'est à dire ? - demanda le géant si confus que ses yeux clignèrent comme des appels de phares.
● Eh bien qu'est ce tu fous là, sur Meliacor, avec moi alors que les z'hums dépendent de toi pour les protéger.
● Quoi ? Ahh !! Je vois la confusion. Euh non, je ne suis pas le bouclier. Ça c'est le rôle d'Abhalla Bikhele
● Le politicien ?
● Yep. Il s'occupe de tout ce qui est législation pour permettre une coexistence, euh légale ? Enfin tu me comprends. Mon rôle c'est plus celui de la dague. Si jamais il arrive quelque chose au z'hum alors je ferai le ménage.
● ...
● Ça te choque ? - demanda Cid
● Euh, si je disais non je mentirai. C'est...
● Compliqué - répondit Cid alors que Dalanda cherchait le mot qui convenait
● Effectivement, compliqué - confirma la jeune femme.
● Le fait que je puisse bouger partout, que je sois plus ou moins imprévisible dans mes déplacements est une bonne chose en fait. Et puis, même la CEDEP penserait à deux fois avant de s'attaquer à toi pas vrai ?
● Ah ? Donc tu te planques sous mes jupes ?
● Quoi ? - fit Cid en fronçant les sourcils - Je ne me cache derrière personne !
● Mouais. Donc c'est pour ça que tu voulais tellement bosser pour moi ? Pour m'utiliser ?
● Ne dit pas de bêtises ! - s'offusqua Cid - tu surestimes ma capacité à anticiper les problèmes Kruu rru rru. Ce détail m'est venu en tête il y a deux semaines alors que j'étais aux chiottes. Ça m'est venu comme ça, et puis je me suis dit: "Ah tiens".
● C'est dégueulasse comme image, mais il y a plus de chances que ce soit passé comme ça - sourit Eiling - Alors pourquoi tu étais venu me voir ?
● ...Parce que j'avais besoin d'un job
● Cid
● Quoi ? c'est vrai...
● Cid. Tu te mordille la lèvre quand tu mens
● N'importe quoi !
● Cid !
● Sigh ! Ecoute ce n'est pas important pourquoi. T'avais des bras cassés qui bossaient avec toi et voilà.
● Je t'ai refusé le poste au moins six fois. Pourquoi tu t'es accroché ?
● Pff, six fois. Tu exagères...
● Cid, s'il te plait arrête. Qu'est ce que tu peux bien me cacher à ce stade là ?
● "Hihihi, moi !"
● "Nous !"
● Et si on remettait ça à la discussion prévue autour d'un verre, hein ? - demanda Cid et Eiling secoua la tête, déçue.
● Ok
● Ah et puis merde - s'exclama Marshall qui ne pouvait pas supporter le visage triste de son amie - C'est ton mari, enfin, ex mari qui m'a demandé, ok ?
● Quoi ?
● Je m'étais trouvé un coin sympa avec de la bière pas très dégueulasse et voilà que ce type essaye de converser avec moi. Je veux dire, j'avais ma zone de confort dans le bar, personne autour de moi, et ce gringalet vient me parler de tout et de rien. Bon je l'ai envoyé chier bien sur, j'ai aussi envoyé ses gardes du corps à l’hôpital. Mais voilà qu'il revenait à chaque fois
● Comme toi quoi
●Très drôle. Bon au final, tu connais Ethiennes.
● Ouais, si tu le laisse parler trop longtemps il finit par te manipuler
● C'est pas un diplomate pour rien. Bon au final il a réussi à me convaincre et je me faisais chier en plus...
● Je vois... - répondit Dalanda mécontente de la réponse qu'elle venait d'obtenir. Et le fait qu'Ethiennes soit impliqué dans sa rencontre avec Cid était...Compliqué et déplaisant.
● Mais je veux que tu saches une chose - continua Cid en prenant son temps le plus sérieux - je n'ai jamais regretté cette décision, pas une seule fois. Tu m'as permis d'obtenir quelque chose d’irremplaçable.
● La sécurité ? - répondit Dalanda, dépitée
● La famille, petit langue de vipère. Tu es ce que j'ai de plus chers en ce monde.
● Tu parles... - rétorqua t elle mais son cœur commençait à battre plus fort.
● Je suis sérieux - dit Cid en se levant de sa table. Il s'accroupi devant Eiling et la prit dans ses bras avec toute la douceur dont il était capable - Je suis sérieux. C'est pourquoi je compte partir après cette aventure.
● Hein ? - fit Eiling en poussant le géant
● Quoi hein ? T'as bien vu ce que j'ai fait ici. Je ne peux pas! Je ne peux pas permettre que tu recroise ce monstre.
● "Hihihi, moi j'aimerai bien"
● "TA GUEULE !"
● Eh bien tu n'as qu'à pas le faire !
● C'est ce que je compte faire oui !
● Et donc tu vas fuir ?
● Je ne fu...
● Si, si tu fuis ! - le coupa Dalanda
● Mais je t'es déjà expliqué ! Tu sais ce que ça fait quand tes glandes surrénales sont excitées en permanence. Quand tu dois lutter contre la colère tout le temps ?
● Cid ! C'est à moi que tu parles
● C'est à dire ? - demanda ce dernier confus
● Manipuler le émotions, tout ça. Je peux t'aider merde ! Laisse moi t'aider ! - s'énerva Eiling.
● Je sais très bien ce que tu peux faire. Et je sais aussi que ça te pèse et je refuse d'être un fardeau. Et puis rappelle toi ton entrevue avec l'Ukufa, tu te rappelle comment tu en a été malade ? Eh bien je peux te dire que ce sera pareil si tu essaye de porter ce poids. Je n'imagine même pas ce que ça peut avoir comme effet à long terme. Alors c'et non !
● Ok ! Si c'est si terrible qu'est ce que tu fous là ?
● Quoi ? Euh je comptais t'aider ? - répondit Cid sans être sur de sa réponse
● Ahan, merci. Mais je ne parle pas de ça.
● Tu parles de quoi alors ?
● Pourquoi tu ne reste pas en chimère ? Pourquoi tu es devant moi ? Qu'est ce que tu fou là !
● Oh ! Ah ! ça ? - dit Cid en comprenant enfin de quoi il était question. Pendant un moment il avait vraiment eut peur qu'elle lui dise de partir. Même si c'était son intention sur le long terme, là il n'était pas encore prêt - Je ne sais pas. J’aimerai croire que c’est par la seule force de ma volonté mais je sais que ce n’est pas le cas, ou que ce n’est pas tout. J’ai quelques soupçons mais les réponses sont avec un de mes créateurs, s’il est encore vivant bien sur. Je me rappelle qu’il essayait de me parler mais c’est flou et comme si le volume avait été coupé. Je crois que quelque chose ne va pas avec les nanomachines, après tout elles n'ont qu'un contrôle limité sur mon organisme. Quand je t'ai dit que je m'étais réveillé après avoir détruit les labos, eh bien le même phénomène s’est passé ici. Je suis revenu à moi dans le chaos le plus total un peu comme si on m’avait ramené mon esprit de force, alors je suis autant perdu que toi sur le sujet.
● “Hihihi, on trouvera bien comment empêcher ce retour !"
● “ … ”
● Sigh ! - soupira Dalanda
● Je sais, je ne vois pas d'autres solutions - affirma tristement Cid
● Parce que tu es con - sourit Eiling - Tu sais à qui tu parles ? - dit elle avec une fierté non dissimulée.
● Je sais à qui je parle, mais ça ne me dit toujours pas ce que tu as en tête - répondit Cid
● T’es sérieux ?! - réagit Dalanda, en ouvrant grand les yeux d'étonnement.
● Bahh !!... - se gratta Cid la tête en essayant de trouver la réponse à la colle posée. Mais il avait beau chercher, il avait beau sentir le truc sur le bout du neurone, la réponse restait illusoire.
● Ta stupidité est juste abyssale - commenta Eiling qui n'en croyait pas ses yeux
● Et je n’en suis pas peu fier. Le monde sourit aux imbéciles tu sais. Alors si tu me disais directement de quoi il est question, au lieu de jouer aux devinettes ?
● Sigh...Je suis ingénieure Cid, et la meilleure du monde - énonça Eiling incrédule
● Je veux bien, mais en quoi c'est lié au problème ? Il faudrait un généticien à ce stade et encore... Alors, à moins que tu me proposes une solution à laquelle je n’ai pas pensé, ma décision est ferme. Je suis une bombe à retardement et ça n’a jamais été salutaire pour quiconque de rester à ...
● J'y crois pas ! - perdit patience Eiling - TES NANOMACHINES ! Je peux peut être y jeter un coup d’œil ?? Non ?
● …- Cid voulu la pointer du doigt et protester mais il ne trouva rien à dire – Oh ?! je n’y avais pas pensé – dit-il en baissant le doigt
● Sans déconner ?!
● Bah, je ne peux pas penser à tout non plus - expliqua cid en se grattant. Il n'avait sincère jamais même évoquer la possibilité dans son esprit. Parce que déjà il aurait fallu raconter tout son passé et puis... Et puis il aurait fallu se rabaisser à demander de l'aide. Amitié ou non, dans l'esprit de Marshall qui s'est tenu au sommet de son microcosme. L'alpha et le messager de la mort, demander de l'aide était simplement inconcevable, peu importe à qui. Ce n'était pas un oubli, ou une omission. Dans son esprit c'était juste une impossibilité, un chemin scellé qui n'avait jamais été exploré.
● Faudrait déjà que tu me dises à quoi tu pense un de ces jours - le nargua Dalanda
● Mais à ta sécurité bien sur. C'est tout ce à quoi j'ai toujours pensé - s'échauffa un peu Cid
● Je plaisante. je sais que tu prends ton travail très au sérieux
● Hey ! Ce n'est pas qu'un boulot - dit Cid vexé. Puis il regarda sa protégée droit dans les yeux pour apercevoir le doute qui l'assaillait.
● Je sais - répondit elle en baissant les yeux vers son moignon. Elle caressa le bras handicapé et Cid comprit qu'il allait falloir bien plus que des mots pour cicatriser le cœur de la jeune femme. Même si elle pouvait le comprendre, même si elle pouvait rationaliser, cela ne voulait pas dire qu'elle l'avait accepté. Quelques fois il existait cette dichotomie entre le cœur et l'esprit.
● Je suis désolé - dit Cid
● Je sais - répondit Dalanda d'une petite voix - Je sais, mais...
● Ne te force pas à me pardonner - dit le géant. Il prit la main valide de la jeune femme dans la sienne, et de l'autre enveloppa complètement le moignon dans sa paume - c'est la mauvaise voie à suivre. Je n'ai pas besoin que tu me pardonne. Je n'ai besoin que d'une chose, que tu me laisse veiller sur toi.
● Ça veut dire que tu reste ? - demanda Eiling
● Ouais, ouais. Je vais tenter le coup. Si quelqu'un peut trifouiller mes entrailles, je préfère que ce soit toi.
● C'est gentil - répondit Dalanda chaleureusement avant que son expression ne change complètement - Ce n'est pas trop tôt.
● Hmm ?
● Ce qu'il ne faut pas faire pour t'amener à la raison. Je te jure
● Jeune fille... M'aurais tu manipuler ? - demanda Cid en affichant un visage choqué.
● C'est qui le naïf maintenant ? - dit Eiling en lançant, de mémoire, le regard le plus espiègle de sa vie.
● "Ah la petite garce !"
● Kruu rru rru. Bien jouer - annonça Marshall.
● Ce n'est pas que je doute de ta capacité à comprendre, mais si j'essaye de te convaincre rationnellement, il me faudrait toute une vie pour le faire - sourit Eiling
● "Hihihi, elle t'as traité de con"
● "Nous" - rectifia Marshall
● "...la salope!"
● T’es sérieux ?! - réagit Dalanda, en ouvrant grand les yeux d'étonnement.
● Bahh !!... - se gratta Cid la tête en essayant de trouver la réponse à la colle posée. Mais il avait beau chercher, il avait beau sentir le truc sur le bout du neurone, la réponse restait illusoire.
● Ta stupidité est juste abyssale - commenta Eiling qui n'en croyait pas ses yeux
● Et je n’en suis pas peu fier. Le monde sourit aux imbéciles tu sais. Alors si tu me disais directement de quoi il est question, au lieu de jouer aux devinettes ?
● Sigh...Je suis ingénieure Cid, et la meilleure du monde - énonça Eiling incrédule
● Je veux bien, mais en quoi c'est lié au problème ? Il faudrait un généticien à ce stade et encore... Alors, à moins que tu me proposes une solution à laquelle je n’ai pas pensé, ma décision est ferme. Je suis une bombe à retardement et ça n’a jamais été salutaire pour quiconque de rester à ...
● J'y crois pas ! - perdit patience Eiling - TES NANOMACHINES ! Je peux peut être y jeter un coup d’œil ?? Non ?
● …- Cid voulu la pointer du doigt et protester mais il ne trouva rien à dire – Oh ?! je n’y avais pas pensé – dit-il en baissant le doigt
● Sans déconner ?!
● Bah, je ne peux pas penser à tout non plus - expliqua cid en se grattant. Il n'avait sincère jamais même évoquer la possibilité dans son esprit. Parce que déjà il aurait fallu raconter tout son passé et puis... Et puis il aurait fallu se rabaisser à demander de l'aide. Amitié ou non, dans l'esprit de Marshall qui s'est tenu au sommet de son microcosme. L'alpha et le messager de la mort, demander de l'aide était simplement inconcevable, peu importe à qui. Ce n'était pas un oubli, ou une omission. Dans son esprit c'était juste une impossibilité, un chemin scellé qui n'avait jamais été exploré.
● Faudrait déjà que tu me dises à quoi tu pense un de ces jours - le nargua Dalanda
● Mais à ta sécurité bien sur. C'est tout ce à quoi j'ai toujours pensé - s'échauffa un peu Cid
● Je plaisante. je sais que tu prends ton travail très au sérieux
● Hey ! Ce n'est pas qu'un boulot - dit Cid vexé. Puis il regarda sa protégée droit dans les yeux pour apercevoir le doute qui l'assaillait.
● Je sais - répondit elle en baissant les yeux vers son moignon. Elle caressa le bras handicapé et Cid comprit qu'il allait falloir bien plus que des mots pour cicatriser le cœur de la jeune femme. Même si elle pouvait le comprendre, même si elle pouvait rationaliser, cela ne voulait pas dire qu'elle l'avait accepté. Quelques fois il existait cette dichotomie entre le cœur et l'esprit.
● Je suis désolé - dit Cid
● Je sais - répondit Dalanda d'une petite voix - Je sais, mais...
● Ne te force pas à me pardonner - dit le géant. Il prit la main valide de la jeune femme dans la sienne, et de l'autre enveloppa complètement le moignon dans sa paume - c'est la mauvaise voie à suivre. Je n'ai pas besoin que tu me pardonne. Je n'ai besoin que d'une chose, que tu me laisse veiller sur toi.
● Ça veut dire que tu reste ? - demanda Eiling
● Ouais, ouais. Je vais tenter le coup. Si quelqu'un peut trifouiller mes entrailles, je préfère que ce soit toi.
● C'est gentil - répondit Dalanda chaleureusement avant que son expression ne change complètement - Ce n'est pas trop tôt.
● Hmm ?
● Ce qu'il ne faut pas faire pour t'amener à la raison. Je te jure
● Jeune fille... M'aurais tu manipuler ? - demanda Cid en affichant un visage choqué.
● C'est qui le naïf maintenant ? - dit Eiling en lançant, de mémoire, le regard le plus espiègle de sa vie.
● "Ah la petite garce !"
● Kruu rru rru. Bien jouer - annonça Marshall.
● Ce n'est pas que je doute de ta capacité à comprendre, mais si j'essaye de te convaincre rationnellement, il me faudrait toute une vie pour le faire - sourit Eiling
● "Hihihi, elle t'as traité de con"
● "Nous" - rectifia Marshall
● "...la salope!"
● Tu es tordues tu sais ça ? Krru ruu rru - rigola Cid, soulagé. Heureux même, intérieurement, qu'il avait su préserver cette amitié. Oh, cette dernière avait été brutalisée certes, par ci et là apparaissaient des irritations, des blessures patchées avec du sparadrap. Mais l'ensemble était sain et sauf, et c'était l'essentiel. Le temps cumulé à de l'effort allait tout réparer. Du moins c'est ce qu'il pensait - je suis d’accord, on fera un essai et si ça ne marche pas je sais déjà où je vais m'exiler. Il y a de splendides champignons là bas.
● Ça va marcher, je ferai en sorte que ça marche – répondit Eiling sans une trace de doute audible, ou lisible sur le visage.
● “Hihihi c'est tellement mignon”
● "Pourquoi tu ne disparaîtrais pas pour l'instant" - répondit Cid en fermant les yeux. Il se visualisa sa main tenir une tête et la plonger de plus en plus profond dans l'eau. La personne noyée se débattait de toutes ses forces, mais lentement et surement, elle était poussée vers les abysses.
● Ça va ? - demanda Eiling en observant l'effort sur le visage de Marshall - Cid ? Ça va ?
● Oui, oui ça va - répondit ce dernier en revenant à lui, malheureusement bien trop tôt
● "Hiss hiss hiss, tu vas payer pour ça !" - menaça la voix sifflante, alors qu'une forme grotesque émergeait du liquide. Dans l'esprit de Marshall, le ciel et la terre s'inversèrent et l’obscurité s'abattit comme un couperet, apportant un silence inhabituel. Que tirer de ce phénomène ? Il ne saurait le dire. Il avait fait sa déclaration de guerre et profitait du silence, qu'il espérait, mérité
● Ça va on ne peut mieux ! - répondit le géant en ébouriffant joyeusement les cheveux de la jeune femme.
● Hey fait gaffe à mes cheveux, ils sont assez en mauvais était comme ça ! - réagit Dalanda en essayant de retirer le bras du géant. Mais la tâche était pratiquement impossible à réaliser.
● Je ne trouve pas, si tu les peints en blond ton indice de coolitude explosera au-dessus de 9000 unités - dit Cid en regardant les cheveux de Dalanda Pointer sur la tête
● Je n’ai pas tout compris - répondit elle en lissant sa chevelure
● Pas grave. Il faut que j’aille aux toilettes – dit Cid – et je ne suis pas très habitué au corps humain.
● Tu ne peux pas te transformer en tigre ?
● Non, enfin si. Qu'est ce que je raconte... Si, je peux, mais c’est plus compliqué que ça. Déjà, ça fait super mal parce que j'ai les os qui changent de disposition et tout. C'est comme si je suis broyé de l'intérieur, alors j'attend de trouver des antidouleurs assez costauds. Déjà que je ne me sens pas en top condition, j'aimerai éviter un accident. Et puis, à trop sollicité l'organe on risque de sévères complications. La transformation en chimère l’a complètement usée.
● Ah, ok
● Allez je reviens, je dois me vider – dit-il en se dirigeant vers la porte d’un pas pressé avant de s'arrêter brusquement - Dis moi, c'est à cause de ton don que tu as finie par m'accepter ? Ou est ce que c'était ta décision ? - demanda-t-il ensuite
● Quoi ? - répondit Dalanda surprise
● Nah, rien. Je reviens, ne fait pas de bêtises !
Dalanda voulu lui demander encore plein de questions. Comme: pourquoi il préférait vivre comme un z'hum alors qu'il avait l'opportunité, le privilège, de vivre comme un humain ? Mais la question resta coincée dans sa gorge, car elle avait déjà sa réponse. Après tout ce qu'elle venait d'entendre, Eiling ne pouvait que s'imaginer à quel point cela devait être horrible pour lui de subir cette forme humaine.
Elle regarda le géant disparaître derrière la porte, puis prit place devant le bureau d’Andréï. L’écran holographique était déjà ouvert sur quelques fichiers. Alors elle posa ses mains sur la surface lisse pour naviguer entre fichiers, et constata que sa main tremblait et que ses doigts pianotaient nerveusement sur l'écran. C'était le moment où elle devait lutter contre ses émotions envahissantes, comme une partie de la tristesse, de la souffrance et de la colère de Cid, qu'elle absorba comme une éponge. La jeune femme avait essayé de prendre le maximum, de le soulager de ce passé, mais elle avait l'impression d'avoir plonger une tasse dans un lac aussi large que le Baikal. Elle se sentit inutile, mais sa motivation n'en fut que plus grande. Elle repensa également à la question que Cid posa avant de sortir: avait elle été influencée par son don en l'acceptant auprès d'elle ? Prisonnière des émotions d'autrui ? Ou était ce son choix personnel ?
Pendant qu'elle réfléchissait, ses doigts turbulents naviguaient l’écran sans but précis avant de tomber sur le fichier contenant les vidéos les plus récentes. Guidée par une curiosité morbide, Eiling ouvrit sélectionna une vidéo qu'elle commença à visionner avant d'être interrompue
● Les soins sont terminés à ce que je vois, ravi de voir que ça ait marché – lui dit Bender.
Dalanda sursauta sur sa chaise en tournant la tête si vite et si fort qu'elle entendit un crac.
● Ah merde...mm - gémit t elle en se tenant le cou endolori
● Vous allez bien ? - s'inquiéta Bender
● Oui, vous m'avez juste fait peur - avoua Dalanda en se retournant pour regarder les arrivants, tout en riant du ridicule de ce qui venait de lui arriver.
● Après ce que je vous ai vu faire, je ne pensais pas que c'était possible - commenta le sergent.
● Ne m'en parlez pas, j'ai des sueurs froides rien qu'en y repensant - répondit Eiling en dévisageant l'homme accompagnant Jonathan. Il mesurait approximativement un mètre soixante quinze, les mètres soixante-quinze, trapu et large d’épaules. Mais l'élément qui attirait vraiment le regard était sa chevelure flamboyante, plus rouge que rousse - Je vois que vous avez retrouvé vos camarades - dit elle en souriant. Au moins une bonne nouvelle dans tout ce cauchemar.
● Pas vraiment... - répondit le sergent
● Je m’appelle Jess O’Ryan de par ma mère et Mc Namara de par mon père, appelez moi comme vous voulez ! – se présenta Jess en se nettoyant la main sur son pantalon et la tendant à Dalanda. Cette dernière regarda la main tendue et proposa son moignon en retour - Oh ? Je suis désolé - s'excusa Jess en changeant de main
● Ne vous en faites pas, je me fabriquerai une super prothèse dès que je serais rentrée. J'ai déjà quelques idées intéressantes - répondit Eiling amusée par le regard désormais fuyant d'O'ryan. A l'ère du transhumanisme, ce genre de mutilation n'était plus vraiment un handicap. Quelques fois, souvent, c'était le contraire au point où le taux de mutilations volontaires avait explosé de plus de 600 %. La plupart des entreprises, avant la passation des lois régulant le commerce des implants, n'offraient certains postes qu'à des personnes opérées. Il n'y avait que la productivité qui comptait après tout.
● Ravi de voir que vous le prenez comme ça - répondit Bender en se rappelant comment c’était compliqué, dans son cas, d’accepter les implants. Même le fait qu'on lui avait expliqué que c'était une question de vie ou de mort, qu'il savait lui même pertinemment que c'était une question de vie et de mort, une part de lui refusait de se faire à cette réalité. Et puis personne ne lui avait expliqué qu'il était désormais dépendant d'un médicament, personne ne lui avait parlé des douleurs lors de certaines intempéries. Les premières années sur Meliacor ont été un véritable calvaire à cause du froid, c'était comme avoir une rage de dent en permanence à toutes les dents. La technologie avait ses avantages mais il était prêt à y renoncer sans même sourciller. D'ailleurs il était même curieux de savoir si la technologie qu'Andréï avait développé pouvait servir, mais ce minuscule espoir fut tuer par le moignon d'Eiling.
● Ravi de voir que vous le prenez comme ça - répondit Bender en se rappelant comment c’était compliqué, dans son cas, d’accepter les implants. Même le fait qu'on lui avait expliqué que c'était une question de vie ou de mort, qu'il savait lui même pertinemment que c'était une question de vie et de mort, une part de lui refusait de se faire à cette réalité. Et puis personne ne lui avait expliqué qu'il était désormais dépendant d'un médicament, personne ne lui avait parlé des douleurs lors de certaines intempéries. Les premières années sur Meliacor ont été un véritable calvaire à cause du froid, c'était comme avoir une rage de dent en permanence à toutes les dents. La technologie avait ses avantages mais il était prêt à y renoncer sans même sourciller. D'ailleurs il était même curieux de savoir si la technologie qu'Andréï avait développé pouvait servir, mais ce minuscule espoir fut tuer par le moignon d'Eiling.
● J'en suis moi même très étonnée - avoua Eiling en se levant. Ensuite, elle tendit sa main valide à Bender en disant - Merci de m’avoir sauvé la vie
● Pas de quoi - répondit Jonathan en répondant à la salutation - je ne pouvais pas laisser une personne de votre trempe mourir ici.
● C'est vrai que vous avez une sacrée trempe. Rien que comment vous tenez le matou en laisse demande de grosses couilles..
● Jess ! - l'interrompit le sergent
● Excusez mon langage, madame.
● Ce n'est pas ton langage le problème
● Ah bon ? Quoi ? C'est ce que j'ai dit à propos du matou ?
● Je ne pense pas qu'il apprécierait d'être appelé matou, mais merci quand même du compliment - sourit Eiling
● De rien madame et sans vouloir manquer de respect, je n'ai rien à faire de ce que peut penser une brute de son genre. Avec toutes les qualités... - dit Jess en balayant son regard tout le long du corps de Dalanda, en s'attardant sur les hanches et la poitrine - ...à votre disposition, je ne sais pas ce que vous faites avec un psychopathe pareil. Vous méritez bien meilleure compagnie.
● Eh bien, monsieur O'ryan. Sans vouloir vous manquer de respect également, je dois vous dire que malheureusement je ne vois personne d'autre à la Hauteur de la tâche - répondit Eiling en le regardant de haut de manière espiègle. Ce genre de remarque la blessait au début, dans les premières années de leur collaboration. Tout le monde se limitait à son agressivité, sans voir la personne qu'il était. Cid lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises, protégé sa famille, son entreprise. Il l'écoutait quand elle avait des problèmes, quels qu'ils soient. Cependant, d'un autre côté, la férocité de Cid était un atout dans son métier. Avec lui dans les parages, ses ennemis pensaient à deux fois avant d'essayer de lui nuire. Cid lui convenait comme il était, c'est pourquoi elle pu répondre avec un certain amusement. Le seul point noir à leur relation était qu'il avait essayé de la tuer. Mais maintenant que Dalanda connaissait la raison de cette perte de contrôle, elle comptait venir à bout du problème. Il était hors de question que la chimère triomphe !
● Eh bien...
● Ça suffit Jess. Si t'as pas compris qu'elle se foutait, respectueusement, de ta gueule. Tu n'as aucune chance
● Comment ça ?
● Où est votre ami ? - demanda Jonathan en ignorant son subordonné qui se creusait encore la tête.
● Il ne va pas tarder, je pense - répondit Dalanda - Pourquoi ? Vous avez besoin de lui ?
● Surtout pas ! - réagi instinctivement Bender - c'était juste pour savoir.
● C'est par rapport à ma taille c'est ça ? - demanda Jess - parce que je suis peut être petit de taille, mais je sais me montrer vigoureux - ajouta-t-il ensuite. Mais la réponse fut loin d'être celle qu'il attendait. La jeune femme lui lança un regard cassant, et méchant, qui tua dans l’œuf toutes ses ambitions de séduction - je m'excuse - dit il en reculant d'un pas.
● Ils sont tous comme ça vos amis ? - demanda Dalanda à Bender qui baissa les yeux un peu plus humectés que d'habitude - Il s'est passé quelque chose ?
● Ils ne sont plus là - répondit le sergent.
● Seigneur ! Qu'est ce qui leur est arrivé ? - demanda Eiling en imaginant déjà le pire et la peine de Jonathan. Sauver ses subordonnés était la principale motivation qui l'animait, et là...
● Pas de quoi - répondit Jonathan en répondant à la salutation - je ne pouvais pas laisser une personne de votre trempe mourir ici.
● C'est vrai que vous avez une sacrée trempe. Rien que comment vous tenez le matou en laisse demande de grosses couilles..
● Jess ! - l'interrompit le sergent
● Excusez mon langage, madame.
● Ce n'est pas ton langage le problème
● Ah bon ? Quoi ? C'est ce que j'ai dit à propos du matou ?
● Je ne pense pas qu'il apprécierait d'être appelé matou, mais merci quand même du compliment - sourit Eiling
● De rien madame et sans vouloir manquer de respect, je n'ai rien à faire de ce que peut penser une brute de son genre. Avec toutes les qualités... - dit Jess en balayant son regard tout le long du corps de Dalanda, en s'attardant sur les hanches et la poitrine - ...à votre disposition, je ne sais pas ce que vous faites avec un psychopathe pareil. Vous méritez bien meilleure compagnie.
● Eh bien, monsieur O'ryan. Sans vouloir vous manquer de respect également, je dois vous dire que malheureusement je ne vois personne d'autre à la Hauteur de la tâche - répondit Eiling en le regardant de haut de manière espiègle. Ce genre de remarque la blessait au début, dans les premières années de leur collaboration. Tout le monde se limitait à son agressivité, sans voir la personne qu'il était. Cid lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises, protégé sa famille, son entreprise. Il l'écoutait quand elle avait des problèmes, quels qu'ils soient. Cependant, d'un autre côté, la férocité de Cid était un atout dans son métier. Avec lui dans les parages, ses ennemis pensaient à deux fois avant d'essayer de lui nuire. Cid lui convenait comme il était, c'est pourquoi elle pu répondre avec un certain amusement. Le seul point noir à leur relation était qu'il avait essayé de la tuer. Mais maintenant que Dalanda connaissait la raison de cette perte de contrôle, elle comptait venir à bout du problème. Il était hors de question que la chimère triomphe !
● Eh bien...
● Ça suffit Jess. Si t'as pas compris qu'elle se foutait, respectueusement, de ta gueule. Tu n'as aucune chance
● Comment ça ?
● Où est votre ami ? - demanda Jonathan en ignorant son subordonné qui se creusait encore la tête.
● Il ne va pas tarder, je pense - répondit Dalanda - Pourquoi ? Vous avez besoin de lui ?
● Surtout pas ! - réagi instinctivement Bender - c'était juste pour savoir.
● C'est par rapport à ma taille c'est ça ? - demanda Jess - parce que je suis peut être petit de taille, mais je sais me montrer vigoureux - ajouta-t-il ensuite. Mais la réponse fut loin d'être celle qu'il attendait. La jeune femme lui lança un regard cassant, et méchant, qui tua dans l’œuf toutes ses ambitions de séduction - je m'excuse - dit il en reculant d'un pas.
● Ils sont tous comme ça vos amis ? - demanda Dalanda à Bender qui baissa les yeux un peu plus humectés que d'habitude - Il s'est passé quelque chose ?
● Ils ne sont plus là - répondit le sergent.
● Seigneur ! Qu'est ce qui leur est arrivé ? - demanda Eiling en imaginant déjà le pire et la peine de Jonathan. Sauver ses subordonnés était la principale motivation qui l'animait, et là...
● C’était ces créatures de glace... Elles étaient tout juste à côté et je ne les ai même pas reconnus ! Je n'ai pas pu voir au delà des apparences, je n'ai pas écouté mon instinct – fulmina Bender
● Ce n’est pas votre faute Serg, il ne restait plus rien d’eux.
● Comment ça ? - s'enquit la jeune femme - Ils ont été transformé en zoohumains ? Ce n’est pas bien grave voyons - affirma t elle, déçue de leur fermeté d'esprit.
● Ils sont morts, ils ont été tués par la chimère - répondit le sergent
● Oh ! Je suis sincèrement désolée - s'excusa la jeune femme.
● Merci, mais... je ne sais pas, c'était peut être pour le mieux
● Comment ça ?
● J'ai entendu le docteur, Gasparof. Il avait dit que ces trucs n'étaient pas sensés pouvoir intégrer la société. C’étaient des armes contre les Kis. Ha ! Ce mec était complètement dingue, à moins qu’il voulait faire un saut dans le passé je ne vois pas trop ce qu’il voulait dire. Je suis content qu’il soit mort cet enfoiré – dit jess en crachant au sol – Mes excuses madame.
● Je ne suis pas certaines de comprendre
● Eh bien, bienvenue au club. Entre Choki, Nokuza et ce Gasparof, je commence à avoir un très mauvais pressentiment - avoua Bender
● Vous pensez vraiment que les Kis sont de retour ? - demanda Eiling.
● Je n'en sais rien, j'espère sincèrement qu'ils sont tous fous. Nous n'avons pas les ressources pour une nouvelle guerre d'une telle envergure.
● Hmm, il y a aussi autre chose qui ne fait aucun sens - réfléchit Dalanda
● Quoi donc ? - demanda le sergent
● De ce que je sais, un organe particulier est nécessaire pour pouvoir changer une personne en zoohumain.
● Et donc ? - demanda le sergent et le manque d'expression étonna la jeune femme. C'était comme si il le savait déjà, mais c'était impossible
● Eh bien, la présence de cet organe est très très rare, de ce j'ai compris, alors quelles sont les chances que vos trois amis en disposent ? – dit-elle en se creusant la tête. Statistiquement c'était une sacré coïncidence.
● Euh non – répondit Jess qui se regarda avec Bender qui haussa les épaules – Le Gasparof n'a pas parlé d'organes, pas à ma connaissance. Il a parlé d'un nouveau procédé, mais je n'ai pas très bien compris ce que ça voulait dire. Moi j’ai eus de la chance, apparemment j’ai une maladie génétique, sinon j’aurai eu froid au cul – rajouta-t-il.
● Oh ! Je suis sincèrement désolée - s'excusa la jeune femme.
● Merci, mais... je ne sais pas, c'était peut être pour le mieux
● Comment ça ?
● J'ai entendu le docteur, Gasparof. Il avait dit que ces trucs n'étaient pas sensés pouvoir intégrer la société. C’étaient des armes contre les Kis. Ha ! Ce mec était complètement dingue, à moins qu’il voulait faire un saut dans le passé je ne vois pas trop ce qu’il voulait dire. Je suis content qu’il soit mort cet enfoiré – dit jess en crachant au sol – Mes excuses madame.
● Je ne suis pas certaines de comprendre
● Eh bien, bienvenue au club. Entre Choki, Nokuza et ce Gasparof, je commence à avoir un très mauvais pressentiment - avoua Bender
● Vous pensez vraiment que les Kis sont de retour ? - demanda Eiling.
● Je n'en sais rien, j'espère sincèrement qu'ils sont tous fous. Nous n'avons pas les ressources pour une nouvelle guerre d'une telle envergure.
● Hmm, il y a aussi autre chose qui ne fait aucun sens - réfléchit Dalanda
● Quoi donc ? - demanda le sergent
● De ce que je sais, un organe particulier est nécessaire pour pouvoir changer une personne en zoohumain.
● Et donc ? - demanda le sergent et le manque d'expression étonna la jeune femme. C'était comme si il le savait déjà, mais c'était impossible
● Eh bien, la présence de cet organe est très très rare, de ce j'ai compris, alors quelles sont les chances que vos trois amis en disposent ? – dit-elle en se creusant la tête. Statistiquement c'était une sacré coïncidence.
● Euh non – répondit Jess qui se regarda avec Bender qui haussa les épaules – Le Gasparof n'a pas parlé d'organes, pas à ma connaissance. Il a parlé d'un nouveau procédé, mais je n'ai pas très bien compris ce que ça voulait dire. Moi j’ai eus de la chance, apparemment j’ai une maladie génétique, sinon j’aurai eu froid au cul – rajouta-t-il.
La première idée qui passa par la tête d'Eiling était que, le fait évoqué était statistiquement négligeable. Non pas, impossible, mais si proche de zéro que sa réalisation était inconcevable. Du moins en écoutant Cid c'est l'impression qu'elle avait. Ayant passé énormément de temps à l’hôpital à cause de on fils, Dalanda s'est de facto intéressée aux articles et informations médicales. Selon les dire de son ami, l'organe nécessaire à la transformation était similaire à une tumeur au niveau du cœur. Mais ce cas était très très rare. Alors le fait que les trois subordonnés de Bender, malheureusement décédés, disposaient tous de cette irrégularité lui paraissait étrange.
De cette information elle imagina trois possibilité: la première était qu'elle se prenait la tête pour rien; la deuxième était qu'il existait peut être une autre condition plus commune que Cid ignorait; et la troisième était que ce nouveau procédé évoqué contournait le problème biologique. Autrement dit, il était possible que la nécessité d'avoir cet organe, de manière innée, n'était plus obligatoire. Peut être que, dans ce labo de Meliacor, les chercheurs ont trouvé un moyen de créer artificiellement le "don de Circé". Et cette avancée, si jamais elle était vraie, pouvait changer le monde pour le meilleur comme pour le pire, mais probablement le pire...
● Vous pensez à quoi ? - demanda Bender à la jeune femme, pensive.
● J'ai comme l'impression qu'on a mis les pieds dans un projet plus gros qu'on le croit - répondit Eiling.
● C'est possible, mais au lieu de spéculer dans le vide je vous propose d’interroger la personne qui a toutes les réponses en sa disposition - proposa Jonathan.
● Comment ça ? Vous avez capturé Morel ? - demanda Dalanda surprise, un peu trop surprise.
● Je vois que la confiance règne - s'offusqua le sergent. Ce n'était pas parce qu'elle avait raison de douter, qu'elle devait manifester aussi ouvertement ce doute. C'était blessant pour son ego que Morel avait déjà piétiné.
● Vous êtes un bon leader Serg mais je vous ai toujours dit que vous vous battiez comme une fillette, sans vous manquer de respect bien sur – commenta Jess en rigolant.
● J’aurai du te laisser dans cette cave – murmura Bender, un petit peu trop audiblement
● C’est pas Sympa Serg, j’aurai fini dans le ventre de ces saloperies insectes géants.
● Douce musique à mes oreilles.
● Des insectes ? - demanda Dalanda
● Ouais, les saloperies que votre ami s'amusait à encastrer dans les murs.
● Les paramélures ? - se rappela-t-elle du nom fictif que Cid leur avait donné - Qu'est ce qu'elles font là ?
● Euh, j'ignore si on parle des mêmes trucs. Mais si il est question des machins géants avec des faux dans le dos, alors...J'en ai aucune idée. Mais je peux vous garantir qu'il y en avait un bon paquet. Je pouvais les entendre essayer de creuser et faire des cliquetis. C'était horrible.
● Eh bien, ce sera une question de plus à poser à Morel - conclu Bender - Et c’est Akiro et moi qui l’avons capturé…Surtout Akiro, moi je me suis fait refaire le portrait - fini t il par avouer. Cela ne servait à rien de porter les lauriers d'une autre personne.
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous allez bien et que vous appréciez l'histoire jusque là :) Le moment des réponses est pour bientôt et j'espère ne pas me trompe XD...sigh !
Bref, c'était pour vous faire un coucou et pour vous dire que si vous avez des critiques à faire, ou si avez des questions auxquelles je peux répondre. n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com ou ici: facebook.com/unepageparjour.
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à la prochaine !!! Passez une excellente journée ou soirée ;) !!!!
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