● Après tout pourquoi est ce qu'ils ne seraient pas contents ? Ils amassaient une petite fortune et en plus ils rendaient un "service" à la société. Il y avait trop de personnes à la rue, certaines villes avaient 10 à 15 fois leur population normale. C'était donc un problème qui commençait à devenir important parce que les natifs eux mêmes en avaient marre.
● Oui, je me rappelle de ça mais à l'époque je n'y avais pas vraiment réfléchi.
● Tu n'étais qu'une enfant. Tu avais tes problèmes - sourit Cid - Mais les adultes avaient réfléchis et avaient décidé que quelque chose devait être fait. Quoi exactement ? Personne ne se mettait d'accord. La morale se heurtait au pragmatisme et les conversations tournaient en rond. Relocaliser ? Mais où ? Avec quels fonds ? Alors lorsqu'une proposition juteuse à été faîte dans les coulisses, ça les a beaucoup soulagé.
● Ils ont vendu ces pauvres gens ?
● Oui, ils nous ont vendu - confirma Cid - Comme ça les statistiques de chômage et de sdf étaient propres, visuellement les villes étaient plus agréables, et les politiques pouvaient clamer haut et fort: Regardez ce que j’ai réussi à accomplir ! J'ai tenu ma promesse parce que je vous aime ! Et autres conneries du genre. Je ne dis pas que tous les politiques étaient corrompus mais une bonne majorité de ceux de Kyran l’étaient...
● Quand tu dis on ? Qu'est ce que tu veux dire par là ? Tu étais à la rue aussi ?
● Oui, peu après le début de la guerre. Un historien n'avait aucune importance dans un conflit pour le futur. Les coupes budgétaires ont été sévères. Après tout, Kyran est une petite planète avec pas plus de trois milliards d'habitants dont 20 % étaient des cas sociaux à prendre en charge. Et ce avant l'arrivée des Kissadzés. Alors oui, une planète pauvre qui avait besoin de fournir un effort de guerre conséquent, n'avait que faire de l'histoire. J'ai été gentiment licencié et je ne trouvais aucune autre place nulle part.
● Toi ? - s'étonna Dalanda
● Oui, moi. Je n'ai pas toujours été comme tu me vois maintenant - dit Cid en bandant ses muscles - ce corps que que tu vois a été forgé par nécessité et non par préférence. J'ai du drastiquement changer pour survivre mais à l'époque... Eh bien à l'époque, tout ce que je savais faire c'était parler de trucs bizarres et personne n'en voulait. Alors j'ai du reconsidérer une nouvelle carrière dans une ruelle. Mais bizarrement, j'ai été ok avec. Ou, du moins je n'en avais rien à faire. J'avais perdu espoir, trop vite peut être, mais je n'avais pas les outils mentaux pour faire face à cette nouvelle vie. Espoir ? Ambition ? J'ai tout brisé dans ma tête, j'ai baissé les bras beaucoup trop vite, pour devenir un être amorphe et vide - dit-il avec un sourire attristé, puis secoua la tête comme pour chasser une mauvaise image, ensuite il éclata d'un rire presque hystérique – Ku Kuu Ku, pathétique pas vrai ? Stupide pas vrai ? Misérable hein ?! - demanda t il en ouvrant grand les paupières, ses yeux se fixèrent sur le regard de Dalanda qui pu y voir une instabilité certaine. Le maelstrom d'émotions dans ces yeux était dangereux: honte, colère, injustice, peur... Il y avait tellement de choses à percevoir qu'elle fut submergée. Elle ne voulait pas entrer dans le jugement, elle ne voulait pas montrer de pitié blessante, cependant des larmes coulèrent le long des joues de la jeune femme. Quand elle imagina la solitude d'une telle existence, elle ne put s'empêcher de montrer sa tristesse et Cid revint à lui.
● Désolé - fit il en se prenant le visage dans la paume de sa main - Ce n'est pas facile...
● "Hihihi, et ce n'est que le début".
● Cid, Je...
● C'est bon, c'est dans le passé tout ça. Tu voulais savoir, alors laisse moi terminer - demanda-t-il - Pour nous qui avions tout perdu et qui vivions au jour le jour, seuls et ignorés. Forcés à devenir des fantômes aux yeux des gens, inexistants...
● "Hihihi, comme des crottes de chien sur le trottoir"
●...La perspective d'une conversation chaleureuse, d'une bonne douche et d'un repas chaud était simplement un miracle. Ce sont toujours ces petites choses du quotidien qui manquent vraiment. La sensation d'utilité, aussi... Ouais... Le fait de faire quelque chose qui ait du sens, qui ne rende pas notre existence inutile ou sans valeur, ouais ça me manquait beaucoup aussi. C’est fou pas vrai ? - demanda Cid, perdu dans ses souvenirs - Alors, il y avait une association qui était venue s'occuper de nous :"SOS AMity". Ils avaient commencé à nous rendre visite, en prenant le temps de nous parler, et nous apporter de la nourriture chaude. C'était des conserves, mais c'était mieux que ce qu'on pouvait trouver dans les tris de déchets. Ils nous offraient aussi des visites chez le coiffeur et dans leur centre on pouvait prendre une douche tous les trois jours. Hoo, le rêve. La sensation de fraîcheur, l'odeur qui disparaissait et cette sensation pâteuse dégueulasse dans la bouche qui laissait place au parfum de menthe après un brossage de dents. Je ne te dis pas à quel point c'était le pied. Et puis un jour, ils ont fait encore plus fort. Un des membres, Slavenko il s'appelait mais on l'appelait Slava. Slava ? Ku kuu ku - rigola Cid
● Qu'est ce qu'il y a ? - demanda Dalanda confuse
● Non, j'ai juste pensé à un truc
● Et c'est quoi ?
● Rien d'important Ku kuu ku
● ...
● Donc, ce type, Slava, est venu nous voir pour me proposer du travail, un truc réglo sponsorisé par le gouvernement. Il m'avait expliqué que "SOS AMity" s'était battu pour cet accord et que c'était notre seule chance de réintégrer la société. Tu parles que je me suis jeté sur l'occasion. Dès que j'ai entendu "travail" je ne voulais rien savoir d'autre. C’était l’occasion pour nous de relever la tête, de pouvoir se regarder dans un miroir avec fierté, d'être vus à nouveau, de ne plus porter le fardeau de la honte, de dire au revoir à cette colère qui me bouffait un petit peu plus chaque jour.
● Ne me dit pas que...
● Tout doux jeune fille, ne te presse pas à anticiper la suite. Ecoute juste - la coupa gentiment Cid, confirmant de la sorte ses doutes. Et ça la rendait folle de rage: profiter ainsi du malheur en prétendant porter secours. Quel genre d'être humain était capable d'une chose pareille ? - On m’avait proposé un travail dans une ferme, pour planter et récolter du blé. Un travail honorable et j'étais tellement motivé que je n'avais même pas besoin d'outils, on m'aurait dit creuse avec les dents et je l'aurait fait. Absurde pas vrai ? Mais dans ma tête c'était effectivement ma seule et unique chance de me sortir de là. Pendant des années je refusais d'espérer et là, la chance était forcée sur ma personne. Autrement dit, j'assistais à la réalisation d'un miracle et pour la première fois depuis longtemps j’avais même pensé à aller prier à l’église, tssk... Il y a un vieux dicton qui dit: les voies du seigneur sont impénétrables. J’attend encore de comprendre ce qu’il avait en tête.
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs ! Bon samedi à vous !! Et bon, repos ou bonne fête :)
Texte time !
Donc on a attaqué l'histoire personnelle de Cid. J'espère qu'elle fait sens à vos yeux et qu'elle est pertinente ;) Pour l'instant c'est encore gentil, mais bientôt on va toucher au très sale.
Si vous avez des questions, des suggestions, n'hésitez pas à me laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com ou ici: facebook.com/unepageparjour. Je me ferai un plaisir de vous répondre ;)
Alors nous sommes samedi, c'est pourquoi je vous laisse tranquille. Pas besoin de blablater ;)
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!!
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