dimanche 11 février 2018

Meliacor, le tombeau de glace, page 311*

● Je ne m’y connais pas beaucoup en religion - avoua Dalanda
● Je sais. J’y ai longtemps réfléchi, j’y réfléchi encore aujourd’hui et je suis arrivé à la conclusion que si jamais il y avait un Dieu, nos prières doivent finir sur son répondeur et les miracles ne sont que des coïncidences. Quoiqu’il en soit, on s’était retrouvé par milliers dans le spatio-drome de Kyran. Je n'avais prêté aucune attention au fait qu'on nous embarquait de nuit, sans passer par le circuit habituel. J'avais des doutes, mais je m'étais dit que vu le nombre de personnes c'était le plus pratique. et puis c'était un projet gouvernementale alors à quoi bon passer par les contrôles ? 

● Je peux comprendre la logique...
 Il n'y a pas de logique derrière fillette. Mon cerveau avait simplement justifié l'injustifiable. j'avais l'esprit projeté trop loin dans le futur, un futur d'ailleurs hypothétique, en refusant de voir les signes dans le présent. J'ai été aveuglé par mon espoir et la foule n'avait pas arrangé les choses. Partout où je regardais je voyais des gens convaincus d'avoir fait le bon choix. Et ceux qui pensaient le contraire préféraient rester silencieux car même eux voulaient s'agripper à la brindille tendue... Le nom du vaisseau m'avait conforté aussi: l'Evangelion ? Non, l'Evangelik... Oui c’est ça, le nom m’avait rassuré dans le fait que j’avais pris la bonne décision, que je suivais le bon chemin. C’était ma bonne nouvelle depuis le paradis - raconta Cid en se passant involontairement la main sur la poitrine, au dessus d’une trace de quatre griffes cicatrisées - Donc moi et d’autres personnes dans la même situation, je me rappelle qu’on avait commencé à prendre plaisir à se raconter nos vies et nos rêves. Même notre passé, comment on en était arrivé à errer dans les rues. Ce qu'on avait vécu, à quel point la solitude avait été difficile à vivre, à quel point le sentiment d'être ignoré était meurtrier. Et certains avaient de ces histoires, je ne pouvais qu'être impressionné qu'ils ne s'étaient pas suicidés pour mettre fin au calvaire. Je n'avais connu la rue que pendant une dizaine d'année...

● Dix ans ? - réagit Eiling
● A peu près, oui. Mais il y en a qui y ont vécu pendant quarante ans. Quarante ans de lutte, je crois que je me serai grillé la cervelle depuis longtemps. Ou que j'aurai fini par me pendre avec mes draps. C'est juste inconcevable...
● ...C'est pour ça que tu passe tes heures libres dans la rue ?
● Hmpf, j'aime bien dormir à la belle étoile. Les lits sont trop mous pour moi. 
● Ton argument ne fait aucun sens
● Eh bein, ce n'est rien d'inhabituel alors - sourit Cid - Mais tu me distrait du récit là. Euh, où j'étais ? Ah oui, vu qu’on voyait le bout du tunnel, on se disait que notre passé allait nous servir de leçon. Il allait nous rendre plus fort et qu’il n’y avait plus de quoi avoir honte. On avait également commencé à se partager nos rêves, ce  qu’on allait faire avec nos salaires, les petits plaisirs qu’on allait pouvoir s’offrir. Beaucoup avaient des projets ambitieux d’entreprises, ce qui était normal. Après avoir été au plus bas, on ne peut qu'espérer atteindre les sommets.

● Et c’était quoi ton rêve ? - ne put s'empêcher de demander Dalanda
● Moi ? - demanda Cid en fixant le sol, le regard distant, perdu dans le passé  - Oh, le mien était simple. M’acheter une tarte - finit il par répondre
● Une tarte ?
● Mais pas n’importe quelle tarte. La "queen berry", aux baies et à la pomme. Je la yeutais presque tous les jours vu que j’étais assis juste de l’autre côté de la rue avec ma pancarte “Nourrissez l’intellect, nourrissez l’homme” et je me ne me rappelle plus quoi. Hahahaha, j'avoue que je n'étais pas super inspiré maintenant que j'y pense. Mais sur le coup je pensais que c'était une super idée - dit Cid en se rappelant sa pancarte qui l'a accompagnée durant des années: “Nourrissez la raison, nourrissez l’homme, un geste pour l’éducation”. Il se rappelait très bien ce qu’il avait écrit mais cela n’avait plus d’importance. Il se pinça les yeux puis continua - Quoiqu’il en soit, je rêvais d’entrer dans cette pâtisserie... Elle s'appelle comment déjà ? C'est un vieux nom nostalgique. Ah - fit Cid en claquant des doigts trop fort et le son fissura légèrement le verre, sans parler des tympans de son amie - Oups, désolé. 

● Euh, ouais - dit Eiling en attendant que le petit sifflement dans ses oreilles s'arrête.
● Je me suis un petit peu emballé - excusa-t-il - La pâtisserie de Marguerite. Je ne m'attendais pas à trouver un nom pareil dans le futur...
● "?"
● ... Et je voulais simplement entrer propre, sourire à la vendeuse et même si elle ne me le rendait pas c'était pas grave. Je voulais commander la queen berry le torse bombé et le portefeuille à la mesure de mon ambition. Mon ventre l'était en tout cas. Et je voulais m’asseoir à une table sans qu’on se plaigne de l’odeur ou de mon apparence, sans qu'on essaye de me mettre à la porte. Je voulais savourer cette tarte pendant des heures en écoutant de la bonne musique et les conversations mondaines. Une ambition des plus simples parmi des futurs entrepreneurs, mais personne n'avait rigolé, personne... 







Blabla de l'auteur

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Hello à vous chers lecteurs ! Bon samedi à vous ! C'est votre journée, profitez ;)

Texte time !

Bon, j'espère que ce petit drame vous plait jusque là. Mais vous savez qu'on va devoir plonger plus profond dans le terrier, et ça va commencer demain. Là on a effleuré la vie de Cid, après la guerre mais rien encore qui touche au zoohumain pas vrai ? Donc, il va falloir que je devienne plus sombre. Sigh, j'aime pas faire ça... Non, je plaisante lol, je vais le faire souffrir Hihihi !!


Si vous avez des questions, des suggestions, etc... n'hésitez pas à laisser un commentaire où à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com ou ici: facebook.com/unepageparjour

Alors j'ai vu un truc qui m'a fait me dire. Ok, ça je veux en parler, c'est extraordinaire. Bon, j'avoue, des fois il ne m'en faut pas beaucoup même si je pense que c'est l'inverse...

Bref, en Sibérie, il y a une dame phénoménale. Madame Lyubov Morekhodova, qu'on appelle aussi baba lyoba ou бабa любa (mamie Lyuba). D'ailleurs elle porte un magnifique prénom. Lyubov ou любовь, signifie amour. Et c'est un prénom qui lui sied, je trouve, amoureuse qu'elle est du lac Baikal. 

Alors, cette mamie née en 1941 ( faites le calcul vous même, apparemment ce n'est pas cool de dire l'âge d'une dame ;) ) a toujours vécu auprès du lac. Dès toute jeune, elle devait faire 4 km pour aller à l'école avec ses patins dont elle est encore très fier. Conçu en 1943, elle les utilise encore aujourd'hui. Vous imaginez ça ? Aujourd'hui les constructeurs essayent de pousser le système d'obsolescence programmée, ou de mode, ou de je ne sais quoi pour que les produits se changent tous les deux ou cinq ans.

Alors que là, un produit fabriqué à l'ancienne et qui ont 74 ans. C'est fou ça, mais je ne vais pas débattre de la qualité de la fabrication à l'ancienne mais me re-concentrer sur madame Morekhodova.  

4 km allez, 4 km retour pour s'occuper de son bétail. Selon ses dires, alors qu'elle a mal au dos, sur ses patins elle a l'impression de courir, et lorsque le vent est idéal, elle a l'impression de voler. Ce doit être bien ça, avoir cette impression de légèreté, retrouver un petit peu sa vivacité. 

Elle est retournée dans la maison de son père en 2011, elle a tout laissé pour y retourner et son mari l'a suivi. Malheureusement je n'ai pas pu trouvé d'information sur lui, et les raison de son décès. Peut être est ce à cause des conditions difficiles, ou peut être était ce simplement le temps qui était venu...

Au final elle a décidé de rester, et quant à ses raisons les voici (ces informations sont issues du site fourni plus haut):
– Он суровый, Байкал. И он меняет свою окраску. Смотришь на него – то он совсем как зеркало стоит. А то рябь, и все. Сижу одна на кухне, смотрю – и прямо радость какая-то! Настроение хорошее. И всегда думаю: вот бы кто-нибудь рядом был и смотрел бы, какая красота неимоверная.

– Я бы наверное могла это всё бросить после смерти мужа. Но я этого не смогла сделать. Я знала, что здесь очень тяжело жить, ведь я с малолетства тут живу. Но это все отцовское, и мне его жалко. Отец трудился тут с мамой, ну как это бросить?

Bon je vous traduis. 
En parlant du lac elle dit: 
- il est rude, Baikal. Et il change son aspect/coloration. Tu le regarde - Et soit il est comme un miroir. Ou soit il ondule, e puis c'est tout. Je suis assise à la cuisine, toute seule, je regarde - et quelle joue ! L'humeur est bonne. Et je pense toujours: si seulement il y avait quelqu'un à côté pour voir, quelle beauté incroyable/excessive.
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La solitude est quelque chose qui pèse à tous les âges, un véritable mal pour l'esprit...La deuxième partie se traduit par:
- J'aurai pu tout laisser tomber après la mort de mon époux. Mais je n'ai pas pu le faire. Je savais, qu'ici c'est difficile de vivre, après tout j'y ai habité depuis toute petite. Mais tout ceci  a appartenu à mon père, et j'en ai pitié/ ça m'attriste. Mon père s'est débrouillé ici avec ma mère, alors comment tout laisser tomber ? 

Que penser de ça ? Le nom Lyubov lui sied je trouve. Et bien sur c'est difficile, surtout à son âge. 
– Позвоночник-то не держит, и, видимо, на сердце иногда тахикардия. Она у меня давно, смолоду, – И глухая стала: ничего не слышу. Боюсь, чтоб не простыли уши – тогда совсем оглохну.

- La colonne vertébrale ne tient pas, et apparemment, le cœur fait des fois de la tachycardie. Et je suis devenue sourde: je n'entend presque plus rien. (Cette partie j'ai du mal, je ne rappelle plus, mon russe est un peu vieux mais je pense que ça fait) J'ai peur,  que mes oreilles ne se bouchent/attrapent froid. Dans ce cas je deviendrai complètement sourde. 

Et malgré tout ça elle reste, parce que c'est chez elle. C'est là où elle a choisi de vivre... je ne sais pas, ça me fait me dire Wouah, il y a des personnes qui ont un cœur vraiment fort. Selon nos standards c'est peut être idiot, après tout pourquoi ne pas choisir la ville. Les apparts sont chauffés ( un minimum), les conditions sont beaucoup plus simple. Il n'y a pas besoin de faire x kilomètres pour aller à l'épicerie, etc... La vie y serait plus simple. Mais ce qui compte pour cette dame, ce n'est pas la simplicité. Elle a prit une décision, elle s'y tient, et elle arrive même à s'y plaire. Je pense que sa vie est clairement un exemple... Par cela, je n'entend pas allons tous en Sibérie. Mais plutôt, on peut vivre sans tout ce qui s'impose à nous comme facilités et technologie, une vie tranquille n'est pas plus mal qu'une vie connectée même si elle plus difficile. бабa любa m'amène à  me poser la question... Mais pour l'instant, je dois revenir sur terre et faire la vaisselle lol.


Merci de me lire ! Vous êtes formidables ! Tchuss et à demain !!! 

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