vendredi 4 août 2017

Meliacor, le tombeau de glace, pages 101-120

La peur était issue de l'ignorance de l'autre. Elle naissait dès qu'on donnait à autrui des valeurs différentes des nôtres, par préjugés engendrés de cet ilotisme. Et ce dernier concept était un abîme de possibilités réalisables ou complètement stupides, un gouffre embrumé d'idées diverses qui obscurcit la raison.

Le sergent savait cela. Il avait baroudé aux quatre coins de l'univers connu et ses voyages lui avaient ouvert l'esprit humainement et culturellement. Les autres savoirs, les autres valeurs et manières de vivre formés sur les nouvelles étoiles étaient juste différentes mais pas plus mauvaises que le bagage intellectuel qu'il portait avec lui.

Et c'était pourquoi, en cet instant, il ne pouvait s'empêcher de se sentir stupide d'avoir succombé à cette peur, née de sa nescience des Black owls. Il ne connaissait cette organisation qu'à travers les rumeurs, malgré le fait qu'elles partageaient le même ombrelle. Certes les on-dit étaient dérangeants mais elles pouvaient être issues d'une campagne de désinformation provenant de la concurrence.

Il y avait peut être même une explication logique à tout ce qui s'était passé. Cependant malgré toutes ses tentatives menées par le cerveau pour rationaliser la situation, ses craintes ne se dissipaient pas. Bien au contraire elles propageaient leurs racines plus profond, dans l'humus issu de ses doutes.

Le groupe marcha durant des heures, changea de direction tellement de fois que Bender eut l’impression de tourner en rond, comme un rat dans un espace de test sensoriel.

Le nombre de pas avait atteint la dizaine de millier au moment où ils s'arrêtèrent: 13460 environ. Il avait perdu le fil à certains moments, ennuyé de compter ou perdu dans ses souvenirs qui débordaient dans cet espace isolé qui se transformait en véritable enfer. Le sergent ne voulait pas se rappeler, il n'avait pas besoin de sentir la crise de panique lui prendre les jambes et lui couper le souffle. Il n'avait pas besoin de voir les images peintes de manière distincte sur la toile d'obscurité qui l'enveloppait.
"Sortir de là", cette idée commençait à tourner en boucle dans son esprit mutant lentement en un besoin immédiat.
Ils restèrent immobiles pendant quelques minutes, les questions des white owls étaient royalement ignorées, aucune information n'était donnée même sur l'heure approximative de leur arrivée. Même la raison de leur immobilité était tenue au silence, il n'y avait que Maki qui avait senti un léger mouvement. L'impression était similaire à l'ascenseur qu'ils avaient utilisé pour descendre dans la salle à l'engin dodécaédral.

Le champs de force permettait une transition verticale harmonieuse si bien qu’il était pratiquement impossible de dire si la plateforme montait ou descendait, du moins sans y prêter attention. Dès lors on pouvait se rendre compte que la gravité n'était pas entièrement exclue de l'équation, le corps humain pouvait encore percevoir les quelques indices d'un mouvement tridimensionnel.

Une fois l'ascenseur arrivé à destination ils en prirent un deuxième, plus conventionnel. Entre le bruit et la sensation de chute, il était définitivement familier. L'engin avait été rajouté ici par les mercenaires mais où est ce qu’il pouvait bien mener ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir encore plus sous terre qui impliquait les black owls ?

A en croire les rumeurs, cette organisation n'était pas spécialisée en missions de PSS (protection, stabilisation, sécurisation). Leur domaine de compétence était plus de l'ordre de l'assassinat, espionnage, sabotage, extermination…Ils étaient ceux qui se salissaient les mains pour le bien être de l’organisme appelé OWl.

Mais quoi qu'il y ait en bas, Bender gardait encore suffisamment de raison pour ne pas essayer de creuser la vérité. Lui et son équipe devaient en savoir le moins possible pour ne pas être considérés comme des éléments à risque. il n'y avait que quelques options qu'une organisation basée sur le secret pouvait employer pour mitiger les risques: effacer la source du problème. Une des déviances de la loi du silence.


Lorsque l’appareil à l’arrière de leur casque leur fut enlevé, les white owls poussèrent tous un soupir de soulagement. Surtout le sergent qui avait revisité un de ses cauchemars. Si l'armure ne les soutenait pas, Bender se serait probablement écroulé. Il pouvait sentir l'odeur des corps brûlés et la puanteur des Kissadzés qui avaient pénétré les coques des vaisseaux. Ces monstres nés pour détruire, ces aberrations sans une once de pitié ! Ces...Ces démons venus du fin fond de l'univers !!

  • Où est Sean ? – demanda Raby en regardant autour d’elle. Cette question ramena Bender à la réalité, il regarda également et ne vit aucune trace de son subordonné.
  • En préparation pour son opération – répondit le même mercenaire qui leur parlait depuis tout à l’heure – Par ici, désactivez votre système de filtration pour la décontamination.
  • Une seconde ! Ce n'est pas ce qui avait été convenu - s'opposa Sean - Je devais participer à son opération !
  • "Merde !" - pensa Bender - "Ces salauds ne perdent pas de temps. Qu'est ce qu'ils cherchent enfin ?" - il ne comprenait pas pourquoi isoler Sean. Qu'est ce qu'ils voulaient vraiment ?
  • Nous avions convenu d'un accord n'est ce pas ? - interrogea Bender qui commençait à perdre son sang froid. Le stress lui serrait les tripes et la sensation était très désagréable.

  • Je regrette mais vous avez un autre programme de prévu. Mais rassurez vous, nos docteurs sont parmi les meilleurs au monde - répondit le black owl. Jess enleva son casque et cracha au sol de la salive et un peu de sang, il avait dérouillé sévère.
  • Y’a intérêt !! - dit il au mercenaire en lui lançant un regard noir.
L'ambiance c'était immédiatement alourdie. Tous les mercenaires étaient sur leur garde même Raby qui avait une fois inébranlable en l'organisation. Il faut également précisé qu'elle ignorait tout des rumeurs qui entouraient ses nouveaux collègues. Pourquoi il y avait une telle scission ? Qui étaient les black owls ? Pourquoi elle n'en entendait parler que maintenant ? Toutes ces questions tournaient dans son esprit. Mais ce qui la mettait sur ses gardes était cette sensation que l'atmosphère même était aseptisée. Il n'y avait pas cette chaleur humaine qu'elle retrouvait d'habitude avec ses collègues. Elle ne se sentait pas ici parmi les siens...

  • Je veux en savoir un peu plus sur ces gars - dit elle doucement en s’appuyant sur l’épaule de Maki qui hocha légèrement de la tête. Le pisteur savait qu'il allait devoir fournir quelques explications même si lui non plus n'était pas spécialement compétent en ce qui concerne cette partie de l'entreprise. Jusque là il était sur la même page que le sergent, moins tout le monde en savait et moins il y avait de risques, sauf que là ce n'était plus possible de tout cacher.
  • Nous n'avons aucun intérêt à abîmer un tel matériel, rassurez vous - essaya de les rassurer le black owl mais l'effet était plutôt mitigé grandement du à sa voix mécanique.
  • C'est un humain et non une machine. Vos docteurs feraient mieux de connaître cette différence ! - commenta Jess - "Matériel ! Et puis quoi encore !"
  • Veuillez excuser ma bévue. Je vous rassure encore une fois sur la compétence de notre personnel médical. Votre ami se remettra très vite de ses blessures. Suivez moi - Leur guide continua le long du couloir sans dire un mot de plus. Le besoin de rassurer un peu plus ou d'expliquer d'avantage ne lui était pas venu en tête. La suite de 0 et de 1 pouvait simuler l'émotion mais jamais la comprendre, ni même la ressentir. C'étaient des outils servant à créer une réaction, ni plus ni moins. Il fut un temps où il aurait compris le sens des regards inquiets, ou il aurait communiqué autrement sans machiniser l'information dans une caricature de conversation. Mais la vie prenait des fois des tournures inattendues.


Ils passèrent l’espace de décontamination, un gaz nauséabond remplit toute la pièce hermétique. Ce gaz était différent de ce que les white owls utilisaient, il était agressif et piquait la gorge en forçant à tousser.
  • Qu'est ce que c'est que ce truc ? - demanda Jess  outré. Les progrès de la médecine poussaient vers des produits moins intrusifs, là c'était juste de la barbarie !
  • Un simple détoxifiant inoffensif. Les ingrédients principaux sont de l'ozone et du peroxyde d'hydrogène, vous pourrez vous renseigner tout à l'heure auprès des médecins qui vous ausculteront - expliqua le guide en continuant toujours tout droit. Bientôt ils arrivèrent devant un check point automatisé qui scanna leurs identités en compilant les données biométriques. Puis une borne régurgita quatre pass, des autorisations de séjours provisoires et limités, au sein du bâtiment.


  • Ne perdez pas vos identifiants, sinon Juvianne vous considérera comme hostiles et entamera la procédure d’élimination.
  • Juvianne ? - demanda Bender
  • l'intelligence virtuelle de cet établissement - expliqua le guide
  • Et par procédure d'élimination vous entendez quoi ? - s'enquit Raby
  • Élimination - répondit le black owl qui ne comprenait pas ce qui pouvait prêter à confusion dans ses propos.
  • Une seconde ! Quoi ? Et si on les perd ? – demanda Maki
  • Ne les perdez pas – répondit simplement le black owl.
  • C’est un peu radical comme solution non ? - interféra Jess. C'était juste complètement stupide et ridicule - se faire trouer la peau parcequ'on n'a pas son badge sur soi ? C’est extrême comme punition. C’est un miracle qu’il y ait encore des mecs pour bosser là.
  • Ils ont une bonne mémoire - répondit le mercenaire, ce qui lui valu un regard en coin de Jess - Nous travaillons sur des éléments top secret. Les risques étaient stipulés dans les contrats alors vous n'avez pas à vous inquiéter pour eux. Bien on continue !
  • “Tssk cyborgs de merde ! Ils ne comprennent rien à rien” - s'énerva Jess.
Après la décontamination, ainsi que la mise en garde d'une franchise redoutable, le groupe, alerté, déboucha sur une intersection.
La première chose que Bender remarqua était la propreté de cet endroit. Ce n'était pas l'hygiène qui l'avait fait tiquer, il y avait les mêmes petits robots ici et dans leurs bases alors le ménage était réalisé de la même manière.

La sensation ici était légèrement différente que dans celle des laboratoires archéologiques qu'il avait côtoyé au cours de ces quelques mois de services sur Meliacor. Huit ? Dix ? Vingt ? il ne saurait le dire avec certitude tant le temps était monotone ici, jusqu'à l'incident avec Dyne et le vermisseau...

Les labos archéologiques étaient en règle générale très propres, cependant ce qu'il constatait ici mettait la barre plus haut. Même les odeurs dans l'air étaient plus...hmm odorantes ? Elles stimulaient la mémoire du sergent et lui rappelaient l'environnement médical stérilisé des cliniques.

Bender avait souvent été amené à côtoyer ce genre d'établissements par le passé au point où il en était viscéralement écœuré. Raison pour laquelle il était évident pour le sergent que dans cet endroit... Dans les profondeurs de Meliacor, ses collègues ne cherchaient pas à restaurer des reliques du passé mais plutôt à fabriquer quelque chose... Cependant il stoppa là sa curiosité, les réponses allaient simplement les condamner.

Menée par le guide particulièrement peu loquace, la troupe de Bender entra dans la première porte à leur droite pour pénétrer dans une grande salle dont les murs étaient occupés par des cabines cubiques transparentes de 3 mètres sur 3 . Les mercenaires étaient entrés dans la salle de dés-équipement.

  • Vous pouvez laisser vos armures ici, elles seront réparées et rechargées – dit le guide en indiquant les pods. Ces engins étaient particulièrement utiles pour déconnecter convenablement les armures. Les modèles plus récents pouvaient s'ouvrir tous seuls en permettant aux occupants d'entrer et sortir, mais la maintenance était un autre problème de taille. Le nombre de pièces à vérifier était bien trop important pour le faire manuellement, sans parler de l'expertise nécessaire pour tout inspecter dans les détails.

Bender, Jess, Maki et Raby entrèrent dans les habitacles en verre renforcé et des bras mécaniques jaillirent du mur. Agiles et extrêmement précises, les machines dévissèrent leurs exosquelettes de survie pièce par pièce en les entraînant directement en réparation derrière le mur. Les bras détachèrent également les nombreux tubes rattachés aux différentes parties de leur corps : estomac, vessie, veines, poumons... Les armures, de type survie, devaient être entièrement autosuffisantes et pouvoir recycler la majorité des fluides humains, en plus de leur fournir les moyens de s’alimenter sans devoir se mettre en position vulnérable. Se trouver un coin pour pisser à la surface de Meliacor était aussi intelligent que de confondre de la soude et du sucre, simplement mortel.

La connexion se faisait sans douleur, la seule séquelle était une légère gêne et une envie de gratter autour des zones préalablement préparées par chirurgie. Des connecteurs étaient implantés sous la peau, visibles au travers des disques métalliques à la surface de l'épiderme. C'était le seul moyen pour ne pas se transpercer le bide à chaque fois qu'on voulait se dégourdir les jambes, ce qui n'avait absolument aucun intérêt si ce n'est le suicide.

  • Fiou ! ça fait plaisir - soupira Raby qui commença à s’étirer en sentant enfin son corps.
  • En suivant les lumières au sol, vous pourrez trouver des vêtements propres et vous laver. Ensuite vous passerez une rapide inspection médicale ainsi qu’un interrogatoire - informa le guide
  • Un interrogatoire ? Pourquoi faire ? – demanda Raby, penchée dans un étirement.
  • Ce sont les ordres – et il n’allait évidemment pas en dire plus.
Comme ils s'y attendaient tous, le guide continua son tour du propriétaire sans ajouter un mot de plus. Il avait été suffisamment clair, et ce n'était pas négociable alors que dire d'autre ? Ce n'était pas son boulot d'expliquer la raison de l'interrogatoire, la logique se voulait simplement pertinente.

Le guide les mena tout au fond de la salle, où naissaient deux voies de sorties éclairées.
Bender, jess, Maki prirent la porte de droite, ornée d’un petit bonhomme, accompagnés de l’autre black owl silencieux. Raby et leur accompagnateur loquace prirent l’autre, celui éclairé d’un dessin féminin.
  • Je n’aurai pas cru – commenta Jess.

Les cyborgs étaient détachés de toutes émotions cependant ils gardaient leurs habitudes, leurs souvenirs encodés et désormais incompréhensibles en raison du manque d'affecte. L'essence des choix passés était désormais incompréhensible. Toute leur vie d’antan n'avait aucun sens, leurs souvenances n'étaient qu'un mémorial rempli de noms ayant servi une cause perdue dans l'histoire.
Dans ce qui a du être sa vie antérieure il devait se considérer comme une femme dans un corps d’homme, un “girly” comme ils se dit dans la rue.

Pour Bender ce n'était pas une question de sexualité comme le pensait son subordonné, mais une question professionnelle. Il était là pour surveiller Raby, rien de plus. Mais peut être que les deux raisons n'en faisaient qu'une en réalité.

Il devenait clairement transparent que les mercenaires ne voulaient aucun électron libre se promener sans surveillance. Qu'est ce qu'il y avait de si secret ici ? La graine de la curiosité commençait à germer dans l'esprit du sergent, il commençait à avoir envie de savoir alors il du commencer à faire preuve de résolution, de volonté pour faire taire cette petite voie qui piaillait pourquoi ! Pourquoi !
Cet indice le poussait déjà à anticiper leur sort avant que l'autorité de ce centre de recherche ne prenne sa décision: ils allaient sans doute être confinés dans des chambres surveillées, privé de toute liberté. Sa pensée se détourna alors du pourquoi pour réfléchir à un moyen de les regrouper durant l'isolement. Comment négocier cette condition ?

A l’intérieur de la pièce ils trouvèrent une trentaine de casiers, en rang et partant du mur opposé. Sur la droite des douches en “boîtes” qui offraient toute l’intimité et le confort nécessaire à tous.
  • Vous trouverez des serviettes et des vêtements propres dans les casiers 25 à 32 – leur dit le black owl avec une légère note de lassitude, presque d'ennui. Il était apparemment pressé de terminer sa mission et de retourner à ses activités.
  • Ok, merci - répondit Bender un peu troublé. Il aurait compris une certaine irritabilité, après tout le black owl avait laissé ses collègues derrière, affronter le z'hum. Il ne pouvait s'imaginer éprouver de l'ennui dans cette situation a moins que... A moins que son flegme était une marque de confiance, ou la preuve qu'ils avaient réussi à capturer le félin ? - "Non, impossible" - pensa t il ensuite en se rappelant les mouvements ou plutôt en essayant de s'en rappeler. Car la seule chose qui lui venait à l'esprit était la douleur soudaine et la peur qui était issue de cette sensation d'impuissance, rien d'autre ...
 
Le sergent enleva sa combinaison épidermique moulante et ne put s’empêcher d’éprouver un bonheur incommensurable lorsque de l’eau chaude lui coula sur ses cheveux poivre et sel, ainsi que sur son corps partiellement modifié. Tout son côté droit ou presque avait vu sa chair, brûlée, être remplacée par le plastique et le métal. Une partie du cou, l’épaule, une partie de la hanche, la jambe et le bras. Seule la main droite semblait encore humaine mais ce n’était qu’une illusion crée en y mettant une petite fortune. Toute la fortune qu’il lui restait après une carrière militaire exemplaire mais un divorce compliqué.

Une fois débarrassé de la crasse, il ouvrit le casier 31 et en sortit une serviette pour se nettoyer et des vêtements propres : une chemise, un pantalon blanc et des chaussures ouvertes blanches.

  • AH PUTAIN !!! Ça fait du bien !!! – s’exprima Jess encore sous la douche, sentiment que Bender partageait pleinement. Maki rigola aux éclats, rafraîchit et propre il ne pouvait contenir ce petit moment de plaisir. Même sa peau pâle sembla prendre quelques couleurs. Tout était dans les petits détails, le bonheur il va s’en dire.
Maki sorti en deuxième en rigolant. L'eau chaude lui avait fait un bien fou et ravivait la couleur de sa peau naturellement pâle. A son visage, on pouvait deviner qu'il devait avoir dans la moitié supérieure de la trentaine. Il avait les cheveux coupés courts et une barbe touffue, sauvage même, brune qui cachait l'aspect rectangulaire de son menton. Sa corpulence était solide, bien bâtie et sans trace de graisse superflue, comme la majorité de ceux qui sont dans la profession militaire.
  • Je crois qu’il a un orgasme – commenta le pisteur en jetant un coup d’oeil vers la douche de Jess.
  • Je ne peux pas lui en vouloir - sourit Bender. S'il aurait possédé encore toute la sensitivité de son corps, il aurait sans doute également poussé un râle de soulagement. Mais certaines terminaisons nerveuses de son corps avaient été sérieusement endommagée par les flammes, résultant en une acuité diminué de son épiderme et de ses réflexes. A moins que ce ne soit un problème récurrent à l'âge...

Jess finit par sortir au bout de 20 minutes. Il était le plus petit de tous pas uniquement en terme d'âge mais également par la taille,  mesurant dans le mètre soixante-quinze. Par contre il était trapu et large d’épaules, lui donnant une silhouette à peu similaire à une commode.
Tout sourire et heureux pour la première fois depuis des heures, près de 23. Tout comme les autres ils sorti de la douche tout nu, les cheveux flamboyants et ruisselants, avant de sortir une serviette et des vêtements propres d’un casier.
  • Je n’aime pas vraiment ces vêtements – dit-il – ils me rappellent pas mal les habits des patients.
  • J'avoue que je ne suis pas friand non plus. Mais au moins ils sont propres et je n'aurai pas à voir ton cul plus longtemps – répondit Maki en jetant un rapide coup d'oeil au black owl qui les surveillait à l’écart.
  • Tssk, mon cul n'a pas besoin que tu le mate je te ferai dire. Il est raffermi pour les dames et non pour pour les ours poilus. Que du muscle ! - répondit Jess en serrant les fesses.
  • Tout ce que je vois c'est un nain avec des pierres aux miches.
  • j...
  • Habillez vous, on a suffisamment fait attendre nos hôtes - s'interposa Bender. Ce à quoi le black owl hocha de la tête en signe d'approbation.
  • Ok, deux secondes ! - fulmina le jeune chirurgien en enfilant ses vêtements stérilisés.

Une fois que tout le monde fut prêt, leur guide qui se tenait comme une statue les invita à prendre la porte qui menait vers le couloir de connexion au centre de recherche.

  • Mais vous foutiez quoi ? – s’exclama Raby impatiente. La jeune femme avait une figure athlétique, comme tout soldat. Son corps était sculpté pour l'endurance et non pour la puissance. Elle était un petit peu plus grande que Jess, et agréable à regarder sans pour autant être un canon de beauté. Son visage était balafré à hauteur de la joue et la blessure descendait le long du coup et se perdait sous la chemise.
Malgré la séparation de courte durée, tous les membres de l'équipe étaient ravis de se retrouver à nouveau. Ils avaient perdu Dyne, Sean était quelque part ailleurs, alors les white owls se sentaient plus rassurés d'être ensembles.
  • C’est la précieuse là – répondit Maki en pointant Jess du doigt.
  • Hey un homme a le droit de prendre soin de lui, bordel de merde ! Faites pas chier - répondit ce dernier en se passant la main dans ses cheveux couleur feu.
  • Vous pourrez continuer votre conversation sur le chemin – les interrompit leur guide de sa voix monotone en calmant tout de suite les élans de camaraderie. Il vit volte face et les invita à le suivre. Bender avança immédiatement derrière, suivi de son équipe. Il avait ce doute... Cette hypothèse étrange que peut être, les pass qu'ils avaient en main ne leur donnait pas la liberté de se trouver ici. Peut être que, si jamais ils s'éloignaient un petit peu trop de leurs accompagnateurs, L'IV réagirai immédiatement. Il n'y avait rien de rationnels pour corroborer cette idée, juste un doute qu'il voulait éviter de voir se concrétiser. C'est pourquoi il avait suivi sans aucune hésitation.

  • "Foutues machines" – pensa Jess, pro humanitariste dans l'âme. Cet excès de rationalité et de détachement dont les cyborgs faisaient preuve était une source de frustration immense chez le jeune homme. Il y avait zéro vie dans cet amalgame bio-mécanique. Comment pouvaient ils être ok avec cette solution, eux de la communauté médicale. Comment est ce qu'ils pouvaient croire que c'était ça l'avenir ? Plus de transhumanisme ? Les recherches poussaient désormais vers une décorporalisation humaine: le transfert de l'esprit dans un corps conçu de toute pièce en laboratoire. Alors que toute étude sur le corps humain d'origine avait été relégué au placard à l'exception du cerveau. Tout le reste était bon à jeter !... Son regard fixa la partie droite de Bender, modifié pour couvrir partiellement la peau brûlée. Jess se mordit alors la langue. L'idée que le sergent aurait pu devenir une de ces créatures dépourvue d'égo lui retournait l'estomac. Combien de personnes ont vu ainsi leur vie, réduite à... A quoi ? C'était bien là la question. Les cyborgs n'étaient rien d'autre que des esclaves vendus par les familles au plus offrant, pour se débarrasser de ce poids inutile. Il y avait bien sur des volontaires, mais... - "foutues machines !" - se répéta-t-il frustré par cette réalité, même si la source de cette colère n'était pas forcément lié à la machine elle même.

  • Hey Serg, c’est vraiment indispensable le check up ? – demanda Raby
  • Pourquoi ? Tu as peur des aiguilles ? – la taquina Jess en sortant de son coma introspectif
  • Sérieux ? C’est ça ta vanne ?
  • Bah ouais – répondit-il hésitant - En toute objectivité après ce qu’on s’est pris dans la gueule je crois que c’est plus prudent – dit-il en prenant son manteau de FS (fiels surgeon/chirurgien de terrain). Les outils de diagnostic, qu'il avait en sa disposition dans son armure, n'avaient rien repéré de grave. Plusieurs hématomes, des lésions sous cutanées, quelques fractures mineures. Rien qu'un organisme moderne ne pouvait guérir tout seul avec du repos. Cependant il valait mieux vérifier tout çà auprès d'un professionnel convenablement équipé, juste pour être surs qu'il n'y avait pas de NPB (nanotech puzzling behavior/Comportement étrange nanotech  ) liés aux nanocites parcourant le sang.
  • Utile ou pas n'est pas la question. Nous n'avons pas le choix - répondit le sergent en rajoutant à voix basse même si il était évident que les black owls pouvaient les entendre grace à leur capteurs acoustiques - Par contre, évitez de poser des questions sensibles sur ce qui se passe ici. On suit les ordres sans les déranger dans leurs activités et à la première occasion on retourne au QG sans bagages.
  • Bien reçu – répondit Raby puis demanda inquiète – Mais et pour votre fille ?
  • J’aviserai, notre sécurité passe avant tout – répondit le sergent en espérant que tout se passe bien. Il n'y avait pas de raisons après tout que les choses tournent mal - "N'est ce pas ?" - se demanda t il confrontant ses craintes, et ce serrement au coeur qui ne le lâchait pas.

Le groupe arriva dans ce qui ressemblait à une salle d’attente disposant de quelques chaises, une table avec plusieurs projecteurs holographiques tout le long, et des journaux datant de plusieurs années: 2748. Information que Bender nota dans un coin dans on esprit en se demandant si cette date était celle de la création de ce labo ? Bien évidemment il ne comptait pas obtenir de réponse à cette interrogation.
  • Bonjour – les accueilli une personne en blouse blanche aux cheveux grisonnant mais bien plus que ceux de Bender. Il devait avoir dans la cinquantaine même si il était difficile de le voir sur son visage – Nous allons simplement vérifier que vous n’avez aucun traumatisme corporel, rien de grave. Qui se propose en premier ?
  • Je vais commencer, je pense – dit Maki qui voulait se débarrasser de cette formalité pour commencer à se renseigner sur Sean. Mais également il était de sa mission en tant que pisteur d'explorer en premier.
  • Très bien, veuillez me suivre - répondit le docteur en le laissant entrer.

Les deux hommes passèrent la porte qui se referma derrière eux, et les deux black owls se mirent de chaque côté de celle ci. Bender trouva une place agréable dans un angle, Raby observait un clip sur l’holo-table en compagnie de Jess. Un petit moment de calme mais uniquement en apparence.
Les white owls durent attendre un bon petit quart d'heure avant que Maki ne revienne. A l'expression de son visage Bender sut que tout était ok, ou du moins il n'y avait rien à l'intérieur de la pièce qui avait éveillé la suspicion du pisteur. Cependant avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche leur guide l'interpella.
  • Suivez-moi le preferum vous attend – commanda-t-il.
Bender fit ok de la tête et Maki suivi parti en compagnie du black owl avant de tourner à gauche et disparaître de leur champ de vision.
  • A qui le tour ? – demanda le docteur.
  • Ce sera moi – s’avança Bender. Son instinct lui disait de rencontrer ce preferum le plus tôt possible pour tirer les choses au clair. Ou du moins sur un point: étaient-ils prisonniers ou c’était son imagination qui carburait à 200 à l'heure ? Jusqu'à présent il n'avait que des suppositions et des doutes. Un stress inutile pour tout le monde, et de l'énergie gaspillée pour rien. En face à face il aurait sa réponse et pourrait planifier en conséquence.
  • Très bien, je vous en prie – dit le docteur en le laissant entrer.

Le cabinet n’était pas très grand, classique dans le genre. Un diplôme au mur, un hologramme représentant le corps humain dans un coin, un bureau propre sur lequel était posé un « calibromètre »: un appareil à diagnostic indispensable aux docteurs modernes; il y avait également une tablette de verre et d’autres appareils dont Bender se rappelait vaguement l’utilité. Il avait passé beaucoup de temps dans les hôpitaux, mais comme patient ou visiteur. Il n'avait absolument aucune idée de la fonction de la plupart des appareils ultra spécialisés.

  • Asseyez-vous je vous en prie – lui demanda le docteur avant de s’asseoir de l’autre côté de la table – Je vois que vous avez des implants, aucune gêne ?
  • Hmpf ! Vous êtes observateur - répondit Bender sans pouvoir s'en empêcher. Le sarcasme se mariait parfaitement avec une constatation évidente, le docteur lui avait tendu une perche qu'il saisit à deux main. Egalement, le stress et la frustration emmagasinées facilitaient ce trait de comportement.
  • On me le dit souvent - répondit le docteur avec un sourire naturel. Il semblait avoir prit la pique avec humour. - alors ? Aucune gêne ?
  • Non, l’intégration c’est très bien passée et je suis sous traitement - expliqua Bender
  • Vous avez du déimithiol sur vous ? Ou avez accès à du déimithiol ? - demanda le docteur en croisant les doigts à la manière d'une prière.
  • Je comptais justement vous en demander - avoua le sergent. Il ne s'était pas traité depuis près de 24 heures et sa manie de procrastiner pouvait amener de sérieuses complications. Une fois il avait tenu trois jours pour se prouver que sa volonté était suffisante mais le corps lui réclamait sa dose, ce qui lui donnait l'impression d'être un drogué dépendant de ses cachets.

  • Bien entendu - dit le docteur, paumes ouvertes face au plafond - Une fois que vous aurez rempli cette demande officielle – expliqua-t-il en sortant un bout de papier pré remplie de son tiroir - Vous avez d’autres antécédents médicaux qui demandent un traitement ? - ajouta-t-il en se grattant l'oeil droit.
  • Non, pas que je sache - répondit Bender qui constata que le docteur avait les mains hyper actives - "AHS (alien hand syndrome) ? Ou comportement compulsif ?" - se demanda-t-il en se rappelant la jeune femme accompagnée de Cid. Elle avait également les mains baladeuses, même si dans son cas c'était plus un signe de dépression agitée ou un moyen de communiquer... - "Hmm, est ce que ce serait le cas ?" - supposa le sergent en observant plus attentivement les gestuelles du toubib.
  • Parfait dans ce cas je vais juste récolter quelques données pour voir si vous n’avez rien. Ensuite je vous laisserai remplir le document, et on aura fini - annonça ce dernier en se levant de son fauteuil.
  • "Hmm, qu'est ce qui se passe ici ?" - s’interrogea Bender
Le docteur plaça le calibromètre à proximité du biceps gauche de Bender et l’appareil procéda immédiatement à sa fonction pendant quelques instants.  L'appareil projeta des impulsions sonores imperceptibles qui traversèrent la partie organique du patient repérant les anomalies présentes reprimant les fonctions routinières de l'organisme, et ce pendant 3 secondes tout au plus.
  • Aucune gêne ? – demanda-t-il en jetant un coup d’oeil à sa tablette, posée sur le bureau, recevant un afflux de données.
  • Non - répondit Bender qui continuait à observer les mimiques du docteur. Qu'est ce qu'il essayait de lui dire ? Pourquoi est ce qu'il donnait l'impression d'être stressé ? Et pourquoi est ce qu'il essayait de jouer une quelconque comédie ? A cause des caméras ? Y'avait il une scission ici ? Si c'est le cas alors pourquoi essayerait il de se mettre en danger pour prévenir un parfait inconnu ? De quoi ? Il y avait beaucoup trop de questions pour le sergent surtout qu'il essayait de limiter sa curiosité au maximum.

  • Très bien, nous allons donc continuer dans la pièce d’à côté - annonça le docteur
Ce dernier éloigna le calibromètre qu’il posa soigneusement sur sa table. Il prit la porte sur sa gauche qui menait à une pièce plus grande avec de l’équipement supplémentaire dont l’utilité, de la plus majeur partie, échappait au sergent.
  • Installez-vous, je vous prie – demanda le docteur en montrant une table électronique au-dessus de laquelle il y avait un énorme appareil fixé au plafond – Vous pouvez garder vos vêtements – rajouta-t-il après.
  • Je comptais bien – répondit Bender en s’allongeant.
  • Oh, ok, restez immobiles. La procédure sera plus longue à cause de vos augmentations, comptez cinq minutes. Juste une seconde…Voilà c’est parti.
  • Qu'est ce que vous cherchez exactement ? - demanda Bender sans trop réfléchir à la dualité de ses propos
  • Comment ça ? - répondit le docteur un petit peu nerveux.
  • Je ne vois pas l'utilité d'une IMP (imagerie médicale poussée).
  • Oh çà ? - fit le docteur avec une pointe de soulagement - Ne vous en faites pas, mettez le sur le compte d'un excès de zèle de ma part - dit il avec un sourire
  • "Excès de zèle hein ? Conneries" - pensa Bender. l'IMP servait à déceler des anomalies dans l'adn même. Ce n'était pas un excès de zèle mais un acte prémédité, mais encore une fois pourquoi ?

L’appareil au-dessus de la table se mit à vibrer en émettant un bruit assez fort, avant d’émettre une légère lumière qui se mit à parcourir son corps de bas en haut à plusieurs reprises. Une étrange sensation de chaleur le parcourait de la pointe des pieds à la pointe des cheveux. La chaleur était agréable, apaisante... Du coin de l'oeil le sergent vit le docteur parcourir sa tablette, en l’opérant quelques fois avec ses doigts.

Que dire dans cette situation ? Bender ne s'était pas préparer à jouer les détectives. Il ne savait pas trop comment lancer subtilement la conversation, mais le plus important il ne savait pas comme maintenir le rythme de la dite conversation tout en gardant l'ascendant à travers une pression équilibrée. Interroger un individu était un art facilement perdu dans la violence. C'était comme jouer une partie d'échec en l'amenant là où on voulait...
  • Je crois vous avoir déjà vu quelque part - l'interrompit le docteur avec un sourire
  • Je fais souvent cette impression - répondit Bender en tournant légèrement la tête dans la direction opposée. Une réaction inconsciente qu'il stoppa en mi-mouvement.
  • Ah bon ? Et avec qui est ce qu'on vous confond ? - demanda le docteur
  • Avec qui m'avez vous confondu ? - répliqua Bender
  • Eh bien, avec un grand homme. On le voyait partout durant la guerre, sur les poster de propagande, sur l'i-web, même à la télé. Après tout il était l'unique Archmarshall durant la guerre contre les kiss.
  • Je vois. Sigh, c'est effectivement pénible. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de m'isoler un peu du monde, ici, sur Meliacor - dit le sergent en regardant la machine au dessus de sa tête, perdu dans ses pensées.
  • Je vois...Dans ce cas veuillez accepter toutes mes excuses - s'excusa le docteur avec le sourire.

  • Oh vous n'êtes pas le premier et vous ne serez pas le dernier - soupira Bender. Son équipe était passée par là aussi. S'en était arrivé au point ou le sergent s'était demandé s'il ne devait pas porter une masque pour cacher son visage. Pourtant avec les quelques balafres et le poids du temps, il espérait que ce soit suffisant pour faire disparaître la similarité avec l'autre... - Mais les morts ne peuvent rester que dans leurs tombes pas vrai ? - demanda t il en regardant le toubib qui sourit en retour.
  • C'est vrai. Ah ! Juste une dernière chose pour finir. J’aurai besoin de vous peser – dit le docteur en montrant une plateforme incrustée dans le sol
Une fois ceci fait ils rebroussèrent chemin dans le bureau, le docteur s’assit derrière son bureau et posa sa tablette au milieu de la table, cette dernière projeta une image en trois dimensions du corps de Bender avec quelques données qui gravitaient autour comme la taille 1m86, le poids 98kg, l’âge 49 ans, le nom sur son dossier crypté...
  • "..." - le sergent reconnu son vieux dossier.
  • Donc comme vous pouvez le constater il n’y a aucun problème, votre check up est positif. Par contre... – dit-il en jouant du doigt sur la surface de la tablette et l’image changea en zoomant sur son pancréas – en comparant avec votre dossier médical d'origine votre pré diabète à progressé. Vous devriez faire attention.
  • Il y a erreur sur le dossier, comme pour mon visage. Il n'y a aucun rapport avec les données antérieures - répondit Bender
  • Une erreur ? - réagit le docteur en écarquillant les yeux.
  • Une erreur - répéta le sergent en tout sérieux.

  • Eh bien...je ne vois pas comment c'est possible - répondit le toubib en se grattant la tête - Dans ce cas je vais vous créer une nouvelle fiche
  • Ce ne sera pas la peine, je ne compte pas m'éterniser dans les parages -  avoua Bender
  • Hélas, je me dois de vous faire une fiche même provisoire. Cela ne prendra que quelques minutes. Votre nom complet s'il vous plait - demanda le docteur
  • Jonathan Bender
  • D'où est ce que vous êtes ?
  • D'ailleurs - répondit le sergent qui ne comptait pas voir ses informations personnelles circuler n'importe où.

  • Je vois... - fit le toubib presque déçu en se passant la main dans les cheveux - J'espère que vous avez conscience que nous sommes des professionnels ici, et non des medics de rue - précisa-t-il ensuite en collant les mains.
  • Je crois être assez intelligent pour m'en être rendu compte oui
  • Et vous savez que votre dossier est jumelé a votre adn ?
  • Je le sais, mais il y a quand même erreur - déclara le sergent impassible.
  • Je vois...J'avoue n'avoir jamais rencontré ce problème auparavant - avoua le docteur troublé. Cependant son regard, lui, avait une étincelle qui disait: "continue à me prendre pour un con, ça m'amuse".
  • Dans ce cas, nous avons terminé. Je vais vous laisser remplir votre demande de déimithiol, mais je vous suggère quand même de faire attention à votre diabète - informa le docteur en se plongeant dans son travail.

  • "Hmpf, abruti" - pensa le sergent agacé. Expert, il remplit le bout de papier de manière machinale avant de le rendre, le docteur détacha le coupon du bas et le signa également de manière machinale.

  • Vous pourrez vous rendre à la pharmacie au B2 pour votre déimithiol.
  • Sous tutelle j'imagine ?
  • Euh possible. Tant que vous avez vos pass je pense q'il n'y aura pas de problèmes, mais voyez ça avec la sécurité - dit il en tendant le coupon. Bender le saisit puis constata qu'il y avait quelque chose d'inhabituel en dessous.
  • Merci docteur
  • Je vous en prie
Les deux hommes se serrèrent la main, et le sergent prit la porte avec l'autorisation de se soigner ainsi qu'un petit plus qui le mettait mal à l'aise. Un petit bout de papier qu'il froissa entre ses doigts. Il n'avait même pas vu le toubib le remplir ou en avoir à proximité, l'avait il caché avant leur entretien ?
  • “Bordel je n’aime pas ça du tout !!” - pensa Bender. Mais avant de paniquer il comptait regarder le contenu du message.
Pensif, Bender sorti accompagné du docteur qui demanda
  • A qui le tour ? - l'échange qui venait de se passer ne transparaissait d'aucune façon sur son visage. C'était déjà une source de soulagement, il devait juste faire de même et ne éveiller l'intérêt des black owls.

Jess et Raby voulurent se lever en même temps mais la jeune femme fit asseoir le petit roux d'une pression de la main, posée sur l'épaule.
  • C'est mon tour - dit elle en se hâtant vers la salle d’auscultation.
  • Hey ! - réagit Jess en se vautrant de force dans le fauteuil. Il ouvrit ses yeux de surprise si grands, qu'on aurait dit un véritable hibou. L'échange qui venait de se passer n'était pas qu'une "blague". Mais la manifestation d'une inquiétude réciproque. Jess voulait passer devant parcequ'il voulait protéger sa collègue d'un risque éventuel, issu de la paranoïa ambiante mitonnée lentement dans l'obscurité de la certitude. Et puis qui d'autre que lui avait les compétences pour déceler des trucs louches dans un échange médical. De l'autre côté, Raby avait les mêmes ambitions couplées à un sentiment d'exaspération issu de quelques faits. Premièrement: elle n'aimait pas être protégée sur la base de son sexe. Et deuxièmement: la jeune femme se qualifiait de chevalier blanc. Elle était celle qui protégeait les autres.

  • Par ici – entendit Bender. Le black owl qui venait de s'exprimer était le même qui avait accompagner Maki. Mais le sergent eut beau chercher du regard, il ne voyait ce dernier nulle part. A son interrogation oculaire, Raby haussa simplement des épaules. Elle ne l'avait pas vu revenir.
  • Où se trouve mon subordonné ? – demanda Bender en essayant de paraître plus curieux qu'inquiet. Même si en réalité c'était l'inverse dans son esprit.
  • Il est en salle de repos – répondit le cyborg – Vous serez libre de le rejoindre après votre interrogatoire.
  • En salle de repos ? J’espère que vous avez un bar parce que j’ai la gorge sèche - demanda Bender en essayant de baisser la garde du cyborg via l'humour, histoire de sous-tirer quelques menues informations. Mais il n'avait pas le talent de ses camarades pour ce trait de caractère.
  • Bien entendu, nous avons également un barman et un karaoké - répondit le black owl
  • Je vois… - au ton de voix il n’était pas exactement sur si on se foutait de sa gueule ou on lui disait la vérité. C’était assez troublant.
Ils tournèrent à gauche au bout du couloir, puis au bout d’une quinzaine de mètres prirent l’ascenseur jusqu’au B4.
  • “zone administrative” - nota Bender en passant à côté d’une carte holographique fixée dans un pan du mur.


Au bout de quelques minutes le petit groupe arriva finalement devant la porte du bureau du préférum dans l’aile est du complexe. Elle n'avait aucun signe de différenciation des autres bureaux dans cette partie du complexe, hors mis la plaque fixée à l'entrée. Le black Owl invita Bender à entrer et rebroussa chemin. A l’intérieur il y avait une table remplie de paperasse derrière laquelle se tenait un homme relativement jeune, il ne devait pas avoir plus de trente ans. Ce dernier leva les yeux pour voir qui venait d'entrer, puis replongea dans son boulot.

Pendant cet instant Bender, qui avait croisé le regard de cet homme, se figea sur place, perturbé par la première impression qui se dégagea de ce premier échange. Ces yeux... Quel terme correspondrait le mieux pour les décrire ? Remplis ? Non... Certes ils portaient le poids d'une profonde culture, voire d'une certaine sagesse. Cependant ils semblaient également vides... C'était un regard étrange: lourd, fort, déterminé, intelligent, des qualités rares chez un jeune dans la trentaine. Mais le plus particulier était cette absence dans ces yeux. Le manque d'émotions, le manque de lueur qui aspirait comme l'océan dans la plus sombre des nuits.

Bender n'avait jamais rencontré ce genre de regard au cours de sa vie et il en eut peur. Ce bref échange avait complètement fait basculer la balance des forces en faveur du préférum, sans un mot, sans un geste, sans efforts.

Si les yeux étaient le miroir de l'âme alors à quel point celle de ce jeune homme devait être sombre ? Qu'est ce qu'il avait bien pu vivre pour le rendre ainsi ? Quelle vérité du monde voyait il à travers des yeux pareils ? Tout à coups le sergent comprit comment "la loi du silence" pouvait être appliquée à si grande échelle. "Dangereux" était l'impression qui émanait du leader des black owls sur Meliacor.

La pièce était décorée par des casiers et placard remplis de documents et quelques objets particuliers, une photo d’un perroquet gris, un Jaco. Un petit Vase où se retrouvaient quelques stylos et crayons. Un aquarium avec quelques poissons à l’intérieur, à première vue des Endlers. Une montre classique, posée sur la table, incrustée de quelques pierres précieuses et en y prêtant réellement attention il s’agissait d’Uvavorite, les pierres étaient vertes et granuleuses. Et pour finir une Balalaïka dans un coin, un instrument de musique très, très, très peu commun. Bender n'en avait vu qu'un seul au cours de sa vie, et c'était entre les mains d'Ivan qui en jouait souvent entre deux batailles.

  • Asseyez- vous - dit il et Bender se vit obéir. Sa voix était à l'image de son regard: intolérante !
  • Bonjour - dit Bender en tendant la main depuis sa chaise, étonnement confortable. Sa fesse gauche en était même ravie. La personne en face ne réagit pas, ne répondit pas. Elle continua à remplir ses documents sur du papier, à l'ancienne.
  • “Connard !" - s'énerva Bender avant de constater - "Beaucoup de papier pour nos jours” - D’habitude tout était numérique mais là il avait l’impression d’avoir fait un saut dans le temps. Tout le monde ici semblait aimer le papier: déjà avec sa demande de déimithiol et cet étrange message. Et puis ici... juste sidérant, mais après tout chacun ses goûts.
  • Je suis le préférum Philippe Morel – dit-il après plusieurs minutes de silence, durant lesquels Bender avait eut le temps de faire de la ressouvenance. Questionnant les choix qui l'avaient amené devant cet homme étrange.

Le regard perçant de Morel parcouru Bender de bas en haut, comme celui d'un marchand qui estimerait la valeur d'une marchandise. Une sensation très désagréable, mais le plus désagréable était l'essence même de son regard qui obligeait le sergent à détourner le regard à chaque fois qu'il essayait de maintenir un contact visuel. A regarder trop longtemps il sentait sa conscience vaciller et perdre le fil du temps. Il n'avait jamais rencontré de préférums avant, il n'avait jamais rencontré de Black owls non plus, à l'exception de Maximilian. Alors il ne savait pas si ils étaient tous "habités" par une telle obscurité ou la particularité venait de Morel lui même.

Peut être était-ce simplement la scarification laissée par la fonction qu'il occupait ? Un poids terrible sur les épaules du jeune homme...  Un préférum était un directeur des opérations secrètes, renseignements et analyses d’informations, et se plaçait juste en dessous des Sess, eux même sous le contrôle du quernum qui était l’autorité suprême.

  • J’aurai quelques questions à vous poser concernant la situation actuelle - expliqua Morel de son ton intolérant. Il n'attendait que la vérité tout simplement - J’ai un problème qui se pose à moi, il y a certains détails qui ne font aucun sens – dit-il en lui montrant l’écran d’une tablette. Il s’agissait d’une vidéo enregistrée par une caméra de sécurité. Sans doute une de ces caméras insectoïdes. La vidéo montrait un géant portant une femme sur ses bras pénétrer un couloir et quelques instants plus tard, à peine quelques secondes, Bender et son équipe faisaient leur apparition derrière.
  • “Merde” - pensa le sergent.
  • Vous pouvez m’expliquer ? - demanda Morel en s'avançant sur la table.
Bender devait choisir ses mots avec prudence, ils n’avaient pas grand-chose à se reprocher mais la situation pouvait prêter à confusion.

  • Nous étions prisonniers – répondit-il alors. Mentir à cet homme n'avait aucun sens. Tout son être le lui suggérait.
  • Prisonniers ?! - demanda Morel en levant un sourcil, incrédule - Avec vos armes et votre équipement ? Quel genre de geôlier ferait une chose pareille ?
Tout le problème était là, quel genre de geôlier ferait une chose pareille. Et pourtant ce n'était que la stricte vérité. Malgré le fait qu'ils étaient armés, leur situation restait la même. Non, c'était même l'inverse...
  • Nos armes étaient utilisées contre nous - affirma Bender en détournant le regard une nouvelle fois. Les yeux de Morel semblaient le mettre à nu en quête de sincérité. Cette dominance exaspérait le sergent au plus haut point, il se sentait être à nouveau devant Cid qui le narguait...
  • Je vous avoue que je ne vous suis pas - concéda Morel en ne cachant pas sa confusion - Expliquez moi comment vos armes, et j'imagine votre supériorité numérique, étaient votre handicap. Éclairez moi, je vous prie - demanda le préférum en ouvrant grand les yeux et Bender eut une sueur froide qui perla le long de son front. Il se devait de corriger son constat antérieur: ce type n'était pas dangereux, il était extrêmement dangereux.
Les mots devaient être choisis avec soins. Ils étaient probablement le seul radeau de survie à leur disposition pour naviguer hors de ce merdier. Alors avec assurance et prudence, le sergent commença à dérouler son explication.
  • Nos armes étaient utilisées premièrement comme moyen de dissuasion psychologique, par la jeune femme. C'était une marque de confiance, qui complexifiait l'idée de révolte en la délégitimant presque.  
  • Délégitimant, hein ? - sourit Morel jaune - Je peux comprendre un élan de sympathie mais quel est le rapport avec votre mission ?
  • Je crains que, n'étant pas un White Owl il serait difficile pour vous de comprendre les principes de notre corps militaire - avoua Bender. Ils étaient aux antipodes. Cependant il ne devait surtout pas s'arrêter là, raison pour laquelle il enchaîna son éclaircissement - Néanmoins, je pense que cet acte était prémédité et ciblé en connaissance de cause. Cette jeune femme avait lu en nous.

  • Ok, pourquoi pas ? Cela ne répond toujours pas à ma question. Vous étiez armés alors qu'est ce qui vous a empêché d'appuyer sur les détentes ? - redemanda Morel. Il n'avait aucune intention de se laisser distraire de ce qui comptait réellement: le manque d'initiative. Bender quant à lui préféra laisser de côté les altérations étranges de sensations. Ces yoyos émotionnels qui jouaient sur sa volonté. Il préféra passer à quelque chose que ce Morel pouvait comprendre.
  • A cause du géant - répondit le sergent - On aurait pu avoir des cures dents à la place de nos fusils, cela n'aurait fait aucune différence à ses yeux. La différence qualitative entre nous était trop importante pour qu'on puisse tenter quoi que ce soit. Nos armes étaient devenues donc une excuse pour lui de légitimiser notre meurtre comme une action en légitime défense, ce qui nous poussait à être beaucoup plus prudent. Leur seul utilité était de nous défendre comme des créatures aliens dans les tunnels.
  • Des créatures ? - demanda Morel dont l'ennui était reflété dans la voix comme dans la posture qu'il avait dans son fauteuil. Le bras sur l’accoudoir et la joue posée sur le poing.
  • Des créatures insectoïdes, mais je présume que vous connaissez déjà leur existence ? - demanda Bender en se mordant imaginairement la lèvre. Il voulait juste se justifier sans creuser quoi que ce soit
  • Possible - répondit Morel impassible. Il était évident qu'il savait, ce qui faisait remonter automatiquement cette question dans l'esprit de Bender: "pourquoi le cacher"  Qu'est ce que ces créatures avaient de si particulier qu'il était nécessaire de bloquer les informations concernant leur existence ? Le sergent n'était entré dans le labo que depuis quelques heures et son cerveau pullulait déjà d'un nombre impressionnant de questions.

  • ...Le zoohumain, n'aurait pas hésité une seule seconde à nous éliminer si jamais nous avions montré le moindre signe d'agression - conclut Bender.
  • Cela aurait été dommage j’imagine…Vous savez que votre but est de protéger les recherches entreprises ici quel qu’en soit le prix ? - demanda le préférum sans changer de position. Il n'y avait que son regard qui montrait un quelconque signe d'intérêt.
  • Je ne pense pas que le suicide fasse parti de notre contrat - se défendit Bender - Une fois morts, nous ne serions d’aucune utilité au personnel scientifique.
  • N’en soyez pas si sûr… - répondit Morel avec un petit rictus - Donc vous étiez prisonniers et apparemment terrifiés. Si terrifiés que même l’idée de remplir votre mission vous a échappé complètement et ce malgré votre avantage numérique c’est ça ? - résuma-t-il ce qu'il venait d'entendre.
  • Au vu de la différence dont j'ai déjà parlé, toute tentative de notre part aurait résulté en un échec. Nous avons été témoins d'exploits qui dépassent toute logique - avoua Bender en se rappelant encore comme le z'hum levait les insectes de plusieurs tonne à la force de ses poings, pour les encastrer dans les murs comme des déchets - Nous avons d'ailleurs par la suite tenté... - le sergent fut stoppé dans son élan par un geste de la main du préférum.
  • Admettons, que je vous crois pendant une seconde. Il reste quand même un détail que je ne comprends pas. Juvianne ?
  • Oui monsieur Morel - répondit une tête holographique qui venait d’apparaître au dessus de sa table recouverte de papier. Tout ce que Bender pouvait voir était sa nuque cachée par une longue chevelure blonde.
  • L'enregistrement - commanda Morel.
  • Très bien - répondit L'IV avant de disparaître et à sa place s'afficha un écran montrant une vidéo. Le regard du préférum se figea à nouveau sur le sergent comme des ergots d'un aigle saisissant sa proie. La seul fois où il l'avait quitté du regard était avec l'apparition de Juvianne.

  • “Il y a un tunnel qui relie cet endroit aux autres labos, c’est bien ça ?…
  • Il y en a peut être ...
  • C’est pourtant simple, vous partez… il est peu probable que votre fille se trouve ici…
  • Vous savez très bien ce qui se passera…
  • Oh je le sais… Sur ce ciao” - c’était la conversation qu’il avait eu avec le zoohumain.
  • Personnellement après l’avoir écouté j’ai comme des doutes sur les conneries que vous avez essayé de me faire gober – dit le préfet avec une pointe de colère dans la voix - Je vois plutôt une forme d'entente !
Le sergent devait réagir immédiatement. Si la conversation pouvait être interprétée comme une partie d'échec dont le but était de trouver une excuse valable, alors il se retrouvait en position d'échec.
Cependant, les options étaient limitées. En optant pour une justification il se mettrait sur la défensive passive ce qui aurait pour conséquence de consolider Morel dans son avis. Dans le cas où le sergent choisirait une défense agressive alors il risquait de braquer le préférum contre tout ce qu'il pouvait dire par la suite, mettant fin ainsi à l'interrogatoire sur une impression de culpabilité. Dans les deux cas, la situation était échec et mate. Stressé par l'horloge invisible qui décidait du flux de la conversation, Bender choisit de couper la poire en deux: en choisissant une approche passive-agressive. Il ne pouvait simplement pas se permettre d'attendre une seconde de plus pour rétorquer, car là aussi ce serait échec et mate, le silence aurait été prit comme une affirmation de l'accusation.

  • Et j'imagine que la suite des enregistrements ne vous intéresse pas ? Trop hors contexte ? - répondit Bender en soutenant le regard de Morel au mieux de ses capacités. Il se sentait aspirer, son esprit commençait à se perdre, son ego commençait à se distiller dans le néant... Alors il détourna à nouveau les yeux.
  • Hmpf - sourit Morel. Il pouvait reconnaître l'effort mais la différence entre eux était juste trop grande - Le contexte est décidé uniquement par moi, quitte à falsifier les informations. Je tiens à la franchise - averti le préférum en constatant, amusé, son interlocuteur devenir plus dense
  • Qu'est ce que vous voulez ? - demanda Bender la mâchoire serrée.
  • Eh bien voyons ! la vérité bien sur. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ? - questionna Morel sur son ton impérieux

La situation avait échappé à Bender, pour la simple raison que Morel décida de changer les règles. Un comportement critiquable et haïssable mais également véridique. Cet homme ne voulait entendre que ce qu'il désirait entendre, et ce peu importe les méthodes employées. Quitte à le rendre responsable de collusion, et le pire était qu'il n'avait pas tout à fait tord... Sa mission était de capturer tous intrus dans sa zone de patrouille ce qu’il n’avait pas fait. Le sergent avait également partagé des informations confidentielles, et accepté de les suivre pour trouver sa fille.
  • "Qu'est ce qui m'a pris ?" - se demanda t il. Cette urgence, cette anxiété, ce stress qu'il ressentait alors, et qui le poussait à agir sans réfléchir. Tout ça s'était atrophié.

En se fiant aux faits, hors contexte, ils l'incriminaient tous.
  • “On l’a profond” - tel était le meilleur résumé qu'il pouvait faire de la situation - Je ne sais pas qui ils sont, nous étions otages…
  • Parcequ'il y a un lien quelconque de causalité ? - demanda Morel dégoutté. Tout son être commençait à exhumer l'impatience et la révulsion.
  • Apparemment non - murmura Bender déconcerté  - Tout ce que je sais, c'est qu’ils recherchent une sorte de relique de Zératoushtra il me semble.

A cet instant les yeux du préfet s’écarquillèrent comme si elles allaient lui sortir des orbites. Apparemment cette information valait beaucoup plus que ce que le sergent avait imaginé. Il s'en voulu de la céder si facilement. Jonathan venait peut être de jouer son joker inutilement.

  • La relique ? ils sont au courant ? c’est impossible… - dit Morel en perdant son flegme pour la première fois. Il s'avança sur son fauteuil jusqu'au milieu de la table - Quoi d'autre ?
  • Comment ça ? - demanda le sergent confus. Le préférum examina attentivement son visage puis retrouva son assurance.
  • Ils ne vous ont rien dit de plus ?
  • Possible que j'en ai pus à dire. Mais je veux une garantie que nos vies ne sont pas en danger ! - exigea Bender
  • Hahaha - éclata Morel de rire. Un spectacle des plus troublant... - je n'en veux pas à vos vies. Sinon pourquoi aurai je détaché une équipe pour vous sauver la peau ?
  • Pour obtenir des informations
  • Eh bien voyons donc ! C'est un service en honneur de vos exploits, ex Arsh-Marshall Idriss Soumaré. Je ne peux laisser un ancien héro mourir comme un chien sous mes yeux - répondit Morel avec un large sourire qui ne possédait, néanmoins, qu'une once de chaleur.
La surprise du sergent fut spontanée et brève. Elle était issue non de l'intellect, mais de la peur irrationnelle qui se tapissait quelque part dans son inconscient, de la panique tout simplement. Après tout, le docteur avait eut accès à son dossier d'origine. Il était, dès lors, évident que l'information concernant son identité était disponible à la plus haute autorité de cette base de recherche. Nier contre vents et marrées n'allait, malheureusement, servir à rien si ce n'est creuser sa propre tombe.  

  • Apparemment tout le monde est au courant - répondit il - J'avais pourtant cru avoir fait les efforts nécessaires pour disparaître.
  • Et par quel miracle pensiez vous pouvoir vous évanouir dans la nature sans laisser de traces, oh Arsh-Marshall ? - sourit Morel, comme on sourirait à un enfant naïf - Vous n'êtes pas le seul à avoir tenté de fuir la célébrité, à moins que ce soient les responsabilités qui vous ont fait peur ? Ou une raison plus personnelle ? - demanda-t-il avec une pointe de malice - Ne vous en faites pas, vos raisons vous regardent et tout le monde à le droit de perdre la boule de temps en temps. Ce luxe est le minimum qu'on puisse faire eut égard de vos services

  • Merci. J'imagine ?! - ajouta Bender en lançant un regard interrogateur qui ricocha sur l'impassibilité du préférum. Apparemment il était au courant de tout...
  • De rien. Même sur Meliacor, si loin de la civilisation, nous demeurons humains avant tout. N'est ce pas ? - s'enquit Morel
  • "Hmpf" - Rien de ce que le sergent avait vu jusqu'ici n'entrait dans la catégorie "humaniste" - J'espère - souhaita Jonathan
  • Bien ! Civilités mises a part, nous devons nous focaliser sur la capture des intrus - annonça Philippe en changeant de posture. Il posa les coudes sur la table et soutenant son menton de ses pouces cachés par ses doigts croisés.
  • Donc je dois comprendre que l'équipe d'interception que vous avez envoyé a échoué ? - demanda Bender. Il se surpris a éprouvé une pointe de nervosité mélangée à du soulagement ? La nervosité venait du fait de pensé à Cid, leur affrontement avait laissé une légère séquelle dans son esprit. Un début de traumatisme qu'il se devait de rationaliser et d'exorciser au plus vite sinon il prendra racine compliquant la tâche de jours en jours. Quant au soulagement, il venait de la curieuse inquiétude qu'il ressenti pour la jeune femme qui accompagnait le z'hum.

  • Eh bien voyons donc ! Pourquoi tout ce cinéma si nous avions ces individus en détention ? - s'enquit Morel avec un sourire sarcastique ? -  Voyez par vous même. Juvianne !
  • Oui monsieur Morel ? - apparut à nouveau la tête holographique et là encore les yeux du préférum abandonnèrent le visage de jonathan pour fixer celui de l'IV.
  • La vidéo "danse macabre" - commanda le jeune homme.
  • Toute de suite monsieur Morel - dit elle avant de laisser place à un écran séparé en 11 points de vues.
  • "Danse macabre ?" - pensa Bender sans comprendre. L'explication vint d'elle même. Il observa, la mâchoire serrée et les poings fermés, comment les Black owls furent éliminés. Onze mercenaires d’élites disposant d’une technologie avant-gardiste de camouflage. Possédant un solide entraînement et de suffisamment d'expérience pour être parmi la crème des meilleurs. Réduits en miettes d’une manière particulièrement sauvage ou sauvagement esthétique. "Danse macabre" était effectivement un nom des plus approprié. Le sergent n’avait jamais rien vu de tel jusqu'à présent.


  • C'est ce que vous entendiez par une différence technique j'imagine ?  – demanda Morel
  • Ça c’est…c’est l’exemple le plus frappant en effet - il venait de se rendre compte que Cid aurait pu les éliminer sans efforts. Il le savait déjà mais là il venait de comprendre, de digérer cette information comme était un fait. Alors pourquoi étaient ils encore en vie ? Fallait il réévalué l'opinion... - "Non !" - répondit le sergent sans même laisser finir sa propre pensée. Il était hors de question d'éprouver la moindre sympathie contre le z'hum. Au contraire, il avait eut le culot de s'amuser avec leurs vies, comme si ils étaient des jouets. Et maintenant Sean était au bord de la mort - "Impardonnable !"
  • Cidolphas Marshall - divulgua Morel
  • Je vous demande pardon ? - demanda Bender confus avant de faire un rapprochement entre Cid et Cidolphas. Se pourrait il que... - Vous savez qui ils sont ??
  • Bien sur ! Cet individu est une unicité dans la nature. Toutes les organisations militaires et para militaires gardent un œil sur lui - expliqua le préférum en agrandissant une image où Cid poussait un rugissement, avant de la figer - Il est l'un des membres de la catégorie restreinte des "one man army". Vous en avez entendu parler ?
  • Euh non. C'est la première fois que j'entends ce terme - avoua Bender
  • "Strathonos". C'était une classification crée exclusivement pour Ivan. A l'époque il était le seul à correspondre aux critères, le seul connu - précisa Morel.

  • Je vois... Je ne l'ai jamais vu combattre, je prêtai rarement attention à ce qui se passait sur la surface des planètes. Mon domaine de compétence c'est... c'était la guerre spatiale - se corrigea Bender. Il se rappela de son ami à la crinière blonde. Dragnoff le jovial, c'était comme cela qu'il l'appelait. Il avait toujours le sourire, alors la première fois qu'il avait entendu le surnom la tornade rouge Idriss n'avait pas compris. A chaque fois il se faisait du souci pour son ami, et maintenant il ne pouvait que se sentir stupide... Peut être était ce à cause de la manière dont Ivan regardait le monde. Ou plutôt ne le regardait pas. Son regard était toujours tourné vers l'horizon ou les étoiles, même quand il jouait de son étrange instrument. Il semblait toujours être si loin comme s'il voulait fuir...

  • Hmpf, si vous le dites - laissa couler Morel. La raison de la fuite d'Idriss de son siège de pouvoir ne regardait que lui.
  • Mais si vous saviez déjà alors pourq...
  • Parceque je dois avoir confiance en vous - soupira le préférum las. Comme s'il était en face d'un débile qui nécessitait de devoir tout expliquer et réexpliquer - Il m'est impossible de le faire si vous me mentez n'est ce pas ?
  • Confiance ?? J'ignore tout de ce qui se passe entre ses murs et je sais où est mon intérêt. Alors...
  • Je me fiche de çà. Vous pouvez le crier sur les toits si vous voulez ça ne changera rien au secret de cette installation. A part alourdir le compte en vies humaines - expliqua Morel en tout sérieux. il n'y avait aucune hésitation, ou signe de bluff dans son langage corporel.

  • Nous en sommes conscients. Relâchez nous et nous nous en irons sans rien raconter à personne - demanda Bender ce à quoi Morel secoua la tête.
  • Pour des raisons qui me regardent, vous êtes tombés à pic. Il serait à l'encontre de mes intérêts de vous laisser filer et j'en suis navré, vraiment navré - s'excusa le préférum en toute franchise - Malheureusement un incident nous a privé de matériaux de recherche alors, il apparaît que j'ai besoin de vous ici - annonça Morel et ses yeux devinrent aussi froids que Meliacor elle même. Inhumains de cruauté - Par contre si vous gagnez ma confiance, je reviendrai sur ma décision. C'est une promesse.
  • "Putain !" - hurla intérieurement Bender - Qu'est ce que vous voulez que je fasse ? - demanda le sergent frustré, presqu'en supplication.
  • Que vous remplissiez une mission tout simplement.
  • Mission ? Quelle mission ? - s'enquit Jonathan confus

  • Vous allez capturer Marshall et son accompagnatrice que je présume être Dalanda Eiling...
  • Eiling ? - réfléchi le sergent. Le nom lui était familier - Eiling ??? La multimilliardaire ?   
  • Exactement - acquiesça Morel
  • "Ça alors !" - pensa t il abasourdi avant qu'un détail clique dans son esprit - "Ça alors..."
  • Je les veux tous les deux ici. Elle vivante et l'autre mort ou vif - commanda le préférum.
  • Attendez une seconde. Une seconde ! Je ne pense pas être la meilleure personne pour cette mission. Je ne suis pas un combattant... - essaya d'expliquer le sergent. Il est vrai qu'il s'était un peu chauffé en pensant que les actions de Cid étaient impardonnables. Mais là c'était trop tôt pour se frotter à lui à nouveau. Surtout s'il était une armée d'un seul homme. Trop tôt... Et puis son antipathie avait trouvé un nouveau réceptacle.

  • Oh ne vous inquiétez pas. Vous aurez une équipe à la hauteur de la tâche ainsi que tous les outils nécessaires pour réussir. Je veux juste que vous supervisiez le plan, que vous effaciez ce doute qui n'arrive pas à laisser mon esprit en paix. Ce doute que vous avez viré espion - sourit Morel
  • ... - Bender ne savait pas que répondre. Il apparaissait clair comme le jour que le préférum ne cherchait qu'à se divertir à ses dépends. Ces accusations n'étaient que du vent et il le savait pertinemment. Les hommes de pouvoir...Tous pareils ! - Et si je refuse ?
  • Pourquoi refuseriez-vous ? - s'étonna sincèrement Morel
  • Si j’ai le choix je préfère éviter de me retrouver contre ce z’hum. Je commence à être trop vieux pour - "ces conneries" pensa le sergent même si à haute voix il dit - ce genre de choses
  • Haa – soupira le préfet en secouant de la tête – La déception de rencontrer ses idoles. Vous n'êtes pas entièrement stupide n'est ce pas Soumaré ? Vous comprenez dans quelle genre de situation vous vous trouvez n’est-ce pas ? En ce qui concerne les white owls vous êtes portez disparu. Et en ce qui nous concerne, nous pouvons faire de cela une réalité.
  • Je le comprends très bien. Je tiens juste à avoir le maximum d'informations sur notre situation. Et je tiens également à ce que vous ne m'appeliez plus par ce nom !
  • Eh bien voyons donc. Ok, faites donc - répondit Morel en s'adossant profondément dans son fauteuil - Pour l'instant votre équipe sera en sécurité ici, mais leur bien être ne dépend que de vous. Je vous offre une chance, à vous de voir si vous acceptez ou non ma générosité - annonça t il avec un large sourire, si large qu'il en était terrifiant. Du moins Bender l'aurait trouvé terrifiant s'il y avait prêté attention. Cependant son esprit avait d'autres chats à fouetter.
  • “Sale chiot, je n’ai pas risqué ma vie et le bien être de ma famille pour que des ordures comme toi survivent” - pensa le sergent en tremblant de partout.
Idriss était réputé pour son calme et sa capacité de calcul qui, disait on, rivalisait avec celle des ordinateurs quantiques. Mais l'accident avait dégénéré cette capacité et la vie avait érodé son calme au point de n'en laisser que des miettes. Alors devant cette absurdité qu'il venait d'entendre, le masque friable avait craqué.

  • Vous, vous voulez me dire quelque chose ? Est ce que je me trompe ? Allez y, ne soyez pas timides - rigola Morel en constatant les contorsions sur le visage de son interlocuteur.
  • Comment vous pouvez faire ça ?! - explosa Bender - Nous sommes de la même organisation ! Nous n'avons peut être pas les mêmes valeurs mais nous sommes camarades !!

  • Et ? - répondit Morel en le regardant droit dans les yeux sans cligner des yeux.
  • "Et ?" - pensa le sergent abasourdi - Comment ça ET ??? C’est de la folie ! Nous n'avons rien fait et vous le savez !! - En son être, il commençait à sentir le désespoir l'envahir. Ce pincement au cœur qui ne le lâchait pas depuis plusieurs heures déjà, tambourinait très fort dans sa poitrine.
  • Encore une fois. Et ? - répondit Morel qui ne comprenait pas le raisonnement du bonhomme en face - Si vous pensez que c'est injuste alors blâmez moi autant que vous voulez, je n'en dormirai pas moins bien la nuit.
  • Vous êtes un malade ! - fulmina le sergent
  • Depuis le jour de ma naissance - admit Morel avant de prendre son stylo sur la table - Je perds mon temps, je pensais que vous étiez plus adulte que ça - dit il calmement en retournant à ses papiers.

  • "Quoi ? Quoi ???" - pensa Bender effaré - "Fait chier !" - Tout ça n'avait aucun sens. Comment pouvait il...Comment pouvait il les condamner avec autant de facilité, sans même comprendre à quel point c'était aberrant ! Tyrannique ! Injuste !...Il prit une profonde inspiration pour se calmer un petit peu, et réorganiser ses pensées. Ses protestations importaient peu au final à part bloquer la situation - J’ai une condition - fini-t-il par dire sur un ton résolu.
  • Une condition ? – demanda le préférum sans lever les yeux – allez y je me sens généreux.
  • Je veux retrouver ma fille.
  • Ah votre fille ? La véritable raison pour votre échec j’imagine. Qu’est-ce que vous imaginez qu’il lui arrive au point de tout risquer comme vous l’avez fait ?

  • Je sais ce qui s’est passé au laboratoire du dessus.
  • Du dessus ?! - demanda Morel en levant les yeux, pensif - Oh ! Oui le labo du dessus. Je vois, je vois. Disons que vous pensez savoir, mais en réalité la vérité vous est complètement étrangère - expliqua-t-il en retournant à ses dossiers, montrant ainsi que la conversation ne l'intéressait plus. Il ne retrouvait rien d'utile en cette coquille en face de lui. Un véritable gâchis ...

  • Je veux bien admettre que j'ignore tout. Mais je m'inquiète quand même pour sa sécurité - dit Bender en serrant les poings - Est ce qu'elle est vivante ? - demanda-t-il avec un tremblement incontrôlé dans la voix
  • Vous êtes un pessimiste on dirait - ria Morel
  • S'il vous plait, répondez moi. Est ce qu'elle est encore vivante ?! - demanda le sergent sur un ton mixte de commande et de supplication. Il voulait savoir tout de suite, mais en même temps il ne pouvait forcer la réponse.

Le silence ne dura que quelques instants, mais pour Bender il semblait ne pas finir. Il attendait juste trois lettres qui décideraient de son destin, juste trois lettres, il n'avait pas besoin de plus.
  • Sigh ! Oui, elle l'est - admit le préférum ce que soulagea profondément le sergent, comme du baume sur une brûlure, celle de son âme. Il leva la tête au plafond et ferma les yeux très fort pour contenir ses larmes. Ce qui eut pour effet de faire grimacer Morel - Vous pouvez déjà commencer par soumettre une demande officielle que j’appuierai personnellement - expliqua-t-il ensuite
  • Non ! non ! - se pressa de protester Bender - Je veux la retrouver dès que je serai de retour et pas une seconde de plus ! - insista-t-il
  • Eh bien voyons donc ! Vous n’êtes quand même pas sérieux - l'interpella Morel en saisissant le stylo entre ses deux mains - Ce que je peux faire par contre c’est de vous fournir une autorisation de transfert où qu’elle se trouve. Une fois la mission accomplie, bien évidemment. Qu’en dites-vous ? C’est un bon compromis n’est-ce pas ? - demanda-t-il en accompagnant ses propos par la gestuelle, secouant le stylo prit à la mine vers l'avant.

  • Non je ne transigerai pas sur cette condition – bluffa Bender. Il avait le pressentiment qu'après, les choses n'allaient faire que s'empirer. Ils devaient fuir le plus vite possible. Cependant le résultat de son audace ne fut pas celui escompté.
  • Hey ! Monsieur le héros tu commences à me casser les couilles ! Ma bonne volonté à des limites sur lesquelles je ne transigerai pas non plus - déclara Morel avec les yeux grands ouverts. Les abysses qui s'y reflétaient s'agitaient pour la première fois depuis le début de la conversation. Le regard de Bender glissa pour éviter le contact visuel et se posa sur le stylo que le préférum faisait cliquer sans arrêt. Comme s'il se demandait ce qui le retenait de planter cet outil dans l’œil de l'individu qui lui faisait perdre patience.
La tension était montée d'un cran. En passant le doigt on pouvait même sentir l'air être plus compact, plus dense, et par conséquent plus difficile à respirer. Mais, évidemment, cette manifestation n'était qu'un jeu de l'esprit. Une illusion crée par la frustration de Philippe Morel que subissait Jonathan... Il avait peur, et il n'y a pas de mal à ressentir cette mise en garde instinctive, ou en avoir conscience.

Bender avait peur pour lui, ainsi que pour les personnes qui comptaient à ses yeux. Néanmoins, la peur qui lui dévorait les entrailles était celle de ne pas pouvoir supporter le manteau de sauveur. Car, encore une fois, la vie de sa famille et de ses amis reposaient sur ses épaules. Malheureusement, ces dernières étaient désormais trop frêles, trop vieilles...
  • Je ne suis pas devenu préfet en léchant des culs et en baissant mon froc ! - expliqua le préférum en haussant le ton, avant de commander - Juvianne ! Ouvre l’audio de la salle 254.
  • Tout de suite – répondit l’intelligence virtuelle.
  • Qu’est-ce que vous faites ? – demanda Bender dont le cœur joua soudainement au tam tam. Le pressentiment était devenu brusquement plus fort, sans crier gare.

  • Docteur Gasparof ? – appela Morel
  • Ah monsieur Morel, nous venions à peine de commencer, les résultats sont fascinants - entendirent ils une voix surexcitée avec un accent rendant les mots difficilement audibles.
  • A ce point ? - s'étonna Morel
  • Oh oui ! C'est un véritable miracle !
  • Très bien ! Et comment se porte le patient ? - demanda le préférum en jetant un regard sinistre au sergent.
  • Patient ? Quel patient ? - demanda Bender à moitié debout sur sa chaise. Même si il savait exactement de qui il était question.
  • Il va très bien. Je n’aurai jamais imaginé trouver l'organe « morfack » sur lui. Il sera un incroyable spécimen - annonça jovialement le scientifique.

  • Est-ce que c’est Sean ? - demanda le sergent dont le raisonnement était ralenti par le stress. Ou du moins, il voulait l'entendre pour le croire. Ou plutôt avait Besoin de l'entendre pour le croire.
  • Attendez deux minutes et procédez à l’expérience - ordonna le préférum.
  • Oh parfait monsieur Morel - s'extasia Gasparof avec un petit rire déconcertant.

  • Je demande si c’est SEAN FILS DE PUTE !!! – hurla Bender en se levant d’un bond, s'appuyant avec force contre la table. Du moins, il ne s'appuya que de sa main gauche. La droite, qui aurait sérieusement entamer le meuble, avait été stoppée juste à quelques centimètres de la surface recouverte de paperasse. Le sergent n'avait même pas vu Philippe bouger, et cette force... Le bras bionique, avait dû généré une force de 8 tonnes environ, mais toute cette puissance fut absorbée par une paume ouverte. Lorsque le jeune homme sera les doigts, le sergent entendit le métal être comprimé par la poigne de chair et d'os...  Là, la manche longue du préférum tomba un petit peu en arrière et le sergent vit un complexe tatouage qui recouvrait tout l'avant bras.
  • Cet équipement m'est utile - expliqua Morel en repoussant aisément Bender sur sa chaise qui glissa à l'autre bout de la pièce avec son occupant, s'écrasant contre le mur -  Je peux comprendre que vous soyez à cran, mais les meubles ne vous ont rien fait. Asseyez-vous, calmez-vous et donnez-moi votre réponse. Le temps est compté…

Jonathan se releva du sol qu'il avait embrassé en perdant l'équilibre après l'impact contre le mur. Tout s'était passé si soudainement qu'il ne vit rien arriver. Le vieil homme se sentait misérable, impuissant et humilié.
  • J’accepte… - finit il par dire, contraint mais debout.
  • Eh bien voyons donc. Vous en avez mit du temps à vous décider - le gronda Morel - C'est dommage qu'il faille toujours en venir aux mains pour se faire comprendre
  • ... - le sergent préféra se taire. Il voulait sortir d'ici le plus vite possible avant de refaire une nouvelle bêtise qui cette fois ne serait pas réparable. Ses narines gonflaient de colère, sa poitrine se gonflait comme un ballon, mais il ne pouvait se permettre d'aller plus loin - "Du calme, du calme" - se répétait il sans arrêt comme un mantra.
  • Docteur Gasparof vous pouvez tout arrêter - ordonna Philippe - Le patient n’est plus utilisable, Merci.
  • Mais monsieur Morel… - essaya de protester le docteur.
  • J’y crois pas c’est la journée des fortes têtes – murmura ce dernier de manière à peine audible – J’ai dit ça suffit ! Remettez-le en état, merci ! Où est ce que je dois vous le dire en face ?!
  • Non, bien sûr que non monsieur Morel, ce sera fait - se résigna Gasparof, audiblement déçu.

  • Ah quand même ! Merci docteur !
  • Quel dommage, quel beau spécimen – entendirent ils la voix de loin avant que Morel ne coupe le son.
  • Voilà, je suis un homme de parole - sourit le préférum en créant une pyramide de ses doigts. Il avait avancé ses pions et tenait l'autre en échec et mate, muselant chacun de ses mouvements. Il restait juste une pression de plus pour tuer toute dernière trace de vaillance. Mais de ce que Morel avait observé, s'aurait été une effort inutile, comme utilisé un bazooka pour tuer une mouche. Cependant il ignorait un détail qui gardait la graine de l'espoir en vie chez le vétéran. Celui de pouvoir retourner la situation à son avantage ! Cependant, l'instinct de Bender lui disait qu'il existait un facteur inconnu, un facteur à risques qui pouvait tout chambouler. Et l'image qui lui venait à l'esprit était celle du tatouage qu'il avait eut à peine le temps d'apercevoir.
  • Ne vous en faites pas autant, ce sera une véritable promenade. Vous serrez de retour pour le dîner - essaya de le rassurer amicalement Morel. Cependant le sergent ne pouvait pas imaginer une seule seconde  qu'appréhender Cid sera aussi facile. La bataille se transformera rapidement en boucherie - Voici votre clé - dit le jeune homme en sortant une carte du tiroir qu'il posa sur la surface nue de la table. Une lumière ondulante la parcouru pendant quelques secondes, codifiant l'information sur le bout de plastique. Une fois l'opération terminée, il tendit le sésame magnétique à Bender qui s'avança pour la prendre en main - Dans trente cinq minutes je vous présenterai à votre nouvelle équipe et à son leader. Vous verrez ils ont un charme fou - annonça le préférum en souriant à nouveau d'une joue à l'autre.


  • Est ce que je peux voir Sean ? - demanda le sergent
  • Vous demanderez à Juvianne, une fois dans votre appartement, d’établir une connexion à la salle 254. Je l’autoriserai sans problème
  • Et mes autres subordonnés ? - demanda Bender en déplaçant la carte dans sa main gauche par sécurité. Sur un moment de colère il pouvait la briser sans s'en rendre compte s'il continuait de la garder entre ses doigts métalliques.
  • Vous serrez temporairement séparés, raisons de sécurité. Vous comprenez j'espère. N'y voyez rien de personnel - expliqua Morel ce qui fit grincer le sergent des dents. Comment ça ? Comment est ce qu'il n'était pas censé le prendre personnellement ? Son équipe risquait...risquait quoi au juste ? Qu'est ce que ce Gasparof voulait faire ? En quoi consistait cette expérimentation ?  Néanmoins ces pensées n'étaient qu'une distraction de ce qui comptait vraiment.

  • Vous feriez mieux de ne rien tenter contre eux ! - informa Bender, même s'il n'avait pas vraiment de quoi menacer le jeune con en face de lui. Comment est ce qu'il pouvait déjà être une telle ordure alors qu'il avait à peine fini de téter sa mère ? Quelle éducation avait il pu recevoir pour voir la vie comme disposable à merci ? Où était il réellement né comme ça ? Cette idée dérangeait le sergent. Cela signifiait que des personnes étaient condamnées au mal, victimes de ce mal incurable. Cela signifiait que Morel était une victime de la génétique ? Qu'il n'était pas vraiment responsable ? Où était ce autre chose ?

  • Je comprends votre inquiétude, mais je ne peux vous donner que ma parole que je les garderai en vie. Même si elle ne doit pas valoir grand-chose de votre point de vue - déclara Morel, mais ses yeux n'avaient toujours pas de trace de bienveillance ou de compréhension quelconque pour l'inquiétude de Bender. Cependant qu'est ce qu'il pouvait faire d'autre ? A part remplir la mission le plus vite possible et placer son joker - Ah oui une dernière mise en garde ! Vous serez confiné à la zone résidentielle pour le moment mais vous serez libre de vous déplacer. Seulement, si on vous trouve en train de fouiner. Si on vous trouve là où vous ne devez pas être. Je ne pourrai plus garantir votre sécurité - le prévint Philippe.
  • J’aurai besoin de déimithiol au B2 il me semble - expliqua le sergent, vu qu'il ignorait où étaient ces zones délimitées. Il valait mieux anticiper ses futurs déplacements.

  • Bien sûr, du B1 au B4 vous pouvez vous promenez sous notre tutelle. Le reste est beaucoup plus sensible. On peut également vous ramener le déimithiol à votre chambre si vous préférez - réfléchit le préférum à haute voix avant de décider - Non, en fait on fera comme ça. Mon personnel vous amènera le médicament dans votre chambre. Cela vous laissera plus de temps pour vous reposer et vous familiariser avec l'opération. Vous avez un coupon j’imagine ?
  • Vous savez, je déteste réellement qu’on prenne les décisions à ma place – dit Bender en transmettant le coupon, la mâchoire serrée. Morel le regarda avec de petits yeux avant de jeter un coup d’œil à sa main gauche, là où se cachait le petit message du généraliste. Il se peut qu'en sortant le coupon, le préférum remarqua un petit bout de papier dépasser d'entre ses doigts. Malgré ce coup de stress le sergent resta impassible.
Le préférum quitta la main gauche de Bender du regard, intrigué. Voire amusé ? C'était dans ses yeux, il ne riait pas par la bouche mais par les yeux. C'était visible à travers le plissement des paupières et une petit flammèche dans le regard.

  • Je me vois navré de vous imposer ça - répondit Morel en se voulant le plus franc et rassurant possible - Mais je prends les meilleurs décisions dans votre intérêt en connaissances des risques. Ce qui n'est pas votre cas. Et puis, si vous détestez réellement être mené à la baguette, vous auriez du garder votre position.
  • C'est exactement pour cette raison que je suis parti - rétorqua le sergent en retour. Ceux qui voulaient l'utiliser pour leurs ambitions ou le manipuler avaient été légion. Comme des hyènes attendant simplement le moment où ils pourraient s'empiffrer jusqu'à s'exploser la panse.
  • Hmpf, dommage pour vous alors. Nous avons fini SERGENT - annonça Morel en appuyant sur le rang. Puis il tendit sa main gauche en regardant Jonathan dans les yeux qui disaient: "montre moi ce que tu cache".

Ce dernier eut un coup de chaud du à un pique de stress. Deux chois s'offraient au white owl, deux choix simples mais uniquement en apparence.
1- Serrer la main de Morel
2 - Refuser de serrer la main de Morel.

Basique n'est ce pas ? Cependant le choix 2 allait résulter en soit en
2.1 - Une blessure dans son orgueil, pouvant le pousser à entreprendre des mesures drastiques. De ce que Bender avait constaté, l'orgueil était une partie importante de la personnalité du préférum et expliquait sa volonté de vouloir rester calme. Il était l'alpha.
2.2 - Une augmentation de son degré de suspicion pouvant le pousser à le fouiller, tout simplement.
2.3 - Rien du tout. En raison de l'antipathie amenée par la conversation, il avait une excuse pour refuser. Mais le sergent n'était pas prêt à parier cette éventualité. Morel semblait aimer serrer d'avantage son étau. C'était probablement son moyen de contrôler les gens autour de lui, en les privant de choix. Ce qui pouvait également expliquer la présence des cyborgs dans sa troupe. Quoique pas forcément... Et puis le préférum avait beaucoup à gagner en ramenant Idriss dans la lumière du public comme un pantin...

Le choix 1 comportait également un risque: le papier était mal caché.
Cette situation complexe en réalité, amena le sergent à se demander si ce message valait les risques encourus. Rien ne l'empêchait de le remettre à Morel mais ce serait échanger sa tranquillité contre une vie. Et puis il y avait peut être des informations importantes contenues à l'intérieur...
Tout ce raisonnement se passa en deux secondes. Le temps de décider de lever ou non la main en retour. C'était la fourchette de temps qu'il avait estimé crédible pour se décider en logique avec leur conversation préalable.
  • Je ne peux prétendre que ce fut un plaisir de faire votre connaissance - avoua Bender en serrant la main de Phillipe, le message déplacé entre le majeur et l'annulaire, là où le préférum aurait plus de mal à inspecter - J'espère qu'après cette histoire nos chemins ne se croiseront plus.
  • Le déplaisir est partagé, je vous rassure - sourit Morel en secouant une fois la main - Et J'espère pour vous que je n'aurai pas à vous croiser. Mais pour l'instant nous avons rendez vous dans 35 minutes, alors à bientôt.

Jonathan sortit du bureau étouffant, soulagé d'en avoir fini avec la conversation. Et perplexe de ce qui allait suivre. Apeuré en réalité...Combien de fois dans la même journée allait il se dire que la situation ne pouvait pas être pire. Il ne saurait le dire mais il espérait de tout cœur que sa malchance allait s’arrêter ici.
  • Suivez-moi – entendit-il une voix qui le fit sursauter. Le black owl l’ayant accompagné était resté, au repos, à côté de la porte et attendait patiemment que Bender sorte. Du coin de l’œil il remarqua Raby arriver. Il lui fit un rapide geste en montrant le pouce vers le haut puis le pointant vers la gorge. Un geste qui invitait à boire un coup mais dans ce cas ci signifiait qu’ils l’avaient bien profond. Elle devait faire attention à moins d'être bouffée crue par Morel. La connaissant, elle allait probablement essayé de lui en mettre une en sautant par dessus la table comme une furie. Elle n'allait pas pouvoir supporter son irrationalité logique. Ce détachement pour la valeur de la vie.

Le sergent était guidé dans ce qu’il pu voir comme la zone résidentielle, dans le secteur F, dans l’aile nord-ouest. Sur le chemin, il y avait quelques scientifiques en blouses blanches qui marchaient rapidement, perdus dans leurs écrans et leurs recherches. Mais il y avait surtout des uniformes noirs avec le symbole de la chouette inversé, qui lui jetaient des regards de temps en en temps. Peut-être parce qu’il faisait tache avec ses vêtements de patient, ou peut-être à cause du fait qu’il se faisait escorter, ou peut être les deux. Ce n’était pas ça qu’il jugea important. Ce que Bender trouvait étrange était le fait qu’il y avait beaucoup de personnels du Black Owl ici. Beaucoup trop pour un labo, mais assez pour une base d’opération.
  • “Où est ce qu’on est, bon sang ?” - se demanda t il.  


Bientôt ils arrivèrent devant sa chambre, ou plutôt sa cellule. L’appareil reconnu son identité en scannant la carte posée dans sa poche et activa l’ouverture de la porte. Il n’y avait pas grand-chose comme décor: un lit, une chaise, une table, une caméra, une vraie et toute petite fixée au plafond. Au centre de la pièce, lui donnant une visibilité parfaite sur 360°. Un geste servant à endormir la vigilance, car pour une caméra visible il devait y en avoir 10 cachées. Probablement...

  • “Génial, encore plus de surveillance” - fulmina le sergent en cherchant les insectes du regard. Tout cette histoire était complètement insensée, et il devenait difficile de s'empêcher de ne pas vouloir creuser. Le fait de vouloir rester ignorant des opérations présentes dans ce complexe ne garantissait plus leur survie. Que faire ? Que pouvait il faire, prit dans les mâchoires de la bête ? - "D'abord contacter Sean" - se décida t il en s'avançant vers la table placée contre le mur.
Sur les quelques mètres le séparant de la table multimédia, Bender fut assaillit de pensées. Cette avalanche de mots imaginaires fut provoquée par un souvenir. Un souvenir qui rendait les événements, ici bas, encore plus confus.
  • “Max, qu’est ce qui se passe ?” - se demanda Bender en se remémorant le visage sympathique de son ancien ami.

D'aussi loin qu'il s'en rappelait, Max et Ivan étaient souvent ensemble durant leur temps libre. Ils n'étaient pas des camarades, mais des amis qui buvaient ensemble, draguaient ensemble, s'entraînaient ensemble...Max adorait Ivan, il le vénérait presque. Raison pour laquelle il avait certainement accepté d'être dans l'ombre de l'organisation en laissant Dragnoff dans la lumière.

Il était inconcevable que Dreïfus puisse ignorer les actions de Morel. C'était le genre de personnes qu'il était: parano et méthodique. Et ce, depuis ses débuts dans les services de renseignements.
Il était inconcevable que Dreïfus puisse autorisé qu'on nuise aux white owls. Sans même prendre en compte le fait qu'ils appartenaient à la même organisation. Mais simplement parceque les white owls étaient la propriété d'Ivan. Du moins c'était le cas à l'époque.

Alors, y avait il des dissensions entre les deux groupes issus d'un antagonisme qui s'installa entre les deux leaders ? Si tel était le cas, qu'est ce qui avait bien pu se passer ? Qu'est ce qui avait bien pu détruire cette solide amitié ?
Ou Morel agissait de son propre chef en brouillant expertement les pistes au point que même Max soit dans le brouillard ? De plus, il devait bien savoir qu'Idriss était un ami proche de leur leader. Comment comptait il se débarrasser de lui sans que cela ne remonte aux oreilles du Quernum ? Était ce la raison pour laquelle il se comportait de la sorte ? En lui faisant croire qu'il lui faisait une fleur ? Mais dans ce cas pourquoi l'envoyer dans une mission du genre. Capturer Cid mort ou vif allait être incroyablement difficile, il pouvait ne pas en revenir...

  • "Une seconde" - pensa Bender. Peut être était ce un moyen pour Morel de se débarrasser de lui sans éveiller de suspicion ? Mort au combat, volontaire pour une mission...Une sueur froide parcouru le dos du sergent. Et si il ne devait pas en revenir vivant de cette opération ? Mais pourquoi ? - "Non cela n'a aucun sens, et arrête avec toutes ses questions !!" - se dit il - “Ne pense pas aux peut être, ils peuvent te mener n'importe où. Là tu ne t’occupe que de tes gars et de rien d’autre” - se décida t il, résolu à faire preuve de volonté et de discipline.


Cependant la curiosité était comme un cheval sauvage, libre, puissant, difficilement domptable... Les questions venaient les unes après les autres sans vouloir s'arrêter. Comme avant, comme quand il était jeune et qu'il voyait le monde en questionnant la logique même de sa fabrique.

A quelques pas de la table, Bender se rappela ces scientifiques qui avaient le nez collé dans leurs recherches. Ceux qu'il avait croisé dans les couloirs tantôt. Et la logique de son questionnement était la suivante: cette installation ne devait être connue que d’une poignée de personnes uniquement. Poignée qui à en croire ce qui s’était passé plus haut, allait se réduire progressivement à mesure de l’avancement de leurs recherches. Qui aurait pu signer pour ça ? Les scientifiques étaient-ils au courant de ce qui se tramait ? Avec tous leurs diplômes ils ne pouvaient pas être aussi stupides pour se retrouver ici ?
La conclusion était donc qu'on leur avait menti. Ce qui amenait une autre question qui eut pour effet d'avoir le deuxième déclic de la journée. Se doutaient ils de la disparition de leurs collègues ? Si oui, comment ont ils prévu de survivre ? Là, il pouvait creuser.
  
Bender s'assit avec un mal de crâne carabiné. L'arbre de possibilités qui se dessinait dans son esprit lui faisait un mal de chien. Il pouvait même entendre quelques neurones péter sous la pression. La vieille "machine" ne pouvait supporter de tels calculs, et les équipements qui devaient remplacer une partie de l’hémisphère droit du cerveau n'arrangeaient pas les choses.
C'est la chaise qui ramena le sergent à la réalité. Elle était tellement inconfortable qu'il ne pouvait que conclure que la seule fonction possible pour cet outil diabolique était de filer des hémorroïdes. Un autre plan machiavélique de Morel pour lui pourrir la vie !!

Une fois qu'il trouva la position adéquate, posé sur sa fesse droite métallique et insensible, Bender inspecta son terminal et choisi l’option: appel. Après une rapide recherche il trouva l'option adéquate puis rentra le numéro 254. Après une minute d’attente nerveuse, Jonathan put voir le visage de Sean apparaître. Soulagé il afficha son plus beau sourire en constatant que la tête d’œuf en face se portait bien.







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