jeudi 11 octobre 2018

Meliacor : Stargorad, page 47


La discussion qui avait lieu était bien étrange. Déjà, elle se passait au-delà de la notion d'espace, il s'agissait d'une conversation à distance à l'intérieur de chacun des deux participants, distante et interne à la fois. Et cette conversation était démunie de toute forme de mots, mais non de langage. Un exercice que même Dalanda trouva particulièrement délicat malgré ses années de pratique. C'était comme si elle passait d'une littérature pour enfant à une œuvre de Tolstoy. 

La jeune femme ressentait des subtilités émotionnelles qui lui étaient complètement inconnues ouvrant un nouveau spectre de possibilité en termes de ressenti. Cet être à l'autre bout de la communication était doué d'une intelligence émotionnelle hors du commun, et Eiling se sentait vraiment mal de lui proposer en échange, son baragouinage. Elle se sentait comme une arriérée qui essayait de tenir une conversation avec un érudit. Mais elle devait se faire comprendre, il ne pouvait en être autrement pour le bien de tous. 

Dalanda commença à lier certaines émotions primaires entre elles en ajustant le dosage pour manipuler le sens de cette information qu'elle voulait transmettre. 
- "Nous ne sommes pas vos ennemis !" - dit-elle en usant d'une bonne dose de franchise, d'une poignée de bonté, et d'une chiffonnade d'autres sentiments.
Et en retour elle reçut rage, douleur, rancune, peur... Un cocktail que la jeune femme comprit comme
- "Vous nous avez attaqués" ou "vous avez tué les miens" ou "vous êtes les agresseurs"...
Une accusation qui pouvait difficilement être contredite, car elle n'était pas liée aux faits, mais était issue du ressenti, et il était difficile de faire bouger un individu d'une position basée sur le ressenti. 

Dalanda décida d'essayer de faire comprendre à l'autre qu'il s'agissait d'un malentendu. Que tous les deux se sont sentis en danger, mais que maintenant ils pouvaient se comprendre, qu'ils pouvaient éviter un bain de sang, qu'elle voulait juste traverser cette région avec ses compagnons et qu'ils ne cherchaient pas de problèmes. Transcrire tout cela, le coder dans ce langage particulier était un travail d’orfèvre, mais malgré ses efforts quelque chose bloquait. 

La présence écoutait, comprenait même peut-être, mais intelligence émotionnelle n'est pas forcément synonyme d'intelligence pragmatique. Faire bouger un point de vue basé sur le ressenti était extrêmement compliqué, surtout si ce ressenti était basé sur la peur et sur la volonté d'auto préservation de la colonie. Il fallait du temps pour changer cela, mais du temps ils en manquaient. 

-         « Que faire ? » - se demanda Dalanda alors qu’à l’extérieur de cette conversation les créatures insectoïdes se préparaient à attaquer.
-         Je ne pense pas que ça marche – commenta Jess inquiet.
-         Kruu rru rru ! De toute façon, les bons insectes sont des insectes morts – répondit Cid sur un ton détaché et froid en comprenant que la négociation commençait à mal tourner. Il était d’accord pour laisser la priorité aux mots, mais il était aussi d’avis que ce que les mots ne pouvaient régler, les poings pouvaient le faire. C’était un échec mutuel en tant qu’espèce douée de raison, mais c’était comme ça et pas autrement.

Cependant ses crocs et ses griffes durent rester temporairement au repos, car Eiling décida de faire quelque chose qu’elle n’appréciait pas du tout, qui la fit se sentir sale... Mais la jeune femme était persuadée de ne pas avoir de choix. Elle rassembla ses souvenirs les plus sauvages de Cid et de la chimère en les associant à l’idée de nids et à toutes les émotions négatives qu’elle pouvait trouver en elle, promettant ainsi que son compagnon mettra fin à tout ce à quoi l'autre tenait si jamais ils n’obtenaient pas ce qu’ils voulaient.
La peur était également un outil à l’efficacité variable dans la gestion d’êtres doués de sensibilité. Mais était-ce le bon ?...







Blabla de l’auteur

Hello à vous chers lecteurs ! Bonne mi-semaine à vous 

Texte time !

Fiou, déçu. Déçu du geste d’Eiling, mais en toute honnêteté je ne vois pas ce qu’elle aurait pu faire d’autre, et je ne sais même pas si cela n’aura pas l’effet inverse. On verra bien demain. ;)

Si vous avez des questions, des suggestions, etc… N’hésitez pas à laisser un commentaire ou à m’écrire ici : unepageparjour@hotmail.com

Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!! Portez-vous bien !!!!



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