jeudi 5 juillet 2018

Séforah à tout prix, pages 61 à 80


Le jeune poussa son patient dans les premières toilettes qu'ils croisèrent. Il y avait un peu de monde qui s'occupait à ses privées besognes, ce qui était acceptable pour Diss. L'important était l'absence de caméras de sécurités dans ce lieu. Le guerrier se leva de son fauteuil, sous la grande surprise de Turk.
- Qu'est ce... - voulu-t-il demander mais il fut rapidement sonné. Diss plia le poing et frappa l'aide-soignant en utilisant la surface plate inférieure du poing. L'attaque était rapide mais sans force ou agressivité, juste un Tuc au contact du bas de la paume et de la tempe, et Turk perdit conscience. Là, Diss le saisit et le posa sur le fauteuil juste à temps. Un homme sorti de sa cabine et regarda la bizarrerie. Le patient était en train d'assister un membre du personnel médical qui avait l'air endormi, cependant ce n'était absolument pas un problème pour Diss. Il avait remarqué une tendance chez les humains de ce monde, ils savaient faire comme s'ils n'avaient rien vu. C'était étrange, mais il semblait que le courage soit devenu une denrée rare ici.

L'homme, dans la quarantaine, passa à côté de Diss sans même crée de contact visuel. Après tout, le contexte pouvait prêter à confusion et il n'avait pas envie d'avoir des problèmes. Il devait déjà gérer ses ennuis de santé, ses enfants, son travail. Nan, nan, il y avait trop de trucs à gérer dans la vie de tous les jours, et jouer les bons samaritains n'était pas bankable. Encore une fois, il pouvait avoir mal interprété le contexte et puis c'était le boulot de la sécurité de s'occuper des problèmes. C'est pourquoi il se lava les mains et sorti la conscience légère.

Diss quant à lui ne prêta aucune attention à l'individu. Il prit l'attitude corporel de quelqu'un qui n'avait rien à se reprocher et choisi simplement une cabine vide. Il posa Turk sur la cuvette et procéda à quelques arrangements. Premièrement il prit le bras de Turk qu'il tendit bien droit, ensuite il déplia la main et serra les doigts tendus les uns contre les autres. Après, il plaça cette main qui ressemblait à une lance en dessous du coude de Turk et la leva sans effort. Le résultat était une rupture complète de de l’olécrane et des ligaments collatéraux ulnaires. Autrement dit, Diss avait complètement séparé le bras de l'avant-bras et les os sortirent de la chair dans craquement écœurant. Turk voulu se réveiller en douleur mais une autre tape amicale à la tempe le fit sombrer dans un nouveau sommeil.

Diss opéra de la même manière avec le second coude et fut obligé de rendormir son aimable aide-soignant une troisième fois. Ensuite il s'occupa des genoux de Turk, les brisant en mille morceaux. La raison de ces actions, à priori barbare, était qu'il avait besoin d'être Turk sans que Turk puisse être ailleurs que là où il voulait qu'il soit. Autrement dit, il voulait que Turk soit hors des radars pendant qu'il se fasse passer pour lui, et sans ses articulations principales il ne pouvait pas aller bien loin. Le tuer était trop radical et puis le type avait juste eut un manque de chance d'être au mauvais endroit, au mauvais moment, avec la mauvaise personne. Mais il allait bien falloir trouver un moyen de le faire taire...
- Je suis vraiment désolé - dit Diss gêné par ses actions. Il était clair qu'il n'avait pas envie de continuer à traumatiser physiquement et mentalement le jeune homme, mais pour le bien du business, Turk allait devoir prendre. Il plaça la paume ouverte sur la pomme d'adam encore appelé cartilage thyroïde et qui est l'un des éléments constitutifs du larynx, larynx qui abrite les cordes vocales et la trachée. En fracturant légèrement cette partie du corps humain, il s'assurait que sa victime ait des troubles respiratoires suffisamment légers pour rendre sa respiration difficile et aussi à traumatiser les membranes vocales pour l'empêcher d'émettre un son. Turk était complètement immobilisé et dans la l'incapacité totale d'appeler à l'aide, ou même d'exprimer de manière audible l'immense douleur qu'il allait ressentir à son réveil. Il ne restait plus qu'à Diss de le scanner, en prenant son temps, pour pourvoir reproduire cette apparence. L'heure n'était plus au plan, mais à l'action et il lui restait 10 minutes avant la réunion programmée.

Diss observa son œuvre d'un œil critique. Il ne voyait aucun moyen possible pour Turk de faire quoi que ce soit. Et puis, là, il se rappela un détail qui a son importance. Certes le jeune homme ne pouvait pas parler, mais vu que le larynx était partiellement brisé, il allait par réflexe respirer par la bouche. Et cette respiration difficile, râleuse, allait être audible surtout si quelqu'un s'installait à côté. Malheureusement, tout le monde n'allait pas jouer l'autruche. Malheureusement, il n'y avait rien à faire d'autre sans entraîner la mort. La solution aurait été de lui mettre du papier toilette dans la bouche, le forçant à respirer par le nez. Mais c'était un compte à rebours morbide pour l'asphyxie.
- Haaa ...- fit Diss en poussant un long soupir, tout en déshabillant sa victime - Tu sais que tu es un véritable cas de conscience toi - murmura-t-il ensuite - Te tuer ou ne pas te tuer, telle est la question. Perdre du temps à y penser ou non... Les données de tes signes vitaux ont dû déjà être transmis avant que je ne puisse les pirater mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan de données. Le temps qu'ils te retrouvent qu'est ce qui va t'arriver ? Je laisse ton destin entre les mains des dieux de ce monde - dit Diss en se levant puis précisa - en espérant que vous ne soyez pas orphelins.

Le guerrier avait enregistré toutes les données nécessaires et procéda à sa métamorphose. Il reproduit les traits physiques avec une précision imparfaite, mais extrêmement proche de l'original. Il copia ensuite le rythme cardiaque de l'aide-soignant qu'il avait eu tout le loisir d'enregistrer durant le temps qu'ils avaient passé ensemble. Il entama ensuite la redistribution de sa masse et la reconfiguration de son ossature pour arriver à une corpulence proche de l'original. Se sentant un petit peu coupable du sort de Turk, Diss décida de laisser ses nocicepteurs enclenchés durant le processus : une forme d'expiation dans la douleur. Il serra les dents et les poings, alors que son corps opérait des changements fulgurants, et failli perdre connaissance. 
- Ha... ha - respirait il lourdement plié en deux, les mains sur les genoux - "Quelle idée stupide" - pensa-t-il ensuite surpris et inquiet d'avoir réussi à se convaincre de cette bêtise.  

Diss enfila ensuite les vêtements de Turk, ferma la cabine et passa par le dessus en étant certains que personne ne l'avait vu. Il saisit ensuite le fauteuil roulant renforcé avant de le plier et de le comprimer au point d'en faire une plaque métallique qu'il plaça au-dessus de la cabine qu'il venait de quitter. Le bruit du métal protestant contre ce traitement attira l'attention des personnes présentes aux toilettes à la manière d'herbivores ayant entendus du bruit dans les herbes. Et de la même manière, une fois que Diss fini sa besogne, ils retournèrent à leur activité sans y prêter trop d'attention. Après tout, les Phanoms n'étaient pas loin alors quoi qu'il se passe ce ne devait pas être dangereux. 

Turk sorti des toilettes les mains dans la blouse. La puce qui devait vérifier que la personne portant ce vêtement était bien Donald Turk en prenant en compte ses données biométriques était dans le vert et la physionomie correspondait au point où un logiciel de reconnaissance ne faisait pas la différence. Aux yeux des phanoms et du personnel médical, Turk était en bonne santé et glandait dans le couloir avec que le personnel de Septurneria était en situation de crise. C'est pourquoi, il ne prêtât attention à rien d'autre que la chambre 528N et le garde du corps qui pensait pouvoir l'engager dans la danse macabre de la vie contre la mort. Mais alors qu'il tourna le couloir, il fut accueilli par une surprise de taille...
Diss eut la désagréable surprise de constater qu'il n'y avait plus personne devant la chambre 528N. 
- "Putain ! Ils n'ont pas fait ça ?" - fulmina intérieurement le cyborg. Il s'était préparé à un affrontement direct quitte à disparaitre de la société après. Après tout, avec son boulot au labo, ce n'est pas comme s'il aurait le temps de faire des missions. Mais ça, ça, c'était malin et c'était dégueulasse à ses yeux. 

Diss avança à grand pas ignorant les regards suspects du personnel de sécurité et s'arrêta devant la porte de la chambre 528N pour voir à l'intérieur une seule personne. 
- Où est ce qu’ils sont ?! - demanda Diss en grinçant des dents à Amina, portant des vêtements d'infirmière avec un badge provisoire. Si le personnel de Pasteuria était théoriquement incorruptible, l’hôpital restait quand même en contact avec le monde. C'est pourquoi, Amina chercha un moyen d'accès depuis l'extérieur en achetant une place dans un programme de formation. Le président de Pasteuria avait instauré cette possibilité durant la guerre contre les Kiss pour favoriser la formation de jeunes docteurs, chirurgiens, infirmiers et autres... Et depuis, Pasteuria continuait à accueillir du personnel extérieur dans une politique d'échange de savoir. Un véritable cauchemar pour les Phanoms...

Amina avait les diplômes et le formulaire de formation de la clinique Shapur, donc un accès certes très limité mais suffisant pour sa mission. Elle avait passé la journée à faire du travail de stagiaire, sans apprendre quoi que ce soit d'utile, mais ce n'était pas non plus son but. Son objectif était de se retrouver à l'intérieur de la chambre 528N à l'heure prévue et avisé de la suite. Si le commanditaire était absent, la mission était annulée et elle finissait sa journée, s’il était présent le kidnapping allait commencer. Mais là, ni le commanditaire, ni la cible n'étaient présent. 
- Je ne sais pas - répondit elle de manière frustrée à l'aide-soignant
- Tu les as vu pu partir ? - demanda Diss déguisé en Turk 
- Ecoute moi bien - commença Amina en déposant le plateau repas sur le lit et se positionnant devant Turk - si tu me tutoie encore une fois je te pète les dents est ce que je suis...
- Ecoute moi bien ! - fit Diss en lui saisissant la nuque de sa main robotique en tirant en avant jusqu'à ce que leurs fronts se touchent - je n'ai pas le temps pour ces conneries. Où est le paquet ! Est-ce que tu l'as vu partir ? - demanda Diss en prenant sa voix normale avec laquelle la mercenaire s'était familiarisée durant leur meeting. 
- Diss ?? - s'étonna la mercenaire
- Ne me fait pas perdre mon temps ! - grinça Diss des dents en sentant qu'il commençait à perdre patience - Où est ce qu’ils sont partis ?! Où est le colis !!
- Je ne sais pas, je viens d'arriver ! - répondit Amina
- Bordel ! - fit Diss en gardant la voix basse et en lâchant la nuque de la mercenaire.
- Où est Émeric ? 
- Aucune idée, mais je suis certaine qu'il ne s'est pas fait capturer. Il a probablement replié sur la position de Fang. 
- J'espère - répondit Diss en changeant le spectre lumineux de ses yeux, dans l'espoir de trouver des traces quelconques. Et là, il eut encore une nouvelle surprise désagréable. 

Diss voulu partir sur une vision à nfra rouge et poursuivre les traces de chaleur mais il jeta cette idée de côté en constatant sa stupidité. Entre les patrouilles de Phanoms, les allez et retour du personnel médical et des patients, il avait plus de chance de poursuivre la mauvaise personne. Sa seule option était de déceler les faibles particules propres aux personnes qui étaient présentes et il n'avait pu observer que deux des gardes du corps. Et il avait pu enregistrer quelques éléments de leurs biosphères, quelques éléments qui définissaient l'unicité d'une personne : rythme cardiaque cumulé au champs électro cérébrale cumulé à la radiation thermique, odeur... L'ensemble des éléments, des informations perceptibles par ses sens étaient transformés en information visuelle dans ce qui était appelée : Um Izigéli, qui, traduit, signifiait : la vision d’Izigéli ou vision Izigélienne. 

Ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait maintenir indéfiniment car son cerveau, même artificiel, ne pouvait traiter cette quantité phénoménale de données sans surchauffer, et éventuellement entraîner le coma dans le meilleur des cas ou la mort dans le pire. Ses yeux s'illuminèrent d'une lueur blanchâtre, basculant très légèrement vers du jaune. Et la première chose que Diss vit dans ce monde était un phénomène cosmique qui ne faisait aucun sens. Sur le lit qui devait être occupé par Séforah, le guerrier vit quelque chose que ses sens ne savaient comme traité, et l'image délivrée était celle d'une masse noire, similaire à
- Un trou noir ? - murmura Diss confus, par l’étrange singularité de laquelle poussait des appendices à l’image de petits bras. Il était clair que ce phénomène n'était pas réel sinon cet hôpital, non cette planète toute entière allait être dévorée par cet effondrement du champ gravitationnel. Mais l'image était tellement réelle qu'il en éprouva des frissons visibles. 
- Ça va ? - demanda Amina qui ne comprenait pas le comportement de son commanditaire. Elle regarda le lit puis Diss, puis à nouveau le lit et elle ne trouva rien qui pouvait provoquer une telle réaction de surprise et de crainte. 

- Ouais, ouais - murmura Diss en sortant de la chambre. Si choqué par le trou noir suintant d'énergie négative qu'il ne prêta pas attention à l'ombre Izigélienne de la personne qui était assise à proximité du lit. Floue, à peine visible, elle donnait la drôle d'impression de prendre tout le mur jusqu'au plafond et d'avoir des cornes. Peut-être une forme de Paréidolie...
Diss regarda dans toutes les directions avant de trouver les silhouettes, de données numérisées, des gardes du corps. 
- Suis moi - commanda-t-il à Amina et cette dernière lui jeta un regard inquiet et désapprobateur. Elle n'aimait pas la tournure que prenait les choses, son commanditaire était visiblement décidé à entrer dans une altercation physique à Serturneria. Altercation avec trois mercenaires possiblement compétents et altercation qui allait rameuter tous les Phanoms des environs. Il était clair que c'était du suicide Et elle ne partageait pas cet élan autodestructeur même pour tout l'argent du monde. Mais un contrat était un contrat et les seules choses qui pouvait l'en libérer selon les règles d'Alice étaient : l'ordre du commanditaire, la réussite de la mission ou la mort soit de l’agent soit du commanditaire et ce dans des circonstances claires. Ils étaient des professionnels et les règles étaient leur badge d’honneur.

Avançant à grands pas, Diss vêtu comme Turk suivait la piste que lui seul pouvait voir. Il réenclencha des nocicepteurs de douleur pour ressentir les symptômes de migraines. Cette douleur était son thermomètre interne, vu que tous ses sens étaient concentrés sur l'analyse des données externes, il n'avait aucune indication quant à ce qui se passait à l'intérieur de son corps. Entouré de fantômes numériques, il avait tendance à perdre tout sens de Soi. 

Et cette perte de sens laissa les Phanoms s'approcher de lui, trop prêt de lui en fait
- Monsieur Turk. Nous aimerions vous poser quelques questions s'il vous plait. Voulez-vous bien nous suivre ? - demanda l'un des gardes en armure, accompagné de deux collègues. Même si leur discours était calme, leur langage corporel disait qu'ils étaient prêts à gérer un conflit physique. S'ils voulaient simplement discuter, il n'y avait pas besoin d'une telle attitude. 
- "Fait chier... Ils l'ont déjà retrouvé ?" - s'étonna Diss qui se sentit encore plus mal d'avoir brutalisé le jeune homme. SI c'était pour gagner ces quelques minutes, son action ne servait pas à grand-chose mais il n'avait aucun moyen de savoir... Ameno regarda derrière lui et constata qu'Amina n'était plus là. L'idée de trahison n'avait même pas traversé son esprit. Il était plus probable qu'elle s'était distanciée en voyant le mouvement des Phanoms. Elle allait probablement attendre au lieu de rendez-vous et voir comment la situation allait se dérouler - "Parfait !" - pensa Diss. Au diable la prudence, il était avant tout un guerrier et non un rat.

En une fraction de seconde les mains de Diss perforèrent les armures des Phanoms et leurs cœurs. Le troisième dégaina son arme mais Diss souleva les gardes embrochés et les écrasa violemment contre lui avant qu'il ne puisse appuyer sur la gâchette. Les armures, certes des modèles légers, pesaient près de 80 kilos. Entre les mains de Diss et accompagnés par sa force surhumaine, les massues métalliques écrasèrent le Phanoms comme une crêpe explosant ses organes et ses os à l'intérieur de sa machine. Le guerrier, sortit ensuite d'un compartiment sous le coude un petit récipient métallique qu'il ouvrit d'un coup de pouce et puis il ingurgita le liquide. Et la sensation fut euphorique, comme si du plaisir condensé parcourait tout son être balayant tous ses soucis. Il se senti stupide d'avoir eu autant peur, d'avoir essayé de créer le moins de problèmes possibles alors que la solution était d'une simplicité infantile. 
- "Stop !" - pensa-t-il ensuite, sentant ses pensées basculées, noyées par l'effet du Quätal. Une drogue développée pour retrouver leur force perdue, mais comme tout opioïde la substance pouvait le rendre fou furieux jusqu'à ce qu'il vide toutes ses cellules d'énergies et que son cerveau n'implose.  

Les balles sifflèrent dans tous les sens, transperçant son corps cybernétique mais elles étaient immédiatement déconstruites à l'intérieur de son organisme pour régénérer ses blessures. Une fonction qui le rendait virtuellement indestructible tant qu'il ne se retrouvait pas sous un feu nourri, ou tant que l'énergie de l'impact ne dépassait pas ce que son corps pouvait gérer. 

Diss plaça ses mains pour protéger son cerveau avant de sauter sur le côté détruisant les portes de l'ascenseur. Il ouvrit ensuite le sol métallique et sauta dans le tunnel vertical. Une fois au troisième il planta la main dans le mur avant d'écarter, de l'autre les portes. Sans attendre un instant de plus il se rua aussi vite qu'il pouvait sur la trace des fantômes numériques et fini par retrouver le groupe de quatre. Il accéléra le rythme pour frapper avant même qu'ils ne comprenant comment ils sont arrivés devant les portes de l'enfer. Mais au moment où Diss voulait abattre dévisser la tête de Johan de ses épaules, au moment où ses mains étaient sur le point de lui saisir la nuque et le menton, le guerrier fut violemment projeté en arrière. 

Surpris, il réalisa un salto durant son vol pour se repositionner et planta les mains dans le sol pour stopper sa course. Devant lui, se tenait le troisième garde du corps qu'il n'avait pas eu l'occasion de voir. Dréïfus, la jambe tendue en yoko geri, et les mains dans les poches, se tenait aux côtés de Johan qui se retourna pour voir ce qui s'était passé. Son visage bascula entre la surprise et la colère contre lui-même.  
- J'ignore qui vous êtes - dit Dréïfus en baissant nonchalamment son pied. Il passa ensuite les mains dans ses cheveux en les attachant grâce à un ruban, puis remis les bras dans les poches - mais vous feriez mieux de renoncer à votre intention - prévint il et Driss vit son image Izigélienne changer pour quelque chose d'effroyablement familier.
- Qui es-tu ?! - demanda Diss en se levant malgré la douleur de son estomac plié.
- Je ne suis pas un gentleman, alors oublie l'échange des noms. Si tu veux ce qui se trouve dans mon dos, mortel, alors vient essayer de le prendre... 
- Bien, bien, bien, bien, bien, bien - répéta Diss en se relevant. Il entendait les pas des Phanoms arriver par centaines. Dans son dos une armée débarquait, en face une créature qu'il ne pouvait identifier. La situation désespérer lui arracha le sourire aux lèvres, il se sentait à la maison. Là, comme là-bas, la moindre erreur de sa part allait signifier sa capture ou sa mort - Bien !

Diss coupa à nouveau ses nocicepteurs en coupant sa vision Izigélienne. Il procéda ensuite à enlever son avant-bras gauche à hauteur du coude, déchirant les muscles artificiels. L'avant-bras procéda ensuite une métamorphose qui fit siffler Johan de surprise, devenant une lance d'1 m 20. 
- "Commençons la danse macabre" - pensa Diss en se jetant sur Dréïfus. Chaque seconde était comptée alors cela ne servait à rien de les perdre en discours inutiles. L'impulsion du bond fit éclater le béton du chemin, et en une fraction d'un instant le guerrier couvrit la distance le séparant de son adversaire. 

La lance était un outil qui avait toujours accompagné Diss. Dans son enfance il se servait d'un bâton pour retourner les cadavres sur les champs de batailles et trouver quoi revendre ou quoi modifier pour satisfaire sa curiosité. Et avec l'âge, il évolua naturellement vers la lance. Certes, cette dernière n'avait pas baigné dans le sang des dieux de la guerre, elle ne l'avait pas accompagnée durant près de vingt ans au service d'Anubis. Mais elle lui offrait un confort qu'il ne pouvait trouver nulle part ailleurs. 

Diss plaça le bout de sa lance entre son coude droit et son grand oblique quelque part au 1/3 de l'arme. Là, solidement ancrée, il fit basculer la lance de la droite vers la gauche dans une frappe horizontale. La puissance de la frapper était suffisante pour broyer les os et déchirer la chair malgré la nature contondante de la surface qui allait entrer en contact avec les mercenaires. Là, Dreïfus s'interposa à nouveau avec un coup de pied vertical du bas vers le haut avec une force qui faillit arracher l'arme des mains de Diss. Ce contact lui permis d'estimer rapidement le différentiel de force brute entre lui et le mercenaire. Il s'en fichait des explications, du comment c'était possible, du pourquoi et de tous les autres détails qui pouvaient demande de la puissance de traitement à son cerveau. 
- "Le mec en face de lui a une force qui défie le sens comment, comment je gère" - c'était là sa seule préoccupation, et il savait que c'était possible. Il avait déjà combattu des monstres plus grands, plus forts, plus rapides à un point où s'en était même injuste et dégueulasse. Il avait été aux frontières du courage et de l'abandon, où même le corps refusait de lutter parce que le cerveau ne trouvait absolument aucune solution viable. 

C'était une période de sa vie qui le couvrait de honte, mais cette expérience était une claque dont il tira plusieurs leçons nécessaires à survivre : 1- garder son sang-froid quelles que soient les circonstances, 2 - Mourir en guerrier. Ce deuxième point signifiait que même si Diss était écrasé, découpé, calciné, désintégrer par les dieux de la guerre il allait quand même riposter. Et cette philosophie fut développée en réflexe. C'est pourquoi, alors que l'attention était placée sur le bout de métal fatal, au moment où Dréïfus dévia son attaque, sauvant à nouveau Johan, Diss accepta simplement le mouvement dynamique. 

La lance était entre le coude et le torse, mais une partie, les 1/3 était derrière lui. Lorsque Dréïfus shoota le bout de métal vers le haut, le bras de Diss parti sur le côté ; ce qui poussa les 1/3 du manche dans le bassin de Diss. Ce dernier offrit le minimum de résistance possible pour être poussé en avant au lieu d'avoir la colonne vertébrale endommagée. Un exploit pratiquement impossible à réaliser mais le guerrier connaissait son outil sur le bout des doigts. Sang-froid, savoir, expérience, ces trois éléments réussirent à transformer cette erreur en opportunité. 

Poussé dans le dos par la force dynamique, Diss se rapprocha de Dréïfus et lui décocha un coup de tête qui aurait dû éclater le crâne d'un humain normal, mais son adversaire vacilla simplement sur son appui et sauta légèrement en arrière pour reprendre l’équilibre. 

Pendant cet instant, qui ne dura pas plus d'un quart de seconde, Diss condensa tous ses muscles pour faire un pas en arrière, luttant contre son élan. Il reprit le contrôle de sa lance en la faisant tournoyer autour de lui d'un seul bras. L'arme, comme un serpent, tourna brièvement autour de ses épaules puis le long de son dos et autour de ses hanches, et là, lorsqu'elle accumula suffisamment d'énergie cinétique et d’accélération ; Diss la saisit au bon moment pour l'accompagner dans la bonne direction : droit dans le torse de Dréïfus. Et là encore, il ne fut pas surpris de voir ce dernier condenser tous ses muscles pectoraux dans un effort colossal défigurant son visage. Les veines du cou triplèrent de volume, et il devait en être également sous son t-shirt. Face à la barrière musculaire aussi dense que l'acier, la lance ne qu'égratigner le mercenaire. Il y avait de quoi être déçu, cependant la goutte de sang qui coula le long de la pointe avait de quoi réconforter son moral. 
- Ah ! Tu peux donc saigner – sourit Diss, ce qui fit briller le regard de son adversaire d'une lueur extrêmement menaçante - "Hooo ! On dirait que j'ai marché sur la queue du loup" - pensa-t-il avant de reculer rapidement tout faisant tourbillonner son arme pour l'alimenter en énergie cinétique. 

- Johan, Nomad ! Prenez la fille et partez - commanda Dréïfus 

- Ouais ! Faites donc - commenta Diss moqueur. Les troubler psychologiquement était la seule chose qu'il pouvait faire. Il n'avait ni le luxe, ni intérêt à les empêcher de partir. Après tout c'est la raison pour laquelle il avait également embauché des mercenaires. Et il n'avait choisi que ceux qui savaient comment travailler de manière indépendante, et prendre des initiatives. Il pouvait retenir ce monstre ici, mais le reste était en dehors de ses capacités - "Si Ilya était là, il serait fou de joie ! - pensa le guerrier en adoptant une position d'attaque pour mimer son adversaire. Les Phanoms n'allaient pas tarder à arriver, ils en avaient pour une minute ou deux au grand maximum et là ce serait le véritable chaos. 

L’atmosphère était statique en raison des sens éveillés. L'air était lourd, dur à respirer, stagnant en raison de la perception du temps étalée. La respiration, rapide, trop rapide pour les poumons, s’arrêta soudainement. Et ce fut le top départ d'une lutte que le commun des mortels ne pouvait qu'imaginer. 

Diss fut le premier à passer à l'attaque. Il n'était pas habitué à être sur la défensive. De là où il venait, rester immobile c'était être une cible immobile. Aucun guerrier ne pouvait rester sur la défensive face à un dieu de la guerre, leurs poings pouvaient écraser des montagnes. C'est pourquoi il n'hésita pas à se ruer sur son adversaire même s'il savait que ce dernier était plus fort que lui. 

La lance sifflante prit une teinte rougeâtre en se frottant contre l'air à une vitesse de plus en plus rapide. Un pas, deux pas, dix pas, Diss couvrit la distance en une fraction de seconde abattant la lance, non à la pointe mais avec la manche sur l'épaule de Dréïfus. Il comptait lui briser la clavicule et l'acromion, puis tirer la lance vers lui et lame brûlante allait découper la chair sans effort et plus particulièrement l'articulation acromio claviculaire. Mais son adversaire fit un pas latéral, suivit d'un pas en avant qui brisa le béton comme si frapper par une poutre de plusieurs tonnes. Ensuite, il projeta sa paume contre le menton de Diss.

Si jamais ce contact se produisait, il allait probablement avoir tout le visage perforer par ce bras ce bras. C'était un problème surtout si le cerveau était atteint. C'est pourquoi, au dernier moment, il dirigea la lance vers le sol pour changer sa trajectoire à l'image d'un sauteur à la perche et passer par-dessus son adversaire. Un mouvement qui taxa énormément ses fibres musculaires artificielles qui commencèrent à se déchirer. Un changement de direction et d'accélération était quelque chose que le corps, même cybernétique, ne pouvait encaisser sans un minimum de dégâts. Mais cela Diss pouvait l’accepter volontiers. Le problème venait de ce temps qu'il passait en suspension : ce temps de 0.1 seconde durant lequel il avait perdu l'avantage d'être au sol et était privé de mobilité. 
- "Merde !" - pensa le guerrier. Ce qu'il aurait dû faire était un mouvement de pagaie, pour s'éloigner le plus possible, le plus vite possible quitte à être frôlé par l'attaque. Alors que là, non seulement il était techniquement comme un fruit sur un arbre ; de plus il avait planté sa lance un peu trop profondément, ce qui allait d'ailleurs le ralentir en lui coûtant de précieuses millisecondes pour sortir l'arme du sol. Cependant, ce problème lui avait épargné car, comme il s'y attendait, la punition de son erreur tactique ne tarda pas à suivre. 

Diss ne savait pas d'où l'attaque allait venir, il avait perdu son adversaire de vue durant son mouvement acrobatique. Il comprenait juste deux choses : ça allait être désagréable et il était hors de question qu'il se retrouve séparé de son arme. C'est pourquoi il serra sa lance encore plus fort, tout en essayant de se rouler en boule pendant sa transition acrobatique juste à temps pour quelque chose qu'il ne savait comment décrire. Diss se sentit simplement changer de direction, avant d'entendre un crac et de cracher ses boyaux. 

Dréïfus s'était immédiatement repositionner en réalisant un bond en arrière qui le fit glisser sur le sol, comme s'il s’attendait à ce que son attaque soit évitée. Il se retrouva sur le flanc de son adversaire allongé dans les airs, au ralenti. Ensuite, il utilisa sa jambe pour faire ramener Diss en arrière. Son premier coup était un mawashi geri très léger et le but était d'avoir le cyborg entre son tibia et son pied, dans l'articulation de la cheville. Là, il pouvait accrocher légèrement son adversaire pour lui faire changer d'orientation. Avec une précision chirurgicale et un contrôle incroyable, Dréïfus arriva à trouver la brèche dans la défense du cyborg, et à accrocher son cou avant de réaliser un tour à 180 ° sur lui-même, ramenant Diss à sa position initiale. Ce dernier eut la trachée brisée, une rétribution du karma peut-être, mais là n'était la punition. La deuxième frappe suivit : un yoko geri explosif dans les côtes exposées qui propulsa Diss en direction des Phanoms. 

Même si la douleur était absente, la sensation était désagréable. C'était comme si le flanc qui venait d'être agressé avait disparu, était déconnecté ou plutôt séparé de son corps. Il ne ressentait plus rien de son côté droit et cet engourdissement commençait à s'étendre sur son bras qui tenait la lance. Ce qui était très mauvais signe. Le seul point positif était que son arme, plantée profondément dans le sol durant son esquive aérienne, lui permis de ne pas s’envoler très loin.

L'arme gratta le sol sur deux mètres à peine, laissant un profond sillage et ralentissant considérablement la projection issue de l'impact, ce qui permis à Diss de reprendre l’équilibre : une opportunité crée par son erreur initiale. Il pivota autour de la lance, avant de saisir le sommet et placer ses pieds sur le manche dans le but de s'en servir comme appui pour se projeter sur son adversaire qui n'était pas préparé à répondre à cette attaque.

Le guerrier se projeta les deux jambes en avant en transférant le maximum de son poids dans l’attaque. Dréïfus, qui venait de poser la jambe n’avait pas un appui suffisamment solide pour garder l’équilibre. Il plaça les mais en X pour épargner à son torse d’encaisser les dégâts et ainsi préserver ses organes internes. Cependant il fut projeté en arrière. Il glissa au sol surprêt de deux mètres avant de taper le sol de ses coudes et se projeter en l’air. Au même moment, les deux adversaires réalisèrent un salto arrière pour retomber sur leurs pieds. Diss récupéra sa lance, alors que Dréïfus se tapota les vêtements pour se décrasser un petit peu avant de vérifier que ses cheveux étaient bien attachés.

-         « Petit connard ! » - pensa Diss en voyant rouge. Il se jeta sur son adversaire et s’en suivi un échange entre métal et chair. Un échange qui n’avait aucun sens, et pourtant… La lance tournoyait comme un être doté d’une volonté propre, et malgré cela le mercenaire trouvait la parade en minimisant ses déplacements. Il n’usait que très rarement d’acrobaties pour se sortir de situations délicates. Son style était très épuré et simple, mais d’une efficacité redoutable.
L’échange énergique ne dura qu’une poignée de seconde, et pourtant pendant cet instant il y eut au moins une centaine d’échange de coups qui firent voler le sol en éclat. Soudain, Dréïfus quitta son adversaire du regard pour regarder derrière Diss.
-        « Bingo ! » - pensa ce dernier en armant sa frappe du bout de la lance en y mettant toutes ses forces, réalisant une erreur de débutant qui témoignait de la compétence du mercenaire. Dréïfus avait réussie à faire entrer Amena dans un état particulier qu’on appelle : ma vision tunnel. C’est un état psychologique qui épure l’ensemble des informations aux alentours en concentrant toute l’attention sur une seule chose. Dans des affrontements à haut niveau, cet outil était très efficace mais là, ils n’étaient pas dans un duel malgré les apparences.

A cet instant, où il voyait la victoire. A cet instant où son visage commençait à adopter une expression triomphante, des billes métalliques percutèrent le dos de Diss projetant ensuite plusieurs impulsions électro magnétiques. 

- Hmpf ! - lâcha-t-il en tombant à genoux, sentant son corps être vidé d'énergie. Les Phanoms étaient enfin arrivés à porter de tir et n'avaient pas hésiter à tirer des munitions incapacitantes – « Qu’est-ce que… De l'électricité ? Contre moi ?! » - hurla intérieurement Diss. Sa trachée brisée l’obligeait au mutisme. Mais encore une fois, ce problème pouvait être transformée en aubaine. Après tout, ces billes généraient de l'énergie, alors il fallait juste l'orienter dans la bonne direction pour alimenter et accélérer la reconstruction de son organisme. 

- Ne bougez plus ! Vous êtes en état d'arrestation ! Toute action ou dire de votre part pourra être reconnu contre un acte d'agression et résulter en une exécution immédiate ! - hurla l'un des Phanoms - Lâchez votre arme et allongez-vous au sol ! Les mains sur la tête et les jambes croisées ! Vous avez 15 secondes pour obéir. 
- 15 secondes ? - se moqua Diss en se levant à la grande surprise des Phanoms, mais non de Dréïfus qui, au contraire, sembla ravis - C'est largement suffisant pour créer le CHAOS - annonça le cyborg en retirant son arme du sol. Les tirs à balles réelles suivirent immédiatement, mais le guerrier fit tournoyer sa lance de sa seule main valide, si vite que tous les projectiles furent bloqués et là s'abattit l'obscurité. 


Pendant sa déclaration, Diss avait lâcher les rênes de son IA et Iverna obéit au code CHAOS en pénétrant de force le système. Le guerrier passa en vision afno chromatique, son regard brillant de haine et de rage contre Dréïfus. Le mercenaire lui forçait la main en l'obligeant à utiliser son dernier atout et aussi à abandonner sa création. CHAOS le séparait complètement de L'IA et l'obligeait à se "suicider" dans le système rendant toute identification possible. Du moins dans l'idéal, il y avait aussi la probabilité qu'elle soit contenue avant qu'elle ne puisse s'autodétruire. Dans ce cas de figure, énormément d'informations pouvaient être obtenues par les Phanoms, des informations sur Diss, Ilya, leur passé et l'organisation. Il n'y avait donc qu’une seule chose à faire : rentabiliser le risque. Désormais, il devait capturer Séforah quel qu’en soit le prix. Là, la mission était devenue personnelle.

Tic ! Dans l'obscurité soudaine, la lance de Diss chercha le cœur de son adversaire. Ce dernier adopta une position du cavalier avec les jambes écartées et les genoux pliés. Il accueilli ensuite la lance d'un coup de paume vers le bas. L'arme passa entre ses jambes pour s'enfoncer dans le sol. Ensuite suivi un autre coup de paume qui visa le nez. En ciblant le centre du visage, Dréïfus avait une plus large surface sur laquelle agir, ce qui rendait également l'esquive plus difficile. 

La lance perfora profondément le sol. Diss profita de cet encrage pour se tirer en avant, avant que le bras du mercenaire ne soit complètement tendu. Le but était de limiter drastiquement la force d'impact et il réussit en se jetant de toutes ses forces sur la paume de Dréïfus. 
Le choc créa une distorsion de son système visuel, de la neige blanche occupa 20 % de ses yeux bioniques. Mais ce prix n’était pas cher payé comparativement à ce qui aurait pu arriver. 

La main de Dréïfus fut forcée à reculer de telle sorte que son coude fut à la même hauteur que son épaule dévoilant son flanc. Diss se lécha les lèvres savourant déjà sa vengeance, ses yeux brillants d'extase. Contrairement à Ilya, il ne prenait pas plaisir à lancer un combat parce que de là où il venait il n'y avait que deux issues : la vie ou la mort. C'étaient les deux seules solutions possibles dans un combat à moins qu'il y ait une intervention divine et qu'il y ait une personne laissée pour morte. Mais en général il n'y avait que la vie ou la mort. C'est pourquoi Diss préférait examiner toutes les solutions possibles avant de s'engager sur cette voie à double sens. Et s'il était forcé à se battre, il se laissait facilement posséder par l'esprit guerrier. Tout l'opposé de son ami, qui gardait son sang-froid uniquement en situation de conflit. 

Le guerrier utilisa le manche de sa lance pour asséner un coup brutal dans les côtes de Dréïfus. Ce dernier comprima ses muscles intercostaux dans un effort qui fit à nouveau gonfler les veines sur son cou. Boom, il y eut un léger craquement osseux mais sans plus. Le pied gauche de Dréïfus transféra toute l'énergie du choc dans le sol qui vola en éclat. Mais à la grande déception de Diss, le mercenaire ne bougea pas d'un iota alors qu'il était censé voler à l'autre bout du parc.
- "Tssk !" - pensa le guerrier en reculant à nouveau. Les deux hommes reprirent leur souffle avant une nouvelle plongée dans l'apnée supersonique. 

Tac ! la lumière retourna pendant un instant. Les Phanoms étaient resté immobiles en essayant de comprendre pourquoi leurs armures ne répondaient plus à leurs commandes. Iverna s'était infiltrée partout comme une furie numérique, saccageant tout ce qu'elle pouvait. 
De son côté, Diss continuait à lutter en sachant pertinemment que son temps était compté. Les deux adversaires virevoltaient dans le parc à une vitesse qui rendait l’œil humain non entraîné incapable de les suivre. Et s'échangeaient des coups d'une violence inouïe 

Tic ! Là lumière fut à nouveau coupée et le parc fut plongé dans l'obscurité. La lance rougeâtre de Diss était la seule source d'éclairage dans les ténèbres. Elle tournoyait comme un serpent frappant dans des angles improbables qui la rendait impossible à prévoir, ou du moins improbable. Dréïfus arrivait à suivre les feintes sans trop de difficultés et à contre attaquer. Mais le jeu arrivait à sa fin, il avait vu tout ce qu'il avait à voir. C'est pourquoi, lors d'une N ième attaque de Diss le mercenaire feignit une perte d'équilibre laissant la lance traverser son petit oblique gauche à la grande surprise du cyborg. 
- "Qu'est-ce que ?!" - pensa-t-il énervé alors que lance perforait pour la première fois le mercenaire.

Diss essaya de retirer sa lance mais le mercenaire la saisit d'une main de fer. 
- "Merde !" - pensa le guerrier en ayant une chair de poule psychologique. Il était évident pour lui que son adversaire avait fait exprès de se laisser embrocher. Le grand oblique ne protégeait rien d'important en termes d'organes, hormis l'intestin grêle. C'était extrêmement douloureux, et hémorragique, mais la blessure en elle-même ne représentait pas de danger mortel pour quelqu’un possédant une telle vitalité.

Cependant, même si Diss comprenait la manœuvre de son adversaire, même s'il comprenait que la meilleure chose à faire était de lâcher son arme et d'essayer de reculer, de mettre le maximum de distance avant la riposte. Il resta là, par respect pour cet humain et par orgueil aussi. Un orgueil mal placé qui n'avait pas sa place sur un champs de bataille, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain attachement moral pour Dréïfus, au point de lui accorder un code d'honneur. 

C'est pourquoi, la seule chose que Diss fit, fut de contracter ses muscles artificiels là où il pouvait en espérant que la frappe ne soit pas au visage. Dans ce cas de figure, c'était échec et matte. Cependant, Dréïfus lui murmura. 
- Va la chercher  
- Quoi ? C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce que tu veux dire ? - voulu demander Ameno. Son esprit était rempli de plein de questions. Était-ce un piège ? Quel était la motivation ultérieure ? Mais il n'eut le temps de rien dire 

Tac ! La lumière revint à nouveau. Dréïfus saisi la lance plus fort et tomba à genoux en criant de douleur 
- Argh !!!
- Hein ?! - lâcha Diss, troublé par le jeu du mercenaire. Mais il n'avait pas le temps de tout comprendre, il devait avancer et capturer son colis. C'est pourquoi, même si sa tête était habitée par une tonne de questions, il décida de les mettre de côté pour l'instant. De toute façon il n'avait aucun moyen d'obtenir de réponses. 

Il essaya de retirer la lance mais le mercenaire tenait à ce qu'elle reste sur place. Probablement pour ne pas se vider de son sang. 
- Fils de pute ! - fulmina le guerrier en laissant son arme avant de s'enfuir en direction de Séforah. Il avait perdu quelques minutes au grand maximum, alors ils ne devaient pas être très loin. Il enclencha à nouveau sa vision Izigélienne pour suivre les traces numériques et la migraine faillit lui faire perde l’équilibre. Il avait usé de beaucoup trop de ressources dans cet affrontement, son organisme et notamment son cerveau étaient en surchauffe. Un défaut grossier de ces corps archaïques, mais une fois qu'il allait obtenir ses fonds illimités, il allait pouvoir créer une nouvelle divinité qui abattrait son épée vengeresse sur Amademoni Anubis !! Même s'il était son père d'adoption, son crime ne devait pas rester impuni. Mais maintenant qu'il avait utilisé la fonction Chaos d'Iverna, le temps en leur disposition allait être drastiquement réduit. L'IA avait laissé une signature quantique qui allait pouvoir être tracée par-delà les dimensions...
- "Vite ! Plus vite !" - pensa Diss en se mordant les lèvres mais ses jambes avaient du mal à le pousser au-delà d'un banal mach 1. 

Devant lui, il croisa une bonne quinzaine de Phanoms qui lui barraient la route. Certains avaient des problèmes avec leurs armures qui refusaient de fonctionner correctement et les autres étaient rassemblés autour pour comprendre ce qui était en train de se passer, sans doute attendant les ordres du centre de commande. Diss les dépassa avant qu'ils n'aient le temps de réagir, ou du moins c'était l'impression qu'il eut. Avant qu'il n’eût le temps de cligner des yeux, deux silhouettes en armure apparurent devant lui, le forçant à se pencher en arrière pour glisser sur ses genoux.
- "Tssk, je n'ai pas de temps à perdre !" - pensa Ameno exaspéré par le déroulement des événements. 

Une fois qu'il ait réussi à esquiver l'attaque qu'il eut à peine le temps de percevoir, Diss voulu reprendre sa course en évitant de perdre du temps avec des affrontements inutiles. Son objectif ne devait plus être très loin et une fois en sa possession, il pouvait s'en servir comme otage. Capturer un Phanom par contre, n'allait faire que le ralentir et donner l'opportunité à la sécurité de l'encercler. Il devait bouger et vite. 
Cependant, là encore, entre volonté et possibilité il y avait un océan de différence. 

Alors qu'il s’apprêtait à se lever pour s'enfuir, il fut percuté de plein fouet par un Phanom. Diss réagit immédiatement en essayant de réaliser une prise de l'ours, mais ses mouvements furent étrangement lents et difficiles. Avant qu'il ne puisse lever les bras, le Phanom disparut de son champ de vision. Il s'abaissa et collant son épaule contre le torse du cyborg, puis plaça une jambe derrière le pied de ce dernier, à hauteur de l'arrière du genou. Il ne lui restait plus qu'à y faire pression, obligeant le cyborg à tomber à genoux et en le poussant de l'épaule il le faisait basculer sur le dos. Le Phanom grimpa ensuite sur Diss en pressant des tibias sur les bras de ce dernier. Puis le Phanom retira les dagues qu'il avait enfoncé dans les flancs du cyborg pour les croiser au niveau du cou du prisonnier. 
- Si tu bouges, tu perds la tête le prévint le membre de la sécurité

- Excuse-moi d'avance - le prévint le Phanom qu'il avait évité tantôt. Ce dernier, énorme, tenait un marteau de guerre qu'il abattit sur le genou de Diss, le brisant en mille morceaux. Ce dernier ne ressentit pas la douleur, mais il comprit que c'était fini. Il venait de perdre sa mobilité, et la vitesse était le seul avantage qu'il pouvait avoir contre le nombre - Comme ça tu vas te tenir tranquille - ajouta-t-il en sifflotant. 
- Ici P.H. STAR 9, on a capturé le cyborg - dit la personne au-dessus de Diss, l’un des dix top ranker de l’armée de Pasteuria - Ok, on la ramène de suite. Oliver, fait le dormir s'il te plait
- Avec plaisir - répondit le colosse en abattant le marteau sur le visage de Diss
- "Sigh, fait chier" - pensa le cyborg épuisé avant de plonger dans l'obscurité. Cette mission aurait dû être abandonnée, mais son orgueil et son avidité lui avait fait penser le contraire. Il avait joué, il avait perdu, mais vu qu'ils allaient le garder en vie, une opportunité de s'échapper allait se présenter. C'était inévitable

Dans un autre bâtiment, Anatoly raccrocha l'appel et continua à scruter les quelques écrans qui voulaient encore fonctionner
- Du nouveau sur le problème informatique ? - demanda-t-il à ses opérateurs
- Pas encore, c'est comme si le virus était doté d'une volonté propre. Je n'ai jamais vu ça, mais nos IV devraient rapidement régler le problème - répondit l'un des informaticiens qui avait commencé à corriger son programme de protection
- Hmm... t'en penses quoi ? - demanda Anatoly en se tournant vers la gigantesque figure assise paresseusement sur son fauteuil au milieu de la pièce.
- Kruu rru rru. Je fais payer chers mes conseils tu sais - rigola Cidolphas.
- C'est bien, comme ça tu me rembourse ton incursion sur mon lieu de travail
- Hey, c'est pas ma faute si ton personnel de sécurité ne vaut pas un clou. T'as dû les embaucher au mercenaire discount Kruu rru rru 
- Ok, arrête tes conneries et dis-moi ce que tu penses de tout ça - redemanda Anatoly 
- Eh bien, je pense que ça pue encore - répondit Cid en tournant sur le fauteuil - Ce cyborg que tes gars ont capturé ne bosse pas tout seul. 
- ça je le sais
- A-an - protesta Cid - Je ne parle pas du gars que tes gars ont intercepté. Il doit y avoir au minimum un autre opérateur du même calibre - annonça le z'hum en fixant Anatoly d'un air amusé. 
- Et qu'est ce qui te le fais penser ? 
- Mon instinct !
- Hmpf
- Il m'a déjà trompé ? - demanda Cid intrigué
- Rappelle moi avec qui tu es en couple déjà ? - se moqua Anatoly
- Kruu rru rru - rigola Cid en arrachant un bout de bois du bras du siège, qu'il tira d'une pichenette en direction d'Anatoly. Le bout de bois fumant s’enfonça d'un demi centimètre dans le sol, il n'aurait eu aucun mal à perforer un humain - je te conseille de faire attention, tu as dû oublier qui je suis - prévint Cid en stoppant le siège pour fixer l'humain, les coudes posés sur les cuisses et les doigts formant une pyramide à proximité de ses narines. 
- Oh non, ma mémoire n'a aucun problème. Tu as toujours le même sens de l'humour défaillant que j'ai gardé dans mes souvenirs - répondit Anatoly en ramenant ses bras dans le dos à la manière militaire. 

- Hmpf - fit Cid en reprenant à tourbillonner sur le fauteuil qui avait du mal à supporter le poids impressionnant du z'hum de près de 300 kilos de muscles - sens de l'humour défaillant - grommela-t-il ensuite vexé.
- Qu'est ce qui te fais penser qu'il y a un autre opérateur ? - demanda Anatoly en restant le plus professionnel possible. Malgré les années, son ancien chef d'équipe n'avait pas changé, il oscillait quelque part entre l'enfant et l'adulte. Mais c'était le cas pour beaucoup de z'hums de types félins, affligés d'une attention de poisson rouge.
- J'y répondrai si tu ris à une de mes blagues - répondit le félin
- Pas maintenant ! - répondit sèchement Anatoly qui sentait qu'il était en territoire dangereux
- Allez quoi ! Je sais que je peux encore te faire piss...
- Cid ! Pas maintenant ! - le coupa Anatoly. Il était en position de leader, et devait gérer une situation de crise. Il n'avait pas le temps pour ces conneries, et surtout il n'avait pas envie que l'image qu'il s'était créé soit altérée.

- Kruu rru rru ! Un leader qui ne sait pas sourire est un trou du cul, tu sais ça non ?
- Epargne moi tes cours, et garde ta réponse. Je voulais simplement une opinion d'un confrère que je respecte. Mais je ne pensais pas te mettre en difficulté en te demandant de développer ta pensée. Après tout je n'avais pas envisagé la possibilité qu'il n'y ait pas eu de pensée pour commencer - répondit Anatoly en se tournant vers les écrans
- Quoi ? - répondit Cid en se levant d'un bond
- Rien de plus que ce que je viens de dire. Ça a été un plaisir de te revoir, mais si tu ne m’es d'aucune utilité je te demanderai de quitter les lieux. Messieurs, veuillez esc... - avant qu'Anatoly n'est eu le temps de finir sa phrase, Cid posa son bras autour de son cou et le long de l'épaule. Le chef de la sécurité ne flancha pas malgré le poids et l'action soudaine. Par réflexe il sortit un karambit, un couteau en forme de griffe, et essaya d'envelopper le bras du z'hum de la lame
- Kruu rru rru ! Tu crois que je ne vois pas ce que t'essayes de faire - dit Cid en ignorant la pseudo griffe collée à son cuir - Mais je vais être fair play et jouer le jeu - dit-il alors qu'Anatoly fit signe de la main pour que les Phanoms gardent leur calme.
- Ce n'est pas trop tôt - répondit Stephanko en rangeant son arme dans son fourreau sur la cuisse.

- Le rythme - répondit Cid en enlevant sa main pour se redresser correctement. Il plaça ensuite ses mains derrière le dos à l'image d'Anatoly - Cette opération n'a aucun rythme, aucune harmonie. Elle donne l'impression d'avoir été concoctée à la dernière seconde ou mise en place par un malade mental.
- Je pencherai plus pour ta première proposition
- Tshh Tssh - fit Cid en caressant la joue opposée de Stephanko de sa queue - Pas vite petit scarabée. C'était un piège, parce qu’il n'y a qu'un malade mental qui concocterait un plan à la dernière seconde pour attaquer Pasteuria. A moins que...
- Tu penses que c'est une impression délibérée ? 
- Non, je ne dirai pas délibérée. Il y avait bien trop de désespoir dans les actions du cyborg. C'était comme s'il savait que c'était sa dernière chance de faire ce qu'il avait à faire. Mon problème vient du fait que quelqu'un de ce calibre ait été envoyé sans préparations. Dis-moi, si t'avais une ressource telle que lui, tu l’enverrais jouer les Kamikazes ?
- Uniquement si le sacrifice du pion m'aide dans le jeu d'ensemble.
- Et quelle était son intention ?
- Apparemment il voulait capturer une cliente... Merde ! - fit Anatoly - montre-moi les images du patient concerné ! - commanda Stephanko à un des opérateurs
- Avec le virus...
- Je n’en ai rien à foutre des excuses ! Trouvez là moi et affichez là moi sur n’importe lequel des écrans qui fonctionne ! - rugit Anatoly ce qui fit sourir Cid

- Au fait, le mercenaire qui a tenu tête au cyborg. Tu ne saurais pas comment il s'appelle ?
- Pourquoi ? - demanda Anatoly
- Il a un air familier, du coup je suis curieux – demanda Cid en se caressant le menton.
- Si je me rappelle correctement, je crois qu’il s'appelle Noam Dréïfus - répondit Anatoly pensif. Il connaissait le jeune de réputation uniquement.
- Dréïfus ? - demanda Cid les yeux écarquillés - Il a un lien de famille avec Maximilien Dréïfus ?
- Possible, là je ne saurais dire. Pourquoi ?
- Parce que j'ai tué Maximilien Dréïfus 
- Quoi ?! - s'étonna Anatoly. Maximilien était le chef de l'ombre d'une des plus grandes compagnies de mercenaires de l'univers connu : les white owls. Très peu de personnes savaient que cette organisation avait une face cachée : les black owls et que Maximilien en était le seul maître. Anatoly ignorait clairement ce détail de la vie de Dréïfus, il le connaissait simplement comme un héros de la grande guerre contre les Kissadzés.  
- Antone, retrouve ce garçon ! - demanda Marshall et il suffit à Anatoly qu'une fraction de seconde pour comprendre que son camarade était sérieux. 

- Vous avez entendu ? Trouvez-moi la fille et Noam Dréïfus ! Je veux tous les yeux, toutes les caméras, toutes les IV sur cette tâche ! Et foutez-moi ce virus hors de mon système ! - commanda Anatoly d'une voix forte mais posée. Il n'était pas en train d'agresser ou d'imposer sa volonté, mais simplement d'expliquer ce que ses subordonnés devaient faire. Puis il se rapprocha de Cid pour ne pas être entendu et demanda - C'est quoi l'histoire ? Pourquoi j'ai donné cet ordre et pourquoi tu as tué Maximilien Dréïfus ?
- ça fait beaucoup de questions dit-donc... Pour Maximilien c'était sur requête de Dragnoff et de Soumaré
- Le Dragnoff ? - demanda Anatoly choqué - et Soumaré...
- Ouais c'est celui à qui tu penses – confirma Cid en comprenant la surprise de son ancien camarade. Ivan Dragnoff était une légende de la guerre contre les Kissadzés, l’un des sauveurs de l’humanité et le premier Spéticus : super soldat. Quant à Soumaré, il s’agissait de l’ex Arsh Marshall qui avait commandé toutes les troupes spatiales et faisait partie de la trinité DDS : Dragnoff, Dréïfus, Soumaré, qui avait occupé le centre de la scène historique durant le conflit - Bref, Maximilien foutait la merde dans le business de Dragnoff et s'était laissé influencer par de très mauvaises personnes. Du coup une équipe a été montée pour localiser, interroger et régler le problème. On a failli tous y passer, Dragnoff inclut

- Quoi ? Toi et Dragnoff vous avez failli DEA (disparaitre en action) ? – s’étonna Anatoly qui imaginait les deux hommes comme le pinacle de ce qui pouvait être humainement atteint en termes de performance physique, voire au-delà.
- Yep. On était une équipe de 10 fils de putes super entraînés et dopés à la testostérone. Mais Dréïfus avait des atouts que personne n'avait imaginé. Des atouts, très particuliers.
- Du genre ?
- Du genre la tempête qu'on vient d'avoir
- Oh merde ! Un truc de ce genre hein ?
- Yep
- Je n'ai jamais cru à ces conneries mystiques - dit Anatoly - De toute ma vie ! Jusqu'à ce que je participe au baptême. Ce truc... pff, j'en fais encore des cauchemars même cinq ans après.
- Ouais c'était pas banal.

- Au fait, il va bien ? Ton fils ? - murmura Stephanko encore plus bas avec une pointe d'appréhension. Mais en réponse il n'eut que le regard froid de Cid qui disait clairement : "ce ne sont pas tes oignons", cependant il répondit
- J'essaye de l'éduquer correctement
- Ok, ok... - répondit le chef des Phanoms avec un soulagement visible.
- Monsieur ! - appela l'un des opérateurs enflammé - Nous n'avons trouver Noam Dréïfus nulle part à Serturnéria mais nous avons trouvé ceci - dit-il avant de pointer du doigt sur un écran montrant Nomad à terre, la tête dévissée du reste du corps. A côté de lui, le fauteuil roulant de Séforah était vide.
- Yob tvaiou mate ! - Laissa échapper Anatoly - On dirait bien que tu avais raison.
- En temps normal j'aurai sauté de joie, mais là je sens les embrouilles venir !
- Tssk... Montre-moi ce qui s'est passé - ordonna Stephanko à l’opérateur qui l’avait interpellé
- Pour l'instant nous n'avons pas accès à la mémoire à cause du virus…
- Ce n'est pas un virus - corrigea un autre opérateur - Du moins ce n'est pas qu'un virus
- Déballe ! - commanda Anatoly
- Ça va paraître fou, mais je pense, non j'en suis certain. Ce truc est associé à une IA - expliqua l'opérateur et tous les regards se tournèrent vers lui dans un silence de cimetière. Juste à temps pour que le téléphone de la ligne d'urgence se mette à sonner.
- Allo ? J'aimerai parler à Anatoly Stephanko. Il a quelque chose qui m'appartient et j'ai plein de trucs à échanger - dit Ilya en forçant l'appel

- A qui ai-je affaire ? - demanda Anatoly en donnant des ordres gestuels à ses opérateurs - "Localisez le moi, je veux un visuel dans les 15 secondes"
- Qui je suis importe peu, ce qui compte c'est notre échange... - dit Ilya, au même moment un opérateur prit la parole
- Nous aurons bientôt repris le contrôle - dit-il, ce qui lui valut un pouce levé de son patron
- ...Voyez-vous j'ai en ma disposition quelques personnes d'importance - dit Ilya et dans l'instant suivant toutes les caméras montrèrent une pièce circulaire avec un dôme de verre au milieu. Sur le sol étaient agenouillés plusieurs personnes, des docteurs, et des civils dont un z'hum écureuil.
- "Bordel de merde !!!" - rugit intérieurement Cid en voyant sa famille en captivité. Ses yeux habituellement oranges virèrent au rouge et noir 
- "Impardonnable !!! Hihihi !!! Impardonnable !!!" - siffla également sa voix
-  "Seul châtiment ! Mort !" - dit une autre voix habituellement silencieuse et endormie mais même elle, ne pouvait profiter de son sommeil réparateur. L'hostilité commença à suinter du corps de Cid, caressant les personnes présentes comme des tentacules épineuses, les faisant trembler comme des feuilles. Même Anatoly se retourna, transi par l'apparence et les yeux injectés de sang de son collègue. Il ne l’avait jamais vu ainsi, il n'avait jamais rien vu d'aussi effrayant hormis lors du baptême et la parade qui suivi, il y a cinq ans de cela. 

- "Stop !" - ordonna, non, demanda Cid à ses personnes - "Pas maintenant, ne nous précipitons pas"
- "Patience ?! Pourquoi ?" - demanda la troisième voix, chacun de ses mots semblables à un grondement de tonnerre. 
- "Ce connard recevra ce qu'il mérite, le petit est là-bas..."
- "Hihihi, il n'a pas l'air de vouloir agir pourtant"
- "C'est bien là le problème. Je l'ai suffisamment bien entraîné pour qu'il puisse réagir à un problème de ce genre les doigts dans le nez. Mais là, il ne bouge pas, c'est qu'il y a un élément important qui l'empêche de passer à l’action"
- "Observons ! Mais vite !"
- " Hihihi observons, mais vite" - le nargua sa voix
- "Ouais faisons ça..." - se dit Cid en essayant de chasser sa migraine due à la conversation, chacune jouant un rôle important dans sa métamorphose en chimère. Une malédiction conçue en laboratoire qu'il ne savait comment rompre. Tout ce qu'il a pu faire jusque-là, c'est apprendre à vivre avec l'aide de Dalanda et ses interventions sur les nanocites. Puis il ajouta - "Je sais" - parlant avec les autres qui n'avaient pas la force de se hisser jusqu'à sa conscience. Son trouble dissociatif ne s’était pas arrangé avec les années, mais un certain équilibre délicat avait pu être trouvé.

- ... Je ne pensais pas que ma proposition vous laisserai sans voix - dit Ilya en n'entendant pas la réponse de son interlocuteur, digérant encore ce qu'il venait de voir. 
- J'ai très bien entendu - dit-il ensuite pour rattraper la conversation tout en déroulant mentalement les informations mémorisées mais non écoutées. 
- Comprenez que je ne cherche pas de conflits, mais je ne reculerai pas non plus. 
- Je comprends. J'ai besoin de m'entretenir avec mon supérieur et je vous recontacte
- Faites donc, faites donc, mais ne me faites pas trop attendre. J'ai les mains qui me démangent pour un massacre - prévint Ilya et les images sur les écrans se focalisèrent sur Raèl. 

- Ça va ? - demanda Anatoly à Cid
- Ouais ça va...
- Tu vois rouge ? - demanda Anatoly. Les z'hum avait tendance à voire rouge, à devenir agressif dans des situations émotionnelles intenses. 
- Un petit peu - avoua le z'hum en se grattant l'arrière du crâne. 
- Est ce que tu vas me poser un problème ? - demanda Stephanko en regardant Cid droit dans les yeux. 
- Et qu'est-ce que tu vas faire si je dis oui ? - répondit Cid en se voûtant légèrement, adoptant une posture qui lui permette d'user de la puissance explosive de ses muscles mais sans que la posture ne soit ouvertement agressive. Il se voûta légèrement, tendit les mains et plia les genoux, prêt à jouer leur rôle de ressort. Sa queue, bougeait légèrement de gauche à droite et réalisant occasionnellement des demis cercles, trahissant l'humeur de l'hybride. 

- Malheureusement je ne peux rien faire pour t'empêcher de faire ce que tu as en tête à part perdre un certain nombre de mes troupes et du matériel, ce serait dommage mais inévitable - avoua Anatoly 
- Un certain nombre ? - demanda Cid si étonné qu'un seul sourcil eut le temps de se lever - Kruu rru rru, je pense que tu as fait une erreur de calcul. 
- En effet, je n'ai pas inclus l'armée de Dynamic Dreams, mais je doute qu'elle veuille une guerre avec Pasteuria. Cet Hôpital est un sanctuaire dont nous sommes les gardiens, mais ne sommes que ça : des gardiens. Tu as donc le choix, soit t'attirer les foudres du vieux fou - dit Anatoly en levant les yeux au plafond par réflexe, comme pour voir s'il y avait quelque chose - Soit tu travailles avec moi, et tu suis mes ordres à la lettre. 

Cidolphas Marshall se redressa de toute sa taille et son regard perça Stephanko de part en part, mais l'ancien membre des Lyon Aegis resta de marbre. Même si cet effort lui coûtait énormément en stress, la seule lutte qu'il pouvait se permettre en ce moment était psychologique et pour cela sous aucun prétexte, et surtout à Cid, il ne devait montrer de signe de faiblesse. Cet animal allait immédiatement en profiter pour se glisser sous les mailles et foutre la merde. 
- Kruu rru rru, je suis d'accord. Mais au premier signe d'incompétence, je prends la main - dit Marshall en tendant la main 
- Ça me va - répondit Anatoly, en serrant la main en retour. Et comme il s'y attendait l'empoignade était un moyen pour le z'hum d'exprimer sa frustration. Ce dernier serra un peu trop fort, il y eut un crac témoignant de plusieurs factures, cependant Stephanko ne fit pas un bruit et replaça sa main brisée derrière le dos. Son ancien collègue était un mauvais perdant, mais sa compétence rachetait son comportement exécrable, en partie du moins...  - mettez moi en ligne avec le département de la défense - ordonna le chef de la sécurité 

- Pourquoi tu appel ces débiles ? - demanda Cid
- Je n'ai pas le choix, il y a une implication présumée d'une IA. C'est malheureusement une affaire de sécurité galactique
- Tssk, il n’y a aucune preuve que ce soit le cas. Les IA n’existent plus et la grille du V-Web surveille toute apparition d’une telle entité.
- Je sais, mais si un de mes hommes dit que c’est le cas je le crois
- Hey ! – appela Cid l’opérateur – Tu es vraiment sûr de toi ?
- Oui monsieur. J’ai étudié le sujet en histoire technologique, et cette insurgence possède plusieurs critères caractéristiques. Notamment…
- Je ne t’ai pas demandé un cours – le coupa Cid – Merde, la défense va foutre le bordel - désapprouva le z'hum.
-  Yep, mais tes compétences sociales pourront grandement nous servir pour mitiger leur implication
- Kruu rru rru, tu as l'air d'avoir une idée derrière la tête petit malin - sourit Cid en croisant les bras
- Possible - sourit Anatoly en retour, sans faire paraître la douleur à la main.
- En attendant, je vais « discuter » un petit peu avec le prisonnier.
- Emeric ? Il nous a tout dit je pense
- Possible, mais j’aimerai me chauffer pour le cyborg. Je pense qu’il sera un peu moins coopératif.


A plusieurs dizaines de mètres sous le sol l'ambiance n'était pas à la fête. Ilya était agenouillé devant Raèl alors que deux autres personnes surveillaient le personnel médical  
- Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai cette impression de te connaître - dit Ilya en tirant sur le t-shirt nanoflexible du jeune homme - Et je ne sais pas pourquoi mais tu me tape sérieusement sur le système ! - ajouta Ilya en lui tapotant la joue. 
Raèl ignora son assaillant et observa la jeune femme qui était adossée contre un mur pour la simple raison qu'elle non plus, ne le quittait pas du regard
- "Qu'est ce qu'ils me veulent tous ?" - pensa le jeune homme, embêté. 
- Qu'est-ce que vous voulez ? De l'argent ? Ou avez-vous des revendications particulières ? - demanda Dalanda 
- Hmm ? - s'étonna Ilya en constatant pour la première fois Eiling. Depuis qu'il était arrivé ici, son attention avait été immédiatement saisie par Raèl. Colère et anxiété avait surgit en lui et il ne comprenait pas pourquoi - Et vous êtes ? 
- Dalanda Eiling, fondatrice de Dynamic Dreams - répondit la femme en s'attendant à une réaction particulière mais Ilya resta non impressionné. 
- Dalanda Eiling, vous feriez mieux de fermer votre ravissante bouche si vous voulez garder votre mâchoire intacte - Là, il fut surpris par l'action de Raèl qui agit par instinct. Il ne pouvait tolérer qu'on parle ainsi à sa mère, et sa main partit toute seule, animée par la colère. Cependant, Ilya, malgré la surprise, arriva à se pencher encore plus pour éviter la main, avant de rouler en arrière pour créer de la distance. Après sa rencontre avec le "chat de Louisville" il n'avait cessé de pousser ses sens dans les sphères supérieures de perception. Son corps cybernétique avait un palier qu'il ne pouvait dépasser, mais son cerveau humain et ses sens, eux, pouvaient encore être travaillés. 

- Ces yeux ! - s'exclama Ilya avec un sourire mauvais - Je suis persuadé que nous nous sommes déjà rencontrés - dit-il en faisant signe aux mercenaires et ses derniers collèrent leurs armes blanches contre la gorge de madame Shirley et du docteur Zavatta. Raèl, s'immobilisa, ses yeux avaient désormais des pupilles inversées à l'image des félins, et du poil commençait à pousser sur son visage et ses bras. 
- Raèl ! Calme toi - demanda Eiling. Dans tout l'univers connu, il n'y avait que deux z'hums capables de changer d'apparence entre humaine et animale. Dans le cas de Cid, les variations étaient bien plus nombreuses à cause de la particularité de sa glande polymorphique rendant possible l'absorption de plus d'un type d'adn animal, le rendant la seule réussite du projet Chimère. Et dans celui de Raèl, il n'avait hérité que de l'aspect tigré ainsi que des prouesses physiques de son paternel, cependant il y avait également plusieurs anomalies dans son organisme. Cidolphas ne pouvait pas stopper une métamorphose en cours, elle était bien trop éprouvante et douloureuse. Cependant, le cas de Raèl était différent possiblement à cause du fait qu'il était de la génération 2. Possiblement, son organisme avait muté pour lui permettre un meilleur contrôle sur les changements physiques, c'est pourquoi il put garder son apparence humaine, mais trop tard, Ilya avait déjà vu ce qu'il avait à voir
- Hahaha - ria ce dernier comme un hystérique en pensant, ravi - "D'une pierre trois coup" - Oh, je voulais tellement te voir, tu n'as pas idée. Les dieux doivent sourire à ma vengeance pour m'offrir ainsi tout ce dont j'ai besoin ! - proclama Ilya en commençant à s'étirer les muscles artificiels - Bien ! et si on recommençait là où on s'était arrêté sur l'immeuble ? Minou ! 

 - Hey, bonhomme ! Je ne sais pas quel problème tu as avec le gamin, mais je suis son gardien. Alors si tu lui veux des embrouilles, il faudra passer par moi - dit Jess agenouillé à côté de Dalanda. Il s'en voulait de la situation, mais il n'avait pas prévu une telle possibilité. Lorsque ces mecs avaient débarqué de l'ascenseur, ils avaient déjà deux otages. Cid, lui n'aurait même pas hésité une seconde à leur rentrer dans le lard malgré les captifs, mais Jess avait hésité. Il ne savait pas comment déminer la situation à part attendre la bonne opportunité. Ne pas faire de scène, attendre, observer, écouter, réfléchir pour savoir comment agir pour que le maximum de personnes s'en sorte sain et sauf. Il savait déjà que ces personnes étaient des mercenaires tout comme lui l'avait été. En fonction de leur affiliation ils avaient ou non des codes moraux, mais le plus important était qu'un mercenaire n'agissait pas sans intérêt financier. Et là, il n'y avait aucun intérêt financier a faire un massacre. Ils voulaient partir, sans finir sur la liste noire de Pasteuria. Cette dernière possibilité pouvait très bien impliquée une mise à prix de leur tête, et ça c'était une lente et longue condamnation.

Mais l'autre, le cyborg, semblait ne pas partager cette pensée. Il était du genre à chercher la bagarre même s'il avait tort, même s'il ne faisait qu'aggraver la situation. Il y en avait toujours des pareils de connards, ils étaient comme des mauvaises herbes qui poussaient sans égard pour le reste du monde. Malheureusement Jess n'avait jamais appris à déminer une telle rencontre, en général il finissait par se battre et souvent au tapis. C'était l'une des raisons pour lesquelles il avait choisi un cursus militaire après son diplôme de chirurgien et c'était aussi la raison pour laquelle il avait des sentiments mitigés pour son patron Cid. Il respectait, admirait, sa force et détestait certaines tarres de son comportement similaire à celle d'un oppresseur, au premier abord du moins c'était l'impression qu'il dégageait.

Et, c'était aussi la raison pour laquelle il avait choisi de se laisser guider en quête de puissance et de mettre de côté sa carrière médicale pour devenir un combattant. Hélas, le voilà encore, bien des années plus tard à la merci d'une brute sans cervelle. Mais cette fois, il avait appris à parler le bon langage. Il avait appris à parler la baston et son professeur était un virtuose de ce dialecte humain.
- Qui es-tu déjà ? - demanda ilya
- Jess O'ryan - voulu répondre le z'hum mais sa gorge stoppa cette intention en raison de la main qui lui fonçait dessus, à une allure que ses sens pouvaient percevoir mais son corps lui n'avait pas le temps de réagir correctement. Il essaya de dévier l'attaque D'Ilya avec une technique de ce que Cid appelait le Wing chun ou comment se donner une chance de fuir quand le mec en face fait deux fois ta taille. Cependant, Raèl réagit à la tierce de seconde et saisit la main du cyborg avant que cette dernière ne transperce le crâne de son oncle.
- Qui t'as dit que tu pouvais me toucher ? - dit Ilya sur un ton agressif en regardant la main du jeune homme plier légèrement le métal de son bras - Zang, coupe la gorge de la dame s'il te plait - demanda le cyborg. 

- Na odai jin shui le (tu as de l'eau dans la tête) - répondit le mercenaire avant de lâcher madame Shirley qui tomba à genoux à bout de nerfs. Elle pensait que c'était fini pour elle, terrifiée au point de ne pouvoir même négocier sa vie. Elle avait juste fermé les yeux en pleurant, essayant de garder une certaine dignité, essayant de combattre sa terreur et de dire quelque chose, de dire juste : pitié ! Mais tout se passait dans sa tête, son corps lui ne faisait que trembler et refusait de bouger. Même lorsqu'elle retrouva la liberté, son corps refusa encore de bouger - Je ne suis pas payer pour ça - dit ensuite Zhang à la surprise d'Ilya en développant - ce n'est pas avec toi que j'ai signé mon contrat. 

- Mais c'est moi qui vais te payer ton supplément - répondit calmement Ilya alors que sa main était encore sous l'emprise de la prise de Raèl
- Je suis un businessman et non un psychopathe - répondit Zhang en haussant des épaules - Ton argent c'est pour la faire sortir d'ici - dit-il en pointant de direction de Séforah qui essayait de se faire toute petite, voire se fondre dans le mur pour disparaître - et pour sortir mon contractant, c'est tout. Si tu as un problème, on peut régler ça - annonça ensuite Fang en écartant les bras de manière défiante.
- Oh ?? - fit Ilya surpris avant de sourire de manière menaçante - Et toi ? - demanda-t-il à Touret, l'autre mercenaire qui tenait le docteur Zavatta. Le pauvre essayait de garder son calme, mais la larme silencieuse qui coulait le long de sa joue trahissait son état émotionnel qui ne devait pas être très différent de celui de Shirley. 
- Je suis du même avis - répondit Amina en poussant légèrement le docteur qui tomba aussi à genoux
- Oh merci, merci - dit-il avant d'être poussé du pied par la mercenaire
- Dégage ! - fit elle

- Je vois... 
- Heh, on dirait que tu l'as dans le cul. Heureusement que ce n'est pas une noix - ne put s'empêcher Jess de commenter la situation
- Ha... Hahahahaha ! - éclata de rire Ilya d'une manière qui ne présageait rien de bon. 
- Ecoutez, faites ce que vous avez à faire et disparaissez. Personne ici ne compte vous créer de problèmes - dit Eiling mais le cyborg ne l'écoutait plus. 
- Sigh, les temps ont certainement changé. Avant je commandais une armée et aujourd'hui j'ai du mal à me faire obéir par des mercenaires. Je suis tombé bien bas - dit Ilya en souriant au point de plisser ses yeux, et son sourire était amers. C'était celui d'une personne qui était prête à faire quelque chose de très désagréable.
- Ecoutez, je suis prêt à vous promettre que ni moi, ni mes enfants, ni personne ici n'essayera de jouer les héros. Vous avez l'air d'être raisonnables aussi, alors laissez-nous tranquille et tout se passera bien - Très bien - fit Ilya en demandant du regard à ce que Raèl libère sa main. Ce dernier regarda sa mère qui hocha de la tête et le jeune homme obéit mais tout le monde était encore sur ses gardes. Ilya se releva et recula de quelques pas avant de regarder le dôme, puis autour de lui - Je ne vois pas les autres - demanda Ilya à Dalanda
- Les autres ? 
- Vous m'avez dit vos enfants. Mais je ne vois que celui-là qui a quelques traits de ressemblance. Dois-je conclure qu'il y en un autre à l'intérieur de ce truc ? - demanda Ilya en pointant le dôme obscurcit du doigt et avant d'avoir confirmation il changea de spectre visuel pour regarder à l'intérieur. 
- Oui - confirma Dalanda avec réticence.  
- Qu'est ce qu'il a ? - demanda le cyborg
- On ne sait pas, il... il souffre d'une maladie qu'on ne comprend pas - répondit Eiling
- Tout ce dont nous sommes certains c'est qu'il est pratiquement immortel - rajouta le docteur Zavatta
- Oh ? vraiment ? - fit Ilya et Dalanda fut prise de panique. Elle était la seule à voir la chose venir, mais elle ne pouvait absolument rien faire pour l'empêcher. Raèl, lui avait réagi trop tard et avait essayer d protéger sa mère, mais c'était la mauvaise cible... Ilya sorti un de ses couteaux de lancer de la ceinture en un battement de cil et propulsa le projectile dans le dôme avec une telle force qu'il traversa le corps chétif de Davy. Ce dernier se réveilla de son sommeil, le ventre perforé et poussa un hurlement de douleur déchirant, à glacer le sang !

La réaction de tout le monde, ou 99 % des personnes présentes fut la panique. Le cri térébrant de Davy choqua la grande majorité des personnes présentes, court-circuitant leurs capacités cognitives. Comme des abrutis ils regardèrent le corps chétif se tordre d'une manière surnaturelle, attaché à son lit flottant
- MAMAN ! - hurla le jeune homme et c'est là que Dalanda, en auto pilote, se précipita à l'intérieur du dôme dans l'espoir de faire... de faire quelque chose, n'importe quoi. Si seulement, SI seulement elle avait encore son don, SI seulement elle n'avait pas fait qu'à sa tête en pensant qu'il ne se passerait rien de grave, pas à elle. Si seulement elle ne s'était pas perdue dans le nexus émotionnel, elle aurait volontiers prit sur elle toute la douleur de son fils comme une croix qu'elle aurait porté avec fierté. Hélas, sa sensibilité empathique n'était plus et pour la première fois de toute sa vie, elle supplia le seul être qu'elle pouvait supplier
- Seigneur ! Je vous en prie, aider le. Seigneur je vous en prie... - en tenait la main osseuse de Davy elle ne pouvait que quémander une aide, un espoir, un miracle, tout en regrettant l'ensemble de ses choix.

Comme une armée entraînée, malgré les risques, malgré leurs conditions, au son des cris, les infirmiers et les docteurs furent pousser pour leur mémoire musculaire. Chacun retrouva sa place et son rôle dans le but de soulager le patient même si le cas pouvait dépasser leurs compétences. Même madame Shirley se leva du sol pour se diriger vers on laboratoire en quête d'un narcotique qui pourrait calmer le petit. 

Jess se sentit complètement inutile et stupide. Qu'est ce qui lui avait pris d'antagoniser ce psychopathe ? A quoi est ce qu'il avait joué. Pour qui est ce qu'il s'était pris ? Un héros ? Ou un fou ? Il fallait être doté de force pour se faire respecter, d'une force qui ne laissait absolument aucun doute. Mais lui, un homme écureuil, comment pouvait-il imposer la crainte ? 
- "Pathétique !" - pensa O'ryan en jouant des mâchoires d'énervement. Comment pouvait-il regarder son boss après ça ? - "Pathétique !!" - se redit le z'hum, mais dans son autoflagellation il manqua de racheter son erreur. 

Sans un mot, sans crise d'une rage quelconque, Raèl s'était projeté sur son ennemi en embrassant son apparence zoohumaine. L'hybride entre tigre et homme, à la fourrure aussi noire que la nuit, comme si elle absorbait l'obscurité, tendit sa main griffue pour éclater la tête d'Ilya perdu dans ses pensées
- "Qu'est ce que j'ai fait ?" - pensait le cyborg. Il connaissait le sentiment qui venait de le remplir. Cette incursion émotionnelle, ce remplissage émotif, il l'avait déjà ressenti sur les champs de bataille. L'espoir, la rage collective pourvait s'emparer des esprits et pousser les guerriers à faire des choses qu'ils pensaient impossibles. Il connaissait ce sentiment, mais il ne comprenait pas d'où il avait pu venir. Oui, il était énervé ! Oui, il voulait faire payer à ce petit con ce qu'il avait fait ! Tout ce merdier était sa faute et il risquait de perdre le seul ami qui lui restait encore, sa seule famille ! Alors oui il ne pensait qu'à lui régler son compte, mais pas comme ça. Depuis qu'il était arrivé dans cette chambre il avait l'impression d'être une bouilloire sur le feu et finalement, l'ébullition de sa frustration et sa colère le poussa à agir en perdant le contrôle. Il voulait simplement faire mal, dans le but de faire mal, mais... 

La main de Raèl se rapprochait de plus en plus, les griffes sorties et ressemblant à des petites lames de couteaux (comme des karambits, mais en plus petits) et la seule chose qui se mit en travers de la destruction prévue était la lame de Zhang. Ce dernier, à l'aide d'une machette plastique à la lame recouverte de monofilament essaya de trancher le bras de Raèl de manière verticale. Mais la pellicule eut un effet mitigé et le coupant resta bloqué par le radius. Cependant, il ne pouvait se permettre d'être immobilisé par l'étonnement. Dans son esprit, Zhang avait un enchaînement de mouvements qu'il devait réaliser de manière automatique : 1- éliminer l'attaque en coupant le bras, 2 - stopper l'élan de l'assaillant. A la vitesse à laquelle le z'hum fonçait sur son adversaire, le choc pouvait être très dangereux pour son client. 

Le premier mouvement ne fut pas parfait, le bras non sectionné fut simplement poussé vers le bas. Le second fut également imparfait, suite à l'échec du premier. Le ressenti, la fluidité des gestes préprogrammés dans l'esprit ainsi que dans les muscles n'était pas le bon. Le risque état donc de complètement fausser l’enchaînement mais Fang pouvait compter sur son expérience pour réagir au quart de seconde. De plus, il fut aidé par Ilya qui opéra de manière complètement subconsciente. 

La lame de Fang s’abattit sur le bras de manière verticale sans le couper mais en le poussant légèrement vers le bras. Ensuite, Zhang remonta sa lame en la faisant pivoter, puis de sa deuxième main saisit fermement la lame, et pour finir il frappa le plexus solaire du zhum avec l'arrière du manche. Mais, malgré ses muscles augmentés, le mercenaire n'aurait pu projeter Raèl en arrière si Ilya ne l'avait pas aidé. Ce dernier, à moitié perdu dans ses pensées, opéra de manière subconsciente. Son instinct de survie extrêmement bien développé fit bouger son corps en cognant le zoohumain enragé au visage. Ce dernier fut poussé en arrière de quelques pas, avant de regarder Zhang Fang, puis son bras, puis le mercenaire à nouveau avec des yeux brûlants de haine.  
- C'est de sacrés os que tu as là - commenta Zhang - Désolé, mais ce connard me doit une petite fortune alors recule, s'il te plait - demanda le mercenaire

Le mercenaire eut quelques perles de sueur qui apparurent sur son front. En regardant le jeune Z'hum s’énerver, il avait l'impression d'assister à la formation d'un cataclysme naturel à l'image d'un ouragan. Les muscles de l'animal gonflaient à vue d’œil, ses veines s'élargirent, ressemblant plus à des milles pattes géants emprisonnés sous le cuir de sa peau.
- "Ta ma de (bon sang) ! Je ne suis pas assez payé pour ça " - pensa Zhang en se préparant mentalement à ce qui allait suivre. Ce jeune homme était clairement anormal, aucun z'hum ne pouvait basculer comme ça entre l'aspect humain et hybride. Et de plus, sa rapide altercation avec le monstre lui avait permis d'estimer approximativement quelques caractéristiques physiques, et ces dernières étaient exceptionnelles. La situation pouvait dégénérer très rapidement même s'ils avaient des otages. Quoiqu'en ce moment, les otages étaient occupés ailleurs. 

- Ça suffit - dit Ilya en s'arrachant le bras gauche au grand étonnement de tous - C'est tout ce que je peux faire pour m'excuser. Mais je vais être clair, si jamais tu refais ça, je fais tout exploser en m’assurerait que tout le monde finisse enseveli. Je peux t'en donner ma parole - déclara Ilya en laissant tomber son bras cybernétique au sol. Et c'était là le problème, leur bombe artisanale contenue dans un grand sac. Eiling, pouvait sentir les composés chimiques et il savait les reconnaître. Cela faisait partie de l'éducation donnée par son père, c'est pourquoi le jeune z'hum savait que ce n'était pas du bluff. 

- ... Très bien - répondit Raèl en essayant péniblement de se calmer - Mais je vais être clair aussi, je te traquerai toi et tes complices jusqu'au bout de l'univers s'il le faut !
- Si ta mère est d'accord, on s'amusera ensemble autant que tu veux - répondit Ilya sur un ton moqueur - Après tout nous avons un compte à régler tous les deux, pas vrai ? Toute cette merde est de ta faute. 
- Ma faute ?!
- Si tu ne t'étais pas mêlé de notre business, ce colis - dit Ilya en pointant du doigt vers Séforah - aurait été tranquillement emballé et rien de tout ceci ne se serait produit. 
- Tu es un grand malade ! C'est un être humain !
- Et alors ? Qu'est ce que les humains ont fait pour vous les z'hums ? - demanda Amina - A moins que ton métissage ne te fasse oublier qui tu es ? 
- Je sais très bien ce que je suis ! 
- Ah bon ? D'ailleurs, comment est-ce possible ?

- Hey, hey, n'essayez pas d'embrouiller le petit avec vos conneries - se mêla Jess - On sait tous ici que votre business c'est de la merde ! Justifiez-le-vous comme vous voulez, tout ce que j'espère c'est que le pognon gagné vous permet de dormir la nuit. Maintenant fichez nous la paix et faites ce que vous avez à faire !
- Cao ni zuzong shiba dai ! - répondit Zhang
- Cao ni made bi ! - répondit Jess ce qui fit grossir les yeux de Fang au point où elles faillirent éclater dans leurs orbites - Qu'est ce que tu crois ? J'ai appris à parler sept langues dont le Cid - sourit O'Ryan
Le mercenaire aspira l'air à grosse bouffée avant de se retourner en direction du sac à explosif posé non loin d'un des gardes du corps de Séforah: Johan Swanson. 

- Qu'est ce que tu lui as dit ? - demanda Raèl en venant s'asseoir à côté de son oncle. 
- kuk kuk kuk, juste que sa mère aimerait bien sa visite - rigola Jess avant d'être interrompu 
- Bonjour - salua Séphorah et le garde du corps perdu toute envie de rire. Il avait devant lui une personne qui avait clairement besoin d'aide, mais il ne pouvait rien faire pour lui prêter main forte.
- Bonjour - répondit Jess avec un sourire factice tout en pensant - "Pourquoi tu es venue nous voir, on ne peut rien pour toi petite" - c'était le job, elle n'était pas une de ses priorités même si humainement il était évident qu'il n'y avait qu'une chose à faire. Le prix à payer pour la sauver, est ce qu'il valait vraiment le coup ? 
- Bonjour – répondit aussi Raèl timidement.
- « Eh bein voyons… » - soupira intérieurement Jess en remarquant le comportement gêné de son neveu – « Il est bien trop jeune pour être confronté à ce genre de problèmes. Tssk, quel monde de fou on a créé ». 






Blabla de l'auteur

Hello à vous chers lecteurs ! Je vous souhaite une excellente journée ou soirée :) Et j'espère que vous passez un moment de lecture bien sympathique et que vos yeux n'ont pas brûlé en voyant toutes les fautes XD Je travaille à me corriger correctement. 

Texte time !

Pour ceux qui me suivent tous les jours, oui l'explication ou l’absence d'explication concernant l'IA est un peu une facilité. Mais pour ma défense je comptais rentrer dans les détails, sauf que Cid n'aurait pas écouté. Ce n'est pas dans son personnage. Maintenant j'aurai pu laisser la main au narrateur mais, je ne sais pas, j'ai eut l'impression que la fluidité aurait été altérée. Peut être que c'est excuse de a part, c'est pourquoi je vous demande: si vous avez des questions, des suggestions, etc... N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com. Je les lirai avec grand plaisir, le but c'est de m'améliorer et vous offrir la meilleur expérience de lecture possible. 

Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!! Portez vous bien !!!!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire