- Je voulais vous remercier de m'avoir sauvé de l'incendie, mais je ne
savais pas comment. Il faut croire que notre situation actuelle est un coup de
pouce du destin, hihi - ricana la jeune fille avant de s'asseoir à côté de Raèl
si étonné qu'il cligna bêtement des yeux au moins une trentaine de fois.
- Il faut croire... - répondit-il ensuite en tournant la tête vers Jess
avec un regard légèrement paniqué qui voulait dire "Qu'est-ce que je fais
?". O'Ryan secoua la tête et lui murmura
- Évite de lui parler. Dis-lui « de rien » et puis tu l'ignore. La
pauvrette n'a pas besoin de faux espoirs
- Mais on ne peut vraiment rien faire ?
- Si, on peut faire quelque chose mais est-ce que tu peux garantir
qu'aucune personne ne soit gravement blessée ou pire ? Tu crois que sa vie vaut
plus que celle d'un autre ? Tu te crois en droit de prendre cette décision ? -
demanda Jess et le jeune z'hum baissa les yeux. Il savait tout ça mais... Mais
elle dans le cas de Séforah il savait, il pouvait visualiser son problème. Pour
les autres, eh bien, c'était les autres. La détresse de la jeune fille biaisait
le raisonnement logique qui voulait que : toute vie est équivalente. Un
principe idéaliste complètement détaché de la réalité.
- Ne vous en faites pas pour moi, je sais que tout va bien se passer. Alors
merci encore et je suis désolée - dit gentiment la jeune fille avant de se
lever pour partir. Et cette gentillesse fut un véritable coup de poing dans
l'âme pour Jess. Le z'hum eut un pincement à la poitrine si intense qu'il se
massa la poitrine, alors que Raèl prit la main de Séforah par réflexe
- A... Je... - il voulait lui dire des mots, quelque chose mais rien ne lui
venait en tête. Il finit par lui lâcher le bras et la laissa partir - Je..
- Endure Raèl. Une fois qu'on sortira de là, je demanderai au patron de
monter un commando pour la retrouver. Pour l'instant endure ! - dit Jess et le
jeune homme se sentit soulagé. C'est vrai, il y avait l'après mais et si elle
disparaissait ? Et s'il était trop tard ? Comme s’il avait perçu le doute
encore présent chez son neveu, O'ryan dit la seule chose qui pouvait calmer le
garçon - Fait confiance à ton père, aucun rat ne peut lui échapper. Ces mecs ne
savent pas dans quel merdier ils se sont mis.
- Ouais, ils ne savent pas dans quel merdier ils se sont mis - répéta le
jeune homme en vrillant Ilya du regard. Ce dernier ne quittait pas les z'hums
des yeux et se tenait à proximité du sac contenant la bombe artisanale, au cas
où.
- Tilin Tilin, Tilin Tilin. Tilin Tilin, Tilin Tilin - Ilya fixa le sol où
un téléphone était en train de sonner, émettant un bruit de clochettes. Vu sa
position il devait appartenir à l'un des deux otages qu'Amina et Zhang
tenaient. Le cyborg récupéra l'appareil avant de voir que l'appelant était
désigné sous le nom de Stephanko - Allo !
- Allo ! Ilya ? - demanda Anatoly en observant son écran, ravi
- Comment...
- Nous avons réceptionné votre camarade et il a, décidé, de partager
quelques informations avec nous dans un souci de, coopération - expliqua
Anatoly en faisant une pause sur décidé et coopération.
- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! - demanda Ilya qui savait que Diss ne
parlerait pas, sous aucun prétexte
- Rien qui ne puisse se comparer à votre propre action - répondit Stéphanko
sur un ton professionnel.
- Si jamais vous...
- Hey petit - le coupa Cid - tu as blessé un membre de ma famille alors je
considère que ce que j'ai fait subir à ton petit copain est un juste retour des
choses. Ne t'inquiète pas, il est encore en vie mais la suite dépend de
toi.
- Je détiens des otages - rappela Ilya
- Kruu rru rru, tu ne sembles pas comprendre la situation. La seule chose
qui me retient de creuser jusqu'à toi, ce sont les otages. S'il leur arrive
quoi que ce soit, je débarque dans la minute pour te faire coucou et aucune
force au monde ne pourra te protéger de mes crocs !
- Ha ! Vous avez l'air bien prétentieux.
- Kruu rru rru, essaye donc de mettre ma parole en doute !
- Le passé ne peut être rattrapé - se mêla Anatoly pour déminer la
conversation. Il y avait trop de menaces dans cette négociation pour qu'elle
puisse mener à quelque chose de positif - concentrons-nous sur l'échange à
venir.
- Vous avez eu l'aval de votre boss ?
- Pas encore, mais ça ne saurait tarder.
- C'est trop long !
- Je comprends parfaitement votre sentiment, mais mon patron est quelqu'un
de très occupé. Mais je vous promets d'obtenir le ok dans l'heure qui suit.
Pour l'instant profitons de ce temps pour tous nous calmer. Il est préférable
que nous gardions tous notre sang froid n'est-ce pas ?
- Bien, il ne reste plus qu’à attendre. Concernant l’IA potentielle
qu’est-ce que vous avez pu obtenir ? - demanda Anatoly.
- Pas grand-chose, le programme s’est pratiquement autodétruit, mais les IV
ont pu sauvegarder une infime fraction. Nous allons voir ce qu’on peut en
tirer, mais je crains qu’il ne serve que de preuve.
- OK, est-ce qu’il est possible d’opérer une vérification complète du
système tout en le gardant actif ?
- Normalement oui, on peut relayer les IV et scanner progressivement, mais
qu’est-ce qu’on doit chercher ?
- Un écho dans la machine. Je veux voir si nos IV n’ont pas été
contaminées.
- Oh ! - fit Cid - bien vu.
- On n’est jamais trop prudent - répondit Anatoly pas trop mécontent de
lui.
- On peut le faire, mais cela risque de baisser considérablement la
capacité de traitement de Pasteuria. Vu que tout est pratiquement automatisé...
- Je sais, mais je préfère ne pas prendre le risque de couver une IA à
l’insu de mon plein gré. Si cette saloperie prend possession de toute la
puissance de traitement à notre disposition, je crains le pire - expliqua le
chef de la sécurité tout en pensant - " heureusement que Pasteuria n’est
pas connecté au V-Web, sinon ce truc aurait pu prendre la fuite dans la
nature" - prévenez le personnel, et rédigez un message de maintenance
système histoire de limiter la panique.
- Très bien ! - répondirent les opérateurs
- Kruu rru rru, charmante petite équipe. Je suis presque jaloux - nargua
Cid
- J’ai le plaisir de travailler avec des personnes très compétentes -
répondit Anatoly
- Si tu le dis. T’as réfléchi ou pas du coup ?
- Cid, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Pourquoi ? C’est pourtant simple. J’emprunte un ou deux de tes gars, je
creuse un tunnel. Ça me prendra quelques minutes, une demi-heure en y allant
doucement, et on débarque sans que personne n’ait le temps de réagir.
- Je sais que sur le papier cela semble une bonne idée. Mais ce n’est pas
possible.
- Et pourquoi ça ?
- Sans l’autorisation expresse du vieux fou - murmura Anatoly à l’épaule du
z'hum tout en levant les yeux aux plafonds - c’est impossible. Ce n’est pas que
je ne veux pas, mais c’est que personne ne peut. Il y a un truc dans le sol,
comme une forme de barrière. Tu as été là non durant le baptême ? Tu as bien vu
les lumières qui sont sorties du sol non ?
- Tssk !
- Où est-ce que tu vas ? - demanda Stephanko en voyant le z'hum partir
- Terminer ma conversation avec notre hôte ! - répondit sèchement Cid. Il
est vrai que le vieux Radeghast avait fait de Pasteuria un sanctuaire. Un
endroit où les blessés et les malades pouvaient se reposer de la folie de ce
monde, ou plutôt de tous les mondes - "Conneries mystiques !" -
fulmina-t-il intérieurement en sortant de la salle de commande. Juste en face,
une pièce avait été aménagée en salle d’interrogatoire qui contenait Diss. À
cet effet, le sol et les murs avaient été renforcés par des barrières magnétiques
portables (capables de résister à l’impact d’un camion de 15 tonnes à 90 km/h
soit près de 5000000 de joules. Cependant, elles ont une autonomie de 45
minutes et un usage unique) et le cyborg avait le bras cloué sur la table par
sept pieux-sangsues connectés aux générateurs des barrières. Le cyborg générait
sa propre prison. Et pour finir, les personnes qui l’avaient capturé montaient
la garde.
- Je t’ai manqué ? - demanda Cid en entrant dans la pièce, amusé par le
regard noir que lui lançait le prisonnier.
- Idi nahoui ! - répondit Diss
- Krru rru rru, mais c’est que tu me fais des avances dit donc ? - sourit
le z'hum de tous ses crocs.
- Alors où est-ce que nous en étions ? - demanda Cid en s'accroupissant à
proximité du cyborg.
- Je vous ai fourni la seule information nécessaire. Si vous pensez tirer
plus de moi, je vous invite à essayer - répondit Diss
- Krru rru rru, torturer un cyborg est une affaire très délicate - commenta
Cid en pianotant des doigts sur l'avant-bras de Diss. De l'auriculaire à
l'index, et puis de l'index à l'auriculaire - et tu t'y connais plutôt bien
dans le domaine. Ta victime va être obligée de subir plusieurs opérations
chirurgicales pour pouvoir remarcher. Mais pour ta défense, les fractures
étaient suffisamment nettes pour ne pas compliquer le travail des chirurgiens.
C'est du joli travail, où est ce que tu as appris ça ?
- Nulle part, ça m'a semblé simplement logique - répondit Diss. Turk était
une tâche sur sa conscience qu'il s'était infligé pour rien. C'était comme se
jeter du café sur la chemise pour avoir une excuse d'aller aux toilettes, et en
fin de compte, pour découvrir que les toilettes étaient fermées pour réparation
parce qu'il y avait des fuites.
- Oh, un naturel hein ? Mon formateur était comme ça aussi - expliqua Cid
en insérant une griffe dans l'avant-bras du cyborg et comme il s'y attendait il
n'y eut aucune réaction - il a pris son temps pour m'enseigner les rudiments de
l'art. Chaque jour il me mettait une nouvelle personne à interroger et il
m'enseignait tout ce qu'il fallait pour maximiser la douleur tout en maintenant
la victime en vie. Tu connais bien cette frontière n'est-ce pas ?
- ...
- Je n'étais pas très doué, à vrai dire j'étais complètement nul. Mais
chaque jour il trouvait de nouveaux, "volontaires", pour m'aider dans
mon apprentissage. Et à chaque fois que j'échouais, il plaçait mes
interlocuteurs à côté de mon endroit de vie. Une petite cage bien sympa, et
j'étais obligé de respirer la chair en putréfaction ou d'écouter les
gémissements plaintifs... Je n'étais pas très doué parce que je n'imaginais
même pas qu'un tel monde puisse exister. Et j'ai pris longtemps à apprendre,
plusieurs années. Ce qui fait 365 jours par ans ? Tu peux imaginer le nombre
d'individus pour qui mes conversations se sont mal terminées - expliqua
Marshall et les deux Phanoms qui montaient la garde eurent des gestes gênés,
surtout le géant Oliver - cependant, même si j'ai pris le temps à intégrer la
logique liée à ce métier, j'ai paradoxalement très bien appris. Chaque leçon a
été clouée de manière indélébile au point où je suis devenu, à l'insu de mon
plein gré, particulièrement doué. Comme on dit, c'est forgeant qu'on devient
forgeron. J'ai mis ces compétences au service du gouvernement et j'ai bénéficié
ensuite d'un pardon complet, il n'est pas fou ? Ce monde ? Kruu rru rru !
- ...
- À l'époque, j'ai opéré aussi sur des cyborgs. Un véritable casse-tête ! Comment
faire mal à des personnes qui ne pouvaient pas avoir mal ? Et qui n'avait plus
aucun attachement émotionnel, c'était des machines plus que des hommes. On a
essayé plein de trucs, mais ces couillons finissaient par claquer de manière
naturelle sans émettre le moindre bruit. C'est assez particulier comme
impression. Et puis, un jour, un de mes collègues s'est dit : "Hey ! et si
on réparait leur cerveau avant d'essayer de leur soutirer des informations
?". C'était pas bête, pas vrai ? Et si on réapprenait au cerveau à savoir
qu'il a mal ? Je ne te raconte pas les problèmes juridiques que ça a soulevés.
Mais au final on a eu l'accord pour les individus dont la culpabilité était
quasi certaine. Et on a commencé à expérimenter.
- Pourquoi vous me racontez tout ça ? - demanda Diss
- Parce qu'on a une heure, non, environ 40 minutes à tuer. Et je m'ennuie
cruellement, un inconvénient d'être de la famille des félins kruu rru rru. Et
puis, c'est aussi pour te faire comprendre que j'ai les moyens de te faire
parler - expliqua Cid sur un ton soudainement devenu sérieux - nous avons
découvert un truc très intéressant dans le cerveau des cyborgs. Savais-tu qu'il
y a des interrupteurs naturels à la sensation de douleur ? Pas besoin de créer
des drogues, pas besoin de faire des opérations compliquées. Tant que tu
disposes d'un cerveau humain, il y a des moyens pour créer la douleur. Dis-moi
- dit Cid en humant le cyborg, en reniflant son front - tu n'es pas fait que de
métal pas vrai ?
- Vous ne vous souciez pas des otages ? - demanda Diss avec une pointe de
panique. Cet animal était dangereux, et il avait vu sa fiche personnelle durant
le recrutement de ses mercenaires. Était-ce là la raison de l'œuf d'Alice ?
Non, ça n'avait aucun sens...
- Kruu rru rru ! Les otages hein ? À vrai dire, il n'y a que
quelques-uns qui m'intéressent. Le reste peut mourir je n'en dormirai pas pire
que d'habitude. Et pour ceux qui m’intéressent, je ne me soucie pas plus que
ça. Alors ? Peut tu me divertir en me racontant un truc intéressant ou est-ce
que je dois m'occuper moi-même avec un jouet ? Kruu rru rru, maintenant que je
le dis à haute voix, ça me semble pervers, mais vu comment je vais aller à la
découverte de ton intérieur - dit Cid en passant sa main sur le sommet du crâne
du cyborg - je pense que tu peux me pardonner cette intimité, n'est-ce pas ?
- Bluff - répondit Diss. Il avait un contrôle complet sur ses nocicepteurs.
Rien de ce que cet animal pouvait faire ne pouvait le forcer à parler.
- Ah ! Tu es comme Saint Thomas, tu ne crois qu'en ce que tu vois. Alors,
permets-moi de te montrer le miracle de la résurrection de ta douleur - dit Cid
en enveloppant d'une main le crâne du cyborg. Et ce dernier eut l'impression
d'avoir une montagne sur la tête. La fatigue et le drain d'énergie rendaient
toute résistance impossible - ah oui, tournez-vous les enfants, ce n'est pas un
spectacle pour vous - dit le z'hum en s'adressant aux Phanoms
- Sauf votre respect monsieur, nous avons pour mission de ne pas quitter le
prisonnier des yeux - répondit sèchement P.H. STAR 9, de son vrai nom
: Amadéus Nothingham - et pour que cela soit su, je ne cautionne pas
du tout ce genre d'action
- De même ! - répondit énergiquement son collègue
- Oh ? Kruu rru rru, c'est bien noté. Rassurez-vous, je vais être très
délicat - dit Cid en sortant la griffe de son index. Il était facile de juger
de la cruauté de ses actions, il était évident, normal, logique, de
désapprouver. Et de cela, Cid n'avait aucun doute, lui-même désapprouvait ses
actions. Forcer autrui à se livrer était le signe de l'échec d'une
conversation. Malheureusement, que faire lorsque la personne qui refuse de
discuter détient une information capitale ? On lui avait appris alors que
c'était ok de la forcer à parler et il appliquait simplement ce qu'il avait
appris à faire.
Dans le cerveau, la zone gérant la douleur s'appelle le lobe pariétal et il
se situe à l'arrière du cerveau. Cette zone est facilement accessible depuis
l'arrière du crâne, avec un outil tel qu'une griffe. Le plus délicat allait être
d'éviter de lobotomiser le cyborg, c'est pourquoi Cid plaqua la tête de ce
dernier sur la table d'une prise ferme. Puis, il cibla une zone très
particulière du lobe pariétal qui était connectée au Thalamus.
Au début, Diss ne ressentait absolument rien. Il avait coupé ses
nocicepteurs et rien de ce qui pouvait lui être fait n'allait changer quoi que
ce soit. Sa vision cybernétique fut troublée à plusieurs reprises, et il sentit
également des vacillements de sa conscience, comme s'il tombait de sommeil. Et
puis il y eut une sensation similaire à la piqûre d'une épine sur la peau. Une
sensation infime, presque négligeable, mais tout le problème venait du fait
qu'elle ne devait pas exister.
Prenant conscience que d'une manière ou d'une autre l'animal ne bluffait
pas, Diss essaya de se débattre. Malheureusement pour lui, il était à bout de
force et la prise du z'hum m'empêchait de bouger la tête. Néanmoins, au lieu de
pousser vers le haut, le cyborg poussa vers le bas de toutes ses forces
restantes. La table, protesta avant de céder faisant tomber Diss vers l'avant.
- Kruu rru rru, t'es complètement fou toi - lui dit Cid en se penchant à
nouveau au-dessus du cyborg - c'était pas malin ça avec moi trifouillant dans
ta cervelle. Tu peux me dire merci de ne pas t'avoir transformé en légume.
- Va... te faire foutre - lui lança Diss
- Tu manques d'imagination dans le département des insultes. Mais je vais
profiter de ton geste désespéré pour te reposer la question. As-tu quelque
chose à me raconter ? Où est-ce qu'on reprend l'exploration de ta matière grise
?
- ...
- Prend le temps de réfléchir, je ne suis pas particulièrement pressé. Je
ne cherche qu'à tuer le temps à défaut d'autre chose. Par contre, maintenant
que je te regarde de plus près, je ne pense pas avoir vu une telle technologie
auparavant. D'où viennent tes pièces ? Ça, tu peux me le dire pas vrai ?
- J'ai tout conçu moi-même - répondit Diss
- KRUU RRU RRU !!! - Explosa Cid de rire avec une étincelle brillant dans
les yeux - tu te fiches de moi pas vrai ?!
- A toi de me le dire
- Hey, et si tu bossais pour moi ? - demanda Cid
- Monsieur ? - fit Amadéus surpris par la tournure des choses.
- Ne te mêle pas de ça junior ! - rugit Diss avant de se retourner vers le
cyborg - Si ce que tu me dis est vrai, et j'aurai tout le loisir de le
vérifier, cela fait de toi une ressource qu'il me peinerait vraiment de
détruire. Comme guerrier tu ne vaux pas trois clous, mais j'ai vu pire et je
peux te former. Peut-être même que tu deviendras un jouet intéressant avec le
temps, t'en penses quoi ?
- Ha.. Hahaha.. hahahaha - ria Diss, saisie d'un fou rire. Voilà, une
tournure qu'il n'avait pas du tout vu venir. C'était peut-être cela la raison
de l’œuf d'Alice. Peut-être que l'étrange indice était d'accepter cette étrange
proposition ...
- Tu penses que je plaisante ? - demanda Cid en prenant un air choqué.
- Je pense que tu es complètement fou - répondit Diss
- Hmpf, on peut être fou et sérieux, boîte de conserve - répondit le z'hum
en se caressant le menton.
- Et pourquoi je ferais une telle bêtise ? - demanda Diss sur un ton
moqueur
- Parce que c'est le choix le plus pertinent à faire - expliqua simplement
Cid.
- ...
- Je t'explique ce qui va se passer par la suite. Tu vas retrouver ton
petit copain et ensuite ? Vous allez prendre des otages pour sortir par la
grande porte ?
- Et pourquoi pas ?
- Hmm, non. Je ne pense pas, mais passons. Vous sortez de là et ensuite ?
Vous devenez des célébrités dans le terrier d'Alice, vous pouvez même changer
d'apparence par chirurgie ou dans votre cas en changeant de pièces. Vous pourrez
même disparaître du circuit, mais ce ne sera que le calme avant la tempête.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que je serai sur votre cul, parce que le mec qui possède cet
hôpital sera sur votre cul, parce que les autorités seront sur votre cul, ainsi
que l'armée. Sans exagérer, je dirai que tout l'univers connu sera à vos
trousses pour le meilleur ou pour le pire.
- Et tu prétends pouvoir empêcher ça ?
- Prétendre ? Non, je ne prétends rien du tout. Ma parole est mon sceau,
comme tu as pu expérimenter toi-même. Alors, qu'en penses-tu ?
- Pourquoi ? Tu peux travailler avec moi après ce que j'ai fait ?
- Kruu rru rru, après ce que tu as fait ? Tu n'as rien fait de particulier,
boîte de conserve. Mais je vois du potentiel en toi, pas sur le terrain, mais
en soutien. Je prépare un voyage particulièrement dangereux et j'aurai besoin
de quelqu'un comme toi ! – avoua Cid. L’exploration des mondes perdus demandait
de rassembler toutes les ressources possibles et imaginables.
- Hahahaha, tu me ferais confiance pour te prêter main-forte ? Je pourrais
simplement te laisser mourir.
- Kruu rru rru, ce n'est pas la première fois. La dernière personne en date
qui m'est lancé un tel discours partage mon lit - Dit Cid. Il est vrai que
partir en exploration où chaque faux pas pouvait provoquer la mort, en
compagnie d’une personne mal intentionnée, n’était pas l’idée la plus brillante
du siècle. Bien au contraire. Pourtant cette méthode enseignée par Eiling
marchait selon toute attente, Castillyone, Jess et Bender en étaient la preuve
et pourtant les débuts de la relation ont été très compliqués. Il y avait
quelque chose dans le fait de donner confiance et liberté, quelque chose qui
faisait déconner le cerveau en l’empêchant de raisonner normalement. Les
émotions probablement… Et puis, ce n'était pas s'il allait le laisser gambader
sans surveillance - Mais je ne demanderai pas une telle, dévotion, de ta part.
Rassure-toi – sourit Cid de tous ses crocs.
- ... - le cyborg, pensif, s'apprêtait à donner sa réponse, mais quelqu'un
entra dans la pièce en compagnie d'Anatoly qui plissa des yeux en essayant de
comprendre ce qui était en train de se passer ici
- Qu'est ce qu'il y a ? - demanda Cid un petit peu frustré
- Je suis envoyé par le département de la défense ! Ce cyborg est désormais
sous notre garde - déclara le nouveau venu avec une assurance typique de
quelqu'un en position de pouvoir. Ses mots étaient loi et il n'y avait rien à
discuter.
- "Hihihi, en voilà un con dodu"
- "Ils ont été plus réactifs que prévu" - pensa Cid avant de
pousser un soupir en se levant de toute sa taille. Le bureau de la défense
avait dû dépêcher un enquêteur en express et Cid pouvait déjà voir leurs
intentions. À l'émergence des z'hums il avait déjà eu affaire à ce bureau, et
il y avait fort à parier que leurs méthodes n'avaient pas changé. Faire glisser
sous le tapis tout ce qui était dérangeant et cela a failli couter très cher à
son espèce, trop chers.
- Je ne pense pas non - dit le z'hum non par inimitié passée, mais pour des
raisons encrées dans le présent ou plutôt en prévoyance du futur. Alors que
Stephanko s'appuya de l'épaule sur la porte, amusé. Il ne lui manquait que du
pop-corn pour pleinement apprécier ce qui allait suivre.
- Je vous demande pardon ?! - s'étonna l'agent, ses petits yeux arrondis
écarquillés par l'irrévérence du z'hum. De quel droit est-ce qu'il osait lui
refuser ? Non de quel droit est-ce qu'il osait lui répondre ? Il était un gradé
de l'armée représentant l'autorité de la CEDEP !! C'était un outrage ! Non, une
trahison !
- Alors ? - demanda Cid à Diss en ignorant totalement l'envoyé de la
défense, qui fut pris d'un soubresaut nerveux
- Sigh, j'aurais préféré vous croiser plus tôt - répondit Diss avec une
petite pointe de tristesse dans sa voix.
- Je vois - répondit Cid
La proposition était sympathique et le z'hum aurait pu être quelqu'un
d'amusant à côtoyer surtout pour Ilya. Cet homme aurait pu être un cadre idéal,
une autorité paternelle absolue à l'image de son géniteur. Ou peut-être que
cette attitude n'allait faire qu'aggraver son trauma... Cependant, la raison
principale qui poussa Diss à refuser était simplement qu'il avait trop
d'informations sur la Broskap, il avait même intégré le noyau du cercle. Et ce
milieu n'était pas du genre à proposer une reconversion professionnelle, mais
plutôt à offrir des congés définitifs. La décision et la demande étaient bien
trop prématurées pour être sérieusement prises en compte.
- Je te reposerai cette question encore une fois, mais pas plus - annonça
Cid
- Je vais prendre le temps de réfléchir d'ici cette fois - répondit le
cyborg avec un étrange sentiment, une petite pointe d'enthousiasme.
- Arrêtez-les !! - annonça l'envoyé du département de la défense en
pointant l'index vers le z'hum. Mais à ce même moment Cid lui mit la main
autour de l'épaule et l’entraîna à l'extérieur de la pièce.
- Viens là toi, on va discuter un petit peu - dit-il
- Mais qu'est-ce que vous faites ? - hurla le militaire porté comme une
brindille au vent - vous avez la moindre idée de qui je suis ? Et vus ! Ne
restez pas planté là !
À sa requête, Anatoly leva simplement la main pour calmer les phanoms
stressés. Les pauvres ne savaient pas quoi faire, mais si leur boss disait de
ne pas bouger alors il n'y avait aucune raison de bouger.
- Préparez-le à l'échange - ordonna Stephanko avant de retourner dans la
salle de commande. Il était certain de que son ancien collègue allait trouver
les mots nécessaires pour, calmer, la situation. Sa méthode n'était pas
diplomatique, mais elle avait l'avantage d'être simple.
- Lâchez-moi de ce pas ou je vous arrête pour trahison contre le
gouvernement !
- Kruu rru rru, ça me ferait une belle jambe dite donc !
- Quoi ?!
- Écoute, je n'ai pas de temps à perdre avec tes conneries - dit Cid en se
massant les yeux - Si tu ouvres ta gueule une fois de plus sans mon
autorisation je te mets une claque
- Vous c...
Comme promise, la claque douce et légère selon les standards du z'hum
explosa sur la joue du militaire qui s'immobilisa complètement, les yeux si
écarquillés qu'ils allaient sortir de ses orbites. Il n'aurait jamais pu
imaginer une telle chose jamais. Mais avant qu'il ne puisse exploser sa colère,
le z'hum rapprocha son museau de son visage et lui promis, en prenant son
expression la plus sérieuse.
- Si tu me casses les couilles encore une fois, tu ne verras plus jamais la
lumière du jour ! Bien, maintenant c'est quoi ton nom ? - demanda Cid
- Charles - répondit le militaire en clignant des yeux comme une machine.
Son cerveau avait du mal à intégrer ces quelques paramètres et il avait bugué.
Ce n'était pas normal, ce qu'il vivait n'était pas du tout normal et il ne
savait pas comment répondre à la situation.
- Sors-moi ton téléphone Charles ! - demanda Cid
- Pourq...
Il suivit une nouvelle claque sur l'autre joue, un tout petit peu plus fort
et la tête du militaire bascula dangereusement sur le côté.
- Téléphone - redemanda le z'hum et Charles tendit son appareil.
- Pourquoi tu me le tends ? Tu me prends pour un raquetteur ou quoi ? Je
veux que tu appelles ton boss, c'est qui en ce moment ? Silver ?
- Oui - répondit Charles en tournant la tête vers les Phanoms en demande
d'aide, mais ces derniers firent comme s'ils ne voyaient rien. Ordre du boss
après tout.
- Tssk, ce vieux salopard ne veut pas partir hein ? Appelle-le et dis-lui
que Cidolphas Marshall désire lui parler !
- Je ne peux pas l'appeler directement monsieur, je ne peux que laisser un
message à son secrétariat, mais il est fermé à cette heure - répondit Charles
de manière plus coopérative. Le nom : Cidolphas Marshall était bien connu du
département de la défense parce qu’il était un casse-tête sans précédent dans
l'histoire de la CEDEP. Il avait le statut de terroriste tout en ayant la
protection diplomatique pour une raison que Charles ignorait complètement. Mais
le nom circulait beaucoup. Charles avait également vu ses photos à plusieurs
reprises. Cependant, Cid n'était pas le seul z'hum tigre et pour un œil humain
ils se ressemblaient tous.
- Alors laisse ce message sur son répondeur, je suis sûr qu'il l’aura -
répondit Cid en prenant sur lui de ne pas étriper cet humain qui lui tapait sur
le système. Son opinion de Charles n'avait rien à voir avec sa personnalité,
son opinion était biaisée par le passé. Au début, lorsque les z'hums ont naïvement
pensé être acceptés et reprendre leurs anciennes vies auprès de leurs familles
; après des années passées en tant que cobayes, c'est le département de la
défense, John Silver, qui avait eu la brillante idée de faire disparaître ces
personnes. Pour cacher le fait que plusieurs gouvernements asphyxiés, appauvris
par l'effort de guerre contre les kissadzés, ont vendu leurs indésirables pour
nettoyer les rues et redonner confiance en l'économie. Voyez, on fait notre
travail, tout ira pour le mieux. Silver n'avait pas été à l'origine de cette
décision, mais il devait nettoyer derrière et malheureusement, le dialogue n'a
pas été sa première intention. Cid et les patriarches ont dû user de ce qu'ils
avaient appris durant leur période de détention, dans les cages à fratricide.
Ils ont dû se défendre alors qu'ils voulaient être en paix, ce qui leur valut
le statut de terroriste qui resta inchangé, au cas où.
Charles passa le coup de fil. Il rageait intérieurement, son orgueil avait
pris un coup néanmoins, il était, pour l'instant, plus intéressé par garder sa
vie sauve. Tant que l'animal était à deux pas, il valait mieux être coopératif
et après, après il y avait plein de moyens de lui faire payer. En pensant avec
ravissement à cet après, Charles senti le regard de Cid, ses yeux orange
avaient une telle intensité, que le militaire sentit son esprit être scruté.
Paniquant sur le fait que le z'hum pouvait voir ce qu'il pensait, qu'il savait
! C'est pourquoi il fit la chose la plus naturelle possible, dans la situation
la moins naturelle imaginable. Il fit un large sourire pour faire comprendre
que tout allait bien, et clairement il ne réfléchissait pas de manière normale.
Une telle inconsistance comportementale était le signe d'un choc
psychologique. Le cerveau ne savait comment traiter correctement l'information
cognitive et émotionnelle et le résultat était cet étrange affichage externe
sur le visage et dans la gestuelle. Marshall voulut recadrer cette anomalie
avant qu'elle n'explose en une situation délicate à gérer, en tapant un petit
peu plus sur le clou qui dépasse, le téléphone de Charles sonna et ce dernier
le tendit à Cid
- Allô Silver ?
- Cid ! - répondit le général avec une voix fatiguée. Il commençait à peine
à trouver un sommeil très souhaité, mais l’univers n’avait apparemment rien à
faire de son insomnie - Que me vaut ce déplaisir ?
- Kruu rru rru - ria sèchement Cid sans une pointe d'amusement - Je crois qu'on va avoir
un problème !
- Et quand est-ce que ça ne l'est pas avec toi ? - demanda Silver
- Là, ça touche ma famille Silver ! Et tu sais que je ne le prends pas très
bien quand ma famille est menacée.
- Je crois m'en rappeler oui - répondit John Silver en caressant sa
griffure sur la joue. À une certaine époque, Cid était bien plus sauvage dans
ses "conversations" et il n'était pas prudent de le ramener à ce
niveau de désespoir - Raconte et je verrai SI je peux faire quoi que ce soit -
répondit le général
- Il y a une prise d'otage à Pasteuria et ma famille est parmi les otages -
répondit Cid
- Ta famille, laquelle ? - demanda Silver que le z'hum perçu comme
provocateur.
- Tu sais très bien laquelle John ! - répondit froidement Cid en décidant
d'avaler les injures et les menaces qui prenaient naissance dans son esprit.
- Je n'ai pas donné l'or...
- John ! laisse tomber ! - le coupa sèchement Marshall
- Ok - laissa tomber Silver. Certaines décisions étaient comme des taches
indélébiles - Mais si ce n'est qu'une prise d'otage quel est le problème ?
Pourquoi est-ce qu'on se fait subir cette conversation ?
- Le preneur d'otage souhaite faire un échange avec un de ses collègues
capturés - commença d'expliquer Cid
- Et ?
- Et il y a utilisation soupçonnée d'une IA - dit le z'hum en coupant court
à l'histoire. Il n'aimait pas être coupé et plus que tout il ne voyait pas
pourquoi il se ferait violence plus longtemps que nécessaire.
- Une IA ? Comment c'est possible ? On a vérouill...
- On s'en fou de tout ça. J'ai besoin de procéder à un échange avec cet
otage. Après tu fais ce que tu veux ! - le coupa Cid
- Cid, attends, si une IA est impliquée ça change tout...
- Ça change quoi John ?! - commença à s’énerver le géant
- Écoute, ce n'est pas si simple.
- Ça l'ait pour moi. Est-ce que tu vas mettre ma famille en danger oui ou
non ? - demanda Marshall. Son interlocuteur resta silencieux pendant plusieurs
secondes, essayant de rassembler ses pensées ainsi que sa patience.
- Sigh, tu n'aides pas mon insomnie tu sais - finit par répondre Silver sur
un ton épuisé - passe-moi l'agent Charles
- Tssk, t'es un vrai connard tu sais ça ? - annonça Cid en ayant l'étrange
impression qu'il venait de mettre le pied sur une toile d'araignée.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles - répondit Silver avec une
naïveté presque sincère - Par contre je te demanderai de ne pas écouter notre
conversation
- Et pourquoi je ferais ça ? - demanda le z'hum qui se sentait perdre sans
savoir quoi exactement.
- Parce que c'est une conversation classée sous secret d'État et parce que
c'est une preuve de confiance. Tu ne me demandes quand même pas de faire un
geste dans ton sens sans même assurer mes arrières si ?
- Kruu rru rru, je te reconnais bien là - avoua Marshall en cachant à peine
son mépris - Ça me va ! Mais John, ne fais pas de connerie - prévint-il
ensuite.
- Je n'ai aucune intention de déterrer la hache de guerre. Contrairement à
ce que vous croyez, je n'ai aucune motivation génocidaire.
- Krruu rru rru ! Je regrette que tu ne sois pas à portée de main !
- De rien mon cher - répondit Silver. Vu qu'il ne s'attendait pas à un
merci, il ne fut pas vexé - Passe-moi mon agent s'il te plait.
- Tiens ! - fit Cid en collant l'appareil contre la poitrine de Charles, le
poussant contre le mur - Désolé ! - dit-il avant de faire demi-tour et
rejoindre Anatoly dans la salle de commande
- Alors ? - demanda ce dernier
- On attend - répondit Cid en pensant - "Bordel, qu'est-ce que je me
sens sale".
- Tu as remarqué qu'il est venu tout seul ? - demanda Anatoly à voix basse.
- Qui ça ?
- Le mec du bureau, Charles. J'ai fourni suffisamment d'infos pour qu'il
sache que la personne impliquée est dangereuse et pourtant il débarque tout
seul avec une attitude.
- Si tu essayes de me dire que c'était une mise en scène, tu perds ton
temps. Je le sais déjà, j'ignore juste ce qu'il veut vraiment. Silver est le
genre de personne qui essaye toujours de prendre quelque chose qui
t'appartient. Dans les bons jours ça peut être un simple stylo, et dans les
pires...
- Et dans les pires ? - demanda Anatoly pour inciter Cid à continuer, mais
visiblement, ce dernier comptait restait dans le flou - Ok, on attend de voir
donc ?
- Plus très longtemps - répondit Cid et quelques instants plus tard la
porte de la pièce s'écarta, laissant entrer Charles pâle comme un linge.
- Kruu rru rru ! C'est bon ? Vous avez fini de comploter ? -
demanda Cid sur un ton méprisant. L'agent ne répondit pas, mais tendit le
téléphone au z'hum - J'écoute.
- Sigh... C'est très compliqué comme affaire...
- Arrête d'essayer de me vendre un tapis, tu te trompes de client. Tu veux
quoi ?
- Haha, c'est vrai. Allons directement à l'essentiel. J'autorise
l'échange...
- Tu l'autorises ?! - demanda Marshall avec une pointe d'énervement.
- Eh bien, disons alors que je ne m'y oppose pas si tu préfères. Par
contre, tu comprends bien que ça ne peut pas en rester là n'est-ce pas ?
- Quoi, tu veux que je t'aide à leur mettre la main dessus ?
- Oui et non - répondit Silver - j'aimerai plutôt que tu m'envoies une
équipe qui sous tiendra notre effort.
- Une équipe ? Sans moi ?
- Sans toi, nous sommes tous les deux conscients qu'il serait mieux pour
moi qu’on ne se croise pas, n’est-ce pas ? Cependant, j'aimerais beaucoup
travailler avec ton fils.
- Krruu rru rru rru rru ! KRUU RRU RRU RRU RRU ! - explosa Cid de
rire, mais son visage n'avait rien d'amusé. Anatoly vit à nouveau les yeux
orange du z'hum devenir noir et rouges. Appuyant davantage son expression de
colère - je ne suis pas certain de t'avoir bien entendu - dit Cid en posant la
main sur l'épaule de Charles, le massant douloureusement - Tu veux que je
t'envoie mon fils c'est ça ?
- C'est un échange que je trouve équivalent au service demandé. Et puis, ce
serait une parfaite opportunité pour le petit de faire quelque chose de plus
productif que ses échappées nocturnes.
- Tu as bien préparé ton coup on dirait - répondit sèchement Cid
- Ne le dit comme ça, j'ai l'impression d'être une personne machiavélique
qui cogite des plans tordus dans sa cave. Je n'ai rien préparé du tout,
- Arrête tes conneries - répondit Cid en se demandant si Silver avait un
rôle à jouer dans tout ce qui se passait ici - "C'est très peu
probable, mais pas impossible" - pensa le z'hum
- "Hihihi, il attendait une bonne opportunité le coquin"
- "Je pense aussi" - répondit Marshall avant de continuer la
conversation - Tu veux me faire croire que tu n'as jamais pensé à le recruter ?
- demanda t il en appuyant un peu plus fort sur l'épaule de Charles.
- Oh non, pas du tout. Non seulement je le voulais, mais j'en rêvais aussi
quand je pouvais trouver le sommeil. Commander un Marshall junior, mmmm - fit
Silver, en fermant les yeux, imaginant le plaisir qu'il allait en tirer - c'est
une opportunité à ne pas rater. De plus tu l'as formé comme il faut, et je te
remercie de nous avoir mâché le travail - dit-il en se passant la main sur sa
joue balafrée.
- Kruu rru rru, très bien. Mais si tu penses pouvoir le contrôler, tu te
mets le doigt dans le cul.
- Hahaha, tu crois ? Je n'ai aucune intention de le contrôler, voyons. Je
veux juste sa coopération et qu'il termine ce qu'il a commencé.
- Comment ça ?
- Ah ?! Tu n'es pas au courant ? J'imagine qu'avoir un réseau d'espion est
utile en fin de compte. Hmm, si tu l'ignores alors je ne vois pas de raison de
te le dire, ce sera un secret entre junior et moi. À moins qu'il décide de t'en
parler bien sûr.
- .... une seconde ! - demanda Cid. Il se tourna vers Charles et lui
demanda - qu'est-ce que tu lui as fait ? - demanda le z'hum
- Je vous demande pardon ? - demanda Charles
- Qu'est-ce que tu lui as fait pour qu'il t'envoie toi ici ? - demanda Cid
en continuant à masser douloureusement l'épaule.
- Je ne... Je... je ne vois pas de quoi vous parlez - répondit Charles. Cid
avait senti qu'il voulait parler, mais entre lui et silver, l'agent avait
choisi de craindre Silver.
- Tant pis - dit Cid en pressant un petit peu sur la clavicule, et il y eut
un crac suivi par les cris de douleur de Charles
- Ah ! J'entends que tu n'as pas beaucoup changé. Tu as toujours des
problèmes pour gérer ta frustration - dit Silver amusé.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Charles vient d'avoir un accident avec
une porte
- Haha, oui bien sûr. Il a toujours été quelqu'un de très maladroit. Mais
je suppose qu'avoir les yeux embrumés par l'ambition n'aide pas.
- Hmpf, très bien. J'accepte ta proposition - annonça Marshall.
- Oh ? Voilà qui est étonnant. Dans ce cas j'annule l'intervention de
l'armée et je te laisse procéder à l'échange. J'attends d'avoir bientôt de tes
nouvelles - dis John avant de couper l'appel le sourire aux lèvres. Sa fatigue
et sa nervosité avaient été allégées par l'euphorie du moment. Il avait passé
des années à trouver un moyen d'outrepasser la surveillance de Cid et créer une
raison valable et crédible d'entrer en contact avec junior et là, c'était juste
l'opportunité rêvée. Avec un agent de ce calibre, avec les informations
génétiques qu'il pouvait recueillir, rien n'était impossible.
- Tu es sûr que c'est une bonne idée ? - demanda Anatoly
- Tssk, c'est une terrible idée. Mais entre lui et moi, c'est compliqué -
répondit simplement Cid. Il ne voulait pas rentrer dans les détails, il ne
pouvait pas rentrer dans les détails. Lorsque les z'hums avaient fait irruption
dans le monde civilisé après s'être échappé des laboratoires qui les ont vu
être transformés, la majorité voulait revenir, revoir leur famille. Non, pour
reprendre leurs places, leurs anciennes vies, mais simplement pour voir que
tout allait bien ou du moins que tout allait aussi bien que possible. Tout le
monde était conscient que ces rencontres ne devaient pas être publiques,
mais... certains ont craqué, des coups de fil racontant la présence de monstres
se sont multipliés et une chasse a été ouverte. Après la guerre contre les
kissadzés, les monstres n'étaient les bienvenus nulle part, le traumatisme de
cette horreur était encore vif, et est toujours vif. Le public voulait se
débarrasser de ces créatures, le gouvernement voulait se débarrasser de ces
créatures, les esprits étaient échauffés et un conflit était inévitable. Cid a
été le facteur déterminant dans la cessation du dit conflit en se forçant un
chemin jusqu'au palais de Bellalto, et jusqu'à la chambre du président Martino
Rozeti.
Après cette rencontre mémorable, une proposition de négociation a été mise
sur la table signée par les patriarches z'hum faisant de Cid le pilier central
de cet accord ainsi que l’otage. Chacune de ses actions devait prendre l'autre
côté de l'équation en compte. Au départ il était lié à la CEDEP et
particulièrement à John Silver qui était l'agent de liaison, et il servait dans
tous les corps militaires pour garder ses amis à l’œil et ses ennemis encre
plus près, mais le travail formidable d'Abhala Bikele, le premier sénateur
z'hum de l'histoire, lui a donné la possibilité de lâcher du lest. Abhala avait
réussi et continuait à faire accepter les z'hums et son plus grand exploit
avait été de gagner le VPI (vote pour l'intégration) faisant des z'hums des
citoyens de la CEDEP. Malheureusement, les tensions raciales n'ont pas été
résolues pour autant.
- Je veux bien te croire - répondit Anatoly en regardant Charles se tordre
au sol - quelqu'un peut le sortir de là ? - demanda-t-il ensuite avant qu'un
Phanom ne porte l'agent hors de la pièce.
- Bon, qu'est ce qu'on attend ? - demanda Cid
- Que mes hommes finissent de cartographier les égouts. C'est le seul
endroit par lequel ils peuvent s'échapper.
- Ah oui c'est vrai kruu rru rru. On peut faire ça - rigola Cid
- Si on peut les capturer avant qu’ils ne disparaissent dans la nature,
alors le problème se règle tout seul.
- Non, c'est vrai ? Je n'y avais pas pensé Sherlock
- Hmm ?
- Rien, et ça va prendre combien de temps ?
- Une heure au grand maximum.
- Dans ce cas, oublie
- Je sais, mais je dois faire mon boulot sans regret - répondit Anatoly au
même moment où le téléphone sonna à nouveau et cette fois, gagner du temps
allait être particulièrement difficile.
- Où en ait l'échange ? - demanda Ilya en allant droit au but - J'estime
que j'ai été suffisamment patient - dit-il avec une pointe audible de
frustration.
- Eh bien, nous avons besoin d'un peu plus...
- Est-ce que je vais être obligé d'exécuter les otages pour vous faire
réagir ?!
- Non, ce ne sera pas la peine je vous assure. Je voulais simplement vous
dire que nous avons besoin d'un peu plus de temps pour préparer l'échange.
- Vous avez 15 minutes. Un seul agent, pas plus. J'attends !
- C'est parfait. Vous avez une demande particulière concernant l'agent en
question ?
- Non
- Très bien - répondit Anatoly avant de commenter une fois la liaison
coupée - Je ne pensais pas que ça passerait si bien. C'est quand même agréable
de travailler avec des professionnels.
- Tu trouves ? Je ne l'ai pas trouvé si professionnel que ça. II a quand
même eut une crise hystérique impardonnable - rappela Cid.
- C'est vrai. Et j'imagine que tu vas vouloir être celui qui va procéder à
l'échange ?
- Kruu rru rru, tu me connais si bien Antoine - sourit le z'hum.
- ... Je ne sais pas si c'est une bonne idée - répondit Stephanko inquiet.
- Et pourquoi ça ?
- Tu te sens retenir ton calme là-bas ?
- Hey, pour qui tu me prends. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je
retourne en enfer Kruu rru rru.
- Très drôle. C'est ta famille en bas - dit Anatoly en prenant l'avant-bras
de Cid d'une poigne ferme, avant d'ajouter - mais c'est aussi mon personnel. Ne
fais pas de conneries.
- Krru rru rru ! Regarde-toi, rempli d'inquiétude. Le temps peut changer bien des personnes
- dit Cid avant d'ajouter - Ne t'en fais pas, je suis un père.
- C'est bien ce qui m'inquiète.
- Je suis un père Anatoly, je sais que je suis ne pas le seul père au monde
alors je réfléchis un peu plus avant de prendre une vie. Parce que l'abruti qui
m'a amené a une telle extrémité est le fils de quelqu'un.
- C'est...
- Profond ? Je sais kruu rru rru - dit Marshall en libérant son bras de la
prise d'Anatoly - Ne t'en fait pas, je ne compte pas créer de problème. Je
compte finir mes jours sur une plage à casser les pieds de jeunes cons et non
ensevelis sous des millions de tonnes de pierre.
- "Quoique, après tout ce que j'ai vécu, je me demande"
- "Hihihi, c'est vrai que tu as pris des décisions à la con"
- "..."
- On te soutiendra du mieux qu'on peut - annonça Anatoly.
- Oh mais c'est mignon tout plein - répondit Cid avant de sortir de la
pièce.
- Hmpf, où sont nos gars ? - demanda Stephanko à son équipe.
- PH star 1 et 3 sont en position. Les autres ne vont pas tarder.
- Bien, très bien. P.H. STARS ici Phoenix, vous me recevez ?
- Phoenix, ici P.H. Star 1 je vous reçois.
- Ok, vous savez tous ce que vous avez à faire - dit Anatoly. Ses hommes
avaient du métier et il leur avait déjà expliqué que la priorité était les
otages. Il n'avait pas besoin de le répéter - Les rats vont bientôt sortir.
- Bien reçu !
Diss attendait nerveusement sur sa chaise que vienne l'heure de l'échange.
La sensation de fatigue qu'il ressentait était quelque chose dont il se
rappelait uniquement dans ses plus sombres souvenirs. Les campagnes saintes qui
s'étendaient sur des années pour défendre les limites du monde humain avaient
cette tendance de laisser sur les rotules. La première à laquelle il avait
participé à une telle chose, il avait complètement perdu toute notion de
réalité. Rien que le champ de bataille, Umphikade, était un spectacle qui
brisait la volonté des plus aguerris. Une somme de cratères dépourvus de toutes
formes de vies, entourées de montagnes crachant le magma... Même le ciel
semblait accuser le coup des éons de guerre qu'il se lassait d'observer en
montrant des étoiles qui n'appartenaient pas à ce monde.
- "Il faut être fou de vouloir y retourner" - pensa Diss en riant
intérieurement de sa propre folie. Mais c'était son monde, c'était le monde
qu'il connaissait. Il est plus facile de reproduire une condition dans laquelle
on a été éduqué, même si cette condition est catastrophique. Cette réalité
était observable partout chez les humains. Les enfants qui juraient ne jamais
reproduire les erreurs des parents pour se retrouver 20 ou 30 ans plus tard
dans la même configuration qui les a vu grandir.
La porte s'ouvrit avec force et Diss vit arriver le géant hybride avec un
visage sérieux et il ne sut comment interpréter cette face monstrueuse.
Avait-il réussi à convaincre les autorités de le laisser partir ? Où venait il
s'excuser de son arrogance qui n'avait de rival que celle d'un dieu ! Et, pour
une raison qu'il ne savait aucun expliquer correctement, il avait un coup de
cœur pour la deuxième option.
- Lève-toi ! On s'en va ! - ordonna le z'hum sur un ton impérieux.
- Où ça ? - demanda Diss avec une réelle curiosité
- Où d'autre ? - s'étonna sincèrement Cid, comme s'il venait de dire une
évidence ignorée par son interlocuteur - Je t'emmène jouer avec ton petit ami.
Alors tu es content ? Kruu rru rru
- "Tssk !" - Diss se surprit à ressentir une forme de déception à
cette réalité, juste à cause du visage satisfait de l'abomination - J'aurai du
mal à marcher avec ça - Dit-il en montrant son bras perforé de sangsues
électriques.
- Je ne vois pas où est le problème ? - dit Cid en s'avançant vers son
interlocuteur - Je peux te porter si tu veux, soit comme un sac à dos, où une
comme une nouvelle mariée. Ah, c'est ce que tu voulais ? Que je te porte comme
demoiselle ? - demanda le z'hum en se penchant pour rapprocher son visage de
celui d'Ameno - Tu me fais un bisou avant ?
- Yob tvaiou mate !
- Kruu rru rru, dans ce cas on est parti - dit Cid avant de faire
demi-tour. Diss sentit un afflux soudain d’énergie et regarda sa main
débarrassée des piques qui lui perçaient la main. Et la sensation de pouvoir
enfin bouger correctement lui fit un bien fou. Mais c'est qui l'énerva aussitôt
était le dos tourné du géant - Tu as quelque chose à dire ? - demanda le z'hum
- Non ! - fit Diss qui comprenait la manœuvre puérile. L'animal ne
cherchait qu'une excuse pour libérer ses pulsions destructrices et il savait
qu'il avait l'avantage. Comment ? Pourquoi ? C'était une énigme, mais il
apparaissait que ce monde avait son lot de guerriers qu'il n'était prudent de
sous-estimer.
- Hmm ? Décevant. Je m'attendais à ce que tu fasses une connerie, mais il y
a encore un peu de chemin jusqu'au lieu d'échange - répondit Cid moqueur avant
de sortir de la pièce, suivie par Diss. Malgré son dos tourné, il voyait tout
ce qui se passait, où plutôt sentait tout ce qui se passait. Ses sens
surdéveloppés pouvaient même capter le courant électromagnétique
caractéristique du système nerveux humain et dans le cas du cyborg, l'activité
électrique était encore plus présente. Et vu que l'électricité est plus rapide
que le vent, il pouvait percevoir les fluctuations de ce champ en un temps
record. Même si Diss décidait de prendre la fuite maintenant, il pouvait réagir
à temps pour le maîtriser. Cependant, par mesure de sécurité, la marche était
suivie par P.H. Star 9 et son collègue.
Une fois à l'extérieur, Diss put constater que l'anomalie climatique
commençait à se calmer. Le ciel continuait à agir comme un océan agité à
l'intérieur d'un cercle de nuages suffisamment denses pour être clairement
visible dans le cœur de la nuit. La scène donnait l'impression que le phénomène
surnaturel, ce froid venu de nulle part était contenu par la barrière nuageuse.
Et à l'intérieur, la réalité avait du mal à afficher une image correcte, comme
si elle avait du mal à décider quoi montrer.
- Hmpf - fit Diss, mais en l'absence de réaction du géant pensa - "Je
me sens chez moi" - Il était d'ailleurs étrange qu'il s'attende à un un
petit quelque chose, une pique ou même grognement. Diss Ameno n'avait jamais
connu d’interaction normale. Sa famille était bien trop occupée à trouver un
moyen de survivre et dès l'âge de quatre ans il accompagnait son frère et son
père à la recherche de pièces sur les vieux charniers.
Ils rentraient le soir, épuisés, et rarement de bonne humeur pour avoir une
quelconque interaction proche. Et l'opportunité lui avait été à jamais arrachée
lorsqu'un dieu de la guerre passa par-là, attiré par le signal d'un change peau
qui avait échappé à la vigilance des guerriers du village et des villageois
eux-mêmes. Personne ne savait que les démons pouvaient faire une chose
pareille, personne ne s'attendait à ce qu'un démon de la guerre se retrouve si
loin du front. Le résultat fut un massacre.
Sa rencontre avec Ilya plusieurs années plus tard avait également été
difficile, ils avaient failli mourir tous les deux... C'est pourquoi les
actions de Cid ont provoqué une certaine nostalgie. Et même si, sur ce sujet
d’interaction, ils avaient un point commun. Cid avait d'autres chats à
fouetter. Il ne prêta aucune attention au ciel ni à la neige qui tombait
encore. Il avait vu son lot d'absurdités dans la quête aux artefacts et il
allait en voir encore. Ce sur quoi son attention était concentrée était sur
l'échange à suivre : l'implication de Silver le préoccupait, ainsi que celle du
jeune Dréïfus. S'il était le quart de ce que son oncle alors il y avait de quoi
être inquiet.
- "Mais oui !" - pensa Cid en s'arrêtant net
- "Hihihi, ça t'en a pris du temps dit donc. Au royaume des légumes,
tu serais un génie" - se moqua sa voix.
- "Me saoule pas maintenant toi" - fulmina Cid avant de se
retourner vers Diss - Hey, le gars que tu as transformé en Shashlik
(brochette). Il a eu un comportement étrange ?
- Défini étrange - sourit Diss
- Qui sort de l'ordinaire - répondit Cid avec une pointe d'impatience.
- Il faudrait déjà que je sache c'est quoi son comportement ordinaire non ?
- kruu rru rru, pas faux, pas faux - dit Cid en reprenant la marche
- Quoi c'est tout ? - demanda Diss en secouant la tête.
- Je comprends vite, alors il ne faut pas m'expliquer longtemps - répondit
Cid, ce qui lui valut un fou rire de la part de sa voix qu'il eut du mal à
confiner à l'intérieur de son esprit.
- Je ne suis pas sûr d'avoir compris - répondit Diss
- Ouais bah, fait pas chier - grommela Cid
- ... Il m'a laissé passer - avoua Ameno et le z'hum eut la chair de poule.
- "Et merde !" - pensa-t-il en sentant la montagne de problèmes
suspendue au-dessus de Pasteuria.
- La cible, c'était la fille ? - demanda Cid en marchant
- Je ne sais pas, peut-être bien que oui, peut-être bien que non - répondit
Diss en hochant des épaules
- Kruu rru rru. Qu'est ce qu'elle a bien pu faire pour mériter autant d'attention ? -
demanda Cid en en serrant les poings. Son rire, comme bien souvent, n'était pas
une manifestation de joie, mais simplement un son qui avait tendance à sortir
de sa gorge avec le surplus émotif qu'il n'arrivait pas à contenir : joie,
peine, colère, haine, frustration... Et la raison de son émotion montante était
le souvenir passé que des humains l'avaient un jour privé de sa liberté en
changeant à jamais son monde par une douleur inimaginable. Il ne connaissait
pas cette jeune femme ni ne comptait la connaître un jour, mais les z'hums
étaient intrinsèquement liés à la notion de liberté. Peut-être un souvenir
génétique lié à l'animal sauvage en eux, ou peut-être était une empathie issue
de la mémoire collective des z'hums encagés.
- J'ignorai qu'il y ait besoin d'une raison pour qu'une personne soit
malheureuse. Mais, elle a l'air d'une jolie femme, cela pourrait suffire comme
raison. Si jamais quelqu'un désirait la kidnapper bien sûr - dit Diss en se
tournant vers son escorte arrière. Nothingham avait placé la main devant son
collègue pour l'empêcher d'avancer trop près, car ce dernier serait
dangereusement le manche de son arme.
- C'est à cause de personnes comme toi que ce monde est pourri ! - réagit
vigoureusement le Phanom.
- Ferme là petit - réagit Cid - Là où on fait son lit, on se couche. Un
produit qui n'a aucun marché finit par disparaître.
- C'est bien ce que je dis ! C'est à cause de personnes comme lui, des
malades psychopathes, que ce monde pue la mort.
- T'as rien compris au problème toi. Concentre-toi sur l'objectif et arrête
de me casser les oreilles avec tes états d'âme - ordonna le z'hum. La pensée du
Phanom était bien trop naïve et superficielle pour mériter d'être débattue, à
son sens. On peut punir une personne pour avoir commis un acte peu
recommandable, mais on ne peut pas punir cette même personne pour avoir essayé
d'exploiter un système que tout le monde à accepter. L'existence de ces
individus était un sous-produit du chemin choisi par la civilisation humaine
dans son ensemble. Autrement dit, pour le z'hum, tout le monde était
responsable, sans exception.
- C'est agréable d'avoir une personne qui peut comprendre - répondit Diss
ravi
- Kruu rru rru, toi non plus t'as rien compris. Comprendre et pardonner
sont deux choses différentes.
- Je n'ai jamais demandé un quelconque pardon, je m'en fiche éperdument du
pardon. La compréhension par contre, ce n'est pas désagréable.
- Hmpf ! - fit le félin en comprenant parfaitement ce sentiment. Il était
passé par là aussi pendant son passé sauvage c'est pourquoi il savait aussi une
chose - tôt ou tard tu croiseras un miroir, et tu n'aimeras pas ce que tu
verras.
- Tu parles d'expérience ? Hmm, c'est vrai que si j'avais ta gueule
affreuse, je n'aimerais pas le reflet - répondit Diss pensif.
- Kruu rru rru ! N'oublie pas de penser à mon offre, on peut bien s'amuser tous les deux.
- Ha ! Je commence à le croire aussi.
Serturneria approchait à grands pas, et avec l'approche du bâtiment
arrivait la fin de cette nuit interminable. Les phanoms cerclaient complètement
l’hôpital, couvrant tous les accès possibles et imaginables. Aucun rat ne
pouvait sortir de là sans être repéré. La station orbitale avait les satellites
prêts et trois méchas modèles PROTO ZE ( 10 mètres de haut pour 65 tonnes,
spécialisées dans l'armement de contrôle de foules: canons soniques et
micro-ondes, lanceur de gaz paralysant et assourdissant, LSC (Liquide à
Solidification contrôlée), et pour les foules bien plus hostiles, le P-ZE est
équipé d'un CCM (court circuiteur mental: arme soumise à des régulations très
strictes et dont l'utilisation doit être justifiée par un rapport détaillé au
ministère de la Justice)) planaient au-dessus du bâtiment, soutenus par leurs
propulseurs dorsaux et plantaires.
- Sacré comité ! - commenta Diss en apercevant la foule de mercenaires
- Tu t'attendais à quoi ? - demanda Diss - Même moi je ne ferai pas la
bêtise de m'attaquer à cet hôpital avec un plan à deux balles. Sans cette prise
d’otage, tout serait fini très vite.
- Alors il n'était pas si foireux que ça le plan. En échange de quelques
bleus, j'ai tout ce que je suis venu chercher - dit Diss sans s'en vanter. C'était
simplement une constatation de la réalité.
- KRUU RRU RRU RRU !! Tu n'es quand même pas débile au point de
croire que c'est fini ? - demanda Cid - Tu as embarrassé Pasteuria et le vieux
le plus terrifiant de l'univers connu et inconnu, tu as blessé des civils,
utiliser une IA et planifier une prise d'otage. Ton cauchemar ne fait que
commencer - expliqua le z'hum. Il était persuadé que son interlocuteur savait
pertinemment qu'il venait de mettre le pied dans une fourmilière, et ces
petites bêtes sont carnivores.
- Mais je peux toujours accepter ta proposition de job - rappela Diss sur
un ton moqueur. Il est vrai que l'animal ne lui avait pas menti jusque-là, mais
il n'avait aucune raison de croire qu'il était capable d'envoyer tout ce monde
se faire voir ailleurs. Tout ce qu'il pouvait faire était de donner un sursis
et pas plus.
- Kruu rru rru, c'est exact et tu as 6 mois pour te décider - annonça Cid
- Pour une mission suicide à ce que j'ai compris - il avait cru comprendre
que l'animal préparait un voyage dans un endroit particulièrement dangereux.
- Suicide ?! - s'étonna Marshall - Il y a une très forte probabilité d'y
passer oui, mais c'est mon job de transformer les 5 % en 100 %
- Quelle coïncidence ! C'est aussi le mien - répondit Ameno.
- Kruu rru rru, je ne me serai pas mouillé si ce n'était pas le cas. Tout
ce dont j'ai besoin c'est d'avoir même 2 % de chance en plus. Et ta technologie
m'intéresse. Je n'ai jamais rien vu de tel, d'où est-ce qu'elle vient ?
- Bien essayé, mais tu as raté ta chance d'extraire ces informations. De
toute façon, ton interrogatoire aurait été une perte de temps - dit Diss
- C'est la perspective de liberté qui te rend aussi bavard ? Où c'est l'air
qui entre dans ton cerveau ?
- ...
À cet instant le groupe de quatre, sous les regards des Phanoms, entra dans
le bâtiment et se dirigea vers l'ascenseur menant à la pièce isolée.
- J'espère que t'arriveras à te sortir de là sans créer plus de problèmes à
ma famille. Dans ce cas, considère-moi dans en tête de groupe de tous ceux qui
vont vous chasser - le prévint Cid en appuyant sur le bouton d'appel de
l'ascenseur.
- Je comprends. Je sais très bien à quel point le désir de vengeance peut
consumer un homme - répondit Diss en lançant en Cid un regard rempli
d'histoire. Il est difficile de voir des émotions comme la franchise dans des
yeux bioniques. Certains modèles pouvaient même être programmés pour manifester
la sympathie à travers le rire du regard (très prisé par les commerciaux).
Cependant, la tâche n'était pas impossible, surtout lorsqu'on comprenait le
langage corporel. Et ce dernier disait que l'homme-machine ne mentait pas et
Cid ne sut pas comment le prendre. Il pouvait comprendre que soit cet individu
est passé par là et pouvait faire preuve d'une certaine empathie. Ou, il
pouvait comprendre que cet homme était sur le sentier de la vengeance et
n'avait égard pour rien d'autre que sa vendetta. Le deuxième cas était plus
probable au vu de ses actions, et il déterminait clairement ses priorités.
- Kruu rru rru je te remercie de ta compréhension - dit Cid au moment où
les portes s'ouvrirent dévoilant deux personnes. Une femme âgée que le z'hum
reconnu aussitôt comme étant Shirley, menacée par une lame tenue par une autre
femme qu'il n'avait encore jamais v - Ah, le taxi est arrivé - dit-il ensuite
en essayant d'entrée.
- Recule ! - hurla Amina en rapprochant sa lame de la gorge de Shirley -
Que personne ne bouge sinon je l'égorge - prévint la mercenaire de manière
audible à toutes les personnes occupant le couloir.
- Du calme - dit Cid - je suis l'escorte boy krru rru rru
- Ta gueule ! recule ! - menaça la jeune femme et le sang du z'hum faillit
ne faire qu'un tour en le plongeant dans une frénésie connue par le public
comme "voir rouge". Un phénomène qui rendait les z’hums, surtout les
plus jeunes, particulièrement dangereux. Un fort stress lié à de la violence
pouvait les amener à s’oublier avant de commettre l’irréparable.
- Il est avec moi - se mêla Diss - il va descendre avec nous.
- Mais ça ne va pas ? t'as vu le monstre ?! – protesta Touret.
- Hey ! - dit Cid avec une froideur qui fit dresser les cheveux sur la tête
de la mercenaire - C'est monsieur monstre pour toi, ne refait jamais cette
erreur.
- Pou... Pour qui te prend...
- Je descends avec le toaster ambulant, c'est non négociable - dit Cid en
entrant dans l'ascenseur qui protesta légèrement contre les quelque 300 kilos
qui s'ajoutèrent à sa charge. La jeune femme faillit perdre le contrôle de la
situation et tenter de commettre l'irréparable, mais Diss intervint.
- Garde ton couteau Sur la gorge et Non à l'intérieur et tout ira bien. La
boule de poils se tiendra à carreau - dit-il avant de monter à son tour,
surveillant également Cid. Si près du but, il serait stupide que tout foire
pour si peu.
- Yep ce serait dommage que je sois obligé de séparer une si jolie tête du
reste du corps Kruu rru rru
- Qu'est-ce que t'as dit ?! Répète ça un peu pour voir ? - s'énerva Amina
poussée par l'adrénaline et la peur. Elle avait côtoyé quelques z'hums au cours
de sa vie professionnelle, mais elle n'avait jamais croisé un truc pareil. Ce
truc bâti comme une montagne irradiait la dangerosité et l'hostilité au point
où il devenait difficile de respirer et de réfléchir correctement. Surtout dans
cet espace confiné qu'il remplissait à moitié, le z'hum était encore plus
impressionnant - "Qu'est-ce qui t'as pris de laisser entrer ce monstre,
putain !" - fulmina intérieurement la jeune femme alors que la sueur
commençait à perler sur son front et que ses mains commençaient à trembler
dangereusement.
- Ravi de vous revoir madame Shirley - dit Cid en pinçant la lame de la
mercenaire pendant qu'elle cligna de l'oeil gauche, mouillé par la sueur. La
panique la saisit comme une maladie tropicale, entraînant fièvre et
transpiration.
Touret essaye de bouger la lame dans les sens et de toutes ses forces. Mais
le bout de plastique recouvert de la pellicule monofilamentaire se brisa
simplement au niveau du manche, laissant le bout dangereux entre l'index et le
pouce du zoohumain.
- Ah ba bravo - dit Cid.
- À quoi est-ce que tu joues ? - demanda Diss qui commençait à se sentir un
petit peu à l’étroit dans cet ascenseur.
- Je voulais juste lui épargner de faire une bêtise par accident. Là, je
n'aurai pas répondu de moi - explique Cid en examinant la lame argentée - Hoh !
La mercenaire tourna la tête vers son contractant et son expression du
visage bête demandait
- "Qu'est-ce que je fais ?" - d'une manière particulièrement
sincère. Elle n'avait jamais rencontré ce cas de figure au cours de sa
carrière, elle ne savait même pas de quelle manière rééquilibrer le jeu de
pouvoir. Qu'est ce qu'elle pouvait faire qui n'allait pas envoyer sa tête voler
séparément de son corps.
- "Laisse" - répondit Diss d'un geste de la main - J'espère que
tu garderas tes idées brillantes pour le restant de l'échange. Mon ami n'est
pas aussi compréhensif que moi - dit-il ensuite sérieusement.
- Kruu rru rru ! Je suis curieux de voir ça - répondit Cid et sa
queue commença à bouger dans tous les sens -, Mais avant fermez là deux
secondes. Vous allez bien ? - demanda-t-il à Shirley
- Ou..Oui, je...j'ai connu mieux, je crois - répondit-elle en se passant la
main sur le cou menacé.
- J'ai vu sur les caméras ce qui s'est passé. Comment va le petit ?
- Quel pe... - voulu demander Diss, mais le z'hum plaça son pouce devant
les lèvres d'Ameno, lui demandant de se taire.
- On a... J'ai réussi à le faire s'endormir, et on a pu le recoudre après
chirurgie - répondit l'anesthésiste, mais son expression du visage restait
sombre.
- Il ne va pas aller mieux ?
- Non. Son corps va s'habituer à cette dose de somnifère, et si on continue
sur cette lancée son système nerveux sera lourdement affecté et son cerveau
risque de s'arrêter de fonctionner correctement. Son système cardiaque et
musculaire aussi seront affectés, de plus il a pu être exposé à plusieurs
pathogènes...
- Ok, j'ai compris - la coupa Diss en poussant un soupir. Il savait déjà
qu'il allait ramasser Dalanda à la petite cuillère, et retarder leur départ
allait devenir extrêmement compliqué - "Putain, le petit ne méritait pas
ça"
- "Hihihi, il doit avoir un karma particulièrement pourri. Peut-être
qu'il a été nous dans une vie antérieure ?"
- "C'est particulièrement intelligent ce que tu viens de dire, tu sais
ça ?" - se répondit Cid un petit peu avant que les portes de l'ascenseur
ne s'ouvrent.
Lorsque les portes s'ouvrirent, Cid fut le premier à sortir pour être
accueilli par les preneurs d’otage restant. Mais son regard les frôla pour
remarquer ses compagnons, et par leurs expressions il était évident qu'ils
étaient ravis de le voir. Cependant, ils avaient également l'air d'être dans
les vapes à cause des doses d'anesthésique injectées pour les calmer. C'était
le seul moyen en leur disposition pour pacifier Raèl et Jess, et ces derniers
ont dû accepter pour ne pas envenimer la situation plus que nécessaire.
Cid laissa passer Amena et Shirley, puis il tendit la main pour bloquer le
passage à Diss. Les autres il n'en avait rien à faire, mais pour Diss s'était
une autre histoire.
- Qu'est-ce que tu fais ? - demanda ce dernier surpris. Il s'attendait à
des retrouvailles chaleureuses, avec plein de questions comme : "Qu'est-ce
que tu fous là !", mais il était peu dire qu'il y avait une différence de
taille entre la réalité et son imagination. Notamment un bras immuable malgré
ses efforts.
- Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser partir comme ça, sans
aucune garantie non ? - demanda Cid en remarquant que la tension monta d'un
cran, ce qui était normal.
- Laisse le passer - ordonna Ilya
- Je ne crois pas non. J'ai été d'accord pour l'échange, mais j'ai besoin
d'une preuve de bonne volonté de votre part. Si vous libérez certains otages,
alors tout se passera bien.
- Ce n'est pas une bonne idée - répondit Diss qui ne comprenait pas à quoi
ce petit jeu rimait.
- Pour qui est-ce que tu te prends ?! Lâche-le ! Je ne demanderais pas
trois fois ! - annonça Ilya.
- Krru rru rru ! Petit, je fais preuve d'un calme olympien -
répondit Cid en enveloppant de sa main la tête de Diss puis en le soulevant
au-dessus du sol avec une facilité déconcertante malgré le poids du métal.
- Zang, amène un otage. Il semble que cet abruti a besoin d'une
démonstration.
- Si tu fais le moindre geste, Zang, je le prendrai comme une déclaration
de guerre et la boîte de conserve entre mes mains sera ma première victime.
Vas-y, bouge Zang et j'en ferai la démonstration.
- Tu es complètement malade ! - commenta Diss dont le cou commençait à
assumer douloureusement la charge du corps.
- Kruu rru rru ! Je me le demande des fois. - répondit Cid avant
de plaquer Diss contre le sol - Alors voilà ce que je propose, on évite de
vouloir s'entuber et on discute comme des adultes ! Vous libérez vos otages, je
libère le mien, et vous vous cassez le plus loin possible avant que l'envie ne
me prenne de jouer avec vos boyaux !
- Tu crois que tu me fais peur ?! Je chassais des monstres comme toi depuis
mes 6 ans.
- KRUU RRU RRU !!! Des monstres comme moi ?! Petit salopiot, il
n'y a pas de monssstres comme moi dans tout l'univers - répondit Cid en
sifflant. Ses yeux furent injectés de sang, sa silhouette commença à grossir
déchirant ses vêtements, et son aspect commença à prendre la forme d'une
créature cauchemardesque, un tiers humain, un tiers félin, un tiers serpent,
embrassant partiellement sa nature de chimère.
(Il y'a de cela bien des décennies, un groupe de chercheur avait découvert l'existence d'une anomalie extrêmement rare, de l'ordre de 0.087 %, cachée derrière le cœur. Elle avait la taille d'une graine et avait été considérée comme une tumeur. Cependant toute tentative de l'enlever ou de la traiter entraînait irrémédiablement la mort du patient. Les recherches sur la graine ont montré qu'il s'agissait d'un organe dont la fonction restait indéterminée. Elle ne changeait en rien le fonctionnement du corps humain, alors les patients étaient placés en suivie. Puis, un groupe spécifique de chercheurs fit une découverte bouleversante : la graine, la glande, pouvait assimiler un adn étranger, un adn animal. Pourquoi ? Comment ? Était-ce une nouvelle évolution de l'espèce humaine ? Où existait-elle depuis le départ mais sans que personne n'y ait prêté la moindre attention ? Aucune de ces questions n'avait intéressé ces personnes. Ils voulaient simplement arriver à fabriquer quelque chose qui rivaliserait avec la terreur des Kiss. Selon leur philosophie : l'unité de l'espèce ne pouvait être retrouvée qu'en face d'un danger certain. C'est là que naquirent les z'hums, des humains à la rue ou paumés, en quête d'une seconde chance. Des humains à qui on avait fait des promesses d'embauches et d'une vie nouvelle et qui se retrouvèrent plongés en plein cauchemar. Néanmoins, les z'hums étaient certes dangereux mais ce n'était pas encore ça ; Et puis, un jour, ils tombèrent sur une glande pas comme les autres : cette dernière pouvait assimiler et combiner différents types d'adn. Ce fut alors le début du projet chimère, et l'émergence de Cidolphas Marshall)
Zang qui avait jusque-là une tentation de rébellion eut les jambes en coton, laissant tomber son arme au sol. Amena, déjà terrifiée par le tigre resta figée sur place, foudroyée par la peur. Même Ilya, sembla grandement perturbé par ce qu'il voyait. Cette créature devant ses yeux rendait le z'hum assoupi derrière lui, similaire à un chaton. De plus, elle projetait une hostilité qui rendait l'atmosphère chargée de chaleur étouffante.
(Il y'a de cela bien des décennies, un groupe de chercheur avait découvert l'existence d'une anomalie extrêmement rare, de l'ordre de 0.087 %, cachée derrière le cœur. Elle avait la taille d'une graine et avait été considérée comme une tumeur. Cependant toute tentative de l'enlever ou de la traiter entraînait irrémédiablement la mort du patient. Les recherches sur la graine ont montré qu'il s'agissait d'un organe dont la fonction restait indéterminée. Elle ne changeait en rien le fonctionnement du corps humain, alors les patients étaient placés en suivie. Puis, un groupe spécifique de chercheurs fit une découverte bouleversante : la graine, la glande, pouvait assimiler un adn étranger, un adn animal. Pourquoi ? Comment ? Était-ce une nouvelle évolution de l'espèce humaine ? Où existait-elle depuis le départ mais sans que personne n'y ait prêté la moindre attention ? Aucune de ces questions n'avait intéressé ces personnes. Ils voulaient simplement arriver à fabriquer quelque chose qui rivaliserait avec la terreur des Kiss. Selon leur philosophie : l'unité de l'espèce ne pouvait être retrouvée qu'en face d'un danger certain. C'est là que naquirent les z'hums, des humains à la rue ou paumés, en quête d'une seconde chance. Des humains à qui on avait fait des promesses d'embauches et d'une vie nouvelle et qui se retrouvèrent plongés en plein cauchemar. Néanmoins, les z'hums étaient certes dangereux mais ce n'était pas encore ça ; Et puis, un jour, ils tombèrent sur une glande pas comme les autres : cette dernière pouvait assimiler et combiner différents types d'adn. Ce fut alors le début du projet chimère, et l'émergence de Cidolphas Marshall)
Zang qui avait jusque-là une tentation de rébellion eut les jambes en coton, laissant tomber son arme au sol. Amena, déjà terrifiée par le tigre resta figée sur place, foudroyée par la peur. Même Ilya, sembla grandement perturbé par ce qu'il voyait. Cette créature devant ses yeux rendait le z'hum assoupi derrière lui, similaire à un chaton. De plus, elle projetait une hostilité qui rendait l'atmosphère chargée de chaleur étouffante.
- Qu'est-ce que tu ais ? - demanda bêtement Ilya
- Sss sss sss ! Je suis la mort ! le destructeur de mondes ! Alors, on
négocccie ? - siffla Cidolphas en rigolant intérieurement. Il ne pensait pas un
jour sortir de l'Oppenheimer. Il appuya ensuite légèrement de son majeur et de
son annulaire et la tête de Diss s'enfonça violemment dans le sol, histoire
d'appuyer sa demande par un argument béton.
Diss combattit de toutes ses forces, juste dans l'objectif de sortir sa
tête des gravats, mais la pression était incommensurable. Ses muscles
synthétiques capables de tordre le métal comme de la pâte à modeler avaient du
mal à générer suffisamment de force pour se lever. Le cou de Diss était gonflé,
les veines gonflées, le dos bombé. Tout cet effort non remarqué par Cid,
n'avait qu'un seul but.
- Ilya ! Fais ce qu'il dit - hurla Ameno en sortant la tête du sol.
- Sshut sshut - fit alors la chimère en le plongeant à nouveau sous terre
d’une pression du majeur - laissse les adultes parler Sss sss sss !
Ilya était un guerrier. Son père était Amademoni Anubis, le successeur
légitime du premier conquérant des cieux ! Ilya avait passé toute sa vie à
essayer de porter à son tour ce manteau qui n'avait jamais quitté la famille.
Il était l'alpha, il était le successeur, il était le guerrier qui devait
dévorer l'obscurité à tout jamais ! Sa première campagne fut réalisée à huit
ans, l'âge où étaient réalisées les premières modifications sur le corps
humain. L'âge où la chaire et le sang étaient renforcés dans une douleur
indescriptible, et avant que le corps ne soit implanté de métal. A l'âge de 14
ans, il avait terrassé son premier dieu de la guerre pour sauver son seul ami
de l’époque : Diss. Marchant ainsi sur le sentier de ses prédécesseurs... Ilya
était un guerrier doté d'un ego à la mesure de son talent. Mais le problème
d'Ilya était que ce corps qu'il avait n'était qu'un déchet en comparaison de
l'œuvre des Inseluki: les tisseurs de métal. Diss avait fait un travail
formidable pour les garder en vie, mais le savoir-faire millénaire des Inseluki
était difficilement imitable.
Mais cette réalité, concrète, cette différence entre qui il était et qui il
est actuellement pouvait facilement passer pour un détail à cause de la colère.
Les souvenirs passés, pouvaient interférer avec la réalité et on pouvait
facilement se prendre pour qui on n'est plus à cause de l’orgueil blessé. Et en
cet instant, l'orgueil d'Ilya gonflé comme un ballon venait d'être percé
libérant un vent de colère qu'il n'avait pas ressenti depuis bien des années.
Cette chose qui le prenait de haut, cette monstruosité qui heurtait son seul et
unique compagnon restant, ainsi que son leader...
- "Impardonnable !" - pensa le guerrier en rangeant le détonateur
dans la poche de son pantalon avant d'essayer de s'arracher le bras pour la
transformer en lance. Pour constater, ou plutôt se rappeler qu'il avait déjà
fait cette manœuvre. Et cette piqûre de rappel fit vaciller sa conviction qu'il
pouvait arriver à bout de l'abomination - "Merde !!" - fulmina-t-il
intérieurement en constatant qu'il avait peut-être commis une erreur grave. Au
vu de la distance, le monstre pouvait lui fondre dessus maintenant que le détonateur
était dans sa poche. Mais Cid resta immobile, amusé, moqueur, mais immobile. Le
seul appendice qui bougeait était sa queue qui frappait légèrement le sol,
projetant de minuscules gravats.
- "Sss sss ssss, bad boy
what you gonna do when i'll come for you ♥️!" - pensa Cid, excité par la situation.
-"STOP !" - Hurla intérieurement Cid en forçant le serpent à
rentrer dans sa tanière. Partager son esprit avec plusieurs personnalités
difficiles à contrôler ou à cohabiter était un danger de tous les instants. Là,
il sentait le plaisir destructeur monter en lui et les enjeux disparaître pour
le simple plaisir charnel, celui de plonger les griffes dans le corps mou et
tendre des occupants de cette pièce. C'était la fonction primaire de la
chimère, la raison de son existence déterminée par une éducation traumatisante,
à l'origine d'une scission plus importante de la psyché. Elle avait été conçue
pour détruire et le meurtre était aussi simple que de dire bonjour.
De nouveau en contrôle et gardant son aspect changé, Cid retira Diss du sol
avant de le jeter aux pieds d'Ilya qui regarda le monstre en affichant une
incompréhension complète.
- Casssez vous ! Dissparaisssez le plus vite posssible ! c'est un consseil
- prévint il en essayant de rester éveiller, de garder la main sur son
conscient. Il pouvait sentir l'autre ramper et cercler, siffler et cracher de
frustration et de colère. Frustration qui allait prendre des mois de travail,
de conversation et de compromis à calmer, mais il n'avait pas d'autre choix. La
créature n'avait aucune attache émotionnelle. Elle tolérait la présence de
Raèl, Dalanda et Jess comme un lion rassasié pouvait tolérer la présence d'un
agneau, mais sur un coup d'humeur la relation pouvait basculer vers un ordre
bien plus naturel : prédateur et proie.
- On fait ce qu'il dit - dit Diss en se levant péniblement du sol. Malgré
la suppression de ses nocicepteurs, il ressentait la douleur dans tout son
corps, surtout au crâne. Il ne savait pas ce que l'animal avait fait en
trifouillant dans sa tête, mais il avait clairement déréglé quelque chose.
- Amina prend la femme, Zang tu t'occupes de l'autre - ordonna Ilya en
aidant son ami à se lever.
- Non ! Vous partez, les otages resstent ! - siffla Cid
- Cela ne va pas être possible - répondit Diss - soit on prend la fille,
soit on meurt tous ici - dit-il ensuite et son camarade lui lança un regard
désapprobateur, appuyé par celui des autres mercenaires.
- J'ai besoin de l'autre aussi pour trouver qui est le chevalier blanc -
murmura Ilya
- "Ah !" - pensa Diss en comprenant ce que son compagnon faisait
ici. L'ordre de Monsieur avait été d'enquêter sur l'identité du protecteur de
Séforah, et Ilya avait dû se dire qu'il allait obtenir l'information à la
source. C'était un début d'enquête comme un autre - malheureusement, comme tu
vois, on va devoir se concentrer sur l'essentiel.
- "Pourquoi ?" - voulut demander Cid en regardant pour la
première la femme au centre de toute cette histoire. Pourquoi est-ce qu'ils
voulaient l'obtenir à tout prix ? À cause de leur mission ? Non ! Non, les
personnes de ce type ne prenaient pas de risques inconsidérés. Alors là que
toute l'opération puait le désespoir. Alors pourquoi ? Un élément de réponse
lui fut donné par son odorat, il pouvait reconnaître ce parfum particulier issu
de la chimie corporelle. Le corps humain parle, partiellement, à travers le
cocktail de phéromones et d'odeurs dégagées. Et les molécules dégagées par
Séforah transmettaient un message spécifique - "Elle est enceinte ?"
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous avez apprécié ce petit moment de lecture et je vous souhaite une excellente journée, ou soirée :)
Si vous avez des questions sur des parties pas assez développées à votre gout, ou des suggestions, ou si vous avez simplement envie de bavarder, n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et demain !!! Portez vous bien !!!!
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