jeudi 26 juillet 2018

Séforah à tout prix, page 81 à 100


- Je voulais vous remercier de m'avoir sauvé de l'incendie, mais je ne savais pas comment. Il faut croire que notre situation actuelle est un coup de pouce du destin, hihi - ricana la jeune fille avant de s'asseoir à côté de Raèl si étonné qu'il cligna bêtement des yeux au moins une trentaine de fois. 
- Il faut croire... - répondit-il ensuite en tournant la tête vers Jess avec un regard légèrement paniqué qui voulait dire "Qu'est-ce que je fais ?". O'Ryan secoua la tête et lui murmura
- Évite de lui parler. Dis-lui « de rien » et puis tu l'ignore. La pauvrette n'a pas besoin de faux espoirs
- Mais on ne peut vraiment rien faire ?
- Si, on peut faire quelque chose mais est-ce que tu peux garantir qu'aucune personne ne soit gravement blessée ou pire ? Tu crois que sa vie vaut plus que celle d'un autre ? Tu te crois en droit de prendre cette décision ? - demanda Jess et le jeune z'hum baissa les yeux. Il savait tout ça mais... Mais elle dans le cas de Séforah il savait, il pouvait visualiser son problème. Pour les autres, eh bien, c'était les autres. La détresse de la jeune fille biaisait le raisonnement logique qui voulait que : toute vie est équivalente. Un principe idéaliste complètement détaché de la réalité.

- Ne vous en faites pas pour moi, je sais que tout va bien se passer. Alors merci encore et je suis désolée - dit gentiment la jeune fille avant de se lever pour partir. Et cette gentillesse fut un véritable coup de poing dans l'âme pour Jess. Le z'hum eut un pincement à la poitrine si intense qu'il se massa la poitrine, alors que Raèl prit la main de Séforah par réflexe
- A... Je... - il voulait lui dire des mots, quelque chose mais rien ne lui venait en tête. Il finit par lui lâcher le bras et la laissa partir - Je..
- Endure Raèl. Une fois qu'on sortira de là, je demanderai au patron de monter un commando pour la retrouver. Pour l'instant endure ! - dit Jess et le jeune homme se sentit soulagé. C'est vrai, il y avait l'après mais et si elle disparaissait ? Et s'il était trop tard ? Comme s’il avait perçu le doute encore présent chez son neveu, O'ryan dit la seule chose qui pouvait calmer le garçon - Fait confiance à ton père, aucun rat ne peut lui échapper. Ces mecs ne savent pas dans quel merdier ils se sont mis. 
- Ouais, ils ne savent pas dans quel merdier ils se sont mis - répéta le jeune homme en vrillant Ilya du regard. Ce dernier ne quittait pas les z'hums des yeux et se tenait à proximité du sac contenant la bombe artisanale, au cas où. 

- Tilin Tilin, Tilin Tilin. Tilin Tilin, Tilin Tilin - Ilya fixa le sol où un téléphone était en train de sonner, émettant un bruit de clochettes. Vu sa position il devait appartenir à l'un des deux otages qu'Amina et Zhang tenaient. Le cyborg récupéra l'appareil avant de voir que l'appelant était désigné sous le nom de Stephanko - Allo ! 
- Allo ! Ilya ? - demanda Anatoly en observant son écran, ravi 
- Comment...
- Nous avons réceptionné votre camarade et il a, décidé, de partager quelques informations avec nous dans un souci de, coopération - expliqua Anatoly en faisant une pause sur décidé et coopération. 
- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?! - demanda Ilya qui savait que Diss ne parlerait pas, sous aucun prétexte
- Rien qui ne puisse se comparer à votre propre action - répondit Stéphanko sur un ton professionnel. 
- Si jamais vous...
- Hey petit - le coupa Cid - tu as blessé un membre de ma famille alors je considère que ce que j'ai fait subir à ton petit copain est un juste retour des choses. Ne t'inquiète pas, il est encore en vie mais la suite dépend de toi. 
- Je détiens des otages - rappela Ilya 
- Kruu rru rru, tu ne sembles pas comprendre la situation. La seule chose qui me retient de creuser jusqu'à toi, ce sont les otages. S'il leur arrive quoi que ce soit, je débarque dans la minute pour te faire coucou et aucune force au monde ne pourra te protéger de mes crocs !
- Ha ! Vous avez l'air bien prétentieux.
- Kruu rru rru, essaye donc de mettre ma parole en doute !
- Le passé ne peut être rattrapé - se mêla Anatoly pour déminer la conversation. Il y avait trop de menaces dans cette négociation pour qu'elle puisse mener à quelque chose de positif - concentrons-nous sur l'échange à venir. 
- Vous avez eu l'aval de votre boss ? 
- Pas encore, mais ça ne saurait tarder. 
- C'est trop long ! 
- Je comprends parfaitement votre sentiment, mais mon patron est quelqu'un de très occupé. Mais je vous promets d'obtenir le ok dans l'heure qui suit. Pour l'instant profitons de ce temps pour tous nous calmer. Il est préférable que nous gardions tous notre sang froid n'est-ce pas ? 

- Bien, il ne reste plus qu’à attendre. Concernant l’IA potentielle qu’est-ce que vous avez pu obtenir ? - demanda Anatoly.
- Pas grand-chose, le programme s’est pratiquement autodétruit, mais les IV ont pu sauvegarder une infime fraction. Nous allons voir ce qu’on peut en tirer, mais je crains qu’il ne serve que de preuve.
- OK, est-ce qu’il est possible d’opérer une vérification complète du système tout en le gardant actif ?
- Normalement oui, on peut relayer les IV et scanner progressivement, mais qu’est-ce qu’on doit chercher ?
- Un écho dans la machine. Je veux voir si nos IV n’ont pas été contaminées.
- Oh ! - fit Cid - bien vu.
- On n’est jamais trop prudent - répondit Anatoly pas trop mécontent de lui.
- On peut le faire, mais cela risque de baisser considérablement la capacité de traitement de Pasteuria. Vu que tout est pratiquement automatisé...
- Je sais, mais je préfère ne pas prendre le risque de couver une IA à l’insu de mon plein gré. Si cette saloperie prend possession de toute la puissance de traitement à notre disposition, je crains le pire - expliqua le chef de la sécurité tout en pensant - " heureusement que Pasteuria n’est pas connecté au V-Web, sinon ce truc aurait pu prendre la fuite dans la nature" - prévenez le personnel, et rédigez un message de maintenance système histoire de limiter la panique.
- Très bien ! - répondirent les opérateurs

- Kruu rru rru, charmante petite équipe. Je suis presque jaloux - nargua Cid
- J’ai le plaisir de travailler avec des personnes très compétentes - répondit Anatoly
- Si tu le dis. T’as réfléchi ou pas du coup ?
- Cid, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Pourquoi ? C’est pourtant simple. J’emprunte un ou deux de tes gars, je creuse un tunnel. Ça me prendra quelques minutes, une demi-heure en y allant doucement, et on débarque sans que personne n’ait le temps de réagir.
- Je sais que sur le papier cela semble une bonne idée. Mais ce n’est pas possible.
- Et pourquoi ça ?
- Sans l’autorisation expresse du vieux fou - murmura Anatoly à l’épaule du z'hum tout en levant les yeux aux plafonds - c’est impossible. Ce n’est pas que je ne veux pas, mais c’est que personne ne peut. Il y a un truc dans le sol, comme une forme de barrière. Tu as été là non durant le baptême ? Tu as bien vu les lumières qui sont sorties du sol non ?

- Tssk !
- Où est-ce que tu vas ? - demanda Stephanko en voyant le z'hum partir
- Terminer ma conversation avec notre hôte ! - répondit sèchement Cid. Il est vrai que le vieux Radeghast avait fait de Pasteuria un sanctuaire. Un endroit où les blessés et les malades pouvaient se reposer de la folie de ce monde, ou plutôt de tous les mondes - "Conneries mystiques !" - fulmina-t-il intérieurement en sortant de la salle de commande. Juste en face, une pièce avait été aménagée en salle d’interrogatoire qui contenait Diss. À cet effet, le sol et les murs avaient été renforcés par des barrières magnétiques portables (capables de résister à l’impact d’un camion de 15 tonnes à 90 km/h soit près de 5000000 de joules. Cependant, elles ont une autonomie de 45 minutes et un usage unique) et le cyborg avait le bras cloué sur la table par sept pieux-sangsues connectés aux générateurs des barrières. Le cyborg générait sa propre prison. Et pour finir, les personnes qui l’avaient capturé montaient la garde.
- Je t’ai manqué ? - demanda Cid en entrant dans la pièce, amusé par le regard noir que lui lançait le prisonnier.
- Idi nahoui ! - répondit Diss
- Krru rru rru, mais c’est que tu me fais des avances dit donc ? - sourit le z'hum de tous ses crocs.
- Alors où est-ce que nous en étions ? - demanda Cid en s'accroupissant à proximité du cyborg.
- Je vous ai fourni la seule information nécessaire. Si vous pensez tirer plus de moi, je vous invite à essayer - répondit Diss
- Krru rru rru, torturer un cyborg est une affaire très délicate - commenta Cid en pianotant des doigts sur l'avant-bras de Diss. De l'auriculaire à l'index, et puis de l'index à l'auriculaire - et tu t'y connais plutôt bien dans le domaine. Ta victime va être obligée de subir plusieurs opérations chirurgicales pour pouvoir remarcher. Mais pour ta défense, les fractures étaient suffisamment nettes pour ne pas compliquer le travail des chirurgiens. C'est du joli travail, où est ce que tu as appris ça ?

- Nulle part, ça m'a semblé simplement logique - répondit Diss. Turk était une tâche sur sa conscience qu'il s'était infligé pour rien. C'était comme se jeter du café sur la chemise pour avoir une excuse d'aller aux toilettes, et en fin de compte, pour découvrir que les toilettes étaient fermées pour réparation parce qu'il y avait des fuites.
- Oh, un naturel hein ? Mon formateur était comme ça aussi - expliqua Cid en insérant une griffe dans l'avant-bras du cyborg et comme il s'y attendait il n'y eut aucune réaction - il a pris son temps pour m'enseigner les rudiments de l'art. Chaque jour il me mettait une nouvelle personne à interroger et il m'enseignait tout ce qu'il fallait pour maximiser la douleur tout en maintenant la victime en vie. Tu connais bien cette frontière n'est-ce pas ?
- ...

- Je n'étais pas très doué, à vrai dire j'étais complètement nul. Mais chaque jour il trouvait de nouveaux, "volontaires", pour m'aider dans mon apprentissage. Et à chaque fois que j'échouais, il plaçait mes interlocuteurs à côté de mon endroit de vie. Une petite cage bien sympa, et j'étais obligé de respirer la chair en putréfaction ou d'écouter les gémissements plaintifs... Je n'étais pas très doué parce que je n'imaginais même pas qu'un tel monde puisse exister. Et j'ai pris longtemps à apprendre, plusieurs années. Ce qui fait 365 jours par ans ? Tu peux imaginer le nombre d'individus pour qui mes conversations se sont mal terminées - expliqua Marshall et les deux Phanoms qui montaient la garde eurent des gestes gênés, surtout le géant Oliver - cependant, même si j'ai pris le temps à intégrer la logique liée à ce métier, j'ai paradoxalement très bien appris. Chaque leçon a été clouée de manière indélébile au point où je suis devenu, à l'insu de mon plein gré, particulièrement doué. Comme on dit, c'est forgeant qu'on devient forgeron. J'ai mis ces compétences au service du gouvernement et j'ai bénéficié ensuite d'un pardon complet, il n'est pas fou ? Ce monde ? Kruu rru rru !
- ...

- À l'époque, j'ai opéré aussi sur des cyborgs. Un véritable casse-tête ! Comment faire mal à des personnes qui ne pouvaient pas avoir mal ? Et qui n'avait plus aucun attachement émotionnel, c'était des machines plus que des hommes. On a essayé plein de trucs, mais ces couillons finissaient par claquer de manière naturelle sans émettre le moindre bruit. C'est assez particulier comme impression. Et puis, un jour, un de mes collègues s'est dit : "Hey ! et si on réparait leur cerveau avant d'essayer de leur soutirer des informations ?". C'était pas bête, pas vrai ? Et si on réapprenait au cerveau à savoir qu'il a mal ? Je ne te raconte pas les problèmes juridiques que ça a soulevés. Mais au final on a eu l'accord pour les individus dont la culpabilité était quasi certaine. Et on a commencé à expérimenter.
- Pourquoi vous me racontez tout ça ? - demanda Diss
- Parce qu'on a une heure, non, environ 40 minutes à tuer. Et je m'ennuie cruellement, un inconvénient d'être de la famille des félins kruu rru rru. Et puis, c'est aussi pour te faire comprendre que j'ai les moyens de te faire parler - expliqua Cid sur un ton soudainement devenu sérieux - nous avons découvert un truc très intéressant dans le cerveau des cyborgs. Savais-tu qu'il y a des interrupteurs naturels à la sensation de douleur ? Pas besoin de créer des drogues, pas besoin de faire des opérations compliquées. Tant que tu disposes d'un cerveau humain, il y a des moyens pour créer la douleur. Dis-moi - dit Cid en humant le cyborg, en reniflant son front - tu n'es pas fait que de métal pas vrai ?

- Vous ne vous souciez pas des otages ? - demanda Diss avec une pointe de panique. Cet animal était dangereux, et il avait vu sa fiche personnelle durant le recrutement de ses mercenaires. Était-ce là la raison de l'œuf d'Alice ? Non, ça n'avait aucun sens...
- Kruu rru rru ! Les otages hein ? À vrai dire, il n'y a que quelques-uns qui m'intéressent. Le reste peut mourir je n'en dormirai pas pire que d'habitude. Et pour ceux qui m’intéressent, je ne me soucie pas plus que ça. Alors ? Peut tu me divertir en me racontant un truc intéressant ou est-ce que je dois m'occuper moi-même avec un jouet ? Kruu rru rru, maintenant que je le dis à haute voix, ça me semble pervers, mais vu comment je vais aller à la découverte de ton intérieur - dit Cid en passant sa main sur le sommet du crâne du cyborg - je pense que tu peux me pardonner cette intimité, n'est-ce pas ?
- Bluff - répondit Diss. Il avait un contrôle complet sur ses nocicepteurs. Rien de ce que cet animal pouvait faire ne pouvait le forcer à parler.
- Ah ! Tu es comme Saint Thomas, tu ne crois qu'en ce que tu vois. Alors, permets-moi de te montrer le miracle de la résurrection de ta douleur - dit Cid en enveloppant d'une main le crâne du cyborg. Et ce dernier eut l'impression d'avoir une montagne sur la tête. La fatigue et le drain d'énergie rendaient toute résistance impossible - ah oui, tournez-vous les enfants, ce n'est pas un spectacle pour vous - dit le z'hum en s'adressant aux Phanoms
- Sauf votre respect monsieur, nous avons pour mission de ne pas quitter le prisonnier des yeux - répondit sèchement P.H. STAR 9, de son vrai nom : Amadéus Nothingham - et pour que cela soit su, je ne cautionne pas du tout ce genre d'action
- De même ! - répondit énergiquement son collègue
- Oh ? Kruu rru rru, c'est bien noté. Rassurez-vous, je vais être très délicat - dit Cid en sortant la griffe de son index. Il était facile de juger de la cruauté de ses actions, il était évident, normal, logique, de désapprouver. Et de cela, Cid n'avait aucun doute, lui-même désapprouvait ses actions. Forcer autrui à se livrer était le signe de l'échec d'une conversation. Malheureusement, que faire lorsque la personne qui refuse de discuter détient une information capitale ? On lui avait appris alors que c'était ok de la forcer à parler et il appliquait simplement ce qu'il avait appris à faire.
Dans le cerveau, la zone gérant la douleur s'appelle le lobe pariétal et il se situe à l'arrière du cerveau. Cette zone est facilement accessible depuis l'arrière du crâne, avec un outil tel qu'une griffe. Le plus délicat allait être d'éviter de lobotomiser le cyborg, c'est pourquoi Cid plaqua la tête de ce dernier sur la table d'une prise ferme. Puis, il cibla une zone très particulière du lobe pariétal qui était connectée au Thalamus.

Au début, Diss ne ressentait absolument rien. Il avait coupé ses nocicepteurs et rien de ce qui pouvait lui être fait n'allait changer quoi que ce soit. Sa vision cybernétique fut troublée à plusieurs reprises, et il sentit également des vacillements de sa conscience, comme s'il tombait de sommeil. Et puis il y eut une sensation similaire à la piqûre d'une épine sur la peau. Une sensation infime, presque négligeable, mais tout le problème venait du fait qu'elle ne devait pas exister.

Prenant conscience que d'une manière ou d'une autre l'animal ne bluffait pas, Diss essaya de se débattre. Malheureusement pour lui, il était à bout de force et la prise du z'hum m'empêchait de bouger la tête. Néanmoins, au lieu de pousser vers le haut, le cyborg poussa vers le bas de toutes ses forces restantes. La table, protesta avant de céder faisant tomber Diss vers l'avant.

- Kruu rru rru, t'es complètement fou toi - lui dit Cid en se penchant à nouveau au-dessus du cyborg - c'était pas malin ça avec moi trifouillant dans ta cervelle. Tu peux me dire merci de ne pas t'avoir transformé en légume.
- Va... te faire foutre - lui lança Diss
- Tu manques d'imagination dans le département des insultes. Mais je vais profiter de ton geste désespéré pour te reposer la question. As-tu quelque chose à me raconter ? Où est-ce qu'on reprend l'exploration de ta matière grise ?
- ...
- Prend le temps de réfléchir, je ne suis pas particulièrement pressé. Je ne cherche qu'à tuer le temps à défaut d'autre chose. Par contre, maintenant que je te regarde de plus près, je ne pense pas avoir vu une telle technologie auparavant. D'où viennent tes pièces ? Ça, tu peux me le dire pas vrai ?

- J'ai tout conçu moi-même - répondit Diss
KRUU RRU RRU !!! - Explosa Cid de rire avec une étincelle brillant dans les yeux - tu te fiches de moi pas vrai ?!
- A toi de me le dire
- Hey, et si tu bossais pour moi ? - demanda Cid
- Monsieur ? - fit Amadéus surpris par la tournure des choses.
- Ne te mêle pas de ça junior ! - rugit Diss avant de se retourner vers le cyborg - Si ce que tu me dis est vrai, et j'aurai tout le loisir de le vérifier, cela fait de toi une ressource qu'il me peinerait vraiment de détruire. Comme guerrier tu ne vaux pas trois clous, mais j'ai vu pire et je peux te former. Peut-être même que tu deviendras un jouet intéressant avec le temps, t'en penses quoi ?
- Ha.. Hahaha.. hahahaha - ria Diss, saisie d'un fou rire. Voilà, une tournure qu'il n'avait pas du tout vu venir. C'était peut-être cela la raison de l’œuf d'Alice. Peut-être que l'étrange indice était d'accepter cette étrange proposition ...
- Tu penses que je plaisante ? - demanda Cid en prenant un air choqué.
- Je pense que tu es complètement fou - répondit Diss
- Hmpf, on peut être fou et sérieux, boîte de conserve - répondit le z'hum en se caressant le menton.
- Et pourquoi je ferais une telle bêtise ? - demanda Diss sur un ton moqueur
- Parce que c'est le choix le plus pertinent à faire - expliqua simplement Cid.
- ...
- Je t'explique ce qui va se passer par la suite. Tu vas retrouver ton petit copain et ensuite ? Vous allez prendre des otages pour sortir par la grande porte ?
- Et pourquoi pas ?

- Hmm, non. Je ne pense pas, mais passons. Vous sortez de là et ensuite ? Vous devenez des célébrités dans le terrier d'Alice, vous pouvez même changer d'apparence par chirurgie ou dans votre cas en changeant de pièces. Vous pourrez même disparaître du circuit, mais ce ne sera que le calme avant la tempête.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que je serai sur votre cul, parce que le mec qui possède cet hôpital sera sur votre cul, parce que les autorités seront sur votre cul, ainsi que l'armée. Sans exagérer, je dirai que tout l'univers connu sera à vos trousses pour le meilleur ou pour le pire.
- Et tu prétends pouvoir empêcher ça ?
- Prétendre ? Non, je ne prétends rien du tout. Ma parole est mon sceau, comme tu as pu expérimenter toi-même. Alors, qu'en penses-tu ?

- Pourquoi ? Tu peux travailler avec moi après ce que j'ai fait ?
- Kruu rru rru, après ce que tu as fait ? Tu n'as rien fait de particulier, boîte de conserve. Mais je vois du potentiel en toi, pas sur le terrain, mais en soutien. Je prépare un voyage particulièrement dangereux et j'aurai besoin de quelqu'un comme toi ! – avoua Cid. L’exploration des mondes perdus demandait de rassembler toutes les ressources possibles et imaginables.
- Hahahaha, tu me ferais confiance pour te prêter main-forte ? Je pourrais simplement te laisser mourir.

- Kruu rru rru, ce n'est pas la première fois. La dernière personne en date qui m'est lancé un tel discours partage mon lit - Dit Cid. Il est vrai que partir en exploration où chaque faux pas pouvait provoquer la mort, en compagnie d’une personne mal intentionnée, n’était pas l’idée la plus brillante du siècle. Bien au contraire. Pourtant cette méthode enseignée par Eiling marchait selon toute attente, Castillyone, Jess et Bender en étaient la preuve et pourtant les débuts de la relation ont été très compliqués. Il y avait quelque chose dans le fait de donner confiance et liberté, quelque chose qui faisait déconner le cerveau en l’empêchant de raisonner normalement. Les émotions probablement… Et puis, ce n'était pas s'il allait le laisser gambader sans surveillance - Mais je ne demanderai pas une telle, dévotion, de ta part. Rassure-toi – sourit Cid de tous ses crocs.
- ... - le cyborg, pensif, s'apprêtait à donner sa réponse, mais quelqu'un entra dans la pièce en compagnie d'Anatoly qui plissa des yeux en essayant de comprendre ce qui était en train de se passer ici
- Qu'est ce qu'il y a ? - demanda Cid un petit peu frustré
- Je suis envoyé par le département de la défense ! Ce cyborg est désormais sous notre garde - déclara le nouveau venu avec une assurance typique de quelqu'un en position de pouvoir. Ses mots étaient loi et il n'y avait rien à discuter.
- "Hihihi, en voilà un con dodu"
- "Ils ont été plus réactifs que prévu" - pensa Cid avant de pousser un soupir en se levant de toute sa taille. Le bureau de la défense avait dû dépêcher un enquêteur en express et Cid pouvait déjà voir leurs intentions. À l'émergence des z'hums il avait déjà eu affaire à ce bureau, et il y avait fort à parier que leurs méthodes n'avaient pas changé. Faire glisser sous le tapis tout ce qui était dérangeant et cela a failli couter très cher à son espèce, trop chers.
- Je ne pense pas non - dit le z'hum non par inimitié passée, mais pour des raisons encrées dans le présent ou plutôt en prévoyance du futur. Alors que Stephanko s'appuya de l'épaule sur la porte, amusé. Il ne lui manquait que du pop-corn pour pleinement apprécier ce qui allait suivre.

- Je vous demande pardon ?! - s'étonna l'agent, ses petits yeux arrondis écarquillés par l'irrévérence du z'hum. De quel droit est-ce qu'il osait lui refuser ? Non de quel droit est-ce qu'il osait lui répondre ? Il était un gradé de l'armée représentant l'autorité de la CEDEP !! C'était un outrage ! Non, une trahison !
- Alors ? - demanda Cid à Diss en ignorant totalement l'envoyé de la défense, qui fut pris d'un soubresaut nerveux
- Sigh, j'aurais préféré vous croiser plus tôt - répondit Diss avec une petite pointe de tristesse dans sa voix.
- Je vois - répondit Cid

La proposition était sympathique et le z'hum aurait pu être quelqu'un d'amusant à côtoyer surtout pour Ilya. Cet homme aurait pu être un cadre idéal, une autorité paternelle absolue à l'image de son géniteur. Ou peut-être que cette attitude n'allait faire qu'aggraver son trauma... Cependant, la raison principale qui poussa Diss à refuser était simplement qu'il avait trop d'informations sur la Broskap, il avait même intégré le noyau du cercle. Et ce milieu n'était pas du genre à proposer une reconversion professionnelle, mais plutôt à offrir des congés définitifs. La décision et la demande étaient bien trop prématurées pour être sérieusement prises en compte.

- Je te reposerai cette question encore une fois, mais pas plus - annonça Cid
- Je vais prendre le temps de réfléchir d'ici cette fois - répondit le cyborg avec un étrange sentiment, une petite pointe d'enthousiasme.
- Arrêtez-les !! - annonça l'envoyé du département de la défense en pointant l'index vers le z'hum. Mais à ce même moment Cid lui mit la main autour de l'épaule et l’entraîna à l'extérieur de la pièce.
- Viens là toi, on va discuter un petit peu - dit-il
- Mais qu'est-ce que vous faites ? - hurla le militaire porté comme une brindille au vent - vous avez la moindre idée de qui je suis ? Et vus ! Ne restez pas planté là !

À sa requête, Anatoly leva simplement la main pour calmer les phanoms stressés. Les pauvres ne savaient pas quoi faire, mais si leur boss disait de ne pas bouger alors il n'y avait aucune raison de bouger.
- Préparez-le à l'échange - ordonna Stephanko avant de retourner dans la salle de commande. Il était certain de que son ancien collègue allait trouver les mots nécessaires pour, calmer, la situation. Sa méthode n'était pas diplomatique, mais elle avait l'avantage d'être simple.

- Lâchez-moi de ce pas ou je vous arrête pour trahison contre le gouvernement !
- Kruu rru rru, ça me ferait une belle jambe dite donc !
- Quoi ?!
- Écoute, je n'ai pas de temps à perdre avec tes conneries - dit Cid en se massant les yeux - Si tu ouvres ta gueule une fois de plus sans mon autorisation je te mets une claque
- Vous c...
Comme promise, la claque douce et légère selon les standards du z'hum explosa sur la joue du militaire qui s'immobilisa complètement, les yeux si écarquillés qu'ils allaient sortir de ses orbites. Il n'aurait jamais pu imaginer une telle chose jamais. Mais avant qu'il ne puisse exploser sa colère, le z'hum rapprocha son museau de son visage et lui promis, en prenant son expression la plus sérieuse.
- Si tu me casses les couilles encore une fois, tu ne verras plus jamais la lumière du jour ! Bien, maintenant c'est quoi ton nom ? - demanda Cid

- Charles - répondit le militaire en clignant des yeux comme une machine. Son cerveau avait du mal à intégrer ces quelques paramètres et il avait bugué. Ce n'était pas normal, ce qu'il vivait n'était pas du tout normal et il ne savait pas comment répondre à la situation.
- Sors-moi ton téléphone Charles ! - demanda Cid
- Pourq...
Il suivit une nouvelle claque sur l'autre joue, un tout petit peu plus fort et la tête du militaire bascula dangereusement sur le côté.
- Téléphone - redemanda le z'hum et Charles tendit son appareil.
- Pourquoi tu me le tends ? Tu me prends pour un raquetteur ou quoi ? Je veux que tu appelles ton boss, c'est qui en ce moment ? Silver ?
- Oui - répondit Charles en tournant la tête vers les Phanoms en demande d'aide, mais ces derniers firent comme s'ils ne voyaient rien. Ordre du boss après tout.
- Tssk, ce vieux salopard ne veut pas partir hein ? Appelle-le et dis-lui que Cidolphas Marshall désire lui parler !

- Je ne peux pas l'appeler directement monsieur, je ne peux que laisser un message à son secrétariat, mais il est fermé à cette heure - répondit Charles de manière plus coopérative. Le nom : Cidolphas Marshall était bien connu du département de la défense parce qu’il était un casse-tête sans précédent dans l'histoire de la CEDEP. Il avait le statut de terroriste tout en ayant la protection diplomatique pour une raison que Charles ignorait complètement. Mais le nom circulait beaucoup. Charles avait également vu ses photos à plusieurs reprises. Cependant, Cid n'était pas le seul z'hum tigre et pour un œil humain ils se ressemblaient tous.
- Alors laisse ce message sur son répondeur, je suis sûr qu'il l’aura - répondit Cid en prenant sur lui de ne pas étriper cet humain qui lui tapait sur le système. Son opinion de Charles n'avait rien à voir avec sa personnalité, son opinion était biaisée par le passé. Au début, lorsque les z'hums ont naïvement pensé être acceptés et reprendre leurs anciennes vies auprès de leurs familles ; après des années passées en tant que cobayes, c'est le département de la défense, John Silver, qui avait eu la brillante idée de faire disparaître ces personnes. Pour cacher le fait que plusieurs gouvernements asphyxiés, appauvris par l'effort de guerre contre les kissadzés, ont vendu leurs indésirables pour nettoyer les rues et redonner confiance en l'économie. Voyez, on fait notre travail, tout ira pour le mieux. Silver n'avait pas été à l'origine de cette décision, mais il devait nettoyer derrière et malheureusement, le dialogue n'a pas été sa première intention. Cid et les patriarches ont dû user de ce qu'ils avaient appris durant leur période de détention, dans les cages à fratricide. Ils ont dû se défendre alors qu'ils voulaient être en paix, ce qui leur valut le statut de terroriste qui resta inchangé, au cas où.

Charles passa le coup de fil. Il rageait intérieurement, son orgueil avait pris un coup néanmoins, il était, pour l'instant, plus intéressé par garder sa vie sauve. Tant que l'animal était à deux pas, il valait mieux être coopératif et après, après il y avait plein de moyens de lui faire payer. En pensant avec ravissement à cet après, Charles senti le regard de Cid, ses yeux orange avaient une telle intensité, que le militaire sentit son esprit être scruté. Paniquant sur le fait que le z'hum pouvait voir ce qu'il pensait, qu'il savait ! C'est pourquoi il fit la chose la plus naturelle possible, dans la situation la moins naturelle imaginable. Il fit un large sourire pour faire comprendre que tout allait bien, et clairement il ne réfléchissait pas de manière normale.

Une telle inconsistance comportementale était le signe d'un choc psychologique. Le cerveau ne savait comment traiter correctement l'information cognitive et émotionnelle et le résultat était cet étrange affichage externe sur le visage et dans la gestuelle. Marshall voulut recadrer cette anomalie avant qu'elle n'explose en une situation délicate à gérer, en tapant un petit peu plus sur le clou qui dépasse, le téléphone de Charles sonna et ce dernier le tendit à Cid
- Allô Silver ?
- Cid ! - répondit le général avec une voix fatiguée. Il commençait à peine à trouver un sommeil très souhaité, mais l’univers n’avait apparemment rien à faire de son insomnie - Que me vaut ce déplaisir ?
Kruu rru rru - ria sèchement Cid sans une pointe d'amusement - Je crois qu'on va avoir un problème !
- Et quand est-ce que ça ne l'est pas avec toi ? - demanda Silver
- Là, ça touche ma famille Silver ! Et tu sais que je ne le prends pas très bien quand ma famille est menacée.
- Je crois m'en rappeler oui - répondit John Silver en caressant sa griffure sur la joue. À une certaine époque, Cid était bien plus sauvage dans ses "conversations" et il n'était pas prudent de le ramener à ce niveau de désespoir - Raconte et je verrai SI je peux faire quoi que ce soit - répondit le général

- Il y a une prise d'otage à Pasteuria et ma famille est parmi les otages - répondit Cid
- Ta famille, laquelle ? - demanda Silver que le z'hum perçu comme provocateur.
- Tu sais très bien laquelle John ! - répondit froidement Cid en décidant d'avaler les injures et les menaces qui prenaient naissance dans son esprit.
- Je n'ai pas donné l'or...
- John ! laisse tomber ! - le coupa sèchement Marshall
- Ok - laissa tomber Silver. Certaines décisions étaient comme des taches indélébiles - Mais si ce n'est qu'une prise d'otage quel est le problème ? Pourquoi est-ce qu'on se fait subir cette conversation ?
- Le preneur d'otage souhaite faire un échange avec un de ses collègues capturés - commença d'expliquer Cid
- Et ?
- Et il y a utilisation soupçonnée d'une IA - dit le z'hum en coupant court à l'histoire. Il n'aimait pas être coupé et plus que tout il ne voyait pas pourquoi il se ferait violence plus longtemps que nécessaire.
- Une IA ? Comment c'est possible ? On a vérouill...

- On s'en fou de tout ça. J'ai besoin de procéder à un échange avec cet otage. Après tu fais ce que tu veux ! - le coupa Cid
- Cid, attends, si une IA est impliquée ça change tout...
- Ça change quoi John ?! - commença à s’énerver le géant
- Écoute, ce n'est pas si simple.
- Ça l'ait pour moi. Est-ce que tu vas mettre ma famille en danger oui ou non ? - demanda Marshall. Son interlocuteur resta silencieux pendant plusieurs secondes, essayant de rassembler ses pensées ainsi que sa patience.

- Sigh, tu n'aides pas mon insomnie tu sais - finit par répondre Silver sur un ton épuisé - passe-moi l'agent Charles
- Tssk, t'es un vrai connard tu sais ça ? - annonça Cid en ayant l'étrange impression qu'il venait de mettre le pied sur une toile d'araignée.
- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles - répondit Silver avec une naïveté presque sincère - Par contre je te demanderai de ne pas écouter notre conversation

- Et pourquoi je ferais ça ? - demanda le z'hum qui se sentait perdre sans savoir quoi exactement.
- Parce que c'est une conversation classée sous secret d'État et parce que c'est une preuve de confiance. Tu ne me demandes quand même pas de faire un geste dans ton sens sans même assurer mes arrières si ?
- Kruu rru rru, je te reconnais bien là - avoua Marshall en cachant à peine son mépris - Ça me va ! Mais John, ne fais pas de connerie - prévint-il ensuite.
- Je n'ai aucune intention de déterrer la hache de guerre. Contrairement à ce que vous croyez, je n'ai aucune motivation génocidaire.
Krruu rru rru ! Je regrette que tu ne sois pas à portée de main !
- De rien mon cher - répondit Silver. Vu qu'il ne s'attendait pas à un merci, il ne fut pas vexé - Passe-moi mon agent s'il te plait.
- Tiens ! - fit Cid en collant l'appareil contre la poitrine de Charles, le poussant contre le mur - Désolé ! - dit-il avant de faire demi-tour et rejoindre Anatoly dans la salle de commande
- Alors ? - demanda ce dernier
- On attend - répondit Cid en pensant - "Bordel, qu'est-ce que je me sens sale".

- Tu as remarqué qu'il est venu tout seul ? - demanda Anatoly à voix basse.
- Qui ça ?
- Le mec du bureau, Charles. J'ai fourni suffisamment d'infos pour qu'il sache que la personne impliquée est dangereuse et pourtant il débarque tout seul avec une attitude.
- Si tu essayes de me dire que c'était une mise en scène, tu perds ton temps. Je le sais déjà, j'ignore juste ce qu'il veut vraiment. Silver est le genre de personne qui essaye toujours de prendre quelque chose qui t'appartient. Dans les bons jours ça peut être un simple stylo, et dans les pires...
- Et dans les pires ? - demanda Anatoly pour inciter Cid à continuer, mais visiblement, ce dernier comptait restait dans le flou - Ok, on attend de voir donc ?
- Plus très longtemps - répondit Cid et quelques instants plus tard la porte de la pièce s'écarta, laissant entrer Charles pâle comme un linge.

- Kruu rru rru ! C'est bon ? Vous avez fini de comploter ? - demanda Cid sur un ton méprisant. L'agent ne répondit pas, mais tendit le téléphone au z'hum - J'écoute.
- Sigh... C'est très compliqué comme affaire...
- Arrête d'essayer de me vendre un tapis, tu te trompes de client. Tu veux quoi ?
- Haha, c'est vrai. Allons directement à l'essentiel. J'autorise l'échange...
- Tu l'autorises ?! - demanda Marshall avec une pointe d'énervement.
- Eh bien, disons alors que je ne m'y oppose pas si tu préfères. Par contre, tu comprends bien que ça ne peut pas en rester là n'est-ce pas ?
- Quoi, tu veux que je t'aide à leur mettre la main dessus ?
- Oui et non - répondit Silver - j'aimerai plutôt que tu m'envoies une équipe qui sous tiendra notre effort.
- Une équipe ? Sans moi ?
- Sans toi, nous sommes tous les deux conscients qu'il serait mieux pour moi qu’on ne se croise pas, n’est-ce pas ? Cependant, j'aimerais beaucoup travailler avec ton fils.

- Krruu rru rru rru rru ! KRUU RRU RRU RRU RRU ! - explosa Cid de rire, mais son visage n'avait rien d'amusé. Anatoly vit à nouveau les yeux orange du z'hum devenir noir et rouges. Appuyant davantage son expression de colère - je ne suis pas certain de t'avoir bien entendu - dit Cid en posant la main sur l'épaule de Charles, le massant douloureusement - Tu veux que je t'envoie mon fils c'est ça ?
- C'est un échange que je trouve équivalent au service demandé. Et puis, ce serait une parfaite opportunité pour le petit de faire quelque chose de plus productif que ses échappées nocturnes.
- Tu as bien préparé ton coup on dirait - répondit sèchement Cid
- Ne le dit comme ça, j'ai l'impression d'être une personne machiavélique qui cogite des plans tordus dans sa cave. Je n'ai rien préparé du tout,
- Arrête tes conneries - répondit Cid en se demandant si Silver avait un rôle à jouer dans tout ce qui se passait ici - "C'est très peu probable, mais pas impossible" - pensa le z'hum 
- "Hihihi, il attendait une bonne opportunité le coquin"
- "Je pense aussi" - répondit Marshall avant de continuer la conversation - Tu veux me faire croire que tu n'as jamais pensé à le recruter ? - demanda t il en appuyant un peu plus fort sur l'épaule de Charles.
- Oh non, pas du tout. Non seulement je le voulais, mais j'en rêvais aussi quand je pouvais trouver le sommeil. Commander un Marshall junior, mmmm - fit Silver, en fermant les yeux, imaginant le plaisir qu'il allait en tirer - c'est une opportunité à ne pas rater. De plus tu l'as formé comme il faut, et je te remercie de nous avoir mâché le travail - dit-il en se passant la main sur sa joue balafrée.

- Kruu rru rru, très bien. Mais si tu penses pouvoir le contrôler, tu te mets le doigt dans le cul.
- Hahaha, tu crois ? Je n'ai aucune intention de le contrôler, voyons. Je veux juste sa coopération et qu'il termine ce qu'il a commencé.
- Comment ça ?
- Ah ?! Tu n'es pas au courant ? J'imagine qu'avoir un réseau d'espion est utile en fin de compte. Hmm, si tu l'ignores alors je ne vois pas de raison de te le dire, ce sera un secret entre junior et moi. À moins qu'il décide de t'en parler bien sûr.
- .... une seconde ! - demanda Cid. Il se tourna vers Charles et lui demanda - qu'est-ce que tu lui as fait ? - demanda le z'hum
- Je vous demande pardon ? - demanda Charles
- Qu'est-ce que tu lui as fait pour qu'il t'envoie toi ici ? - demanda Cid en continuant à masser douloureusement l'épaule.
- Je ne... Je... je ne vois pas de quoi vous parlez - répondit Charles. Cid avait senti qu'il voulait parler, mais entre lui et silver, l'agent avait choisi de craindre Silver.
- Tant pis - dit Cid en pressant un petit peu sur la clavicule, et il y eut un crac suivi par les cris de douleur de Charles
- Ah ! J'entends que tu n'as pas beaucoup changé. Tu as toujours des problèmes pour gérer ta frustration - dit Silver amusé. 

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Charles vient d'avoir un accident avec une porte
- Haha, oui bien sûr. Il a toujours été quelqu'un de très maladroit. Mais je suppose qu'avoir les yeux embrumés par l'ambition n'aide pas.
- Hmpf, très bien. J'accepte ta proposition - annonça Marshall.
- Oh ? Voilà qui est étonnant. Dans ce cas j'annule l'intervention de l'armée et je te laisse procéder à l'échange. J'attends d'avoir bientôt de tes nouvelles - dis John avant de couper l'appel le sourire aux lèvres. Sa fatigue et sa nervosité avaient été allégées par l'euphorie du moment. Il avait passé des années à trouver un moyen d'outrepasser la surveillance de Cid et créer une raison valable et crédible d'entrer en contact avec junior et là, c'était juste l'opportunité rêvée. Avec un agent de ce calibre, avec les informations génétiques qu'il pouvait recueillir, rien n'était impossible.

- Tu es sûr que c'est une bonne idée ? - demanda Anatoly
- Tssk, c'est une terrible idée. Mais entre lui et moi, c'est compliqué - répondit simplement Cid. Il ne voulait pas rentrer dans les détails, il ne pouvait pas rentrer dans les détails. Lorsque les z'hums avaient fait irruption dans le monde civilisé après s'être échappé des laboratoires qui les ont vu être transformés, la majorité voulait revenir, revoir leur famille. Non, pour reprendre leurs places, leurs anciennes vies, mais simplement pour voir que tout allait bien ou du moins que tout allait aussi bien que possible. Tout le monde était conscient que ces rencontres ne devaient pas être publiques, mais... certains ont craqué, des coups de fil racontant la présence de monstres se sont multipliés et une chasse a été ouverte. Après la guerre contre les kissadzés, les monstres n'étaient les bienvenus nulle part, le traumatisme de cette horreur était encore vif, et est toujours vif. Le public voulait se débarrasser de ces créatures, le gouvernement voulait se débarrasser de ces créatures, les esprits étaient échauffés et un conflit était inévitable. Cid a été le facteur déterminant dans la cessation du dit conflit en se forçant un chemin jusqu'au palais de Bellalto, et jusqu'à la chambre du président Martino Rozeti.

Après cette rencontre mémorable, une proposition de négociation a été mise sur la table signée par les patriarches z'hum faisant de Cid le pilier central de cet accord ainsi que l’otage. Chacune de ses actions devait prendre l'autre côté de l'équation en compte. Au départ il était lié à la CEDEP et particulièrement à John Silver qui était l'agent de liaison, et il servait dans tous les corps militaires pour garder ses amis à l’œil et ses ennemis encre plus près, mais le travail formidable d'Abhala Bikele, le premier sénateur z'hum de l'histoire, lui a donné la possibilité de lâcher du lest. Abhala avait réussi et continuait à faire accepter les z'hums et son plus grand exploit avait été de gagner le VPI (vote pour l'intégration) faisant des z'hums des citoyens de la CEDEP. Malheureusement, les tensions raciales n'ont pas été résolues pour autant.

- Je veux bien te croire - répondit Anatoly en regardant Charles se tordre au sol - quelqu'un peut le sortir de là ? - demanda-t-il ensuite avant qu'un Phanom ne porte l'agent hors de la pièce.
- Bon, qu'est ce qu'on attend ? - demanda Cid
- Que mes hommes finissent de cartographier les égouts. C'est le seul endroit par lequel ils peuvent s'échapper.
- Ah oui c'est vrai kruu rru rru. On peut faire ça - rigola Cid
- Si on peut les capturer avant qu’ils ne disparaissent dans la nature, alors le problème se règle tout seul.
- Non, c'est vrai ? Je n'y avais pas pensé Sherlock
- Hmm ?
- Rien, et ça va prendre combien de temps ?
- Une heure au grand maximum.
- Dans ce cas, oublie
- Je sais, mais je dois faire mon boulot sans regret - répondit Anatoly au même moment où le téléphone sonna à nouveau et cette fois, gagner du temps allait être particulièrement difficile.

- Où en ait l'échange ? - demanda Ilya en allant droit au but - J'estime que j'ai été suffisamment patient - dit-il avec une pointe audible de frustration.
- Eh bien, nous avons besoin d'un peu plus...
- Est-ce que je vais être obligé d'exécuter les otages pour vous faire réagir ?!
- Non, ce ne sera pas la peine je vous assure. Je voulais simplement vous dire que nous avons besoin d'un peu plus de temps pour préparer l'échange.
- Vous avez 15 minutes. Un seul agent, pas plus. J'attends !
- C'est parfait. Vous avez une demande particulière concernant l'agent en question ?
- Non
- Très bien - répondit Anatoly avant de commenter une fois la liaison coupée - Je ne pensais pas que ça passerait si bien. C'est quand même agréable de travailler avec des professionnels.
- Tu trouves ? Je ne l'ai pas trouvé si professionnel que ça. II a quand même eut une crise hystérique impardonnable - rappela Cid.
- C'est vrai. Et j'imagine que tu vas vouloir être celui qui va procéder à l'échange ?
- Kruu rru rru, tu me connais si bien Antoine - sourit le z'hum.
- ... Je ne sais pas si c'est une bonne idée - répondit Stephanko inquiet.
- Et pourquoi ça ?

- Tu te sens retenir ton calme là-bas ?
- Hey, pour qui tu me prends. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je retourne en enfer Kruu rru rru.
- Très drôle. C'est ta famille en bas - dit Anatoly en prenant l'avant-bras de Cid d'une poigne ferme, avant d'ajouter - mais c'est aussi mon personnel. Ne fais pas de conneries.
Krru rru rru ! Regarde-toi, rempli d'inquiétude. Le temps peut changer bien des personnes - dit Cid avant d'ajouter - Ne t'en fais pas, je suis un père.
- C'est bien ce qui m'inquiète.
- Je suis un père Anatoly, je sais que je suis ne pas le seul père au monde alors je réfléchis un peu plus avant de prendre une vie. Parce que l'abruti qui m'a amené a une telle extrémité est le fils de quelqu'un.
- C'est...
- Profond ? Je sais kruu rru rru - dit Marshall en libérant son bras de la prise d'Anatoly - Ne t'en fait pas, je ne compte pas créer de problème. Je compte finir mes jours sur une plage à casser les pieds de jeunes cons et non ensevelis sous des millions de tonnes de pierre.
- "Quoique, après tout ce que j'ai vécu, je me demande"
- "Hihihi, c'est vrai que tu as pris des décisions à la con"
- "..."

- On te soutiendra du mieux qu'on peut - annonça Anatoly.
- Oh mais c'est mignon tout plein - répondit Cid avant de sortir de la pièce.
- Hmpf, où sont nos gars ? - demanda Stephanko à son équipe.
- PH star 1 et 3 sont en position. Les autres ne vont pas tarder.
- Bien, très bien. P.H. STARS ici Phoenix, vous me recevez ?
- Phoenix, ici P.H. Star 1 je vous reçois.
- Ok, vous savez tous ce que vous avez à faire - dit Anatoly. Ses hommes avaient du métier et il leur avait déjà expliqué que la priorité était les otages. Il n'avait pas besoin de le répéter - Les rats vont bientôt sortir.
- Bien reçu !

Diss attendait nerveusement sur sa chaise que vienne l'heure de l'échange. La sensation de fatigue qu'il ressentait était quelque chose dont il se rappelait uniquement dans ses plus sombres souvenirs. Les campagnes saintes qui s'étendaient sur des années pour défendre les limites du monde humain avaient cette tendance de laisser sur les rotules. La première à laquelle il avait participé à une telle chose, il avait complètement perdu toute notion de réalité. Rien que le champ de bataille, Umphikade, était un spectacle qui brisait la volonté des plus aguerris. Une somme de cratères dépourvus de toutes formes de vies, entourées de montagnes crachant le magma... Même le ciel semblait accuser le coup des éons de guerre qu'il se lassait d'observer en montrant des étoiles qui n'appartenaient pas à ce monde.
- "Il faut être fou de vouloir y retourner" - pensa Diss en riant intérieurement de sa propre folie. Mais c'était son monde, c'était le monde qu'il connaissait. Il est plus facile de reproduire une condition dans laquelle on a été éduqué, même si cette condition est catastrophique. Cette réalité était observable partout chez les humains. Les enfants qui juraient ne jamais reproduire les erreurs des parents pour se retrouver 20 ou 30 ans plus tard dans la même configuration qui les a vu grandir.

La porte s'ouvrit avec force et Diss vit arriver le géant hybride avec un visage sérieux et il ne sut comment interpréter cette face monstrueuse. Avait-il réussi à convaincre les autorités de le laisser partir ? Où venait il s'excuser de son arrogance qui n'avait de rival que celle d'un dieu ! Et, pour une raison qu'il ne savait aucun expliquer correctement, il avait un coup de cœur pour la deuxième option.
- Lève-toi ! On s'en va ! - ordonna le z'hum sur un ton impérieux.
- Où ça ? - demanda Diss avec une réelle curiosité
- Où d'autre ? - s'étonna sincèrement Cid, comme s'il venait de dire une évidence ignorée par son interlocuteur - Je t'emmène jouer avec ton petit ami. Alors tu es content ? Kruu rru rru
- "Tssk !" - Diss se surprit à ressentir une forme de déception à cette réalité, juste à cause du visage satisfait de l'abomination - J'aurai du mal à marcher avec ça - Dit-il en montrant son bras perforé de sangsues électriques.
- Je ne vois pas où est le problème ? - dit Cid en s'avançant vers son interlocuteur - Je peux te porter si tu veux, soit comme un sac à dos, où une comme une nouvelle mariée. Ah, c'est ce que tu voulais ? Que je te porte comme demoiselle ? - demanda le z'hum en se penchant pour rapprocher son visage de celui d'Ameno - Tu me fais un bisou avant ?
- Yob tvaiou mate !

- Kruu rru rru, dans ce cas on est parti - dit Cid avant de faire demi-tour. Diss sentit un afflux soudain d’énergie et regarda sa main débarrassée des piques qui lui perçaient la main. Et la sensation de pouvoir enfin bouger correctement lui fit un bien fou. Mais c'est qui l'énerva aussitôt était le dos tourné du géant - Tu as quelque chose à dire ? - demanda le z'hum
- Non ! - fit Diss qui comprenait la manœuvre puérile. L'animal ne cherchait qu'une excuse pour libérer ses pulsions destructrices et il savait qu'il avait l'avantage. Comment ? Pourquoi ? C'était une énigme, mais il apparaissait que ce monde avait son lot de guerriers qu'il n'était prudent de sous-estimer.
- Hmm ? Décevant. Je m'attendais à ce que tu fasses une connerie, mais il y a encore un peu de chemin jusqu'au lieu d'échange - répondit Cid moqueur avant de sortir de la pièce, suivie par Diss. Malgré son dos tourné, il voyait tout ce qui se passait, où plutôt sentait tout ce qui se passait. Ses sens surdéveloppés pouvaient même capter le courant électromagnétique caractéristique du système nerveux humain et dans le cas du cyborg, l'activité électrique était encore plus présente. Et vu que l'électricité est plus rapide que le vent, il pouvait percevoir les fluctuations de ce champ en un temps record. Même si Diss décidait de prendre la fuite maintenant, il pouvait réagir à temps pour le maîtriser. Cependant, par mesure de sécurité, la marche était suivie par P.H. Star 9 et son collègue.

Une fois à l'extérieur, Diss put constater que l'anomalie climatique commençait à se calmer. Le ciel continuait à agir comme un océan agité à l'intérieur d'un cercle de nuages suffisamment denses pour être clairement visible dans le cœur de la nuit. La scène donnait l'impression que le phénomène surnaturel, ce froid venu de nulle part était contenu par la barrière nuageuse. Et à l'intérieur, la réalité avait du mal à afficher une image correcte, comme si elle avait du mal à décider quoi montrer.
- Hmpf - fit Diss, mais en l'absence de réaction du géant pensa - "Je me sens chez moi" - Il était d'ailleurs étrange qu'il s'attende à un un petit quelque chose, une pique ou même grognement. Diss Ameno n'avait jamais connu d’interaction normale. Sa famille était bien trop occupée à trouver un moyen de survivre et dès l'âge de quatre ans il accompagnait son frère et son père à la recherche de pièces sur les vieux charniers.

Ils rentraient le soir, épuisés, et rarement de bonne humeur pour avoir une quelconque interaction proche. Et l'opportunité lui avait été à jamais arrachée lorsqu'un dieu de la guerre passa par-là, attiré par le signal d'un change peau qui avait échappé à la vigilance des guerriers du village et des villageois eux-mêmes. Personne ne savait que les démons pouvaient faire une chose pareille, personne ne s'attendait à ce qu'un démon de la guerre se retrouve si loin du front. Le résultat fut un massacre.

Sa rencontre avec Ilya plusieurs années plus tard avait également été difficile, ils avaient failli mourir tous les deux... C'est pourquoi les actions de Cid ont provoqué une certaine nostalgie. Et même si, sur ce sujet d’interaction, ils avaient un point commun. Cid avait d'autres chats à fouetter. Il ne prêta aucune attention au ciel ni à la neige qui tombait encore. Il avait vu son lot d'absurdités dans la quête aux artefacts et il allait en voir encore. Ce sur quoi son attention était concentrée était sur l'échange à suivre : l'implication de Silver le préoccupait, ainsi que celle du jeune Dréïfus. S'il était le quart de ce que son oncle alors il y avait de quoi être inquiet.

- "Mais oui !" - pensa Cid en s'arrêtant net
- "Hihihi, ça t'en a pris du temps dit donc. Au royaume des légumes, tu serais un génie" - se moqua sa voix.
- "Me saoule pas maintenant toi" - fulmina Cid avant de se retourner vers Diss - Hey, le gars que tu as transformé en Shashlik (brochette). Il a eu un comportement étrange ?
- Défini étrange - sourit Diss
- Qui sort de l'ordinaire - répondit Cid avec une pointe d'impatience.
- Il faudrait déjà que je sache c'est quoi son comportement ordinaire non ?
- kruu rru rru, pas faux, pas faux - dit Cid en reprenant la marche
- Quoi c'est tout ? - demanda Diss en secouant la tête.
- Je comprends vite, alors il ne faut pas m'expliquer longtemps - répondit Cid, ce qui lui valut un fou rire de la part de sa voix qu'il eut du mal à confiner à l'intérieur de son esprit.
- Je ne suis pas sûr d'avoir compris - répondit Diss
- Ouais bah, fait pas chier - grommela Cid
- ... Il m'a laissé passer - avoua Ameno et le z'hum eut la chair de poule.
- "Et merde !" - pensa-t-il en sentant la montagne de problèmes suspendue au-dessus de Pasteuria.

- La cible, c'était la fille ? - demanda Cid en marchant
- Je ne sais pas, peut-être bien que oui, peut-être bien que non - répondit Diss en hochant des épaules
Kruu rru rru. Qu'est ce qu'elle a bien pu faire pour mériter autant d'attention ? - demanda Cid en en serrant les poings. Son rire, comme bien souvent, n'était pas une manifestation de joie, mais simplement un son qui avait tendance à sortir de sa gorge avec le surplus émotif qu'il n'arrivait pas à contenir : joie, peine, colère, haine, frustration... Et la raison de son émotion montante était le souvenir passé que des humains l'avaient un jour privé de sa liberté en changeant à jamais son monde par une douleur inimaginable. Il ne connaissait pas cette jeune femme ni ne comptait la connaître un jour, mais les z'hums étaient intrinsèquement liés à la notion de liberté. Peut-être un souvenir génétique lié à l'animal sauvage en eux, ou peut-être était une empathie issue de la mémoire collective des z'hums encagés.

- J'ignorai qu'il y ait besoin d'une raison pour qu'une personne soit malheureuse. Mais, elle a l'air d'une jolie femme, cela pourrait suffire comme raison. Si jamais quelqu'un désirait la kidnapper bien sûr - dit Diss en se tournant vers son escorte arrière. Nothingham avait placé la main devant son collègue pour l'empêcher d'avancer trop près, car ce dernier serait dangereusement le manche de son arme.
- C'est à cause de personnes comme toi que ce monde est pourri ! - réagit vigoureusement le Phanom.
- Ferme là petit - réagit Cid - Là où on fait son lit, on se couche. Un produit qui n'a aucun marché finit par disparaître.
- C'est bien ce que je dis ! C'est à cause de personnes comme lui, des malades psychopathes, que ce monde pue la mort.
- T'as rien compris au problème toi. Concentre-toi sur l'objectif et arrête de me casser les oreilles avec tes états d'âme - ordonna le z'hum. La pensée du Phanom était bien trop naïve et superficielle pour mériter d'être débattue, à son sens. On peut punir une personne pour avoir commis un acte peu recommandable, mais on ne peut pas punir cette même personne pour avoir essayé d'exploiter un système que tout le monde à accepter. L'existence de ces individus était un sous-produit du chemin choisi par la civilisation humaine dans son ensemble. Autrement dit, pour le z'hum, tout le monde était responsable, sans exception.

- C'est agréable d'avoir une personne qui peut comprendre - répondit Diss ravi
- Kruu rru rru, toi non plus t'as rien compris. Comprendre et pardonner sont deux choses différentes.
- Je n'ai jamais demandé un quelconque pardon, je m'en fiche éperdument du pardon. La compréhension par contre, ce n'est pas désagréable.
- Hmpf ! - fit le félin en comprenant parfaitement ce sentiment. Il était passé par là aussi pendant son passé sauvage c'est pourquoi il savait aussi une chose - tôt ou tard tu croiseras un miroir, et tu n'aimeras pas ce que tu verras.
- Tu parles d'expérience ? Hmm, c'est vrai que si j'avais ta gueule affreuse, je n'aimerais pas le reflet - répondit Diss pensif.
Kruu rru rru ! N'oublie pas de penser à mon offre, on peut bien s'amuser tous les deux.
- Ha ! Je commence à le croire aussi.

Serturneria approchait à grands pas, et avec l'approche du bâtiment arrivait la fin de cette nuit interminable. Les phanoms cerclaient complètement l’hôpital, couvrant tous les accès possibles et imaginables. Aucun rat ne pouvait sortir de là sans être repéré. La station orbitale avait les satellites prêts et trois méchas modèles PROTO ZE ( 10 mètres de haut pour 65 tonnes, spécialisées dans l'armement de contrôle de foules: canons soniques et micro-ondes, lanceur de gaz paralysant et assourdissant, LSC (Liquide à Solidification contrôlée), et pour les foules bien plus hostiles, le P-ZE est équipé d'un CCM (court circuiteur mental: arme soumise à des régulations très strictes et dont l'utilisation doit être justifiée par un rapport détaillé au ministère de la Justice)) planaient au-dessus du bâtiment, soutenus par leurs propulseurs dorsaux et plantaires.

- Sacré comité ! - commenta Diss en apercevant la foule de mercenaires
- Tu t'attendais à quoi ? - demanda Diss - Même moi je ne ferai pas la bêtise de m'attaquer à cet hôpital avec un plan à deux balles. Sans cette prise d’otage, tout serait fini très vite.
- Alors il n'était pas si foireux que ça le plan. En échange de quelques bleus, j'ai tout ce que je suis venu chercher - dit Diss sans s'en vanter. C'était simplement une constatation de la réalité.
- KRUU RRU RRU RRU !! Tu n'es quand même pas débile au point de croire que c'est fini ? - demanda Cid - Tu as embarrassé Pasteuria et le vieux le plus terrifiant de l'univers connu et inconnu, tu as blessé des civils, utiliser une IA et planifier une prise d'otage. Ton cauchemar ne fait que commencer - expliqua le z'hum. Il était persuadé que son interlocuteur savait pertinemment qu'il venait de mettre le pied dans une fourmilière, et ces petites bêtes sont carnivores.
- Mais je peux toujours accepter ta proposition de job - rappela Diss sur un ton moqueur. Il est vrai que l'animal ne lui avait pas menti jusque-là, mais il n'avait aucune raison de croire qu'il était capable d'envoyer tout ce monde se faire voir ailleurs. Tout ce qu'il pouvait faire était de donner un sursis et pas plus.

- Kruu rru rru, c'est exact et tu as 6 mois pour te décider - annonça Cid
- Pour une mission suicide à ce que j'ai compris - il avait cru comprendre que l'animal préparait un voyage dans un endroit particulièrement dangereux.
- Suicide ?! - s'étonna Marshall - Il y a une très forte probabilité d'y passer oui, mais c'est mon job de transformer les 5 % en 100 %
- Quelle coïncidence ! C'est aussi le mien - répondit Ameno.
- Kruu rru rru, je ne me serai pas mouillé si ce n'était pas le cas. Tout ce dont j'ai besoin c'est d'avoir même 2 % de chance en plus. Et ta technologie m'intéresse. Je n'ai jamais rien vu de tel, d'où est-ce qu'elle vient ?

- Bien essayé, mais tu as raté ta chance d'extraire ces informations. De toute façon, ton interrogatoire aurait été une perte de temps - dit Diss
- C'est la perspective de liberté qui te rend aussi bavard ? Où c'est l'air qui entre dans ton cerveau ?
- ...
À cet instant le groupe de quatre, sous les regards des Phanoms, entra dans le bâtiment et se dirigea vers l'ascenseur menant à la pièce isolée.

- J'espère que t'arriveras à te sortir de là sans créer plus de problèmes à ma famille. Dans ce cas, considère-moi dans en tête de groupe de tous ceux qui vont vous chasser - le prévint Cid en appuyant sur le bouton d'appel de l'ascenseur.

- Je comprends. Je sais très bien à quel point le désir de vengeance peut consumer un homme - répondit Diss en lançant en Cid un regard rempli d'histoire. Il est difficile de voir des émotions comme la franchise dans des yeux bioniques. Certains modèles pouvaient même être programmés pour manifester la sympathie à travers le rire du regard (très prisé par les commerciaux). Cependant, la tâche n'était pas impossible, surtout lorsqu'on comprenait le langage corporel. Et ce dernier disait que l'homme-machine ne mentait pas et Cid ne sut pas comment le prendre. Il pouvait comprendre que soit cet individu est passé par là et pouvait faire preuve d'une certaine empathie. Ou, il pouvait comprendre que cet homme était sur le sentier de la vengeance et n'avait égard pour rien d'autre que sa vendetta. Le deuxième cas était plus probable au vu de ses actions, et il déterminait clairement ses priorités.

- Kruu rru rru je te remercie de ta compréhension - dit Cid au moment où les portes s'ouvrirent dévoilant deux personnes. Une femme âgée que le z'hum reconnu aussitôt comme étant Shirley, menacée par une lame tenue par une autre femme qu'il n'avait encore jamais v - Ah, le taxi est arrivé - dit-il ensuite en essayant d'entrée.
- Recule ! - hurla Amina en rapprochant sa lame de la gorge de Shirley - Que personne ne bouge sinon je l'égorge - prévint la mercenaire de manière audible à toutes les personnes occupant le couloir.
- Du calme - dit Cid - je suis l'escorte boy krru rru rru
- Ta gueule ! recule ! - menaça la jeune femme et le sang du z'hum faillit ne faire qu'un tour en le plongeant dans une frénésie connue par le public comme "voir rouge". Un phénomène qui rendait les z’hums, surtout les plus jeunes, particulièrement dangereux. Un fort stress lié à de la violence pouvait les amener à s’oublier avant de commettre l’irréparable.
- Il est avec moi - se mêla Diss - il va descendre avec nous.

- Mais ça ne va pas ? t'as vu le monstre ?! – protesta Touret.
- Hey ! - dit Cid avec une froideur qui fit dresser les cheveux sur la tête de la mercenaire - C'est monsieur monstre pour toi, ne refait jamais cette erreur.
- Pou... Pour qui te prend...
- Je descends avec le toaster ambulant, c'est non négociable - dit Cid en entrant dans l'ascenseur qui protesta légèrement contre les quelque 300 kilos qui s'ajoutèrent à sa charge. La jeune femme faillit perdre le contrôle de la situation et tenter de commettre l'irréparable, mais Diss intervint.
- Garde ton couteau Sur la gorge et Non à l'intérieur et tout ira bien. La boule de poils se tiendra à carreau - dit-il avant de monter à son tour, surveillant également Cid. Si près du but, il serait stupide que tout foire pour si peu.
- Yep ce serait dommage que je sois obligé de séparer une si jolie tête du reste du corps Kruu rru rru
- Qu'est-ce que t'as dit ?! Répète ça un peu pour voir ? - s'énerva Amina poussée par l'adrénaline et la peur. Elle avait côtoyé quelques z'hums au cours de sa vie professionnelle, mais elle n'avait jamais croisé un truc pareil. Ce truc bâti comme une montagne irradiait la dangerosité et l'hostilité au point où il devenait difficile de respirer et de réfléchir correctement. Surtout dans cet espace confiné qu'il remplissait à moitié, le z'hum était encore plus impressionnant - "Qu'est-ce qui t'as pris de laisser entrer ce monstre, putain !" - fulmina intérieurement la jeune femme alors que la sueur commençait à perler sur son front et que ses mains commençaient à trembler dangereusement.

- Ravi de vous revoir madame Shirley - dit Cid en pinçant la lame de la mercenaire pendant qu'elle cligna de l'oeil gauche, mouillé par la sueur. La panique la saisit comme une maladie tropicale, entraînant fièvre et transpiration.
Touret essaye de bouger la lame dans les sens et de toutes ses forces. Mais le bout de plastique recouvert de la pellicule monofilamentaire se brisa simplement au niveau du manche, laissant le bout dangereux entre l'index et le pouce du zoohumain.
- Ah ba bravo - dit Cid.
- À quoi est-ce que tu joues ? - demanda Diss qui commençait à se sentir un petit peu à l’étroit dans cet ascenseur.
- Je voulais juste lui épargner de faire une bêtise par accident. Là, je n'aurai pas répondu de moi - explique Cid en examinant la lame argentée - Hoh !

La mercenaire tourna la tête vers son contractant et son expression du visage bête demandait
- "Qu'est-ce que je fais ?" - d'une manière particulièrement sincère. Elle n'avait jamais rencontré ce cas de figure au cours de sa carrière, elle ne savait même pas de quelle manière rééquilibrer le jeu de pouvoir. Qu'est ce qu'elle pouvait faire qui n'allait pas envoyer sa tête voler séparément de son corps.
- "Laisse" - répondit Diss d'un geste de la main - J'espère que tu garderas tes idées brillantes pour le restant de l'échange. Mon ami n'est pas aussi compréhensif que moi - dit-il ensuite sérieusement.
- Kruu rru rru ! Je suis curieux de voir ça - répondit Cid et sa queue commença à bouger dans tous les sens -, Mais avant fermez là deux secondes. Vous allez bien ? - demanda-t-il à Shirley
- Ou..Oui, je...j'ai connu mieux, je crois - répondit-elle en se passant la main sur le cou menacé.
- J'ai vu sur les caméras ce qui s'est passé. Comment va le petit ?

- Quel pe... - voulu demander Diss, mais le z'hum plaça son pouce devant les lèvres d'Ameno, lui demandant de se taire.
- On a... J'ai réussi à le faire s'endormir, et on a pu le recoudre après chirurgie - répondit l'anesthésiste, mais son expression du visage restait sombre.
- Il ne va pas aller mieux ?
- Non. Son corps va s'habituer à cette dose de somnifère, et si on continue sur cette lancée son système nerveux sera lourdement affecté et son cerveau risque de s'arrêter de fonctionner correctement. Son système cardiaque et musculaire aussi seront affectés, de plus il a pu être exposé à plusieurs pathogènes...
- Ok, j'ai compris - la coupa Diss en poussant un soupir. Il savait déjà qu'il allait ramasser Dalanda à la petite cuillère, et retarder leur départ allait devenir extrêmement compliqué - "Putain, le petit ne méritait pas ça"
- "Hihihi, il doit avoir un karma particulièrement pourri. Peut-être qu'il a été nous dans une vie antérieure ?"
- "C'est particulièrement intelligent ce que tu viens de dire, tu sais ça ?" - se répondit Cid un petit peu avant que les portes de l'ascenseur ne s'ouvrent.

Lorsque les portes s'ouvrirent, Cid fut le premier à sortir pour être accueilli par les preneurs d’otage restant. Mais son regard les frôla pour remarquer ses compagnons, et par leurs expressions il était évident qu'ils étaient ravis de le voir. Cependant, ils avaient également l'air d'être dans les vapes à cause des doses d'anesthésique injectées pour les calmer. C'était le seul moyen en leur disposition pour pacifier Raèl et Jess, et ces derniers ont dû accepter pour ne pas envenimer la situation plus que nécessaire.

Cid laissa passer Amena et Shirley, puis il tendit la main pour bloquer le passage à Diss. Les autres il n'en avait rien à faire, mais pour Diss s'était une autre histoire.
- Qu'est-ce que tu fais ? - demanda ce dernier surpris. Il s'attendait à des retrouvailles chaleureuses, avec plein de questions comme : "Qu'est-ce que tu fous là !", mais il était peu dire qu'il y avait une différence de taille entre la réalité et son imagination. Notamment un bras immuable malgré ses efforts.
- Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser partir comme ça, sans aucune garantie non ? - demanda Cid en remarquant que la tension monta d'un cran, ce qui était normal.

- Laisse le passer - ordonna Ilya
- Je ne crois pas non. J'ai été d'accord pour l'échange, mais j'ai besoin d'une preuve de bonne volonté de votre part. Si vous libérez certains otages, alors tout se passera bien.
- Ce n'est pas une bonne idée - répondit Diss qui ne comprenait pas à quoi ce petit jeu rimait.
- Pour qui est-ce que tu te prends ?! Lâche-le ! Je ne demanderais pas trois fois ! - annonça Ilya.
- Krru rru rru ! Petit, je fais preuve d'un calme olympien - répondit Cid en enveloppant de sa main la tête de Diss puis en le soulevant au-dessus du sol avec une facilité déconcertante malgré le poids du métal.

- Zang, amène un otage. Il semble que cet abruti a besoin d'une démonstration.
- Si tu fais le moindre geste, Zang, je le prendrai comme une déclaration de guerre et la boîte de conserve entre mes mains sera ma première victime. Vas-y, bouge Zang et j'en ferai la démonstration.
- Tu es complètement malade ! - commenta Diss dont le cou commençait à assumer douloureusement la charge du corps.
- Kruu rru rru ! Je me le demande des fois. - répondit Cid avant de plaquer Diss contre le sol - Alors voilà ce que je propose, on évite de vouloir s'entuber et on discute comme des adultes ! Vous libérez vos otages, je libère le mien, et vous vous cassez le plus loin possible avant que l'envie ne me prenne de jouer avec vos boyaux !
- Tu crois que tu me fais peur ?! Je chassais des monstres comme toi depuis mes 6 ans.
- KRUU RRU RRU !!! Des monstres comme moi ?! Petit salopiot, il n'y a pas de monssstres comme moi dans tout l'univers - répondit Cid en sifflant. Ses yeux furent injectés de sang, sa silhouette commença à grossir déchirant ses vêtements, et son aspect commença à prendre la forme d'une créature cauchemardesque, un tiers humain, un tiers félin, un tiers serpent, embrassant partiellement sa nature de chimère.

(Il y'a de cela bien des décennies, un groupe de chercheur avait découvert l'existence d'une anomalie extrêmement rare, de l'ordre de 0.087 %, cachée derrière le cœur. Elle avait la taille d'une graine et avait été considérée comme une tumeur. Cependant toute tentative de l'enlever ou de la traiter entraînait irrémédiablement la mort du patient. Les recherches sur la graine ont montré qu'il s'agissait d'un organe dont la fonction restait indéterminée. Elle ne changeait en rien le fonctionnement du corps humain, alors les patients étaient placés en suivie. Puis, un groupe spécifique de chercheurs fit une découverte bouleversante : la graine, la glande, pouvait assimiler un adn étranger, un adn animal. Pourquoi ? Comment ? Était-ce une nouvelle évolution de l'espèce humaine ? Où existait-elle depuis le départ mais sans que personne n'y ait prêté la moindre attention ? Aucune de ces questions n'avait intéressé ces personnes. Ils voulaient simplement arriver à fabriquer quelque chose qui rivaliserait avec la terreur des Kiss. Selon leur philosophie : l'unité de l'espèce ne pouvait être retrouvée qu'en face d'un danger certain. C'est là que naquirent les z'hums, des humains à la rue ou paumés, en quête d'une seconde chance. Des humains à qui on avait fait des promesses d'embauches et d'une vie nouvelle et qui se retrouvèrent plongés en plein cauchemar. Néanmoins, les z'hums étaient certes dangereux mais ce n'était pas encore ça ; Et puis, un jour, ils tombèrent sur une glande pas comme les autres : cette dernière pouvait assimiler et combiner différents types d'adn. Ce fut alors le début du projet chimère, et l'émergence de Cidolphas Marshall

Zang qui avait jusque-là une tentation de rébellion eut les jambes en coton, laissant tomber son arme au sol. Amena, déjà terrifiée par le tigre resta figée sur place, foudroyée par la peur. Même Ilya, sembla grandement perturbé par ce qu'il voyait. Cette créature devant ses yeux rendait le z'hum assoupi derrière lui, similaire à un chaton. De plus, elle projetait une hostilité qui rendait l'atmosphère chargée de chaleur étouffante.
- Qu'est-ce que tu ais ? - demanda bêtement Ilya
- Sss sss sss ! Je suis la mort ! le destructeur de mondes ! Alors, on négocccie ? - siffla Cidolphas en rigolant intérieurement. Il ne pensait pas un jour sortir de l'Oppenheimer. Il appuya ensuite légèrement de son majeur et de son annulaire et la tête de Diss s'enfonça violemment dans le sol, histoire d'appuyer sa demande par un argument béton.

Diss combattit de toutes ses forces, juste dans l'objectif de sortir sa tête des gravats, mais la pression était incommensurable. Ses muscles synthétiques capables de tordre le métal comme de la pâte à modeler avaient du mal à générer suffisamment de force pour se lever. Le cou de Diss était gonflé, les veines gonflées, le dos bombé. Tout cet effort non remarqué par Cid, n'avait qu'un seul but.
- Ilya ! Fais ce qu'il dit - hurla Ameno en sortant la tête du sol.
- Sshut sshut - fit alors la chimère en le plongeant à nouveau sous terre d’une pression du majeur - laissse les adultes parler Sss sss sss !

Ilya était un guerrier. Son père était Amademoni Anubis, le successeur légitime du premier conquérant des cieux ! Ilya avait passé toute sa vie à essayer de porter à son tour ce manteau qui n'avait jamais quitté la famille. Il était l'alpha, il était le successeur, il était le guerrier qui devait dévorer l'obscurité à tout jamais ! Sa première campagne fut réalisée à huit ans, l'âge où étaient réalisées les premières modifications sur le corps humain. L'âge où la chaire et le sang étaient renforcés dans une douleur indescriptible, et avant que le corps ne soit implanté de métal. A l'âge de 14 ans, il avait terrassé son premier dieu de la guerre pour sauver son seul ami de l’époque : Diss. Marchant ainsi sur le sentier de ses prédécesseurs... Ilya était un guerrier doté d'un ego à la mesure de son talent. Mais le problème d'Ilya était que ce corps qu'il avait n'était qu'un déchet en comparaison de l'œuvre des Inseluki: les tisseurs de métal. Diss avait fait un travail formidable pour les garder en vie, mais le savoir-faire millénaire des Inseluki était difficilement imitable.

Mais cette réalité, concrète, cette différence entre qui il était et qui il est actuellement pouvait facilement passer pour un détail à cause de la colère. Les souvenirs passés, pouvaient interférer avec la réalité et on pouvait facilement se prendre pour qui on n'est plus à cause de l’orgueil blessé. Et en cet instant, l'orgueil d'Ilya gonflé comme un ballon venait d'être percé libérant un vent de colère qu'il n'avait pas ressenti depuis bien des années. Cette chose qui le prenait de haut, cette monstruosité qui heurtait son seul et unique compagnon restant, ainsi que son leader...
- "Impardonnable !" - pensa le guerrier en rangeant le détonateur dans la poche de son pantalon avant d'essayer de s'arracher le bras pour la transformer en lance. Pour constater, ou plutôt se rappeler qu'il avait déjà fait cette manœuvre. Et cette piqûre de rappel fit vaciller sa conviction qu'il pouvait arriver à bout de l'abomination - "Merde !!" - fulmina-t-il intérieurement en constatant qu'il avait peut-être commis une erreur grave. Au vu de la distance, le monstre pouvait lui fondre dessus maintenant que le détonateur était dans sa poche. Mais Cid resta immobile, amusé, moqueur, mais immobile. Le seul appendice qui bougeait était sa queue qui frappait légèrement le sol, projetant de minuscules gravats.
- "Sss sss ssss, bad boy what you gonna do when i'll come for you ♥!" - pensa Cid, excité par la situation.

-"STOP !" - Hurla intérieurement Cid en forçant le serpent à rentrer dans sa tanière. Partager son esprit avec plusieurs personnalités difficiles à contrôler ou à cohabiter était un danger de tous les instants. Là, il sentait le plaisir destructeur monter en lui et les enjeux disparaître pour le simple plaisir charnel, celui de plonger les griffes dans le corps mou et tendre des occupants de cette pièce. C'était la fonction primaire de la chimère, la raison de son existence déterminée par une éducation traumatisante, à l'origine d'une scission plus importante de la psyché. Elle avait été conçue pour détruire et le meurtre était aussi simple que de dire bonjour.

De nouveau en contrôle et gardant son aspect changé, Cid retira Diss du sol avant de le jeter aux pieds d'Ilya qui regarda le monstre en affichant une incompréhension complète.
- Casssez vous ! Dissparaisssez le plus vite posssible ! c'est un consseil - prévint il en essayant de rester éveiller, de garder la main sur son conscient. Il pouvait sentir l'autre ramper et cercler, siffler et cracher de frustration et de colère. Frustration qui allait prendre des mois de travail, de conversation et de compromis à calmer, mais il n'avait pas d'autre choix. La créature n'avait aucune attache émotionnelle. Elle tolérait la présence de Raèl, Dalanda et Jess comme un lion rassasié pouvait tolérer la présence d'un agneau, mais sur un coup d'humeur la relation pouvait basculer vers un ordre bien plus naturel : prédateur et proie.
- On fait ce qu'il dit - dit Diss en se levant péniblement du sol. Malgré la suppression de ses nocicepteurs, il ressentait la douleur dans tout son corps, surtout au crâne. Il ne savait pas ce que l'animal avait fait en trifouillant dans sa tête, mais il avait clairement déréglé quelque chose.

- Amina prend la femme, Zang tu t'occupes de l'autre - ordonna Ilya en aidant son ami à se lever.
- Non ! Vous partez, les otages resstent ! - siffla Cid
- Cela ne va pas être possible - répondit Diss - soit on prend la fille, soit on meurt tous ici - dit-il ensuite et son camarade lui lança un regard désapprobateur, appuyé par celui des autres mercenaires.
- J'ai besoin de l'autre aussi pour trouver qui est le chevalier blanc - murmura Ilya
- "Ah !" - pensa Diss en comprenant ce que son compagnon faisait ici. L'ordre de Monsieur avait été d'enquêter sur l'identité du protecteur de Séforah, et Ilya avait dû se dire qu'il allait obtenir l'information à la source. C'était un début d'enquête comme un autre - malheureusement, comme tu vois, on va devoir se concentrer sur l'essentiel.
- "Pourquoi ?" - voulut demander Cid en regardant pour la première la femme au centre de toute cette histoire. Pourquoi est-ce qu'ils voulaient l'obtenir à tout prix ? À cause de leur mission ? Non ! Non, les personnes de ce type ne prenaient pas de risques inconsidérés. Alors là que toute l'opération puait le désespoir. Alors pourquoi ? Un élément de réponse lui fut donné par son odorat, il pouvait reconnaître ce parfum particulier issu de la chimie corporelle. Le corps humain parle, partiellement, à travers le cocktail de phéromones et d'odeurs dégagées. Et les molécules dégagées par Séforah transmettaient un message spécifique - "Elle est enceinte ?"




Blabla de l'auteur

Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous avez apprécié ce petit moment de lecture et je vous souhaite une excellente journée, ou soirée :)

Si vous avez des questions sur des parties pas assez développées à votre gout, ou des suggestions, ou si vous avez simplement envie de bavarder, n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici: unepageparjour@hotmail.com

Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et demain !!! Portez vous bien !!!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire