Le quator entama sa longue marche
ne sachant ni combien de temps il faudrait marcher, ni ce qu'ils pourraient
bien trouver là-bas. Malgré l'envie collective de sortir de cet enfer brûlant
le plus vite possible, malgré le fait de vouloir courir à en perdre haleine, le
rythme choisit par Castillyone fut lent : une décision qui avait du sens, mais
qui était également un pari risqué.
Castillyone
désirait préserver les forces physiques et mentales de ses compagnons
provisoires autant que faire se peut. La marche demande beaucoup moins de
ressources métaboliques que la course, et elle a un effet mains agressif sur
les muscles et la chair. De par ce fait, malgré l'avancée de la technologie, la
marche restait la méthode de déplacement privilégiée des troupes sur de très
longues distances.
La
volonté de Castillyone n'était pas seulement de préserver le groupe
physiquement, mais également de préserver leur équipement qui était le seul
garant de leur survie dans cet environnement hostile tout leur permettant
d'être opérationnels en cas de danger. Et pour cela, le niveau de fatigue
devait rester au plus bas, car la fatigue jouait négativement sur la
concentration et sur le potentiel opérationnel d'un individu. Toute la
difficulté du management était là : comment tirer le meilleur de chacun, même
des médiocres, et leur permettre de réaliser l'objectif collectif.
Le
côté physique n'était pas la seule donnée que Castillyone devait gérer, il y
avait également le mental. Toute la difficulté était d'ailleurs principalement
liée au mental et ce domaine était là où le groupe était le plus vulnérable.
Jess était un "cadavre" ambulant, le seul fait qu'il n'entrait pas en
panique était un miracle pour Castillyone. Ses ressources mentales devaient
être consacrées à contenir son trauma, alors lui demander plus allait le faire
disjoncter. Pour la spécialiste, il allait être le premier à craquer si jamais
la marche traînait. Bender était passable, il n'allait pas tenir non
plus.
-
"Si ça ne tenait qu'à moi, je leur aurai mis une balle dans la tête. Ah
non, je n'ai plus de munitions. Hmm, leur briser le cou alors ? Ouais,
leur briser le cou pour leur épargner des souffrances inutiles" - pensa
Castillyone en jetant un rapide regarde en arrière en se tournant légèrement,
laissant sa vision périphérique glisser sur les deux mercenaires -
"J'espère pour eux qu'on trouvera quelque chose rapidement. Je ne leur
donne pas plus d'une semaine..."
Là
était le pari de Castillyone. En ne sachant pas ce qui se trouve devant, en
ignorant la distance à parcourir avant d'arriver à leur destination, en
ignorant même si cette destination possédait ce dont ils allaient avoir besoin,
le mental allait être érodé sur la durée comme la roche par un fleuve. Elle
aurait pu ordonner à tout le monde de courir et tomber sur une station dans les
trois jours ou même dans les cinq jours et ce serait parfait, mais et s'il n'y
avait rien ? Ils auraient forcé sur leur métabolisme et sur leurs armures pour
rien. Et s'il se faisaient attaquer alors qu'ils étaient épuisés ? Cette
précipitation pouvait être suicidaire.
En
choisissant ce rythme plus lent, elle misait sur le long terme. Et là était le
pari... Mais ultimement que ce soit sur le court ou long terme, ils devaient
trouver quelque chose : un abri, des ressources, une carte, quelque chose !
Le
quator avança énergiquement, chacun comprenait plus ou moins leur situation et
commençait déjà à se préparer mentalement au pire, à générer la motivation de
continuer et à maintenir cette motivation au-dessus des pensées corrosives qui
viendraient inéluctablement avec la fatigue, après tout, le corps humain
déteste être sous stress.
Les
heures défilèrent très lentement, comme si le temps lui-même désirait les
punir, et chaque heure semblait les éloigner davantage d'une conclusion rapide
à cette aventure. Chaque heure permettait au doute de sortir la tête du fond du
subconscient avant d'être poussé de force par la volonté et à la dix-huitième
heure de marche, Castillyone s'arrêta.
-
On fait une pause - commanda-t-elle et les autres poussèrent un soupir de
soulagement avant de se laisser tomber sur place - Vous avez quatre heures.
-
Quoi ? - lâcha Jess en haletant. Il avait chaud, il avait faim et il ne sentait
plus ses jambes. Les mots de la spécialiste étaient une gifle en plus à son
humeur qui n'avait cessé de se désagréger - On a besoin au minimum de six
heures de sommeil. On ne va pas tenir dans ces conditions - protesta le jeune
chirurgien. Il voulait bien accepter que la spécialiste n'était pas bâtie comme
eux et peut être qu'elle n'avait besoin que de quatre heures de repos, mais eux
n'étaient que de simples humains.
-
Quatre heures - répéta la spécialiste avant d'ajouter - Je prends le premier
tour de garde.
-
On risque de se faire attaquer ? - demanda à nouveau Jess grognon
-
Ce n'est pas parce que le nid est derrière nous que nos ennuis sont terminés.
Regarde autour de toi, où est ce que tu crois que nous sommes ?
-
...
-
En territoire ennemi - affirma Bender en essayant de réguler son souffle
-
Bingo. Alors arrête de te plaindre le bleu.
-
"Je ne me plains pas" - protesta Jess dans sa tête - "C'est
juste que... Quatre heures ce n'est pas suffisant" - se dit il et à cet
instant l'image de Cid apparut dans son esprit et le jeune homme se sentit
honteux - "Ce n'est que la première journée et je commence déjà à râler.
Ce n'est pas bon, je peux le faire. Quatre heures c'est plus que suffisant,
même si un être humain normal a besoin au minimum de huit heures... Mais je
suis un white owl, j'ai été formé pour ça, je peux le faire... Oh putain, je ne
sens plus mes pieds" - lâcha Jess en s'allongeant à même les rails et sans
même s'en rendre compte il sombra dans un profond sommeil.
Mais
même dans cet espace de son esprit, il ne put trouver le repos. Toutes ses
expériences négatives y volaient comme une flopée d'oiseaux : les paramélures,
le cadavre de Morel, le gaz Got0n, la créature magmatique, mais plus surprenant
encore pour lui-même, il vit l'image hurlante de son père ivre, la cravate
lâchée, du vomi sur sa chemise... Il pouvait même sentir les effluves de
l'alcool malgré le fait qu'il ne s'agisse que d’un cauchemar, un souvenir.
Jess
ouvrit immédiatement les yeux, en se tirant de ce songe particulièrement
désagréable
-
"Putain, McNamara, même ici tu ne me fous pas la paix" - pensa le
jeune homme en serrant les poings de rage avant de constater avec surprise le
géant, assit au milieu du groupe, montant la garde comme un cerbère devant les
portes de l'enfer.
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous avez la pêche !
Texte time !
Hmm, j'ai un peu peur d'avoir été redondant dans le texte mais je voulais expliquer au mieux. Si vous trouvez que je ressasse la même chose n'hésitez pas à me le dire.
Si vous avez des questions, des suggestions, des critiques, etc... N'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici : unepageparjour@hotmail.com
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!! Portez vous bien !!!!
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