Il
s’écarta de son fils et tourna une chaise pour s’asseoir tout en lui faisant
face. Lui qui était si énergique, si robuste en temps normal avait du mal à
tenir debout en cet instant. Ses jambes n’étaient pas simplement comme faites de coton, mais elles étaient démunies de force comme lors d’un épisode
fiévreux intense, ou lors d’un manque de potassium. Cela lui arrivait souvent
lors de séances de coaching intenses, mais là, tout était dans la
tête.
-
Ta mère, quand elle était plus jeune... Quand elle était plus jeune, elle était
très, très différente - dit Martin en ayant un sourire amer - Elle était comme
un petit soleil, elle illuminait tout de sa bonne humeur. Incroyable n'est-ce
pas ? - demanda Martin en remarquant le regard incrédule de Kolin. Il lui
arrivait d’être plus loquace, mais comme un soleil ? Il ne pouvait s’imaginer
une telle chose - Elle était parfaite pour moi, ouais elle l’était et puis elle
a changé. À cause de tous les livres qu’elle a commencé à lire pour son travail.
Avant elle parlait de faire de notre maison le meilleur endroit où vivre, et
après elle a commencé à parler de partir le plus loin possible de la maison, de
la ville en générale. Je crois qu’elle a commencé à perdre la tête. Je le
savais, mais j’avais espoir que ça passe avec le temps, qu’elle comprenne que
c’était absurde. Il est impossible de survivre dehors...
-
«C’est vrai» - pensa Kolin. De ce qu’il avait vu sur l’internet, il y avait eu
plusieurs tentatives des sorties au cours des années. Mais aucune n’avait
réussi, personne n’était jamais revenu et les rumeurs sur le monde extérieur ont
été tues, partiellement, avec l’expédition «Hostin live» filmée en temps réel.
Elle avait eu lieu il y avait de cela 20 ans et ceux qui ont pu la regarder ont
encore en tête les images du massacre.
-
«La vie à l’extérieur était impossible» - fut la conclusion de ce qui avait été montré, ou du moins pour la grande majorité des habitants. Mais les rumeurs
n’étaient pas si faciles à faire taire surtout dans une société de «libre»
information. Les vidéos avaient été décortiquées frame par frame, les ombres,
les bugs, tout avait été scruté et continuait encore à l’être aujourd’hui, car
même si une preuve existait cela ne voulait pas dire qu’elle était
automatiquement acceptée. Ceux qui désiraient que la réalité soit différente
essayaient, à tort ou à raison, de la forcer dans leur sens.
-
... et je pense que c’était cette réalité qui a commencé à la rendre distante.
Je lui disais que ce n’était pas grave, qu’on pouvait quand même se construire
une belle vie ici avec une belle maison, un beau jardin, un joli quartier, de bons
voisins... On aurait pu avoir une belle vie, mais... - dit Martin en écartant
les bras avant de secouer négativement la tête comme pour dire - «mais voilà ce
que j’ai eu».
-
Elle ne va pas mourir, hein ? - demanda Kolin même s’il connaissait déjà la
réponse à cette question.
-
... Si ce n’est pas en essayant de sortir de la ville, ce sera certainement à
l’extérieur. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour la dissuader. Mais elle ne m’a
pas écouté.
-
«Vraiment ?» - voulut demander Kolin sur un ton suspicieux, mais il se tint la
langue au dernier instant. Il n’était pas certain de croire les mots de son
père, car, en toute honnêteté, lui même n’avait pas tout essayé. Il lui était
alors difficile de croire que cet homme qui ne savait que gronder avait tout
tenter pour empêcher sa femme de partir. Pour avoir envie de risquer la mort,
c’est que l’endroit où elle vivait était peut-être pire - pensa tristement le
jeune homme.
-
Je vais me coucher, si tu as faim... trouve quelque chose dans le frigo - dit
Martin sur un ton épuisé avant de se diriger lui même vers le frigo pour en
sortir une bouteille d'alcool et monter dans sa chambre. Il savait que ce n’était pas la
chose à faire, mais en cet instant, il était tellement vidé émotionnellement
qu’il n’en avait rien à faire. Cette maison aurait pu être prise dans un
incendie qu’il n’en aurait rien à faire ...
Kolin,
regarda son père monter les marches aussi confus qu’un jeune adolescent pouvait
l’être. Il voulait dire quelque chose, il sentait l’envie monter, mais il ne
savait pas quoi. Une réprimande ? Alors que lui même avait une montagne de
choses à se reprocher ? Non... Une remarque sarcastique du genre :
-
J’imagine que la bouteille va te... euh...
Il
n’était pas trop doué pour ça.
Kolin
ouvrit le frigo et le referma quelques secondes plus tard en constatant qu’il
n’y avait aucun plat précuisiné.
-
«Tssk, ça craint...» - pensa le jeune homme avant de se traîner dans sa chambre
où il se laissa tomber sur son lit.
Il
jeta son sac quelque part, se retourna sur le dos et se cacha
les yeux avec son avant-bras.
Dans
cette obscurité volontaire et dans cette solitude coutumière, seul avec lui-même
et ses pensées, il fut enfin submergé par ses émotions. Lentement, son visage
commença à se déformer, ses lèvres commencèrent à trembler, ses yeux à
s’humecter... Kolin pleura comme un bébé sans même comprendre pourquoi, sans
savoir comment s’arrêter. Il ne pouvait que subir son état émotionnel des heures
durant, jusqu’à ce que ses glandes lacrymales se vident de toute substance.
Cependant, malgré l’absence des larmes, la douleur persistait et pire encore,
elle semblait grossir tel un trou noir dans son âme. Même si son foyer était un
château de sable en termes de relations filiales, il n’en demeurait pas moins
que c’était le sien et il n’en avait pas d’autres.
Fatigué
de souffrir, fatigué de ruminer, fatiguer de ne rien faire, Kolin sortit la
carte que sa mère lui avait donnée avant de composer le numéro.
-
Allo ?! - répondit une voix masculine au bout de quelques sonneries.
-
Allo ? - répondit Kolin anxieux.
-
....
-
...
-
Oui ? C’est pourquoi ? Je ne suis pas intéressé par le démarchage alors si c’est
le cas vous perdez votre temps - expliqua patiemment l’individu à l’autre bout
du fil.
-
Euh non, non, je n’appelle pas pour ça. Je suis le fils d’Ashana, c’est elle qui
m’a donné ce numéro - expliqua rapidement Kolin de peur que l’autre raccroche.
-
Ohhhh ??? Je vois, je vois. C’était toi l’autre soir ? Le petit con qui voulait
les rollers de mon pote ?
Les
yeux de Kolin s’écarquillèrent et il raccrocha immédiatement avant de
penser
-
«Merde ! C’est quoi cette embrouille ?...»
-
Trii trii trii ...
Même
si son téléphone affichait numéro masqué, Kolin savait pertinemment qui était en
train de l’appeler.
Blabla de l'auteur
Joyeux noël et bonne année à vous chers lecteurs ! Bon le noël est super en retard je sais mais c'est l'intention qui compte non ? O.o ... Ahem. Je vous envoi tous mes vœux de bonheur pour cette nouvelle année à venir et je me pousserai à être plus professionnel ainsi qu'à être meilleur écrivain. C'est ma nouvelle résolution : murir pour écrire ;)
Texte time !
J'ai longtemps hésité pour la mère. Je voulais créer tout un truc autour expliquer le pourquoi du comment mais j'ai du me forcer à m'arrêter à une vague explication parce que je voyais déjà l'histoire d'au delà du dôme
- Oh il y a ça qui se passe là bas, et il va arriver ça et ça... Je commençais déjà à imaginer une autre histoire.
Peut être qu'un jour je le ferai, certainement un jour je le ferai, mais je veux aussi que l'histoire de Kolin se suffise à elle même. Si vous n'êtes pas d'accord, si vous mourrez d'envie de savoir ce qui se passe avec Ashana, n'hésitez pas à le dire et je verrai ce que je peux faire pour calmer mon imagination XD.
Si vous avez des questions, des critiques, des suggestions, etc... n'hésitez pas à laisser un commentaire ou à m'écrire ici : unepageparjour@hotmail.com
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et bonne année !!! Je vous dit à après demain !!!!