mardi 18 février 2020

L'héritage d'hermès (titre provisoire), page 37

Kolin était assis dans le véhicule le rapprochant lentement, trop lentement à son goût, de l’objet de ses désirs. Il tapotait du pied, nerveusement, tout en regardant par la fenêtre de la voiture. Mais ce qu’il voyait n’était pas les immeubles balayés par la lune spectrale, pas tout à fait pour être exact. Il manquait un détail important que seul son esprit pouvait rajouter, mu par le désir : lui, exempt des chaînes de la gravité, perdu dans un monde de tricks et de liberté inconnu jusque là.

Son cœur battait si fort d’excitation, son cerveau était en telle ébullition créatrice que Lambert junior failli tombé dans les pommes...
- Vrrrrr Vrrrrr Vrrrr

Kolin sentit son téléphone vibrer dans la poche. Il sortit l’appareil précipitamment, un peu trop d’ailleurs, en ayant pendant une seconde à peine la volonté qu’il s’agisse de sa mère. 
- «Papa ?» - s’étonna Kolin avant de penser - «ah merde, il a du déjà se lever».

Dans l’esprit du jeune homme, il pensait, en toute sincérité qu’il allait rentrer bien avant qu’on constate son absence. Un plan né de l’espoir ou du désespoir c’est selon, mais dont la logique s'écroulait comme une pile de dominos une fois qu'on y réfléchissait un tant soit peu.

Le fait qu’il avait laissé la porte ouverte, ou l’état de sa chambre, ou les événements de la veille... Il était loin d’imaginer ce tous ces bouts mis ensemble pouvaient peindre comme tableau dans un esprit fragilisé par le trauma de l’abandon. Et parcequ’il ignorait cette réalité, il décida de laisser le téléphone continuer à vibrer. Qu’est ce qu’il pouvait dire de toute façon ?
- Ah, j’avais faim alors je suis sorti m’acheter un  burger ? Je vais rentrer bientôt ?
Ou
- Ah, j’ai été pris d’une crise de somnambulisme et je me suis retrouvé je ne sais où. Je ne vais pas tarder à rentrer ?
Qu’est ce qu’il pouvait dire pour expliquer cette situation ? Rien de cohérent, alors si c’était pour écouter les reproches et les cris de colère, il préférait à cela le bruit du vibreur.

Vvvvvv vvvvvv, le téléphone continuait à faire sentir sa présence pendant plusieurs minutes, donnant à Kolin l’impression d’être à nouveau dans sa chambre dont la vitre était heurtée continuellement par des petites pierres.
- «Mais qu’est ce qu’ils ont tous aujourd’hui ?» - s’énerva le jeune homme en voulant répondre juste pour que ça s’arrête. Il commençait à se sentir coupable et cette culpabilité commençait à être trop lourde à porter, néanmoins, il s’arrêta au dernier moment sous le regard attentif des autres.
- Tu sais, si tu n’as pas envie de répondre tu peux le lui dire à celui qui te harcèle - dit masque de corbeau
- Non, non, ça ira. Il finira par se lasser - répondit Kolin
- Tu es du genre à faire l’autruche hein ? - remarqua la chauffeuse en éveillant chez le jeune homme un volcan d’émotion qui faillirent lui sortir par les yeux gonflés.

- Hahaha, t’es dure sœurette. Mais elle n’a pas tort mon pote. Il est difficile de faire confiance à une personne qui joue l’autruche, tu sais - remarqua masque de corbeau sur un ton plus sérieux
Kolin voulu répondre quelque chose en sa défense, mais il se rappela qu’il était là en test, qu’il ne faisait pas encore partie de la bande et que malgré l’air rassurant de masque de corbeau, ce dernier était là pour le juger aussi.
- «Confiance...» - pensa Kolin avant de se décider à répondre, mais le déluge d’appel s’arrêta à cet instant le soulageant d’un poids qu’il n’était pas prêt à endurer. Ce qu’il s’apprêtait à dire à son père, il le savait, allait compliquer leur relation à jamais.

Kolin soupira intérieurement de soulagement, mais son excitation en prit un coup au moral.
- «Tu fais chier Martin» - pensa le jeune homme en tournant cette frustration vers celui qu’il identifiait comme étant à son origine. Après tout, qu’est ce qu’il pouvait faire d’autre ? Ce n’était qu’un oisillon, malgré son âge. Pourtant, au fond de lui, il savait qu’il ne pouvait éternellement pointer le doigt vers son père. C’est pourquoi il avait du mal à regarder son reflet dans la vitre.

Le reste du voyage se passa en silence même s’il avait plein de questions qu’il ne trouvait pas le courage de poser, ou peut être l’envie réelle de poser. Surtout des questions concernant sa mère, il se disait : plus tard, lorsque je ferai partie du groupe, lorsque j’aurai fait mes preuves, lorsque je n’aurai pas de risques d’être rejeté, plus tard, peut être.  

Le silence en lui même n’était pas gênant pour Kolin, il en avait l’habitude. Cela lui avait permis de remettre un peu d’ordre dans ses pensées, suffisamment pour calmer sa nervosité. Les états d’âme il les réglerait plus tard. Avec les rollers aux pieds, il devrait s’envoler, poussé par le vent. Là-haut, au-dessus de la ville, au-dessus des immeubles, tous ces problèmes devraient être éventés, certainement, vivement....

A l’autre bout de la ville, Natalie Delahau mit fin à l’appel. Elle posa le téléphone sur le divan sur lequel elle était assise avant d’adopter une position plus pensive, et penser elle en avait urgemment besoin.

Elle espérait que Kolin soit son lien avec les BIIRDS comme ils s’étaient appelés à travers des graffitis retrouvés au sommet des immeubles. C’était comme si les membres de ce groupe visaient systématiquement les endroits les plus inatteignables. Pourquoi ? Est-ce qu’il y avait une raison cachée ou était-ce simplement parcequ’ils pouvaient le faire ? Cette hypothèse était la plus probable en l’état des connaissances accumulées sur les BIIRD à travers les témoignages, principalement.  

Cette hypothèse était la plus probable pour deux principales raisons :
- Les membres du groupe sont jeunes : entre 13 et 25 ans. Elle avait établi cette fourchette après le troisième décès :
John Blueminton : 13 ans
Henry Duval : 14 ans
Sam Damons : 18 ans.
Si ce groupe avait un leader alors il devait avoir entre 18 et 25 ans. Natalie avait du mal à imaginer un âge plus avancé parce que le groupe manquait de maturité et d’objectifs.  
- Leur technologie : en prenant l’âge comme un postula et en analysant les différents témoignages qui se recoupaient, ce groupe avait une technologie se rapprochant du grade militaire. Du grade prototype militaire d’ailleurs. Du coup, avec ces machines aux pieds, qu’est ce que des jeunes manquant de maturité pouvaient faire ? Pour elle la réponse était simple : des conneries dangereuses.

Depuis le début de son enquête, il y avait déjà trois victimes, soit trois familles en deuil. Et l’état des corps... une horreur. Il fallait qu’elle les arrête, il fallait qu’elle stoppe leur activité suicidaire et leur potentiel autodestructeur, mais plus important encore il fallait qu’elle trouve leur fournisseur. Le connard qui avait donné cette technologie à des gamins paumés. S’il y avait un responsable, s’il y avait quelqu’un qu’elle pouvait détester et brûler d’envie de voir derrière les barreaux, c’était bien lui. Et elle pouvait aller bien plus loin en l’accusant d’homicide volontaire.

Delahau  essaya de se calmer. Elle sentait la pression monter ainsi que les idées noires, et se connaissant elle savait que les ingrédients pour une nuit blanche commençaient à être réunis. Le seul moyen d’éviter cette catastrophe professionnelle était d’appliquer des principes de méditation qu’elle avait lue dans les livres de bien-être dont elle faisait collection.  

- Tu ne viens pas te coucher ? - entendit-elle la voix de son compagnon, les yeux plissés de fatigue.
- Non, pas maintenant, mais je ne vais pas tarder - répondit elle avec une pointe d’espoir. Elle voulait elle même croire en son mensonge.
- Qu’est-ce qui se passe ? C’était qui l’appel ? - demanda l’autre en titubant comme un myope pour prendre place à côté d’elle.

- Tu sais que je n’ai pas le droit de parler d’une enquête en cours - rappela Nathalie
- Même si cette enquête te ronge de l’intérieur ? - demanda Pascal Ducroix
- Oui, même si cette enquête me ronge de l’intérieur. Ne t’inquiète pas, on a des psys pour ce genre de choses - répondit l'enquêtrice sur un ton qui se voulait rassurant, même s’il contenait la fatigue d’une Énième discussion sur le sujet.
- Sigh, ouais, ouais. Si jamais tu as envie de parler... - lui dit Pascal en lui passant gentiment la main sur la cuisse.
- Si je peux, je n’hésiterai pas à le faire. Merci - dit elle en acceptant le geste rassurant. Elle posa sa paume sur la main de son compagnon et lui sourit. Cela lui avait fait du bien, un petit peu, mais en ce moment elle avait besoin de réfléchir et donc d’un certain isolement.  
- Bon, je vais pisser et je retourne au lit - dit Ducroix en se levant.
- Épargne-moi les détails s’il te plaît - répondit Nathalie avec une moue de dégoût avant d’être à nouveau embrassée par la solitude.


L’enquêtrice changea de position, se prit les mains comme dans une prière et commença à se masser les lèvres des pouces, hantée par le visage des trois morts et par ceux de leurs familles. Rien que de penser à de nouvelles victimes et à de nouveaux occupants défigurés de sa mémoire, provoquait des débuts d’angoisse. Il fallait qu’elle mette fin à cette folie, pour leur propre bien il fallait qu’elle trouve qui était l’irresponsable derrière tout ce gâchis. C’est lui, et uniquement lui qui avait tué ces enfants. Et elle espérait que Kolin soit le lien la menant vers cet ignoble personnage, son instinct le lui disait. Le comportement de ce garçon était particulièrement étrange et intéressé. Peut-être qu’après la perte de trois membres, les BIIRD seront obligés de recruter. Et peut être qu’ils vont entrer, où sont déjà entrés en contact avec ce garçon. Sa disparition de ce soir pouvait être expliqué de la sorte, ou était-ce simplement une fugue, la fuite hors de ce foyer qui offrait peu de chaleur filiale. Kolin pouvait être une aubaine ou une perte de temps colossale, mais n’ayant aucune piste concrète, elle se devait d’essayer de creuser dans cette direction tout en espérant qu’ils mordent également à l’appât qu’elle a soigneusement placé sur leur chemin. 









Blabla de l'auteur 

Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous avez passé un bon week end reposant :)

Texte time !

Ok, c'est officiel, cette histoire ne sera pas une nouvelle, pas dans ce forma. Je sais comment je vais la transformer pour mon recueil, je m'en occuperai la semaine prochaine ou je finirai de préparer toutes mes histoires écrites, enfin j'espère. Sur le blog on sera dans les 100+ pages je crois, sigh... je parle trop XD. 

Si vous avez des questions, des suggestions, etc... N'hésitez pas à me laisser un commentaire ou à m'écrire ici : unepageparjour@hotmail.com

Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!! Portez vous bien !!!!

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