Kolin
était assis dans le véhicule le rapprochant lentement, trop lentement à son
goût, de l’objet de ses désirs. Il tapotait du pied, nerveusement, tout en
regardant par la fenêtre de la voiture. Mais ce qu’il voyait n’était pas les
immeubles balayés par la lune spectrale, pas tout à fait pour être exact. Il manquait un détail
important que seul son esprit pouvait rajouter, mu par le désir : lui, exempt
des chaînes de la gravité, perdu dans un monde de tricks et de liberté inconnu
jusque là.
Son
cœur battait si fort d’excitation, son cerveau était en telle ébullition
créatrice que Lambert junior failli tombé dans les pommes...
-
Vrrrrr Vrrrrr Vrrrr
Kolin
sentit son téléphone vibrer dans la poche. Il sortit l’appareil précipitamment,
un peu trop d’ailleurs, en ayant pendant une seconde à peine la volonté qu’il
s’agisse de sa mère.
-
«Papa ?» - s’étonna Kolin avant de penser - «ah merde, il a du déjà se lever».
Dans
l’esprit du jeune homme, il pensait, en toute sincérité qu’il allait rentrer
bien avant qu’on constate son absence. Un plan né de l’espoir ou du désespoir
c’est selon, mais dont la logique s'écroulait comme une pile de dominos une fois qu'on y réfléchissait un tant soit peu.
Le
fait qu’il avait laissé la porte ouverte, ou l’état de sa chambre, ou les
événements de la veille... Il était loin d’imaginer ce tous ces
bouts mis ensemble pouvaient peindre comme tableau dans un esprit fragilisé par
le trauma de l’abandon. Et parcequ’il ignorait cette réalité, il décida de
laisser le téléphone continuer à vibrer. Qu’est ce qu’il pouvait dire de toute
façon ?
-
Ah, j’avais faim alors je suis sorti m’acheter un burger ? Je vais rentrer
bientôt ?
Ou
-
Ah, j’ai été pris d’une crise de somnambulisme et je me suis retrouvé je ne sais
où. Je ne vais pas tarder à rentrer ?
Qu’est
ce qu’il pouvait dire pour expliquer cette situation ? Rien de cohérent, alors
si c’était pour écouter les reproches et les cris de colère, il préférait à cela
le bruit du vibreur.
Vvvvvv
vvvvvv, le téléphone continuait à faire sentir sa présence pendant plusieurs
minutes, donnant à Kolin l’impression d’être à nouveau dans sa chambre dont la
vitre était heurtée continuellement par des petites pierres.
-
«Mais qu’est ce qu’ils ont tous aujourd’hui ?» - s’énerva le jeune homme en
voulant répondre juste pour que ça s’arrête. Il commençait à se sentir coupable
et cette culpabilité commençait à être trop lourde à porter, néanmoins, il
s’arrêta au dernier moment sous le regard attentif des autres.
-
Tu sais, si tu n’as pas envie de répondre tu peux le lui dire à celui qui te
harcèle - dit masque de corbeau
-
Non, non, ça ira. Il finira par se lasser - répondit Kolin
-
Tu es du genre à faire l’autruche hein ? - remarqua la chauffeuse en éveillant
chez le jeune homme un volcan d’émotion qui faillirent lui sortir par les yeux
gonflés.
-
Hahaha, t’es dure sœurette. Mais elle n’a pas tort mon pote. Il est difficile de
faire confiance à une personne qui joue l’autruche, tu sais - remarqua masque de
corbeau sur un ton plus sérieux
Kolin
voulu répondre quelque chose en sa défense, mais il se rappela qu’il était là en
test, qu’il ne faisait pas encore partie de la bande et que malgré l’air
rassurant de masque de corbeau, ce dernier était là pour le juger aussi.
-
«Confiance...» - pensa Kolin avant de se décider à répondre, mais le déluge
d’appel s’arrêta à cet instant le soulageant d’un poids qu’il n’était pas prêt à
endurer. Ce qu’il s’apprêtait à dire à son père, il le savait, allait compliquer
leur relation à jamais.
Kolin
soupira intérieurement de soulagement, mais son excitation en prit un coup au
moral.
-
«Tu fais chier Martin» - pensa le jeune homme en tournant cette frustration vers
celui qu’il identifiait comme étant à son origine. Après tout, qu’est ce qu’il
pouvait faire d’autre ? Ce n’était qu’un oisillon, malgré son âge. Pourtant, au
fond de lui, il savait qu’il ne pouvait éternellement pointer le doigt vers son
père. C’est pourquoi il avait du mal à regarder son reflet dans la
vitre.
Le
reste du voyage se passa en silence même s’il avait plein de questions qu’il ne
trouvait pas le courage de poser, ou peut être l’envie réelle de poser. Surtout
des questions concernant sa mère, il se disait : plus tard, lorsque je ferai
partie du groupe, lorsque j’aurai fait mes preuves, lorsque je n’aurai pas de
risques d’être rejeté, plus tard, peut être.
Le
silence en lui même n’était pas gênant pour Kolin, il en avait l’habitude. Cela
lui avait permis de remettre un peu d’ordre dans ses pensées, suffisamment pour
calmer sa nervosité. Les états d’âme il les réglerait plus tard. Avec les
rollers aux pieds, il devrait s’envoler, poussé par le vent. Là-haut,
au-dessus de la ville, au-dessus des immeubles, tous ces problèmes devraient être éventés, certainement, vivement....
A
l’autre bout de la ville, Natalie Delahau mit fin à l’appel.
Elle posa le téléphone sur le divan sur lequel elle était assise avant d’adopter
une position plus pensive, et penser elle en avait urgemment besoin.
Elle
espérait que Kolin soit son lien avec les BIIRDS comme ils s’étaient appelés à
travers des graffitis retrouvés au sommet des immeubles. C’était comme si les
membres de ce groupe visaient systématiquement les endroits les plus
inatteignables. Pourquoi ? Est-ce qu’il y avait une raison cachée ou était-ce
simplement parcequ’ils pouvaient le faire ? Cette hypothèse était la plus
probable en l’état des connaissances accumulées sur les BIIRD à travers les
témoignages, principalement.
Cette
hypothèse était la plus probable pour deux principales raisons :
-
Les membres du groupe sont jeunes : entre 13 et 25 ans. Elle avait établi cette
fourchette après le troisième décès :
John
Blueminton : 13 ans
Henry
Duval : 14 ans
Sam
Damons : 18 ans.
Si
ce groupe avait un leader alors il devait avoir entre 18 et 25 ans. Natalie avait du
mal à imaginer un âge plus avancé parce que le groupe manquait de maturité et d’objectifs.
-
Leur technologie : en prenant l’âge comme un postula et en analysant les
différents témoignages qui se recoupaient, ce groupe avait une technologie se
rapprochant du grade militaire. Du grade prototype militaire d’ailleurs. Du
coup, avec ces machines aux pieds, qu’est ce que des jeunes manquant de maturité
pouvaient faire ? Pour elle la réponse était simple : des conneries dangereuses.
Depuis
le début de son enquête, il y avait déjà trois victimes, soit trois familles en
deuil. Et l’état des corps... une horreur. Il fallait qu’elle les arrête, il
fallait qu’elle stoppe leur activité suicidaire et leur potentiel
autodestructeur, mais plus important encore il fallait qu’elle trouve leur
fournisseur. Le connard qui avait donné cette technologie à des gamins paumés. S’il
y avait un responsable, s’il y avait quelqu’un qu’elle pouvait détester et
brûler d’envie de voir derrière les barreaux, c’était bien lui. Et elle pouvait
aller bien plus loin en l’accusant d’homicide volontaire.
Delahau essaya de se calmer. Elle sentait la pression monter ainsi que les idées noires,
et se connaissant elle savait que les ingrédients pour une nuit blanche
commençaient à être réunis. Le seul moyen d’éviter cette catastrophe
professionnelle était d’appliquer des principes de méditation qu’elle avait lue
dans les livres de bien-être dont elle faisait collection.
-
Tu ne viens pas te coucher ? - entendit-elle la voix de son compagnon, les yeux
plissés de fatigue.
-
Non, pas maintenant, mais je ne vais pas tarder - répondit elle avec une pointe
d’espoir. Elle voulait elle même croire en son mensonge.
-
Qu’est-ce qui se passe ? C’était qui l’appel ? - demanda l’autre en titubant
comme un myope pour prendre place à côté d’elle.
-
Tu sais que je n’ai pas le droit de parler d’une enquête en cours - rappela Nathalie
-
Même si cette enquête te ronge de l’intérieur ? - demanda Pascal Ducroix
-
Oui, même si cette enquête me ronge de l’intérieur. Ne t’inquiète pas, on a des
psys pour ce genre de choses - répondit l'enquêtrice sur un ton qui se voulait
rassurant, même s’il contenait la fatigue d’une Énième discussion sur le sujet.
-
Sigh, ouais, ouais. Si jamais tu as envie de parler... - lui dit Pascal en lui
passant gentiment la main sur la cuisse.
-
Si je peux, je n’hésiterai pas à le faire. Merci - dit elle en acceptant le geste
rassurant. Elle posa sa paume sur la main de son compagnon et lui sourit. Cela lui avait
fait du bien, un petit peu, mais en ce moment elle avait besoin de réfléchir et
donc d’un certain isolement.
-
Bon, je vais pisser et je retourne au lit - dit Ducroix en se levant.
-
Épargne-moi les détails s’il te plaît - répondit Nathalie avec une moue de dégoût
avant d’être à nouveau embrassée par la solitude.
L’enquêtrice
changea de position, se prit les mains comme dans une prière et commença à se
masser les lèvres des pouces, hantée par le visage des trois morts et par ceux
de leurs familles. Rien que de penser à de nouvelles victimes et à de nouveaux
occupants défigurés de sa mémoire, provoquait des débuts d’angoisse. Il fallait
qu’elle mette fin à cette folie, pour leur propre bien il fallait qu’elle trouve
qui était l’irresponsable derrière tout ce gâchis. C’est lui, et uniquement lui
qui avait tué ces enfants. Et elle espérait que Kolin soit le lien la menant
vers cet ignoble personnage, son instinct le lui disait. Le comportement de ce
garçon était particulièrement étrange et intéressé. Peut-être qu’après la perte
de trois membres, les BIIRD seront obligés de recruter. Et peut être qu’ils vont
entrer, où sont déjà entrés en contact avec ce garçon. Sa disparition de ce soir
pouvait être expliqué de la sorte, ou était-ce simplement une fugue, la fuite
hors de ce foyer qui offrait peu de chaleur filiale. Kolin pouvait être une
aubaine ou une perte de temps colossale, mais n’ayant aucune piste concrète,
elle se devait d’essayer de creuser dans cette direction tout en espérant qu’ils
mordent également à l’appât qu’elle a soigneusement placé sur leur chemin.
Blabla de l'auteur
Hello à vous chers lecteurs ! J'espère que vous avez passé un bon week end reposant :)
Texte time !
Ok, c'est officiel, cette histoire ne sera pas une nouvelle, pas dans ce forma. Je sais comment je vais la transformer pour mon recueil, je m'en occuperai la semaine prochaine ou je finirai de préparer toutes mes histoires écrites, enfin j'espère. Sur le blog on sera dans les 100+ pages je crois, sigh... je parle trop XD.
Si vous avez des questions, des suggestions, etc... N'hésitez pas à me laisser un commentaire ou à m'écrire ici : unepageparjour@hotmail.com
Merci de me lire ! Vous êtes formidables !! Tchuss et à demain !!! Portez vous bien !!!!
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